Lorsque le docteur s'était aperçu de la mystérieuse disparition des gardiennes de l'harmonie, et du non-moins-mystérieux fait que personne ne semblait se rappeler d'elles, il avait décider de prendre les choses en mains. Après de longues recherches à travers l'espace et le temps, il avait finalement retrouvé leur trace et l'avait suivi jusqu'à cet encore-plus-mystérieux bâtiment (Oui toute cette histoire est vraiment très mystérieuse ). Un colisée, construit sur un grand rocher qui flottait au milieu du vide intersidéral.
C'était il y a quelques « jours » depuis, il avait entreprit d'infiltrer la structure. Ses sessions d'espionnage lui avait déjà permit d'apprendre plusieurs choses :

Le nom du maître des lieux, Showdown. Même s'il n'était parvenu ni à l'identifier, ni à savoir pourquoi ce dernier se cachait sous un drap et une cagoule, il savait néanmoins qu'il était très puissant. Au point que ces pouvoirs lui permettaient de changer l'environnement à son bon vouloir. Le soleil et la lune, les seuls autres éléments présents dans ce néant, bougeait également selon la volonté du encore-une-fois-bien-mystérieux personnage.

Visiblement, il pouvait aussi résuciter les gens. Encore une fois, le docteur manquait d'information, mais il avait clairement vu Rainbow Dash et Applejack mourir et les avait pourtant trouvé quelques heures plus tard, bien vivantes.

Un autre des pouvoirs du maître consistait à « amener » des gens depuis la Terre jusqu'ici. C'était surement lui qui avait fait disparaître Twilight et ses amis. Les victimes étaient réparties en trois : certains étaient faits prisonniers et combattait, d'autres profitaient du spectacle dans les gradins et le reste devenait des employés. Enfin, plutôt des esclaves que des employés. Ils travaillaient contre leur gré et on pouvait en entendre plusieurs se plaindre que leur seigneur n'avait aucune considération pour eux, même pas capable de retenir leurs noms ou leurs visages.
Pour notre héros, cela tenait plutôt de l'aubaine. Il pouvait facilement s'infiltrer parmi eux en prétendant avoir été amené sans pour autant craindre de se faire repérer par Showdown.

Voici les choses qui restait à savoir : petit 1 : Qui était vraiment le maître ? Petit b... non, petit 2 : pouquoi portait-il un tel acoutrement ? Petit 3 : comment faisait il pour amener toutes ces personnes ? Petit 4 : par quel prodige pouvait-il ramener les gens à la vie. Enfin, petit 5 : Comment libérer les gardiennes ? (et les autres prisonniers aussi, tant qu'à faire).
Toutes ces questions trouveraient bien plus facilement une réponse s'il se la jouait taupe plutôt que simple observateur.

C'est pour cela qu'il se trouvait là à présent, à suivre ce poney rouge dans ce qui allait être son premier boulot : évacuation de cadavre.
Ils se dirigèrent vers la dépouille à coté de laquelle attendait le chien.

- Bien, dégageons ça, dit celui-ci en désignant le marteau que la propriétaire avait négligamment laissé sur le corps.

Les trois individus constatèrent bien vite que la fameuse inscription n'était pas une publicité mensongère. Impossible de bouger les mille kilos de plomd, de plus le sol rendu poisseux et glissant à cause du sang n'aidait pas.

- C'est beaucoup trop lourd, rouspéta le rouge. Comment elle a pu soulever ça aussi facilement.
- Pinkie Pie a ses raisons que la raison ignore, dit le docteur à demi-voix sans chercher spécialement à répondre à son collègue.
- On ne pourra pas le bouger à nous trois, ajouta le chien. Raid, va me chercher Marcus.

Le poney rouge répondit par un signe de la tête et s'en alla au trot, il disparu par l'une des nombreuses sorties qui longeaient les murs de l'arène. Ils n'étaient plus que deux sur la scène. Lorsque leurs regards finir par se croiser, c'est le canidé qui prit la parole.

- Dis donc toi, je ne me souviens pas t'avoir déjà vu. T'es nouveaux ?
- Tout juste mon cher.
- T'as été amené ici par le seigneur Showdown, comme nous tous. Et comme nous tous, j'imagine qu'il ne t'a pas demander ton avis. Sache que je compatis. Crois moi, on sait ce que ça fait d'être séparé des siens.
- Votre sollicitude me touche grandement maître chien, mais ne vous en faites pas, ça ira pour moi.
- Tant mieux pour toi mon gars.

Cet homme était plutôt aimable, blasé mais aimable. Toutes bonnes infiltrations nécessitent de bonnes relations et ce brave toutou semblait être le contact idéal. Autant faire connaissance.

- Au fait, nous ne nous sommes pas présentés, lança le poney avec entrain. On m'apelle « le docteur ».
- Docteur ? Docteur comment ?
- Juste « le docteur »
- Ok, je t'appellerai « doc ». Moi c'est Cocker Face.
- Cocker ? Ne le prenez pas mal, mais vous n'avez pas vraiment une tête de cocker.
- C'est que mon nom, ça veux rien dire. Sinon, tu viens d'où ?
- Gallopfrey. Et vous ?
- Canida.

Raid était revenu pendant qu'ils parlaient. Il sortait par la même porte qu'il avait emprunté plus tôt, accompagné d'un minotaure assez baraqué et suivi de deux pégases. Ces derniers ne restèrent pas bien longtemps avec lui, ils se dirigèrent vers les tribunes pour embarquer Pinkie Pie qui continuait à répondre en boucle son nom à Applejack, comme si elles étaient toutes deux des machines qui s'étaient mutuellement court-circuitées. Les poneys ailés la saisir par les pattes et la firent disparaître par une autre sortie. On entendit un petit « Merci public ! ». Et puis plus rien.

- File nous un coup de main, marcus, dit le chien.

Le monstre à tête de taureau souffla par les naseaux, il saisit la masse, banda ses muscles et tira de toutes ses force. Tous ensemble, ils parvinrent finalement à dégager l'arme gargantuesque. Ce qui se trouvait dessous n'était pas beau à voir, ça ressemblait à tout sauf à un griffon. Quoique, rectification faite : ça ne ressemblait plus à quoique ce soit, il n'y avait qu'une vague masse rouge sanguinolente d'où partaient les membres encore entiers.
Doc porta son sabot à la bouche en signe d'écoeurement.

- Tu vas t'habituer, le rassura Cocker. Crois moi, c'est pas rare que les combatants finissent en charpie.
- Alors je m'habiturais. Bien, que faisons nous, à présent ?

Le husky regarda en direction de la tribune réservée à Showdown, ce dernier s'était levé et commençait à s'éclipser par une grande porte à l'arrière, il salua une dernière fois le public avant de devenir invisible.

- On dirait que cette section de combats est terminée. On va amener celui-là avec les autres morts du jour, dit il en désignant la carcasse. Toi tu n'aura qu'a y rester et attendre le maître, comme ça t'aura l'occasion de le voir les ressuciter.

Les ressuciter. Parfait, c'était le petit 4.

- Très bien. ALLONS-Y !
- Heu, ouais...
- C'est juste mon petit cri de guerre, ne faites pas attention.

L'étalon brun aida ses nouveaux collègues à transporter les restes sanglants de l'oiseau-lion. L'atmosphère se faisait plus silencieuse. Les hurlements du public avait cessé. En tendant l'oreille, le docteur eu la surprise d'entendre des ronflements : les spectateurs s'étaient tous endormies.

- Dis donc, ils ont le sommeil facile, fit il remarquer.
- Ben ouais, il va pas y avoir de combats avant un petit bout de temps et ils ont rien d'autre à faire. Du coup, ils pioncent.
- Vraiment très intéressant...

Alors que le docteur rangeait ce nouveau détail dans un coin de son cerveau, l'une des pattes d'aigle qui était seulement retenu par quelques cartilages fragilisés se sépara du reste du corps pour tomber mollement sur le sol.
Les quatre compères échangèrent un regard hésitant, chacun attendant que quelqu'un d'autre la ramasse. Ce fut finalement le petit nouveaux qui s'en chargea, autant essayer d'avoir l'air serviable. Il prit mille précautions pour toucher le membre le moins possible, sa face passa par plusieurs stades de « profond dégoût », chacun donnant à son visage un aspect des plus étranges.

- Je me demande si tout ceci est bien morale.
- Pff, qu'est-ce que tu parles de morale, gronda Raid qui n'avait visiblement pas saisi la pointe d'ironie dans la voix de doc. Le seigneur Showdown en a rien à faire de la morale. Nous on galère et jamais un petit remerciement, non, que des ordres et des corvées. Chienne de vie ! Oups... au temps pour moi, Cocker.
- Même les prisonniers sont mieux traités que nous, ajouta Marcus, dépité.
- A propos des prisonniers, dit le docteur en posant le morceau sur le reste du corps. Qui sont ils ? Des célébrités ? Je suis sûr d'en avoir déjà vu certains.

En effet, Dans sa recherche des gardiennes, il était passé devant beaucoup de cellules et avait reconnu quelques uns de leurs locataires. Des combattants légendaires, comme ce pauvre griffon, qu'il avait parfois vu de ses propres yeux au cours de ses nombreux voyages à travers le temps.
Cocker Face allait l'éclairer là-dessus.

- Pas spécialement des célébrités. Plutôt des héros, des types qui ont brillé par leur hauts-faits. Tiens, y a pas si longtemps, il y avait carrément Rakdos, le plus terrible pourfendeur de monstres de l'histoire de Canida. Un jour, il a libéré tout une mine de gemme en défonçant un dragon qui s'y était installé. Et dire qu'il s'est fait battre par une petite ponette de rien du tout...

Le groupe continua son chemin, quittant la fosse pour s'engager dans les longs couloirs bordés de cellules. Leur colis commençait vraiment à sentir mauvais, ils respiraient par la bouche en essayant de penser à autre chose, ce qui avait fini par couper toutes envies de conversation. Après plusieurs minutes de marche, ils parvinrent jusqu'à une salle bien différentes du reste du bâtiment : à la fois très large et très haute, des murs en pierre partiellement éclairée par les flammes vertes des torches qui y étaient accrochées, avec une énorme porte métallique au fond et une un peu plus petite sur le côté.
Le docteur avait déjà vu cette pièce, il n'y était pas entré mais avait vu Applejack puis Rainbow Dash en sortir, parfaitement indemnes après avoir pourtant été tuées. Il était temps de savoir comment.

- Posons le là, dit Cocker.

Marcus lança la dépouille comme un sac à patates. Elle atterrit sur une pile d'autres cadavres entassés dans un coin. Les autres morts du jour, victimes des armes farfelues de Pinkie pour la plupart. On pouvait même voir tagé sur une pièce d'armure en lettres roses « pourquoi cet air si sérieux ?» avec un smiley dessiné à coté

- Ok, on se voit plus tard les gars.

Sur ces mots, le chien et le minotaure s'en allèrent, laissant les deux poneys derrière eux.

- Et maintenant ? Questionna le docteur.
- Maintenant, on reste planté là et on attend que le maître se ramène, répondit sèchement Raid.

Ils restèrent donc immobiles pendant quelques temps, en silence. Le nouveau venu hésitait à adresser la parole à l'étalon rouge qui lui paraissait tout sauf sympathique, chose compréhensible, toute personne coincée dans cet endroit jusqu'à la fin de ses jours perdrait rapidement son amabilité.
Alors qu'il comptait les secondes en espérant faire défiler le temps plus vite, un grincement se fit entendre en provenance de la porte de métal. Celle-ci s'ouvrit lourdement pour laisser entrer Showdown, tout aussi imposant qu'il était énigmatique, avant de se refermer toute seule. Les cliquetis de ses pas retentirent alors qu'il approchait. Il jeta un bref coup d'oeil aux deux poneys. Le docteur déglutit en voyant l'ombre gigantesque le fixer et cru un instant que sa couverture venait de tomber, si tel était le cas, il était d'ores et déjà foutu. Heureusement, comme il l'avait entendu, Showdown ne prétait vraiment pas attention à ses sbires. Les yeux qui le fixaient pendant ce qu'il lui semblait être une éternité se détournèrent en réalité bien vite en direction de l'amoncellement de cadavres. De son long bras, il s'empara de celui du griffon qui se trouvait au sommet de la pile et le déposa doucement sur l'autel. Raid le regardait faire d'un air distrait, il avait déjà vu ça des dizaines de fois. Ce n'était pas le cas de notre héros qui ne voulait pas perdre une miette de ce qui se passait devant lui.

Les morceaux encore sanglants étaient parfaitement étalés devant le géant. Ce dernier souleva dans un geste lent et délicat une partie de son grand manteau, révélant au passage l'une de ses pattes. Elle avait une allure insectoïde mais en beaucoup plus massif, l'os dominait la peau à certains endroits formant une sorte de carapace. Le membre se terminait par une pointe osseuse très dure qui devait être la cause du bruit entendu lors de ses déplacements. Une pièce de plus à ajouter au puzzle qu'était le corps de cette étrange créature.
Le seigneur recouvrit entièrement la dépouille avec le tissu. Il y eut un instant de silence, puis un courant d'air empli la pièce tandis que les flammes des torches crépitaient, le tout s'intensifiant à chaque seconde. Un spectacle des plus inquiétant mais l'attitude laconique de son voisin fit comprendre au doc que tout se passait comme d'habitude.
Le chaos revint peu à peu à l'ordre et les bourrasques se turent. Showdown écarta le tissu de l'autel pour le laisser retomber lentement à ses pattes arachnéennes.

Grido était là.

Allongé sur la pierre, entier et propre comme un sous neuf, mais surtout en vie. Difficile de croire que son corps avait commencé à se décomposer il n'y a même pas deux minutes.
Le griffon ouvrit un oeil, puis l'autre, en grimaçant. A le voir, il allait tout aussi bien qu'un type tiré d'un agréable sommeil par son réveil.

- Qu'est-ce que...? Grogna-t-il. Qu'est-ce que je fais ici ? Je me souviens de cette salle petite ponette et de ses blagues idiotes et puis plus rien. Est-ce que j'ai... perdu ? Non c'est ridicule, je ne perd jamais. A moins que... Aaah !

Le géant cagoulé lui avait attrapé la tête. Il s'abaissa à son niveau pour le regarder dans les yeux. L'atmosphère devint subitement très lourde, comme si une présence invisible compressait l'air. Il était clair que quelque chose était en train de se passer, quelque chose que chacun pouvait percevoir sans pour autant le voir de ses yeux.
La mystérieuse aura disparu au même moment ou le sombre maître se relevait. Il regardait le griffon de toute sa hauteur, ce dernier commença a ouvrir le bec. Après quelques balbutiements, les onomatopées qui en sortaient formaient un mot des plus net :

- Baston !
- « baston »? s'étonna le docteur à haute voix.
- Baston ! Je veux voir de la baston !

Showdown ne bougea pas d'un cil. Raid intervint de manière très professionnelle en aidant l'hybride à descendre de l'autel.

- Mais oui, mais oui, mon cher monsieur. Vous en verrez de la baston, dit il d'une voix monotone. Si vous voulez bien attendre ici.

Il l'accompagna jusque dans un coin de la pièce. Entre temps, le maître s'était déjà emparé d'un autre cadavre et l'avait recouvert de son drap.

Et le spectacle reprit de plus belle, réservant le même sort à la demi-douzaine de macchabées qui attendaient patiemment leurs tours. Il faut avouer que ça paraissait nettement moins impressionnant la deuxième fois, ça en devenait même lassant à la longue. Aussi, notre héros eut vite fait d'arrêter la contemplation pour aller imiter son collègue en aidant les « miraculés » à se rétablir. Ces derniers semblaient tous aussi attardés les uns que les autres, se contentant de répéter les syllabes « bas » et « ton » sans interruption, ce qui en devenait vite difficilement supportable.

Une fois la macabre séance terminée, Showdown tourna les talons - façon de parler, étant donné qu'il n'en avait pas - et sortit par la grande porte.

- Vous savez ce qu'il vous reste à faire maintenant, lança-t-il avant de disparaître.

Au milieu des marmonements irritables des anciens concurents, la voix du docteur s'éleva.

- Bien. Bien, bien, bien euh... Que sommes nous sensés faire, alors ?
- Viens, on va les accompagner jusqu'aux tribunes.

Le poney rouge entreprit d'ouvrir la seconde porte de la pièce. Elle était un peu plus petite et en bois mais restait néanmoins assez massive et lourde à pousser. Derrière se trouvait un escalier sombre montant qui se séparait un peu plus haut de façon perpendiculaire.

- Allons messieurs, tous à la queue leu leu et suivez moi. Et magnez vous !

Ils s'éxécutèrent, marchant comme de véritable zombies ( ils en étaient plus ou moins après tout ) sans aucune volonté. Notre ami fermait la marche, s'assurant qu'aucune personne ne perde le groupe. Dans leur état, c'était tout à fait envisageable malgrès la simplicité de la route. Cet étrange phénomène qui avait tout du lavage de cerveau l'intriguait au plus au point.
La file tourna au coin de l'escalier en empruntant le passage de gauche. Quand ce fut à son tour de tourner, le docteur fut ébloui par la vive lumière qui venait du haut des marches, chassant les ombres qui avaient dominé l'espace jusque là. Fermant les yeux à moitié en guise d'unique protection, il suivi les autres vers la sortie éclatante et ne tarda pas à se retrouver à l'air libre.

Le passage les avaient mené dans les tribunes, elles étaient baignées par un magnifique soleil et bercées par les paisibles ronflements de la foule. Le sang collé sur le sol de la fosse avait été lavé. Tout un décor propre comme un sous neuf et étonnamment apaisant.

-Ok, bande de chiffes molles ! Trouvez vous une place et restez y. Oh ! Et n'oubliez pas de « profiter du spectacle ».

Sur les mots de Raid, le groupe se dispersa, déambulant à travers les gradins, réveillant certains dormeurs qui n'avaient pas l'air de trop s'en soucier. Chacun finit par se trouver un siège et s'y installa sans se faire prier.

- Vraiment très intéressant, chuchota le docteur. Et bien, mon cher ami, quelle est la suite du programme ? Mon ami ? Monsieur Raid ? Ou est-il donc passer ?

Nulle part. Il n'y avait plus que la foule. L'étalon rouge s'en était allé dès lors que tout le monde était assit. Son travail était terminé après tout, plus aucune raison de rester là.

« C'est ce qui s'appelle partir sans demander son reste. »

Le doc allait en faire de même, se dirigeant vers l'escalier mais un murmure le poussa à s'arrêter. Murmure qui se transforma vite en brouhaha. Les spectateurs se réveillaient mutuellement et commençaient à s'exciter.
En tournant la tête, il put voir que Showdown venait d'apparaître à sa tribune, chose qui était loin de passer inaperçu. Le grand seigneur calma l'assemblée d'un geste de la main simple mais efficace. Un silence religieux s'installa alors qu'il prit lui-même la parole.

- Spectateurs ! Après toutes ces années je suis heureux de vous voir dans ces gradins, toujours aussi avides de sang et de violence. Sa voix restait très posé malgré cette soudaine attitude de show-man. Vous êtes un public fidèle et je vous en suis très reconnaissant.
- Fidèle ? C'est pas comme s'ils avaient le choix, dit le docteur à voix basse.
- Aussi, pour le jour d'aujourd'hui j'ai décidé de vous faire une petite surprise.

« Surprise » à ce mot un court mais retentissant éclat de joie se fit entendre.

- Aujourd'hui, pour la première fois dans notre arène, vous verrez d'ici peu deux des créatures les plus terribles qui soient s'affronter dans un combat sanglant et sans merci !

Il n'en fallait pas plus pour émoustiller la populace. Au sommet de sa gloire, le maitre claqua des doigts. Deux portes s'ouvrirent de part et d'autres de la fosse sous un tonnerre d'applaudissements.
Alors qu'il comptait partir, le docteur revins sur sa décision et s'assit un peu à l'écart des autres.

« deux des créatures les plus terribles qui soient. Ca promet d'être anthologique.»

les morts ne le restent pas lontemps

Le maitre , c'est moi ou c'est Discord ?

Les bijoux étaient à la mode à Equestria. Tout les poneys chics raffolaient du bling-bling. Vêtements simplement saupoudrés de poussière de diamant pour les plus modestes, tenues incrustées d'émeraudes pour les plus riches. Le marché des pierres précieuses était en pleine effervescence.

Une véritable aubaine pour Rarity. La jeune couturière avait entre ses sabots toutes les cartes pour booster sa carrière. Sa compétence naturelle pour détecter les gemmes enfouies sous terre, les manier et les modifier par magie. Sa passion pour la mode datant de sa plus tendre enfance. Ses talents pour la couture, aussi bien artisanale que magique. Enfin, avec les relations qu'elle avait tissées lors de son voyage à Canterlot, tous les membres de la haute société Equestrienne réclamaient ses services. Tout était parfait et elle se voyait déjà un avenir aussi radieux qu'une montagne de rubis. Son nom sur tous les magasines, ses boutiques à travers tout le pays, elle-même propulsé au rang de célébrité nationale, l'argent qui coule à flot... A son jeune âge, ce serait tout simplement grandiose.
Mais au-delà de ces visions de gloire et de luxe, c'était avant tout une occasion. Une occasion d'offrir quelque chose à Equestria (autre que participer à un énième sauvetage du monde, ces choses-là devenaient monotones). Permettre à tous les poneys qui le voudraient de briller, les juments plus belles que jamais, les étalons au sommet de leur classe. C'était son rêve de petite fille qui devenait réalité.

Seul hic dans cette succes story : les réserves de gemmes qui partaient vite, très vite. Au point que la licorne devait régulièrement partir dans les montagnes à l'Ouest de la ville pour en trouver. Le sol était dur, difficile à creuser et quand bien même la pouliche détectait les pierres sans problème, elle n'avait aucune compétence de mineur.
Mais une lady se doit d'avoir plus d'une corde à son arc. Aussi, Rarity avait un allier de poids dans cette tâche, un poids plume certe mais un poids quand même : Spike, alias Spikounet.
Les griffes du jeune dragon lui permettait de creuser la terre comme si de rien n'était et d'en sortir le précieux contenu. Il était toujours présent, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, prêt à aider la belle de son coeur.

Ainisi, ils avaient pris l'habitude, en fin de semaine, d'aller dans les montagnes avec juste le minimum nécessaire : un chariot et de quoi manger. Ils y restaient toute la journée, travaillant en équipe pour déterrer les nombreux gisements.
Vers midi, le duo s'accordait une petite pause déjeuner. Un picnic au sommet du pic vaut tout les bijoux du monde. Une collation somme toute assez simple mais préparée avec le plus grand soin par la demoiselle, un bon petit vin léger à partager, et surtout ce magnifique panorama. De là ou ils étaient, ils pouvaient contempler toute la région. Ponyville en contrebas, Canterlot qui se dressait au loin, les nuages de Cloudsdale, l'immense masse verte de la foret d'Everfree, et même un bout de Manehattan visible à travers les collines, le tout baignant dans la douce lumière de l'astre de Celestia qui leur réchauffait le visage.
C'était leur moment à eux. Un moment des plus romantique. Beaucoup moins romantique lorsque leur route venait à croiser celle des Diamond Dogs, également à la recherche de pierres. Heureusement, depuis la dernière fois, les chiens avaient retenu la leçon et évitaient de leur chercher des crosses.

Rarity avait déjà songé à engager des mineurs professionnels mais hésitait, ça reviendrait à gâcher ces moments uniques tel qu'elle en lisait dans les romans et qu'elle avait apprit à savourer autant que la délicate boisson.
Mais s'il y en avait un qui se sentait vraiment au praradis, c'était bien Spike. Travailler main dans sabot avec son âme soeur, quoi de mieux ? D'ailleurs, il ne cosidérait même pas ça comme un travail mais comme un plaisir et ne demandait jamais rien en retour. Pour ne pas se sentir trop coupable, la licorne lui offrait généreusement quelques gemmes de leur butin à grignoter.

Aujourd'hui, la récolte avait été très fructueuse. Il y avait même beaucoup plus de pierres que nécessaire. La charette ne s'en retrouvait que plus lourde mais en combinant leurs forces, ils arrivaient sans grand mal à la déplacer. Comme d'habitude, la nuit était tomber à leur retour à Ponyville. En vrai gentleman, Le dragonet se faisait un devoir de raccompagner la demoiselle chez elle. Qui sait ? peut être bien qu'ils allaient dépasser la seconde base cette fois.

Spike tira délicatement la porte de la boutique avant de se décaler en une révérence façon majordome pour laisser entrer la couturière. La manœuvre ridiculement exagérée engendra un petit rire chez Rarity. En l'entendant, le jeune dragon releva la tête et croisa son regard.
Ces yeux... Des yeux si magnifiques qu'ils semblaient séduire l'éclat même de la lune qui venait se refléter dedans, les embellissant encore d'avantage. Des yeux d'un bleu si profond qu'il aurait voulu se noyer dedans pour y demeurer à jamais.

C'était son dernier souvenir.




Spike retournait ses pensées dans son crâne comme il tournait à l'intérieur de cette prison. Il pouvait se souvenir de chaque mot prononcé par sa bien-aimé, du nombre précis de gemmes qu'ils avaient trouvé tout les deux et celles qu'il avait mangé. Il se remémorait tous les événements de la journée mais bloquait systématiquement au même endroit. La porte. Les yeux. Et puis les barreaux. Il avait tout essayé contre eux : les mordre, les brûler, creuser... rien à faire. Il avait hurlé et appelé, personne ne répondait. C'était rageant. Au point de laisser ses instinct bestiaux de dragon refairent surface. Se déplaçant à quatre pattes comme un animal en cage, grognant et sifflant sa hargne, crachant des flamèches verdâtre ci et là tandis que la fumée de ses naseaux polluait l'air de la cellule.

Au bout d'un moment, voyant que ses coups de colère ne mènerait nulle part, il s'était allongé dans un coin pour se reposer. Hélas, son sommeil ne lui offrait pas vraiment de repos. Dans ses rêves, il continuait de revoir la scène, les grands yeux bleus qui faisaient place aux sombres barreaux. Encore et encore.
Et Rarity qu'était elle devenu ? Quel était ce lieux étrange ? Avait il seulement une chance d'en sortir et de revoir ses amis un jour ?

Une secousse le réveilla en sursaut. Pas très violente, le genre des sensations que vous font les ascenseurs quand ils se mettent soudainement à monter. Et, en effet, la cage montait. Spike pouvait voir le couloir extérieur qui semblait s'enfoncer dans le sol pour faire place à un grand plateau qui s'étendait au loin.
Un bruit sourd retentit à travers la pièce et à travers son corps. Tout juste réveillé, cela prit quelques instants au dragon pour se rendre compte qu'il s'agissait en fait d'une voix et quelques instants de plus pour en identifier les mots.

« Aujourd'hui, pour la première fois dans notre arène, vous verrez d'ici peu deux des plus terribles créatures qui soient s'affronter dans un combat sanglant et sans merci. »

Comme pour répondre à ces mots qui semblaient venir de partout à la fois, la grille s'ouvrit soudainement tandis que des centaines d'autres voix retentirent en choeur. On l'invitait clairement à sortir. Le dragonet hésita un instant. Tout ça était plutôt louche mais pas question de rester une seconde de plus ici. Sans prendre le temps de songer aux risques, il s'élança vers la lumière.

Les acclamations s'estompèrent rapidement, se muant en un léger bourdonnement d'où se dégageait l'étonnement commun de la foule. Spike jeta un rapide coup d'oeil autour de lui, dévisageant les centaines de personnes qui dominaient les gradins. Une sorte de désappointement se lisait sur leurs visages, comme si on venait de leur faire une mauvaise blague.

« Hé ben... C'est qui tous ces gens ? Et pourquoi ils me regardent comme ça ? »

Il ne le remarquait pas mais, perdu dans la foule, il y en avait un qui, au lieu d'un air déçu, montrait un sourire amusé. Un poney brun à la crinière ébouriffée.

« Un dragonet hein... ricana le docteur. Héhé, j'imagine qu'ils ne s'attendaient pas à ça. Une petite minute ! Je le connais. C'est l'assistant de mademoiselle Sparkle, le dragon qui avait détruit la ville lors d'une crise de croissance. Je ne savais pas qu'il avait disparu lui aussi. En revanche je me demande bien qui est le deuxième. »

En effet, de l'autre côté de la zone, un second dragon avait fait son entrée à peu prêt en même temps. Il devait faire la même taille que Spike, ses écailles était d'un vert d'émeraudes et il possédait en plus deux petites ailes qui s'agitaient vivement pour le maintenaient en l'air à quelques pieds du sol.
Instinctivement, les deux reptiles se dirigèrent l'un vers l'autre, grognant et montrant les crocs. Leur espèce étant naturellement agressive, les rivalités entre mâles étaient monnaie courante, mais là c'était comme si quelque chose de plus les incitait à l'hostilité. Arrivés à proximité l'un de l'autre, ils se regardèrent un instant dans les yeux. Puis le vert se posa avec légèreté sur le sol avant de prendre la parole.

- Toi ? Oui je me souviens de toi.

Spike retint un rire en entendant la voix aigu et nasillarde de son interlocuteur. Si ce dernier avait l'air de le connaître, notre dragon, en revanche, ne parvenait pas à l'identifier. Pourtant, il y avait bien un air de déjà vu.

- Euh... On se connait ?
- Oh oui, j'imagine que je dois être un peu différent de la dernière fois, par contre toi tu as toujours la même tête de lard que le jour où je t'ai trouvé en train de boulotter mes gemmes.

Les souvenirs apparaissaient petit à petit. Pas de très bon souvenirs, qui concernaient une fugue et le fait qu'il avait bien faillit finir en kebab ce jour-là.

- Je vois, t'es le dragon qui vit dans la forêt. Hé hé, on dirait que t'as perdu quelques centimètres.
- Ne te moque pas de moi, vermisseau, cria-t-il en collant son museau à celui de son homologue en signe de provocation. Je ne sais même pas pourquoi j'ai cette taille maintenant.

Une bonne droite en pleine mâchoire fût la meilleure chose que Spike trouva à ajouter. Surpris par le coup, l'autre dragon partit en vrille sur quelques mètres, à la manière d'un avion hors de contrôle, avant de rencontrer violemment le parterre.

- Evite les « vermisseau » et les trucs dans le genre. T'es aussi grand que moi j'te signal.
- Espèce de... tu vas me payer çaaAAH !
- AAH !

Ils s'écroulèrent en même temps, pris de convulsions. Une pâle lueur jaune embrasaient le corps des deux reptiles. A une cinquantaine de mètres, en hauteur, les mains de Showdown, grande ouvertes, laissaient échapper la même aura.

- Spectateurs ! Laissez moi vous présentez...

Tendant son bras droit.

- A ma droite, Sahloknir, terreur de la forêt d'Everfree.

Tendant son bras gauche.

- A ma gauche, Spike, élevé par les poney, mais non moins terrible dragon.

Une douleur traversa le petit dragon alors que la lumière autour de lui s'intensifiait. C'était une douleur brutale et interne, comme si ses os s'étiraient de force, quitte à déchirer sa chair pour sortir du corps. Il fut prit d'un spasme et se cabra en arrière. Il put alors voir que son bras droit avait triplé de volume et se tordait au sol, arrachant de gros morceaux de pierre de ses griffes acérées. Devant lui, Salhoknir subissait le même tourment. Ses ailes étaient devenus immenses, et il se tenait la tête entre ses pattes tout en sifflant sous la douleur.

Ils étaient en train de grandir, quittant progressivement leur apparence infantile pour l'allure terrifiante qui avaient permis à leur espèce de marquer des siècles de l'égendes. Dans un autre épisode regrettable de son existence, Spike avait déjà connu ça, mais en beaucoup moins douloureux. Les dragons grandissent avec leur trésor, c'est un processus naturel mais là, c'est une force tout autre qui était à l'oeuvre, une force extèrieure qui rendait la croissance chaotique, les membres de leurs corps poussaient de façon aléatoire, sans attendre les autres.

Le phénomène ne dura pas plus d'une minute, mais une minute particulièrement longue et douloureuse. A la longue, la croissance se stabilisait et les deux monstres se dressaient de façon beaucoup plus noble. Ils n'étaient pas les seuls à grandir, l'arène elle-même s'élargissaient pour faire de la place aux géants. Un tel spectacle raviva bien vite le public qui commença à crier leurs noms. Chacun choisit rapidement son favori, en se basant uniquement sur sa couleur préférée pour la plupart.
Au milieu des « Spike ! » et des « Salhoknir !», on pouvait aussi entendre quelques éternuments. Pour cause, depuis tout à l'heure, la température descendait en chute libre. Des flocons ne tardèrent pas à se montrer, dégénérant rapidement en une véritable tempête de neige qui recouvrait le sol et cachait le ciel.

Les deux colosses finirent de grandir au milieu de ce blizzard. Aux yeux des spectateurs, ils n'étaient plus que des ombres d'une quinzaine de mètres de haut.

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Une paire de rugissement épouvantable se mêla au vent glacé alors que les monstres se jetaient l'un sur l'autre. Le choc des corps titanesques fut si puissant qu'il repoussa toute la neige autour d'eux. Ils restèrent quelques instants ainsi, l'un contre l'autre, se repoussant mutuellement, aucun n'étant prêt à céder du terrain. Dans la mêlée, les coups de griffes et de croc s'échangeaient avec ardeur.
Ils finirent par se repousser simultanément. Salhoknir donna un vif battement d'elle pour s'en aller à bonne distance de son rival. Spike s'apprêtait à le poursuivre mais une immense flamme jaillissant de la gueule du monstre vert le força à s'arrêter. Le feu infernal bannit toute forme de froid dans son sillage et déformait l'air de sa chaleur. Le rideau de froid ne tarda pas à se reformer une fois la fournaise passée mais fut à nouveau déchirer par la réponse du dragon mauve. Une flamme verte et éclatante traversa le terrain à la rencontre de sa cible.

Vous devez penser que pour des créatures ayant comme loisir de prendre des bains de lave bouillante, le feu n'est pas un problème. C'était le cas. Ces assauts qui auraient réduit à peu près n'importe quoi en cendre n'étaient en fait que de simples provocations. Entre les déflagrations, les deux bêtes se dressaient de toute leur hauteur en rugissant, cherchant à être le plus imposant possible avant de retomber lourdement sur le sol. La terre tremblait sous leur poids, soulevant d'épais nuages de neige aussitôt emportés par la tempête.

Les titans continuèrent dans cette voie, alternant entre charges, mélées sauvages et séances de provocations. Chaque impact était comme un mini-apocalypse à lui tout seul. Pourtant, malgrès le froid glaçant et la violence extrème des coups, aucun des deux ne montrait le moindre signe de fatigue. Le combat aurait put continuer ainsi pendant des jours, comme il en était parfois question dans les vieux récits draconniques.
Mais ce ne fut pas le cas cette fois. Après un temps auquel personne ne prêtait attention tant l'action était saisissante, les aléas du combat menèrent les monstres dans une périlleuse position : Les gueules se rencontrèrent en même temps et se superposèrent. Salhoknir mordait la mâchoire inférieure de Spike tandis que ce dernier plantait ses dents dans la mâchoire supérieure de son ennemi. Par de violents mouvements de tête, chacun essayait de faire tomber l'autre. Avantagé par sa position de hauteur, c'est le violet qui finit par dominer. Son adversaire, les naseaux écrasés, dût se résoudre à lâcher prise. Projetée vers le bas par un coup sec, sa tête heurta le sol.

Sans lui laisser le temps de se reprendre, Spike donna un nouvel assaut. Il se retourna en balançant son énorme queue vers son adversaire. La pointe osseuse dure comme la pierre qui la terminait rencontra le flanc de la cible, le corps tout entier de celle-ci ne tarda pas à chuter sous la force du coup. Salhoknir tenta de se relever mais un nouvel impact de la masse osseuse, en pleine tête cette fois, lui brisa une corne et l'envoya mordre la poussière, ou plutôt la neige.
La créature était à terre. Le monstre mauve s'avança et lui saisit la nuque à pleines dents. La victime hurla sous la pression et commença à se tordre de douleur.

La lutte semblait s'achever, mais alors que les géants se débattaient, un éclair vert fendit l'air. La queue de Salhoknir était différente de celle de Spike, à la place d'une pointe massive, elle était hérissée de piques. Habituellement rétractées, elles jaillirent brusquement de la peau dans un bruit qui rappelait celui d'une épée sortant de son fourreau. Un bruit d'acier qui en disait long sur leur solidité et leur tranchant acéré. L'engin de mort fouetta avec une précision redoutable le visage du dragon violet. Ce dernier n'aperçut qu'au dernier moment les épines se diriger vers son oeil, oeil qu'il ne garda pas longtemps car toute la partie gauche de son visage fut arrachée par la force de l'attaque, laissant la peau à vif.
Ce calvaire le força à lâcher prise. Dès lors, la situation s'était complètement inversée. Libéré de son étreinte, Salhoknir était en position idéale pour attaquer la faiblesse commune à tous les membres de leur espèce : le ventre, dont les écailles étaient les moins résistantes. Plusieurs coups de griffes pénétrèrent la chair claire pour en retirer des gerbes de sang. Spike, mutilé et déstabilisé se contenta de donner un coup de patte au hasard qui eu la chance de rencontrer la face de son ennemi, le forçant à reculer.

La minute suivante fut des plus calme. Les deux adversaires s'étaient séparés et restaient à bonne distance l'un de l'autre, le temps de récupérer. Le monde retenait son souffle. Un silence terrible s'installa, entrecoupé par la respiration rauque des monstres qui se muait en brume au contact de l'air glacé. Malgrès l'importance des blessures, la forte constitution naturelle de ces créatures alliée au froid, atténuait dans une moindre mesure la douleur.
Les secondes s'écoulaient au ralenti, attendant elles aussi le prochain round.

Un frisson collectif parcourue l'assemblée au moment ou Spike poussa un cri, plus effrayant que jamais, avant de charger. Salhoknir répondit lui aussi par un hurlement, mais au lieu d'aller à sa rencontre, il déploya ses immenses ailes. Un simple battement suffit à dresser un épais brouillard de neige, comme une gigantesque explosion blanche. Impossible de distinguer quoi que se soit à l'intèrieur. Quand le dome s'évapora dans la tourmante, Le dragon était dans les airs, volant majestueusement à plus de vingt mètres du sol. Il fondit droit vers son ennemi, cloué au sol, et cracha un feu d'enfer.
Le souffle n'aurait fait que le chatouiller en temps normal mais les flammes mordaient à pleines dents la peau à vif de son visage. Il dut détourner la tête. Aveuglé, le terrestre ressentit à nouveau la masse de piquant caudale frapper. Elle rencontra sa mâchoire cette fois et lui fit gicler quelques dents. Spike tomba en arrière sous le choc, tandis que l'ombre volante continuait sa course

En se relevant, il pouvait voir la bète ailée qui se déplaçait à grande vitesse au dessus de l'arène. La poudreuse se soulevait sur son passage et des cris perçaient les vents lorsque la sombre silhouaite se raprochait des gradins.
Salhoknir vira pour tenter un nouvel assaut. Tout ce que notre dragon avait à opposer était son propre souffle de feu qui se révéla aussi inutile qu'avant face à la cuirasse du monstre. Il reçut le troisième coup à l'épaule, et ce n'était que le début d'une longue série.
Fort de l'avantage du terrain, le dragon vert ne montrait aucun répit, usant de son feu pour aveuglé et de sa queue pour frapper. Chaque coup arrachait de gros morceaux d'écailles et de chair au terrestre, le rendant davantage vulnérable aux prochaines frappes. Pour Spike, il n'y avait pas d'échappatoire. Impossible de fuir. Impossible de se défendre. Il ne pouvait que subir. Torse, pattes, flanc, tout était fracassés et lorsqu'il cédait à la faiblesse et se baissait, c'était les griffes qui lui tailladaient le dos. Après maintes et maintes attaques, un dernier coup à la tête donna le coup de grâce et envoya le géant s'écrouler dans la neige. Diverses petites flaques rouges apparaissaient à la rencontre des blessure et du sol blanc. L'immense corps immobile commençait déjà à se couvrir de flocons.

Spike était toujours vivant, contrairement à ce que n'importe qui aurait dit en le voyant. Sa respiration était imperceptible, de même que la souffrance et la rage avaient complètement disparu de son esprit. C'était ce moment entre la vie et la mort où le cerveau continu de fonctionner tout en étant trop faible pour concrétiser quoi que soit. Ce moment où tout s'efface peu à peu pour laisser place au délires du subconscient.

Tout était blanc. Chose normal puisqu'il était tombé du côté droit et que son unique oeil s'était enfoncé dans la neige. Toutefois, au milieu de cette étendue blanche, des images se formaient. Ce n'était que de vagues formes colorées mais leurs sens ne faisait aucun doute pour le dragon. Il parait que ceux sur le point de mourir voient leur vie défiler devant leurs yeux. C'était un peu ça, une sorte de diaporama des moments les plus marquant de son existence.
C'est twilight qui apparue en premier, la première personne qu'il avait vu à son éclosion et qui avait grandi à ses côtés. Il vit ensuite la princesse Celestia, celle qui avait pris soin d'eux pendant leur enfance. Il vit Canterlot, Ponyville, ses amis qui y vivaient. Les formes bariolées s'assemblaient devant lui pour former deux grands lacs bleus. Entourés par la pureté du blanc, ils formaient peu à peu le visage de Rarity.

Ces yeux.

C'était le dernier souvenir qu'il avait de son monde. Il n'y avait plus rien d'autre après.
La dernière image... Peut être était il déjà mort en venant ici ? Peut être que cet horrible endroit était l'enfer ou quelque chose comme ça ?
Il poussa un gémissement.
Non. Ces souvenirs n'étaient pas là pour ça. Pas pour lui signaler la fin du voyage. Au contraire, ils l'encouragaient à se relever, à se battre pour avoir une chance de les revoir un jour. Il ne pouvait pas les abandonner comme ça. C'était un dragon, et les dragons ne se laisse pas tuer aussi facilement.

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La plainte se mua en grognement. Les griffes se logèrent dans le sol et les muscles se bandèrent pour redresser leur énorme masse. Spike jaillit violemment de la neige. Avec ses plaies encore grandes ouvertes, il avait l'air d'un zombie sortant de sa tombe.
Un grondement lui indiqua la présence de son ennemi. Ce dernier s'était posé triomphalement au-dessus de la loge de Showdown, les ailes déployées. En voyant sa victime se relever, le dragon vert plongea, près à réitérer le massacre.

Impossible de s'enfuir, impossible de se protéger, il restait toutefois une autre possibilité : l'attaque.
Prenant appui sur ces pattes arrières, Spike bondit, atteignant une hauteur complètement improbable pour son poids. Salhoknir, surpris, tenta de virer mais les mâchoire violettes se refermèrent sur sa queue, un peu avant les piquants. Trop lourd pour lui, il ne put se maintenir dans les airs et les deux monstres s'écrasèrent au sol.

Les ailes vertes battaient à plein régime, cherchant à reprendre de l'altitude. Ne laissant aucun répit, Spike se jeta sur son dos et attrapa la droite entre ses dents. L'os se tordit et se brisa sans aucune résistance, arrachant un cri de douleur à son propriétaire. Celui-ci parvint tout de même à se dégager en projetant sa tête cornue en arrière qui alla heurter le nez de Spike, le faisant lâcher prise.

La situation s'était inversée, à présent, c'était le dragon vert qui était en mauvaise posture. Il donna une impulsion pour se projeter en l'air et s'enfuir. Quelques battements instables suffirent à lui faire comprendre qu'il n'irait pas bien loin avec une aile de cassée. Incapable de supporter son propre poids, il tomba en piquer, rencontra le sol et glissa dans la neige sur toute la longueur du terrain pour se faire finalement arrêter par les tribunes contre lesquelles il s'écrasa dans un terrible fracas. A peine remit de sa chute, il vit Spike qui lui fonçait dessus, poussant un rugissement à en faire trembler l'Empyrée. Ses blessures semblait être devenu obsolètes. Il était arrivé à un stade ou la rage avale absolument tout, y compris la douleur.

Même sans pouvoir voler, Salhoknir avait toujours son feu. Espérant s'en servir pour raviver les plais toujours suintantes du corps de son ennemi, il cracha une lance de flamme. Sans s'arrêter, Spike fit de même. Les flammes vertes avalèrent littéralement les rouges et rmontèrent jusqu'à leur source. Salhoknir tenu autant qu'il le pouvait, mais à bout de souffle, il céda et reçu la somme des deux feux combiné en pleine tète.
Sans perdre de temps, Spike lança autre flamme. Plus bref, celle-ci, comme un simple cracha. Une unique boule de feu sortit et dévora la distance en un éclair. Elle s'ajouta à la fournaise déjà instable et le tout explosa en une énorme déflagration coloré et aveuglante. La bête ailée tomba en dehors du nuage brulant. Sa peau était noircie et il avait visiblement l'air de souffrir. Même ses écailles n'avaient pas supporté un tel pique de chaleur.

Le temps qu'il se relève, Spike était finalement arrivé à sa hauteur et le saisit au cou, bien décidé à finir ce qu'il avait commencé tout à l'heure.
La scène se répétait. Comme précédemment, Salhoknir usa de sa queue pour le frapper. Mais cette fois, pas question de lâcher. Le dragon des terres, au lieu de déserrer son étreinte, la renforçait en y ajoutant ses griffes, le tout maintenant fermement la nuque en place. D'autre coup suivirent mais n'avaient pour résultat que d'inciter la gueule à serrer encore plus fort, encore plus lorsqu'ils rencontraient des blessures déjà formées, les agrandissant. Certaines dents de Spike avait été brisée mais les morceaux d'os restant étaient toujours aussi solides et tranchants.

A la première pression, la queue hérissé tenta plusieurs frappes dans la zone de la tête, sans succès.
A la deuxième pression, les attaques se faisaient plus hasardeux, l'appendice dansait comme un serpent qui aurait pris un verre de trop.
A la troisième, les Pattes du dragon vert cédèrent et il s'effondra au sol, toujours maintenu par les crocs et les griffes.
La quatrième pression fut accompagné d'un craquement. La colonne vertébrale avait cédé. La queue bougea encore quelques instants, encore mue par les derniers ordres des terminaisons nerveuses, puis s'affaissa comme le reste de l'animal.
Spike resta immobile le temps de s'assurer qu'il était bien mort. Puis il retira ses dents ensanglantées du cou dont la chair avait été complètement charcutée.
La victoire.

Un dragon se doit d'être fier. Un dragon se doit d'être craint. Le vainqueur posa une patte sur le corps du déchu et se dressa de toute sa hauteur. Il jeta sa tête en arrière et déchaîna une énorme flamme qui s'éleva droit vers les cieux. La neige cessa rapidement et les vents se turent, laissant la place aux applaudissements de la foule en délire qui n'avait plus qu'un seul mot à la bouche : « Spike ! »

Perdu dans son concert de feu et de cris de victoire, Spike ne remarquait pas la lumière jaune qui commençait à l'entourer. La même lumière qui l'avait forcé à grandir tout à l'heure. Elle eu l'effet inverse cette fois, il rétrécissait. C'était beaucoup moins douloureux cette fois, d'ailleurs il ne s'en rendait même pas compte. Il ne s'en aperçut que lorsque son splendide rugissement ne fut plus qu'un petit cri adorable.
Revenu à la réalité et à sa taille basse, la première chose que vit notre dragon était l'énorme masse verte qu'il venait de tuer. Il s'en approcha doucement et posa une main toute tremblante sur l'oeil clos de la bête. Un sentiment des plus partagé l'envahit, un mélange de fierté et de la culpabilité d'avoir tué un membre de sa propre espèce. Ce genre de choses arrivait couramment chez les dragons, pour des querelles de territoires ou de femelles, voir ces créatures se battre entre elles n'avait rien d'exceptionnel. Mais Spike n'était pas comme ça. Il avait été élevé à vivre avec les autres, à privilégier l'entente à la querelle. C'était à la fois sa force et sa faiblesse. Ce qui le rendait spécial et à la fois si différent des siens. Quel qu'en soit la cause, il s'en voulait d'avoir laissé ses instincts de monstre se libérer.

Il soupira, passa la langue autour de ses lèvres pour en ôter le sang et commença à s'éloigner. Après quelques pas, un brusque rappel de ses blessures lui fit mettre un genou à terre. Il serra les dents. Maintenant qu'il avait retrouvé sa taille de dragonnet, il supportait beaucoup moins la douleur. De son unique oeil, il vit devant lui se dessiner la silhouette d'une personne. Un chien, qui lui tendait une gourde.

Dans les tribunes, un poney de neige secoua la tête pour en dégager sa crinière ébouriffée. Le docteur avait été tellement abasourdi par le combat qu'il en était resté immobile tout le long. Bien sûr, les flocons n'avaient pas manqué de le recouvrir des sabot à la tête.

« Effectivement... a...atchoum ! C'était anthologique. Snif. »

- et voilà les cuisines, annonça Cocker Face.

Le docteur pénétra dans l'immense pièce, suivant de près le chien. Il commençait à vraiment bien l'apprécier. Ce dernier s'était en effet porté volontaire pour lui faire visiter les différentes zones du bâtiment.
Les cuisines, situées dans les-sous sols de l'arène, étaient presques aussi grandes que l'arène elle-même. De larges fourneaux, répartis ça et là, donnaient diverses teintes rouges aux murs de pierres selon leur activation. Il y avait aussi une chambre froide pour stocker la viande. Des tonnes de pains, de farine, d'oeufs étaient entreposées dans des caisses. Des fruits et des légumes venant des quatres coins du monde s'entassaient dans de grosses corbeilles de bois. De nombreux employés s'y trouvaient. En fait il semblait que la majorité d'entre eux se trouvaient là, répartis au milieu des aliments.

- Plutôt impressionnant, dit le poney en balayant la place du regard.
- Ouais, c'est sûr ça en jette la première fois, le Seigneur Showdown est très exigeant envers la nourriture. Enfin, ça dépend pour qui.
- Que voulez-vous dire ?
- Amène-toi.
- Allons y.

Ils traversèrent les lieux. Cocker saluait d'un geste désinvolte les gens qu'ils croisaient. Doc, lui, se contentait généralement d'un petit sourire hypocrite. Le duo finit par arriver devant une grande plaque chauffante d'où jaillissaient des grains de maïs par centaines. Une fois tous éclatés sous l'effet de la chaleur, ils étaient récoltés en grand nombre puis une autre fournée était versée et ainsi de suite.
Le chien en attrapa quelques uns au passage.

- Pop corn ?
- Ho ! merci bien. Répondit le docteur en prenant une bouchée.

Autour d'eux se trouvaient d'autres installations. Dans un coin, une machine produisait diverses boissons ainsi qu'un étrange bruit de rouages et de souffleries. Dans un autre, un lama placé derrière une table empilait machinalement des tranche de pains, de salade, de fromage et de viande. Il avait l'air complètement absent, l'unique moyen de communication qu'il avait avec son entourage était son visage qui exprimait à merveille la phrase « Je hais ma vie. »

- Tous ce qu'il y a ici, c'est pour les spectateurs, dit Cocker en encadrant virtuellement l'espace de ses bras. Pop corn, sandwich, milk-shake... Des truc qu'ils peuvent manger sans détourner les yeux du spectacle. Ho, salut Oki Donkey !
- 'lut Cocker, répondit un âne avant de s'en aller. De nombreux paniers contenant les précieux casse-croutes lui pesaient sur le dos.
- Et c'est lui qui leur apporte j'imagine. Dit le docteur.
- Ouaip, ils sont incapables de bouger de leurs sièges, alors c'est nous qui faisons le service entre les tribunes.

Il empoigna deux verres et les plaça sous les robinets de la machine. Dans un brouhaha artificiel, deux coulées claires en sortirent et remplirent les récipients. Le chien y ajouta ensuite deux pailles et en tendit un au poney brun.

- Viens voir maintenant.
- Oui, allons y ! dit-il en prenant son verre.
- Eh ben, t'es vraiment accroc à cette phrase.

Une fois de plus, le doc suivit son guide, marchant sur trois pattes pour pouvoir tenir sa boisson.

- Et tout ça, c'est pour les combattants. Le husky tourna sur lui-même en écartant les bras au maximum pour bien souligner le « tout ». C'est le maître qui fait venir tous les ingrédients, par contre c'est surement pas lui qui va se faire suer à les préparer. C'est vrai, on servirait à quoi nous, hein ? acheva- t-il d'une voix ironique.
- Sacrée installation, et les plats m'ont l'air tout à fait corrects
- Ca c'est sûr. Le maître tient à ce que ses « précieux » combattants soient bien nourris, qu'ils soient en forme pour mieux se mettre sur la tronche. Tu vois ? Il aspira une partie du milkshake.
- Je vois surtout que vous êtes nombreux à travailler ici. Ils sont cuisiniers ?
- Pas vraiment, la plupart savent faire la bouffe comme n'importe quels pecnauds. Les quelques uns qui s'y connaissent s'improvisent en chef cuistots. Pas vrai, Apron !

Un poney beige de petite taille avec une toque trois fois plus haute que lui répondit d'un signe de la patte avant de retourner à la supervisation de la cuisine.

En suivant des yeux l'un des plats en préparation, le docteur put voir où ils finissaient. Une longue table en bois sur laquelle les repas étaient répartis en deux catégories : herbivore d'un côté et carnivore de l'autre. Chaque catégorie était également divisée en plusieurs en fonction des mesures et des préférences de leurs destinataires. Au fond se trouvait une assiette de pierres précieuses, de toute évidence réservée au nouveau pensionnaire qui avait fait sensation il y à de cela quelques heures. En poursuivant son voyage, le regard du doc s'arrêta sur un énorme parchemin accroché au mur, dominant toute la pièce de façon à ce que tout le monde puisse le voir. C'était une liste qui affichait des noms de personnes suivis du nom d'un plat. En voyant écrit « Pinkie Pie » suivi de « Cupcakes », notre héros devina par lui-même qu'il s'agissait de la liste des prisonniers, accompagnée de leur nourriture respective. Divers employés arrivaient régulièrement pour emporter les plats et les emmener dans la zone des cellules. Quand c'était fait, un V de couleur verte apparaissait comme par magie en face de la ligne correspondante, signalant que la livraison était assurée.

Tout était beaucoup plus organisé que ne l'avait imaginé le docteur. Malgrès l'atmosphère chaude et les jurons qui s'échappaient de temps en temps des bouches, ils avaient trouvé un bon moyen de produire vite et bien.
Sans être des repas cinq étoiles, les plats étaient pour la plupart bien équilibrés et la nourriture avait tout l'air d'être de qualité. Un véritable luxe pour ceux qui étaient censés être des prisonniers.

- Et nous autres, les employés, où trouver notre part ?
- Hin hin... notre part ? Jette un coup d'oeil par là.

En suivant l'indication, il aperçut, dans un petit coin sombre, une montagne de pain sec empilée à côté d'une fontaine. Celle-ci crachait une eau dont la couleur n'inspirait guère confiance. Un peu plus loin se trouvait une bassine remplit à raz-bord d'une purée douteuse. Doc présenta un léger rictus de dégoût et aspira une grande quantité de sa boisson, comme pour faire passer un mauvais goût qui lui était apparu dans la bouche au moment même où il avait posé les yeux sur cette vision peu ragoûtante.

- Appétissant, pas vrai, lança Cocker, toujours aussi sarcastique. J'rigole, t'as pas à manger ça. Hésite pas à piquer dans la bouffe des spectateurs et des combattants. On le fait tous alors tu cours aucun risque.

Nouvelle gorgée de milkshake qu'ils prirent à l'unisson.

- Dites moi, Cocker, cela fait longtemps que vous avez été amené ici ?
- Difficile a dire mon gars, répondit-il en affichant une triste mine. C'est difficile de mesurer le temps ici, mais je sens bien que je suis plus aussi frais qu'avant. Ma fourrure commence à pâlir. Et puis...

Il marqua une pause, l'air attristé. Semblant tout à coup perdu dans ses pensées.

- Est-ce que ça va ?
- Hein ? Ho, rien. Juste des souvenirs, il vaut mieux les oublier.
- Surement pas !
- Quoi ?
- Il ne faut surtout pas les oublier ! Vos souvenirs, ce sont les dernières choses qui vous raccroche à votre ancienne vie, votre bonne vie. S'ils venaient à disparaître, croyez moi que vous sombreriez dans une looongue et profonde dépression ce qui rendrait la situation bien pire, croyez-moi.
- T'en as de bonnes toi, à quoi bon s'y accrocher si je les revois jamais.
- Ne jamais dire « jamais ». Qui sait de quoi le futur est fait ? Après tout, peut être qu'un grand héros va venir et nous sortir tous de là.
- T'es du genre optimiste toi. Bizarre, d'habitude les types qui se font amener piquent des grosses crises de panique. On a même eu quelques suicidaires, sauf que c'est idiot vu que le maître les ramène toujours à la vie. Enfin, pour ton histoire de héros, rêve pas trop. Si un type comme ça existe, tu peux être sûr qu'il doit combattre dans l'arène en ce moment même.

Le docteur se sentit légèrement vexé en entendant ces mots. Il n'y avait pas réfléchit mais Le husky n'avait pas tort. Les plus grands héros de tous les peuples se trouvaient ici. Comment se faisait-il que lui, un seigneur du temps, qui avait sauvé le monde (et occasionnellement l'univers) des dizaines et des dizaines de fois, lui qui avait affronté moult monstres malsains, il ne s'y trouvait pas. En un sens, s'était... frustrant. Oui, c'était le mot : « frustrant ».

- Désolé de te casser le moral, Doc, mais je préfère que tu te fasses pas d'illusions. Tu ferais bien de vite prendre l'habitude de travailler ici. Je te cache pas que ça va être dur au début. On a pas beaucoup de temps pour se reposer, les dortoirs sont tout sauf confortables, du coup on se crève à travailler, à s'occuper de prisonniers qui sont cent fois mieux traités que nous et le plus énervant c'est qu'après tous ce temps, Shodown est même pas foutu de retenir ton nom !

« Et on a même pas de femelles ! » lança une voix sortie de nulle part.
- Oh non ! Pas lui...

Un chien était apparu dans leur dos pendant qu'ils discutaient. Il était du genre bulldog, trapu, presque aussi large que haut et la fourrure d'un violet très clair. Il portait un marcel blanc qui lui donnait un petit air de déménageur. Mais avant que notre héros ait pu l'observer plus en détail, le cabot était sur lui et le secouait vivement en le tenant par les épaules. Visiblement beaucoup de gens pensent que cette drôle de manoeuvre permet à votre interlocuteur de mieux vous comprendre ce qui, disons-le, est plutôt absurde. Sous les secousses, la boisson échappa aux sabots du docteur. Le récipient roula sur le sol en déversant son délicieux contenu pendant que le dément s'égosillait. Sa voix était drôlement aigue pour son gabarit.

- Et ouais, Cocker te l'as pas dit hein ! Les lits, la bouffe, les corvées, c'est pas un problème. Mais on a pas de femelles. T'entend ça, mec ! Pas une seule petite femelle parmi nous. La vie ici est un enfer. Alors, qu'est-ce que tu dis de ça, le nouveau !
- J'en dis que vous êtes un grand malade.

Cocker Face, à la rescousse, saisit le bulldog par l'une de ses joues pendouillantes et l'éloigna du poney qui continua à se balancer quelques secondes même après avoir été libéré.

- Sérieusement, Muggs ! T'es obligé de faire tout ton cinéma à chaque fois qu'un nouveau gars se pointe.
- J'préfère lui dire avant qu'il s'en rende compte lui-même, répondit-il en se dégageant puis en revenant sur doc. J'vais te raconter mon histoire, le nouveau. Tu veux bien l'entendre ?
- Non !
- Content que ça te fasse plaisir. Alors voilà : Y avait cette fille, pas une p'tite chienne juste un peu plus jolie que les autres, j'te parle d'un pur canon. J'te garantis qu'elle m'a tapé dans l'oeil dès le premier coup d'oeil. Mais c'était pas une fille facile, comme par hasard. J'ai passé des mois à la courir. Des mois ! J'lui ai offert tous les plus beaux cadeaux que j'ai pu trouver, et j'y suis arrivé. J'ai réussi à avoir un rencard avec elle. Mais arrivé au moment crucial, « si tu vois ce que je veux dire » POUF ! Je m'retrouve ici, avec que des mecs pour toute l'éternité ! C'est le truc le plus frustrant qui soit. Tu comprends ce que j'te dis mon gars ?! Aïe !
- Va jouer ailleurs, tonna Cocker en l'éloignant à nouveau. Tu nous gonfles !
- Cocker, mon pote ! Tu trouves pas ça injuste, sérieux. Pourquoi le maître nous amène jamais de femelles ?
- Tu le sais très bien, il a déjà dit que ça apporterait que des problèmes.
- Et alors ! Y a des choses qui sont pas négociables. Eh ! Tout le monde. Il bondit sur une table pour s'adresser à tous. Allez les gars ! On va tous voir Shodown et on lui force la main pour qu'il nous file des filles !

Aucune réaction, positive bien sûr. Par contre, de la foule s'élevait une masse d'injures difficilement compréhensible mais qui, de toute évidence, lui indiquait de se la fermer s'il ne voulait pas finir dans la bouffe. A croire que ce genre de spectacle était monnaie courante ici. Cocker aspira une dernière gorgée qui se termina par un raclement signifiant que la boisson était arrivée à son terme.

- Bonne idée, dit Cocker d'un ton cynique. Vas-y, passe devant, on te suit.
- Heu... ouais. Peut être que lui forcer la main c'est un peu trop risqué, il pourrait s'énerver...
- Et te buter, et te ressuciter, et te rebuter ensuite, et te reressuciter, et te filer encore plus de boulot pour t'apprendre à pas le déranger.
- Ouais, c'est vrai que c'est pas du tout une bonne idée.
- Sans blague...
- Mais y a surement quelque chose qu'on peut faire. Toi, Cocker, tu pourrais les convaincre. T'es là depuis longtemps, je suis sûr que tous les employés t'écouteront.
- Non.
- T'es qu'un gros égoïste ! Met-toi un peu à ma place, j'ai jamais autant eu la rage de ma vie. Tu peux pas comprendre ce que ça fait.

C'était la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Le husky broya rageusement son verre et le laissa tomber au sol. Il attrapa ensuite le bulldog braillard par son vêtement et le plaqua contre un mur.

- Ecoutes moi bien Muggs, moi aussi je vais te raconter ma vie si t'as rien contre. J'étais bien tranquille, j'avais un boulot sympa, une femme qui m'aimait, deux p'tits chiots... J'me souviens encore être venu leur souhaiter bonne nuit avant de m'retrouver dans cette horrible endroit. Tu vois, on a tous nos problèmes et on déteste tous ce coin. Alors j'suis désolé pour toi, mais maintenant tu vas nous foutre la paix, et si t'es pas content t'as qu'à aller chouiner dans ton coin. OK !
- Heu... Ok, ok... je la boucle... t'énerve pas.
- T'as intérêt, grogna-t-il en relâchant le tissu.

DING
Non loin de là, la porte de ce qui semblait être un maxi-micro-onde venait de s'ouvrir. Un large bol, encore plus grand qu'un poney en sortit encore fumant. Cocker poussa Muggs dans sa direction.

- Tiens, rends toi utile et apporte son chocolat chaud au maître.

DING

Rien à voir avec le four, cette fois. Ce tintement n'était autre que la petite ampoule intérieure du docteur qui venait de s'allumer. Alors qu'il avait préféré rester en retrait pour voir si tout cela allait dégénérer en baston général, cette dernière phrase l'avait fait réagir.

- Excusez-moi. Ce bol est destiné à Showdown ?
- Ouais, répondit le husky. Le chocolat chaud a toujours été son plat préféré. Je sais, quand on le voit c'est pas la première chose à laquelle on pense mais bon, chacun son truc comme on dit.
- Et il est dans ses appartements en ce moment, n'est-ce pas ?
- Ouais, pourquoi tu demandes ça, doc.
- Parce que c'est moi qui vais lui apporter.
- De quoi ? Pourquoi tu veux faire ça ?
- Et bien, si je vais rester ici aussi longtemps, autant que je me rende utile.
- Mais t'as pas à faire ça, Muggs va s'en occuper.
- Si si si. Ca me fait plaisir d'aider, et ça vous fera ça de moins à faire.
- Et ben... Si t'y tiens tant que ça. Il prit le bol et le posa sur le dos du doc.

Les appartements de Showdown... Peut-être une occasion de le voir enfin sans tout son attirail. C'était le petit 1 de sa liste de choses à découvrir, autant tenter le coup.
Il souffla et ses genoux se plièrent sous le poids du gros récipient. Il n'était toutefois pas si lourd que ça et le poney parvint à le maintenir tout en gardant son sens de l'équilibre.

- Bien, je vous dis à plus tard mes chers amis canins. Allons y ! lança-t-il avant de prendre congé.
- Et ben, ça c'est ce que j'appelle un type serviable, dit le bulldog.
- J'avoue. C'en est même un peu louche.
- J'lui donne deux jours avant de d'venir aussi rabat-joie que tout le monde.
- Et j'peux savoir comment tu vas les voir passer les jours ?
- J'compterais les secondes dans ma tête. Héhéhé.
- Abrutis... Ho et puis tire-toi, je t'ai assez entendu.


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« C'est vrai après tout, les « plus grands héros de tous les temps » ont été amenés ici et moi pas. J'ai pourtant sauvé le monde plus souvent que n'importe lequel de ces frimeurs. Je leur ai même sûrement déjà sauvé la vie sans même qu'ils ne s'en rendent compte. Pourtant eux sont là et pas moi... Pff, quelle drôle d'idée me passe donc par la tête, si j'étais enfermé avec eux je ne pourrais pas les aider évidemment, je ne vais pas m'en plaindre. Mais quand même, c'est un peu vexant. »

Il traversait les longs couloirs en se parlant à lui-même. On lui avait indiqué que les quartiers de Showdown se trouvait juste derrière l'autel de résurrection, de l'autre côté de la porte de métal. Le docteur avait une très bonne mémoire des lieux et retrouva sans peine le chemin vers la salle malgré le dédale de tunnels et d'escaliers qui reliait les différents niveaux du bâtiment. Il commençait à s'habituer au bol qui pesait sur son dos. Sans être très lourd, l'objet était quand même bien encombrant et malgré les minutes qui passait, il restait toujours aussi chaud.

« Quoique, quand on y réfléchit bien, ces héros ont tous eu leur « quart d'heure de célébrité » alors que moi je suis plutôt du genre discret, enfin sauf de temps en temps pour la forme mais dans l'ensemble j'essaye de ne pas me faire remarquer. C'est ça ! Si ça se trouve Shodown n'a tout simplement jamais entendu parler de moi. Si c'était le cas, il m'aurait sûrement sélectionné tout de suite en voyant mes exploits... »
- Hé, salut le nouveau !
Quoi ? Heu oui, heu... Bien le bonjour, hum... Marcus c'est ça ? « Qu'est ce qui m'a pris de parler tout seul ?» pensa-t-il « Et moi qui me disait discret »
- C'est ça, répondit le minotaure qui venait d'apparaître au détour d'un virage. Je vois que tu es occupé, le chocolat du maître c'est du sérieux. On se voit plus tard.
- Oui, oui... Ho ! Attend Marcus !
- Ouais quoi ?
- Dis-moi, juste comme ça, tu sais à quoi ressemble Showdown ? Je veux dire sans son drap et sa cagoule.
- Ben, à part qu'il a un bras d'ours et un autre de singe, non. D'ailleurs je crois bien que personne ne l'a jamais vu sans ses vêtements. Enfin, c'est pas vraiment notre souci, même si on le savait, on bosserait tout autant.
- Je vois... merci quand même.
- A toute.
- Oui, à la prochaine.

Ils reprirent chacun leur route initiale. Doc n'attendait pas grandes révélations de la part du minotaure. Toutes les personnes à qui il avait demandé, et toutes celles qu'il avait espionné auparavant n'en savaient pas plus. Ce seigneur diabolique était vraiment un homme de mystères, mais avec un peu de chances il n'allait pas le rester longtemps.
En chemin, Le poney du temps repensa un moments aux paroles de muggs. En effet, si des individus des deux genres était présents parmis les concurants, les employés étaient exclusivement des mâles. C'était un détailqu'il n'avait pas pensé à relever, mais maintenant qu'il y songeait, c'était plutôt compréhensible qu'après des années sans contact féminin, certains d'entre eux ressentaient un léger « manque ». Il rangea vite fait cette information dans un casier mental. Il y avait plus important à faire que de se concentrer sur des problèmes de la sorte.

Après une bonne demi heure de marche, il arriva enfin à la salle de résurrection, toujours aussi inquiétante avec son éclairage vert et la légère odeur de putréfaction qui enrobait l'air, signe qu'elle avait servi il n'y a pas très longtemps. Le seigneur du temps contourna l'autel et se dirigea vers la grande porte. Il frappa énergiquement avec son sabot pour être sûr d'être bien entendu malgré l'épaisseur de la paroi. Une puissante voix s'éleva, faisant grincer l'acier.

- Qu'y a-t-il ?
- J'apporte votre chocolat chaud, puissant seigneur.
- Bien, entre.
- Oui, mais ouvrez-moi d'abord la porte, je ne peux pas la pousser moi-même.
- Prend la plus petite, imbécile.
- La plus petite ?

En y regardant de plus près, on pouvait effectivement voir dans l'acier se dessiner les contours d'une seconde porte d'environ deux mètres de large. Le docteur la poussa doucement du bout du sabot, elle s'ouvrit dans un léger grincement. Toujours en prenant mille précautions pour ne rien renverser, il pénétra dans la nouvelle pièce.

Les appartements de Showdown étaient immenses, ou plutôt étaient-ils tout simplement à l'échelle de ce dernier, tout est relatif après tout. D'un côté se trouvait un lit si grand qu'une chatte n'y aurait pas retrouvé ses petits. De l'autre, un tournant menait à une salle aux murs carrelés, probablement la salle de bain. Au fond, une autre porte en métal menait à sa tribune dans l'arène. Il y avait aussi de nombreux autres meubles mais ceux-ci ne servaient visiblement qu'à décorer, si l'on peut parler de « décorer ». Chaque bibelot était fait dans un style très différent de tous les autres ce qui nuisait gravement à l'allure de l'ensemble. Des poteries pégases, des statuettes de chiens, un totem bison, des têtes de monstres divers et variés accrochées aux murs en guise de trophée... On aurait pu se croire à une exposition spéciale « souvenirs de vacances ».

Mais pas le temps de s'attarder sur de la pacotille. Showdown était là. Le docteur avait espéré que dans cet endroit privé, il le trouverait sans son attirail habituel mais il n'en était rien, le seigneur n'avait même pas enlevé sa cagoule qui pourtant ne devait pas être très agréable à porter. Il se trouvait au centre de la grande pièce, se tenant les bras tendus devant la surface d'un globe terrestre géant - même par rapport à lui – dont le reste était profondément incrusté dans le sol.
La taille de l'objet n'était toutefois pas sa particularité la plus étonnante, il était extrêmement bien détaillé, au point que l'on pouvait distinguer les montagnes, les arbres et même les mouvements de l'océan. Et il bougeait selon les gestes du maître. Quand celui-ci agitaient les doigts de sa main droite, la map tournait, faisant défiler les quatre coins du monde à toute vitesse. Quand il agitait ceux de la gauche, c'était la surface qui changeait, les nuages se déplaçaient et les reliefs du terrain au-dessous subissaient de brusques modifications. C'était le temps qui défilait, avancant ou reculant selon les mouvements. Plongé dans son activité, Showdown n'accordait aucune importance à ce qui se trouvaient autour de lui, pas même au poney qui venait d'entrer.

- Heu, hum hum... Monseigneur ? Votre chocolat chaud.

Il ne répondit rien, se contentant de lever son grand petit doigt. Le bol fut aussitôt enveloppé d'une lumière jaune et s'envola en se dirigeant vers lui. Nouvel espoir, il serait bien obligé de se démasquer pour boire.
Il ne but pas, le récipient alla se poser non loin de lui sur une haute table basse dont les motifs rappelaient des cornes de cerfs. Le docteur, lui ne quittait pas le maître du regard. Le petit 1 semblait compromit, en revanche cette mappe monde pourrait bien lui apporter quelques réponses. Ne recevant aucune instruction, il se contenta de rester et d'observer. Il eut un petit sursaut quand l'objet s'arrêta brusquement dans un bruit sourd.

- Ha parfait, dit Showdown à haute voix.

Il descendit ses doigts délicatement vers la Terre, le bout disparu à travers un épais manteau de brume. En ressortant, il tenait entre son pouce et son index une petite étincelle bleu, petite mais très brillante. Il la porta à hauteur de ses yeux et l'examina minutieusement.

- Cela fait longtemps que je n'ai pas pris de kirins. Voyons cela... Dovah-kulaan. Ce prince à longtemps protégé sa tribu des attaques des terribles démons qui hantent leurs terres. Puissant, parfaite maîtrise des pouvoirs propres à son espèce. J'ai hâte de le voir en action.
- Un kirin ? Vous parlez de ces créatures mi-poney mi-dragon ?
- Quoi ? Qu'est-ce que tu fais encore là toi !
- Et bien quoi ? vous n'étiez pas en train de me parler ?
- Non, je me parle à moi-même. Ca m'aide à réfléchir.
- Oh excusez-moi.
- Dehors. Tu n'as plus rien à faire ici.
- Oui tout de suite, monseigneur.

Le docteur se dirigea vers la sortie. Il s'arrêta en entendant de nouveau la voix du maître qui continuait sa réflexion solitaire. Ce dernier claqua des doigts et l'étincelle se volatilisa. Puis il se pencha à nouveau sur le monde.

- Et qui dit nouveau concurrent dit agrandissement du personnel.

Il replongea ses doigts, beaucoup plus rapidement cette fois. En fait, il ne regardait même pas où ils atterrissaient, comme pour tirer une boule au hasard dans un jeu de loto. Il en ressortit une nouvelle étincelle, rose cette fois, et beaucoup moins brillante. Aussitôt après l'avoir vu, il la reposa et recommença à piocher à l'aveuglette.

- Laissez-moi deviner, c'était une femelle n'est-ce pas, lança doc.
- Si c'est pour me demander d'en amener une que tu es là, ce n'est pas la peine. J'ai déjà dit et redit à tes collègues qu'il n'en était pas question. Je n'ai aucune envie de perdre mon temps à aménager des secteurs « maternité » pour réparer vos bêtises. Est-ce bien clair ?
- Ho oui, très clair.
- Alors pourquoi es-tu encore là ?

Tout en parlant, il releva sa main. Une nouvelle étincelle, bleue comme la première mais d'un éclat bien inférieur. Il l'observa brièvement puis, l'air satisfait, il claqua encore une fois des doigts et la petite lumière s'évapora aussi subitement que sa prédécesseuse.

- Et bien... Vous contez boire votre chocolat ?
- Bien sûr que je vais le boire, idiot.
- Très bien, allez-y, ne faites pas attention à moi.
- Comment ?
- Allez-y, je vous dis, ça va être froid.
- Dis-moi, Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans le mot « dehors » !?
- Je pars, je pars. Mais puis-je vous demander encore une chose ?
- Tu abuse de ma patience...
- Vous connaissez les seigneurs du temps ? Vous pouvez les voir sur votre globe ?

Showdown pointa un doigt dans sa direction. Le docteur sentit ses coeurs s'arrêter, au sens figuré rassurez-vous. Rien de plus qu'un gros coup de frayeur, quoi de plus normal en sachant que ce petit geste entrainait généralement la mort instantané chez sa cible. Dieu merci, il n'en était rien. Ce doigt tendu n'était pas une punition mais bien un avertissement, signe qu'il était allé trop loin.

- Je n'ai jamais entendu parler de tes seigneur du temps, dit le maître d'une voix froide comme la mort. Maintenant dehors.

Prendre plus de risque serait suicidaire dorénavent. Tant pis pour le petit 1, le petit 3 était réglé, de toute évidence c'était comme ça qu'il amenait ses victimes ici : Des étinecelle bleu pour les mâles, roses pour les femmelles, plus brillantes lorsqu'il s'agissait de héros. Grâce à ce globe, il pouvait voir et prendre n'importe qui sur Terre, ou presque.

- Bonne journée monseigneur, ou bonne nuit c'est vous qui voyez !

Le poney quitta la salle en quatrième vitesse, refermant la porte derrière lui. Showdown la condamna à distance.
Enfin seul, il soupira avant d'ôter sa cagoule, puis la posa sur la table basse.

- Celui-ci était vraiment très énervant, je devrais peut-être faire plus attention en amenant des serviteurs ici.

Il prit le bol d'une main et en but le contenu réchauffant. Délicieux. Une petite trace de chocolat resta sur les poils autour de ses lèvres.

A l'extérieur, le docteur s'éloignait satisfait. Un mystère était élucidé et surtout, Showdown ne connaissait pas les seigneurs du temps. Ce n'est pas par manque d'héroïsme qu'il n'avait pas été amené, c'est juste qu'il n'avait pas été repéré. Bien sûr c'était évident, mais maintenant ça ne faisait plus aucun doute, l'honneur était sauf.

Et je m'attendais pas à ce que ces fameux kirins apparaissent dans le récit (c'est toi-même qui en avait parlé dans le topic des créatures ou tu t'en es inspiré ?)
Etincelle rose : Fluttershy ? Etincelle bleue : Rarity ?

« C'est la pire chose qui soit ! »

Rarity répétait cette phrase depuis un bon bout de temps en paniquant dans sa cellule. Elle avait passé la plus belle des journées. Une excursion dans les montagnes avec son Spikounet adoré. Un retour les pattes chargées de pierres précieuses. Une soirée toute tranquille en perspective.
Mais maintenant, elle avait l'impression d'être en enfer. Piégée dans une petite pièce poussiéreuse, sans personne pour la secourir ou au moins pour lui dire ce qui se passait. Elle bougeait nerveusement, comme pour échapper à la crasse ambiante qui en voulait à son magnifique pelage, et poussait de petits gémissements aigus sous la panique. Il est vrai que pour une maniaque de la propreté comme elle, ça devait vraiment être la pire chose qui soit. En tout cas bien pire que de laisser traîner un ruban ou d'oublier des assiettes à un pique-nique.

Il n'y avait rien d'autre dans la cage à part deux sacs de selles placés en plein milieu. C'était les siens, marqués des mêmes diamants bleus qu'elle portait sur le flanc. L'excès de stress la poussa à en examiner le contenu pour la énième fois. Rien n'avait bougé, l'un deux contenait de nombreuses poignées de gemmes bien compactées à l'intérieur, l'autre renfermait plusieurs couches de tissu de différentes couleurs et soigneusement pliés.

Soudain, une secousse. Toute la cellule commença à se soulever pour se placer devant une grille qui ne tarda pas à s'ouvrir. L'extérieur, merveilleux ! La licorne était prête à s'y jeter à corps perdu mais fit d'abord quelques pas en arrière pour prendre ses affaires. Une fois les sacs accrochés à son dos, elle se dirigea vivement vers la sortie.

« Spectateurs ! Aujourd'hui encore nous accueillons deux nouveaux combattants. »

La grosse voix lui fit marquer un temps d'arrêt, la jeune ponette reprit son chemin d'un pas bien moins assuré.
A l'extérieur, elle fut subjuguée par le spectacle des gradins couverts de centaines de personnes qui lâchèrent toutes ensemble un tonnerre d'applaudissement. Elle déglutit et agita un sabot hésitant en guise de salut, ne sachant pas vraiment si ces applaudissements lui étaient destinés. La foule ne lui faisait pas peur d'habitude mais dans le contexte de la situation, ne sachant ni ce qu'elle faisait là, ni ce qu'on attendait d'elle. C'était un peu effrayant.

Le sol était dur, fait de pierres noires de formes irrégulières. L'aspect cahoteux du terrain manqua de faire chuter plusieurs fois la licorne, qui se rattrapait toujours en gardant le plus de dignité possible. Au dessus, le ciel avait la teinte rouge d'un coucher de soleil. La voix retentit encore et Rarity put cette fois voir le géant vêtu de violet et de rouge qui la produisait.

« Laissez-moi vous présenter la resplendissante Rarity, gardienne de l'élément de la générosité. »

Nouvelle vague d'applaudissements. Cette fois plus aucun doute, ils étaient bien pour elle et cela la rassurait en un sens, qui que soient ces gens, ils avaient l'air de beaucoup l'aimer. Elle fit un nouveau signe, beaucoup plus assuré cette fois. En revanche, elle ressentit un soudain sentiment d'inquiétude en repensent à la première phrase de la voix et ce qu'elle voulait dire par « combattants ».
Et ce terrain qui avait tout l'air d'une arène... Était-elle là pour combattre ? Non, il devait y avoir une erreur, elle ne pouvait pas combattre. Non qu'elle n'en avait pas la possibilité, elle avait bien prit quelques cours de karaté quand elle était au collège, mais une lady n'a pas à s'abaisser à de telles pratiques.

« Et maintenant, accueillez Dovah-Kulaan, prince kirin des terres de Souffre, surnomé « le porteur d'apocalypse. » »

Une grille s'ouvrit au loin, déclenchant un nouveau brouhaha d'exclamations. Un éclair brun en jaillit et parcouru plusieurs mètres à toute vitesse avant de s'arrêter non loin de la couturière. Rarity n'en croyait pas ses yeux, elle n'aurait jamais cru voir un kirin en vrai, ou du moins pas avant longtemps. Spike lui avait parfois parlé d'eux, une race de poney vivant dans une contrée lointaine et dont les veines étaient parcourues par du sang de dragon. Les légendes disent que leur pouvoir, à mi-chemin entre la magie ponette et le souffle draconique, leur permettait dinvoquer de terribles sorts en poussant des cris. Les plus puissants pouvaient ainsi affecter les lois de la nature elle-même.

La base du corps de la créature était bien celle d'un équidé mais la différence se voyait clairement aux extrémités. A la place de sabots, les pattes se terminaient par des griffes qui lui facillitaient grandement ses déplacements sur ce terrain hostile, ses mouvements se rapprochaient d'ailleurs plus de ceux d'un lézard que d'un cheval. Sa queue aussi était d'aspect reptillien, et de longueur assez importante. Son pelage était d'un brun sombre et sa crinière blonde formait comme une couronne dorée entourée de petites cornes vestigielles. Des touffes de poils de la même couleur se retrouvaient à la base de son dos et au bout de sa queue. Il était légèrement plus grand que la licorne et possédait également une marque comme n'importe quel poney ordinaire, si ce n'est que la sienne était tout sauf mignonne : Une sphère, sombre, percé par de multiple fissures orangées, un symbole qui évoquait instantanément la destruction pour quiconque le regardait.

Il semblait fou de rage, sans doute était il retenu depuis aussi longtemps qu'elle. Sa respiration était bruyante et il montrait les dents qui, pour le coup, étaient bien celle d'un dragon, pointu et aiguisées. Sa queue battait l'air avec colère tandis qu'il jetait de sombres regards tout autour de lui. Ses yeux se fixèrent finalement sur Rarity. La demoiselle eut un petit mouvement de recul en voyant les pupilles reptilliennes la dévisager, juste un petit car elle ne devait pas lui montrer qu'elle avait peur. Une lady ne doit pas se laisser impressionner.
Une pensée commenca à germer dans son esprit. Une pensée qui lui disait que cette bête était un réel danger et qu'elle allait devoir se battre pour sa survie. Se battre... Une idée à la fois tellement absurde et pourtant tellement évidente dans la situation actuelle.
Sans laisser transparaitre le moindre signe de crainte, elle rendit son regard au kirin.

- Où-suis-je ? Qui es-tu ? Gronda-t-il d'une voix rauque et menaçante.

Rarity déglutit comme pour avaler ses craintes et bomba le torse de façon à avoir l'air la plus impressionnante possible. Prenant le monstre de haut, elle lança d'une voix noble :

- Je me nomme Rarity, et quant à ce que nous faisons ici je n'en sais pas plus que vous. Quoiqu'il en soit, ne vous avisez pas de tenter quoi que ce soit contre moi ou vous le regretterez.
« Allez ma fille, montre-lui qui est le chef » se disait-elle dans sa tête.
- Tu oses me menacer, licorne !
- Une mise en garde, pas une menace. Et tant que j'y suis, si vous pouviez évitez de m'appeler « licorne ». Je vous ait donné mon nom il me semble. D'ailleurs pour vous ce sera « miss » Rarity. Et puis évitez de me tutoyer. Nous ne nous connaissons pas assez pour le moment, messire Kulaan.
- Une mise en garde, hein... Petite idiote !
Le kirin ouvrit la gueule en grand. Un rugissement puissant et bref s'en échappa. L'air se déforma sous la force du son, formant une vaste onde de choc qui frappa Rarity de plein fouet. La licorne poussa un cri de surprise en décollant du sol. Le choc en lui-même n'était pas très violent, ce n'était que du vent. Le sol de pierre, en revanche lui réserva un accueil bien plus douloureux.

Elle réatterrit sur le flanc. Ses sacs de selles se détachèrent sous l'impact. Serrant les dents, elle commençait à se relever quand elle vit le monstre bondir vers elle, croc et griffes déployés. Par un réflexe, elle se plaqua, dos au sol et envoya une ruade. Elle fermait à moitié les yeux, préférant ne pas voir toute cette violence. Malgré cela son coup toucha juste, les sabots percutèrent le visage de l'hybride, l'arrêtant brusquement dans son élan. Il tomba sur le côté.

Les deux se relevèrent en même temps. Rageant, Dovah repassa rapidement à l'attaque. Rarity dut se dresser sur ses pattes arrières pour éviter le premier coup et continua en reculant pour les suivants. La bête était rapide, les coups de dents et de griffes pleuvaient. Toutefois, ses attaques étaient bestiales, brouillonnes, sans aucun style et, au final, assez prévisibles. Les esquives de la jeune fille, d'abord en difficulté, se firent de plus en plus sûres et gracieuses, se résumant parfois à de simples mouvements de tête ou pas sur le côté. Vraiment très élégant.

- Reculez ! Cria-t-elle

Nouvelle morsure, évitée d'un cheveu par un pas en arrière.

- Reculez j'ai dit !

La ponette tourna sur elle-même et envoya l'un de ses sabots arrières dans la mâchoire du monstre. Celui-ci se retourna, faisant mine de renoncer.

- Arrière, racaille... Hmpf !

La longue queue de serpent balaya l'air et la cogna à la hanche. Le temps qu'elle s'étale au sol, son ennemi s'était déjà éloigné et se trouvait désormais à une dizaine de mètres. Elle était toujours aussi impressionnée par la vitesse de ce poney-dragon. Que pouvait-il bien lui réserver d'autre ?

- Tu ne perds rien pour attendre, licorne !

Il hurla à nouveau, un cri différent du précédent, pour un effet différent. L'air se déforma de la même manière que tout à l'heure, mais à peine le son était il sorti de la bouche, qu'il s'enflamma ! Ce n'était guère comme un souffle de dragon, c'était vraiment le bruit lui-même qui était en feu. Voyant le mur de flammes lui arriver dessus à grande vitesses, Rarity prit ses pattes à son cou, courant de toute la vitesse qu'elles lui permettaient. Le terrain fut traversé par un trait blanc suivi d'un torrent rougeoyant. Le feu gagnait sur elle, ça sentait le roussi au sens propre. La couturière donna une impulsion pour sauter hors du danger, priant pour que les cruelles flammes épargne son pelage. Elle réussi à s'échapper au moment ou le cri commençait à s'atténuer, laissant une grande trainée flamboyante sur son passage.
Une fois rétablit, la pauvre ponette entreprit d'étudier l'ampleur des dégâts. Sa robe n'avait pas trop souffert, mais à l'arrière se trouvait la pire-chose-qui-soit. Sa queue... sa magnifique queue qu'elle coiffait amoureusement tout les matins... elle n'était plus. A la place, restait un minuscule amas de poils violets carbonisés à leur extrémité. Rarity voulu crier, mais l'horreur de la situation semblait la bâillonner. Après maints effort et larmes ravalées, elle parvint finalement à exprimer sa colère.

« Ma... ma queue... ma splendide queue. Regardez ce que vous avez fait ! Sale monstre ! Ma colère sera terrible ! »

Elle se retourna, affichant une expression qui aurait terrorisé le plus brave des étalons mais qui s'estompa aussitôt qu'elle vit ce qui l'attendait.
Dovah grandissait. Il se tenait debout et rugissait a gorge déployée. En écoutant plus attentivement, ses grondements formaient une sorte de longue phrase dont chaque mot lui faisait prendre quelques centimètres. Lorsqu'il s'arrêta, il avait dépassé les six mètres de long. Les oreilles de la licorne se rabattirent en arrière, trahissant sa peur. Elle leva un sabot hésitant, prête à s'enfuir au moindre signe d'agression. De son côté, l'hybride se préparait à déchainer sa puissance. Cette petite allait comprendre d'où lui venait son surnom de « porteur d'apocalypse ».

musique https://www.youtube.com/watch?v=_knd9CAwKSg

Un nouveau cri retentit, résonnant au-delà même des murs de l'arènes.
Une fissure en forme d'éclair, et tout aussi rapide, se forma juste devant le crieur avant de se propager à toute vitesse en direction de la licorne. Le sol se fissura précisément entre les pattes de Rarity et s'ouvrit brusquement. Par un jeu d'équilibriste plus ou moins habile, la couturière parvint à se raccrocher de justesse au rebord de gauche et à remonter malgré la difficulté que représentaient des sabots pour l'escalade. Une fois en sureté, elle jeta un oeil au fond du gouffre. Une longue coulée orangée serpentant à une dizaine de mètres au dessous d'elle dégageait une intense chaleur.
De la lave. Sainte mère de Celestia, comment pouvait-il y avoir de la lave là-dessous ?

Un cri, encore une fois, accompagné de violente secousses. La pouliche avait du mal à tenir sur ses pattes alors qu'autour d'elle le monde explosait. Des dizaines de fissures similaires surgissaient de toutes parts, accompagnées de gerbes de feu. Les morceaux du terrain qui se retrouvaient séparés en un immense puzzle tremblaient, basculaient et s'éffondraient dans le magma. Plusieurs des murs situés en dessous du niveau des tribunes explosèrent pour faire place à de grandes cascades de lave qui se répandirent sur la pierre en une marrée incandescente. Sous les commandes de la voix du prince, la zone tout entière se transformait en véritable enfer. Le moindre grognement générait une catastrophe.

Prise de panique mais non moins lucide, Rarity cherchait des yeux ses sacs. Elle ne connaissait aucun sort de combat pour se défendre. En revanche, des gemmes, du tissu, elle en avait manié toute sa vie et c'était maintenant sa seule chance de tenir face à cette horreur.

Elle finit par les repérer. Les précieux bagages se trouvaient au bord d'un précipice, séparés de leur propriétaire par un frêle assemblage de plateformes et de passerelles rocheuse.
Prenant son courage à deux mains, la licorne s'élança au milieu de ce périlleux défilé. Elle poussa un hennissement lorsqu'un jet de lave venu des profondeurs la frôla. Ce contretemps ne la fit toutefois pas renoncer. A l'autre bout, le sol commençait à s'éffriter et les sacs à tendre dangereusement vers le gouffre. Dans un ultime élan, elle bondit et parvint à les saisir par la bouche in extremis. Usant ensuite de sa magie, elle les attacha, bien solidement cette fois, à son dos.

Plus d'un tiers du terrain avait déjà été submergé quand un nouveau cri résonna. Rarity contempla le kirin qui, après avoir fléchit les jambes s'élança dans les airs... et se mit à voler. Il flottait dans les airs, aussi léger qu'une plume, porté par quelques forces surnaturels. Comme si le combat n'était pas assez inégal comme ça.

Lancé à ses trousses, le monstre lâcha depuis le ciel plusieurs vagues de flammes, encore plus grandes et destructrices que la première. A terre, la licorne ne cessait de courir au milieu du chaos ambiant, obligée d'éviter à la fois le feu, les gouffres, et le sol qui s'effondrait sous ses pattes. Certains glissements de terrain soulevaient de grands murs de pierre qui lui fournissaient à l'occasion une bonne protection contre le feu, mais pas contre les griffes de l'hybride qui les faisaient voler en éclat la seconde d'après.

Rarity voulait prendre le temps de souffler, de réfléchir à un moyen de sauver sa jolie peau. Il ne lui laissait aucun répit et la jeune couturière se retrouva vite à cours d'abris. Dovah vira avant de plonger dans sa direction, prêt à lancer l'attaque finale.

« Non, ça ne se passera pas comme ça ! » dit elle, davantage pour se motiver elle-même que pour faire croire à une quelconque menace. En effet, elle n'était qu'à moitié sûre de ce qu'elle s'apprêtait à faire.

Le kirin ouvrit la bouche en grand. Une faible lumière bleue enroba la corne de la ponette. Du sac droit, l'aura de magie sortit un long morceau de tissu rose d'environ trois mètres. Il fallait que ça marche, ou elle n'allait pas vivre longtemps.
Elle se concentra. La lumière redoubla d'intensité et commença à affecter le tissu. Ce n'était pas un sort très compliqué, pas pour elle. Un sort de froid que Twilight lui avait appris et qu'elle avait déjà utilisé sur sa collection automne-hiver. Le rose passa à un blanc légèrement bleuté et s'entoura d'un petit nuage de givre qui ne laissait aucun doute sur la température très basse de l'ensemble.

L'onde de feu jaillit. Rarity dressa sa création comme un bouclier improvisé. Elle ferma les yeux, priant pour avoir eu une bonne idée.
La pouliche sentit bien la chaleur se répandre autour d'elle mais aucune flamme ne l'atteignit. Elle se décida tout compte fait à regarder et eu un soupir de soulagement en voyant que le froid avait bel et bien retenu la déflagration. Les deux températures s'étaient tout simplement annulées mutuellement.

Enfin ! Un moyen de défense qui tenait la route. Quoique c'était vite dit. Quand bien même le tissu froid l'avait sauvé du feu, il n'en restait, hélas, plus qu'un tout petit tas de cendre.
Rarity n'eut pas le temps de se chagriner sur le sort du malheureux objet qu'elle venait de sacrifier, elle dut se baisser pour éviter le kirin qui plannait en rase-motte au-dessus du sol. Les griffes passèrent outre, mais un épais nuage de cendre soulevé par le corps imposant du monstre la recouvrit entièrement. Son pelage était ruiné maintenant, et sa crinière réduite à une ignoble masse de cheveux poussiéreuse.

« Kof ! Kof ! Vous allez... kof ! Me payez ça ! »

Le prince s'éleva dans le ciel et lança une autre vague ardente. Mais cette fois la jument était prête. Elle sortit une nouvelle bande de tissu et lui donna le même traitement que la précédente. Le bouclier de froid arrêta les flammes sans problème, la magicienne ne sourcillait même pas et restait de glace face au brasier. Ca n'allait pas s'arrêter là.
Sous la magie de la corne, des dizaines de gemmes sortirent en trombe du sac gauche. Chacune d'entre elles étaient ensorcelées par un autre sort dont elle avait connaissance. Un sort d'étincelle, habituellement utilisé comme un mini feu d'artifice pour la mise en scène, il allait à présent servir d'arme.

Les pierres enchantées fendirent l'air et percutèrent en de multiples endroits le corps de leur cible, éclatant à son contact, elles formaient une myriade de petites explosions magiques. Dovah-Kuulan ne semblait pas vraiment gêné, du moins jusqu'au moment où il s'en prit une dans l'oeil. Alors, déséquilibré, il perdit le contrôle de sa trajectoire et, ne pouvant se maintenir plus longtemps dans les airs, se mit à tomber.

La terre trembla au moment ou il heurta le sol, ses efforts pour ralentir sa chute n'ayant visiblement pas servi à grand-chose. Emporté par son élan, le demi-dragon continua sa course en glissant, face contre terre, sur le sol, soulevant sur son passage éclats de roches et nuages de poussière. Il se dirigeait droit sur la licorne, Rarity entreprit de prendre la fuite comme elle l'avait toujours si bien fait. Elle n'eut toutefois pas le temps d'aller bien loin.

La portion de terrain sur laquelle ils se trouvaient était particulièrement instable. Une sorte de grosse plateforme dont les supports avaient été déjà bien rongés par la lave. Le choc occasionné par la chute de l'hybride avait achevé de les fragiliser au point que l'un d'eux finit par s'effriter complètement. En réaction au désastre, l'intégralité du niveau supérieur bascula du côté du kirin.

Le terrain se retrouva pratiquement à la verticale et commença à s'enfoncer lentement dans le magma. Dovah, qui eut tôt fait de retrouver ses esprits, ne tarda pas à se rétablir et planta ses griffes dans la paroi. Il continua de descendre quelques secondes, laissant de grandes marques dans la pierre. Une fois sa chute amortie, il entama l'ascension de la gigantesque muraille.
De son côté, Rarity était loin d'être en bonne posture. Elle se tenait difficilement avec ses sabots, qui, nous ne le dirons jamais assez, ne sont vraiment pas adaptés pour l'alpinisme.
Quelle proie facile elle faisait. Un cri ébranla la surface et détruisit en un instant les quelques petites prises dont elle disposait. Sans aucun moyen de se retenir, elle commença à glisser. De plus en plus vite. Tombant tout droit vers la bouche béante du monstre.

En contre-bas, elle pouvait déjà voir les flammes se former au fond de la gorge de son adversaire. Inutile de penser à s'enfuir ou à se protéger, elle avait une autre « Idea » en tête.
Alors qu'elle était presque arrivée à la hauteur de l'hybride, elle sortie un long tissu sombre. Le sort qu'elle lui réservait était un autre de ses tours d'habilleuse. Affectées par la magie, les mailles se resserrèrent avant de se fondre les une dans les autres, transformant le simple tissu en une grande bande cuir noir du plus bel effet, mais surtout très solide.
La surprenante création sillonna les airs tel un serpent volant. Elle fondit sur le kirin, s'enroula autour de sa gueule et la serra très fort pour la forcer à se fermer. Dovah eu donc le loisir de goûter à ses propres flammes. Incapables de sortir, elles lui explosèrent dans la bouche. Vu de l'extérieur, cela se traduisait par un bruit étouffé suivi d'un mince filet de fumée noir qui s'échappait avec peine de ses naseaux.

Sous le choc de sa propre attaque, sa tête commença à chanceler. Sans pouvoir ouvrir la gueule, il était tout de suite moins dangereux. A son tour d'être vulnérable.
En se servant de la paroi comme appui, Rarity se projeta dans les airs et réussi à réatterrir juste sur la tête de son ennemi. Elle sortie un nouveau tissu qu'elle enroula solidement autour du cou de ce dernier et commença à serrer de toutes ses forces mentales.

Plus facile à dire qu'à faire. La créature était trop forte et commençait à reprendre ses esprits. Il se débattait, tentant d'ouvrir la bouche de force mais la magie avait définitivement scellé son bâillon.
La jument se tenait fermement à la crinière pour ne pas tomber malgré les mouvements nerveux de la tête. La situation aurait difficilement été plus périlleuse. Difficile, mais pas impossible.

Les gemmes jaillirent du sac comme tout à l'heure. En se concentrant, Rarity parvint à centrer leurs trajectoires sur la patte avant droite du prince. Sous cette salve ininterrompu, les griffes finirent par lâcher prise et le corps entier bascula vers l'arrière, tout juste retenu par son autre main. Celle-ci se délogea encore plus facilement lorsque la pluie étincelante s'abattit sur elle.

Ils tombèrent. Tous les deux. Tout droit vers la fournaise qui les attendait en bas. Rarity sauta et déploya un autre tissu qu'elle élargit par magie. En enroulant les extrémités à ses pattes, elle forma un parachute improvisé. L'air chaud s'engouffra dans la toile et souleva la licorne vers le ciel, laissant son ennemi plonger dans la lave sans pouvoir pousser le moindre cri de détresse.

La couturière tirait sur les bouts du tissu pour ajuster sa direction alors qu'elle remontait. De la concentration surtout, un geste un peu brusque et elle risquait de piquer une sacré tête.

Aussi légère qu'une plume de soie, elle remonta tout le gouffre et se posa en toute sécurité sur la terre ferme. Les environs n'était plus qu'un monde post-apocalyptique. D'immense rochers craquelés de partout étaient disposés de façon chaotique autour du grand trou central d'où elle venait de sortir. L'air était devenu extrêmement lourd et la température ambiante atteignait des sommets
Ses jambes étaient encore toutes tremblantes, à peine remise de toutes ces émotions mais qu'importe. Elle avait gagné.

« Rarity ! Rarity ! »

Comment ces gens pouvait-ils s'extasier devant toute cette violence ? Elle ôta tout son attirail et passa un sabot dans sa crinière crasseuse, tentant en vain de la réajuster. Elle effectua ensuite une courte mais très élégante révérence à ses supporters, puis se laissa tomber sur le dos. Elle ferma les yeux et soupira paisiblement.
Elle allait bien, à part que la chaleur la faisait suer à grosses gouttes, que l'air poussiéreux lui irritait la gorge et qu'elle se sentait plus salle qu'elle n'aurait jamais cru l'être un jour. Tous ces détails passaient vite au second plan face au fait d'être en vie.

Hélas, la réalité la rattrapa bien vite. Ou ? Quand ? Comment ? Quel était le sens de tout ça ? Elle était tout de suite moins en paix en pensant à ces questions.
Qu'allait il se passer maintenant ? Pouvait-elle espérer retourner chez ? Pouvait-elle même se permettre de souffler maintenant ? Un mauvais pressentiment lui disait qu'elle n'était pas au bout de ses peines.

Elle ne croyait pas si bien dire.

Une vibration dans le sol lui chatouilla le dos, presque imperceptible mais bien présente. La licorne ouvrit un oeil. Une seconde secousse, beaucoup plus claire la fit sursauter. Elle se releva en vitesse et récupéra ses effets, craignant que le pire était à venir.
Une troisième secousse, encore plus forte et plus longue fut ressentit par tous. Le tremblement de terre s'intensiffia, accompagné d'un bruit d'ébulition provenant du cratère. La jument s'en approcha avec prudence et vit la lave qui bouillonait au fond.
Une quatrième secousse, la força à s'asseoir pour ne pas risquer de tomber. Des profondeurs émergea un immense pic rocheux. Il poussait vers le ciel à une vitesse incroyable, dépassant rapidement la hauteur du précipice pour dominer toute la zone. Dans l'ombre de ce monument, une Rarity médusée contemplait avec terreur ce qui se dessinait au sommet.

Une patte griffu apparu, suivi d'une autre. Les deux s'agrippèrent solidement au pic afin de hisser le reste du corps de leur propriétaire. Il était là, bien vivant, dominant fièrement le chaos. La lave n'avait pas eu raison de lui, il était à moitié dragon après tout. Toutefois, son petit plongeon l'avait changé. Au lieu de brûler, les poils de son corps avaient noirci, tandis que ceux de sa crinière et de sa queue s'étaient changés en flammes, formant une couronne flamboyante sur son crâne. Bon Dieu ! Comment était-il possible de vaincre un monstre pareil ?

- Licorne ! Ou plutôt devrais-je dire miss Rarity.

Sa voix aussi avait changée, elle était tellement forte et tellement grave que la pouliche eut l'impression de devenir sourde.

- Ou...Oui ? Répondit-elle en balbutiant.
- Vous êtes une adversaire valeureuse. Je ne pensais pas qu'un poney comme vous puisse se montrer aussi résistant.
- Heu... merci.
- Mais à présent, il est tant d'en finir une fois pour toute. Préparez-vous à faire face à la toute puissance des kirins !

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Il pencha sa tête en arrière et rugi vers le ciel. Répondant à son appel, un manteau de nuages gris apparut et recouvrit entièrement le ciel.
Il y eu un flash rouge et une boule de feu tomba du ciel pour s'écrasa à une petite vingtaine de mètres. La jument vit avec effroi la roche exploser sous l'impact.

D'autres flashs apparurent. En levant les yeux, elle put voir ce qu'elle allait devoir affronter maintenant. Des dizaines et des dizaines de météores chutaient en continu, pulvérisant tout ce qui se trouvait en dessous. Encore une fois, la fuite était la seule option.
Mais pour aller où ?

Rarity galopait comme elle n'avait galopé, slalomant entre les flammes.
Une cachette, vite !
Elle en aperçut une pas trop loin. Une grande pierre, penchée sur le côté comme un toit protecteur. C'est à ce même moment que l'un des projectile s'abattit à seulement quelques centimètres de la licorne.
Tout se brisa autour d'elle. Les flammes de l'explosion brûlèrent poils et peau, tandis que l'onde de chocs l'envoya à terre. Le bruit l'avait assourdit. La lumière l'avait aveuglé. Elle puisa dans ses limites pour tenir sur ses pattes et continua d'avancer en titubant vers l'abri qui lui apparaissait à présent comme une vague tâche noire au milieu d'un océan de lumière. Les oreilles encore sifflantes, elle se jeta sous l'abri et se recroquevilla sur elle-même.

De longues minutes passèrent. L'orage ne s'arrêtait pas. Les boules de feu continuaient à se déverser. Certaines tombaient même dans le public, bien qu'aucun spectateur ne semblait se soucier d'éventuels dégâts collatéreaux.
Rarity était éffondrée. Blotie dans sa cachète de fortune, elle pleurait. Elle était à bout, tout simplement. C'en était trop pour elle et les brulûres la faisait atrocement souffrir.

Impossible de gagner ce combat, il était trop inégal. Un pas dehors et c'était la mort. Peut-être fallait-il mieux en finir après tout. De toutes façons, elle allait aussi mourir en restant caché vu que le terrain continuait de s'effondrer.
Elle pria Celestia de lui venir en aide, sans vraiment y croire. La princesse était seulement capable de venir la chercher ici ? A la place, ses pensées allèrent vers sa famille. Sa soeur, ses parents. Puissent-ils continuer à vivre heureux sans elle. Puis vinrent les amis. Twilight, Applejack, Pinkie, Rainbow, Fluttershy...

BAOUM

Ses songes furent interrompus lorsque qu'une vague de flammes s'écrasa juste au-dessus d'elle, suivi d'une violente secousse. L'abri teint bon, mais le bruit assourdissant fit crier la pouliche qui s'affala, la tête entre les pattes. Les sacs se renversèrent et celui contenant les pierres s'ouvrit, déversant sont précieux contenu. En relevant la tête, elle put voir un éclat rouge intense se distinguer du reste de la masse.

C'était la lueur du Flamrubis. Etrange qu'elle ne l'ai remarqué plus tôt. La jeune fille dégagea rapidement les gemmes qui se trouvaient autour et s'empara du joyeux écarlate. C'était bien ça, le bijoux en forme de coeur que Spike lui avait offert ce jour-là. Un jour qu'elle n'oublierais jamais.
Elle était surprise de le voir là. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle le gardait précieusement dans la commode de sa chambre, ne le sortant que pour les grandes occasions.

L'objet continuait de briller malgré la poussière qui se déposait dessus, elle pouvait même y voir son reflet. Et il était atroce. Toute une moitié de son visage avait été défigurée par le feu.
Ne souhaitant pas en voir davantage, elle ferma les paupières et serra la pierre contre son propre coeur. Ses pensées se tournèrent finalement vers le jeune dragon et deux coulées de larmes glissèrent sur ses joues. Tout devenait silencieux autour d'elle, rien ne semblait pouvoir troubler son recueillement ou percer son esprit.

Le temps suspendit son cour.

Puis soudain, elle ouvrit les yeux. D'un seul coup, presque sauvagement. Ils étaient remplit de rage mais aussi d'espoir. Elle allait repartir à l'attaque.

D'ou pouvait bien lui provenir cette soudaine force ? De l'amour ? Nan... enfin si, peut être un peu. Mais elle venait surtout de se souvenir de ses études sur les pierres précieuses. Le Flamrubis était loin d'être un bijoux comme les autres. Pas seulement à cause de sa valeur ou parce qu'il était, paraît-il, un mets raffiné chez les dragons. C'était aussi un énorme catalyseur de magie, capable d'absorber la plus petite énergie et de la rejeté sous une forme extrèmement puissante.
La licorne se concentra et laissa sa magie fuser à travers sa corne. La pierre réagît et irradia d'une lumière mélageant le rouge et le bleu. Elle vibrait, semblant sur le point d'exploser. Après cela, Rarity se risqua à jeter un regard hors de sa cachète. Le monstre noir était toujours au sommet de son pic, au milieu de la pluie infernal dont les gouttes semblaient volontairement l'éviter. Il hurlait du feu mais en visant au hasard. De toutes évidences, il ignorait complètement ou était passé sa proie. Exellent !

Elle était déterminé, elle allait le faire. Même si elle mourrait dans les prochaines minutes, une lady ne tire pas sa révérence sans un dernier coup d'éclat.
Elle vida les deux sacs et s'empara des derniers tissus restants. Les bandes s'enroulèrent autour d'elle et se mélangèrent pour former un manteau, long et coloré. Elle tacha de l'ajuster du mieux qu'elle put. Si c'était là la dernière chose qu'elle porterait, elle devait être parfaite. Après les ultimes préparatifs, la couturière termina en ajoutant le sort de glace qu'elle avait utilisé tout à l'heure. Le vêtement se couvrit d'une pâle lumière bleue et d'une brume de froid.

Elle était magnifique, une véritable reine des glaces. Rarity se recueillit une dernière fois, souffla un bon coup, et que le grand final commence.

Elle commença par faire léviter une petite gemme et, après s'être assurée que Dovah-Kuulan ne regardait pas dans sa direction, l'envoya volée à l'autre bout du gouffre central. La pierre généra une petite lumière en touchant le sol. Cela ne manqua pas d'attirer l'attention du kirin, qui se tourna dans sa direction et bombarda la zone sans réfléchir. Ainsi, il faisait dos à notre héroïne.

Maintenant !

La totalité des gemmes restantes s'envola. Elle éclatèrent en l'air et retombèrent en une pluie de poussière étincelante. Les particules se rassemblèrent ensuite pour former un long rai de lumière entre le bord du ravin et le sommet du pic. Un pont.

Rarity sorti de sa cachette et commença à courir sur la passerelle qui ne devait pas faire plus d'un mètre de large le Flamrubis lévitait à ses côtés. Le sort tenait bon, la magie soutenait son poids.
Dovah tourna la tête et eu la surprise de voir son adversaire en train de galoper dans le vide, visiblement toujours en état de combattre. Peu importe, il allait l'anéantir.

Le feu jaillit de sa gueule. Voyant cela, Rarity abaissa sa capuche et releva le col du manteau. Elle ferma les yeux et fonça tête baissée à travers l'enfer. Elle ne ressentit qu'un léger coup de chaud, les flammes s'évaporaient à la rencontre du froid. Toutefois, plusieurs parties du tissu ne résistèrent pas et partirent en fumée.
La moitié du chemin avait déjà été franchit et la licorne pouvait voir l'étonnement dans les yeux de son ennemi. Il lâcha une autre vague, encore une fois stoppée par le manteau qui acheva de se cosumer quelques secondes après. Elle était nue, la prochaine attaque serait la dernière.

Plus qu'un quart du chemin. Malheureusement, celui-ci commençait à disparaître. Dovah repris sa respiration pour donner le coup de grâce et...

« Aaaaaaaah ! »

La jument bondit dans les airs en poussant un cri de rage. Elle se jeta vers la bouche du monstre alors que le feu commençait à se former au fond et y jeta le rubis. Le pont ayant disparu, elle dut se rattraper comme elle put en tombant sur le rocher.

Elle réussi a trouver une prise. En regarda vers le haut, Rarity put voir son adversaire. Il se tenait la gorge d'une main et la poitrine de l'autre en poussant des cris atroces. Facile de deviner que la magie du joyau et les flammes ne faisaient pas bon ménage.
Il fut pris de contractions pendant quelques secondes, des bruits sourds d'explosions se firent entendrent tandis que des lueurs oranges flashaient à l'intérieur de son corps. La peau explosa littéralement à certains endroits pour laisser échapper un mélange de flammes et d'énergie. Les flanc, le dos, le ventre furent percés de cette façon. Puis finalement ce fut la poitrine qui vola en éclat dans une explosion encore plus grande. Un nuage noir s'échappa en même temps de sa gorge.

Malgré le grand brasier qui remplaçait maintenant son torse, le prince ne poussa qu'un faible gémissement avant de s'écrouler. Sa main se raccrocha de justesse à la paroi, le mettant au même niveau que la licorne.

Il était en piteux état. Bien fait pour lui ! Mais une lady doit savoir se montrer bonne joueuse et puis... Bizarrement, il lui faisait vraiment de la peine.

- Je suis désolée, se contenta-t-elle de dire.
- Je... J'ai échoué... Incroyable.

Sa voix était cassée et il avait beaucoup de mal à parler. Aux alentour, les météores se faisaient moins nombreux tandis que les chutes de lave commençaient a se tarir.

- Vous ne m'avez pas laissé le choix, dit Rarity avec amertume.
- Je sais... mais... pourquoi ce combat ?
- C'est vous qui m'avait attaqué ! Je n'ai fait que me défendre.
- Mais pourquoi... Pourquoi ai-je fait une chose pareille ?
- Comment ?
- Croyez-moi... Je ne suis pas un monstre... Je n'attaque pas sans raison... Et pourtant...

Rarity ne savait plus quoi penser. Il ignorait comment il était arrivé là. Tout comme elle, quelque chose l'avait tiré de sa vie et amené ici. Finalement, ils étaient tous les deux dans la même galère mais au lieu de s'allier, ils s'étaient battus. Sans aucune raison.

Les griffes ne tiendraient plus longtemps.

- Je vais mourir... moi... vaincu par une licorne aussi jeune... J'ai encore du mal à le croire.
- Je pense que les dernières pensées de quelqu'un devraient aller vers son foyer.
- Mon foyer... Oui... vous avez raison... Les miens... J'espère qu'ils s'en sortiront sans moi.
- ...
- Adieu... miss Rarity... Ce fut un beau combat.

Il lâcha. Son corps dégringola le long de la falaise, brisant ses derniers os, et termina sa descente dans la lave. Le plongeon souleva une superbe gerbe de magma qui remonta jusque dans les hauteurs. Après quelques secondes, on vit son cadavre remonter à la surface, le ventre à l'air comme un poisson mort.

Rarity serra les dents et puisa dans ses dernières force pour remonter. Elle atteignit le sommet et s'y posa, complètement épuisée. Le ciel était dégagé à présent, laissant passé la douce lueur du coucher de soleil. La lave avait cessé de bouillonner. Tout était calme. Mise à part...

« Rarity ! Rarity ! »

Maudits spectateurs ! Ils ne pouvaient pas se taire deux minutes. Ces exclamations lui broyaient la tête.

« Hé ! La miss ! » lança une voix isolée

Quoi encore ? On ne pouvait donc pas lui laisser un instant de répit. Elle releva la tête et regarda en direction de la voix.
Sur la rive d'en face se tenait un chien. Cocker Face agitait ses bras pour capter l'attention de la licorne. Une fois sûr d'avoir été vu, il prit la gourde accrochée à sa ceinture et la lança de toutes ses forces.

« Attrape ! »

Rarity utilisa sa magie pour saisir la potion au moment où elle passait à portée. Après l'avoir observée d'un air suspicieux, elle se décida à la boire.

Très bonne décision. Une seule gorgée lui fit un bien fou. Elle s'arrêta un instant, surprise par l'effet de cette drôle de mixture au goût de tisane, puis la termina d'une traite ( bien sûr en restant dans les limites des bonnes manières ).
Un léger picotement se manifesta au niveau de ses blessures. La jument y porta un sabot. Elles avaient disparu. Plus de brûlures, plus de souffrances, un bien fou.

Elle inspecta son corps. Même pas de cicatrices, tout c'était parfaitement refermé et le crin avait repoussé par-dessus. Et miracle ! Les poils de sa queue étaient eux aussi réapparu, volant au vent comme pour fêter leur retour.
Pour finir, elle se passa la patte sur le visage et constata que lui aussi était restauré. Tout était parfait, elle qui s'imaginait déjà porter ces horribles marques pour le restant de ses jours (qui ne devait pas être très élevé ici), elle se sentait revivre... Même si elle était toujours aussi sale.

Elle prit une grande inspiration pour oxygéner son nouveau corps. Elle avait l'esprit tranquille, les choses se chamboulaient moins dans sa tête. Elle se rappelait du combat, avec plus de recul cette fois. Ce combat ridicule. Absurde. Inutile.
La gagnante regarda en contre-bas, on pouvait voir le corps du prince kirin qui flottait le ventre à l'air comme un poisson mort, exhibant l'intérieur brûlé de son torse a tous.

Entre-temps, le public avait changé de refrain.

« Encore ! Encore ! »

Encore ? Comment ça encore ? Ces fous n'avaient pas eu assez de violence comme ça ? Ils en voulaient encore ? Ces barbares allaient entendre parler de Rarity.

- Silence ! Cria-t-elle.
« Encore !»
- SILEEEEENCE !!

Son petit craquage de voix eu l'effet escompté. Quelques derniers « encore » s'échappèrent de la bouche des plus dur d'oreille avant que ceux-ci ne rejoignent le silence collectif. Un silence de plomb, comme celui d'une bande de gamin sur le point de se faire passer un savon par leur professeur.
Sous son masque, Showdown était des plus surpris. C'était bien la première fois que l'audience se taisait sans qu'il en ait lui-même donné l'ordre. Mais on ne pouvait pas nier que la jeune jument avait quelque chose qui imposait le respect. Intrigué, le seigneur décida de la laisser continuer. Elle s'éclaircit la gorge et entama son discour d'une voix forte et limpide.

- Vous ! Tous autant que vous êtes ! Vous mériteriez d'être écrasés sous le poids de votre propre imbécilité. J'ignore comment je suis arrivée ici, ni qui vous êtes mais je sais reconnaître une bande de débiles congénitaux quand je les vois. Ho, j'espère que vous avez apprécié le spectacle. Ca vous plait n'est-ce pas ! de voir des gens se battre comme ça. De les voir mourir pendant que vous êtes tranquillement assis à déguster je ne sais quelles horreurs pleines de gras. Bande de pitoyables poltrons. Les personnes comme ça on devrait les transformer en descentes de lit, ça vous rendrait utile. Allons, si la violence vous plait tant, venez donc, levez votre arrière-train et descendez. Cette fois c'est vous qui vous battez et moi qui regarde, chacun son tour n'est-ce pas. Quand a vous...

Elle se tourna vers Showdown, ce dernier semblait impassible mais sous le rouge de sa cagoule se dessinait une petite grimace. Personne n'aime qu'on lui parle sur ce ton, encore plus lorsque ce ton vient de quelqu'un de plus petit et de moins fort que vous. Il se demandait s'il allait la tuer histoire de faire cesser ces piaillements. Son bras commença à sortir de sous le manteau, au cas ou elle se montrerait trop « contrariente ».

-...J'imagine que c'est vous l'organisateur de cet horrible tournoi ou je ne sais quoi. Comment pouvez-vous avoir la conscience tranquille ? D'un autre côté, au vu de votre style vestimentaire vous ne devez pas être très saint d'esprit. Vous avez vu votre accoutrement ? J'appele ça un crime contre la mode ! Mais je m'égare... Faites de moi ce que vous voulez, je refuse catégoriquement de continuer ces absurdités.

Elle revint vers le public.

- Et bien ! Aucun volontaire pour se faire mettre en pièce pendant que je regarde. Ne répondez pas tous à la fois surtout... Alors à présent, je vous somme de cesser ce jeu cruel et de me laisser partir. Faites ce que je vous dis ou sinon... heu... sinon vous aurez de mes nouvelles !

Silence.

- Hé bien ! Qu'attendez vous !
« ... »
« Arrète de parler ! »
« Ouais, on s'en fout de ce que tu dis »
« on veut de la baston »
« tire-toi pisseuse ! »
- Quoi ! Comment osez vous ! Sales rustres... Que ? Mais ?... Applejack ?

La licorne venait juste d'apercevoir son amie orange, assise dans les tribunes entre un gros chien noir et le cratère d'un météore qui l'avait frolé de peu. Sa crinière était d'ailleurs légèrement brulée.

- Ouais, tire toi Rarity, tu nous gonfles ! Cria-t-elle.

Dans sa loge, Showdown, consterné se passa une main sur le visage. C'était quoi le problème avec toutes ces ponettes ? Elles ne pouvaient donc pas se battre comme tout le monde sans se mettre à faire leurs intéressante ?
La foule continuait de pester contre la licorne. Pas la peine de la garder sur le terrain, il allait faire combattre quelqu'un d'autre pour le prochain match.

Le maître agita sa main avec désinvolture. Les deux pégases chargés de faire les videurs entrèrent en scène et embarquèrent la demoiselle qui était encore trop surprise pour protester. La tenant par les pattes, ils survolèrent la mer de lave et disparurent par une des sorties.

« Je n'ai pas rêvé, c'était bien Applejack...Au nom de Celestia, Luna, Discord, qu'est-ce que c'est que cette histoire ?!»