Shadow Stalker scrutait le ciel rouge. Il était dans cette position depuis plus d'une heure. Windvision, elle, regardait son patron, son mentor, son ami. Celui à qui elle devait tout. Et si elle savait qu'il n'était pas un poseur, il fallait avouer qu'il avait une certaine classe quand il attendait quelque chose, que ce soit un pégase ou le moment propice pour attaquer. Il avait toujours son brin de paille à la bouche, qu'il mastiquait doucement, signe qu'il n'était pas nerveux. Il attendait parce qu'il n'avait rien d'autre à faire. En temps normal, il n'aurait pas perdu son temps juste avant une opération le museau en l'air, il aurait réfléchit, concocté un plan à plusieurs ressorts. Mais à ce moment, il ne pouvait rien prévoir avant le retour des ExpAir.

Windvision observait le sniper. 10 ans qu'il l'avait sauvé, elle, alors ponette en pleine adolescence, d'un raid des lunaires contre son village. La bourgade avait été réquisitionnée pour que des officiers de l'Empire dorment dans de vrais lits, étant donné qu'un campement de solaires s'était établit juste à côté. Les lunaires, alors encore en pleine guérilla, avaient décidé de tuer les officiers rassemblés. Malheureusement, l'opération d'assassinat tourna au combat, et malgré l'envie des deux camps d'éviter les dégâts collatéraux, rien ne pu empêcher les habitants de paniquer. Ce fut un bazar monstre, les deux camps tentant d'aligner l'autre sans pour autant toucher les civils qui fuyaient, on-ne-savait-où...

La jeune ponette s'était retrouvé au milieu de tout ça, seule, cherchant ses parents, tentant désespérément de survivre. Puis elle s'était retrouvé en face d'un canon. Le soldat derrière paniqua, et s'apprêta à tirer. Mais avant que la jeunette ne comprenne ce qui se passe, le soldat porta ses pattes à son cou, ouvert sur toute la largeur. Il s'effondra, révélant un poney rouge sombre tenant un couteau. Le poney avait prit la gamine par la patte et l'avait balancé derrière des barils, en lui ordonnant de ne pas bouger avant la fin des combats. Puis il avait armé son fusil et était parti.

Elle était restée là deux heures, à trembler, pleurer, chuchotant le nom de ses parents, priant elle ne savait quel dieu de les protéger. Deux heures à entendre les bruits des combats, les claquements des fusils, les hurlements des blessés, les râles des mourants. Deux heures les yeux fermés, à tenter de se boucher les oreilles.

Puis ça c'était calmé. Il n'y eut plus de bruit. Juste quelques ordres donnés ici et là, quelques coups de feu isolés. Mais Windvision n'osait pas bouger. Elle n'osait pas ouvrir les yeux. Elle avait peur.

Soudain, elle entendit quelqu'un s'approcher. Elle se recroquevilla sur elle-même. L'intru bougea les barils.

-Sors de là. C'est fini.

Windvision avait ouvert les yeux. En face d'elle se tenait le même poney rouge sombre, qui portait un brin de paille à sa bouche et commençait à le mastiquer. S'étant assuré que la gamine s'était levée, il partit sans dire un mot.

Windvision avait marché dans les rue de son petit village, totalement dévasté. Des impacts de balles ornaient tout les murs, des traces de sang faisaient des étoiles au dessus des cadavres qui se trouvaient au pied des murs.

Les cadavres. C'était la première fois que Windvision voyait cela. Son estomac s'était comprimé, et elle avait vomi.

Sa vue était ce qu'elle avait de plus cher. Elle possédait un don, une vue qui rivalisait avec celle des faucons et des aigles, qui lui permettait même de voir ce qui était hors de son champ de vision, car elle arrivait à percevoir les mouvements de l'air. Même si un trop plein d'informations avait tendance à lui faire tourner la tête, elle était fière de son talent, et de sa Marque, un œil stylisé (une chamane zèbre lui avait dit qu'il s'agissait d'un œil d'un faucon légendaire, le mythique Horus).

Ce jour-là, elle aurait préféré être aveugle.

Chancelante, elle s'était trainée jusqu'à chez elle. Mais il n'y avait plus personne. Pas de cadavres, non, juste plus personne.

Elle avait cherché pendant des heures, fouillant toute la ville, se forçant à regarder les cadavres, redoutant d'y voir le visage de ses parents. Pendant ce temps-là, les lunaires restant trainaient les corps pour les ranger autre part qu'au milieu de la rue. Ils identifiaient les cadavres, arrachaient les plaques, faisaient de petites prières et s'éloignaient.

Au bout d'un temps trop long, elle n'avait toujours pas retrouvé ses parents. Elle était jusqu'à se risquer à demander aux vainqueurs. Ceux-ci, la mine sombre, lui avouaient ne pas savoir. Puis les préparatifs de départ se mirent en route, et les lunaires commencèrent à s'en aller, avant que d'autres soldat du Jour ne viennent les attaquer.

Elle était allongée au milieu de la route, pleurant toutes les larmes de son corps. Ses parents avaient disparus. Ils étaient morts, ou l'avaient abandonné, ou oublié. Elle était seule.

Elle avait pleuré pendant près d'une demi-heure après le départ des commandos lunaire, lorsqu'elle s'aperçut d'une présence près d'elle.

C'était le poney rouge. Elle s'aperçut qu'il l'avait regardé en restant là, brin à la bouche, pendant qu'elle se vidait de l'eau qui ruisselait de ses yeux. Ils s'étaient regardé pendant quelques minutes. Il ne devait pas être âgé de plus de vingt-cinq ans, et pourtant la guerre l'avait marquée. Néanmoins, ses yeux se semblaient pas vides, comme ceux de la plupart des soldats. Sous son air las se cachait une redoutable intelligence et une extraordinaire force de vie.

Si extraordinaire que Windvision s'était relevée sous ce seul regard. L'autre avait désigné son arrière-train, en lui disant :
-C'est quoi, ton talent ?
Windvision fut surprise
-C'est... Voir...
-Voir ?
-Je vois tout. Très loin. Avec beaucoup de détails...

Elle n'arrivait pas à faire une description de ses talents. L'autre hocha la tête.

-Tu arrives à lire sur le mur, là-bas ?

Windvision tourna sa tête vers le lieu indiqué. À une centaine de mètre, se trouvait une boutique avec des inscriptions sur la vitrine.

-Non, fit-il. Là-bas!

Windvision se concentra, et elle vit ce qu'il désignait. Au-delà du village, à plus d'un kilomètre, se trouvait une ferme. D'ici, elle paraissait minuscule. Soudain, elle comprit. L'autre le testait. Il avait comprit ce qu'elle avait tenté de bafouiller ! Pour ne pas décevoir l'inconnu, elle s'était concentrée le plus qu'elle pu. Sa vision changea, zooma sur la ferme, jusqu'à ce qu'elle pu lire l'écriteau.

-« Que demain soit fait du même grain que le jour de la félicité »

L'autre empoigna son fusil, mit l'oeil à la lunette et regarda en direction de la ferme. Puis il baissa son arme, satisfait.

-J'ai cru comprendre que tu ne savais pas où aller...

Windvision fit « non » de la tête. Elle était trop jeune, ses parents avaient disparus, et tout le monde au village était plus préoccupé par ses propres problèmes que par les incidents de logement de la ponette. L'inconnu soupira.

-Ça te dirait de me servir d'assistante ?

Windvision comprit immédiatement l'étendue de cette proposition. Si elle acceptait, elle passerait dans le camp de Luna, et serait une traitresse aux yeux de ses pairs. Peut-être même que ses parents la haïraient, s'ils étaient en vie. Et à en juger par l'arme de l'inconnu, il devait être un tireur d'élite, et être son assistante signifiait...

-Je devrais tuer des gens ?
-Non, dit tranquillement l'inconnu. Pas si tu refuses de le faire. Par contre, il te faudra sûrement les regarder mourir.

Windvision était pétrifiée. Elle ne savait que choisir. D'un côté, c'était un avenir incertain, privé de ses proches, livrée à elle-même. De l'autre, elle devrait servir ses ennemis, servir un tueur, regarder mourir des gens, sûrement parce qu'elle les avait repérés.

-Prends ton temps pour réfléchir.

C'est ce qu'elle fit. Pendant qu'elle se perdait dans ses pensées, les habitants du village se regroupaient autours d'eux. Ils étaient en colère, leur ville avait été saccagée, certains des leurs tués, leur familles étaient en pleurs. Et des envahisseurs, il n'en restait qu'un, qui voulait leur prendre une de leurs filles !

L'air belliqueux des villageois se fit plus dur, tandis que Windvision relevait la tête. Elle s'aperçut de ce qui se tramait. Mais l'autre en face ne semblait pas y prêter attention. Ses yeux verts restaient fixés sur la jeunette.

Finalement, Windvision se releva, et se posta à coté de lui. Il se releva lui aussi, et ils partirent, côte à côte, vers l'extérieur du village, sous les yeux belliqueux des habitants. Pendant qu'ils marchaient, Windvision nota la Marque de l'inconnu. Un viseur.

-Comment vous appelez-vous ? demanda-t-elle.
-Stalker. Shadow Stalker. Et toi ?
-Windvision.

Ils n'avaient plus parlé jusqu'à l'arrivé au camp des rebelles.



Depuis ce jour, Shadow Stalker avait été son maitre, qui lui enseignait des technique de survie et, il le fallait bien, de combat. Windivision avait rapidement délaissé son côté pacifique, et n'hésitait plus à tuer lorsque c'était nécessaire. Il avait aussi été un patron exigeant, se servant d'elle pour repérer ses cibles plus facilement. En tant que stratège pour tout ce qui touchait les opérations commandos, il avait besoin des sens hypertrophiés de la ponette pour mettre au point ses plans.

Il avait été aussi un ami, et parfois un père pour elle. Il s'était toujours occupé d'elle, ne la laissant jamais se morfondre sur sa triste destinée.

Il était toujours là pour elle, et elle était toujours là pour lui. Ils ne leur fallait qu'un signe pour se comprendre.

Comme un père... Et pourtant, avec l'âge qu'ils avaient...

-Dis-donc, Wind', t'arrêtes de mater le chef ?

Un grand poney s'était affalé sur ses épaules, l'enserrant dans ses pattes. Windivision n'avait ni besoin de sa voix, ni de son visage pour savoir de qui il s'agissait. Son attitude juste suffisait.

-M'emmerdes pas, Flesh...
-Gênée ?
-Par ta présence, ouais. Lâches moi.
-En quel honneur ?
-J'ai ta virilité sous mon sabot.

Le dénommé Flesh baissa les yeux, et constata que ce n'était pas une menace en l'air. Il s'écarta en soupirant :
-Okay, princesse, comme tu veux...

Flesh était un grand pégase marron, à la crinière blanche rasée de près. Son sourire goguenard avait tendance à irriter Windvision. Surtout quand elle savait les pensées qui se cachaient derrière. L'étalon tourna son regard vers leur leader, un peu plus loin.

-Il attend toujours Soarin ?
-Ouaip, dit la ponette en se retournant. Ça fait longtemps qu'il est comme ça.
-Quel poseur... Ça se comprend que tu le mates comme ça.
-Flesh, j'ai toujours pas renoncé à viser l'entre-jambe.
-Tu sais qu'un massage de toi à cet endroit me ferait le plus grand plaisir.

Ce furent les derniers mots qu'il prononça avant de se retrouver plié en deux, par terre, ouvrant grand la bouche sans pouvoir respirer.

-Les... Massages... Des jumelles... de Ponyville... étaient plus... sympas...
-Je suis pas bien entrainée pour les massages.
-Spèce... de... frigide...
-T'en veux un autre ?
-Non... merci.

Pendant que l'étalon se relevait péniblement, les pattes arrières tremblantes, Windvision songea à ce personnage. Il avait suivi Luna dès le début, après le massacre de Ponyville, mais pas par conviction, ou par envie de rébellion, ou autre considération morale ou patriotique. La seule chose qu'il y avait chez Luna qui intéressait Flesh était actuellement le museau en l'air.

Lors du massacre, Shadow Stalker était présent. Il avait suivit le discours, mais les troupes fanatisées de Célestia avaient attaqué. L'attentat primaire contre Luna avait raté, mais les fanatiques ne s'étaient pas arrêtés là. Ils voulaient, personne n'avait jamais su pourquoi, du sang. Et ils avaient tué. Au milieu du chaos, Shadow avait réussit à se procurer un fusil, et avait commencé à tirer sur ceux qui s'approchaient trop de Luna. Chacun de ses coup avait fait mouche. Finalement, Luna, ses gardes, Shadow et certains partisans s'enfuirent.

Et, quelques mètres derrière, un poney à peine moins vieux que Shadow suivait le terrestre à la robe pourpre, des étoiles pleins des yeux. Flesh avait toujours, depuis ce jour là, admiré Shadow. Il l'avait suivit, a été le premier à recevoir son entrainement, le premier à combattre sous ses ordres, et le premier Night-Ops. Il respectait profondément Shadow.

Et c'était le seul. Car pour les autres, Flesh n'avait aucune considération. Et pour cause. Il était le meilleur.

Windvision continuait d'observer l'infortuné étalon. Il était l'exact opposé de Stalker. Grande gueule, toujours à tout commenter et à se vanter, tête brûlée, il était mitrailleur, portant le plus souvent des ceintures de munitions autours de lui, il disait qu'il aurait préféré être une licorne pour pouvoir utiliser les armes de gros calibres. Au lieu de cela, il se servait de ses ailes pour se stabiliser lors des tirs de suppression qu'il aimait tant. Il n'aimait pas voler, ce qui était rare pour un pégase.

Des fois, Windvision se demandait pourquoi il faisait parti du groupe de commando. Mais il fallait reconnaître qu'il s'en sortait de façon brillante. Malgré sa tendance et son envie de faire du bruit partout où il allait, Flesh savait être aussi discret et meurtrier que son patron. N'en était son petit problème de précision, il aurait pu être plus efficace que Derpy.

En un certain sens, il était un parfait complément de Stalker. Et il partageait une dernière qualité avec lui. Le respect des hommes. Car malgré le fait qu'il pouvait être un sacré connard ne respectant personne, il avait su maints fois montrer ses capacités de leader. Et de nombreux poneys lui devaient la vie.

Il avait tout pour être le bras droit, voire le successeur, de Stalker. Alors, forcément, il était jaloux, autrefois de Derpy, aujourd'hui de Windvision.

Sans compter que la ponette avait le malheur d'être à son goût.

Elle regarda à son garrot. Flesh s'était tatoué le symbole des Night-Ops à cet endroit. Un viseur, dont l'un des bord du cercle s'élargissait pour former un croissant de lune.

Flesh n'était même pas son vrai nom. Il s'était choisi ce pseudo à son entrée au service de Shadow, souhaitant cacher sa véritable identité. Nul ne savait pourquoi il avait choisi le nom de code « Flesh ». « Chair » ?

L'étalon avait finit de se redresser.

-C'est moi que tu mates maintenant ? Friponne.
-Tu aimes ça, en plus.
-Avec un lit et des accessoires, ça serait top.

Windvision sortit son couteau à cran d'arrêt.

-J'ai l'accessoire. Tu veux apporter le lit ?

Flesh partit dans un rire sonore.

-Wind', je sais que tu m'adores.
-J'adorerais te découper la verge. Et m'en faire un collier. Et de me faire un manteau de ta Marque. Et je suis sûre que tes ailes m'iraient à ravir.
-Wind', tu es déjà un ange.
-Ok. Il me manque le collier et le manteau.

L'autre regarda derrière elle.

-Je vais devoir te laisser, chérie. Soarin vient d'arriver.

Windvision se retourna. Un pégase s'était effectivement posé à côté de Shadow, et avait engagé une vive discussion. Ce qui était rare, connaissant le caractère de Shadow. Flesh, lui, s'en alla vers le camp, sûrement rassembler ses affaires. Il sentait quand les choses commençaient à bouger. La ponette, elle, se dirigea vers les deux commandants.



-On passera pas.
-Tu as dit qu'il n'y avait pas de défenses anti-aériennes.
-Ça les empêchera pas de nous tirer dessus !
-Soarin, tout ce que je te demande, c'est de détruire leurs communications. Après, tu pourras te planquer tant que tu veux.
-Je suis pas un lâche !
-Alors, fais ce que je te dis...
-Je suis pas un suicidaire non plus !

Stalker commençait à sentir un feu de colère monter dans ses entrailles. Mais pourquoi Luna avait-elle insisté sur cette opération conjointe ?

-Soarin, on est pas venu jusqu'ici pour reculer maintenant. Fais-nous confiance, on a fait pire.
-Les Nnopes, je sais pas, mais chez les ExpAir, on a pas l'habitude des opérations suicides !

« Nnopes »... Depuis l'officialisation de leur groupe, les Night-Ops avaient hérité d'un sobriquet inspiré du mutisme de BigMacintosh.

-Soarin, é...
-Tu sais pas ce qu'il y a là-bas ! Ils sont sur les dents à cause des précédents sabotages !

Stalker laissa passer. Il vit que Windvision se rapprochait d'eux. Il la laissa se joindre à eux, créant la diversion dont il avait besoin. S'il s'énervait, l'opération était à annuler.

Mais bon sang ! Venir jusqu'ici pour voir les pégases se dégonfler, c'était un peu trop pour lui. Il aimait que les plans soient sans accros, mais pour une fois, il devait avouer qu'il n'avait pas prévu une donnée. Que les pégases n'avaient pas ce brin de tendance suicidaire qui faisait avancer les Night-Ops.

Ça faisait longtemps depuis la Bataille pour le Ciel, mais certains traumatismes restaient vivaces. Les pégases servant pour Luna étaient paranos.

Et pourtant... Soarin avait eu le courage de s'opposer aux autres Wonderbolts, qui s'étaient tous rangés sous la houlette de Rainbow Dash, et avait rejoint le camp lunaire. Dans son envie d'aider, il avait même créé les ExpAir, les derniers véritables pilotes au service de Luna, de parfait traqueurs de pégases. A moins bien sûr de se frotter aux Falcons de Rainbow Dash. Face à eux, tout lceux qui n'étaient pas équipés d'une D.C.A. devaient fuir. Et ceux qui avaient les engins devaient prier de toucher quelque chose avant de mourir.

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui était un jour où Stalker avait besoin de pégases courageux, et il n'en avait pas.

C'était un essai d'opération conjointe entre les deux plus importantes unités d'opérations spéciales du camp lunaire. Les ExpAir devaient apporter leur mobilité et leurs aptitudes d'observations aux commandos, les Night-Ops devaient en retour montrer leurs talents d'infiltration et de sabotage pour préserver les pégases. Stalker en avait même profité pour monter un plan pour s'occuper d'un des plus larges dépôts de l'armée ennemie. Si cette base sautait, tout ce flanc serait paralysé pendant quelques temps.

Le temps de lancer l'opération contre Canterlot. Cette opération, Stalker la préparait avec soin depuis quelques mois. Depuis qu'il avait comprit la lenteur à laquelle réagissait l'Empire quand trop de problème surgissaient en même temps. Depuis des mois, les membres des Night-Ops n'avaient pas vu leurs familles, car ils volaient de mission en mission, sans s'interrompre, à travers tout le continent. Et pendant ce temps là, l'Empire s'enlisait dans sa propre administration. Trop de politique dans les hauts rangs, et tous voulaient leur part de gloire.

Chez les lunaires, presque uniquement Platinum et Stalker osaient contester la princesse, les tacticiens étaient peu nombreux et tous formés dans le feu de l'action. Tous le monde n'avait qu'un objectif en tête : virer Célestia. La suite viendrait après.

Et la suite ne viendrait que si les pégases acceptaient de remplir leur mission. Ce n'était pas compliqué, mais effectivement extrêmement risqué. Ils devaient s'occuper de détruire les trois immenses tours de communication, et cela le plus rapidement possible, pour éviter que d'autres camps aux alentours ne soient prévenus. Plus encore, ils devaient le faire avant que l'alerte ne soit donnée, donc avant toute opération de diversion. Ensuite, un groupe de Night-Ops devait faire une diversion sur un flanc pendant qu'un autre s'infiltrait à l'intérieur. La suite du plan contenait de nombreuses inconnues, mais l'objectif était clair : tuer tout officier présent dans le camp, détruire les dépôts, tout cela avant que les renforts n'arrivent, et disparaître.

Et ils disposeraient de minutes cruciales uniquement si les pégases acceptaient de poser leur foutu plastic.

-Alors les LopAir ? On flippe ?

Et merde. Il manquait plus que lui...

-Flesh...
-QUI EST-CE QUE TU TRAITES DE LOPETTE ? hurla Soarin
-Toi, répondit le pégase.
-Flesh...
-Ça te va bien de dire ça, toi qui ose même pas quitter le sol !
-Au moins, je le quitte pas pour aller me planquer.
-Tu vas regretter ça !
-Ah ouais ?

Le poney se posta devant Soarin. Il le dépassait d'une tête, et colla son front contre celui de l'ancien Wonderbolt.

-Prouve moi que j'ai tort, Suckerbolt.

Soarin s'envola d'un coup. Il semblait prêt à foncer sur Flesh... Puis finalement, il s'élança plus haut dans les airs.

-Vous avez intérêt à être au taquet. Le moindre mort chez les ExpAir vous vaudra un membre cassé.
-Reçu, fit Flesh.
-Je commencerai par toi, connard.

Puis le leader pégase disparu dans les airs.

-Shade, t'as encore beaucoup à apprendre sur la psychologie pégase. La fierté, dit Flesh en se touchant le naseau, c'est ça, leur point faible.
-Pourquoi tu es là, à ton avis ?
Le pégase sourit.
-Va falloir qu'on y aille.
-Prépare tes soldats. Windvision, rameute tout le monde. On y va.



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Célestia, parce que c'est bon pour le foie!

Vous regardez : A Pony War Chronicle

Pour la musique, je vous recommande de commencer par ça. Ensuite, vous pouvez mettre une musique de guerre.
Iron Maiden - Aces High



Soarin observait les déplacements des sentinelles. Stalker avait raison. Elle ne regardaient jamais en l'air. « Si vous voyez un pégase, c'est un Solaire. Si vous ne voyez rien, c'est un Lunaire » était une blague récurrente chez les troupes de l'Empire. Et ça arrangeait bien Soarin. Il leva les yeux. Au dessus de lui, une vingtaine de poneys se tenaient prêts. Il mit le sabot sur sa charge d'explosifs. Ils n'auraient qu'une seule chance de détruire les trois pylônes, en même temps.

Il regarda sa montre. Elle était synchronisée avec celles des deux autres groupes. Et l'aiguille des secondes tournait. Tournait. Tournait. Passa par l'heure pile.

Il fit un signal, et plongea en piqué sur les pylônes. Ils avaient exactement dix secondes. Ils dépassèrent le sommet des constructions, et continuèrent de plonger. Soarin passa devant une sentinelle, en lui lançant un coup de sabot au passage. La vitesse acquise fut suffisante pour lui éclater le crâne. Le sang se projeta tout le long de la patte du pégase.

Plus que huit secondes.

La base des pylônes se rapprochaient. Personne n'avait encore semblé réalisé la présence des pégases. Soarin finit par attendre son objectif, au tiers de l'antenne. Six secondes. Il s'arrêta, fixa solidement ses charges, tandis que ses compagnons faisaient de même. Puis il repartit en arrière, s'éloignant le plus possible.

Il entendit un coup de feu, et un cri qu'il reconnu comme celui de Snake Fleet.

Zero.

Chaque pylône était soutenu par quatre poutres, et les pégases en avaient détruit trois à chaque fois. Les antennes gigantesques s'écroulèrent sous leur propre poids. Désormais, ce camp était coupé du monde.

D'autres détonations fusèrent dans leur direction. Soarin entendait les cris des blessés qui chutaient, et lui-même faisait de son mieux pour éviter de se faire toucher. Puis il entendit des bruits de fusillade, de plus loin. L'alarme sonna.

Flesh commençait son show.



-Venez, bande de suce-moëlles !

Flesh avançait avec ses troupes. Les trois-quarts des Night-Ops était avec lui, et faisaient feu en utilisant leurs armes lourdes. Ils avançaient en tirant sur les pauvres patrouilleurs qui étaient encore sous le choc de l'explosion des antennes. Ils avaient même profité de cette distraction pour détruire les miradors. Polished Drill, leur licorne lourde, avait utilisé son lance-missile magiguidé pour exploser les tours. Ils entrèrent dans le camp, et se mirent rapidement à couvert. Les Solaires avaient commencé à réagir. En face d'eux se tenait un long et large espace vide, une sorte du rue principale délimitant deux rangées de hangars. Au delà, il y avait encore d'autre entrepôts.

Flesh tirait encore et encore. Il sentait son arme sauter dans ses pattes, le tremblement gagner tout son corps, et il se stabilisait avec ses ailes pour mieux ajuster ses tirs. Les ennemis voyaient leur corps projeter des myriades de petits éclats de sang, puis le sol entre deux poneys sautait comme si des pétard jonchaient le sol, et un autre ennemi mourrait dans des explosions sanglantes. Autours du pégase, les autres poneys ajustait leur visée avant de tirer. Lui s'occupait généralement des tirs de suppression, obligeant les ennemis à se mettre à couvert, tandis que les autres s'occupaient de les achever dès qu'ils pointaient leur museau hors de leur cachette.

Soudain, un char ennemi se montra dans l'espace entre les hangars, entouré de plusieurs dizaines de soldats ennemis. Les solaires commençaient à être nombreux. Flesh hurla derrière lui :
-Drill !
-Je l'ai, et la licorne appuya sur la gâchette.
Le missile partit en vrille, puis la trajectoire se stabilisa pour frapper le tank en plein dans la tourelle. Il n'y eut aucune explosion, mais le char arrêta de tirer.
La licorne mettait la patte à l'oreille, un léger sourire aux lèvres :
-Attendeeez...

Soudain, le char explosa. La manieuse d'arme lourde avait chargé un de ces prototype de missile, qui pénétrait les blindage et explosait avec un léger temps de retard. L'avantage des licornes, c'est qu'elle pouvaient améliorer la pénétration du projectile avec leur magie. Et Polished Drill faisait parti des meilleures.

-ET YES ! YES ! BOOM ! AHAHAHAH !

Et des plus cinglées aussi...



Octavia avait fini d'ouvrir le grillage. Heureusement, elle était plutôt rapide avec les pinces, car ils perdaient du temps précieux. Ils n'avaient plus d'azote liquide suite aux nombreuses missions qu'ils avaient effectuées d'affilés, et devaient en revenir aux vieilles méthodes. La ponette dégagea le grillage, et passa par l'ouverture, fusil en main. Elle se posta d'un côté du grillage, et un autre commando la suivit et se posta de l'autre, couvrant chacun un flanc. Enfin, la douzaine de poneys franchit l'obstacle.

Maintenant venait la partie délicate. Il fallait qu'ils aillent vite remplir leurs objectif. Ils se déployèrent. La zone était vide de soldats ennemis, Flesh faisait bien son boulot. Les commandos s'aventurèrent dans une zone plus dégagée, mais il n'y avait toujours aucun ennemi en vue. Shadow fit un signe de la tête, et ils se postèrent en face de la porte d'un hangars.

Maintenant, c'était l'heure de jouer à pile ou face. Ils forcèrent l'entrée du hangar, et Stalker et deux commandos entrèrent. Les autres restèrent à l'extérieur en couverture. Shadow parcouru rapidement du regard les différents niveaux où étaient rangés des armes de toutes sortes. Pas de chance. Ce hangar-là ne contenait que des armes conventionnelles. Il fit signe de partir, et les poneys se remirent en position. Ils se dirigèrent vers l'entrepôt juste à côté. Avant d'entrer, Stalker fit un signe à Octavia. La ponette grise hocha la tête, et la moitié du groupe partit avec elle. Un des commandos restés avec Stalker explosa la serrure du hangar, et ils pénétrèrent à l'intérieur. Encore raté.



Octavia, elle, parcourait le campement, en se fiant aux plans de l'endroit qu'elle se repassait mentalement. Elle et son groupe passaient de hangar en hangar, se cachant pour ne pas être découverts trop tôt. Enfin, derrière la zone d'entrepôt, elle découvrit ce qu'elle cherchait : le campement Solaire. Elle se dirigea vers un des petits bâtiments à un étage qui se trouvaient là. Arrivés non-loin de leur objectif, elle fit signe à ses compagnon de stopper le mouvement. Il y avait deux sentinelles devant la porte du bâtiment. Elle empoigna son fusil, et l'un des poneys qui l'accompagnait fit de même. Ils visèrent patiemment. Puis, simultanément, ils firent feu. Les silencieux firent leur travail et le tir fut insonore. De leur côté, les Night-Ops avaient montré une fois de plus leur talent. Les deux sentinelles tombèrent dans un bruit sourd de chute.

On avait pas comme instructeur Shadow Stalker sans devenir un excellent tireur. Seul Flesh semblait avoir des problèmes avec cela.

Octavia fit un signe avec sa patte, et les troupes s'élancèrent à travers champ. Toujours personne en vue, tandis que l'alarme continuait de hululer. Arrivés devant la porte, Octavia fit des tours avec son sabot, et quelques poneys firent le tour du bâtiment pour se poster sous les fenêtres. Octavia jeta un coup d'oeil par la vitre de la porte. Comme prévu, ils avaient encerclé le bâtiment de la radio. Comme prévu, la plupart des officiers de haut rang s'y trouvait. Et comme prévu, ils s'échinaient à faire marcher la pauvre machine et à engueuler le pauvre poney qui s'en occupait, au lieu d'aller aider leurs hommes.

Octavia prit la poignée d'une patte, et, laissant pendre son fusil, empoigna une grenade flashbang de l'autre. Elle fit sauter la goupille, ouvrit la porte, lança la grenade et referma la porte. Elle profita de la seconde avant la détonation pour reprendre son arme dans ses sabot. Puis la détonation se fit entendre, étouffée car à l'intérieur, et le flash se fit voir à travers la fenêtre. Octavia défonça la porte et se mit à tirer sur les poneys aveuglés. Depuis les fenêtre, les autres commandos faisaient de même, alourdissant le massacre. Les poneys hurlèrent avant de tomber, alors qu'aucune détonation ne se faisait entendre, et leur corps se faisaient déchiqueter par les rafales. Enfin, Octavia cessa le feu, rapidement imitée par les autres Night-Ops. Devant elle se trouvait une dizaine de cadavres à terre. Elle se dirigea vers eux, accompagnée de deux autres soldats, et se mit à tirer méthodiquement dans la tête des cadavres. Une fois cela fait, elle se dirigea vers la sortie, avec la grâce et l'indifférence qui la caractérisaient.

Quitter l'archet pour le M4 n'avait pas été facile, mais elle s'en sortait avec brio. Et il fallait reconnaître que le bruit des tirs, même atténués par le silencieux, avait quelque chose de... Mélodieux.

A présent, il fallait s'occuper des officiers qui avaient été assez courageux pour aider leurs hommes sur le terrain...



Flesh entendit un hurlement sur sa droite. Il voyait Soul Keeper à terre, gisant dans le sang qui s'écoulait de sa tête. C'était le septième qui mordait la poussière. Sans compter les blessés. Non, sérieusement, Flesh ne les comptait pas. Car un Night-Ops blessé se battait toujours.

Toutefois, les troupes ennemies étaient beaucoup, beaucoup plus nombreuses qu'une dizaine de minute auparavant. D'autres tanks s'étaient joints à la partie, et Drill était à court de munition. Heureusement, les équipages de chars semblait l'ignorer. Pour l'instant.

Flesh sentit le poids s'alléger dans ses sabots. Il arrivait au bout de sa bande. Il se mit à couvert, et commença le rechargement de son engin. Il souleva le loquet au dessus, dégagea la bande de munition et le gros chargeur sur le côté, déroula une des bande qu'il portait en bandoulière et prit la boite correspondante accrochée à sa ceinture, accrocha la boite sur son arme, engagea la nouvelle bande, ferma le loquet et tira sur le percuteur. Puis il se releva et se remit à tirer.

Tout cela en moins de temps qu'il n'en faut pour le lire.

Il entendit un cri derrière lui. Il se retourna en se baissant, pour voir Drill se tenir le côté de la tête. Elle écarta son sabot pour voir le sang qui le maculait, et Flesh constata qu'elle avait l'oreille arrachée.

-L'espèce d'ENFOIRE !

Elle prit son lance-missile et sa corne brilla. À l'intérieur du fût, une boule d'énergie se forma, et Drill appuya sur la gâchette. Le projectile de couleur rose parcourut la distance du champ de bataille et alla s'écraser sur un des chars qui explosa instantanément. Puis elle s'évanouit. Flesh la tira pour la mettre en sécurité, et se remit en position de tir.

« Bordel, Shade, qu'est-ce vous foutez tous ? »



Stalker enfonça la porte du hangar. S'il tardait trop, Flesh finirait par se faire massacrer. Il pénétra rapidement à l'intérieur. Les engins posés au fond lui arrachèrent un soupir de soulagement.

Ils avaient enfin trouvé les bombes.

Il fit un signe à un des poneys à l'entrée, qui s'empressait de se mettre à découvert, protégé par ses camarades, et de souffler dans un sifflet en faisant des grands gestes vers le ciel. Pendant ce temps, Stalker commençait, avec l'aide de deux commandos, à transporter les bombes vers l'entrée.

Une détonation retentit, et le commando au milieu de la route s'écroula à terre en se tenant le flanc. Les autres cherchaient un ennemi de leur viseur, mais n'en voyaient apparemment pas. Stalker entendit quelques rafales tandis qu'il se précipitait pour aider ses compagnons, et Soarin se posa juste devant l'entrée. Le poney se nettoya négligemment le sabot sur sa robe.

-Vous devriez faire gaffe. Y'a des snipers qui trainent sur certains mirador...
Il lui fit un clin d'oeil.
-Heureusement qu'on...
-Prends ça, fit Stalker en lui désignant une bombe que transportait un commando derrière lui. On a perdu trop de temps.
-Même pas...
-MAINTENANT !

Soarin recula surprit, puis fit signe aux autres pégases qui venaient de se poser de le suivre. Chaque pégase s'arma d'une bombe, et s'envola vers l'entrée du camp.



Flesh en était à son troisième et dernier chargeur. Heureusement, Drill, évanouie à côté de lui, possédait un fusil et n'en avait pas besoin, car il avait horreur de se retrouver sans armes. Lourdes, du moins. C'était une des raisons de sa passion pour les armes à bandes : une rafale continue de 200 munitions, une quasi-impossibilité d'être à court.

Sauf quand son commandant était à la bourre.

Il voyait la bande tressauter, les munitions se faire avaler tandis que les projectiles ouvraient des trous sanglants dans la chair des ennemis. Un char tourna son canon vers lui...

Il vit des points noirs au-dessus des troupes ennemies.

Il vit d'autres points plus petit se détacher, et tomber sur les positions ennemies.

Il se mit à couvert, et se couvrit les oreilles.

Il perçut les explosions de façon atténuée, mais la surpression de l'air lui vrillait tout de même les tympans, il sentait le sol vibrer sous lui, et les tremblement se répercuter jusqu'au plus profond de ses entrailles. Il vit le flash de lumière, et sentit la chaleur lui brûler l'échine.

En quelques secondes, ce fut terminé.

Il se releva pour constater les dégâts. Tout les chars avaient été détruits, et autours des carcasses, de nombreux cratères se dessinaient, aux bords noircis, et des traces sanglantes se propageaient. Des membres de poneys gisaient ça et là, et quelques survivants tentaient péniblement de se relever. Des tirs venus des toits des bâtiments proche assuraient qu'ils restent définitivement à terre. Octavia et son escouade contemplaient le massacre, lâchant une volée de temps en temps sur les survivants en contrebas. Au dessus d'eux volaient les ExpAir, eux aussi scrutant le moindre mouvement.

Les Night-Ops de Flesh sortirent de leurs couverts. Ils se dirigèrent vers les cadavres, et se mirent à achever tout ce qui n'avait pas l'air mort. Flesh, lui, recompta ses hommes. Les valides portaient les blessés, et mettaient les morts à découverts. Ils avaient été trente-six à s'occuper de l'opération de diversion. A présent, ils avaient à peu près quinze totalement valides, une dizaine de blessés et autant de morts.

Cette opération avait intérêt à valoir le coup.

Flesh regarda le terrain autours de lui. Le ratio mort/tué était toutefois largement en leur faveur. Ils devaient avoir exterminé les soldats en faction au grand complet. Les cadavres solaires se cumulaient par dizaine, peut-être même une centaine. Sans compter les chars. Derrière les carcasses fumantes, Flesh vit Shadow Stalker s'avancer vers eux. Celui-ci dépassa les chars, et regarda le champ de bataille. Puis il sortit un de ses brins paille, le mit au coin de sa bouche et replaça son chapeau. L'action était officiellement finie.

-Z'êtes en retard, lui lança Flesh.
Le commandant ne répondit pas. Soarin s'avança, et les quatre -Windvision était toujours aux côtés de son chef- formèrent un conseil de guerre. Stalker fit un signe vers Octavia, et celle-ci disparu de leur champ de vision.

-Flesh, je me souviens pas très bien de ce que t'as dit avant le début de la bataille, souffla l'ex-Wonderbolt.
-C'est marrant, moi non plus, je me rappelle pas de ce que t'as dit.
Soarin eut un regard assassin.
-Tu as quatre pattes...
Shadow hocha la tête. Quatre morts chez les pégases. Octavia les rejoignit.
-Rapport ?
-Mission accomplie. J'ai envoyé les autres en recherche, mais pas d'autre officiers en vie à priori. Aucune pertes.
-Vous avez bien de la chance, maugréa Soarin.
Stalker tourna son regard vers le pégase. Puis il secoua la tête.
-Flesh, rapport ?
-Neufs morts, douze blessés, commandant, dit-il en jetant un regard mauvais à Soarin. Dont certains sont dans un état critique.

Shadow Stalker garda le silence. Tant que ça ? Soarin, lui n'osait plus ouvrir la bouche. Finalement, Stalker leva la tête.

-Allez, on fait sauter ce bazar et on rentre.

Durant l'heure qui suivie, les commandos passèrent d'entrepôts en entrepôts, piégeant les structures fragile et activant les explosifs. Les hangars sautaient les uns après les autres. Il n'y eut pas d'accidents notables, hormis un groupe de patrouille qui avait ouvert le feu sur eux. Cependant, il semblait que personne n'avait donné l'alerte aux camps environnants. Mais ils avaient peu de temps.

Quand ils eurent presque terminé, Polished Drill, qui s'était réveillée entre-temps, se posta devant un des derniers hangars.

-Chef, ça sent pas bon, là-dedans...
-Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda le sniper.
-Ça pue la magie. Et quand je dit « ça pue », c'est que ça pue.
-Traduction ?
-Ça sent la magie explosive. Mais beaucoup plus puissant que les bombes à magie conventionnelle...
Elle regarda autours d'elle.
-...Et on est en extérieur, alors qu'elle est encore à l'intérieur.

Les poneys présents se regardèrent d'un air inquiet. Stalker se dirigea vers la porte.

-Il n'y a qu'un moyen de savoir...

Il ouvrit la porte et pénétra à l'interieur. Il fut suivit de Soarin, Drill, Windvision et Flesh. Ils pouvaient entendre les explosions des autres hangars depuis l'extérieur.

A l'intérieur du dépôt, il y avait un tas de bombes et d'armes, mais de type inconnus. Ils devaient être entrés dans un hangar de prototypes.

-La sensation est plus forte, commandant.

Drill se dirigea vers un gros container. En se rapprochant, les autres poneys commencèrent à sentir la magie qui imprégnait le container. Ce qui était là-dedans devait être sacrément puissant.

-Vous voudrez peut-être voir ça... fit la licorne en ouvrant le container.

La porte à peine ouverte, les effluves de magie s'échappèrent, donnant la nausée à tout les poneys présents. Drill s'écarta vivement et vomi sur une étagère. Derrière lui, Stalker pouvait entendre que les autres licornes du groupes étaient prises du même problème.

-Bordel, mais qu'est-ce que c'est ? fit Flesh. Une bombe ?
-Jamais vu un truc aussi gros, fit Soarin. C'est trop gros pour être porté par un pégase. Je suis même pas sûr que deux suffiraient.
-Ça... Bordel, ce truc est monstrueux, cracha Drill. C'est saturé de magie de destruction.
-Saturé à quel point ? demanda Stalker.

Drill se calma, et prit une grande inspiration. Puis elle fut prise d'un spasme, et se remit à vomir, mais son estomac vide ne renvoyait plus rien. La pauvre licorne tenta de se calmer, sans succès. Derrière lui, Stalker entendit une petite voix :
-Ça a la puissance de détruire une ville entière, dit une jeune licorne dénommé Gentle Melody. En un coup. Comme ça. En un claquement de sabot.
-Si... continua Drill. Si ce truc pète, même le Rainnuke paraitra être une blague à côté...

Flesh renifla.

-Bon. On oubli les explosifs.

Le temps manquait pour réfléchir. Stalker mâcha son brin de paille un tempo plus vite.

-Hé ! continua le pégase. Si on la volait ?

Tout le monde le regarda.

-Ben ouais, fit-il. Avec ça, un raid sur Canterlot, et on a finit la guerre !

Les poneys continuaient à le regarder avec surprise.

-C'est pas con, commenta Soarin.
-Vous êtes malade ? Et les civils ? s'indigna Windvision.
-Des civils morts, répondit Flesh, y'en aura toujours plus si on finit pas rapidement cette guerre. Je croyait que t'étais habituée aux dégâts collatéraux...
-Là, tu parles de détruire une ville entière, juste pour tuer la Folle !
-Tu sais très bien que si il existait un autre moyen, elle serait morte depuis longtemps. T'en pense quoi, Shade ?

Stalker était toujours perdu dans ses pensées.

-Luna n'approuverait jamais ! continua Windvision.
-T'es pas au courant ? Elle vient d'approuver les gaz dans les tranchées. Elle aussi veut en finir rapidement !
-C'était une mauvaise idée. Et elle n'implique pas de civil.
-Luna veut...

Pendant que les deux se disputaient, Stalker voyait des flashs passer devant ses yeux. Ponyville, Sweet Apple Acre...

Il leva la tête, interrompant de suite les élucubrations des deux autres.

-Massacrer les civils pour atteindre un objectif, c'est un truc de Solaire.

La discussion prit fin là-dessus.

-Bon, fit Soarin. Mais on en fait quoi ? On peut pas la faire sauter, et on peut pas la laisser à l'Empire !

Stalker fit le tour des caisses, étagères et engins qui composaient le hangar.

-On est dans leur poubelle...
-QUOI ?

Tout les poneys le regardaient interloqués.

-Tout les engins qui sont ici ne servent à rien.
-Mais... La bombe est capable de raser une ville ! s'insurgea Soarin.
-Quelle ville ? demanda simplement Stalker. Contrairement aux solaires, nous n'avons pas de capitale. Luna se déplace constamment, nous n'avons pas de pouvoir centralisé. De plus, Célestia n'autoriserait jamais une arme capable de tuer autant de civils innocents. Ce n'est pas son but... Et regardez les autres armes. Y'a rien qui se trouve en deux exemplaires, et le fonctionnement de ces trucs n'est pas évident à deviner. Si ils avaient eu l'intention de les tester, je penses qu'on l'aurait su.

Les autres le regardaient avec incompréhension. Stalker conclut :
-Tout ça, ce hangar, c'est un dépôt de prototype même pas testés. Soit trop puissants, soit inutiles face à nos tactiques. Sûrement créés par des ingénieurs qui pensaient qu'on avait le même mode de fonctionnement que les solaires.
-Mais alors, pourquoi ils les gardent ?
-Je ne sais pas. En cas d'extrême urgence, peut-être.

Les poneys regardaient les engins autours d'eux avec curiosité. Ils commençaient à être d'accord avec le sniper.

-Bon, fit Flesh. On fait quoi, alors ?
-Rien, conclut Stalker. On ne touche pas à cet entrepôt, on finit la mission et on rentre.
-Mais on va pas leur laisser ce truc !

Stalker mit son sabot devant sa bouche, réfléchissant.

-Soarin, tu penses que les ExpAir pourraient transporter la bombe ?
-Si on s'y met à plusieurs, possible. Mais t'avais pas dit...
-On prend la bombe, et on la planque dans un endroit connu de nous seuls plus tard. Pas un mot sur l'existence de ce genre d'arme aux autres. Je verrais avec Luna.
-Pourquoi se faire chier à prendre la bombe alors ? Si même les solaires ne vont pas s'en servir...
-J'ai un ami friand de coup de bluff. On va en faire un magnifique aux solaire.

Les autres poneys avaient du mal à suivre. Soudain, le visage de Windvision s'éclaira.

-Pression psychologique !
-Hein ?
-On leur fait croire que nous, on a la bombe. Ils vont flipper comme jamais !
-Exactement, confirma Stalker. Avec toutes les attaques et sabotages en ce moment, ils sont tellement paralysés et paniqués que si la nouvelle de la disparition de la bombe est rendu publique, ils ne s'en sortiront pas avant longtemps.
-Mais, fit Flesh, ils risquent pas de renforcer la sécurité de Canterlot ?
-J'espère, fit Stalker, qu'ils ont deux bits d'intelligence. Ils savent très bien que l'on ne peut rien tenter contre Canterlot. En théorie. Et surtout pas avec une bombe transportée par des pégases.
-Ils sont toujours pas au courant pour les ExpAir ? demanda Soarin.
-Pas que je sache. Pour eux, les seuls pégases à plus de deux mètres du sol sont ceux qui portent un soleil sur leur uniforme.

Il cracha le restant de brin de paille lui restant, et tapa du sabot à terre.

-On a du boulot, alors on s'y met. Les renforts ennemis doivent être en train d'arriver.



Le commandant Far Sight arriva devant le camp en ruine. Les hangars étaient tous éventrés, et il n'y avait pas un poney qui vive à l'intérieur. Comme tous les autres, le camp était totalement réduit à néant. Elle ne savait pas qui était à l'origine de toutes ces attaques, mais deux choses étaient sûres : les Lunaires n'avaient aucun honneur, et étaient diablement efficaces.

La seule chose qui ne fut pas détruite était l'un des derniers entrepôts. À l'intérieur, il y avait un container vide.

Mais aucune traces des agresseurs. Même pas un cadavre.

Rien. Comme d'habitude.

Pas de Cutie Mark, pas trouvé. Mais vous savez à quoi ressemble un oeil d'horus, j'espère...

-Ton tour, Jack.

Black Jack regardait la table. Ils n'étaient plus que trois. Deux des autres joueurs avaient déjà été éliminés. À sa droite se trouvait Mind Illusion, qui le regardait avec un mélange d'espoir et de crainte. Il avait tout misé sur ce pli, et désormais, seules les cartes que tenait la licorne dans ses sabots pouvaient décider de son sort. Sur la table, Un as, un valet, un deux, un autre valet et un autre as.

Et Mind Illusion avait un bon sabot. Un brelan de valet.

Malheureusement pour lui...

-Tu as déjà vu ma Marque ?

Mind Illusion se laissa retombé en hurlant de désespoir, tandis que Black Jack posait ses deux as sur la table. Le poney alla bouder dans un coin.

Ne restait plus qu'un adversaire, et des plus coriaces. La licorne connaissait peu de poneys avec une telle pokerface. Mais après tout, est-ce que Stalker ressentait des émotions telles que la nervosité, ou le stress face à une possible victoire ou défaite ? Ou la guerre lui avait-elle tout enlevé ?

Black Jack chassa ces pensées tandis que le poney pourpre distribuait les cartes. Stalker n'était peu être pas bavard, mais chacune de leurs parties était un plaisir sans nom. Stalker arrivait même à gagner. Enfin, il avait gagné une fois. Leur première partie.

Une fois les cartes distribuée et la rivière au milieu, valet, un as et un deux, ils commencèrent à poser les jetons. La partie avançait. Chacun des deux observait l'autre, guettant le moindre tressaillement. Les trois poneys spectateurs se sentaient comme observant un duel de monstres.

Ayant fini de se lamenter, Mind tourna son attention vers Stalker.

-Au fait, Shadow, t'as fait une mission récemment ?

L'autre le regarda d'un air blasé. Puis il se concentra sur la table.

-Oui.
-Mind, t'es stupide, fit un autre poney, de l'autre côté de la table. Si Stalker est pas ici, il est frocément en mission.

Le sniper se contenta de poser une carte au milieu. Un roi.

-Et toi, Jack, fit-il en s'adressant à la licorne. Tu t'en sors avec les Fantômes ?



« -Jack, tu crois que c'est sûr ?
-Les sentinelles devraient être de l'autre côté de la ville en ce moment.
-Je le sens pas.
-Bouches-toi le nez.

Coffee Crime regarda la licorne d'un air bizarre.

-T'en as déjà fait des meilleures.
-Tu m'as tendu des perches toute la journée. Je suis un peu à sec.
-Tant mieux. Je vais être en paix. On y va ?
-On y va.

Ils foncèrent. Mais, au milieu de la rue, il lui fit signe de se taire. Ils entendaient des bruits de pas.

-« De l'autre côté de la ville » ?
-La ville doit être plus petite que prévue.

Les sentinelles marchaient d'un pas tranquille dans la rue, scrutant négligemment les alentours. Soudain, elles virent les deux poneys. Mais une seconde plus tard, elle s'effondrèrent en se tordant de douleur. Une fois à terre, elle ne bougèrent plus. Une ombre sauta d'un toit, suivie de plusieurs autres. L'une d'entre elle se détacha et se rapprocha des deux poneys.

-Une chance qu'on soit là, patron, dit Mind Illusion. Sinon, qui sait ce qui...
-Une chance ? le coupa Black Jack. Maintenant, on doit se grouiller pour remplir l'objectif, avant que quelqu'un ne s'aperçoive de la disparition de la patrouille. Planque les corps. Les autres, avec moi.

Mind se dirigea d'un pas trainant vers les cadavres, suivit d'un autre poney en cape noire, et ils portèrent les deux sentinelles hors de vue. Pendant ce temps, Jack et les autres se dirigeaient vers un grand bâtiment en pierre. C'était la prison de Manehattan. Jack savait que certains partisans étaient retenus à l'intérieur, mais les unités spéciales de Stalker étaient débordées en ce moment, car Rainbow Dash venait de créer les Falcons. Il fallait faire en sorte que la menace aérienne ne prenne pas d'ampleur, et il n'y avait pas de temps pour les infortunés qui étaient prisonniers.

Heureusement, les Fantômes étaient là. Et aujourd'hui, ils allaient prouver qu'ils étaient utiles à autre chose que les assassinats.

Black Jack se dirigea vers une plaque d’égout adjacente à la prison. Malgré toutes leurs précautions, les solaire n'avaient pas palliés à toutes les éventualités. Par la magie, la licorne souleva la trappe, et ses troupes pénétrèrent dans les boyaux de la cité. Mind Illusion et l'autre poney les rejoignit, puis la licorne entra en refermant derrière lui.

Il marchèrent vers un mur, puis un des Fantômes toqua sur l'obstacle. Bruit plein. Il toqua à un autre endroit. Bruit plein. Au cinquième essai, ils entendirent un bruit creux.

-C'est là, fit-il.

Les poneys empoignèrent leurs fusils. Malgré leur plan, il fallait se préparer à combattre, au cas où un intrus se trouvait à l'endroit où il ne devait pas être. Black Jack se concentra sur l'endroit désigné. Pas question d'utiliser des explosifs, trop bruyants. Il utilisa sa télékinésie pour contrôler une des briques, et força dessus autant qu'il le pouvait. Enfin, après quelques instants de lutte, la pierre céda. Il fit de mêmes avec quelques autres, avec plus de facilités toutefois, et en faisant bien attention de ne pas faire effondrer la paroi.

Quand le trou fut assez large, la bande pénétra à l'intérieur. Comme prévu, ils étaient dans les sous-sols, dans un entrepôt où ils ne croisèrent personnes. Ils se déployèrent, prenant garde à éviter de faire trop de bruit. Ils se regroupèrent à côté de la porte, et Coffee l'ouvrit, visant de l'autre côté. Rien en vue, elle passa, suivie du reste du groupe. Ils avaient atterris dans un long couloir. Ils passèrent sans s'arrêter pour autre chose que vérifier que personne n'était présent. Au bout du couloir se trouvait un escalier qui montait à l'étage supérieur. Ils l'empruntèrent.

A cet étage se trouvait les cellules importantes. Donc, les poneys qu'ils recherchaient étaient par là. Ils avancèrent dans le couloir, et arrivèrent au poste de garde. À côté, une grille interdisait l'accès aux cellules. Le poste de garde comportait une porte donnant sur le couloir où ils étaient, et la grille était juste après un coude. Une grande vitre permettait au garde de contrôler la grille.

Ils se postèrent à côté de la porte du poste. À l'intérieur, ils entendaient de grands bruits sourds, suivis de gémissements. Coffee Crime regarda par la serrure. Longtemps.

-Oh la sal...
-Coffee ! murmura Black.

La soldate se tourna vers son chef.

-Ils peuvent nous voir ?
-Pas dans cette position.

Black Jack acquiesça, et fit signe à l'un de ses hommes d'ouvrir la grille. Pas besoin de tuer plus de personnes que nécessaire. Le poney força la serrure sans être repéré, puis les Fantômes s'engagèrent dans la zone des cellules en prenant garde de rester sous la viter du poste de garde. Sur le point de les suivre, la licorne se retourna pour voir Coffee Crime regardant encore par le trou de la serrure, visiblement intéressée.

-Coffee ! murmura-t-il.
-Attends ! Je connais pas cette position.

Black Jack souffla, et suivit ses hommes. Un grand sourire sur les lèvres, Coffee lui emboita le pas.

Ils déambulèrent parmi les cellules. La plupart étaient vides, d'autres contenaient un locataire endormi. Enfin, ils arrivèrent dans la zone qui les intéressait.

Là se trouvaient trois cellules, avec à l'intérieur trois officiers lunaires. Le poney de tout à l'heure força leurs serrures, les réveillant au passage.

-Mais que...
-Chut, fit Black Jack. On vient vous libérer.

Même endormis, les soldats prisonniers étaient capable de comprendre rapidement. Les Fantômes les équipèrent de pistolets, puis ils se dirigèrent vers la sortie...

...pour se retrouver en face d'un garde faisant sa ronde. Celui-ci resta interdit une seconde, qui lui fut fatale. Tout les Fantômes tirèrent en cœur, leurs silencieux masquant tout bruit. Le corps du garde se déchiqueta, et il tomba à terre dans un bruit de sucions assez écœurant. Le groupe continua sa route, ne croisant personne d'autre. À un moment, ils passèrent devant une cellule dans laquelle se tenait un poney à la crinière en désordre, qui collait sa tête sur les barreaux.

-Alors, dit-il, z'en avez fait quoi de Tête-de-Cul ?

Black Jack se retourna dans la direction d'où ils venaient.

-Le garde ?
-Ouais.
-Il est mort.
-Une tête de cul avec des trous de balles.

Le prisonnier rigola doucement. Puis il leva la tête.

-Pourriez pas me libérer, par hasard ?
-Vous êtes là pour quoi ?

Le poney roula des yeux, puis retourna sur sa couchette.

-Bon, tant pis. Bonne chance, fit-il en secouant négligemment le sabot.

Les Fantômes se remirent en route, passant devant le poste de garde où le vigile continuait de satisfaire sa belle. Coffee regarda la vitre avec envie, mais un regard lourd de reproche de la part de son chef la dissuada de jeter un coup d'oeil.

Pendant qu'ils faisaient le chemin inverse, Black Jack se posait une question : pourquoi le garde n'avait-il pas donné l'alerte en voyant la grille d'entrée ouverte ? Est-ce aussi courant d'oublier de la fermer ?

En même temps, les poneys n'étaient pas connus pour leur criminalité. Et la guerre avait tendance à masquer les incartades de certains.

Ils passèrent par le trou pour retourner dans les égouts, et sortirent dans la rue, non sans que la licorne vérifie que personne ne passait. Ils se hissèrent hors du trou, et disparurent dans la nuit. »



-Je m'en sors, répondit la licorne. Ça me gêne juste que Luna ne me fasse pas plus confiance. Sans parler de Platinum.
-Désolé. J'ai essayé d'arranger le coup, mais tout ce qui a touché de près ou de loin à Twilight est comme contaminé à leur yeux.
-C'était avant le Massacre...
-Je sais.

Le poney sorti une montre de sa veste, regarda ce qui était dessus, puis poussa tout ses jetons.

-Désolé, plus le temps. De toute façon, t'as gagné.

La dernière carte à s'être retournée était un autre roi. Stalker jeta négligemment ses cartes, dévoilant un roi et un as. Ce qui lui faisait un full aux rois par le as.

Le poney sortit. Black Jack jeta un œil à ses cartes. Un 10 et une Dame. Il avait une Quinte Flush Royale de pique.

La licorne sourit. Il avait encore gagné, mais le sniper l'avait encore deviné avant...

-Colonel ?

Crimson Brush se tourna vers celui qui l'avait appelé. Le soldat s'arrêta près de lui, claqua du sabot et lui fit un salut règlementaire. Le colonel lui rendit son salut.

-Nous faisons quoi des prisonniers ?

Crimson Brush regarda les prisonniers. Les souvenirs de la batailles lui revinrent...



« -Sniper sur le toit à drAAARH !

Brush se mit à couvert pendant que le cadavre du soldat solaire tombait au milieu de la rue. Ceux qui le suivaient suivirent son mouvement. Le colonel fit un signe de tête à l'un de ses soldat, et celui-ci arma son fusil à lunette, et fit le tour du bâtiment. Puis il tourna son regard vers deux autres poneys :

-Vous deux, tirez sur sa position pour diversion.

Les deux se regardèrent.

-Mais...
-Exécution !

Les soldats resanglèrent leur casque et armèrent leurs fusils. Puis ils se mirent à découvert et commencèrent à tirer sur la position présumée du sniper. Arrivés au bout de leurs chargeurs, ils commencèrent à recharger. Détonation. L'un d'entre eux tomba à terre. L'autre, tremblant sous le stress, n'arrivait pas à mettre la petite boite en place.

Détonation. Le soldat ferma les yeux. Brush sortit de son abri et regarda vers le toit où se trouvait le sniper. Un corps tomba. En haut du bâtiment, un soldat portant l'uniforme solaire leur fit un signe. Brush eut un sourire en coin. Il se tourna vers le poney près de lui, toujours tremblant.

-Soldat ! Reprenez-vous !

L'autre ouvrit les yeux, surprit d'être en vie, et rechargea son fusil.

-Désolé, colonel. Ça ne se reproduira plus, colonel.
-Il vaut mieux. On continue.

Le colonel se remit en route, suivit par sa colonne. L'armée solaire avait prise d'assaut cette ville il y avait quelques heures. Elle venait d'être prise par les lunaires, mais la colonne commandée par Brush se trouvait heureusement à côté, et ils avaient dévié leur route pour reprendre cette zone. Ils avaient l'avantage d'être nombreux, et frais. Et d'avoir Crimson Brush à leur tête.

A présent, ce n'était plus une bataille, juste une opération de nettoyage. Cependant, il fallait reconnaître que les lunaires savaient s'y prendre, en terme de guerre urbaine. Vestige de leur lâcheté légendaire pendant la Guerre des Souris.

Enfin, quand on disait « vestige »... Aux yeux de Brush, les Lunaires étaient toujours les mêmes planqués attaquant dans le dos de leurs ennemis.

D'ailleurs, en parlant de ça...

Crimson se retourna et aperçu ce qui avait produit l'ombre devant lui : une unité ennemie se regroupait sur un toit, et s'apprêtait à leur tirer dessus. Crimson hurla un ordre, et les solaires se déployèrent pour faire face à la menace. Les lunaires ouvrirent le feu, tuant trois soldats trop lents. Les solaires répondirent et les corps commencèrent à chuter. Crimson se tourna vers un de ses soldat affublé d'une arme plus grosse, doté d'un énorme barillet et d'un canon d'un diamètre extravagant. Ils avaient reçu pour mission de tester les nouveaux lance-grenades. Il fit un signe au soldat, et hurla aux autre :

-Tir de couverture !

Les solaires redoublèrent les tirs, pendant que le préposé au lance-grenade se mettait en position et ajustait son tir. Il appuya sur la gâchette, et le projectile partit en zigzaguant. Il frappa le mur juste en dessous des lunaires. Il visa de nouveau, mais il était désormais pris pour cible par les ennemis embusqués, et à côté de lui, des projections de poussières témoignaient des tirs. Il appuya de nouveau sur la gâchette, et le projectile suivit une trajectoire plus ou moins courbe, pour frapper le toit. Les corps ennemis volèrent, à la fois dans les airs et en éclats.

Une fois de plus, Brush fut satisfait. Tout se déroulait très bien. Parfaitement bien.

Ils continuèrent de remonter la rue. Ils arrivèrent à un croisement, et le monde explosa.

Crimson Brush ouvrit les yeux. Ses oreilles sifflaient. Sa vue était trouble, noire. Tout tournait. Il tenta de se relever, mais il perdit l'équilibre et retomba à terre. Il cligna des yeux plusieurs fois et sa vue commença à reprendre forme. Il vit des soldats à côté de lui, tirant sur une cible hors de son champ de vision. Mais les bruits lui parvenaient toujours étouffés. Soudain, il se sentit tiré par une patte, et le sol défila sous lui. Celui qui le tirait s'arrêta quand il fut à l'abri. Brush secoua sa tête. Ses sens lui revenaient progressivement. Enfin, quand il fut complètement opérationnel, il jeta un coup d'oeil par dessus son couvert.

Un tank. Il n'avait pas prévu cela.

Autours du tank venaient une dizaine de soldats lunaires, qui faisaient feu sur lui et ses soldats. Brush arma son pistolet et fit feu. Un soldat ennemi succomba à ses tirs. La culasse de son pistolet se bloqua en arrière, et il se rejeta à couvert pour recharger. Il en profita pour regarder son sauveur. Il s'agissait de celui qu'il avait envoyé risquer sa vie pour fournir une couverture au sniper.

Pas rancunier. Brush arriverait peu-être à en faire quelque chose.

Une rafale mit fin à cette pensée, tandis que le soldat basculait en arrière, suivit d'un filet de sang. Il tomba à terre et ne se releva pas.

Tant pis.

Crimson Brush hurla pour couvrir les bruits du combat :

-Est-ce que quelqu'un a appelé des renforts ?
-Oui monsieur ! répondit un de ses hommes. Une unité anti-char arrive dans cinq minutes sur notre position !

Encore fallait-il survivre cinq minutes. Le char ennemi fit tourner son canon principal, et Brush se jeta à terre juste avant le tir.

En face de lui, une immense gerbe de terre se souleva, accompagné du râle des mourants. Une patte sectionnée tomba juste en face du colonel. Dedans était un fusil d'assaut. Le colonel prit le fusil, se débarrassa de la patte, et fit feu sur les troupes ennemies. Deux autres soldats de la Lune tombèrent sous le feu de ses balles, tandis que les autres se mettaient à couvert. D'un coup d'oeil, le poney analysa combien de poneys il lui restait.

Six. Ils étaient cinquante à le suivre au moment où ils avaient pénétré la ville. Le char avait fait du dégât.

Combien de temps leur restait-il à tenir ? Il ne le savait pas , et n'allait pas s'amuser à compter. Il vida son chargeur sur le reste des ennemis, et se mit à courir en quête d'un autre couvert. Et d'un autre chargeur, au passage. Il s'arrêta un instant et s'accroupit pour prendre un chargeur sur le corps d'un de ses soldat avec les dents, puis se remit à galoper. Derrière lui, il entendit le bruit d'une explosion, et le souffle le jeta à terre. Le char avait tenté de l'aligner. Le colonel secoua une nouvelle fois sa tête pour chasser les étoiles de ses yeux, et rechargea son arme. Puis il sortit de son couvert.

Le canon du tank était pointé sur lui.

Une trainée de fumée partit de sa gauche et se dirigea vers le char. Il l'atteignit à l'articulation entre le canon et la tourelle, et le tank explosa. Crimson Brush tourna son regard vers d'où venait le tir. Une escouade solaire sortait d'une rue, accompagné par un soldat portant un lance-missile. Le reste des lunaires furent surpris de la perte de leur véhicule, et les solaires les massacrèrent avant qu'ils ne puissent tenter une quelconque riposte. Une fois le passage dégagé, le colonel se dirigea vers les nouveaux arrivants.

-Qui commande ?
-Moi, fit une licorne. Sergent Punch Caramel, à vos ordres, mon colonel.
-A présent, votre unité est sous mon commandement. En avant.

Ils continuèrent à écumer les rues, tombant sur des poches de résistances lunaires vites maitrisées. Ils ne rencontrèrent aucun autre véhicule ennemi. Les lunaires reculaient petit à petit, perdaient du terrain quartier par quartier.

Finalement, après quelques heures de batailles intenses, les derniers lunaires, encerclés, avaient dressé le drapeau blanc, et s'étaient rendus. »



-Qui est le commandant ?
-Le plus haut gradé est... un lieutenant-colonel, du nom de Shift Colours.
-Bien. Faites-le prisonnier, nous l'amenons avec nous.
-Et les autres, mon colonel ?

Le colonel marcha tranquillement vers sa tente.

-Quels autres ?

-Célestia nous mène vers le Jour de la Victoire !

Les soldats en rangs ne bougeaient pas un muscle.

-Célestia nous apporte la Lumière !

Ils regardaient le poney faire les cents pas devant eux.

-L'Empire nous guide vers un Futur plus lumineux !

Au dehors, ils entendaient des bruits sourds.

-Soldats ! Aujourd'hui, les Apporteurs de Ténèbres viennent une fois de plus voiler la Lumière de Célestia !

Les soldats déglutirent. Ils n'aimaient pas ce genre de discours.

-Ils viennent détruire nos villes ! Piller nos fermes ! Prendre nos femmes !

« Faut pas exagérer » pensa un soldat. Malheureusement pour lui, son regard trahi ses pensées. Une détonation fusa. Le soldat tomba à terre, le crâne percé d'un énorme trou.

-Il n'y a pas la place pour le doute ! Il n'y a pas la place pour la pitié ! Il n'y a pas la place pour l'amour ou la tolérance ! Il n'y a que nous, qui défendons notre patrie !

Aucun soldat n'osa seulement penser que leur position n'était pas si capitale. Un nouveau bruit sourd venu de l'extérieur se fit entendre, et de la poussière tomba du plafond.

-Aujourd'hui, soldats, nous tiendrons ! Nous vaincrons, car nous ne pourrons même pas revenir vers Célestia sous forme de cadavres vaincus ! Soldats ! A vos postes !

Les soldats quittèrent la pièce au galop, cachant leur soulagement aux yeux de celui qui les avait harangué tout ce temps.

Sterling Vision replaça ses lunettes. Au-dehors, il entendait les hurlements d'encouragement de ses soldats, les bruit de chute de mortier. L'assaut lunaire serait pour bientôt. Il arma son pistolet. En baissant les yeux, il vit le cadavre à ses pieds. Il avait clairement eu l'air de se désintéresser de son discours. Il fallait que ces larves apprennent à lui obéir. Sous son commandement, c'était la victoire ou la mort. Et il fallait mieux pour eux que la mort vienne des balles ennemis, plutôt que de la bouche de son arme.

Il sortit de la pièce. Il se trouvait au premier étage d'un immeuble en ruine. Depuis une demi-heure, les lunaires bombardaient le bâtiment, pour que les solaires finissent par craquer et s'enfuient. Mais ils n'avaient pas prévu une chose : un poney à la robe brûlée, à la corne brisée et aux yeux troubles, mais à la détermination farouche. La Licorne du Soleil Sterling Vision !

La licorne promena son regard vers ses troupes qui se cachaient derrière les bords du bâtiment, sous les fenêtre dont le verre était réduit en poussière depuis longtemps. Depuis des jours, les solaires tenaient ce bâtiment envers et contre tout, empêchant l'avancé des ennemis. Une épine dans le flanc de Luna, la Traitresse. Sterling espérait que cette épine lui arracherait son croissant de lune lui servant de Marque.

Soudain, le bombardement cessa. Il y eut un instant de flottement, pendant lequel tout les solaires vérifiaient leurs armes. Puis ils entendirent un hurlement, doté d'une centaine de voix, venir de l'extérieur. Les soldats solaires sortirent hors de leur abris, et commencèrent à ouvrir le feu. À peine une seconde après, des éclats de balles parvenaient à l'intérieur de leur abris, forçant certain à se remettre à couvert. Un soldat se propulsa en arrière, son front suivi d'un flot de sang. Il s'écroula à terre, mort.

Sterlin regarda le cadavre avec dédain, et hurla :

-Les lâches seront exécutés pour manquement au devoir !

Il pouvait presque sentir les soldats penser « on avait deviné », mais il laissa passer. Pour le moment, il avait besoin d'hommes. Les solaires continuaient de tirer sur les ennemis invisibles à Sterling, certains se baissaient régulièrement pour recharger, d'autres se couchaient à terre pour ne plus jamais se relever, une blessure béante dans le flanc. Sterling s'approcha prudemment des fenêtre. Il ne voyait pas grand-chose en contrebas, et concentra sa magie devant ses yeux. L'image se fit plus nette, et il voyait désormais les ennemis traverser au galop la place devant l'immeuble. Soudain, un poney lui sauta dessus :
-Attention !

Ils tombèrent à terre juste au moment où de gros projectiles lumineux passaient, et explosaient le plafond aux endroits où il entrait en contact avec lui. Les licornes lourdes des lunaires étaient passée à l'action. A côté de lui, Sterling vit ses soldats se mettre à couvert pour éviter le tir de suppression.

Il en aurait pas juré, mais il lui semblait que celui qui était juste à côté de lui jetait un regard haineux à son sauveur. Qui était toujours sur lui, d'ailleurs. Le jeune poney se laissa glisser à côté de la licorne. Il devait être un nouveau. Sterling le remercia d'un mouvement de tête, et se releva en restant à couvert. Aucun solaire ne se risquait à sortir la tête, et les trous des fenêtre étaient continuellement illuminés de tirs. Sterling hurla pour couvrir le vacarme :
-Tout le monde à l'étage inférieur ! Nous les combattrons au corps à corps.
-Mais...

Détonation. Les autres poneys se précipitèrent vers la cage d'escalier. Sterling pouvait voir la lumière dégagée par les fusils qui tiraient, probablement sur des ennemis qui montaient. Il entendit l'explosion d'une grenade, et les soldats solaires descendirent.

Sterling les suivit. Toujours dans la cage, il entendait les bruits des combats, les hurlements barbares des soldats, les tirs à bout portant, les impacts de balle. Il sentit une présence derrière lui. Il s'agissait du jeune poney. Celui-ci tenait son arme en tremblant.

-Aurais-tu peur, jeune soldat ?
-O-O-Oui, monsieurs.

Sterling souleva ses lunettes, et le regarda de son regard blanchi par le feu, froid, cruel, sans pitié. Cette vue était terrible.

-Si tu as peur, tu es inutile.

Il remit ses lunettes, et vérifia le chargeur de son pistolet. Mais avant qu'il ne puisse entrer dans la bataille, le jeune l'avait dépassé en hurlant et en tirant. Sterling entendit une explosion, et ressentit le souffle chaud. Un corps passa en volant devant lui et s'écrasa contre le mur de la cage. C'était le soldat.

Sterling haussa les épaules, et chargea. À ce niveau, les combats faisaient rage au corps à corps. Les coups de sabots pleuvaient, les visages étaient écrasés, les os brisés. Certains tiraient une rafale à bout portant, d'autres avaient un couteau entre les dents et s'en servait pour crever les yeux de leurs ennemis. Sterling plongea dans la mêlée, faisant feu de son arme sur le moindre insigne en croissant de lune qu'il voyait. Les lunaires devaient être exterminés.

La combat dura longtemps, plusieurs heures. Chaque ennemi vaincu se voyait remplacé par un autre, plus frais. Mais aucun solaire ne s'avouait vaincu avant de tomber à terre, raide mort. Pas par courage, mais par peur de mourir. Combattre, c'était se donner une chance de survivre. Fuir, c'était être assuré de mourir une balle dans le dos. Une balle de Sterling.

Sterling ne faisait pas parti des derniers à combattre. Son couteau tranchait des gorges tandis que son pistolet claquait et envoyait des volées mortelles. De plus, sa corne qui brillait lui donnait un air d'autant plus féroce, renforcé par son allure brûlé et maladive. Sa magie ne lui servait guère qu'à être sûr de voir ses cibles et éviter d'être touché par des balles perdues, mais les ennemis parvenaient à se rendre compte rapidement qu'il faisait parti des Licornes qu'ils craignaient. Et Sterling profitait de cette terreur pour pousser son avantage.

Finalement, les solaires finirent par vider l'étage des ennemis, et se regroupèrent aux fenêtre pour abattre les fuyards. Les plus précis alignaient les licornes lourdes en retrait, qui ne pouvaient pas tirer sous peine de toucher leurs propre troupes. Certains lunaires s'arrêtaient pour se mettre à couvert et riposter, mais l'élan de la charge était brisé. Encore une demi-heure, et les combats finirent. Les solaires tombèrent presque tous en même temps, essoufflés, tremblants, mais vainqueurs. Et en vie. Sterling s'autorisa même un sourire en coin.

-Regroupement au deuxième étage dans deux minutes.

Il monta sous les yeux ébahis de ses troupes. Deux minutes ? C'était énorme !

Sterling regarda la place, le temps que ses soldats montent. Elle était couverte de cadavres de lunaires. Sterling explosait de joie à l'intérieur. Célestia serait fière de lui. Derrière lui, les solaires s'alignaient. Ils n'étaient plus très nombreux, moins de la moitié des troupes avant la bataille avait survécu.

-Félicitations, soldats. Aujourd'hui, vous avez remporté une grande victoire au nom de Célestia. Mettez en place les tours de garde, et reposez-vous, vous l'avez mérité.

L'un d'entre eux semblait hésitant.

-Pardonnez-moi, Maitre Sterling Vision, mais est-ce qu'il ne serait pas temps de rallier un camp allié pendant que les ennemis se remettent de leur défaite ? Ainsi, nous pourrions profiter de notre avantage, plutôt que tenir cette position en attendant d'hypothétiques renforts.

Sterling regarda le soldat droit dans les yeux. Celui-ci déglutit, s'insultant sûrement mentalement d'avoir ouvert la bouche.

-Nous attendrons les renforts le temps qu'il faudra. Célestia n'abandonne jamais ses fidèles serviteurs. Et nous tiendrons cette position, nous infligerons d'autres défaites à l'ennemi, pour permettre à nos glorieuses force de faire une percée. Nous ne reculerons pas.

D'un seul geste, il sortit son pistolet et tira dans le front de l'infortuné soldat.

-Est-ce clair ? demanda-t-il aux autres.

C'était clair. Trop clair.

Il respirait l'air frai. Enfin, frai... Des relents de cadavres, de fumée, de gaz, de sueur et de sang l'assaillirent. L'atmosphère dans les tranchées n'était pas idéale pour une cure. Néanmoins, il respirait cet air avec plaisir. Ça sentait la fin de l'enfer. La fin du massacre. La fin de la guerre des tranchées.

De l'autre côté du no pony's land, il entendait les cris étouffés des ennemis. Les gazs, introduits il y avait quelques semaines par Luna, avaient fait des ravages chez les solaires avant qu'ils ne puissent réagir. Et aujourd'hui, c'était la dernière. La dernière tranchée aux mains des Solaires.

Après, fini de se terrer dans des couloirs exigus, attendant la mort dans son trou, les charges dont le manichéisme n'incluait que deux issues : la réussite, ou le massacre. Même si, dans les deux cas, c'était le massacre de toute façon. C'était la fin d'une ère, et Rengoxx était content d'en faire parti. Son fusil ajusté, serré dans ses sabots, il était prêt à mettre fin à tout ça.

De toutes façons, c'est pas comme si il allait avoir le choix. Déjà, l'adrénaline commençait à lui embrumer le cerveau. Il savait que dès qu'il aurait son museau hors de l'abri, il ne se contrôlerait plus. Tant pis pour l'ennemi. Il n'avait qu'à ne pas être en face.

Un coup de sifflet retentit, et Rengoxx mit son masque à gaz. L'avantage de cette méthode, c'est quelle vidait de façon assez phénoménale les positions ennemies. L'inconvénient, c'est que pour ne pas subir les mêmes effets, il fallait revêtir ce truc qui bloquait la vision, faisait suer, se couvrait de buée, empêchait de respirer.

Bref, une horreur. Malheureusement, le masque était indispensable tant que l'on avait pas prouvé que les solaires avaient une constitution différente des lunaires. Ce qui était loin d'être le cas.

La tension montait. Un léger tremblement d'excitation agitait la patte de Rengoxx tandis que le goût du sang se répandait dans sa bouche. La transition entre ses périodes de latences et les accès de violences qui le caractérisaient sur le terrain avaient tendance à l'inquiéter un peu, surtout qu'il en avait parfaitement conscience. Mais ça l'arrangeait. Et ça lui avait sauvé la vie plusieurs fois. Par contre, pour les autres, il y avait ceux qui s'amusaient de ça, et se moquaient de lui en le mimant à la bataille dans les bistros, et les autres, qui le regardaient sans cesse d'un air inquiet.

La fin des bruits de chute de mortier le sortirent de ses pensées. Sa prise resserrée, les jambes prêtes à se détendre, l'oeil vif malgré le masque qui lui obstruait la vue, il était prêt.

Coup de sifflet, et deux cents poneys hurlèrent leur cri de guerre en se jetant hors des tranchées.

Rengoxx hurlait sa rage tandis qu'il galopait à travers champ. En face de lui, le nuage jaune l'empêchait de voir ce qui se tramait parmi les lignes ennemies. Ce qui ne l'empêcha pas de foncer à travers le nuage.

Désormais, il ne voyait plus à dix mètres. Il ralentit, se mit à marcher. Autours de lui, les cris s'atténuaient, pour verser dans un silence oppressant. L'arme au sabot, Rengoxx avançait doucement. Il fallait faire particulièrement attentions aux gens qu'il allait croiser, car il ne pouvait pas identifier un ennemi d'un allié avant de l'avoir sous le museau. Cependant, la plupart des ennemis devaient être à terre, se tordant de douleur et crachant des flots de sang.

Enfin, il atteignit la tranchée. Il vérifia qu'aucun poney n'était présent en bas, et sauta. Il se tourna rapidement de tout les côtés, visant des endroits où pouvaient surgir les solaires. Il jeta un coup d'oeil à ses pieds. Il y avait là quelques cadavres baveux de soldats en uniforme arborant le soleil. Soudain, l'un d'entre eux se mit à tousser. Son œil se posa sur Rengoxx, complètement affolé. Une de ses pattes trembla, puis se souleva en direction du poney. Celui-ci renifla, pointa son arme, et acheva le malheureux d'une balle dans la tête.

Cette ambiance ressemblait à un livre de poneys zombies. La visibilité réduite, le silence à peine entrecoupé de quelques éclats de tirs dans le lointain, les morts qui ne l'était pas vraiment...

Un frisson parcouru l'échine de Rengoxx. Heureusement que c'était enfin fini.

Il continua sa route, le masque toujours sur la tête. Une ombre apparu en face de lui, sur ses quatre pattes. Rengoxx s'arrêta, et l'ombre fit de même. Le poney sortit un petit cliquet, et fit quelques bruits avec, et attendit. Le même son se fit entendre d'en face. L'ombre s'approcha, révélant un autre soldat de l'armée lunaire, suivit de deux compagnons.

-Z'avez trouvé quelques chose euh... Caporal ?
-Pas un poney de vivant. Et vous ?
-Certains ont eu la bonne idée de se mettre des mouchoirs devant la bouche. Mais ça les a pas sauvé longtemps. Et de toute façon, ils sont morts, maintenant.
-Bien.
-Au fait, caporal. Vérifiez bien dans tout les trous d'habitation. Les chefs ne veulent pas un solaire dans notre dos quand on aura finit.
-Bien reçu.

Alors que le poney, suivit de ses soldats, s'en allait, Rengoxx nota le grade de son interlocuteur. Un sergent. Donc, il lui fallait obéir aux ordres et fouiller les myriades de trous qui servaient d'habitations aux soldats. Il s'approcha de la plus proche, et nota une croix dessinée à la craie sur l'encadrement de la porte. Un petit coup d'oeil à l'intérieur lui indiqua que la pièce avait déjà été inspectée. Il fouilla dans sa poche. La craie faisait parti de l'équipement standard du soldat, de part sa capacité à servir en toute circonstance. Il fallait juste bien la conserver.

Il mit une vingtaine de minutes à trouver une habitation non préalablement fouillée. Entre-temps, il n'avait croisé que des cadavres tordus dans des positions improbables, et avait rencontré quelques alliés. Tous avaient la même information : tout les ennemis étaient morts.

Ceci avait quelque chose d'étrange. D'habitude, même après une attaque au gaz, il restait une force assez conséquente aux ennemis, et opposaient une résistance aussi farouche que désespérée. Mais là, rien. Pas un survivant. Et le nombre de cadavres était extrêmement réduit.

Est-ce que pas hasard ? Non, ça ne devait pas être ça...

Fusil pointé, Rengoxx pénétra le trou dans le mur de la tranchée. À l'intérieur, le gaz avait assez peu pénétré, pourtant, aucun ennemi ne semblait s'y être réfugié. Il fouilla le peu de pièce -deux- mais ne trouva rien. Pas âme qui vive.

Soudain, il entendit un grincement. Il entendit sa respiration s'accélérer dans son masque. Fusil en avant, il se dirigea lentement vers l'armoire contre le mur. Une fois tout près, il bloqua sa respiration, et approcha son sabot de la poignée. Puis il ouvrit la porte à la volée. Un coup de feu partit, l'atteignant à l'épaule et le rejettant en arrière. Par réflexe, par anxiété et par rage de s'être fait avoir aussi bêtement, il vida son chargeur sur ce qui se trouvait dans le placard. Enfin, son arme émit les cliquetis caractéristiques de l'absence de balle. Toujours à terre, Rengoxx leva les yeux vers son agresseur. Le corps était ouvert au niveau de la poitrine, dû à la rafale qui lui avait arraché tout restant de chair à cet endroit. Sa mâchoire pendait mollement, ses yeux étaient révulsé. Mais le pire de cette vision, c'était l'âge du poney. Il s'agissait d'une jeune licorne à peine sortit de l'adolescence. Rengoxx secoua la tête. L'atmosphère horrifique lui tapait sur les nerfs. Ce n'était pas ça, la guerre ! Son regard se posa sur le cadavre. Rengoxx tenta de penser à quelque chose de philosophique, puis décida que ce n'était pas le moment. Il sortit.

Au bout d'une heure, il fallait se rendre à l'évidence : tout les solaires étaient morts, ou les survivants avaient fuis. La dernière bataille, le dernier assaut issue de longues années de guerre dans les tranchées, s'était terminée sans combattre. Ils avaient gagné sans bouger de leurs positions. La dernière tranchée ennemie était vide.

Les lunaires mirent plusieurs minutes, après être retourné à leur camp, de ce que cela impliquait : ils avaient gagné. Ils avaient vaincu sur le front des tranchées. Désormais, plus aucun obstacle capable de les embourber ne se dressait sur leur chemin. Il y aurait certes encore des combats, mais plus de vaines guerre de position, plus de boucherie chevaline, plus d'abattoir. Rien que des combats clairs, rapides et brutaux.

Une nouvelle ère commençait.

Mais Rengoxx se sentait, quelque part au fond de lui, un peu frustré. Il n'avait pas pu assouvir sa soif de sang, et même s'il était redevenu le poney apprenti pâtissier d'auparavant, son envie de vengeance se retrouvait le museau dans l'eau.

Mais il se consola en se disant que d'autres batailles viendrait. En attendant de pouvoir atteindre la Princesse Folle, Célestia.

Et d'avoir sa vengeance.

« Chère Light Spark,

Salut soeurette ! Tu vas bien ? Désolé de ne pas avoir écrit le mois dernier, mais j'étais en pleine mission, et elle a duré assez longtemps. Enfin, au moins, j'ai plus de chose à te raconter cette fois. J'espère que c'est toujours aussi tranquille par chez toi. Heureusement, le front se déplace assez loin de ta ville, tu devrais être en sécurité. Tes locataires ne te font pas trop de misères d'avoir un frère qui combat pour les lunaires ?
D'ailleurs, à ce propos, j'espère aussi que tu n'as pas d'ennuis avec les autorités solaires. On se débrouille pour que ces lettres ne passent pas par le contrôle. Les solaires sont très chatouilleux sur le fait que des gens sur leur territoire communiquent avec l'ennemi. Et ils ne savent pas forcément que tu es neutre. D'autant plus que je prend quelques risques. Luna n'aime pas trop que je te raconte les détails des missions auxquelles je participe. Surtout en ce moment.
Mais bon, vu que tu réponds (parfois), je supposes que tu n'as pas de problèmes.

A propos d'informations capitales que je ne dois pas divulguer... Je ne dois normalement en parler à personne en dehors de l'armée, même le commandant voulait que j'évite de le dire, mais Windvision a plaidé en ma faveur, et il a fini par craquer. Donc, ce qui suit ne doit JAMAIS être dit à personne. Mais je voulais absolument le partager avec toi. Donc, motus.

Voilà : je fait à présent parti d'un corps de commando d'élite, qui regroupe les meilleurs soldats de l'armée. Le mission à laquelle j'ai participé le mois dernier visait à tester les capacités d'une telle unité. Et j'ai été choisit pour en faire parti ! C'est un grand honneur. J'espère que tu es fière de ton frère. Ils m'ont prit pour mes compétences de tireur d'élite. L'arme que j'utilise n'est pas connue pour sa précision, mais je m'en sort assez bien.

Je n'ai pas une Marque de sa forme pour rien.

D'ailleurs, j'essaie toujours de tuer mes cibles en une balle. Je n'aime pas gâcher mes munitions. Recharger est une telle perte de temps et d'énergie...

… Désolé, je me suis un peu emballé. Tu ne dois peut-être pas aimer que je parle de tuer avec autant de facilité. Mais désormais, ma vie se résume à ça. Partir en mission, détruire, tuer, revenir. Et dormir quand on est pas en mission. Mais je me dit qu'au moins, ces actions sauvent des vies. Quand je tue quelqu'un, il ne peut plus s'en prendre à mes coéquipiers. Lors de la dernière mission, nous nous sommes fait attaqué alors qu'on venait de rentrer dans le territoire lunaire. On a perdu Swing Flute et Merry Weather. Heureusement, Windvision avait repéré les soldats, et le commandant était prêt à les réceptionner. Mais ça m'a fait mal au cœur. Ce sont mes amis.

Enfin bref, je ne vais pas te saouler avec mes histoires de conscience. J'ai toujours la veste et les lunettes que vous m'aviez offert. Par contre, j'ai dû demander à Dame Rarity de m'agrandir la veste, et j'ai du faire agrandir les lunettes. Ah... mais ça, tu le savais déjà. Désolé, j'ai tendance à un peu raconter les mêmes choses. Mais comme je ne peux pas raconter ce que je fait en détail, parce que les autres ont peur que les lettres soient lues par les mauvaises personnes et parce que mes exploits sanglants ne t'intéressent sûrement pas.

Par rapport à ta dernière lettre : non, j'ai toujours pas perdu l'habitude de parler pendant que je tire. Ça énerve un peu mes camarades de m'entendre parler à chaque tir, surtout qu'ils savent que ça veut dire que j'ai encore une cible à mon actif.
J'espère que tes cauchemars ont stoppés. J'aimerais être avec toi pour en parler, mais je suis un peu coincé en ce moment. Mais je m'inquiète pour toi. Ça fait presque treize ans que ça c'est passé et tu recommence à voir ce qui s'est passé à Ponyville. Et non, ce n'est pas un mauvais présage, je t'assure. Parles-en à une de tes amies. S'il te plait.

De mon côté, je ne fait pas vraiment de cauchemars. Enfin, pour être exact, je vois régulièrement mes victimes apparaître dans mes rêves. Mais on ne parle plus de cauchemars. C'est le lot de tout soldat ayant un minimum de conscience. On s'y habitue, il ne faut pas se laisser abattre par quelques visions morbides. Mais dans ton cas, ce n'est pas normal. Pas après treize ans. Tu t'inquiètes trop, Light. J'espère sincèrement pouvoir venir te voir prochainement. Même s'il faut faire avancer la ligne de front pour que ta ville se trouve dans le territoire lunaire, ou même s'il faut que je vienne clandestinement en plein territoire solaire. Je m'en fiche. Tu me manques, et je m'inquiète.

Bon. Sinon, le commandant prépare un truc énorme pour les prochaines semaines. Je ne sais pas exactement de quoi il s'agit, mais il y a comme une tension dans les camps lunaires. Quelque chose approche. J'espère que c'est bientôt la fin de la guerre. Je veux te revoir.

Tu me manques énormément.

Ton frère,

Night Shine. »

Dix bonnes minutes…

Dix bonnes minutes qu’un groupe de poneys attendait sur le toit de ce bâtiment, sous la pluie torrentielle qui s’abattait, ce soir là, sur une petite ville au naturel si paisible.

Ce bâtiment n’était pas n’importe quel bâtiment, c’était une véritable forteresse solariene. Deux épais murs d’enceinte, une cinquantaine de gardes armés, avec autorisation de tir à vue, 4 étages, en comptant le sous sol, de 200 mètres carrées chacun, des fenêtres blindées amenant de la lumière naturelle, sans exposer aux tirs. Inviolable. En théorie. Les solaires ne pensaient cependant pas à toute les éventualités. Son toit était plat et carré et servait aussi de piste d’atterrissage pour le réapprovisionnement par pégase, c’était là son seul point faible. Et quatre poneys étaient dessus, en attente.

Des poneys, certes, mais pas n’importe lesquels. Deux licornes et deux terrestres, armés chacun d’armes inédites à ce jour, toutes d’une manufacture exceptionnelle. On reconnaissait cependant facilement un fusil à pompe d’un fusil automatique, même si leur design était plus qu’inhabituel. Mais à armes d’exception, poneys d’exception, et eux, n’était pas censés être encore vivants.

On les appelait les « traitres », les « Ombres » ou encore, le plus souvent, les « fantômes », nom qu’ils finirent par adopter. Tous les livres d’histoire diront qu’ils sont morts. Tous les rapports de combats diront que jamais ils n’ont combattus ensembles. Cependant, pour le bien d’une cause aussi obscure que ce soir éternel qui régnait sur Equestria, ils étaient sur le toit de cette forteresse, en son milieu.

« Il en met du temps… »

La licorne bleu nuit venait de parler. Sous son épais manteau imperméable, se cachait sa crinière, d’un bleu beaucoup plus clair que celui de sa fourrure, ainsi que son arme et son gilet pare-balles. Frostbite détestait porter une armure lourde, bien qu’elle sache que ça pouvait jouer sur sa survie, c’était son choix. Les lunaires préféraient minimiser les pertes, ça se comprenait, mais elle ne l’entendait pas de cette oreille.

« Du calme… » Dit le jeune terrestre rouge en armure noire. « Il doit encore être en train d’engueuler Bain, une fois de plus… »

Elle, c’était Coffee Crime, la plus jeune du groupe, mais aussi la plus expérimentée. Elle connaissait depuis bien plus longtemps les situations impossibles, ayant fait partie des Night-Ops. Elle avait forgée son caractère grâce à ce « Stage ». Mais elle avait commis une erreur, un jour, elle l’avait laissé « quelqu’un » en vie. Après ça, elle fut souvent amenée au cœur des batailles les plus sanglantes. Elle avait eu tout son temps pour parfaire sa maitrise du vivant, devenant un médecin émérite que n’importe quel poney blessé rêverait croisé un jour. C’est grâce à ses talents de débrouillardise et d’improvisation qu’elle avait rejoint les Fantômes, en manque d’un soigneur et d’un tireur réactif et compétant.

« Espérons qu’il le laisse en vie, je n’ai pas envie que Luna vienne souffler dans nos bronches avec son petit matheux. Déjà que la dernière fois, c’est tout juste si il avait su contenir sa vessie et elle nous avait passé un sacré savon. »

Sortant de sa méditation, Apple Red venait de répondre. La licorne aux cheveux rouges ébouriffés et à la robe jaune vérifiait une fois de plus le nouveau système d’armement qu’elle venait de mettre au point. C’était elle qui les concevait, cependant, elle avait toujours des doutes sur ce qu’elle faisait, et refusait à quiconque de les essayer avant elle, en situation réelle. Tout ce qu’elle y avait à savoir sur elle, c’est qu’elle était cousine d’AppleJack, et qu’elle avait été assez folle pour attaquer de front, en solo, les membres de l’armée de la grande Celestia, massacrant à elle seule une centaine de soldat. Elle s’en tira de justesse et jura qu’elle reviendrait, et que ce n’était « qu’un coup de semonce ».

« Faut la comprendre » dit alors le terrestre gris à la crinière verte pomme, couvert d’un casque noir à la visière fumée, portant une armure complète aussi protectrice que discrète. « C’est le seul à pouvoir craquer les codes de sécurité de Celestia. Il est précieux pour elle. Je me demande juste pourquoi il a voulu travailler avec nous… C’est quoi déjà son vrai nom ?

- Commence déjà par nous dire le tien, Painless… » Cingla Frostbite, que le froid rendait agressive

Painless… Aussi appelé le poney sans nom. Il avait hérité de ce surnom après avoir reçu une dose excessive de Booster, lors d’une bataille. Plus personne n’avait besoin d’un poney amnésique insensible à la douleur, hémophile et partiellement fou. Personne, excepté un groupe de parias en manque d’un expert en explosifs, et lui, était le meilleur dans la matière.

- Chut… Il arrive. »

Une faille spatiale s’ouvrit dans un éclat magique, que le grondement de l’orage de ce soir là couvrit, laissant apparaitre la forme de l’étalon noir à la crinière orange et blanche. Il s’étira un peu puis commença à parler.

« Ok, déjà, désolé d’être en retard, mais Bain est un idiot et…

- On le sait déjà, Jack. Tu nous le dis à chaque fois… » Coupa Apple Red

Son expression devint plus dure. Il détestait devoir se battre, les effusions de sang, les assassinats qui constituaient une grande partie de ses missions, et se lever le matin et voir que le monde, dans lequel il vivait la veille et l’avant-veille, n’était pas un rêve. Mais ce qu’il détestait par-dessus tout, c’est la façon dont la princesse folle manipule ses anciens amis, presque déjà tous morts, les poussant à ce battre pour une cause qui ne les concernent même pas. C’est pour ça qu’il se lève, c’est pour ça qu’il se bat. Par vengeance.

Ce soir là, il allait frapper fort. Il allait prouver à Celestia qu’aucune de ses défenses ne l’arrêterait. Rien ne pouvait le stopper. Même sa propre mort, créée de toute pièce. Attaquer une forteresse au milieu d’un territoire ennemi pouvait ressembler à un acte suicidaire, mais pas quand l’un des plus grands stratèges lunaire, Shadow Stalker, demande ça au « Fantôme » en personne.

- Bon, je rappelle le plan. Le but est d’entrer dans le coffre blindé, au sous sol, à coté de l’armurerie. Bain a craqué les codes et nous les a donnés. Le gros changement de plan, c’est qu’il supervisera, à distance. Donc pour cette fois, nous serons observés.

- Si quelqu’un nous parle, on sera beaucoup moins concentrés, donc plus facilement repérables… Sauf ton respect. » Ajouta Apple Red.

- Va faire comprendre ça à notre souveraine adorée… Elle me teste, et nous sommes enregistrés à partir de… Maintenant. »

A ce moment là, les oreillettes de communications télépathiques se mirent en marche pour chacun des participants au casse. Une voix sombre et trébuchante se fit entendre.

« Ok, ça marche ce truc ? Bon, vous m’entendez ?

-Trop bien » répondit Frostbite, sur un ton… Glacial

- Jack à du vous parler du… Changement ?

- Les lunaires font ça souvent, de saboter leur propres opérations ? Ça expliquerait leur inefficacité légendaire… » Dit-elle en regardant Coffee d’un œil supérieur.

- Concentre-toi sur la mission, Frost… » Calma le poney noir en posant son sabot sur son épaule. « Et si tu veux revenir chez les solaires, pas de problèmes. Je t’amène même chez Twilight, elle sera ravie de te voir. »

Elle devint livide. L’idée de recroiser le bras droit de Celestia jeta un froid à tout le monde. Même Jack, au naturel imperturbable, en eu l’estomac retourné pas ses propres propos.

« Je vous rappel les objectifs » Continua la voix dans les écouteurs « Vous devez placer les trois pirateurs magiques que je vous ai donné sur les trois nœuds de sécurité du troisième étage pour couper l’alarme, puis, vous pourrez entrer les codes, au sous sol, pour ouvrir le coffre et récupérer le colis. Simple non ? Le mur extérieur est rempli d’une vingtaine de gardes, donc évitez les fenêtres. Si vous devez passer par le second étage, ce que je ne vous conseille pas, faites le sur la pointe des pieds, c’est la salle de repos. Vingt gardes y sont attendus, au minimum, donc passez par l’ascenseur désaffecté, il vous amènera au sous-sol directement, où aucun garde n’est attendu. Pour le rez de chaussée, ils sont un nombre réduit, et ce sont principalement les cuisines, donc pas de souci à se faire. De toute façon, des que vous placerez les pirateurs, je contrôlerais les cameras de tout le bâtiment. Compris ?

- On à compris Bain. » Répondait la licorne à la crinière rouge

- Ok, » Repris celui qui répondait au nom de Jack. « Synchronisation des montres à mon top… Top !

- C’est fait » Répondit le groupe en cœur.

- Painless, Coffee, vous passez en premier. Vous avez 3 minutes avant la relève et il nous reste à peine une demi-heure avant le réveil de toute la base. N’oubliez pas, faites vous petit, discrets ; Evitez les gardes et les coups de feu. Allez-y. »

Alliant la parole au geste, il ouvrit la trappe qui servait d’aération à une partie de la base, laissant entrer les deux jeunes poneys dans ces conduits sombres. Ils atterrirent sur la moquette de la salle des archives dans un silence absolu. Pas de garde dans la salle bas de plafond remplie de casiers, remplis de feuilles volantes et de dossiers. Une chance inouïe vu que les deux premiers boitiers de sécurité se trouvait dans cette même pièce. L’un était en face d’eux, derrière une pile de boites d’archives, tandis que l’autre se situait derrière la porte grande ouverte, à coté d’un bureau en bois sur lequel était étalés une dizaine de dossiers.

Sans difficultés particulières, Coffee et Painless placèrent les pirateurs sur les deux boitiers et attendirent les instructions.

« Ok pour les cameras du premier… Deuxième… Et troisième étage. » Annonça l’operateur. « Je fige leurs images… C’est fait, vous êtes invisibles pour eux. Manque plus que le dernier nœud. Il est dans la salle des serveurs, juste en face de vous. Il n’y a qu’un operateur endormi sur sa table et personne dans le couloir. La chance vous sourit ! »

Black Jack pris la relève.

« Rappelez-vous : discrets, rapides et précis. Ne tuez personne. On n’est pas les Night-Ops. »

Il n’en était pas à mépriser ouvertement ce groupe, mais leurs agissements. Ils lui rappelaient tant ceux des solaires, chose qu’il voulait tant corriger, par des actions précises, sans effusions de sangs.

« Chaque vie est précieuse » avait-il répondu à Shadow Stalker, pendant une partie de poker, au moment où il lui proposa de joindre les Night-Ops. Cette phrase était devenue le credo de son groupe, et chacun devait le respecter, dans la mesure du possible.

Les deux terrestres se regroupèrent devant la porte de la salle des serveurs, après avoir passé un couloir silencieux et vide. Ils étaient plaqués contre le mur, l’un à coté de l’autre, prêts à entrer.

« Suit moi, ferme la porte derrière moi et laisse moi faire » Indiqua Coffee à son équipier.

- A tes ordres, mam’zelle ! » Railla-il discrètement

- Concentre-toi, ou je t’en mets une bien placée.

- Tu sais très bien que ça ne me ferait rien... »

Pour toute réponse, Coffee ouvrit la porte et entra. Ils s’en tinrent au plan : Coffee entra, Painless ferma, et la ponette sortit une seringue et la planta dans le pelage de la licorne endormie a son bureau.

« Tu l’as tuée ? » Demanda Painless, paniqué.

C’était rare qu’il participe à une mission aussi chirurgicale, d’où son faible manque de professionnalisme, vite rattrapé par ses reflexes hors du commun, du à son overdose de booster.

« Non, je me suis simplement assuré qu’elle ne se réveillera pas. Une petite dose de sédatif, et elle est partie pour une bonne nuit. » Elle ne s’attarda pas plus longtemps et s’approcha du boitier. Elle l’ouvrit et plaça le dernier pirateur.

- Bien joué ! » Acclama l’operateur « J’ai accès à toute la base maintenant. Je coupe l’alarme du coffre. »

Painless attrapa le clavier du terminal en face de lui.

« Pain, tu fait quoi ? » Demanda Coffee

- Je supprime la vidéo de la camera qu’on vient de croiser. Personne ne saura qu’on est venu.

- Pas con… »

Les trois licornes décédèrent à leur tour par le conduit, rejoignant les deux terrestres. Frostbite remarqua la licorne solaire endormie à son bureau. Elle eu un peu de pitié pour elle, chose qui n’arrivait que très peu souvent au vu de ses états de services qui « n’existent plus ». Elle seule savait ce qu’on faisait subir à un technicien solaire qui s’endort pendant le service. C’était l’une des principales raisons à toutes ces caméras, pas vraiment utiles à la sécurité : surveiller qui est digne de confiance et qui nous « trahis ». Ainsi fonctionnait l’empire.

« Inefficacité Lunaire hein ? » Ne put s’empêcher Coffee

- La ferme la Nope… »

Les deux pouliches s’échangèrent un regard noir, vite coupé par la voix de leur chef, agacé.

« Je sait que vous vous aimez bien, mais vous vous embrasserez plus tard, ok ? »

Painless ne put s’empêcher de rire. Les deux pouliches lui jetèrent un regard de tueur.

« Pain… » Commencèrent-elles dans une parfaite synchronisation.

Il déglutit difficilement derrière la visière tintée de son casque. Il refusait de l’enlever, simple mesure de précaution. Si un éclat –balle, morceau de verre, plâtre…- venait à lui causer une blessure, l’hémorragie serait difficile à stopper. De plus, il ne s’en rendrait même pas compte, lui imposant un port du casque constant en mission ainsi que celui d’une armure spéciale.

« Retour à la réalité, on bosse, là. Frost, Fire, camouflage optique de groupe. Pain, Coffee, vous nous couvrez. Si on croise un garde avec un détecteur… »

Ses derniers mots eurent du mal à sortir.

« Abattez-le. »

Les deux commandos en armure prirent leurs armes : deux fusils automatiques équipés de rectificateurs de trajectoire, pour la précision et l’un silencieux, pour la discrétion. Deux atouts essentiels à ce genre d’opération d’infiltration.

« Alarmes désactivées et personne à ce niveau. La voie vers l’ascenseur est libre. » Déclara Bain.

- Parfait. Tout le monde, on avance. »

Arrivé à celui-ci, l’étalon noir utilisa sa propre magie. Posant sa patte sur la double porte de l’engin solaire, il concentra sa puissance, faisant disparaitre une partie de l’épaisse plaque de métal, libérant ainsi le passage vers le gouffre qui se décrivait devant eux. Ils passèrent à tour de rôle sous l’arche ainsi décrite et décédèrent les quatre étages, à l’aide de l’une des cordes retenant l’épaisse masse de métal devenue inutile suite à un disfonctionnement. Black Jack fut le dernier à descendre, prenant soin de refermer le passage, qu’il avait ouvert, derrière lui. Une fois en bas, il interpela l’operateur.

« Bain, t’as les cameras du sous sol ?

- Yep, personne. Du bon boulot. Personne ne s’est rendu compte de rien.

- C’est le but en même temps. On y va, dernière ligne droite, Fantômes. »

Par la même technique, il ouvrit la porte qui permettait l’accès au coffre. Pain et Coffee passèrent en premier, sécurisant la porte et se plaçant près de l’escalier, derrière une caisse de munition.

Ils étaient entrés dans l’armurerie, remplie dans tout les coins d’armes, de munitions de divers calibres et d’explosifs, celle-ci terminée par un titanesque coffre en métal, derrière lequel se cachait ce pourquoi ils étaient venus, leur futur butin.

« Bain, j’espère que tes codes fonctionnent, pas comme la dernière fois…

- Tu parle de cette fois où on n’avait ni explosifs, ni sorts, ni codes ? » Railla Frostbite

- Très drôle… » Répondit l’operateur « Je suis sur qu’ils fonctionnent cette fois.

-J’espère pour toi » répondit Apple Red « Cette fois là, j’ai bien cru qu’on allait y passer… Une vraie boucherie. »

Sans plus attendre, leur chef d’escouade tapa le code d’accès sur la console. Rien ne se passa.

« Rien… » Déclara Frostbite, derrière son chef « Tes codes ne fonctionnent toujours pas Bain ! Dès que je reviens…

- Attend un peu avant de râler ! » Répondit l’operateur, agacé par ses remarques cinglantes.

Dans un grand bruit de dépressurisation, la porte du coffre s’ouvrit lentement, laissant apparaitre une salle aux murs blancs écalant, constitués de plaques semblables à du carrelage, sur lesquelles la lumière des néons se reflétait, renforçant l’aspect divin de cette salle. Au milieu de cette pièce immaculée, se dessinait un autel, blanc lui aussi, sur lequel reposaient deux mallettes, entres lesquelles se dessinait une forme étrange ressemblant à un fusil. Il avait un canon transparent terminé en son bout par 3 crochets. Il ne possédait pas de crosse vu que cette « arme » se fixait directement sur la patte de son possesseur. Le corps de l’arme, juste avant le canon était constitué d’une boursouflure blanche faite d’un matériau polymère, comportant un symbole que Jack connaissait bien : un cercle constitué de 8 triangles à base ronde, coloré en alternance de bleu et d’orange.

Le chef à la crinière orange et blanche s’approcha de l’engin, le considérant dans toute sa longueur. Comment pouvons-nous appeler vulgairement « le colis » ou « le butin » une machine d’une telle perfection ? Le souci du détail était tel que la moindre arête avait été soigneusement pensée, dessinée, donnant une forme spectaculaire et lisse. Jamais il n’avait vu un engin pareil, mais il savait qu’Aperture ne laisserai rien au hasard. Cette chose était d’une perfection sans nom, faisant étal de la technique et de la minutie de cette pouliche qu’il connaissait bien.

Il prit soigneusement le fusil entre ses pattes puis le fixa solidement dans son dos. Frost arriva, et ouvris les deux mallettes contenant des cristaux oranges et bleus en quantité réduite.

« Wow ! C’est le Jackpot ! » S’émerveilla-elle « Et à part voler les fonds de Celestia, on fait quoi au juste ?

- On se tire d’ici avant que les gardes n’arrivent. »

A ce moment là, Bain sortit de sa torpeur et leur annonça :

« Bien vu Jack, y a du mouvement ! Cinq gardes en approche. Ils ont du entendre le bruit de la porte.

- Ok, on a le colis. Pain, explosifs sur ce mur ! Coffee, trouve un moyen de les retenir !

- Je m’en occupe, ne t’inquiète pas. » Déclara Frostbite.

Elle tira de sa ceinture une gourde d’eau, la déboucha, bu une gorgée et la lança en direction de l’escalier. Utilisant sa magie sur celle-ci, la licorne bleue fit éclater le récipient, générant un gigantesque mur de glace, condamnant l’accès à l’étage supérieur.

« Voila qui devrait atténuer le bruit de l’explosion et, au passage, empêcher ces foutus gardes de se faire tuer inutilement. C’est ce que tu voulais non ?

- T’apprend vite, je te félicite. » Répondit son chef d’une voix ironique, tout en étant sincère « Pain, cette sortie, ça vient ? »

Il plaça trois petites plaques d’explosifs à l’endroit indiqué par son chef. Ces explosifs, c’était lui qui les avaient conçus. Ils avaient la puissance nécessaire pour creuser un trou assez grand à travers un mur, le tout dans une explosion ressemblant plus à un lourd claquement de porte.

« Prêt à sauter, chef ! » Répondit l’artificier

- Les gardes sont là, attendez qu’ils partent chercher des renforts pour briser la glace. » Recommanda l’operateur.

- Ecoutez-le, il a raison. » Annonça le chef à voix basse « On est invisibles, profitons-en. Ce casse doit « faire école », autant le mener jusqu’au bout dans l’absolue discrétion. »

Au moment où les gardes partirent, l’ascenseur redémarra, signalant aux cinq cambrioleurs que leur temps était désormais compté.

Une fois tous les membres à couvert, les pains d’explosifs détonèrent, laissant échapper un nuage de poussière, de morceaux de plâtre, de béton et de fragments de céramique, et révélant un passage vers les égouts de la ville. Deux cadavres étaient étalés devant eux, partiellement démembrés par l’explosion. Le sang qui colorait en partie le nuage failli faire tourner de l’œil à Jack, au naturel sensible. Les deux gardes n’avait rien vu venir, et donc surement rien sentit. Désormais, ils était morts. Les seules vraies victimes de ce casse, c’était eux. Perdre la vie… Si vite…

Jack fut tout de même surpris par autre chose : Celestia avait pensé à cet endroit comme point d’entrée, pas comme sortie de secours ? Enfin, il y avait une nette amélioration dans ses défenses, vu qu’elle y a pensé. Cependant, il y restait toujours une brèche, celle qu’exploitaient toujours les soldats les plus discrets de toute la république, les Fantômes.

Tous passèrent l’arche ainsi créée, rejoignant le tunnel. Seul Black Jack s’arrêta, déposant sur l’autel blanc une paire de dés rouges, seules traces de son passage. C’était sa marque de fabrique, sa signature. La veille de chaque opération, il en choisissait de nouveaux dans sa collection, ou en concevait spécialement pour les laisser derrière lui, et prouver son existence, comme une épée élevée au dessus de chaque tête, telle une ombre. Il referma le passage derrière lui, aidé des deux licornes. Concentrer sa magie sur une porte en fer était facile, ça l’était moins pour un mur de béton armé et des plaques de céramiques, raison pour laquelle il avait préféré les explosifs. Une fois celui-ci rebouché, il leur fut facile de rejoindre l’extérieur, profitant de l’orage et de l’obscurité pour couvrir leur départ, aussi rapide que leur arrivée.

Une fois arrivés sous l’unique pont du village, Le chef de l’escouade de commandos leva sa patte et stoppa sa montre.

« 37 minutes, 18 secondes. Je vous ai connu plus rapides. Bain, j’imagine que tu as tout enregistré ?

- Parfaitement bien ! L’opération est un splendide succès ! J’imagine la tête que fera « la folle » quand elle verra que tu as réussit à passer outre ses défenses, une fois de plus ! Je vous coupe, je vais annoncer à Luna que vous avez les mallettes. Elle va être super contente ! »

L’oreillette de chacun des poneys commença à grésiller puis s’éteignit. Rompant le silence, Frostbite exprima sa profonde envie de rentrer à la base, rapidement suivie par les autres membres du groupe, agrémenté de la traditionnelle « dance de la victoire » du jeune Painless. Coffee sembla plus inquiète, quelque chose la gênait.

« Il a parlé des mallettes, pas du fusil. » Murmura-elle discrètement à son chef. « Tu compte enfin m’expliquer ce qui se passe ? »

Black Jack figea son regard sur le sien. Elle connaissait ce regard. Il avait la même expression que lorsqu’il jouait au poker. Cette expression blasée, fatiguée, mais regorgeant d’une exceptionnelle malice et de ruse, faite pour troubler ses adversaires et mieux les manipuler. « Les fenêtres de l’âme… » Pensait-elle avant que son chef lui réponde.

« Les cristaux, c’était le gâteau d’anniversaire : prévu, annoncé et souvent décevant. Le fusil, lui, c’est le cadeau du parrain venu en coup de vent : le lance-pierre qui te permet de balancer les restes de ce premier sur le fils casse-sabot du voisin. T’as juste à m’imaginer avec une barbe et deux-mille ans de plus, et la métaphore sera complète. »

Sur cette phrase, il ordonna l’ouverture du portail, profitant du tonnerre pour le traverser.

Ils n’étaient pas censés être vivants, mais, bientôt ils allaient pouvoir prouver leur existence, se vengeant de ceux qui les avaient fait disparaitre.