« Suite au évènements tragiques de Sweet Apple Acre, la population d'Equestria, alors peu enclin à affronter de front l'Empire Solaire et rejoindre les forces de Luna, poussa un énorme cri de protestation. Si leur patrie engageait sans vergogne des monstres tels que la tristement célèbre Heartless, alors il était clair que leur princesse n'était pas dans son état normal. Ce fut à partir de ce moment que la princesse Luna vit arriver un flot ininterrompu de volontaires pour s'élever contre la despote. Dans le même temps, les opérations de sabotages se firent de plus en plus violente, de plus en plus osées, en plein cœur du pays, jusqu'à ce que finalement la Nouvelle République Lunaire pu enfin avoir son propre territoire. À partir de ce moment finit la Guerre des Souris, pour véritablement commencer la Guerre des Poneys, d'une violence encore jamais vu dans ce monde.

De son côté, Célestia faisait de son mieux pour endiguer le flot de désertion, non pas par la force, mais en développant le fanatisme chez ses sujets. Son premier « essai » fut avec Twilight Sparkle, chez qui elle inhiba toute pitié et tout remord, pour ne cultiver que sa passion pour la déesse, au point qu'elle ne pouvait que mépriser ce qui ne correspondait pas aux plans de Sa Majesté, et haïr les opposants au régime. Et elle ne fut que la première, et pas la plus dangereuse de tous. Célestia avait ses armes les plus puissantes : la foi et la loyauté envers une princesse qui ne pouvait décemment pas sombrer dans la folie après avoir vécu plusieurs millénaires à la tête du pays.

Le tournant qui signa le début de la guerre ouverte fut la tentative d'assassinat contre le neveu de Sa Majesté, le Prince Blueblood. L'attentat rata, mais le message était clair : les Lunaires n'avaient plus peur d'aller au filet pour combattre.

Ce que peu savaient, c'est que le Prince n'avait jamais été en danger. »



Shadow Stalker frissona. Sur les hauteurs de la montagne, il faisait assez froid, et il ne pouvait pas se réchauffer. Il ne devait pas trahir sa position bêtement en allumant un feu. Cependant, il ne mourrait pas de froid s'il s'asseyait un peu pour se reposer. Il sortit sa montre. Le discours du Prince allait débuter dans six heures. Il avait le temps, mais il savait mieux que quiconque que ce temps pouvait partir très vite.

Surtout quand il fallait escalader une gigantesque montagne seul, avec ses sabots et un équipement d'escalade qui, s'il était efficace, n'en était pas moins fatigant à utiliser. Mais c'était le lot de tout ceux qui voulais être discrets. Arriver en amont de Canterlot en montgolfière aurait été mal venu.

Stalker sortit un brin de paille, le mit au coin de sa bouche et regarda le paysage. Equestria était un pays magnifique. Même si la vue de Canterlot, sur l'autre versant, donnait une meilleure appréciation de la richesse de cette contrée, ce que voyait le sniper valait le coup d'avoir des yeux. Des prairies vertes à en faire pâlir Windvision, de petites villes poussant ça et là augurant d'un bon accueil, des champs de blés jaunes s'étendant à perte de vue, des vergers resplendissants...

Et la guerre se mettait à ronger cette tranquillité petit à petit. Doucement, les grands espaces se transformaient en champs de bataille.

En parlant de champs, Stalker prit le brin et l'ôta de sa bouche. Il regarda fixement la plante jaune. Quand avait-il prit cette habitude de constamment mâchouiller de la paille ? Il savait que certains fermiers le faisaient, pour s'entretenir les dents notamment. Mais lui, il le faisait parce que ça lui permettait de réfléchir, de se poser, d'être en paix intérieurement. Comme si le petit brin aspirait toute son agitation et le détruisait au fur et à mesure que le poney le réduisait en charpie. Finalement, il le remit dans sa bouche, coupant court à toute digression. Il avait prit cette habitude, et maintenant, ça faisait parti de lui. Shadow Stalker sans brin à la bouche n'était pas Shadow Stalker. Ou alors c'est qu'il était en train de combattre. Un point c'est tout.

Machinalement, il mit le sabot à son fusil. Il observa l'engin cracheur de mort. C'était le même qui lui avait permit d'obtenir sa Marque, quelques temps plus tôt. Il l'avait lourdement amélioré, ajoutant une lunette d'excellente qualité, rallongeant le canon, augmentant la taille de la chambre pour permettre d'y loger des balles plus grosses, plus à même de faire des dégâts importants, et un moyen de fixer un silencieux. Il avait ajouté une batterie de moyen de stabilisation : trépied rétractable, sangle, crosse plus confortable. Un engin de mort parfaitement adapté à son maitre.

Il songea à Derpy. Normalement, une opération comme celle-ci nécessitait deux personnes, pour l'observation, la couverture, et autres joyeusetés. Cependant, lors de la planification de la mission, ils s'étaient heurtés à deux problèmes : la distance à la cible, et la difficulté d'accès au poste de tir. Pour la première, les deux seuls tireurs ayant les capacités de réussir un tir d'une telle difficulté étaient Derpy et lui-même. Mais depuis Sweet Apple Acre, Derpy refusait hystériquement de toucher, ou même de poser son regard de façon prolongée sur une arme. Sans parler des fusils à lunettes.

Rien ne pouvait la calmer. Stalker l'avait même surprise à rôder autours des quartiers de la princesse, une arme à la main. Elle semblait ne pas savoir quoi faire, regardant l'arme, puis la tente, et faisait les cents pas, marmonnant des paroles incompréhensibles. Lorsque Stalker s'était approché, elle l'avait visé, en proie à la panique. Puis, reconnaissant son chef, elle avait baissé son arme, sans toutefois la ranger. Son regard -enfin, la direction générale- allait souvent vers la tente, puis par terre. Stalker avait commencé à lui parler doucement. Il avait compris ce qui se tramait dans la tête de son soldat et de son amie, et tentait de la dissuader. Finalement, celle-ci avait cédé, en pleurs, répétant sans arrêt le nom de sa fille.

Puis elle avait soudainement mit le canon de son arme sur sa tempe.

Stalker ne se rappelait pas avoir un jour réagi aussi vite, ni frappé quelqu'un aussi fort, surtout une femelle, dans sa vie. Derpy avait volé en arrière, en lâchant son arme sans que le coup n'ai eu le temps de partir. Stalker lui avait hurlé dessus, montrant une colère qui ne se dévoilait presque jamais. Mais derrière ses paroles, c'était une véritable inquiétude qui transparaissait. Malgré tout les combats qu'il avait livré, Stalker n'avait jamais eu aussi peur de sa vie. Peur pour elle. Peur qu'elle ne disparaisse ainsi.

Il s'était assuré que Derpy soit bien gardé, puis il était partit du camp. Partit pour trouver celui qui saurait lui redonner une raison de vivre.

Il avait retrouvé le Docteur en moins de deux semaines. Stalker n'avait jamais vu des personnes aussi heureuses de se voir l'une et l'autre. Le sniper, lui, était soulagé. Derpy n'avait plus jamais rien tenté depuis. Elle avait trouvé une occupation de distribution de courrier, ce qui lui rappelait sa vie d'avant-guerre. Le Docteur veillait attentivement sur elle.

Cependant, à cause de cela, il se retrouvait aujourd'hui tout seul à grimper une montagne.

La seule autre personne qui aurait pu lui être utile aurait été la ponette au pouvoir de repérage. Mais celle-ci s'avérait ne pas pouvoir escalader sur une telle longueur. Malgré les protestations des différents partis, il avait donc décidé d'y aller seul.

Sans compter qu'il valait mieux qu'il soit le seul à porter le fardeau de cet assassinat.

Shadow Stalker cracha son brin de paille, ramassa son fusil et l'accrocha solidement, fixa les crochets à ses sabots et reprit l'escalade.



Il lui fallu deux heures de plus pour atteindre l'endroit prévu. La corniche était assez grande, peut-être même pouvait-il faire un feu sans être repéré. Mais il ne devait prendre aucun risque. Surtout pas maintenant. Néanmoins, il put s'installer tranquillement. Il regarda en contrebas avec des jumelles. Il ne vit d'abord qu'un flou, et régla les lentilles. Enfin, l'image se dessina.

Les préparatifs pour le discours du Prince allaient bon train. L'estrade était déjà installée, et les chaises étaient apportées par des poneys courant dans tout les sens. Autours, on faisait venir des barrières, pour encadrer l'endroit où se tiendraient les spectateurs. Stalker laissa cela, et revint vers son sac qu'il avait laissé au milieu de la corniche. Il laissa les jumelles au bord de la corniche, et nota dans son esprit l'endroit précis où le Prince parlerait. Cette mission comportait un risque, celui que le discours se passe dans un endroit camouflé par les nombreux toits de Canterlot. Mais le Prince était trop vaniteux pour ne pas parler sur la place centrale.

Il sortit sa cape de camouflage. Elle ne lui servirait en rien pour ce but, mais elle avait l'avantage de le tenir au chaud. Rarity avait fait du bon boulot, comme toujours. Il sortit un thermos de son sac. Il l'ouvrit, et sentit le café. Il était encore chaud. Les licornes qui avaient inventé ce truc permettant de garder les liquides au chaud étaient géniales. Il but une gorgée de café qui lui réchauffa la gorge, puis descendit jusqu'à son estomac, d'où la chaleur se répandit dans tout son corps. Windvision avait un paquet non négligeable de qualités, et faire le café en était un des principaux. Dommage qu'escalader les montagnes n'en fasse pas parti aussi.

Réchauffé, il se rendit de nouveau au bord de la corniche. Il n'avait pas le vertige. Tout en lui hurlait qu'il était fait, qu'il avait été conçu pour ce genre de travail. Et pourtant, il était né en période de paix, ce qui lui faisait demander si une espèce de destin n'avait pas joué dans cette histoire, si la guerre n'était pas inévitable, annoncée par la naissance de ce tueur-né...

Il secoua la tête. Depuis quand était-il vaniteux au point de se croire la cause de la guerre ? Sans compter que les derniers qui avaient parlé de destin reposaient en ce moment sous une pierre d'un certain poids. Il était né pour tuer ? Bien, alors il tuerait. Sa cuisse le démangeait maintenant.

Il se prit son fusil, et se coucha au bord du gouffre. Il s'installa le plus confortablement possible, mit sa cape sur lui, et prit ses jumelles. Maintenant, il fallait attendre.



-Non ! Non ! Ça ne va pas !

Fancy Pants soupira. Qu'est-ce qui se passait encore ?

-Mon discours se doit de se dérouler dans un environnement grandiose !

Le noble poney tourna son regard vers l'auteur de ces bruits. Le prince Blueblood était en train de malmener un jardinier.

-Ces fleurs n'ont rien à faire là ! Elle ne s'accordent pas avec ma chevelure ! Et vous, dit-il en pointant un autre poney du sabot. Qui vous a permis de mettre ces chaises si près ? Je ne veux personne à moins de dix mètre de l'estrade, sinon, ils ne pourront pas me voir !

Fancy Pants roula des yeux. Et l'écouter alors ? L'entendre déclamer des discours passionnés, énergiques, remplis de mots justes qui touchent au fond des âmes ?

Ah ! Oui, c'est vrai, c'est lui qui les avaient écrits. Fancy Pants s'écarta, laissant le Prince à ses futiles considérations esthétiques. C'était déjà un miracle que le poney classieux ait réussi à lui faire accepter que la « plèbe » participe au meeting.

Aujourd'hui était une journée trop importante, ce séminaire trop plein de symboles, pour qu'ils rechignent à rassembler le plus de monde possible.

Le regard de Fancy Pants se perdit dans les montagnes qui surplombaient la ville et son château. Toutes ces années, il avait écrit des dizaines et des dizaines de discours pour le Prince, principal porte-parole de la Princesse Célestia. Ses discours tenaient en haleine le peuple, ravivaient le fanatisme, poussaient les gens à se battre. Une part du travail revenait aussi, il fallait l'avouer, au Prince lui-même. Sa capacité à s'écouter parler faisait qu'il mettait les textes en scène de façon surprenante.

Malgré tout, il aurait été un pantin inutile sans Fancy Pants. Le regard de la licorne continua de balayer doucement les montagnes.

Un pantin inutile, si Fancy Pants n'avait pas écrit ces textes.



Stalker regardait Fancy Pants droit dans les yeux. L'espace d'une seconde, il crut que la licorne l'avait vu. Mais non, la coqueluche de la haute société ne faisait que contempler la montagne.

Le sniper englouti une autre gorgée de café. Les préparatifs étaient presque finis. Le temps passa, lentement, tandis qu'il gardait ses yeux derrières les lentilles de ses jumelles, scrutant le moindre mouvement. Le Prince était parti se préparer pour le discours, Fancy Pants surveillait donc les préparatifs. Le poney blanc semblait plus permissif que le membre de la royauté. Le jardinier en charge était même revenu mettre les fleurs que le Prince semblait avoir dénigrés.

Le temps passa. Au fur et à mesure que l'heure fatidique approchait, sa concentration grandissait. Il sentait de moins en moins le froid, sa posture ne lui faisait plus de crampes. Il oubliait progressivement tout ce qui pouvait le déconcentrer. Les seuls choses auxquelles il portait attention était la scène en contrebas, son fusil posé à côté de lui, avec lequel il avait fait quelques essais de positionnement, et le thermos de café presque vide. Il avait également grignoté quelques feuilles pendant son attente.

Plus que deux heures. Il se mit un brin de paille dans la bouche.



Plus que deux heures. Fancy Pants commençait à faire entrer les premiers invités. La noblesse et la haute bourgeoisie de Canterlot entra, et s'assit sur les sièges installés aux premiers rangs. Les invités défilèrent pendant une bonne heure, se présentant au célèbre poney, discutant de choses et d'autres, sur des sujets étonnamment éloignés de la guerre. Il semblait au poney à la crinière bleutée que les hautes strates de la société ne se rendaient pas compte, malgré les quelques années écoulée et la soudaine recrudescence de violence ayant fait suite au massacre de Sweet Apple Acre, de l'horreur qui se passait au pied de la montagne. Tous applaudiraient au discours. Pas un ne l'écouterai.

C'est pour cela que Fancy Pants tenait à ce que des poneys de plus basse extraction soit présents. Eux comprendraient le message. Eux sauraient ce qui se trame. Eux percevraient l'ampleur de ce qui se passerais ce soir.

Une fois tout les poneys « importants » installés, Fancy Pants fit ouvrir les grilles. Des poneys plus moins biens habillés, peu ou pas maquillés, aux mines sombres et ravagées par des cernes, passèrent les grilles. D'autres, à la mine plus joyeuse, entraient en regardant avec des yeux brillants d'excitation les contreforts du Château. Ceux qui venaient étaient ceux qui souhaitaient entendre les paroles réconfortante de la Bouche de Célestia, le prince Blueblood, à savoir les désespérés et les fanatiques.

C'était caricatural, mais après tout, ce monde virait de plus en plus vers la radicalité en ce qui concernait les psychologies. Fancy Pants n'était finalement pas si loin du compte.

Les poneys moins aisés n'avaient pas de bancs. Malgré ses efforts, la princesse n'avait jamais su faire sauter la barrière entre poneys riches et poneys du peuple, et les récents déboires économiques de l'Empire Solaire n'arrangeait rien. En vertu de quoi, le Prince, dans sa mansuétude, avait accepté qu'ils assistent à son discours, mais pas de bancs.

Finalement, le temps passa rapidement, à installer tout les convives. Il devait y avoir une centaine de poneys assis, et plus de deux cents debout. Et d'autres écoutaient sûrement hors des barrières.

Tout était près. Fancy Pants se plaça à côté de l'estrade. Derrière le rideau, le Prince vérifiait une énième fois que sa mèche tombait pile au bon endroit. Puis il tendit la patte vers Fancy Pants. Celui-ci lui donna son texte, et le Prince prit son inspiration. Il avait répété toute l'après-midi. Il était prêt. Une lueur sauvage lui traversa les yeux, et il s'élança sur la scène.



Ça commençait. Le Prince s'était avancé, la royauté et l'arrogance pouvant se sentir à chacun de ses pas. Il s'était dirigé vers le pupitre sous les ovations des puissants, et quelques-uns des poneys debout lui faisaient des grands signes, comme hystériques. Il s'installa au pupitre, et les autres notables vinrent se poster prêt de lui, de part et d'autre. Fancy Pants était juste à côté, à la droite de Blueblood.

Shadow Stalker baissa ses jumelles. Il cligna plusieurs fois des yeux. Rester aussi longtemps les yeux collés aux lentilles lui les avait desséché. Il cligna plusieurs fois des yeux, et parcouru rapidement du regard les environs. Une fois la douleur passée, il reposa ses jumelles, et prit son fusil. Il le cala dans le creux de son épaule. Malgré la forme étrange des fusils, ils s'adaptaient bien à la morphologie des poneys. Stalker se mit à se demander qui avait créé ces engins de mort, surtout pendant la paix ? Il n'en avait aucune idée, et n'en avait cure non plus. Seul importait maintenant la cible. Il mit son œil à la lunette, et régla la lentille. Il avait enlevé le brin de paille de sa bouche.

Il était à plus d'un kilomètre de la cible, et pourtant, il la voyait parfaitement. Le Prince était là, tout le monde était là.

Et tout le monde allait voir.



Fancy Pants écoutait le prince débiter son discours. Cela ne l'intéressait plus depuis un moment. Son esprit était ailleurs, préoccupé par la suite des évènements. Soudain, Blueblood se mit à vociférer et à faire de grands gestes. Il attaquait la partie la plus véhémente du discours.

Bientôt, il attendrait la partie concernant le zèle des troupes, comment il fallait le cultiver, pourquoi il fallait châtier les traitres qui outrepassent leurs paroles, et pourquoi ils devaient mettre un terme à cette ridicule République Lunaire, pourtant dirigée par une Princesse.

Un hommage direct et une complète dénégation d'un quelconque tort dans l'affaire de Sweet Apple Acre.

Fancy Pants avait envie de vomir sur ses propres écrits.



Stlaker avait la tête du Prince juste devant le réticule, et pouvait toujours voir la tête de Fancy Pants sur le côté de sa lentille. Il décala légèrement la visée au dessus de la tête du Prince, pour palier à la gravité.

Il respira doucement. Depuis deux heures, son corps se préparait pour cet unique instant. Il n'était pas un pégase, et pourtant, il arrivait à sentir le léger vent vers la droite.

Il avait le prince juste en dessous de son réticule.



Fancy Pants entendait le Prince dire des horreurs, des horreurs qui lui avait écrite. Il n'en tenait plus. Il était temps de mettre fin à tout ça.



Shadow Stalker vit Fancy Pants faire un mouvement de tête. Comme s'il s'étirait le coup, le poney fit trois tours.

C'était le signal.

Il vida ses poumons, assura sa prise, et appuya sur la gâchette.

La balle mit à peine plus d'une seconde à atteindre sa cible. À cause du vent la balle parti légèrement sur la droite.

La tête de Fancy Pants explosa.



Les soldats de Célestia n'avaient rien trouvé à l'endroit d'où provenait le tir. L'assassin n'avait pas laissé de traces.

Shadow Stalker s'autorisa une pause à mi-chemin de la descente. Il prit un brin de paille de sa poche, mais s'aperçut que son sabot tremblait.

Il ressentit comme un grand vide. Ça ne lui était jamais arrivé. Jamais il ne s'était sentit aussi mal après avoir tué quelqu'un.

Tout les solaires penseraient que l'assassinat du Prince avait échoué. Mais il n'avait -malheureusement- pas raté sa cible.

Il s'assit par terre, tentant de se calmer. Maitrisant ses tremblement, il laissa ses pensées diverger lentement. Vers Fancy Pants. Vers l'agent double le plus efficace au service de Luna. Vers l'un des plus proches collaborateur, et un grand ami de Stalker. Fancy Pants était le principal conseiller de la Princesse Folle. Il élaborait des textes pour le Prince. Et pourtant, il était la raison même par laquelle les lunaires étaient encore en état de se battre.

Les discours même écrits par le poney bourgeois avaient toujours des doubles-sens profonds, cachés, et aspirants à la paix. La licorne était un pacifiste, mais de fil en aiguille il s'était retrouvé là où il ne voulait pas être, c'est-à-dire aux côtés de Célestia, quand l'alicorne cherchait des alliés puissants. Il s'était mit, au risque de sa vie, en contact avec la résistance lunaire, et notamment le chef des opérations furtives, Shadow Stalker. En tant que premier conseiller de la princesse, il était au courant de toutes informations importantes, et souhaitait les partager. Des années durant, il avait été la taupe la plus efficace du sniper. Efficace, notamment parce que dans le même temps, il donnait des conseils judicieux et écrivait des discours passionnés pour le compte des solaires. Un agent double parfait, si parfait que les lunaires avaient parfois du mal à lire dans ses plans.

Et ce qui devait arriver arriva. Fancy Pants s'était fait grillé. Ne pouvant prendre aucun risque, les lunaires se résolurent à l'abattre.

En réalité, que ce soit Luna, Rarity, Applejack, Platinum ou même Stalker, tout le monde souhaitait l'extraire pour profiter de ses conseils.

Son dernier appel était sans conditions : « Tuez-moi. »

Fancy Pants ne supportait plus ce qu'il avait fait. Il avait envoyé par ses conseils des centaines, des milliers de poneys à la mort, que ce soit dans un camp comme dans l'autre. Il ne supportait plus d'avoir ce poids sur les épaules, persuadé de mériter de mourir, et pas qu'une fois.

Il avait aussi dit que sa mort enverrait un certain nombre de messages. Pour le peuple solaire, c'était un attentat raté contre le prince, qui signifiait que les lunaires étaient prêts à tout pour se venger de Sweet Apple Acre. Mais pour ceux qui savaient, c'était dire qu'ils savaient leur agent grillé, et qu'ils étaient prêt à l'abattre pour se préserver.

Mais aujourd'hui, tout cela n'importait plus à Stalker. C'était la première fois qu'il tuait quelqu'un de son propre camp. Il ne devait pas se laisser abattre. Il devait être capable d'endurer ça.

Ce jour là, la Nouvelle République Lunaire fit sa déclaration de guerre ouverte contre l'Empire Solaire.

Ce jour-là, Stalker perdit toute considérations pour ses propres actions, bonnes ou mauvaises, justifiées ou non.

Ce jour-là, il s'attira la haine de l'héroïne de la Générosité.

Ce jour-là, il n'avait pas abattu une cible. Il avait commit un meurtre.

Ce jour-là, il était devenu un assassin.

Preuve évidente que tu n'a pas lu

Windvision avait un paquet non négligeable de qualités, et faire le café en était un des principaux.

Les cadavres étaient étalés à ses pieds. Elle avait fini de nettoyé ce boyau, maintenant, elle allait s'occuper du suivant.

Elle suivit les étroits couloirs de la tranchée. Soudain, elle vit du coin de l'oeil un poney ennemi s'enfuir.

« Viens par là », elle s'élança à sa poursuite. Elle était la plus rapide, et la course s'acheva en moins d'une minute. L'ennemi était acculé dans un cul de sac.

-Pit...
Sans lui laisser le temps de l'implorer, elle fit volte-face, se porta sur ses pattes avants, et envoya ses deux sabots arrières dans le visage du malheureux.

Le sinistre craquement lui arracha un sourire. Le sang gicla sur ses pattes jusqu'à son flanc.

Applejack reposa les quatre pattes à terre. Autours d'elle, elle n'entendait plus les bruits de combat. Ils avaient gagné. Encore.

Le poney orange se balada tranquillement dans les boyaux, à la recherche d'alliés ou d'ennemis. Elle finit par tomber sur un groupe de poneys, affublés du blason de la princesse de la Nuit. Les poneys la regardèrent d'un air horrifié, puis ils semblèrent la reconnaître et lui firent un salut. L'ancienne fermière le leur rendit.

-Alors, comment qu'ça s'passe, part'naires ?
-La zone est à nous, répondit le plus haut gradé. On est en train de réunir les prisonniers.

Applejack renifla. C'était fini, et elle ressentait la satisfaction du travail bien fait. Ils étaient monté à l'assaut des tranchées ennemis il y avait une petite heure, et ils contrôlaient maintenant un nouveau tronçon. Petit à petit, ils avançaient dans la zone. C'était autrement plus gratifiant que les minables opérations discrètes qu'elle faisait au début de son engagement, quand Luna n'avait pas encore déclaré la guerre ouverte contre Célestia et qu'ils en étaient réduits à une guérilla et des sabotages. Ici, elle pouvait pleinement se déchaîner.

Et Cél... Luna savait qu'elle avait besoin de se déchaîner. Se libérer de sa colère et de sa peine, qui malgré les années passées ne s'étaient jamais atténuées. Pire encore, à chaque ennemi écrasé sous ses sabots, à chaque balle faisant jaillir su sang du torse d'un solaire, à chaque assaut, sa haine grandissait.

Parce qu'à chaque fois qu'elle tuait, elle voyait le visage d'Heartless, et la patte inerte d'Applebloom. Parce qu'a chaque fois, elle voyait le cadavre transpercé de Granny Smith gisant par terre.

Personne n'aimait autant ses proches, personne ne comprenait autant la valeur de la famille qu'Applejack. Et personne ne pouvait le les lui prendre sans en payer le prix fort. La mort d'Heartless ne l'avait pas calmée. Quand elle avait vu Derpy pleuré sur ses actes, elle avait compatit à sa douleur de perdre un proche. Non, ce n'était pas Dinky qui avait brûlé sa ferme et tué sa famille. C'était Heartless. Et Heartless était la création de Célestia.

Et Célestia paierait pour ses crimes. Pour les crimes commis en son nom. Et tout ceux qui la suivrait et la protègerai, de leur plein gré ou pas, ne trouveront que les sabots vengeur de la cow-pony.

Applejack avançait parmi les couloirs étroits, croisant ici et là des poneys blessés ou pressés, des ennemis prisonniers conduits dans leur camp... Elle ne faisait guère attention à eux, mais tous la dévisageaient avec insistance. Sans doutes la reconnaissaient-ils ? Enfin, elle arriva au bord des tranchées ennemies. Désormais, il y avait à traverser un champ plat et vide. Cela ne posait à priori pas de problèmes, mais il y avait toujours le risque qu'un sniper revanchard aligne ceux qui traversaient sans prendre de précautions. Alors elle dû attendre la prochaine « sortie », c'est-à-dire attendre qu'un certain nombre de poney soient rassemblés pour y aller.

Enfin, ils furent assez nombreux et montèrent les échelles. Certains lunaires faisaient avancer des prisonniers, d'autres portaient les blessés, les derniers surveillaient les environs. Applejack, elle se contentait de marcher en restant dans le groupe. Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à la dévisager comme ça ?

Ils arrivèrent dans leur camp, et sautèrent dans les crevasses. Applejack continua de marcher jusqu'à ses quartiers, trop fatiguer pour aller faire un quelconque rapport. De toutes façons, c'était pas son boulot. Ni son truc.

À côté de l'entrée de son trou, elle vit un musculeux poney rouge foncé, l'air las, en train de regarder le ciel.

-Hey, frangin ! Déjà revenu ?

BigMacintosh descendit son regard sur sa sœur. Il ne répondit pas, se contentant de hocher la tête négativement. Puis il passa par le trou pour entrer dans la chambre sans prononcer un mot. Intrigué par l'attitude étrange de son frère, Applejack le suivit à l'intérieur...



-Il est hors de question que j'reparte à l'arrière !
-A.J...
-Je viens juste de rentrer de chez Rarity ! Faut qu't'arrêtes de m'envoyer en vacances tout les trois jours !

Pour toute réponse, BigMacintosh regarda le calendrier accroché sur le mur. Applejack suivit son regard.

-Ah...

La dernière visite à Rarity -et donc son dernier temps de repos- était beaucoup plus ancien qu'elle ne l'avait cru.

-Mais j'en n'ai pas besoin, continua-t-elle. J'me sens fraîche et dispo !
-C'est pas une question de fatigue...
-C'est quoi alors ?

Toujours dans un silence, BigMacintosh lui lança un objet. Applejack l'attrapa au vol. Il s'agissait d'une photo. Applejack ne reconnu pas le poney présent.

Non. C'était un miroir. Et Applejack eut du mal à reconnaître son propre visage. Elle comprit pourquoi tout ces poneys la regardaient avec insistance.

Elle avait la moitié du visage couvert de sang. Elle se frotta, mais le liquide rouge coagulé accrochait à ses poils. Elle avait des cernes inimaginables, son visage était tendu, comme prêt à sauter à la gorge de quiconque. Mais le pire étaient ses yeux. Ils s'étaient rétrécis, lui donnant un air fou, avide de meurtre, elle, qui débordait de gentillesse auparavant.

Qu'est-ce que la guerre avait fait d'elle ?

-Ça f'sait longtemps qu'j'voulais te montrer à quoi tu ressembles pendant et juste après une bataille. T'es plus la même, A.J. À force de toujours vouloir...
-Ne prononces pas son nom !
-...venger Applebloom, continua-t-il sans prêter attention aux protestations de sa sœur, t'es en train de dev'nir un monstre.

Il planta son regard dans celui d'Applejack. La ponette jaune savait qu'il avait raison, cette guerre la rendait folle. Mais elle devait l'avouer, se battre et tuer l'aidait à mieux accepter la mort de sa sœur.

-Regardes-toi, A.J. Tu t'es même pas rendu compte que tu t'es blessée.

Soudain consciente de la douleur Applejack tourna son regard vers son flanc. Elle avait été touché, sûrement un balle qui l'avait écorché. Le sang coulait encore de façon régulière, et tombait au sol en salissant son habitat. L'endroit allait encore sentir le fer pendant quelques jours. Toujours regardant son corps, elle s'aperçut qu'elle était couverte de beaucoup plus de sang qu'elle n'en avait perdu. Notamment, ses pattes arrières étaient entièrement de couleur hémoglobine.

Applejack ne savait plus quoi penser. Maintenant qu'elle était en face de la réalité, elle se demanda si sa furie n'était pas allée trop loin. Mais la vérité, c'est qu'elle avait toujours su dans quoi elle mettait les sabots. Elle savait que cette quête ne rencontrerai pas de fin avant celle de la guerre.

BigMacintosh avait raison. Elle avait besoin de repos.

En réalité, il avait toujours raison. Contrairement à elle, il réfléchissait à ses actions avant de foncer, il calculait le pour et le contre. C'est pour ça qu'il l'avait tiré quand il avait été trop tard pour sauver Applebloom. C'était pour ça qu'elle était toujours en vie aujourd'hui. Parce que dans ces batailles où elle allait d'ennemis en ennemis, lui était derrière à la couvrir.

C'était aussi pour ça qu'aujourd'hui, son frère était un capitaine quand elle n'était encore qu'un soldat. Sur son conseil, elle avait refusé toutes promotions, car même elle savait qu'elle ne pourrait pas diriger des hommes sur le champ de bataille sans qu'ils ne meurent. Elle ne penserait pas à eux. Et tout le monde n'avait pas son talent -et sa chance- pour survivre à une charge tête baissée.

Elle regarda une nouvelle fois le miroir. Elle soupira.

-Je pars combien de temps ?
-Suffisamment.
-J'ai le choix ?
-Nnope.

Face à cet argument sans condition, Applejack ne pu que plier.



Applejack entra dans le bar. Après un voyage en train épuisant, elle avait envie de s'humecter le gosier, et avec quelque chose de fort. L'ombre de son visage dans le miroir était toujours dans sa mémoire.

Elle s'installa au comptoir. La barmaid lui tournait le dos.

-'lo A.J. Ça roule comme tu veux ?
-Tu m'impressionnes à chaque fois. J'ai pourtant fais gaffe à pas faire de bruit c'te fois.

La barmaid se retourna, dévoilant ses yeux cachés par un bandeau.

-Rien n'échappe aux six sens de Sick Worm, ma grande. Sauf peut-être la vue.

Les deux ponettes s'esclaffèrent. Gravement blessée, Sick Worm avait perdu la vue en protégeant ceux qui l'accompagnait. C'était une héroïne, mais sa cécité l'avait forcé au repos. Et maintenant, elle s'occupait du bar de la base.

La base était en fait une espèce de petite ville, dû à son accroissement ces derniers temps. En effet, le « front des tranchées » était un grand consommateur de soldats, et le camp était le point de transit de toute la chair équestre côté lunaire. Malgré le destin funeste qui attendait chaque poney traversant cette ville, le bar était généralement d'une bonne ambiance. Sick Worm, malgré son traumatisme, mettait de la vie dans ce monde si triste. Applejack sourit.

-BigMac m'a obligé à prendre des vacances. J'ai tendance à oublier la notion du temps là-bas.
-C'est drôle, répondit l'aveugle, la plupart de ceux qui reviennent disent que le temps est ralenti.
-Ouaip, entre deux combats, on s’ennuie ferme. Mais ça dure généralement pas longtemps.
-Paraitrait que tu te défoules pas mal là-bas.
-J'me débrouille pour survivre sans avoir à tourner le dos. Et toi ? Comment ça se passe ?
-Tranquillement. J'ai à peu près autant d'infos sur les tranchées que si j'y était, pal mal de gars me draguent en pensant que je m'apercevrait pas qu'ils sont moches comme des mules, et j'me sens utile, plus qu'à l'hosto. Apprendre à vivre sans ses yeux, c'est d'un galère...
-Ouaip, tu m'as d'ja raconté.
-Au fait, tu connais la dernière ? Paraitrait que Luna veut en finir avec les tranchées. Elle trouve qu'on a pas les moyens de gagner ce genre de guerre.
-Du moment qu'on arrête pas de combattre les solaires, ça me changerais qu'on se batte en avançant.
-Clair. Franchement, à part les quelques percées et les « opérations spéciales », on stagne depuis un bon bout d'temps.
-L'est temps de changer les choses.
-Yep. Oh, merde ! J'ai complètement oublié de te servir !

Applejack ricana. Elle s'était demandé combien de temps prendrait l'aveugle à se souvenir de son oubli. La barmaid effleura quelques bouteilles de ses sabots, puis fit volte-face.

-Au fait, j'ai un niveau type d'alcool. Fait à base de céréale maltée. Ça fait des années qu'le vieux Jack Poniel bosse dessus.
-Il est bon ?
-Demande à ta voisine.

Applejack tourna les yeux et vit qu'une ponette rose/violet dormait étalée sur le comptoir. En face d'elle se tenaient trois petits verres avec quelques goutte de liquide jaunâtre dans le fond. Mais Applejack se doutait que ces trois-là faisaient partis d'une gigantesque famille que Sick Worm avait dû nettoyer avant son arrivée.

-Tu devrais l'empêcher de boire autant.
-Ça fait parti du rituel, lui répondit la barmaid. Le premier jour de sa perm', elle vient ici, se soûle jusqu'à tomber dans le coma, le lendemain elle va mieux et à oublié la plupart de ce qu'elle a vu, et passe le reste de sa perm' à vivre sa vie tranquillement.
-C'est pas dang'reux ?
-Avec le foie de Berry Punch ? Absolument aucun risque. D'ailleurs, je me sert d'elle pour tester des nouveaux alcools, comme celui-ci. J'me tâte de créer un label « Berry Punch testé et approuvé ». ça encouragerait les clients.
-Bon, okay, tu m'as eu, j'ai envie de goûter. Balance !

Sick Worm disparu derrière son bar, fouillant dans un placard dans des bruits de verre (elle touchait à tout les objets pour les identifier). Finalement, elle réapparu, une bouteille carrée au sabot. Elle sortit un petit verre comme ceux à côté de Berry Punch, et le rempli. Appeljack prit le breuvage et le but cul-sec. Elle manqua de s'étouffer.

-Ah ! Ah ! Ch'est... Ah...

La barmaid semblait satisfaite.

-C'est l'alcool le plus fort qu'on ai inventé en Equestria. Faut apprendre à le déguster.
-C'est... Ouah, fit Applejack, ayant encore un peu de mal à fermer la bouche. Ça fait tomber les pommes par les yeux ton truc.
-Tu aimes ?
-J'adore ! R'met-m'en un !
-Offert par la maison. Et un one-shot, un !
-Ça s'appelle comment ?
-Oh ! Il a pas été original. C'est du Jack Poniel's.

Applejack bu le verre, un peu plus doucement. Les arômes de la boisson parvinrent à percer à travers le feu qui lui brulait la langue. C'était bon, c'était fort. C'était officiellement sa boisson préférée.

-Au fait, fit Applejack tandis que Sick Worm lui resservait un verre, comment va Pretty Leave ?
La barmaid haussa des épaules.
-Physiquement, elle va toujours bien. Mais elle est toujours sous médicaments. Elle va un peu mieux, ses crises ne se déclenchent plus aussi souvent.
Le « regard » le l'aveugle se perdit.
-Mais elle ne reconnaît toujours personne...
-Oh ! Serait-ce cette chère Applejack ?

L'intéressée se retourna. Elle tomba face à un grand et musculeux étalon noir.

-Platinum ! dit-elle. Longtemps qu'on n's'est vu !
-On entend parler de toi dans tout le territoire, tu sais ?

Applejack rosit.

-Pas qu'en bien, je suppose...

Platinum Armor sourit.

-Et bien, si tu considère « l'Héroïne de la Lune », celle contre qui les ennemis n'osent même plus se battre, et autres corrélations entre ta présence sur le champ de bataille et notre avancée « pas bien », tu es le pire soldat d'Equestria, oui.

Le rose s'étendit encore sur les joues de l'ancienne fermière.

-Je ne...
-Platinum, l'interrompit Sick Worm. Je te sert un truc ?
-Non merci, je suis en service.
-Au fait, Platinum... Est-ce que vous avez des nouvelles des survivants de ma compagnie ?

L'étalon noir soupira.

-Désolé, Worm. Le lieutenant Rainfall et les autres survivants sont à Canterlot, et nous ne pouvons rien faire pour le moment.

Sick Worm hocha de la tête. Elle avait été dévastée quand elle avait apprit que son ancienne compagnie avait été annihilée par les solaires. Et depuis, elle s'inquiétait du sort des prisonniers. Les Solaires n'avaient pas la réputation d'être tendres.

Applejack tiqua sur un détail.

-Au fait Plat'. Si t'es en service, ça veut dire que...
-...Que je suis présente, oui.

Applejack se retourna doucement. Elle vit la crinière de nuit flotter autours d'elle, puis elle remonta pour voir le visage sombre de la Princesse Luna.

-Princesse...
-Applejack, je t'en pris, appelle moi Luna.
-Je n'y arrive pas, Princesse.

Luna souffla d'exaspération.

-Mais pourquoi tout le monde me dit cela ?
-Parc'qu'a nos yeux, vous s'rez toujours notre Princesse, Pr... Euh... Luna.

Luna prit un air grave.

-Comment voulez-vous que l'on prenne une république au sérieux si son leader est une princesse et que personne ne semble vouloir que cela change ?
-Donnez nous l'temps d'finir cette guerre. On aura l'temps pour la politique après.
-Sans doutes...

Le groupe d'équidé laissa planer un silence. Finalement, ce fut Luna qui le rompit :

-Platinum Armor a raison, Applejack. Ton nom est sur toutes les bouches en ce moment. Tu es l'héroïne qui inspire nos soldats.

Applejack repensa à l'image dans le miroir.

-Je n'pense pas mériter c't'honneur, Princesse. Je suis plus un monstre qu'une héroïne.
-Vraiment ?
-Oui. Je n'me bat pas pour quequ'chose de noble ou de bien-fondé. J'me bat que pour venger ma famille, rien de plus. Je perd le contrôle de moi-même à chaque fois que je me bat. J'me sens pas d'être l'inspiration pour les soldats. Y d'vraient avoir plus peur de moi qu'aut'chose.

Luna souris.

-Regarde autours de toi, Applejack.

La ponette orange fit le tour de la salle du regard. Tous les regardaient -non, tous la regardaient, non pas avec des yeux effrayés, mais avec une réelle lueur d'admiration dans le regard.

-Ils ne me regardent même pas, se lamenta Luna sur une voix amusée. Tu es un modèle, que tu crois le mériter ou non. Tous savent qui tu es, tous savent ce que tu fais, ce que tu deviens quand tu es dans la bataille. Et ça les encourage. Car ils savent que par ta rage, c'est une vengeance de tous ceux qui ont perdu quelque chose dans la guerre contre l'Empire qui se joue. Tu incarnes l'esprit de vengeance qui sommeille en chacun d'entre nous.
-Mais, je ne mérite plus d'être appelée « héroïne »...
-Applejack, les règles ont changées. Parce que tu es un modèle dans la guerre qui nous tord l'esprit, parce que malgré tes malheurs, tu es restée l'honnête Applejack, honnête avec elle-même, honnête à en refuser de guider des soldats avec elle dans une mort certaine. D'ailleurs, à ce sujet...

Luna regarda ailleurs.

-... Je comptait promouvoir BigMacintosh au rang de Capitaine. Tu l'en crois capable ?
Les yeux d'Applejack s'agrandirent de surprise. Puis elle se reprit.
-Bien sûr qu'il en est capable. C'est le meilleur !
-Tu m'en vois ravie, dit Luna avec un sourire.

Luna regarda Applejack dans les yeux.

-Pour en revenir à notre sujet : tu n'es certes pas l'héroïne des contes pour poulains. Tu es une héroïne forgée par une guerre sans précédents.

Elle désigna la tête d'un coup de tête.

-Et ils sont prêt à te suivre n'importe où, plus sûrement même que moi.
-Ne dites pas ça ! s'offensa Applejack. Tout le monde est prêt à mourir pour vous !
-Et je m'en désole...

Le regard de Luna se posa sur le verre à moitié plein de la fermière.

-Tu vas finir ça ?
-Je ne pense pas, pour... hé !

Luna s'empara du verre et le finit d'une traite. Elle souffla du fond de la gorge, et ses joues s'empourprèrent.

-Je vous préviens de suite, un millénaire sur la lune ne m'ont pas aidé à tenir l'alcool.
-Mais, mais...

Tous les témoins de la scène regardaient la Princesse avec des yeux qui auraient pu dépasser la taille de leur tête. La princesse se tourna vers eux.

-Et bien quoi ? Vous pensiez votre princesse allait rester tranquillement assise à vous regarder vous amuser ?

Les clients continuaient de la regarder. Puis quelqu'un au fond de la salle rigola, et lança :

-Sick Worm, sert lui un double !

Toute la salle commença à pouffer, et la barmaid servit deux verres, que la Princesse, une lueur de défi dans les yeux, s'empressa de vider. Platinum Armor roula des yeux. « Et c'est repartit... ».
L'ambiance du bar se réchauffa immédiatement.

Luna tourna son attention vers Sick Worm :
-Quand eche... Oula, ça tourne ! Quand est-ce qu'elle est sensée arriver ?
-Un peu plus tard dans la soirée, répondit la barmaid.
-Qui doit venir ?

Sick Worm tourna sa tête vers la ponette orange.

-Tu savais pas ? Je pensais c'était pour ça que t'avais choisi cette date...
-Mais quoi ?
-Sweetie Belle va venir chanter ici ce soir.

Applejack manqua de s'étrangler. Ce n'était pas facile de tomber au bon moment au bon endroit pour écouter un des fameux concerts de la sœur de Rarity.

-D'ailleurs, dit l'aveugle en tournant sa tête vers Berry Punch toujours endormie, je me demande ce que je vais faire de la personne que j'entends ronfler, là...

Ils passèrent la fin de l'après-midi dans le bar, et en début de soirée, Sick Worm fit un peu de ménage et prépara la scène.

-On pourra aller la voir ? demanda Applejack.
-Je ne pense pas, répondit la barmaid. Elle descend de son train, chante, et repart aussi sec. Il paraît qu'ils ont besoin de soutient moral au front Est. Mais elle ne pouvait pas passer sans pousser la chansonnette. T'as déjà vu un de ses concerts ?
-Oui, mais c'était avant la guerre...
-Oh.



Le soir vint, et les poneys s'installèrent sur les chaises en face de la scène. Applejack se trouvait au premier rang, aux côté de la Princesse, qui avait légèrement dessaoulé. Mais ses joues étaient encore un peu rosâtres.

-J'ai peut être un peu forcé...
-Je ne vous connaissait pas ce côté, Princesse.
-La fameuse soirée de Nightmare Moon où je suis apparu pour la première fois m'a faite découvrir les plaisirs de se lâcher de temps en temps. Mais ne t'inquiète pas, même avec une gueule de bois, je reste capable de remplir mes devoirs.

Soudain, les lumières s'éteignirent. Les poneys s'agitèrent dans le public. Puis, une douce lumière bleue éclaira le rideau, qui s'écarta, montrant une ombre. Cette ombre s'avança, montrant une Sweetie Belle jeune jument superbe dans sa longue robe bleue.

La chanteuse s'approcha du micro, le prit, et chantonna doucement, sur un air de berceuse qui rappelait à Applejack la voix timide de Fluttershy :

Hush now, quiet now,
It's time to lay your sleepy head.
Hush now, quiet now,
It's time to go to...

A ce moment, les lumières s'allumèrent violemment, et Sweetie Belle arracha sa robe pour montrer une tenue plus courte et plus extravagante, tandis qu'elle chantait d'une façon beaucoup plus rapide, accompagnée d'une musique plus rythmée :

...Beeeeeeeeeeed !

Hush now! Quiet now!
It's time to lay your sleepy head!
Said hush now! Quiet now!
It's time to go to bed!

Drifting! Off to sleep!
Leave excitin' day behind you!
Drifting! Off to sleep!
Let the joy of dream land find you!

Hush now! Quiet now!
Lay your sleepy head!
Said hush now! Quiet now!
It's time to go to beeeeeeeeeeeeeeeeeeed! YEAH !

Tout les poneys se levèrent pour l'acclamer. Sweetie Belle nota Applejack et la Princesse, leur fit un signe de sabot, et reprit le micro, et enchaina avec d'autres chanson de son cru. Sa voix était magnifique, mettant du baume au cœur, donnant envie de danser. Elle continua sans s'interrompre que pour glisser quelques mots de remerciement.

À la fin du concert, elle s'arrêta, et dit :

-Cette chanson est un hommage à d'anciennes amies, que j'ai perdu pendant cette guerre. J'espère qu'elle signifiera autant pour vous que pour moi, car elle raconte le combat d'une croisade pour quelque chose que l'on croyait impossible, mais qui a fini par se réaliser.

Ce faisait, elle montrait sa Marque, un micro entouré de notes.

-Cutie Mark Crusaders.

Et elle chanta l'hymne de leur ancien petit groupe, dans sa version plus récente. Au milieu de la chanson, des larmes commencèrent à couler sur ses joues, sans qu'elle n'arrête pour autant. À la fin de la chanson, elle éloigna le micro de sa bouche, et ferma les yeux.

Dans la salle, ce fut immédiatement le chaos. Les poneys frappaient le sol à tout rompre, lui hurlaient leur affection.

C'était dans une salle de bar. Ça aurait pu être dans un stade. Elle salua, encore et encore, puis se retira. Pour partir encore sur les routes, sans doute.



Applejack était sortie avec Luna. Elles commentaient le concert, louant la magnifique voix de la chanteuse. Au moment de se quitter, Luna interpella la ponette orange :

-Applejack, j'oubliais. Je voulais te dire quelque chose d'extrêmement important.

Applejack dressa les oreilles.

-N'en parle à absolument personne. C'est encore un projet top-secret.
-Je serais muette comme une tarte aux pommes.

Luna inspira.

-Shadow Stalker a trouvé une faille critique dans l'organisation des défenses ennemies. Il est en ce moment en train de mener des opérations de sabotage, qui pourraient nous permettre de faire avancer une force imposante directement au cœur du territoire ennemi.

Applejack eut un peu de mal à comprendre. Soudain, la lumière se fit dans son esprit.

-Vous voulez dire que...
-...Que si le plan fonctionne, dans moins d'un mois, nous attaqueront la ville de Canterlot.



Applejack était prête, fusil au sabot. De l'autre côté du champ plat, elle entendait des impacts lourds, suivis d'un léger frémissement, et du râle d'agonie des ennemis. Un coup de sifflet se fit entendre, et elle mit son masque.

Luna venait d'autoriser l'utilisation de gazs mortels pour en finir plus rapidement avec cette guerre de position inutile. Applejack était heureuse. Ils avançaient enfin.

Vers Canterlot.

J'était en train d'écrire un épisode un peu "bordeline". Voire NSFW. Enfin, en bref et en résumé, avec une scène de tentative de viol dedans. Sur le coup, ça m'avait paru une bonne idée, dans le style malsain, guerre et tout...
Puis, au milieu d'une phrase, j'ai fait Alt-F4, quitter sans sauvegarder, supprimé ce que j'avais déjà écrit, réduisant à néant deux heures d'écriture, et quelques de cours de physique passés à faire le scénar.

Pourquoi? Pas par conviction morale, ou par dégoût. Si la fic s'était passé dans le monde réel, ou W40k, je l'aurais écrit sans aucun scrupule. Mais là, nous sommes dans My Little Pony.
Je tente tant bien que mal de garder un tant soit peu l'esprit et la personnalité des personnages de la série, et je les fait évoluer en fonction de la guerre. J'essai autant que faire se peux de garder un truc crédible par rapport à la série. Or, les poneys ne sont pas des obsédés sexuels, quoiqu'en pense Soarin'.

Voila, je digresse sur quelque chose que vous n'aurez jamais devant les yeux, je vous ennui un peu, mais cette suppression m'a fait réalisé que j'était allé trop loin par rapport à mon idée sur cette fic, et je voulais le partager, d'autant plus en considérant la suite de ce post. Je voulais que vous sachiez que, guerre mise à part, je tente mon possible pour rester dans le monde MLP.

Merci de voter attention, et maintenant, here comes the REAL KHIT!

Licornes d'élites, commandées par Twilight Sparkle. Puissantes magiciennes, au pouvoir de destruction inimaginable. Fanatiques d'une fidélité à Célestia sans aucune limite, physique ou morale. Comme le dirait Bro-Nie, une espèce de corps de S.S. version poney.
UPDATE : Essentiellement des Magiciens de niveaux supérieurs, ou des sadiques notoires. Que des licornes.
Sterling Vision (Bro-Nie)

Même quand on a la maîtrise du ciel, on peut toujours avoir à faire à une opposition qui requiert l'élite. Coprs de pégases spécialements entrainés par la meilleure, Rainbow Dash. Capable de se débrouiller aussi bien dans les airs qu'au sol, avait une mitrailleuse ou une bombe.
UPDATES : Obviously, que des pégases.
Stamper (Clemi)

L'Empire à la maitrise du ciel, et cela grâce à la qualité de ses pégases. Engagez-vous, et un jour peut-être vous aurez l'honneur de faire parti des Falcons.
UPDATE : moins bon, mais plus nombreux et plus respectueux que les Falcons. Je n'ai pas encore choisi d'inclure des dirigeables, donc pégases uniquement.

-Force de Défense de Canterlot : Un orage se prépare. Venez défendre votre capitale!
UPDATE : Là, c'était inclair pour certains : TOUT TYPE DE PONEYS. Seuls les meilleurs vont chez les Licornes Solaires ou les Falcons, et certains pégases peuvent choisir de rester au sol.
Crimson Brush (Magicpixel)

-Régiments Mécanisés : L'Empire Solaire peut être fier de la qualité de ses tanks. Si vous aimez les gros calibre et l'harmonie d'une équipe réduite, les Régiments Mécanisés sont faits pour vous!
UPDATE : Equipage de char essentiellement. Mais si vous avez d'autres genres de véhicules en tête...
Nicholaus (Plutonium 239)

Commandés et formés par le Commandant Shadow Stalker, les membre de ce groupe d'élite frappe à l'arrière des lignes ennemis, mettant leur vie en danger pour faciliter celle de leurs camarades.
UPDATE : Généralement pas en bon rapport avec les concepts de "morale"et d'"honneur"
Night Shine (Night Shine)

Ce n'est pas parce que le ciel est à Rainbow Dash que la République doit se priver de soutient aérien. Petit groupe d'assaut chirurgical, les ExpAir commandés par le Capitaine Soarin frappe souvent vite et fort puis se retire pour éviter les pertes.
UPDATE : Seuls pégases lunaires osant vraiment s'envoler. Spécialistes chasseurs de pégases ennemi, tant que ce ne sont pas les Falcons.

-Forces mécanisées : les chars Lunaires sont certes plus petits et plus fragiles, mais aussi plus rapides et plus précis. De plus, leur faible coût les rends nombreux.
UPDATE : Idem que chez les solaires. En plus nombreux (moins résistants, bref, c'est marqué juste dessus...)
Tommy (sonic thomas)

-Troupes Lunaires ("Partisans", en souvenir de la Guerre des Souris) : C'est par le soldat que commence la pyramide de la guerre, et c'est le soldat qui remporte les batailles.
UPDATE : TOUT TYPE DE PONEYS! Les licornes ci-dessous sont des plate-formes d'armes lourde mobiles, pas des mages.
Rengoxx (Rengoxx)

-Licornes spécialisés : La République sait exploiter le potentiel de ses licornes. Armez vos armes les plus puissantes, et rejoignez le combat!
UPDATE : comme dit précédemment, des plate-formes lourdes mobile, c'est tout. Des bourrins notoires. Voire le gif posté par Bro-Nie en page 2, c'est la même en se déplaçant.

AJOUT:
-Francs-tireurs : Les forces de Luna sont plus permissives question hierarchie. Certains vont jusqu'à créer leurs escouades spécialisées et, avec la bénédiction de la princesse, vont opérer hors de la stratégie globale.
NOTA : Tout type de poneys (j'en ai marre du capslock). Notamment, les mages licornes lunaires sont généralement autorisés à agir plus indépendamment (donc sont considérés comme Franc-tireurs).
Black Jack (Azardouz)