Plus de repos.
Plus de chansons.
Plus de bonne humeur.
Il n’y avait plus que la douleur.

Applejack imposait une véritable marche forcée aux trois autres membres de son groupe.
Devant l’incapacité de Pinkie à gérer à la situation, bien que Loki l’aie nommée à la tête du groupe lors de leur départ, c’était le poney de ferme qui avait pris les rênes des dissidents d’Harmonie, afin de les réorienter sur le droit chemin. Elle imposait une marche forcée à un train d’enfer à ses compagnons d’infortune, bien qu’elle fut la première à en souffrir à cause de sa patte blessée. Tout son poids se portait sur une seule de ses pattes antérieures, et cela lui engendra rapidement de terribles douleurs, et sa patte commençait à trembler et à donner des signes de fatigue. Applejack devait mettre toute sa volonté pour ne pas s’effondrer, mais elle en avait à revendre. Rien ne pourrait entraver sa quête pour retrouver les autres poneys et Harmonie.
Ses amies étaient en danger, et avaient besoin d’elle. Estropiée ou non, elle ne pouvait les ignorer.

Jusqu’alors, Pinkie n’avait jamais émis la moindre plainte, ni même quoi que ce soit d’autre. Depuis qu’Applejack avait incendié Loki, elle n’avait plus dit un mot, son regard fixé droit devant elle, une franche mauvaise humeur lisible dans ses yeux bleus acier. Elle tirait le « traîneau » derrière elle comme si son poids ne l’encombrait pas, ou alors elle n’y prêtait aucune attention, contrairement à Rarity qui montrait des signes de fatigue et d’énervement de plus en plus nombreux et fréquents. Elle réajustait sans cesse le harnais rudimentaire qu’elle avait confectionné, qui devait le gêner au plus haut point. Les cordes avaient fini par laisser des marques, là où les poils d’un blanc de neige de la licorne étaient petit à petit arrachés, et elle se massait souvent les tempes sous la migraine qui couvait après avoir passé plusieurs heures à tenter de soulager sa charge par magie.
Loki marchait tristement à côté d’elle, essayant tant bien que mal de la soulager, sans qu’il puisse réellement apporter une aide quelconque. Le harnais n’avait pas été conçu pour lui, dont les mensurations différaient trop de celles des poneys pour lui permettre de tirer efficacement l’attelage.

Applejack en avait assez de ce coyote. Plus elle y pensait, et moins elle parvenait à supporter l’idée que par sa faute, elles risquaient de retrouver leurs amies trop tard.

Mais elle ne pouvait pas se permettre de renoncer pour autant. Twilight, Rainbow, Fluttershy et Harmonie étaient là, quelque part, il suffisait de se dépêcher pour leur mettre le sabot dessus.
- Applejack, il faut que nous nous reposions ! implora Rarity derrière l’estropiée. Cela va faire bientôt huit heures que nous marchons sans nous arrêter, nous devons faire une pause ! Nous ne tiendrons pas.
- Pas d’pause, trancha Applejack sans même se retourner. On a trop de temps perdu à rattraper.
- On n’arrivera rien à rien si on se tue à l’effort avant d’avoir eu une piste, grinça Loki.
- Je me rappelle pas t’avoir demandé ton avis, rétorqua sèchement Applejack. Et je considère que je n’ai pas à le prendre en compte. La qualité de tes décisions, tu te souviens ?
- Tu n’as pas à être désagréable, défendit Rarity. Il a présenté des excuses sincères que je sache, et il veut se racheter.
- Et pourquoi qu’il le dit pas lui-même, tout ça, hein ? Il est suffisamment grand pour assumer ses âneries, il a pas besoin de toi pour ça.
- Dans ce cas autant te contenter. Oui, je regrette amèrement ce que j’ai fait, et moi aussi je veux les retrouver au plus vite, déclara le coyote.
- Oh, c’est bien, l’interrompit Applejack. Nous v’la bien avancées maintenant. Tes regrets ne suffiront pas, Loki. Trouve autre chose.

Cette fois, Rarity ôta complètement son harnais, stoppant le traîneau improvisé et Pinkie par la même occasion, qui daigna à peine tourner la tête pour observer la raison de cet arrêt soudain en s’asseyant lourdement sur le sol.
- Est-ce que quoi que ce soit pourrait jamais te contenter, Applejack ? siffla-t-elle en plantant son regard dans celui de la paysanne. Tu comptes peut-être lui en vouloir à vie, aussi ?
- Tant qu’on aura pas retrouvé les autres, ouais, c’est l’idée.
- Et à quoi cela te sert-il ? Garder toute cette rancœur ? Je ne sais pas dans ton cas, mais je trouve cela parfaitement inutile. Et je trouve également que tu as exagéré hier soir.
- Non, je n’ai pas exagéré, éluda Applejack. Comment tu peux croire ne serait-ce qu’un mot de ce qu’il raconte ? Il nous a caché la vérité, et peut-être qu’il nous la cache encore. Il ne montre aucun sentiment vis-à-vis des autres, et je ne suis pas convaincue qu’il n’en ait pas juste rien à cirer. Et le fait qu’il ait pris le temps de nous annoncer la mauvaise nouvelle comme ça a l’air de prouver que j’ai raison.
- Il est donc évident pour toi que s’il nous a tout avoué si tard, c’était uniquement pour nous embêter, c’est bien ça ?
- C’est pas ce que j’ai dit.
- Oh si c’est ce que tu as dit. Et tu penses donc que la moindre petite chose qu’il dit est un mensonge ?
- Comment être sûre du contraire ?
- Pourquoi tant de méfiance ? Tout le monde commet des erreurs, Applejack ! Il a pris sur lui pour nous faire cette révélation, nous devrions peut être limiter un peu les dégâts, et apprécier le fait qu’il nous aie parlé de cela au lieu de le garder pour lui comme il l’aurait sûrement fait. Peut être que nous ne devrions pas l’enfoncer comme tu le fais.
- Ah, parce que maintenant c’est un honnête petit ange qui a juste oublié un petit détail ? On lui donne un susucre ?
- Je n’ai pas dit cela, rétorqua Rarity. Mais je ne sais pas comment TU peux parler aussi facilement de perdre confiance en quelqu’un, alors que tu as toi-même préféré fuir Ponyville et te cacher, éviter tes propres amies, tout ça pour ne pas leur avouer que tu avais perdu à une stupide compétition ! Et nous t’avons pardonnée ! Loki, lui, a eu le courage d’avouer sa faute, et tu lui refuse ton pardon ? Alors que tu ne vaux peut-être pas mieux que lui sur ce plan ?

Applejack regarda la styliste bouche bée. Elle était loin d’avoir réfléchi jusque là, emportée par le feu de l’action. Elle avait toujours été une fonceuse, une instinctive, pas une cérébrale, et sa franchise allait de pair avec sa propension à jeter crûment la vérité au visage des autres, parfois sans prendre conscience de ce qu’elle-même avait fait par le passé.

- T’as raison, je m’suis emportée, finit-elle par s’excuser, quelque peu à contre-coeur. Mais mince, Loki, t’aurais pu faire un effort un peu plus tôt. On est dans le pétrin, maintenant.
- Je sais, dit-il gravement. Et j’en suis sincèrement désolé, je me répète.
- Ouais. On fait une pause.

Après cette mise au point, les relations dans le petit groupe des dissidents commencèrent petit à petit à reprendre une nature plus saine. Bien qu’il subsistât encore quelque traces de méfiance entre Loki et Applejack, il avait cessé de craindre ses réactions dictées par la douleur et l’instinct de survie, et elle faisait des efforts pour ne plus rejeter en bloc ce que pouvait dire le coyote. Rarity et lui entretenaient à nouveau de bonnes relations, toujours dans une certaine pudeur vis-à-vis des deux autres poneys cependant. Seule Pinkie n’avait pas changé depuis cette rapide réconciliation, toujours enfermée dans son mutisme, prisonnière de son propre esprit. Elle ne prêtait plus attention à rien, et se contentait d’avancer sans relâche.

Quatre jours après la séparation du groupe initial et deux après que Loki ait finalement livré ses secrets, le coyote apporta la première bonne nouvelle.

- J’ai trouvé quelque chose ! annonça-t-l triomphalement ?
- Une piste ? s’enthousiasma Applejack, qui avait dépasse le point que le coyote observait.
- Ouaip.

Il avait l’œil rivé avec attention sur une branche basse, pendant à environ un mètre vingt du sol. Elle était si basse que Loki avait d’abord du se baisser pour éviter de s’accrocher la crinière dans les accrocs du bois.
Apparemment, quelqu’un avait été moins adroit que lui.
Un crin rouge était coincé entre deux stigmates de bourgeons, et se balançait mollement dans le sens du vent.
Un crin qui appartenait probablement à Rainbow Dash.

L’angle selon lequel il s’était coincé permit à Loki de déterminer la direction dans laquelle marchait le pégase à ce moment, et probablement celle qu’avait emprunté le reste du groupe, vers le Sud-Est. Comme l’avait supposé Applejack.
Loki informa Applejack de ses conclusions, et celle-ci encouragea ses troupes :
- Allez les amis, encore un petit effort ! Si ce cheveu est encore là, ça veut dire qu’on a pas trop de retard sur eux !

Rarity soupira de soulagement. Enfin, l’espoir renaissait. Elle et Loki marchèrent avec un ardeur renouvelée, faisant fi des pattes et des coussinets douloureux. Pinkie, toujours aussi insensible et infatigable, s’adapta sans problème au rythme un peu plus soutenu, calant sans y penser son pas sur celui de la licorne.

Lorsqu’enfin le petit groupe s’arrêta pour bivouaquer, la nuit était déjà bien avancée. Les forcenés de la marche tombèrent presque d’épuisement. On déplia les tentes à la va-vite, et personne ne prit la peine de rassembler du bois pour allumer un feu. A peine eurent-ils touché le sol de leur tente qu’ils s’endormirent d’un sommeil sans rêves, plein de promesses de courbatures pour le lendemain.

En se levant tôt et en gardant autant que possible le rythme soutenu adopté la veille, en dépit des muscles douloureux, ils firent tout leur possible pour réduire l’écart qui existait entre eux et leurs ami, comptant sur la nonchalance de ces derniers.

Applejack, trop épuisée pour rester debout la veille mais bien trop fébrile pour dormir longtemps en matinée, se leva avant même l’aurore. L’obscurité nocturne noyait encore le paysage, les étoiles encore et toujours masquées par ces mêmes nuages cendreux.
Mais une lueur était visible dans ce noir d’encre, et pour la ponette de ferme, c’était infiniment plus beau qu’un lever de soleil.
Au loin brillait un feu de camp.

- A l’aube du cinquième jour, regardez à l’Est, et vous verrez une grande lueur, dit solennellement Loki qui s’était approché silencieusement, en tenant la boussole dans une patte. L’instrument indiquait qu’ils faisaient tous les deux face à l’Est.
- Gandalf le Blanc ? se souvint Applejack, qui avait adoré le Seigneur des Anneaux quand elle l’avait vu la première fois, pendant une journée marathon organisée par Loki.
Ils avaient dévoré la trilogie d’une traite. Rarity s’en était rapidement désintéressée, trouvant l’histoire trop violente et pas assez féérique à son goût, mais les autres poneys avaient solidement accroché, en particulier Applejack et Rainbow Dash.
- Ouaip, bonne mémoire. Je trouvais que c’était de circonstances. On réveille les autres et on leur annonce la bonne nouvelle ?
- Eeyup. Mais d’où tu viens, toi ?
- J’ai été chasser. J’avais la dalle.
- Je vois…
- Et comme j’avais peur de me perdre, j’ai pris la boussole.
- Je me doute bien.

Loki ne tarda plus et entra dans la tente de Rarity, tandis qu’Applejack allait réveiller Pinkie. Le coyote poussa sa compagne du bout du museau, essayant de l’embrasser sur le front pour la réveiller en douceur.
Elle émergea très lentement, la tête longtemps encore dans le gaz, sans comprendre les raisons ayant poussé Loki à la réveiller.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Marmonna-t-elle d’une voix lourdement ensommeillée.
- Tu devrais venir voir, l’enjoignit doucement Loki en l’aidant à se lever.

Rarity sortit de la tente à petit pas, les yeux à peine ouverts. Lorsqu’elle crut apercevoir quelque chose, elle les ouvrit en grand.
Loki ne sut si c’était la lueur des flammes ou autre chose qui luisait à ce moment dans le regard de la licorne.
- On y est ? Ce sont elles ? demanda Pinkie, les premiers mots qu’elle prononçait depuis la veille, d’une voix rendue rauque par manque de pratique mais présentant une pointe d’excitation que les autres n’avaient pas entendue depuis longtemps.
- Certainement, confirma Applejack.

A présent tout-à-fait réveillés, les trois poneys et le coyote abandonnèrent le camp, trottinant gaiment vers la lointaine source de lumière.
Applejack et Pinkie étaient tout sourire, se réjouissant d’avance à l’idée que leur quête prenait fin, pour prendre un nouveau départ ensuite. Rarity remarqua rapidement que Loki, quoique sans doute joyeux de retrouver ses amies et sa sœur, appréhendait également leur retour. Cela était bien normal, au vu de la rancœur qu’Harmonie avait témoigné vis-à-vis de lui la veille et le jour-même de leur départ.
Mais peut-être que l’absence de Loki et des autres avait fini par gommer les ressentiments de la jeune femme, et que ça resterait un évènement joyeux, après tout. Qui savait ?
Alors qu’il n’étaient plus qu’à cinq cent mètres du campement, Pinkie qui trottait le nez en l’air ne put s’empêcher de jeter un œil dans le ciel teinté de rose par le soleil qui se levait petit à petit.
- Tiens, drôle d’oiseau ! remarqua-t-elle.

Loki suivit la direction du poney afin d’apporter son expertise en matière d’identification. Il trouva rapidement la silhouette du volatile qui planait au loin, en hauteur.
Mais quelque chose n’allait pas avec cet oiseau.
Alors qu’il opérait un léger virage, probablement pour trouver un courant d’air ascendant, le coyote aperçu le long cou et la longue queue fine. Quelques battements d’ailes plus tard, Loki fut confirmé dans son hypothèse.
Cette créature volait beaucoup trop mal pour être un être fait pour le vol. Ses battements d’ailes étaient malhabiles, le vol disgracieux et discordant. Et cette silhouette longiligne ne pouvait appartenir qu’à un seul être sur cette planète.
- Discord ! s’alarma-t-il, partant sur-le-champ au triple galop vers le camp d’Harmonie.

Applejack, Rarity et Pinkie Pie ne purent s’empêcher de se retourner pour tenter d’apercevoir la silhouette du draconequus. Sa vue fut comme un coup de fouet pour les poneys, qui se lancèrent immédiatement sur les traces de Loki. Heureusement pour elles, Discord était encore trop loin pour les avoir repérées, mais il se rapprochait rapidement, porté par ses ailes dépareillées.
Applejack éprouvait les plus grandes difficultés à se maintenir au même niveau que les autres, avec sa patte en écharpe. Elle qui jadis était la seule à pouvoir concurrencer Rainbow Dash sur le plan de la vitesse au sol, elle se révélait un poids mort pour son propre groupe.
Voyant Rarity et Pinkie s’éloigner de plus en plus, l’abandonnant en arrière comme un animal malade qu’on sacrifie pour protéger le troupeau, elle appela :
- Attendez ! Me laissez pas toute seule !

Loki s’arrêta brusquement et fit volte-face, aboyant aux deux autres de continuer le plus vite possible lorsqu’il les croisa, et courut porter son aide à la ponette de ferme.
Une fois à son niveau, il passa la tête sous la patte invalidée, et la fit glisser sur ses épaules, offrant son corps entier comme béquille.
- Maintenant, tu tiens le rythme, ordonna-t-il presque.
- Attends on va…

Le coyote s’élança avant d’avoir entendu les protestations de la ponette. Il courait vite, très vite, plus qu’Applejack n’avait jamais couru, et semblait capable de défier Rainbow Dash dans un défi à la régulière, sans les ailes, et de la vaincre à plate couture en course à pattes. Applejack avait toutes les peines du monde à caler le rythme de ses pattes sur celui du coyote, pour ne pas les faire chuter tous les deux. Elle manqua de nombreux pas, manquant de trébucher à chaque fois, et s’appuyant presque entièrement sur Loki pour retrouver son équilibre.
Malgré l’œil perdu de Loki qui l’empêchait d’évaluer les distances et la piètre qualité de coureuse d’Applejack, ils parvinrent à maintenir l’allure sans chuter. Mais la paysanne était trop concentrée sur ses sabots et le terrain pour éviter de chuter qu’elle ne vit pas la silhouette sombre qui évoluait en plein ciel opérer un virage vers le Sud avant d’amorcer sa descente en revenant vers le Nord, pour attaquer le camp par le flanc.

Au camp même, c’était la panique. Rarity et Pinkie, hors d’haleine après le sprint de leur vie, n’avaient pu que pointer un sabot vers le ciel en lâchant un mot unique, « Discord », avant de respirer lourdement pour tenter de reprendre leur souffle. La joie des retrouvailles née en voyant venir les deux poneys et leurs compères en arrivage avait été remise à plus tard, au profit d’une brusque et violente crise d’angoisse.

- Fiche le camp, Harmonie ! hurla Loki lorsque lui et Applejack arrivèrent enfin à portée de voix.

Twilight confirma l’ordre à la jeune femme d’un signe de tête et d’un regard résolu, puis se plaça entre elle et le draconequus en approche. Harmonie n’attendit pas une seconde de plus pour courir trouver refuge dans les bois, espérant que la haute stature de Discord l’empêcherait de la poursuivre dans l’enchevêtrement de branchages de la forêt.
Dans le ciel rosé, la silhouette longiligne du monstre avait disparu.

- Vous me quittez déjà ? Quelle impolitesse, fit la voix de Discord, surgie de nulle part.

Harmonie se prit le pied dans quelque chose qui était apparu brusquement en travers de sa route, et fit un vol plané avant de s’écraser au sol avec un cri de surprise.
Quelque chose de duveteux lui chatouilla le côté et le ventre, puis elle sentit la queue serpentine du monstre s’enrouler autour d’elle, avant de l’enserrer fermement et de lui bloquer brusquement le diaphragme, l’empêchant de crier et de respirer.
Discord la souleva, et resserra ses anneaux autour de sa taille tout en desserrant ceux qui lui comprimaient le ventre pour lui permettre de respirer.
- Oh, voyons, nous venons à peine de nous retrouver, il faut fêter cela ! ricana Discord en plaçant la jeune femme au niveau de ses yeux.

Voir l’un de ses pires cauchemars prendre corps ainsi aussi près d’elle, en contact avec elle, paralysa Harmonie d’horreur. La gueule monstrueuse et chimérique du draconequus était encore plus effroyable vue d’aussi près, infiniment plus qu’elle ne l’avait imaginé dans son cauchemar. A cette distance, elle avait peur que le croc surdimensionné comme un cimeterre ne lui ouvre la gorge sans même que Discord ne le remarque. Les yeux jaunes à la pupille écarlate de la bête luisaient d’un féroce éclat de folie et de joie, plongeant la jeune femme dans les affres d’une terreur sans nom.

Les poneys s’étaient tous retournés vers le draconequus surgi de nulle part, et tentaient de se montrer sous leur jour le plus menaçant. Loki gonflait sa fourrure et montrait les crocs en grognant puissamment. Mais tout cela était loin d’intimider Discord.

- Que voilà une attitude déplorable pour accueillir une vieille connaissance, se plaignit-il. Et dire que nous ne nous sommes pas vus depuis si longtemps. Comble d’impolitesse, vous ne me présentez même pas votre nouveau camarade ? dit-il en glissant vers Loki, Harmonie toujours en l’air derrière lui, piégée dans ses anneaux. Vous me décevez, mesdemoiselles. Je vous ai mieux élevées que cela.

Loki gronda et doubla presque de volume, tout en avançant légèrement de manière à se placer entre Discord et Rarity. Détail qui n’échappa pas à l’attention de la terrible chimère.

- Rarity, très chère, vous me décevez terriblement, dit-il en se redressant de toute sa hauteur et en prenant un air affligé. Plus encore que vos camarades. Ne me dites pas que vous n’avez pas trouvé meilleur laquais que cette chose probablement couverte de puces ?

Loki poussa un grognement furieux en entendant le mot « laquais ».

- Et en plus il est agressif. Vous devriez le dresser, très chère.
- C’est vous qu’on devrait dresser ! Et si lui est couvert de puces, je n’ose imaginer ce qui doit ramper sous votre fourrure ! cracha Rarity.
- Relâchez Harmonie ! ordonna Twilight du ton le plus autoritaire qu’elle put, alors que Discord s’apprêtait à lancer une réplique cinglante à la licorne.

Discord se tourna vers elle avec un sourire malveillant.
- Sinon quoi ? demanda-t-il en plaçant son horrible visage à quelques centimètres de celui de Twilight. Vous utiliserez vos précieux Eléments d’Harmonie contre moi ? Je crains d’avoir entendu qu’ils avaient hélas disparu dans des circonstances mystérieuses. Navré de vous livrer cette terrible nouvelle, dramatisa le draconequus.
- Qu’est-ce que vous comptez lui faire ? aboya Applejack.
- Ne vous en faites pas, j’ai simplement envie de discuter un petit peu avec elle, histoire que nous fassions connaissance, répondit Discord en jetant un regard pervers à Harmonie qu’il exhibait comme un trophée. Ne vous en faites pas mesdemoiselles, vous n’aurez pas à subir un tel entretien, j’ai amené avec moi quelques camarades de jeu.

Le monstre fit claquer ses doigts. Aussitôt, du néant surgirent six sphères vaporeuses d’ombre pure, dont la forme imprécise était encore troublée par les volutes d’une fumée légère mais noire comme de l’encre qui émanait du cœur de ces sphères. A la vue de ces choses, l’image du grand démon cornu qui les avait pourchassés quelques jours auparavant s’imposa à l’esprit d’Harmonie, Pinkie, Rarity et Loki.

- Amusez-vous bien, mes bons amis, ricana Discord. Ah, Alraune, faites-moi le plaisir de vous occuper également de la bête à poils, intima le draconequus à l’une des sphères.

Seuls Twilight et Loki purent entendre la terrifiante réponse, un « avec joie » prononcé avec un accent indéfinissable par une voix odieusement reptilienne venue des profondeurs de l’abîme. La licorne commença à paniquer intérieurement, et Loki se tendit comme la corde d’un arc. Ces sphères étaient des démons, et il faudrait les combattre, mais comment vaincre quelque chose qui n’avait pas de corps physique ?

Alors que le draconequus faisait volte-face et s’éloignait pour « s’entretenir » tranquillement avec sa prisonnère, les six sphères flottant à quelques décimètres du sol foncèrent à l’unisson à la vitesse d’une balle vers le groupe de poneys, chacune ayant une cible définie qu’elle impacta violemment..
Pourtant, le contact ne déclencha aucune sensation, aucun choc, ni chaud, ni froid. Les sphères éclatèrent au contact de leur victime, devenant un nuage d’une fumée opaque masquant les poneys les uns aux autres, et s’infiltrant en eux par la bouche, le nez, les yeux, les oreilles.
Cette fumée d’encre surnaturelle était lourde, étouffante, dégageait un abominable remugle de soufre et son ignoble caresse glacée pour les yeux et les voies respiratoires des victimes de ces démons venus d’outre-monde. En s’infiltrant en eux, la fumée fit suffoquer les poneys et le coyote, les étouffant petit à petit, comprimant leurs poumons dans leur poitrine, déroutant leur sens.
Ecrasés de l’intérieur par le manque d’oxygène et totalement déboussolés, les victimes s’effondrèrent l’une après l’autre, sombrant rapidement dans un sommeil comateux.
Loki utilisa ses derniers instants de conscience pour chercher la patte de Rarity à tâtons dans le noir, et sentit le sabot se serrer sur sa propre patte lorsqu’il l’eut trouvé.
Puis il sombra dans l’inconscience.

Quand Twilight ouvrit les yeux, tout ce qu’elle vit fut du noir. Le sol était noir, l’horizon était noir, et elle ne voyait plus le bout de son museau.
L’obscurité la plus totale l’entourait, et Twilight ne put s’empêcher d’imaginer la sarabande infernale qui pouvait rôder n’importe où autour d’elle, en silence, hors de vue. Toute proche, peut être.
La licorne recommença à paniquer.
Elle tenta de faire luire sa corne afin de repousser les ténèbres, mais les ténèbres glacées et surnaturelles environnantes absorbèrent toute trace de luminosité, laissant Twilight dans l’ombre.
Un terrible constat s’imposa à Twilight.
Elle était devenue aveugle.
Elle porta ses sabots a ses yeux, afin de vérifier que rien ne bloquait sa vue.
Rien du tout. Rien que les globes aveugles de ses yeux.
Presque sans s’en rendre compte, Twilight se recroquevilla sur le sol, écrasée par l’angoisse d’avoir perdu la vue dans un environnement qu’elle savait instinctivement hostile.
La mort pouvait surgir de n’importe quel côté, et elle ne la verrait jamais venir.
Elle imagina l’immonde bacchanale qui pouvait apparaître, surgissant de l’ombre pour l’encercler silencieusement, pendant qu’elle tremblait de peur, totalement ignorante de ce qui lui tomberait dessus, puis l’emporter dans les tréfonds du Tartare. Elle imaginait les créatures diaboliques invisibles qui l’observaient, qui se rapprochaient silencieusement d’elle comme des serpents pour la saisir entre leurs griffes.
La mort maraudait alentours, et Twilight n’avait plus d’yeux pour la voir.

Elle entendit des crissements, des craquements, des bruits de galopade d’insectes qu’elle ne pouvait pas voir autour d’elle, mais qu’elle imaginait aisément, son esprit dominé par la peur créant des formes terrifiantes pour attribuer une explication logique à des bruits qui n’étaient peut être que des productions de son cerveau torturé par la peur.
Combien de temps resta-t-elle là, prostrée, à trembler de frayeur et à pleurer de terreur ? Combien de temps sa voix resta-t-elle bloquée dans sa gorge serrée par l’angoisse, l’empêchant d’appeler à l’aide ?

Les minutes semblaient des heures, et chaque heure une éternité, dans cet endroit maudit et oublié des dieux. Et pourtant, Twilight n’avait pas la certitude d’y être depuis plus de cinq minutes.
Elle s’aperçut subitement qu’elle s’était mise à fredonner une chanson que Pinkie avait chanté lors de la toute première excursion de Twilight et ses amies dans la forêt Everfree, à la recherche de Nightmare Moon. Elle fut encore plus horrifiée qu’elle ne l’était déjà par ce constat, ne sachant trop si l’horreur qu’elle ressentait venait du fait que les sons qu’elle produisait risquaient d’attirer des prédateurs invisibles pour elle, ou si c’était plutôt le fait qu’elle ait inconsciemment brisé le silence mortel.
Elle se força à se taire, bloquant l’air dans ses poumons afin de s’assurer de ne plus faire de bruit. Cependant, entendrait-elle seulement quoi que ce soit en cas d’attaque, avec ce bruit infernal de tambour causé par le sang battant à ses tempes ? Son cœur battait si vite et si fort que son seul son suffisait à couvrir les bruits de galopades et de cliquètement qu’elle croyait entendre.

Allait-elle devenir folle ? L’était-elle déjà, perdue depuis une éternité dans cet océan d’encre ? Ou depuis bien avant ?

Elle entendit clairement un claquement au loin, typique de la corne frappant le sol à chaque pas, rapidement suivi d’un deuxième.
Un claquement de sabots. Un autre poney ? Quelqu’un qui venait la sortir de là ?
Il n’en était rien. Les sons étaient trop espacés pour provenir d’un quadrupède. Et la chose avait bien deux sabots, éliminant la possibilité que Discord soit à l’origine de ces bruits inquiétants.
Quoique ce fût, c’était inconnu de la jeune licorne.
Et quand on devenait subitement aveugle de la sorte, l’inconnu était synonyme de terreur.
Elle était paralysée. Elle avait envie de courir, de fuir aussi loin que possible de cette chose qui se rapprochait inexorablement d’elle. Mais ses pattes étaient bloquées sous elle, aucun de ses muscles ne répondait à l’appel, et de toute façon sa cécité l’aurait empêchée de partir bien loin.
Et les sabots qui se rapprochaient encore…
Le claquement régulier cessa à environ un mètre d’elle. Elle gardait la tête entre les pattes, même si de toute manière elle n’aurait pas pu voir ce qui se tenait là.
- Je vous en prie, allez vous-en, articula-t-elle difficilement entre deux sanglots.

Seul le silence lui répondit.

Tiraillée par une curiosité morbide, comme si ses yeux morts la forçaient à leur obéir, elle leva la tête, et chercha à apercevoir ce qui se trouvait près d’elle.
Rien, évidemment.
Et pourtant, cette puanteur soudaine, indéfinissable, Twilight ne l’avait pas rêvée. Ni les bruits de sabots. Quelque chose se tenait là, elle en était sûre.
Elle scruta encore vainement l’obscurité, tremblant de tout son corps, l’échine inondée de sueurs froides.
Elle releva légèrement la tête.
Et comprit amèrement qu’elle aurait préféré être aveugle.
En réalité, elle voyait parfaitement bien. Elle voyait la plus petite veine, le moindre capillaire qui irriguait cette paire d’yeux jaunes au lieu de blancs, à la pupille minuscule et d’un noir d’encre. Elle voyait parfaitement ces deux globes exorbités reflétant une insanité sans nom.
Des yeux qui ne lui étaient pas inconnus, et qui terrifièrent encore plus la licorne, sachant ce qui devait les accompagner.
Un effroyable rictus bestial de dents plates et allongées se dessina à quelques centimètres sous les yeux fous. Un sourire plein de promesses toutes plus terribles les unes que les autres, annonçant des châtiments impies et une horreur éternelle.
Twilight ne put même pas hurler. Elle s’effondra sous son propre poids, trempée de sueur, le cœur battant beaucoup trop vite, la respiration anormalement lourde et rapide.
Sa poitrine se soulevait tant qu’elle avait l’impression que ses côtes allaient se détacher de sa colonne vertébrale. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, cognait contre ses os, prêt à les briser.
Une douleur terrible vit le jour dans la cage thoracique de Twilight, qui était incapable de détacher ses yeux du regard fou et du rictus abominable.
Elle était en train de mourir de terreur.


Applejack se réveilla sur un sol poussiéreux, légèrement caillouteux. Il sentait bon la terre, celle qu’on cultivait et dont on récoltait les fruits.
Il sentait la maison.
La ponette se releva, et observa les alentours en réajustant son chapeau.
Elle était revenue à Ponyville, et ne se trouvait qu’à quelques centaines de mètres de sa ferme.
Elle s’engagea sur le sentier sur lequel elle se tenait, et commença à galoper, filant vers le Sweet Apple Acre, comme un éclair orange dans l’après-midi radieux.
Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas revu les siens. Pas une seule journée n’avait passé dans ce monde étrange et hostile duquel elle s’était inexplicablement tiré sans qu’elle pense à Apple Bloom, Big Macintosh, et Granny Smith.
Elle ne chercha pas à savoir comment elle était revenue là. Elle y était, c’était tout ce qui comptait.

Elle galopa aussi vite que ses pattes libres et en pleine forme le lui permirent. Elle sentit la caresse du vent sur son visage et dans sa crinière broussailleuse, l’odeur des innombrables pommiers chatouillant ses narines.
Comme tout cela lui avait manqué…

Elle vit au loin Apple Bloom et Big Mac sortir de la maison de planches rouges accolée à la grange pour venir à sa rencontre. Lorsqu’elle les rejoignit enfin, Applejack se jeta dans les bras du poney rouge, tandis que leur jeune sœur sautait sur eux pour les serrer fort contre elle à son tour.
- J’suis tell’ment contente de vous r’voir, tous les deux, dit Applejack.
- Nous aussi grande sœur, fit Apple Bloom. Ca fait tellement longtemps !
- Eeyup, renchérit Big Mac, tout sourire.

Applejack se dégagea des bras de sa fratrie, et demanda gaiement :
- Granny Smith est dans le coin ?
- Oui, elle fait sa sieste dans le salon, tu la connais.
- Pour sûr, répondit Applejack en ébouriffant la crinière de sa jeune sœur d’un sabot affectueux.

Elle trottina jusqu’au salon, en annonçant sa venur.
- Granny Smith ! J’suis rentrée !

Pas de réponse. Pas étonnant, sa grand-mère avait toujours eu le sommeil lourd comme une charrette de plomb.
- Granny Smith… Oh par Celestia ! hurla-t-elle, horrifiée, quand elle passa l’encadrement de la porte du salon.

La grand-mère d’Applejack gisait sur son vieux rocking-chair, qui se balançait mollement au milieu d’une mare de sang, le ventre ouvert et les entrailles à l’air libre. Elle avait encore l’expression paisible du sommeil sur le visage.
La ponette orange fut prise d’un violent haut-le-cœur, et se retourna immédiatement pour ne pas vomir. Elle vit sa sœur et son frère entrer en courant pour venir voir ce qui avait troublé leur sœur.
- Granny Smith ! appela Apple Bloom.
- Qu’est-ce que t’as fait, AJ?! beugla Big Macintosh.
- Je… j’ai rien fait, bafouilla Applejack en baissant les yeux. Elle était comme ça quand je…

Elle vit le long couteau de cuisine dont elle se servait pour découper les pommes serré fermement dans son sabot droit, la lame tachée de sang et d’humeurs visqueuses. Elle poussa un cri horrifié, voulant lâcher l’arme. Mais son sabot refusa de se desserrer.
- Non…non, bredouilla-t-elle, en proie aux plus grands des désespoirs, au comble de la confusion.

Elle ne pouvait pas avoir tué Granny Smith. C’était impossible, elle l’avait découverte comme ça. Et comment ce couteau était-il arrivé dans son sabot alors qu’elle n’était pas passée par la cuisine ? Et pourquoi refusait-elle de le lâcher ?
Elle était persuadée de ne pas avoir tué Granny Smith. Mais même sa foi en elle-même vacilla.

- Pose ce couteau, AJ, et on va en discuter, dit calmement Big Mac après avoir envoyé Apple Bloom se cacher.
- J’ai rien fait Big Mac ! Faut qu’tu m’croie ! implora Applejack. Elle était comme ça quand je suis arrivée !
- Tout va bien se passer, assura Big Mac d’une voix posée.
- Bordel, j’ai rien fait je te dis ! hurla Applejack qui commençait à pleurer. J’pourrais pas tuer notre grand-mère ! Me traite pas comme une criminelle !
- Je sais AJ. Pose ça, et on tirera tout ça au clair.
- J’peux pas !
- Si tu peux.

« Il ment », murmura une voix odieuse, sifflante, à l’oreille d’Applejack, qui en tressaillit d’horreur.
« Tue-le », ordonna la voix.
Applejack voulut tourner la tête pour savoir qui lui parlait. Qui lui donnait de tels ordres. Mais elle ne put pas tourner la tête. Elle ne put pas s’empêcher d’avancer vers son frère, le couteau pointé vers sa gorge. Son œil droit échappa à son tour au contrôle, rendant sa vision étrangement déformée, comme dans un cauchemar.
- Tire-toi, Big Mac ! supplia-t-elle. Tire-toi, je peux pas me contrôler !
- Applejack, tu dois garder le dessus ! tonna Big Macintosh.
- Casse-toi, pour l’amour de Celestia !
« Tue-le ! »
Applejack bondit sur Big Mac. Ils roulèrent tous les deux sur le parquet ancien de la ferme, et la ponette prit l’ascendant sur son frère, qu’elle bloqua sous elle de tout son poids, levant contre sa propre volonté la lame brillante de sang dans les airs.
Le poney de trait parvint à arrêter le geste de sa sœur avec ses sabots, mais eut toutes les peines du monde à la retenir.
Ce n’était pas sa sœur qu’il affrontait. Elle n’avait pas cette force, ni cet œil au regard fou à lier qui le scrutait avec ce qui semblait être de l’appétit jusqu’aux tréfonds de son âme, à côté de l’œil clos et empli de larme, peu désireux d’assister à l’horrible spectacle qui s’annonçait.
Sans crier gare, le genou d’Applejack écrasa l’entrepatte de Big Mac, qui poussa un bref cri de douleur, et la distraction occasionnée permit à la ponette de libérer son sabot armé.
- J’suis désolée Big Mac, dit douloureusement Applejack alors que la lame tombait comme un couperet vers la gorge de Big Macintosh.

La ponette orange se vit perforer la trachée de son propre frère à plusieurs reprises, ne pouvant même plus fermer les yeux, tombée totalement sous l’emprise d’un quelconque marionnettiste infernal.
Big Mac s’étranglait dans son propre sang, essayant vainement de retenir le fluide vital dans ses veines à l’aide de ses sabots, crachant le précieux liquide sur le sol, alors qu’il jetait un regard plein de peur et d’incompréhension à sa sœur.
Celle-ci se vit se relever, contourner le corps de son frère, puis s’agenouiller près de lui. Les yeux fous se posèrent avec curiosité dans le regard mourant de Big Mac, et Applejack enfonça son couteau dans l’orbite du poney, perforant l’œil comme une vulgaire mirabelle et allant fouailler la matière grise de la pointe de l’arme, achevant sur-le-champ le poney écarlate.

Applejack crut perdre la raison, incapable de penser, incapable de reprendre le contrôle d’un corps qui ne lui appartenait plus. Elle ne pouvait que contempler les monstruosités qu’elle accomplissait, impuissante à changer son destin.

Et cette voix reptilienne qui continuait de lui susurrer des insanités au creux de l’oreille, lui intimant de retrouver sa sœur, suggérant des idées sordides et sanglantes.

épuisent ==> épuisement
d'nue ==> d'une
nous ne sommes pas vus ==> nous ne nous sommes pas vus
Navre de ==> Navré de
les ténèbres (...) absorbèrent toute trace de luminosité, laissa Twilight dans l’ombre ==> laissant
resta-telle ==> resta-t-elle
d sueur ==> de sueur
en proie aux plus grands des désespoirs et de la confusion ==> C'est français, ça ?
tous son poids ==> tout son poids
susurrer ==> sussurer

encore une fois, tu me surprends, je pensait que les retrouvailles entre les deux groupe ce passerait différemment, mais les circonstances font que justement, cette crainte et cette attente de la réunions passe à la trappe et nos héros ce retrouvent pris au piège!
et même là, c'est très bien tournée puisque au lieu d'un autre affrontement physique, ils sont isolé les uns des autres et font face, il me semble, à leur plus grandes craintes!

Twilight dois revivre l'épisode traumatique quelle à vécu dans l'asile, et elle est tout seule.

AJ quand à elle ce voit détruire elle même ce qui lui tiens le plus à cœur, sa famille.

delà, peut on imaginé ce que vont subir les autres? et dans lesquelles des pires horreurs vas-t-on tomber? il me tarde de le découvrir!