Le carnet
Envolé. Dissipé. Quelle que soit l'envoûtement qui me les avaient rendus si sympathique, il est levé. Tout ce qui me reste, c'est un sentiment de gâchis et une simple question : comment ai-je pu perdre autant de temps avec ces stupides poneys ?
J'espère que coucher tout ça par écrit m'aidera à comprendre.
Je n'en reviens pas. Moi qui n'ai jamais donné dans le moindre fandom, moi qui ai toujours méprisé ces gens qui ont si désespérément besoin d'un modèle qu'ils adulent le premier venu, voire, encore pire, des personnages de fiction, moi dont la relation avec les créations de fans m'a toujours évoqué celle d'un chat devant une rondelle de citron (snif snif ? Ahhh ! Fuyons), bref, moi qui me pensai totalement immunisé contre cette terrible maladie mentale, vient de passer presque une année entière à me perdre dans, entre tous les sujets stupides qui existent, un dessin animé pour petites filles.
Merde ! J'aurais pu comprendre s'il s'était agi d'une série de science-fiction, par exemple une qui arrêterait d'essayer d'avoir l'air cool à tout prix pour remettre la partie "science" un peu à l'honneur. Ou même une histoire de fantasy, avec dragons, mages et tout le tintouin, mais avec un peu d'originalité et, surtout, qui n'oublie pas de faire rêver.
Mais là, je ne comprends pas. Je ne me comprends pas. Des fichus poneys ? Avec les couleurs pastels, le monde coloré, les histoires gnangnan et même des "cuties marks" sur les fesses ? Ah ah ah.
Bon, il faut bien avouer que cette série de "mon petit poney" est infiniment meilleure que celle que ma sœur me forçait à regarder dans mon enfance. Inutile de dire que, depuis, la seule mention de poney me suffisait pour passer à autre chose.
Tout de même, ça n'explique pas grand-chose. Ce n'est pas aussi mauvais que j'aurais pu le craindre, certes, ça peut même passer pour un honnête dessin animé pour enfants, mais qu'est-ce qu'un trentenaire relativement bien inséré socialement, avec un bon boulot et une vie bien rangée peut y trouver qui le passionne au point de...
Hé bien, pour bien me rendre compte à quel point, il va falloir que je fasse un petit récapitulatif. Allons-y.
Après qu'une vague connaissance virtuelle sur un forum me l'ait conseillé, bien décidé à me moquer de lui, j'ai regardé les premiers épisodes. Puis les suivants. Puis la totalité. Plusieurs fois.
J'ai rejoint la communauté de fans, sans même m'en apercevoir. Les "bronys". Quel nom idiot. Et je me suis vanté un peu partout d'en être un... Si le moi d'alors était devant moi, je lui collerais une sacré paire de baffes.
Je me rappelle avoir sombré petit à petit. D'abord, je parcourais les sites en me disant "ah ouais quand même, ils sont sacrément atteints. Heureusement que je ne suis là que pour les épisodes, moi, sinon je passerais mes journées à mater du poney, comme ces losers."
Bien évidemment, deux semaines plus tard à tout casser, je passais tout mon temps libre à mater du poney.
Ça a commencé par la musique. J'ai bêtement cliqué sur un post musical d'Equestria Daily, par curiosité. Trois morceaux. Dont un que je trouvais un peu faible techniquement mais qui, pour une raison quelconque, me rendait heureux et un qui m'a fait me dire "wow, c'est de la zik d'amateurs ça ?". Deux téléchargements, les premiers d'une longue série qui m'a forcée à acheter une nouvelle carte SD pour mon portable. C'est que me séparer de ma collection de musique de poneys le temps d'aller bosser m'est vite devenu inenvisageable. Bon sang, à ce niveau c'est pas une paire de baffes que mon moi du passé mériterais. Un bon coup de Tazer, ça ça l'aurait bien calmé, ce con.
Mais ce n'était que le début. Les milliers d'images encombrant mon disque dur, sans parler de mes dizaines de fonds d'écrans qui tournent en boucle (du poney, du poney et encore du poney), en sont la preuve. Que dire des centaines d'animations de fans que j'ai pu regarder ? Des dizaines de jeux ? Des... Des fanfictions. Toutes les fanfictions que j’ai lues. Dont certaines faisaient plus de six cents mille mots (pour fixer les idées : le fameux Guerre et Paix de Tolstoï, le premier titre qui vient à l'esprit quand on parle de gros pavé, n'atteint que les cinq cents soixante mille mots, à en croire Wikipedia). Des nuits entières perdues à jamais, fasciné par les aventures de poneys inventés par d'obscurs fans dans des univers souvent également créés de toute pièces. Quand il ne s'agissait pas (ma chute n'a-t-elle donc connue aucune limite ?) de cross-overs. Des cross-overs, nom d'un balai à réaction....
Mais il était dit que je ne m'arrêterais pas là. Toute cette lecture a dû me pourrir le cerveau. Toujours est-il que j'ai moi-même fini, oh déchéance suprême, par écrire ma propre fanfiction, plusieurs dizaines de milliers de mots pour un bien piètre résultat. Et la publier sur internet, tout content de moi.
Bien sûr, j'ai également acheté des jouets. Les six personnages principaux de la série trônent en ce moment même sur mon bureau, en face de moi, comme pour me narguer. Des T-shirts, aussi. Que je portais fièrement... En particulier quand je me suis rendu à cette convention. Argh ! Au moins n'ai-je pas été jusqu'à faire du cosplay. Mais, si je suis honnête envers moi-même, il me faut avouer que je l'ai regretté, sur le moment. Et que, pendant toute cette année, j'étais heureux, probablement plus que je l'ai jamais été.
Mais tout ça est terminé. Depuis ce matin, j'ai l'impression de m'être réveillé après un long rêve. Ou un cauchemar, je ne sais plus. Je regarde un épisode et le trouve stupide, pas vraiment drôle et atroce esthétiquement parlant. J'écoute ma collection de musique et me demande comment j'ai pu penser du bien de cette soupe d'amateurs. Je relis quelques passages des fictions qui m'ont le plus enthousiasmé et ait honte pour leurs auteurs tant c'est mal écrit.
Je relis ma propre fiction et me félicite d'avoir au moins eu la présence d'esprit d'utiliser un pseudo. Je crois que je n'aurais plus jamais osé sortir, sans ça.
Mais comment ai-je pu en arriver là ? Il me faut une explication. C'est à devenir fou. Est-ce que je risque de retomber là-dedans ?
Le pire... Une partie de moi le souhaite.
***
Bordel à pine de cacatoès des près ! Au moins ai-je un début d'explication, maintenant. À moins que l'explication soit que je suis vraiment dingue, comme je commence à le craindre.
Reprenons au début, j'arriverais peut-être à y voir plus clair une fois tout ça sur papier.
Peu après avoir ma dernière entrée dans ce carnet, j'ai profité de mon jour de congé pour sortir un peu prendre l'air et manger un morceau à la terrasse d'un fast-food. Il n'y avait pas grand-monde. À part, ironie du sort, deux pauvres paumés que, d'un coup d’œil, je pus immédiatement identifier comme membres au dernier degré de la secte bronies : vêtus de T-shirts bariolés à l'effigie de personnages équins qui m'étaient bien trop familiers, de tennis et de jeans colorés, l'un d'eux s'était même teint les tifs en rose. L'autre, à la limite de l'obésité, aurait aussi bien fait d'en faire autant : je pouvais voir de ma place le gras luire sur ses cheveux noirs.
Un haussement d'épaules plus tard, je continuais mon repas, bien décidé à les ignorer. Je mâchonnais donc consciencieusement un hamburger fade et caoutchouteux, perdu dans mes pensées et le nez dans mes frites, quand deux personnes s'assirent à ma table, sans autre cérémonie.
Je relevais lentement les yeux puis, ayant confirmé mes craintes, un sourcil. Les deux paumés me faisaient face, tout sourire. "Hé, bro, tu te souviens de nous ? Mais si, rappelle-toi, on s'est rencontré à la convention d'il y a deux mois, au stand des peluches, on s'était bien marrés !"
Pute borgne ! Manquait plus que ça. Cachant du mieux possible mon embarras, je fouillais frénétiquement mes souvenirs... Je me souvenais bien du stand en question, mais pas moyen de me rappeler ces deux loosers... Ou alors ? Zut, ça devait être les deux comiques en costumes intégraux de "Docteur Whooves et son assistante Derpy". Les voix n'avaient pas vraiment l'air de correspondre (j'aurais juré que l'assistante dans le costume était vraiment une fille), mais bon, ils jouaient un rôle, leurs masques devaient déformer les sons et mes souvenirs n'étaient pas si précis. Aucune idée de leurs prénoms par contre, je surnommai donc mentalement monsieur teinture "Pinky" et l'autre "Scratch", en référence au poney DJ ornant sa poitrine.
Composant de mon mieux un rictus plein d'entrain, je m'empressais de cogner doucement mon poing contre les leurs, tendus vers moi depuis leur arrivée (ce qui sembla les plonger instantanément dans une allégresse béate), essayait d'ignorer le tatouage - raté - de Rarity ornant l'avant-bras de Scratch, et enchaînait :
"Ha ha ! Si je me souviens ! Comment j'aurais pu oublier un truc pareil ! Bon écoutez les gars, ça me fait vachement plaisir de vous revoir, mais je dois aller bosser, je suis déjà super à la bourre ! Laissez moi vos numéros et on se rappelle, OK ?
- Oh ! Pas de soucis mec, on allait justement partir, de toute manière. Tu nous accompagnes à la voiture ? J'ai laissé mon portable dedans et je me souviens jamais de mon numéro..."
Corne de camembert. J'avais tellement bien joué mon coup que j'étais à peu près piégé. Je finis donc mon repas à la hâte et emboîtait le pas du gros, Pinky prenant le mien, ce qui me mit tout de suite mal à l'aise. Enfin, encore plus mal à l'aise que je ne l'étais déjà, je veux dire.
Je pensais un instant à prétexter à nouveau mon soit-disant retard au boulot pour les laisser tomber, mais hélas je me rendis aussitôt compte que nous étions déjà arrivés. Leur véhicule était difficile à manquer : une vieille Volvo 740 pourvue d'un énorme aileron qui ne pouvait pas être d'origine, dont la peinture violette (teinte Twilight Sparkle, réalisais-je immédiatement avec consternation) et les décorations en forme d'étoiles sur son "flanc" ne parvenaient pas vraiment à masquer les taches de rouille. Là encore, je pris sur moi pour m'empêcher d'émettre la litanie de sarcasmes qui me venaient à l'esprit, me contentant d'opiner avec conviction et une petite moue de connaisseur (du moins l'espérais-je) quand Pinky, jetant les clés à son ami, me fit remarquer fièrement : "elle est belle, hein ? Je l'ai tunée moi -même !"
Scratch ouvrit la porte de la Ponymobile, lui tirant un grincement sinistre, et m'invita à admirer l'intérieur. J'obtempérais de bon cœur, poussé par une curiosité malsaine. J’eus le temps de remarquer l'épaisse moquette arc-en-ciel couvrant à peu près tout l'habitacle (volant et tableau de bord compris), la figurine de Rainbow Dash accrochée au rétroviseur intérieur et, en regardant entre deux des décalcomanies couvrant le pare-brise, celle de la princesse Celestia collée à l'avant du capot, avant de perdre connaissance.
Quand je repris mes esprits, il me fallut un long moment pour comprendre la situation. Je me sentais faible, avec la désagréable sensation que mes nerfs comme mes muscles répondaient avec un temps de retard. Sans parler de mon cerveau qui pédalait dans la mélasse comme jamais. J'avais dû être anesthésié... À ce propos, je crois que je me suis découvert un super-pouvoir aujourd'hui. Cette particularité qui n'avait jusqu'ici été qu'une source de tracasseries m'a vraisemblablement sauvé la vie : ma résistance à l’anesthésie. Toutes ces fois où le dentiste s'étonnait, avec un scepticisme mal dissimulé, que je sente encore quelque chose après la troisième piqûre, ou ce bref réveil en plein milieu d'une opération des dents de sagesses n'auront pas été inutiles ! Enfin si, mais je me comprends.
Peu à peu, je parvins toutefois à me concentrer sur la situation et constatais d'abord que j'étais, non seulement totalement nu, mais également aussi seul que solidement attaché sur ce qui semblait être une sorte de table d'opération, bien que les instruments m'entourant me fussent totalement étrangers. À vrai dire, je ne vois même pas comment il étaient supposés être manipulés. Le peu de lumière, que je présumais filtrer d'une porte mal fermée derrière moi, ne me permit pas d'en savoir plus.
A part mes doigts et mes orteils, je ne pouvais guère bouger que ma tête et me retrouvais donc totalement immobilisé, probablement prisonnier de deux timbrés ayant trop lu de fanfictions gores.
Autant dire que je n'en menais pas large.
Le son de voix étouffées se fit entendre de l'autre côté de la fameuse porte. Deux voix que je ne reconnu pas, mais dont je peux dire sans le moindre doute qu'elles n'appartenaient ni à Pinky, ni à Scratch - d'ailleurs l'une d'elle était incontestablement féminine. Un instant plus tard, la lumière envahit la pièce. Je fermais les yeux et fit semblant d'être encore inconscient, espérant que la drogue fasse encore suffisamment effet pour masquer mes tremblements de terreur, même si je ne voyais pas vraiment quelle différence ça pouvait bien faire.
"Tout correspond, non, Madame ? Qu'est-ce qu'on attends pour l'envoyer au reconditionnement ?
- Hé bien, le boss veut l'inspecter lui-même. Ça se comprend, c'est quand même un cas intéressant. Étant le premier déconditionné qu'on repère dans ce pays, il vient de nous permettre de confirmer nos statistiques américaines. C'est important de savoir que les européens réagissent de la même manière, dans les grandes lignes.
- Justement, les déconditionnés sont tellement anecdotiques que je me demande pourquoi on prend autant de risques pour les examiner. Et on ne devrait pas lui remettre une dose d'anesthésique ? Imaginez qu'il se réveille en présence du boss ? Qu'est-ce qu'on ferait ?
- Souviens-toi qu'on ne veut pas le tuer. S'il disparaît, il y aura forcément une enquête et, même si nous y sommes préparés, il vaut mieux éviter ça. Donc, on essaye d'éviter le surdosage en anesthésiques. De toute manière, il en a encore pour un bon moment, fais-moi confiance. Et on lui en remettra une couche avant le transport. Et si jamais il se réveillait au mauvais moment, je te rappelle que la procédure de reconditionnement a quelques effets secondaires... Intéressants. Normalement, il ne se rappellera même pas avoir rencontré nos agents, encore moins d'avoir été enlevé.
- N'empêche que... Je serai plus soulagé quand il sera parti.
- Écoute, je sais que tu es nouveau, mais il va falloir que tu prennes sur toi et que tu maîtrises tes nerfs. N'oublie pas ce qui est en jeu !
- Ne vous inquiétez pas, vous pouvez me faire confiance ! Quoi qu'il faille faire, je le ferai.
- Bien sûr. Après tout, si tu es ici, c'est qu'ils t'ont... Choisi. Le jour venu, quand tous les hommes en âge de se battre seront devenus inoffensifs, nous serons tous à la hauteur, j'en suis certain. Et si certains se montraient décevants... Ni eux, ni leur famille ne seraient mieux lotis que le reste de l'humanité. Souviens t'en."
Un nouveau bruit interrompit net cette inquiétante conversation. Un son mat, comme si quelqu'un tapait sur le sol avec un énorme coussin, suivi d'une sorte de lent glissement. Cette séquence se répéta plusieurs fois, de plus en plus forte. Quelle qu'en soit la source, elle se rapprochait.
Malgré moi, ma respiration se fit plus courte et je sentis la sueur couler sur mes tempes. Je ne pus réprimer un sursaut lorsque quelque chose de chaud et soyeux effleura ma joue. Heureusement, peut-être grâce aux liens qui me maintenaient si étroitement attaché, personne ne sembla le remarquer.
Ce qui était entré émit une succession de sons inhumains, mélange invraisemblable de soufflements, de rugissements gutturaux et de sortes de hennissements stridents. À ma grande surprise, la femme répondit dans ce qu'il me faut bien appeler le même langage, bien que sa version n'ait été de toute évidence qu'une imitation bien imparfaite des tonalités bestiales que je venais d'entendre. La chose émit un grognement satisfait et recommença à me toucher. La panique montait en moi, je devais concentrer toute ma volonté pour réprimer mes tremblements et m'empêcher de crier.
N'y tenant plus, j'entrouvris un œil. Le spectacle grotesque qui s'offrit fugitivement à moi, conjugué à l'effet encore présent des drogues qu'on m'avait injectées, me fit perdre connaissance, je suppose, puisque je ne me rappelle rien de plus avant mon second réveil.
Mais ce que j'ai vu dans ce bref instant, je ne suis - hélas ! - pas près de l'oublier. Peut-être, non, probablement ce n'était qu'une hallucination causée par le stress et les anesthésiques. Peut-être (et je l'espère de tout cœur) ai-je rêvé tout ce qui m'est arrivé dans ce "premier réveil." Pourtant, au fond de moi, pour une raison incompréhensible, je suis sûr que tout ça était bien réel, aussi impossible que ça paraisse.
Pourvu que je sois simplement devenu fou.
À quelques centimètres de mon visage, se contorsionnant absurdement, je distinguais une sorte de tentacule couvert d'une sorte de fourrure vert pastel. Il se rattachait deux bons mètres plus loin à un corps de même couleur, écrasé par la gravité en une énorme masse informe surmontée d'une tête terrifiante, au profil vaguement équin. Dans cette tête brillait un œil qui me sembla emplit d'une malice inconcevable lorsque, à ma grande terreur, il plongea son regard dans le mien.
Quand je me réveillais à nouveau, j'étais de retour dans la Ponymobile. Et mes vêtements étaient de retour sur mon corps.
PInky et Scratch discutais à l'avant. Mon cerveau embrumé réussit à capter suffisamment de ce qu'ils disaient pour que je comprenne qu'ils venaient de décider d'aller se chercher un menu au fast-food, persuadés que je dormirai encore au moins deux bonnes heures. Effectivement, ils partirent peu après, me laissant seul.
J'attendis quelques minutes, en profitant pour rassembler mes forces, puis déverrouillait la porte (qui par chance n'avait pas de protection pour les enfants : je ne sais pas si j'aurais eu la force de passer sur les sièges avant) avant de me traîner dehors.
La voiture était garée exactement au même endroit que dans mon souvenir, à quelques pâtés de maisons de chez moi. Je me relevais péniblement et, surmontant la nausée, regagnait mon appartement (je bénis au passage l'inventeur de l’ascenseur). Les gens ont dû me croire soûl, mais peu importe. Je m'effondrais dans mon canapé et me rendormis presque instantanément.
Plusieurs heures ont passé maintenant, je me sens mieux et en ait profité pour écrire ceci. Je ne sais vraiment ce que je peux croire et ce qui n'était qu'hallucinations, mais il est indéniable qu'il y a deux crapules en liberté qui ont essayé de me droguer et de m'enlever. Je vais téléphoner à la police. Avec un tel signalement et ce véhicule ridicule, ils ne devraient pas être difficiles à arrêter. Ensuite, quoi qu'il se cache derrière eux, l'enquête le mettra au jour.
***
Peste astrale ! Tout est perdu. Je vais cacher ce carnet dans un coin, ainsi ceux qui enquêteront sur ma disparition ne manqueront pas de le trouver.
Mon coup de fil au commissariat a tourné court. Ni mon fixe, ni mon portable n'ont de tonalité. Même mon ordinateur n'arrive pas à se connecter à internet, même par wifi !
J'ai failli partir pour aller déposer ma plainte à pied,malgré l'heure tardive, mais un coup d’œil à la fenêtre m'en a dissuadé : la Ponymobile est garée en bas... Comment ne pas la reconnaître, elle et les deux sinistres silhouettes assises à l'avant ?
Ils viennent d'en sortir, je n'ai plus beaucoup de temps. Scratch portait un objet étrange, qui m'a tout de suite rappelé les instruments d'un autre monde décorant la salle d'opération où la chose m'a examiné. Je n'ai donc pas rêvé ?
J'entends leur pas - Puisse quelqu'un d'autre qu'eux retrouver ce texte et me venir en aide !
***
Salut, petit carnet ! Je ne sais pas ce que tu faisais planqué dans ce coin, mais j'ai une mauvaise nouvelle pour toi : tu vas partir à la poubelle. Ben oui, je fais du rangement, c'est pas pour m'encombrer avec des vieilleries. Mais comme il te reste quelques pages vierges et qu'il me reste un peu de temps, je vais essayer de les remplir, histoire que tu n'ais pas l'impression que je me débarrasse de toi prématurément.
Hum... Personnification aiguë d'un objet inanimé. Je me demande si je devrais aller voir un psy ? Qu'est-ce que tu en penses ? Non ? Ok, je te crois.
Au fait, je suis navré, mais ne compte pas sur moi pour prendre connaissance de ton contenu avant de te faire faire le grand saut : je n'ai ni l'envie ni le temps de relire les âneries que j'ai gribouillées il y a probablement des années ; et surtout j'ai toujours écrit comme un cochon, c'est pénible à relire. Tout de même, c'est étrange. Je ne me rappelle pas du tout de toi. Quand est-ce que j'ai bien pu noircir toutes ces pages ?
Bah, peu importe. Désolé, mais je vais devoir te laisser partir, petit carnet. La vie est belle, on est samedi, dans un quart d'heure il y a un nouvel épisode de "My Little Pony : Friendship Is Magic," il est donc plus que temps que je me connecte !
Adieu, petit carnet.
Oh ! Une dernière chose, pour que tu n'oublies pas :
Yay ! Ponies !