« Trois jours s'étaient déroulés depuis la fin de la Bataille pour Canterlot, et désormais, la République Lunaire faisait face à son propre effondrement. Les forces restées à la frontières ne suffisaient pas à tenir tête à l'armée adverse, et rapidement, la ligne de front de déplaça vers l'arrière. Encore et encore, les rebelles voyaient leur territoire conquit de dure lutte fondre comme la neige au soleil, soleil qui brillait sans relâche depuis la fuite de la Princesse de la Nuit, occasionnant des troubles du sommeil chez beaucoup de poneys jusqu'à présent habitués à la luminosité restreinte qui dominait depuis treize ans.

Nous étions désormais trop peu pour maintenir une guerre ouverte. Les faits étaient là. Malgré tous nos efforts, nous avions perdu. La guerre était finie.

Nous l'ignorions encore à l'époque, mais cela remua des choses qui se trouvaient dans les recoins les plus sombres du monde. Un chemin se dessinait, tortueux, fait d'ombre et de sang, un chemin menant à la toute fin.

Mais pour l'heure, nous ne voyions que la déchéance de nos rêves. »




Luna observait l'intérieur de la salle de commandement, laissée dans la même état que lorsqu'elle était partie pour Canterlot. Malgré le fait qu'elle partait toujours pour un front ou un autre, accompagnée de son état-major au complet, on avait insisté pour construire cette base, sorte de centre de commandement pour toute l'armée Lunaire. La capitale de la République, en quelques sortes. Mais aujourd'hui, le camp était presque totalement déserté.

Le voyage depuis Canterlot avait été rapide : le groupe était réduit et plus mobile, et ils pouvaient compter sur l'expérience des Night-Ops et des Fantômes. Ils avaient attendu dans les Catacombes le retour de Coffee Crime, accompagnée de Black Jack, et étaient partis, laissant la ville en flamme et les cadavres derrière eux, traversant le pays en un peu moins de deux jours après avoir volé des véhicules et des uniformes pour passer les patrouilles sans attirer l'attention. Ça avait été plus difficile pour Luna, qui avait dû utiliser ses pouvoirs de transformation pour se changer en simple licorne. Cependant, le groupe était nerveux quand des Licornes du Soleil s'occupait des points de contrôle, et vérifiait les niveaux de magie. Cacher la puissance de la Princesse n'était pas chose aisée, et ils avaient rapidement trouvé un uniforme de Licorne du Soleil pour en vêtir Black Jack et éviter les questions. La licorne avait été contre ce plan, pourtant sage, du début à la fin, mais c'était finalement laissé faire de mauvaise grâce. Finalement, ils avaient réussi à rejoindre le territoire lunaire.

La frontière avait reculé. Beaucoup. Les Lunaires étaient désormais en large infériorité numérique, et se faisaient massacrer en maintenant la ligne de front, face aux forces pleine et fraîches de l'Empire. C'était le revers du coup de bluff qu'ils avaient raté. Luna et ses suivants s'étaient ensuite dirigés vers ce camp assez éloigné de la frontière pour assurer une relative sécurité à l'alicorne. Des rapports arrivaient de partout, montrant l'ampleur du désastre. Les partisans se faisaient proprement déchiqueter sur tout les fronts, incapables de tenir une position plus d'une heure, les Solaires ayant rapidement, après la remise en marche des systèmes de communication lors de l'effondrement du Couloir des Ombres, apprit que l'attaque surprise sur la capitale avait été un échec, et que les forces à la frontières étaient plus là pour faire de la figuration que pour tenir une véritable position. Alors ils avaient joyeusement profité de leur avantage.

Luna caressa la carte d'Equestria qui était attachée sur le mur. Elle n'avait pas eu d'autre alternative. Même si les troupes battaient en retraite pour se regrouper, l'effet d'encerclement et le nombre allaient les briser. Les Lunaires n'avaient plus les moyens de mener un combat de front. Et donc d'avoir un territoire. Elle devait reconnaître la défaite, car continuer d'envoyer des poneys à l'abattoir était inutile. Trop de monde avait disparu par sa faute, et il fallait y mettre un terme.

Elle avait prit sa radio, avait respiré très profondément. C'était un espoir qui s'éteignait. Elle avait fermé les yeux, et s'était concentrée. Puis, dans une formidable explosion de magie, elle avait piraté toutes les radios à des kilomètres à la ronde, atteignant les lignes de front, et coupant les transmissions alliées comme ennemies. Puis elle avait parlé :

* Ici la Princesse Luna. La République Lunaire reconnaît sa défaite. Cessez les combats. *

Ses pattes avaient tremblé, et de grosses gouttes de sueur avaient perlé de son front. La concentration et l'effort que lui demandait ce sort monopolisaient toute son énergie. Elle ne pouvait pas le tenir très longtemps...

* Je vous en prie... *

Puis elle s'était effondrée, et les communications étaient revenues à la normale. Mais l'annonce avait choqué des deux côtés de la frontière.

Elle s'était réveillée quelques heures plus tard, dans un lit d'hôpital, avec ceux qui l'avaient sorti de Canterlot à côté d'elle, qui l'observaient. Coffee Crime était en train de l'ausculter. La Princesse avait levé la tête, et avait dit :

-Rentrez chez vous. C'est terminé.

Windvision avait alors fait un pas en avant.

-Princesse...
-Non, Windvision. Nous avons perdu la guerre. Vous avez encore une chance de fuir, de passer la frontière, ou de vous mêler à la population, et de vivre, tenter de reprendre une vie hors de ces combats. Je ne veux plus que des gens meurent pour moi.

Elle avait soufflé.

-Ce pays à déjà trop souffert.
-Vous abandonnez la lutte ? demanda Windvision.

L'image de Platinum s'était alors imposée à son esprit. Elle avait relevé les yeux.

-Non. Mais ce combat est le mien, et je n'aurais jamais dû y inclure qui que ce soit d'autre. C'était mon devoir d'affronter ma sœur lorsque la folie s'était emparée d'elle, au lieu d'entrainer des milliers d'innocents dans une guerre.

Elle avait regardé son auditoire, qui la fixait d'un air neutre.

-Je ne veux plus que l'on meure à cause de mes erreurs.

Puis elle avait entendu des « pardon », « 'scusez-moi », « Oups, c'est ma faute », et finalement, une pégase blonde à la robe grise s'était présentée au premier rang, fixant la Princesse d'un air sévère malgré son strabisme. Derpy Hooves n'avait alors pas dit un mot, se contentant de prendre la Princesse par la crinière pour la guider vers la fenêtre. Puis elle lui avait fait signe de regarder à l'extérieur, ce à quoi Luna avait obéit, et l'alicorne avait retenu un cri de surprise. En contrebas, une centaine de soldats se tenaient en rang, l'arme au sabot, et avaient salué comme un seul poney lorsqu'elle s'était montrée. Puis Derpy s'était mise à parler :

-Tout ceux qui voulaient fuir les représailles, rejoindre leur famille, ou tout simplement arrêter la guerre sont partis. Tout ces poneys ont perdu quelque chose qui leur était cher, ou souhaitent juste une monde meilleur que celui promis par l'Empire pour leurs enfants. Ils croient en votre cause, tous, et sont prêts à mourir pour elle.

Elle secoua la tête.

-Pas pour vous. Pour votre cause. Et vous incarnez cette cause, c'est vous qui l'avez mise en place, vous qui la maintenez en vie, vous qui la représentez. L'espoir, le dernier rempart contre la folie de votre sœur, c'est vous qui en êtes la dépositaire. Et ils sont tous prêts à se battre et mourir pour ce que vous incarnez. Si vous n'étiez pas là, ils se battraient quand même, et mourraient quand même. Mais vous êtes là, et vous pouvez les guider. Ils sont prêt à vous suivre jusqu'au plus profond du Tartare si c'est là qu'ils peuvent lutter.

Elle avait planté son regard dans celui de la Princesse.

-Je vous le demande, Luna : Allez-vous, oui ou non, continuer à vous battre ?

L'alicorne avait regardé les soldats alignés, et tous la fixaient, l'air sérieux, attendant sa réponse, qui décideraient de leur vie dans les temps à venir. Luna eut un petit sourire.
Tu avais raison, Platinum. Tu as toujours eu rainson.
Elle avait fermé les yeux, puis les avaient rouverts, l'air décidé :

-Nous nous battrons contre l'Empire !

À ce moment, tous les soldats avaient armé leur fusil, et avaient pointé leurs armes vers le ciel, puis s'étaient tourné vers le soleil qui brillait depuis deux jours, et avaient vidé leurs chargeurs dessus. Puis ils s'étaient séparé pour rejoindre leurs quartiers.

Luna regardait la carte, l'air amusé. Il faudrait bientôt quitter cet endroit, car l'armée Solaire arrivait rapidement. Il faudrait se cacher. Une centaine de poney, c'était peu, par rapport à ce que l'armée Lunaire avait compté dans sa période de grâce. Mais elle n'en avait pas besoin de plus. En réalité, il n'y avait pour le moment qu'une vingtaine de poneys qui feraient véritablement l'affaire pour ce qui allait se passer. La guerre était finie, mais Luna ne renonçait pas. Et désormais, ce ne serait plus des bataille, des opérations commandos ou une guérilla tels qu'ils avaient fait une dizaine d'années auparavant. Non, désormais, ils n'avaient qu'un objectif : en finir, terminer ce combat entre les deux Princesses, et arrêter d'y impliquer des innocents.

L'alicorne de la Nuit se dirigea vers la sortie, et pensa à Derpy. La pégase avait beau être gaffeuse et ne pas sembler très maligne, elle réservait bien des surprises. Luna se demanda ce qui avait bien pu la pousser à continuer la lutte. Depuis la mort de sa fille, elle avait une phobie incurable envers les armes, elle aurait pu vivre en paix avec le Docteur quelque part à l'étranger en attendant que tout rentre dans l'ordre. Mais elle était venue, et avait montré à la Princesse que quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle pense, il y aurait toujours des poneys pour la suivre, car ils croyaient en elle.

Luna fit un pas dehors, et entendis des coups de feu venir de plus loin dans le camp.



Derpy regardait le champ de tir depuis les gradins. En bas, elle voyait la terrestre verte allongée à un bout de la zone, fusil au sabot, tirant vers les cibles situées cinq cents mètres plus loin. Une méthode comme une autre pour se calmer et penser à autre chose, un tir précis requérant concentration et maitrise, sachant qu'en plus, elle n'avait pas besoin de lunette, mais devait apporter un surplus de focalisation sur son acte. Cependant, il lui arrivait aussi de se mettre à tirer coup sur coup, défoulant sa rage et sa peine sur le malheureux morceau de carton, avant de se calmer quand son chargeur était vide. La pégase avait de la peine pour Windvision. Elle avait apprit de Flesh ce qui s'était passé lors de la bataille, et juste avant, quand la ponette était allé avouer ses sentiments au commandant, puis le déroulement de la bataille, comment la plupart des Night-Ops avaient péri en tentant de retenir les Licornes du Soleil, puis le fiasco dû à l'arrivée des renforts ennemis et le piège dans lequel la plupart de l'armée était tombée, et enfin la disparition de Shadow. Et si la ponette était restée forte jusqu'à présent, maintenant qu'il n'y avait plus de véritable plan, le sentiments l'avaient submergé.

La terrestre était différente des autres Night-Ops. En quelques sortes, Stalker l'avait « protégé », elle n'avait pas le même caractère destructeur que les autres, et avait des sentiments beaucoup plus poneys. Cela était aussi dû au fait que le commandant était toujours à ses côtés, et s'occupait de faire le sale boulot pour eux deux. Windvision avait bien sûr dû apprendre à se battre, et avait le même niveau que les commandos sur le plan physique, mais son mental était bien moins rigide. Derpy se disait qu'elle était sûrement la seule des soldats de Shadow qui pourrait reprendre une vie normale une fois ce bordel terminé.

Derpy aussi était triste. Shadow avait toujours été un de ses amis les plus proche de l'armée, que ce soit lorsqu'elle servait en temps que sniper, formant avec le commandant un duo mortel, ou après, lorsqu'elle avait laissé les armes pour reprendre sa sacoche de postière. Il avait toujours respecté son choix, malgré le fait qu'il regrettait la perte d'un élément si précieux. Mais Derpy ne pouvait juste plus regarder une arme trop longtemps sans avoir la nausée, et paniquait quand elle entrait en contact avec l'une d'elle. Elle faisait encore des cauchemars, de temps en temps, arrachant le masque d'Heartless et révélant un crâne ensanglanté qui chuchotait « Maman ». Seule la présence du Docteur à côté d'elle lorsqu'elle se réveillait en sursaut, les poils collés de sueur, la calmait.

Elle avait tenté de tuer la Princesse. Dans une période où elle ne parvenait plus à réfléchir correctement, trop chamboulée par la perte de Dinky, elle en était venue à penser que tout ce qui arrivait était la faute de Luna. Elle s'était dirigée vers sa tente, un pistolet dans le sabot, mais au dernier moment, elle avait hésité. Elle n'était pas arrivée à se décider de frapper, se contentant de faire les cents pas devant l'entrée de la tente. Avant qu'elle n'arrive à une décision, Stalker était apparu, et lui avait parlé, avait tenté de la dissuader de faire cette connerie, et petit à petit, l'idée de s'en prendre à la Princesse lui avait paru ridicule. Mais la peine lui faisait encore trop mal. Elle avait tenté d'en finir...

Et Stalker l'avait sauvé. Le commandant ne s'en prenait jamais à ses soldats, mais il l'avait frappé, plus fort qu'elle ne l'avait jamais vu frapper. Puis il l'avait engueulé, lui hurlant dessus avec une rage jamais vue chez lui. Jamais Derpy n'avait vu Stalker dans un tel état. Lui qui agissait toujours avec calme et discernement, il avait montré une colère et une inquiétude qu'elle n'avait plus jamais vu après. Et cela avait ouvert les yeux à la pégase. Personne n'était à blâmer en particulier, c'était la guerre la cause de tout. Celestia, Luna, Derpy, Stalker, qui lui avait ordonné d'abattre Heartless, Dinky elle-même, tout le monde était en cause. Et ce genre de chose arriverait tant que le pays serait en guerre.

Finalement, Stalker était allé retrouver le Docteur, pendant que Derpy développait une véritable phobie des armes. Et c'était là que Windvision avait montré sa douceur. Depuis que Stalker l'avait « adoptée », tout le monde pensait qu'il en ferait son monstre, un peu dans le même genre de Flesh, une machine à tuer incapable de véritables émotions, heureux uniquement dans le combat, et clairement incapable, si la guerre venait à stopper, de reprendre une vie normale. Le pégase s'était même, après la formation de l'unité, fait tatoué le symbole des Night-Ops sur l'encolure. Mais avec Windvision, c'était différent. Stalker lui avait certes apprit à se battre, mais il ne l'avait jamais préparé à faire la guerre. Juste se défendre quand elle serait en plein milieu. Et cette différence faisait que Windvision avait gardé ce côté empathique qui l'avait poussé à prendre soin de Derpy quand elle était en détresse.

Et aujourd'hui, ce serait l'inverse, c'était Windvision qui avait besoin de Derpy. Mais pour l'heure, elle avait surtout besoin d'être seule. La pégase était bien décidée à ne pas lâcher la protégée de son ami, et le dernier soldat lunaire encore actif qui pouvait reprendre une vie normale. Derpy, elle, était revenue vers Luna car elle ne pouvait pas supporter de voir l'Empire régner en maitre sur le pays. Pas après avoir fait de sa fille un monstre qu'elle avait dû abattre. C'était la première fois, depuis que Stalker avait ramené le Docteur avant de partir assassiner Fancy Pants, que le terrestre et la pégase s'était séparés, le Docteur ayant accepté la défaite. Mais Derpy considérait qu'elle avait une mission, et la réaction de la Princesse à l'hôpital l'avait encouragé dans ce sens. Sans les soutiens qu'étaient Platinum Armor et Shadow Stalker, les Lunaires auraient besoin de quelqu'un pour leur remonter le moral, et les alcools de Sick Worm étaient partis avec elle, vers les contrées zèbres où se réfugiaient d'ailleurs la plupart des anciens partisans. Cette charge reviendrait à Derpy.

Mais par contre, les forces amoindries de Luna ne s'encombreraient pas d'un poids mort. Chaque soldat serait un atout, chaque fusil, un pas vers la revanche.

Derpy tourna la tête vers le petit coffret qui se trouvait à côté d'elle. Rien que le regarder lui valu un haut-le-cœur. Elle sentait la fumée qui s'échappait de la grange en feu, le tir qui avait résonné dans son épaule, et sa victime à terre, tendant sa petite patte vers elle...

Derpy inspira, maitrisant sa nausée, et ouvrit le coffret.



-Ils font quoi ?
-Mind Illusion est en train de discuter avec les Flesh, Painless est en train de se faire recoudre, ce con a pas sentit qu'il s'était pris une balle dans la patte a-r-g, Bain s'est barré vers la frontière, il se sentait pas de continuer, Dirt et Direct se reposent, Freerun et Jackass, sont partis rejoindre leurs familles, Rest et Swing s'occupent de leurs armes.

Coffee Crime pencha la tête.

-Moi, je m'occupe de Painless et je te fais mon rapport, et toi, tu déprimes sur une photo de ton ex.

Black Jack reposa la photographie sur sa table de chevet, et se releva. Il toisa sa camarade et amie, l'air nonchalant. Puis sa corne brilla, et l'image s'enflamma, puis disparu dans un nuage de cendre.

-Je ne déprime pas. Je pense. J'ai fini par me faire à l'idée que Twilight était morte. Elle me l'a assez montré.
-Tu devrais pas te relever aussi vite, Jack. Tes coutures vont sauter, dit-elle en montrant la blessure au ventre de la licorne.

Puis elle releva ses yeux vers son visage.

-Et si tu t'étais vraiment fait à l'idée comme tu le dis, tu serais pas resté pour la combattre. C'était inutile et irréfléchi. Pas ton habitude.
-Peut-être. Mais je devais en finir. Tuer ces restes de sentiments qui pourrissaient mon envie de combattre, et m'ont fait commettre une erreur qui a failli me coûter la vie.
-Mais heureusement que Tata Crime était là pour te sauver ton cul.
-Oui. Et merci pour ça.
-T'inquiète, je t'en devais une. Et ce joujou m'éclate, ajouta-t-elle en montrant le fusil à portail.
-D'ailleurs, il faudra que tu me le passes quelques temps. J'ai des idées d'améliorations.
-Ça attendra qu'on ai déménagé. On prend des risques en restant ici. L'ennemi sera ici dans deux jours au plus. Moins si les pégases s'en mêlent.
-On part quand ?
-Dans six heures max. Luna veut quand même que tout le monde ait eu son temps de repos avant de repartir en vadrouille. La Guerre des Souris, ça avait été crevant, et on est repartis pour faire la même. Au fait, Jack. C'est quoi la suite du plan ?
-C'est a dire ?
-Ben, t'es le seul véritable stratège qui reste dans le secteur en dehors de Luna, et « l'armée » ne compte plus qu'une centaine de poneys, dont huit Fantômes et trois Night-Ops, et la plupart sont des pousse-cailloux qui ont perdu leurs proches dans des bombardements et des massacres. Alors on fait quoi ?

Black Jack se mit à réfléchir. Effectivement, il n'avait pas pensé à ce détail. Et Coffee exagérait quand elle disait qu'il était un « véritable stratège ». Il était très bon en ce qui concernait de faire des plans, certes, mais de là à régler le destin des derniers restes de l'armée... Et tous avec des capacités diverses, n'ayant pas reçu l'entrainement des forces spéciales. Il faudrait du temps pour connaitre leurs spécificités à tous, et en déduire des plans d'action. Sans compter que cette fois, ils n'auraient plus le soutien de la population. La République, ou la Rébellion, était morte et enterrée aux yeux du monde, et même s'ils recommençaient comme à l'époque de la Guerre des Souris, ils ne pourraient plus avoir le même engagement que celui qui avait suivi la destruction de Sweet Apple Acre. Désormais, ces restes de combattants serait tout ce qu'ils auraient jusqu'à la victoire, ou la mort.

-J'ai peut-être une idée.

Dommage, Stalker n'est plus là. On fera sans. J'espère que les autres Night-Ops sauront transmettre leurs compétences...

-Il faut que j'aille proposer mon idée aux Night-Ops. Qui est leur chef, maintenant ?

Coffee Crime le regarda l'air blasé.

-Ils sont trois, tête de nœud...
-Ah... Oui. C'est pas grave, alors.
-Des fois, je me demande si t'es vraiment un surdoué...
-J'en ai jamais été bien convaincu non plus.

Avec un sourire, Coffee commença à se diriger vers la sortie de la tente. Puis elle se retourna, désignant l'endroit où se trouvait la photo auparavant.

-Dommage, elle était jolie sur cette photo. Plus qu'après que tu lui ais cramé la gueule.

Black Jack ferma les yeux.

-J'ai brûlé les dernières traces de doutes.

Il souffla.

-Stalker avait raison, sur ce point. Les soldats n'ont pas besoin de sentiments.

Coffee s'arrêta sur le palier.

-Vraiment ?

Elle eu un sourire en coin.

-Dommage.

Puis elle sortit.



Crimson était debout, juché sur un des balcons les plus élevés du château. La ville était animée. C'était impressionnant de voir à quelle vitesse la vie reprenait un cours presque à la suite de cette boucherie. Après la capture des derniers éléments lunaires trainant dans la cité, et un dernier tour de vérification, on avait signalé aux habitants que le cauchemars était terminé. Néanmoins, on leur avait demandé de rester chez eux, le temps d'enlever les cadavres du milieu de la rue, au moins. Cependant, avec les forces amoindries de la ville, il avait fallu faire appel à des volontaires pour aider.

Et Brush avait été impressionné. Impressionné par le nombre de ces poneys bourgeois et licornes de la haute qui s'étaient proposés pour patauger dans le sang et porter des corps froids jusqu'aux endroits de stockage avant qu'ils ne soient transportés en camion vers la place centrale. Si ça n'était tenu qu'à Brush, bien sûr, il aurait mis le feu à tout les cadavres et les auraient balancé de la falaise, ce qui aurait épargné bien des emmerdes, mais Celestia avait insisté pour qu'on répertorie le moindre mort, que l'on note son nom, ami comme ennemi, et qu'on prévienne leur famille, pour leur trouver un cimetière. Celui de Canterlot avait très rapidement été plein.

Puis une fois cette tâche achevée, la plus urgente, à cause de l'odeur, des corbeaux ou juste de la santé mentale des petits poulains qui joueraient dans le coin, on avait commencé à nettoyer et reconstruire la ville. Comme s'il ne s'était rien passé de plus qu'une grosse tempête. Chacun était sorti, et avait proposé son sabot pour remettre la ville en état. Et il y avait autant de volontaires pour le château que pour la ville entière. Pour Crimson, le fait que les gens agissent aussi normalement, au lieu d'être complètement traumatisés et de tomber en dépression nerveuse à la simple idée de ce qui s'était produit, était la preuve même que la guerre n'était pas aussi antinaturelle que souhaitaient le faire passer les grands penseurs bien à l'abri dans leurs clubs. Les poneys étaient autant fais pour la guerre que les dragons ou les griffons. Ils n'avaient juste pas eu l'occasion de le montrer.

Il entendit des bruits de sabots derrière lui, et se retourna pour voir avancer vers lui la Princesse Celestia en personne. Il courba profondément la tête, mais l'alicorne lui sourit :

-Général, je vous en pris, nous sommes entre nous.
-Vous restez ma Princesse.

« Général ». La récompense pour sa clairvoyance au sujet des défenses, son courage au combat et ses talents de stratège. Désormais, il avait sa place à la tablée de l'Etat-Major, et bénéficiait d'un statut particulier envers la Princesse, qui estimait lui devoir beaucoup pour la défense de Canterlot, et sa propre sécurité. Même Brush trouvait tout cela exagéré, étant donné que c'était l'arrivée miraculeuse de Nicholaus qui leur avait permit de remporter la victoire, et sa paranoïa qui avait donné au poney l'idée de renforcer les infrastructures de la ville, mais au final, il devait bien admettre que lui-même y était pour beaucoup. Si Brush n'avait pas été là, Nicholaus ou pas Nicholaus, la capitale serait tombé en moins d'une heure, deux au plus.

Et surtout, à présent qu'il jouait dans la cours des grands, il pouvait faire le ménage. Toutes ces grosses têtes qui prétendaient tout connaître car elles étaient fils de machin, avaient servit dans la garde depuis X années, tout ces gros lards qui n'y connaissaient rien à la réalité du terrain, aux tactiques fourbes des Lunaires, à l'évolution technologique des treize dernières années, dégageraient, parce qu'il saurait comment convaincre la Princesse que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Et le Héros de Canterlot, le désormais Colonel Nicholaus, pourrait l'aider, il en était sûr. Brush s'amusait beaucoup de ce poney. Il avait une sacrée paire de couilles, à moins que ce ne soit son esprit totalement dérangé et sa haine vivace de toute autorité qui l'ai guidé. Bref, quelqu'un de bien sympathique.

Il avait vu la licorne se balader dans les rues de la ville remplies de cadavres, après la bataille. Il avait un énorme sourire au lèvre. Un moment, il s'était accroupi sur le corps d'une ponette dont le torse avait été percé d'un énorme trou par un tir des Licornes, et avait touchotté la blessure, comme un gamin découvrant le corps d'un oiseau et le touchant pour voir ce que ça faisait. Ce type était malade. Et il était à la tête d'un corps d'expédition pour exterminer les dernières traces des Lunaires, en abattant ce qui leur servait de base principale, malgré l'appel au cessez-le-feu de la Traitresse. Si elle désirait véritablement la fin de la traque, elle n'avait qu'à se rendre, celle-là. Mais recevoir les rapports de la licorne psychotique à l’œuvre l'amusait déjà, à défaut de pouvoir voir par lui-même. Dommage, Rainbow Dash, désormais Général des Forces Aériennes de l'Empire Solaire (ou SEAF, par le jeu des acronymes, qui tendaient à toujours inverser l'ordre des lettres), pouvait tempérer son caractère emporté.

Tant de promotions. Tant de remaniement. Tout cela conduisait à une question :

-Princesse ?
-Oui ?
-A présent que la République Lunaire a été détruite, et que Luna ne représente plus une menace majeure, tout au plus devrons-nous la traquer, quel est l'avenir de ce pays ?

Il ménagea une pause.

-Plus exactement, qu'adviendra-t-il de l'armée ? Elle a été bâtie et améliorée pour la guerre, pas pour garder les frontières contre des menaces fantômes. Les Changelings n'ont pas donnés de signe de vie depuis des lustres, les Griffons restent terrés chez eux, les Dragons n'ont jamais été suffisamment unis pour représenter un danger, les Zèbres vivent en paix avec Equestria depuis des siècles, malgré les tensions de ces dernières années...

Il se tourna vers l'alicorne blanche, qui regardait au loin.

-Maintenir l'armée quelques années le temps de stabiliser l'Empire est compréhensible, mais quel sera l'avenir de ces poneys dont la vie a été tourné vers le combat ?

Celestia ne tourna pas la tête.

-Qu'essayez-vous de me dire, Brush ? demanda-t-elle sur un ton de reproche. Que je devrais faire la guerre à d'autres pays ? Que je devrais étendre l'Empire ? Souhaitez-vous me faire reprendre le combat ?

Crimson Brush resta impassible.

-Je vais être honnête avec vous, Princesse : J'aime cette vie. J'aime le combat, j'aime la guerre. J'ai rejoint l'armée pour fuir une vie qui ne m'avait pas épargné. La guerre m'a donné une raison de survivre. Mais la guerre est terminée. Et je ne pense pas être fait pour la paix.

Il souffla.

-Je suis conscient que vous souhaitez éviter de confronter à nouveau ce pays à un fléau. Mais de nombreux poneys ont trouvé leur voie dans cette branche. Ce pays n'est plus le monde paisible et idyllique qu'il a été jadis. Trop de cicatrices sont apparues pour les faire disparaître.

Celestia ferma les yeux, et inspira doucement pour réfléchir à sa réponse :

-Je nous mènerais vers un futur plus lumineux.

Elle leva ensuite son visage vers le soleil qui brillait de tous ses feux.

-D'une manière ou d'une autre.



Les jumelles sur le museau, il regardait vers les bâtiments crasseux. Ça faisait longtemps qu'on avait pas fait le ménage là-dedans. Nicholaus se demandait même si quelqu'un y avait mis les sabots un jour. Les Lunaires étaient connus pour rarement se fixer, et uniquement de façon temporaire. Il avait entendu d'un Bar qui se trouvait dans la zone des tranchée, quand il y avait encore le statu quo à cet endroit. Il était prêt à parier que l'établissement avait été démantelé dès cette période de la guerre terminée.

Il y avait trois raisons à cela : primo, les Lunaires avaient toujours gardé un aspect très guérilla dans leur manière de faire, en témoigne leur agaçante manie à détruire les camps et lignes de ravitaillement avant de véritablement attaquer un endroit, à cause de leur foutues Opérations Spéciales. Secundo, leur Princesse, et l'Etat-Major qui allait avec, se déplaçait constamment sur la ligne de front. On pouvait traiter la Princesse de la Nuit de ce qu'on voulait, mais on ne pouvait pas nier qu'elle s'impliquait réellement dans cette guerre. D'un autre côté, elle n'avait pas un pays à diriger comme Celestia. Juste une armée à lancer contre les défenses d'Equestria. Tertio, malgré un « territoire » officiel, la République n'avait jamais véritablement établi de capitale, de pouvoir centralisé ou de pouvoir tout court, se contentant de « libérer » des villes et villages, en leur demandant gentiment d'attendre que la guerre finisse pour avoir un système politique stable.

Mais au final, ils étaient plus efficaces au niveau logistique, comparé à la lenteur de réaction bien connue de l'Empire. Lenteur qui lui avait presque valu la défaite. Heureusement, Nicholaus avait horreur d'obéir à des ordres idiots, surtout quand ses tripes lui hurlaient qu'il y avait quelque chose de trop louche pour ne pas cacher un truc énorme. Et il avait eu raison.

Nicholaus se tripota la moustache. S'il avait eu le choix, quel camp aurait-il choisi ? Au final, beaucoup trop de chose le dérangeait chez les Solaires : la propagande qu'il croisait partout, la hiérarchie inefficace, les ordres imponeys comme celui qui avait débouché au Massacre de Ponyville, même si c'était plus un acte autonome qu'un véritable projet de l'Empire, mais Nicholaus soupçonnait les grands pontes d'avoir arrangé le coup. Sans parler de la Boucherie de Sweet Apple Acre. Et puis, il avait été enrôlé de force, tout de même. Les Lunaires étaient-ils plus réglos ?

Non. Il en avait eu la preuve sous le sabot.

Soudain, il vit une forme déchirer les nuages, et se diriger vers lui à toute vitesse. Rainbow Dash fit un rétablissement, et se posa tranquillement au sol. La cicatrice qui lui barrait le visage lui donnait un air féroce.

-Y'a pas un chat.
-J'en avais bien l'impression.
-Par contre, il y avait du monde y'a pas longtemps. Y'a des traces partout, des douilles sur le champs de tir, et tout a été nettoyé de fond en comble. Ils ont même prit leur temps pour partir, y'a pas un truc qui traine. Pas une carte, pas une arme, pas une balle, même pas un picotin d'avoine.
-Ils étaient nombreux ?
-D'après les pisteurs, non. Cent, deux cents max. On pourrait même s'en occuper tout seul, avec mes gars.
-Ils sont partis par où ?

Dash se gratta l'encolure.

-C'est là que ça se corse. Les sagouins sont partis dans différentes directions.
-Combien ?
-Une vingtaine, et partout, sauf vers nous. Impossible à suivre sans se mettre en danger. Ils se savent sûrement traqués.
-Pas la peine de tout suivre. Une idée d'où est partie la Princesse ?
-Deuxième point où sa coince. Pas moyen de savoir quel chemin à prit la Princesse. Rien qui ressemble à ses pas, comme si elle n'avait pas quitté le camp.

Elle laissa passer un temps.

-Enfin, jusqu'à ce qu'on trouve une nouvelle piste. On pense que c'est celle-là qu'a suivi la Princesse. Avec une douzaine de gardes du corps.
-Elle part par où ?

Rainbow Dash renifla.

-Elle ne sort même pas du camp.

Les oreilles de Nicholaus se dressèrent.

-Pardon ?
-Comme je te dis, fit-elle en haussant les épaules. Les traces suivent une routes jusqu'à une sortie du camp, et s'arrêtent brusquement. Comme s'ils avaient disparus là.
-Téléportation ? demanda la licorne en grattant plus vivement sa pilosité faciale.
-Ça, ou un putain de talent pour effacer les traces. J'ai envoyé une patrouille pour suivre la direction générale des traces, mais avec des mecs qui prennent autant de soin à pas laisser d'indices, je pense qu'on trouvera rien.
-Hum...

Nicholaus savait exactement pourquoi on ne trouverait rien. Il avait fini par développer une certaine obsession avec les Opérations Spéciales des Lunaires. Ils avaient fait des dégâts inimaginables sans laisser de preuves ou de traces de leur existence, étaient totalement inconnus des renseignements solaires, et étaient la raison même pour laquelle il pensait que rejoindre les Lunaires ne changerait rien au niveau atrocités. Si l'Empire avait commis des crimes monstrueux, ils avaient au moins l'obligeance d'être publiques, connus de tous. Pour les Lunaires, c'était sabotages, assassinats, massacres, trahisons et autres coups bas sans que l'opinion publique n'en entendent même parler. Combien de poneys cesseraient de soutenir les idées de Luna quand ils apprendraient que les trois bases qui protégeaient leur capitale avaient été totalement massacrées, apparemment sans la moindre trace de lutte, dans leur sommeil ? Des lâches.

Et il en avait eu un juste sous son sabot. Ce poney rouge, qui l'avait regardé de façon si... agaçante. Il aurait tellement voulu s'occuper de lui, lui arracher tous ses secrets, tout savoir sur ces unités qui avaient malmené l'Empire dans l'ombre si longtemps. Mais il lui avait été soufflé par cette foutue Cornue, qu'on estimait plus efficace. Cela n'avait pas empêché Nicholaus de se renseigner un maximum, avant de devoir partir pour finir cette guerre. Il avait apprit qu'il avait ferré un gros poisson, et cela l'avait mis en rage. Il avait même apprit son nom.

« Shadow Stalker »... Si jamais on se retrouve face à face, on va avoir une sacrée discussion...



Il était attaché sur une table, inclinée par rapport au sol de façon à lui permettre de voir la porte d'entrée. Il avait fermé les yeux, tentant de se reposer un peu avant ce qui allait suivre. Deux heures s'étaient passées depuis que les gardes l'avaient tiré de sa geôle pour le mettre ici, et ensuite, il était resté là, seul. La première étape dans la torture, commencer par attaquer le mental de sa victime en la laissant au milieu de ce qui allait servir pour jouer avec par la suite, et la faire paniquer juste par anticipation. Et il y avait de quoi faire, ici. Une table à côté du poney était couverte d'objets tranchants, pointus et contondants, parfaitement propres, aiguisés, polis, sortis d'usine. « Un honneur », pensa-t-il.

Humour macabre, qui tentait tant bien que mal de camoufler le malaise qui le prenait. Il n'avait jamais été torturé, vu qu'il s'était toujours sorti même des situations les plus précaires. Il n'avait pas vraiment peur de la douleur. Il allait avoir mal, très mal, surtout qu'on lui avait promis une de ces sadiques de Cornues pour le show. Il espérait juste que Sparkle serait occupée ailleurs, il n'avait pas non plus envie de se taper la pire de toutes pour sa grande première. Non, ce qui le préoccupait, c'était de savoir s'il allait craquer ou non. Trahir Luna était l'une des pires choses qui pouvaient lui arriver.

Même s'il ne savait pas bien ce qu'il pouvait dire de compromettant. De toutes façons, avec un peu de chance, il pourrait se faire passer pour un simple soldat d'élite. Il rouvrit les yeux, et son regard dévia malgré lui vers le reste de la salle. À sa droite, il y avait un lavabo et une paillasse, sur laquelle trônaient des éprouvette et des seringues. Derrière lui, en tournant la tête, il avait vu l'installation aquatique, pour les joyeusetés électriques.

Fermer les yeux. Ne pas anticiper. Vivre chaque minute pour elle-même. Penser à quelque chose d'agréable. Trouver à quoi se raccrocher en cas de problème.

Immédiatement, l'image de la terrestre verte à la crinière rouge et blanche s'imposa dans son esprit. Cette vision le calma. Stalker n'avait jamais été branché sentiments, et s'il était très capable en général de savoir ce que ressentaient ses soldats et ce dont ils avaient besoin, il devait bien s'avouer qu'il était complètement passé à côté de cet aspect de Windvision. Il l'avait toujours vu comme son assistante, sa protégée, sa fille en certains points, et ce qui s'était passé avant la Bataille avait été une surprise totale pour lui.

Dix ans qu'ils ne se lâchaient presque jamais. Que se serait-il passé si Stalker ne l'avait pas emmené pour en faire un instrument de guerre, elle aussi ? Que serait-elle devenue, avec sa vue exceptionnelle ? Aurait-elle retrouvé sa famille, et vécu en paix ? Shadow n'en savait rien, et s'en foutait. Ce qui est fait est fait, c'était le leitmotiv qui l'avait suivi toute sa vie, et il ne regrettait rien. Encore moins en ce qui concernait la ponette. Quelque chose au fond de lui soufflait qu'il avait fait de la ponette quelque chose de différent qu'une simple Nigth-Ops. Quelque chose qui était capable d'aimer, apparemment.

La porte s'ouvrit, coupant court à toutes ses réflexions. Une licorne entre deux âges, l'air altier, pénétrait dans la salle en se tenant bien droite. La jument était dans une longue veste de cuir, portait un monocle et une casquette d'où transperçait sa corne. Stlaker souffla.

-Un peu cliché, non ?
-Et encore, dit-elle avec un fort accent de l'Est, vous ne m'avez pas entendu parler.
-Maintenant, c'est fait.

La jument eu un petit sourire.
-Que voulez-vous ? Si l'apparence va avec la fonction, alors l'impact psychologique est plus important. Je ne vous apprendrais rien en disant que les stéréotypes font parti d'une torture réussi. L'ambiance, le bourreau, les... instruments.

Sur cette parole, elle donna un coup dans le plateau avec l'assemblage de lames, qui tomba a terre.

-Ce genre de chose est bonne pour des romans remplis de sang et de souffrances gratuites, sans véritable but. Je préfère une approche plus... personnelle de la chose.

Elle se posta devant le commandant, levant les yeux pour voir le poney attaché.

-Au fait, je ne me suis pas présentée. Doktor Wunder Blut, membre émérite de l'Ordre des Licorne du Soleil, et votre bourreau pour les temps à venir.

Stalker s'apprêta à parler, mais l'autre le coupa :

-Et vous êtes Shadow Stalker, membre reconnu de l'armée Lunaire, même si votre grade en est peu représentatif. Kommandant des Opérations Spéciales, dénommées « Night-Ops ». Stratège de Luna sur les questions d'opérations ciblées en territoire ennemis.

Elle se rapprocha de lui.

-Metteur en scène de la Bataille de Canterlot, et plus grosse épine dans le sabot de notre glorieux Empire.
-Vous en savez beaucoup.
-N'est-ce pas ?

Elle s'écarta, et se dirigea vers la paillasse.

-A ce propos, comment va votre jambe, Kommandant ?

Stalker baissa les yeux vers sa patte. Elle avait été plus ou moins remise en état par magie, et fonctionnait assez pour lui permettre de marcher.

-Je dois vous remercier pour l'avoir soigné ?
-Oh, non, c'est juste plus pratique d'avoir des prisonniers capables d'aller jusqu'à la salle de travail sans avoir à les traîner, dit-elle en remplissant les seringues de divers produits.

Stalker la regardait faire.

-Avant qu'on commence, je voudrais savoir... Nous avions un traître dans nos rangs, n'est-ce pas ?
-Hum hum, confirma-t-elle en hochant là tête, toujours à ses produits.
-Qui c'était ?
-Vous savez, Kommandant, dit-elle en se retournant, j'ai moi aussi lu beaucoup de romans de Daring-Do dans ma jeunesse. De très bons livres. Et s'il y a une chose que j'ai apprise, c'est que peu importe le contrôle que l'on croit avoir sur un ennemi, il ne faut lui livrer aucune information. Juste au cas où, ajouta-t-elle dans un sourire.
-Donc vous êtes la méchante de l'histoire ?
-C'est toujours le méchant qui torture, dit-elle en haussant les épaules. Mais laissez-moi vous poser une question : êtes-vous réellement le gentil ?

Elle s'approcha de lui, un sourire toujours affiché sur le visage.

-Le gentil ne tue pas ses amis, il me semble, Kommandant. Il les sauve des griffes de ses ennemis, ou les regarde mourir alors qu'il tente. Il ne se poste pas caché sur une falaise à attendre une apparition public de son ami pour lui loger une balle dans le crâne.

Le cœur de Stalker s'était mis à accélérer sa cadence. Elle savait pour ça aussi.

-J'étais là le jour où Fancy Pants est mort. Très joli tir, par ailleurs.Nous avions presque cru que vous visiez réellement le Prince ce jour-là.

Elle secoua la tête.

-Et Pants n'a pas dû être le seul. Combien de vos « amis » ont souffert de votre « professionnalisme » ? J'ai appris que vous n'aviez pas pour habitude de regarder en arrière. Savez-vous combien de cadavres se trouvent derrière vous ? Retournez-vous, Shadow Stalker, et regardez combien de corps de vos amis ce précieux talent qu'est le votre a laissé, dit-elle en tapotant le flanc du poney.

Shadow commençait à avoir les pensées qui s'embrouillaient. Il secoua la tête. Il ne devait pas la laisser gagner ce duel. Finalement, la jument s'écarta, et haussa les épaules.

-Bref, méchant pour méchant, je préfère être le méchant qui torture que celui qui se fait torturer.

Elle prit les seringues qu'elle avait préparé, et les posa sur le plateau désormais vide à côté de Stalker.

-J'ai ouï dire que vous étiez très friand de ma petite invention, chez les Lunaires, dit-elle.
-Que...

Elle montra une des seringues. Le produit qui était dedans était familier au commando.

-Du Booster ?
-Je n'ai pas été mutée ici pour mon simple plaisir de martyriser des poneys. Doktor Wunder Blut, diplômée de sophrologie équine, anciennement travaillant à l'hôpital de Canterlot avec pour travail de réduire la souffrance chez les patients gravement blessés. Ayant participé à l'élaboration de l'Anti-Douleur Universel, appelé de façon barbare « Booster » par les soldats qui en font un usage massif.

Elle planta la seringue dans la patte avant droite du poney, et injecta le produit. Stalker était interloqué.

-J'avoue ne pas comprendre.
-L'A.D.U. permet au sujet de ne plus ressentir la moindre douleur pendant un temps allant de une heure à trois en fonction de sa corpulence, de son âge et de son métabolisme. Il coupe absolument tout les messages nerveux ayant trait à cette sensation désagréable. Prenons votre jambe, encore fragile, s'il en est.

Sur ces paroles, elle décocha une violente ruade dans la patte de Stalker, et un bruit assez atroce retentit dans la salle. Le poney n'avait sentit qu'une forte pression, et regarda avec horreur l'angle surnaturel que formait le membre.

-Lorsque l'A.D.U. est éliminé, la douleur revient. Habituellement, ceci se fait progressivement, et le corps s'habitue au retour de la douleur, la rendant plus supportable. Ainsi, à moins de bouger, votre jambe ne vous ferais pas trop souffrir.

Elle prit une autre seringue.

-Ceci a été élaboré pendant la guerre. Encore une fois, c'est moi qui ai participé à son élaboration, même si je n'étais pas indispensable. Ceci, Kommandant, est l'antidote du Booster.

Stalker dressa les oreilles. Non.

-Savez-vous ce que l'on ressent quand la moindre douleur de notre corps, du torticolis à la crampe, en passant par les humeurs de l'estomac, les petites coupures sur nos sabots, et toutes ces choses auxquelles on ne pense plus car on s'y est habitué, reviennent toutes d'un coup ? Sans mentionner ceci, ajouta-t-elle en montrant la jambe brisée.

Elle planta la seringue dans le bras du commandant.

Stalker hurla.



Rarity entendit un hurlement venir d'une autre salle plus loin. La licorne qui se trouvait avec elle se dirigea vers la porte, et la ferma, coupant les sons provenant du dehors. Twilight se retourna, montrant son visage à moitié brûlé à la Dame. Rarity observa son amie. Elles avaient passé des heures ainsi, à se regarder en chien de faïence alors que la licorne immaculée émergeait de sa catatonie. Elle avait découvert Twilight qui l'observait, l'air neutre, les poils et la crinière consumés sur le côté droit, et son œil aveugle. Elle qui était si jolie il y avait quelques années, elle était à présent laide comme un poux.

Aucune des deux n'avait parlé. Rarity avait mal partout, attachée comme elle était sur la table, qui devait assurément servir à torturer de malheureux poneys capturés, comme elle. Mais si elle n'avait pu se montrer utile dans la bataille, elle ne voulait pas perdre au petit jeu auquel elle jouait avec Twilight. Elle ne parlerait pas la première. De toute façon, elle n'avait rien à dire. Spike devait être en sécurité, mais Twilight s'en fichait. Elles n'auraient pas pu parler du bon vieux temps comme si elle étaient encore amies. Et de toute façon, les seules remarques qui venaient à l'esprit de la fashionista concernaient le nouveau look de la licorne. Et Rarity avait suffisamment peur d'être torturée par sa terrible amie pour s'éviter d'y rajouter une vengeance pour paroles désobligeantes.

Cependant, elle commençait à trouver le temps long. Et son regard passait souvent sur la chair calcinée, se demandant s'il n'y avait pas quelque chose à faire pour que la jument retrouve un visage poney.

-Je suis si hideuse que ça ?

Rarity ouvrit les yeux de surprise. La voix de Twilight semblait... peinée. La jument violette passa son sabot sur le visage de Rarity.

-Toi, tu es toujours aussi belle... Moins maquillée, mais tu restes resplendissante...

Elle secoua la tête, reposant son sabot à terre. Rarity prit une voix compatissante :

-La magie ne peut pas t'aider ?

Twilight eu un ricanement effrayant.

-Black Jack est puissant... Rien ne fonctionne. C'est bloqué dans cette état. C'était un expert en magie du feu, tu sais ? Heureusement que j'ai pu éteindre avant d'être plus gravement blessée...

Elle eut a nouveau un ricanement.

-Tous. Nous étions tous là. Celestia, Luna... Applejack et Rainbow Dash se sont battues en duel, tu le savais ? Et il y avait toi et moi...

Elle leva son regard vers la Dame.

-Et nous voilà face à face.
-Où sont les autres ? demanda Rarity, un peu plus sur la défensive.
-Applejack a disparue. Rainbow est à la recherche de Luna. On a toujours aucune nouvelle de Fluttershy et de Pinkie.

Elles laissèrent le silence s'installer entre elles. Puis Twilight le brisa à nouveau :

-Pourquoi ?
-Pourquoi quoi ?
-Pourquoi avoir trahi tes amies ? Même Applejack a refusé de choisir un camp au début de la guerre, et je peux éventuellement comprendre pourquoi elle a rejoint les rangs de Luna. Mais toi ? Tu n'avais rien à gagner dans cette histoire ! Pourquoi as-tu trahi tes amies, et trahi ta Princesse ? Et pourquoi avoir passé ta vie à fabriquer des protections aux rebelles ? Qu'avais-tu à y gagner ?

Rarity secoua la tête.

-Tu te rappelle du Massacre ?

Twilight hocha la tête.

-J'ai vu mourir Aloe, la ponette qui s'occupait du spa. J'ai vu mourir des tas de poneys ce jour-là, mais Aloe était mon amie, et nous nous connaissions très bien, nous avions des discussions passionnantes quand j'allais me faire masser seule. C'était une amie. Et elle est venue mourir devant la porte de ma boutique, en m'appelant à l'aide.

Rarity eut les yeux qui se perdait dans ses souvenirs.

-Elle était venue me demander de l'aide. Elle est morte devant moi, et son assassin était en train de lui graver un soleil au couteau dans le dos. Et elle a levé les yeux vers moi.

Rarity regarda Twilight d'un air dur.

-Sa propre sœur. Sa jumelle, Lotus. Elle étaient comme en symbiose toutes les deux. Mais à cause de ta FOUTUE Celestia, ELLES SE SONT ENTRE-TUEE !

Elle avait hurlé ces derniers mots à la face de la Licorne du Soleil, qui recula, surprise.

-COMMENT VEUX-TU QUE JE SONGES A REJOINDRE QUELQU'UN CAPABLE DE CREER ÇA ? COMMENT VEUX-TU QUE JE REGARDE ÇA SANS AGIR ?

Rarity pleurait, à présent, de rage, de peine, les souvenirs de ces treize années lui remontant par vagues.

-Et toi, Twilight ! Tu as abandonné Spike, ton assistant numéro 1, ton plus fidèle ami, quelqu'un qui te considérait comme sa sœur, voire comme sa mère ! Tu l'as laissé crever sur les routes, et il a fallu que je le recueille pour lui éviter de mourir ! Est-ce que tu te préoccupe au moins de ce qu'il devient ?
-Il n'a pas rejoint l'ennemi dit Twilight d'un ton neutre. C'est tout ce qui importe. Il m'a trahi, tout comme toi. Mon assistant numéro 1 ? J'ai eu des tas de licornes qui m'ont mieux servi pendant treize ans. Mon ami le plus fidèle ? Pas vu une trace de lui pendant treize ans. Il était comme un frère, un fils ? Les liens de famille ne devait pas être très fort, chez cet orphelin.

Rarity tira sur ses liens en hurlant, puis cracha au visage de Twilight.

-Tu n'es pas Twilight ! Tu es un monstre ! Cette face ravagée, c'est ton vrai visage ! Tu es hideuse Twilight, un monstre qu'on devrait enfermer au plus profond du Tartare !
-Il faudrait te décider, Rarity. Je suis Twilight ou je ne suis pas Twilight ? demanda la licorne d'un ton toujours aussi détaché.

Rarity hurla encore de rage et tira sur ses liens, mais elle ne bougeait pas. Elle était coincé, face à ce mur de glace dont on pouvait à peine croire qu'elle fut son amie autrefois. Rarity pleurait. Elle n'aurait jamais imaginer qu'on pouvait changer à ce point. Ce n'était pas possible. Finalement, elle se laissa tomber, complètement abattue.

-Finissons-en, Twilight. Fais de moi ce que tu veux, mais fais-le vite.

Twilight se dirigea vers la porte.

-Non. Je ne te ferais rien.

Elle ouvrit la porte, et deux licornes entrèrent.

-Messieurs, elle est à vous.

Elle sortit, et sur le pas de la porte, elle se tourna vers Rarity.

-Tu vas comprendre, Rarity, que pour réaliser tes erreurs, il faut du temps. Beaucoup de temps.

Elle referma la porte. Rarity vit les deux poneys mettre des protections à leurs sabot, et se diriger vers les différents instruments rangés dans les coins de la salle. Rarity pleurait toutes les larmes de son corps.

De l'autre côté de la porte, Twilight entendit les premiers hurlements de Rarity. Une larme unique coula de son œil valide.



Applejack regardait fixement le centre du campement, ne voulant pas jeter un seul coup d’œil autour d'elle. Elle ne savait pas véritablement comment réagir à ce qui lui arrivait. Elle avait envie de fondre en larme, elle avait envie de tuer tout ce qui se présentait, elle avait envie de s'isoler du monde, dans une caverne obscure, elle avait envie de quelqu'un qui la réconforte, mais le moindre être vivant qui croisait son regard l'enfonçait plus encore dans sa mélancolie. Elle avait perdu toute sa famille. C'était sa propre amie qui avait tenté de la tué, et avait assassiné son frère sous ses yeux. Elle en voulait à Rainbow Dash. Elle en voulait à Celestia, à Luna, à Stalker... Elle en voulait au monde entier. Cette guerre avait décimé sa famille, détruit tout ce qui comptait pour elle, réduit son monde à néant.

Après la mort de BigMac, son unité s'était rapidement échappée de la zone pour se sortir des griffes de l'ennemi et de Rainbow Dash. Applejack était toujours évanouie, et en quelques sortes, ça leur avait sauvé la vie, car si la fermière avait été consciente, elle se serait jetée sur tout ce qui bougeait. Mais ils avaient évité les combats, et quand toutes les issues avaient été bloquées, ils s'étaient réfugiés dans une habitation abandonnée, et avaient attendu. Applejack s'était réveillée, et avait été soignée par un des poneys ayant des bases de médecine, mais avait été trop fatiguée et chamboulée pour avoir envie de continuer à combattre.

Ils avaient attendu deux jours, le temps que les choses se tassent, et que les civils recommencent à sortir, certains pour aider, d'autres pour s'enfuir de la ville. Les soldats avaient profité du confort de la maison pour nettoyer les traces du combat, et trouver des vêtements moins typés, plus adaptés au milieu, aptes à cacher leurs blessure, et de camoufler l'héroïne. Puis ils étaient sortis, et s'étaient mêlés à la foule qui partait pour d'autres horizons. Le passage du point de contrôle les avait fait tremblé, mais au final, il y avait tellement de fuyards que les gardes étaient plus là pour la figuration. Ils étaient sortis.

A présent, ça faisait une journée qu'ils étaient sur les routes. Une journée, peut-être plus, peut-être moins, ils n'en savaient rien, avec ce soleil qui refusait de descendre. Ils avaient mis en place ce campement, avec les couvertures et tentes qu'ils avaient ramené, ce qui avait nullement attiré l'attention, vu que certains réfugiés partaient avec la moitié de leur maison sur le dos. Applejack aurait voulu un cadre plus propice à la réflexion, comme lorsqu'elle passait la nuit dehors pendant les périodes de grandes récolte. Une nuit paisible, noire comme l'encre, avec les insectes qui crissaient partout, invisibles, autours d'elle, et un feu qui crépitait, focalisant toute son attention. Au lieu de ça, ils avaient un soleil radieux alors qu'ils étaient crevés, et la fermière regardait fixement l'endroit du sol qui aurait dû accueillir ledit feu.

Un poney s'assit à côté d'elle. Une licorne brune claire, à la crinière noire et marron, et une petite barbichette qui lui pendait du menton. Swift Quill avait plus la tête d'un artiste que d'un soldat, plus encore après avoir récupéré ce chapeau haut-de-forme et ces fausses lunettes dans les armoires de Canterlot, mais il avait au moins l'avantage d'être encore en vie. Et d'avoir de bonnes idées. C'était lui qui avait proposé de se cacher, et lui encore qui avait eu l'idée de profiter du mouvement de foule pour s'enfuir de la ville. Quand les autres attendaient qu'Applejack fasse preuve du même leadership que son frère, lui avait prit les devants.

-On a perdu, dit-il.

Les nouvelles étaient allées vite. Luna avait rallié le territoire de la République, et avait déclaré publiquement qu'elle abandonnait. C'était fini, la lutte avait cessé, et Celestia pouvait triompher. Triompher sur tout ces cadavres que lui avait coûté la victoire.

-Mais est-ce véritablement la fin du combat ? demanda la licorne à Applejack.

La ponette se tourna vers lui, l'air intrigué. Lui regardait au ciel, pensif.

-Que vas-tu faire, Applejack ?
-J'en sais trop rien, dit-elle en se détournant. J'sais plus quoi faire. On peut plus lutter.
-Vraiment ?

Cette fois, Applejack était vraiment perplexe. Quill secoua la tête.

-Il nous reste pourtant une carte a jouer.

Il fit un signe de tête vers le camp.

-Sais-tu pourquoi nous avons voulu être dans ton unité, alors que tant de poneys, s'il te respectent, préféraient rester éloignés ?
-Pas la moindre idée.
-La vengeance. Nous avons tous perdu énormément à cause de cette guerre. Des parents, des amis, des amantes, des enfants, nous sommes tous des êtres seuls à qui on a tout arraché. A qui Celestia a tout arraché. Et nous t'avons suivi car de nous tous, c'est toi chez qui cet esprit de vengeance est le plus puissant.

Il tourna son regard vers elle.

-Applejack, si toi, l'incarnation de cet esprit, tu arrêtes le combat, nous l'arrêterons nous aussi. Mais si tu continues dans ta vendetta, nous serons tous là avec toi.

Il sourit.

-Et je suis sûr qu'à travers le pays, il y a des dizaines de personnes comme nous, qui souhaitent se venger sans oser se rebeller contre Celestia. Nous ne voulons pas la fin de l'Empire. Nous ne voulons pas que Luna triomphe, que la paix soit installée, ou quoi que ce soit du genre.

Il planta son regard dans celui de la ponette. Un regard terrifiant de calme.

-Nous voulons que quelqu'un paye. Nous réclamons vengeance.

Applejack se leva, et regarda le camp. Les autres poneys étaient sortis, et les regardaient, en hochant la tête. Applejack regarda par terre. Puis elle releva la tête.

-Abandonner, ce s'rait comme pardonner à cette cinglée. On n'peux pas laisser passer ça.

Elle se retourna vers Swift Quill.

-On ne peut pas pardonner.
-Alors, dit la licorne, sous seront en quelque sorte des « impardonneurs ».
-Ça existe, ce truc ?
-Sûrement pas, répondit Quill en souriant. Mais notre groupe non plus.

Applejack sourit à son tour. « Impardonneurs ». Ceux qui n'accorderaint jamais leur pardon. L'idée lui plaisait bien. Quill se releva.

-Alors, qu'est-ce qu'on fait, chef ?

La fermière réfléchi un instant. Les paroles de Rainbow Dash revenaient sans arrêt, tel un écho. « Tu t'es toujours planquée pendant treize ans ». C'était vrai. Qu'avait-elle fait pour venger enfin Applebloom ? Elle avait obéit aveuglément à des ordres qui ne la rapprochaient en rien de son objectif, tout cela pour voir d'autres membres de sa famille se faire tuer sous ses yeux. C'était fini. Elle n'allait plus passer par des détours. Cette fois, elle s'attaquerait là où ça faisait mal, avant d'abattre la Princesse. Elle voulait la voir souffrir.

Qu'est-ce qu'aimait le plus Celestia ? Son peuple.

Applejack mit son sac sur le dos.

-On y va. On a d'autres « Impardonneurs » à recruter.



Il fut prit d'une violente quinte de toux, et cracha sur sa patte. Il la leva devant ses yeux, et vit des petites tâches sombres sur ses poils carmins, à la faible lueur de la lumière extérieur qui passait par les grilles de drain qui menaient aux égouts. La blessure s'était infectée, et il était malade. Pas étonnant, après avoir passé trois jours dans les souterrains peu hygiéniques avec une ouverture béante dans le ventre. Big Macintosh s'était soigné du mieux qu'il le pouvait, mais il avait besoin d'un hosto. Et à Canterlot, on ne se donnerait même pas la peine de s'occuper de lui avant de l'exécuter.

C'était trop con. Il avait survécu à tout ça juste pour crever d'une blessure, ignoré de tous dans les souterrains. Et Applejack ? Elle croyait sûrement qu'il était mort. L'étalon n'était pas sûr qu'elle pourrait supporter le choc de perdre un autre membre de sa famille, surtout qu'il n'était plus là pour s'occuper d'elle. Si ça se trouvait, elle avait chargé tête baissée vers Celestia, et s'était faite descendre. Merde, et lui était coincé ici !

Il était désormais trop faible pour remonter les échelles. Quand il s'était laissé tombé, il avait à peine pu se relever pour se mettre en marche et s'éloigner de la zone des combats. Mais il n'avait eu aucune ouverture pour ressortir en paix, et s'était perdu dans le labyrinthe des souterrains. Et petit à petit, il avait dû s'appuyer sur les murs pour continuer, puis il était tombé à genoux, et avait dû ramper. A présent, il ne pouvait plus bouger. Juste attendre, là, dans le noir, que la mort vienne. Le peu qu'il voyait était flou, et il avait du mal à focaliser ses pensées. Il ferma les yeux.

Il entendit des bruits de sabots contre pierre résonner au loin. Il rouvrit les yeux, et vit une vague tache lumineuse floutée au loin. Les bruits de pas accélérèrent, et la tache grandit. Big Mac mit le sabot à son holster, prit son pistolet et visa vers la provenance de tout cela. Il ne pouvait pas réellement viser, mais l'intrus n'avait pas besoin de le savoir. Les bruits de pas cessèrent.

-Capitaine, je ne vous veux pas de mal. Je suis une alliée. Je veux vous aider, entendit-il.

La voix était celle d'une jument, douce mais autoritaire. N'ayant rien a perdre, l'étalon baissa son arme. La tache lumineuse s'approcha de lui, et il reconnu une corne. Derrière, il devinait une forme de poney, assez grande et longiligne, immaculée.

-J'ai eu du mal à vous trouver, Capitaine. Vous avez besoin de soins urgents. Je vais vous cacher chez moi.

Big Macintosh regarda la forme de la jument, et se demanda comment elle comptait s'y prendre pour transporter le corps massif de l'étalon. Mais il sentit une pression sur son dos, et fut soulevé. Ah, oui. Une licorne. Etrangement, Big Macintosh se sentait plus en confiance. De toute façon, si ça devait mal tourner, il ne pouvait plus rien faire. Autant se laisser aller, et prendre le risque qu'elle soit une véritable alliée. Il ferma les yeux, et commença a sombrer, mais avant de se laisser emporter par ses délires, il demanda :

-Qui... êtes-vous ?
-Je m'appelle Fleur-de-Lys, répondit-elle. Mais vous me connaissez sûrement sous le nom de Whisper.

-Tu as vu ? Il fait beau dehors.
-...
-Zecora dit que c'est le signe qu'ils ont fini de se battre...
-...
-J'espère qu'ils vont bien, là-bas...
-...
-Je me demande ce qu'elles sont devenues...
-...
-...Tu crois qu'on devrait sortir, et retourner chez nous ?
-...
-...
-...
-... Pinkie ?

Au cas où tu serais plus lent que prévu : ARrière Gauche.

- le truc dont je suis quasi sûr : un poutch entre Twilight et Celestia, qui aboutira surement à la mort de l'une d'elle
- Macintosh qui va participer à une guerrila politique en plein cœur de Canterlot
- Shadow et Rarity qui vont fuir ensemble (mais vu ta façon de traiter les personnages, c'est peu probable.)
- Applejack et sa bande qui passent ennemie public N°1, aussi bien aux yeux des lunaires que des solaires

En ce qui me concerne, c'est la toute dernière partie qui m'a le plus touché. avant, c'était du combat, de la boucherie, les affres de la guerre... on tout s’enchainait et malgré l'attachement qu'on pouvait développer envers les personnages, on enchainait, pris dans les rouages de l'histoire. Mais cette fin ouverte laisse beaucoup de choses en suspends. on sens encore du mauvais arrivé, Apple Jack pour ne cité qu'elle, qui risque de devenir détestable selon toute vraisemblance. (mais tu nous surprendra peut-être qui sait?)

Ce qui ma personnellement touché, c'est la torture. Autant dans le cas de Stalker, bon, c'est un soldat, donc bon, cela me semble plus "acceptable" d'un certain point de vue, même si la méthode de son bourreau est particulièrement vicieuse, et même si pour le coup, le-dit bourreau à un certain charisme.
non, le pire reste le cas de Rarity. j'ai craint pour son sort dès sa capture. son entrevu avec Twilight m'a surpris. je m'attendais à ce que l'a licorne la démonte psychologiquement, un peu comme avec Trixie. En ce sens, finement jouer. Mais ça rend la suite encore plus... horriblement inacceptable.
je ne m'en cache pas, je suis un fan de Lady Rarity, et le sort que tu lui à réservé fait que je te déteste cordialement pour ça...
déjà qu'elle ce fasse torturée est juste horrifiant, mais en plus qu'elle subisse ça "gratuitement" (vu qu'elle ne détiens pas d'information cruciale) et que Twilight ne daigne même pas le faire elle même augmente encore ma révolte! surtout que ça va duré longtemps apparemment et que je crains que la torture ne soit pas la seul chose qu'elle subisse...

bref, je ne vais pas m’épancher sur ça, mais je pleures les malheurs de la dame . Soit maudit!