Magicpixel a écrit:

Iron Pony Maiden a écrit:

Et faire la guerre pour des poneys colorés, c'est pas un peu extrême?

Tu t'éloignes complètement du sujet là, je parle de pinkie pie uniquement, pas de la guerre

Nnope, je reste dedans. En temps de guerre, il me parait normal que certains ont des comportements étranges, voire extrême. Et puis merde, ça fait parti de l'histoire, on s'en fout de savoir si c'est extrême ou pas. ça se rajoute à la psychologie des personnages.

Après tu as raison sur un autre point, c'est une décision assez radicale. Mais d'un autre côté, quand Pinkie a les cheveux raides, ils sont très longs peut-être encore plus que ceux de Shy. Cacher une telle masse sous une perruque, ça me semble assez dur.

edit : damn, ça part en débat sur la coupe de cheveux de Pinkie, je m'y attendais pas

Bro-Nie a écrit:

edit : damn, ça part en débat sur la coupe de cheveux de Pinkie, je m'y attendais pas

Internet est un endroit merveilleux, où une histoire de guerre peut à tout moment dégénérer en débat esthétique.

Enterrés dans leurs tranchées, les soldats du 16° régiment d'infanterie bavaroise n'étaient pas aussi maussades que d'habitude.
Depuis de longs mois, ils avaient pris le pli de la guerre de position. De passer le plus clair de leur temps dans la boue et le froid, à charger les lignes françaises, à mourir pour quelques mètres de terrain qui seraient aussitôt repris par l'ennemi, qui chargerait à son tour et qu'on recevrait de la même façon.
Il y avait une routine désagréable qui s'était instaurée dans les tranchées même si on vivait mieux dans ces dernières que dans leurs homologues françaises.
Au moins ici, les soldats avaient un minimum de confort, c'était un petit peu plus qu'un trou dans le sol. Mais guère mieux, il fallait être honnête.
C'était peut-être les nuits comme celle-ci qui étaient les plus dures. En journée, on voyait clair devant soi, on savait que l'ennemi allait bombarder ou que c'était son camp qui utiliserait les obusiers. Il y avait des attaques et des contre-attaques mais au moins, on pouvait connaître par avance le déroulement de la journée. Mais la nuit, c'était différent. La peur venait avec l'obscurité. Est-ce que les français tenteraient une attaque surprise nocturne ?
Est-ce que des snipers étaient aux aguets, prêts à tirer sur la moindre partie du corps d'un soldat qui dépasserait des tranchées ?
Est-ce que des soldats ennemis rampaient en ce moment-même sur le no man's land pour attaquer le réseau de barbelée ?
Sans la fatigue et l'épuisement, les soldats, même les vétérans, n'auraient pas fermé l'oeil de la nuit. Mais depuis peu, les choses étaient différentes. Une ponette rose à la crinière ébouriffée s'était présentée sur le front il y a quelques semaines, avec une scène, des décors et tout l'équipement nécéssaire pour faire un spectacle. Elle se produisait chaque soir avec des chansons et des plaisanteries, dans le but de distraire les soldats. Et l'armée impériale allemande devait reconnaître qu'à ce jeu là, cette Pinkie Pie était imbattable.
L'armée du kaiser estimait les equestriens pour ce qu'ils étaient : de drôles de chevaux intelligents, certains avec des ailes, d'autres avec des cornes au milieu du front, capables de se battre avec bravoure mais trop peu nombreux pour peser efficacement dans la balance de la guerre.
Malgré leur promiscuité et le fait qu'ils affrontaient les mêmes ennemis, on ne pouvait pas dire que le soldat du commun se sentait vraiment proche du poney ordinaire. Après tout, le monde n'avait découvert ces étranges animaux que depuis quelques années et c'était encore bizarre pour les humains de parler avec les poneys comme si de rien était. Les soldats les plus érudits, s'étaient contentés de hausser les épaules. Après tout, en face, les français et les anglais, des ennemis héréditaires séculaires étaient devenus amis tandis que du côté de la Triplice, c'était la même chose entre les autrichiens et les turcs. A ce niveau là, pourquoi cracher sur les poneys ? Ils versaient leur sang comme n'importe qui dans cette guerre.
Pour autant, certains poneys sortaient du lot. Les diplomates allemands citaient l'Impératrice Luna elle-même, la souveraine d'Equestria, les scientifiques parlaient avec enthousiasme des projets des ingénieurs impériaux Flim et Flam et de leurs équipes, les pilotes de l'armée de l'air allemande qui avaient volé avec le PegasusKorps ne tarissaient pas d'éloges sur la plus brillante de leurs pégases, la lieutenant Rainbow Dash et plus loin à l'est, on avait mentionné à plusieurs reprises le génie tactique de la licorne Trixie avant qu'elle ne disparaisse à la bataille de Bucarest.
Désormais, si on les interrogeait, les soldats du 16° R.I bavaroise pourraient ajouter Pinkie Pie à la liste des poneys dont il fallait se souvenir.
Elle n'avait pas été la première à essayer de remonter le moral des troupes mais la seule à aller jusqu'à se déplacer personnellement jusque dans les tranchées pour faire donner son spectacle.
Cela n'avait pas bien plu aux officiers d'ailleurs qui avaient tenté de lui interdire la zone, de peur qu'elle ne détourne trop l'attention des soldats des dangers du front. Mais comme Pinkie Pie était techniquement une civile, elle refusait d'obéir aux ordres, sans compter que les soldats eux-même avaient protesté et avaient fait pression pour qu'on la laisse libre de ses mouvements. L'Etat-Major avait fini par céder et il n'était plus rare désormais, de croiser une crinière rose ébouriffée qui sautillait en passant dans les tranchées et les casemates.
En ce moment même, la ponette donnait une représentation dans un dortoir dont on avait sorti les lits et les paillasses pour lui permettre de monter son spectacle. Quelques charpentiers dans le civil avaient renforcé le sol par des planches supplémentaires, dans l'intention de former une scène de fortune.
Le tout, décoré par des ballons et des rubans multicolores, issus des réserves personnelles de Pinkie Pie donnait une atmosphère étrange mais assez agréable à cette portion des tranchées. On avait beau être à plus de minuit passé, des dizaines et des dizaines de militaires se pressaient encore dans le dortoir pour regarder l’exubérante ponette faire son numéro. Ils étaient si nombreux par ailleurs, qu'un certain nombre s'était agglutiné à l'extérieur, se tordant le cou et se marchant les uns sur les autres pour ne serait-ce que jeter un oeil au spectacle.
Derrière le drap tendu dans un coin du dortoir pour servir de coulisses, Pinkie Pie se saisit d'une nouvelle bouteille d'eau et la vida entièrement.
Elle suait à grosses gouttes sous son étouffante perruque et sentait son maquillage partir par plaques. Elle n'avait qu'une envie, c'était d'arrêter le spectacle et se reposer quelques heures mais elle ne le pouvait pas. Tant qu'elle faisait l'idiote sur scène, à chanter et à danser, les soldats oubliaient la guerre.
Tant qu'elle continuait de raconter des blagues, ils n'étaient plus ici pour tuer mais pour rire et passer un bon moment avec des amis.
Tant qu'elle tenait bon, elle battait la guerre.
La foule battait des mains et des pieds, la suppliant de continuer le spectacle. Pinkie poussa un soupir d'épuisement avant de reprendre de l'eau.
C'était le combientième rappel ? Le quatrième ou le cinquième ? Elle ne se souvenait plus.
C'était plus dur à chaque minute qui passait. Elle n'avait aucune envie de danser et de chanter. Et encore moins de faire ces blagues d'humour noir. Mais elles plaisaient tellement au public.
Pas tant que ses amies étaient éparpillées en Europe et s'étaient retournées les unes contre les autres après leurs choix pendant la guerre.
Pinkie ne comprenait pas les grandes lignes de cette guerre. D'ailleurs, elle ne le voulait pas. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'un jour, la Princesse Celestia était morte et que tout s'était effondré en Equestria. La ponette faisait ce qu'elle pouvait depuis, alors que des nuages noirs s'étaient massés au dessus des têtes de tous pour les chasser. Ce qui à la reflexion, aurait été bien plus simple si elle avait eu des ailes.
Les spectateurs s'impatientaient. Pinkie retira sa perruque un court instant et s'éventa à même les sabots avant de la remettre en place.
Bon. Elle devrait pouvoir tenir un dernier rappel.
A peine avait-elle fait son retour sur scène que les soldats applaudissaient à tout rompre, battaient des pieds et des mains et sifflaient d'approbation. Pinkie afficha un grand sourire. C'était pour ça qu'elle devait continuer tant qu'elle en aurait la force. Et c'était pour ça que bientôt, elle irait sur une autre section du front, avec des ballons et ses serpentins, pour apporter la joie et la bonne humeur là où elles manquaient cruellement.
_Merci, merci ! tenta t-elle de remercier par dessus les applaudissements. Je voulais aller donner mon spectacle chez les anglais mais je pense que vous êtes un meilleur public non ?
Des éclats de rire et d'approbation se mêlèrent aux insultes classiques adressées à leurs ennemis. Pinkie se planta au milieu de la scène et déclama :
_Allez, une devinette : est-ce que vous savez ce qui est rose et bleu, puis, blanc et bleu, gris et bleu et enfin, vert et bleu ?
Elle laissa quelques secondes de réflexion aux soldats, puis, voyant qu'aucun ne trouvait :
_C'est un militaire fr...
Pinkie Pie ne finit pas sa phrase. Mais ce ne fut pas de son fait. Plutôt à celle du formidable barrage d'artillerie qui tomba sur les tranchées allemandes, faisant voler en éclats protections de bois, de métal et réduisant les malheureux qui avaient eu la malchance d'être touchés en charpie. Un obus frappa précisément le dortoir où Pinkie Pie donnait son spectacle, comme un coup de tonnerre. Les lumières se coupèrent d'un coup alors que rubans et ballons étaient réduits en bouillie multicolore. Juste avant de se retrouver assommée par les débris de la lampe qui lui tombèrent en plein sur le crâne, Pinkie se dit que le bombardement ennemi tombait bien mal.
Elle n'avait même pas eu le temps de finir sa blague.


Quelques kilomètres plus à l'arrière, dans la ferme du PegasusKorps, c'était la panique la plus totale. Les poneys courraient dans tous les sens, cherchant à se rassembler et à attendre les ordres de leurs officiers tandis que les obus pleuvaient drus non loin d'eux. On voyait les villages en feu et les crépitements des fusils des tranchées.
Fluttershy, en tant qu'infirmière en chef du PegasusKorps avait réussi à dompter sa peur panique des bombardements pour organiser le traitement des blessés. Les portes de la grange étaient grandes ouvertes et elle avait personnellement réquisitionné plusieurs soldats pour l'aider à gérer la crise.
Le coeur de la pégase était glacé d'effroi à l'idée qu'un tir français ou anglais réussisse à toucher la ferme ou pire, la grange elle-même. Elle avait ordonné à un pilote du PegasusKorps de se poster dans le clocher, avec une paire de jumelles et de surveiller si les tirs de barrage ennemis se rapprochaient d'eux. Par chance, pour l'instant, le bombardement les avait épargnés. Les rares obus qui rataient leur cibles premières, les tranchées et le village, tombaient dans les champs et les collines qui entouraient le corps de ferme, labourant la terre de force. Une odeur d'humus frais flottait dans l'air, mêlée à celui de l'acier chauffé à blanc.
Fluttershy aurait tant aimé avoir Rainbow Dash auprès d'elle pour lui dire quoi faire, quoi penser. Mais la pégase arc-en-ciel n'était pas dans sa chambre. La dernière fois qu'elles s'étaient vues, c'était quelques heures plus tôt, au mess. Elles avaient parlé de la disparition de Gilda. Connaissant son amie comme elle la connaissait, Fluttershy était prête à parier qu'elle avait décidé de faire un vol nocturne pour se sortir la mort de la griffonne de la tête.
Fluttershy ne pouvait compter que sur elle-même. Et sur Derpy.
La pégase grise s'était revelée extraordinairement calme devant la brutalité de l'assaut. Elle n'avait pas paniqué et pris naturellement le commandement de la situation avec Fluttershy. Pour l'heure, elle assistait son amie dans la grande infirmerie, en aidant du mieux qu'elle le pouvait les poneys blessés.
_Tu crois que ça va durer longtemps ? demanda Fluttershy d'une voix étranglée par la peur.
_J'en sais rien, lui répondit Derpy en donnant de l'eau à un pégase amputé d'une aile. Mais on ne peut rien y faire de toute façon, pas vrai ? On doit serrer les dents et faire notre travail.
Fluttershy baissa piteusement la tête.
_Je ne sais pas si j'en serais capable...si Rainbow était là, je...
_Elle n'est pas là, lui fit remarquer Derpy en voletant jusqu'auprès d'elle. Ce qui veut dire que dans les faits, tu es la plus gradée du PegasusKorps ici. C'est sur toi que comptent les poneys pour les sortir de là. Et tu sais quoi ? Tu vas réussir parce que t'es plus douée que tu ne le crois.
La pégase couleur soleil renvoya un timide sourire à son homologue couleur poussière. Les mots de Derpy lui avaient mis un peu de baume au coeur sans véritablement la calmer toutefois. Mais elle avait raison : les poneys avaient besoin d'elle ici et maintenant. Elle devait tenir bon.
Derpy mit fin à ses doutes en lui tendant sa blouse d'infirmière en chef. Etrangement, l'habit blanc calma un peu les nerfs de Fluttershy, dissipant son mal-être. Elle avait réussi à sauver des dizaines de vies dans ces vêtements depuis que la guerre avait commencé. Elle espérait un peu quelque part, qu'ils possèdent en eux une sorte de pouvoir magique, de charme. Elle l'espérait véritablement.
_Combien de blessés peut-on abriter dans la grange ? demanda Fluttershy en se reconcentrant.
_Deux cent en leur laissant un minimum d'espace, plus si on les colle les uns aux autres.
_On ne pas va trop les rapprocher, ordonna Fluttershy en s'écartant pour laisser passer deux poneys brancardiers qui partaient sur les lieux du combat. Ca risquerait de propager les maladies. Faites de la place dans la ferme elle-même s'il le faut, sortez les meubles dehors. Et je veux un endroit tranquille pour opérer.
_La petite cour intérieure ? proposa Derpy.
_Parfait. Installe y une table et fais-y transporter mon matériel. Je veux des bassines d'eau, beaucoup d'eau...
Elle posa un sabot à la volée sur l'épaule d'un pégase valide.
_Toi ! ordonna t-elle. Récoltez le plus d'eau possible du puits. Si un obus tombe dessus, elle sera gâchée et les malades vont en avoir besoin.
La petite voix de la pégase était régulièrement couverte par le fracas des obus mais elle ne s'arrêtait pas.
_Je veux aussi que quelqu'un vole au village dire aux allemands qu'on est prêts à recevoir leurs blessés s'ils le faut. On manque de matériel pour soigner les humains mais on fera avec les moyens du bord.
_A vos ordres, répondit un des pilotes du PegasusKorps en battant des ailes pour ses les échauffer.
_Viens, ordonna Fluttershy à Derpy en quittant la grange pour la cour intérieure. Je vais avoir besoin de toi là bas.
Les deux pégases passèrent de longues heures dans cette petite cour, transformée en salle d'opération de fortune. Les brancardiers y amenaient les poneys ou les humains dont la vie ne tenait plus qu'à un fil. Ceux qui étaient dans un état moins critique, eux, étaient soignés à la grange.
Il ne fallut pas longtemps pour que l'eau de bassines se teinte de rouge et que Fluttershy et Derpy se retrouvent avec du sang jusqu'aux ergots. Mais les pégases tenaient bon et faisaient de leur mieux alors qu'on leur amenait sans cesse de nouveaux blessés. Le bombardement ne semblait jamais s'arrêter. La nuit n'était que coups de tonnerre de métal et éclairs d'acier. L'air était saturé par l'odeur du sang, des viscères et de la peur.
Fluttershy était probablement la première à être terrifiée. Mais elle s'efforçait de serrer les dents. Elle devait se montrer digne de son grade et de sa tâche. Est-ce que Derpy se plaignait d'ailleurs ?
La pégase grise s'était révélée être une assistante douée pour Fluttershy. Elle lui passait ses renforts à sabots de chirurgie à temps et épongeait régulièrement la plaque de sueur qui se formait sur le front de l'infirmière en chef, afin qu'elle n'ait pas à cligner des yeux pour dévier la course des gouttes.
Elles ignoraient depuis combien de temps l'attaque ennemie durait et elles priaient sans cesse pour qu'elle s'arrête. Mais les français et les anglais semblaient vouloir épuiser leur stock de munition à défaut de défigurer encore d'avantage le paysage. Un officier allemand auquel un obus avait coupé les deux jambes au niveau du genou avait balbutié deux fois le mot "horreur" avant de succomber. Son corps reposait à l'autre extrémité de la ferme, là où Fluttershy avait ordonné qu'on entasse ceux pour qui on ne pouvait plus rien.
Les pégases avaient la désagréable attention de travailler à la chaine. On leur apportait un corps mutilé et elles faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour le maintenir en vie. S'il survivait, on l'allongeait dans un coin de la grange, sinon, il allait rejoindre les autres cadavres. Mais dans un cas comme un autre, Derpy avait à peine le temps de jeter un seau d'eau sur la table de bois maculée de sang que les brancardiers y déposaient un nouveau patient.
Alors que deux pégases transportaient hors de la cour un jeune soldat allemand, encore haletant de douleur mais en vie, Fluttershy se laissa aller à regarder le ciel. Les étoiles étaient tellement belles cette nuit. Un beau croissant de lune semblait lancer une invitation au sommeil ou à la contemplation. Le genre de nuit parfaite pour s'allonger sur l'herbe tendre d'une prairie et rester immobile, à attendre que les petits animaux nocturnes sortent de leurs nids pour aller chercher à manger.
Fluttershy soupira de dépit en rebaissant la tête et en contemplant le nouveau blessé que les brancardiers venaient d’amener. Derpy semblait étrangement affectée et ne cessait de jeter des regards en coin - du mieux qu'elle le pouvait - à l'infirmière en chef, comme pour s'assurer qu'elle allait bien. Fluttershy fronça les sourcils, ne comprenant pas.
Puis, elle nota la queue arc en ciel de celle qui se trouvait allongée devant elle.
Et elle compris.
_Rainbow ! s'étrangla Fluttershy dans un sanglot.
_On a trouvé le lieutenant Dash sur le pré, expliqua un des brancardiers. Je pense qu'elle a dû se faire salement toucher en vol et qu'elle s'est écrasée.
Derpy sembla avaler sa salive et examina sommairement le corps de Rainbow Dash.
_Sa patte est brûlée jusqu'à l'os, elle a des coupures, des fractures...oh, mes muffins, dites-moi qu'elle n'a pas d’hémorragie interne, supplia la pégase grise en se mordant les lèvres.
Fluttershy était complètement paralysée, de grosses larmes coulant sans discontinuer de ses yeux, son corps aussi immobile que son esprit était en panique. Dashie était blessée, grièvement blessée. Voilà pourquoi elle n'était pas là. Et si elle mourrait ? Et si elle-même tuait son amie en ratant l'opération ? Et si elle soignait Dash mais qu'elle succombait malgré tout ? Et si elle s'en sortait mais handicapée à vie ? Et si elle lui en voulait ? Et Pinkie ? Où était-elle ? Et s'il était arrivé la même chose à Pinkie Pie...
Un souffle de vent léger suivi d'un coup sec sur sa joue sortit Fluttershy de sa torpeur. Elle comprit que Derpy venait de la gifler du sabot pour la sortir de sa tétanie. Et qu'elle avait dû s'y reprendre à deux fois à cause de son strabisme.
_Reprends-toi Fluttershy ! cria Derpy d'une voix sans appel. Dash a besoin de toi, maintenant plus que jamais. Tu ne peux pas perdre ton temps à pleurer et à rester plantée là alors qu'elle risque de mourir !
_Je ne peux pas opérer Dashie, sanglota Fluttershy en secouant la tête en signe de déni. Tu imagines si je lui fais encore plus mal ? Si je la tue ? Il faut que quelqu'un d'autre s'en charge.
_Et qui ? demanda Derpy en haussant la voix alors qu'un obus solitaire venait de tomber juste derrière la cour, projetant de la terre et des brins d'herbe en pagaille. Moi ? Je sais à peine éviter de couper quelqu'un avec un plat à gâteau, tu m'imagines avec un sabotcalpel ? Autant renvoyer Rainbow dans son état au milieu du no man's land, elle sera plus en sécurité !
Derpy fit une pause, avala sa salive.
_Shy, dit-elle en appuyant sur ces trois lettres, sachant très bien que c'était le surnom affectif que lui donnait son amie, Rainbow Dash a besoin de toi. Tu l'abandonnes et elle meurt. Tu t'y mets, elle a une chance de survie. Une grande chance même, c'est notre Dash à nous quand même. Elle a survécu à des trucs incroyables. Mais sans toi, elle n'aura pas cette chance. Alors voilà ce qu'on va faire : tu vas te reprendre. Soigner et opérer Rainbow. Soigner tous ceux qui passeront sur cette table ce soir. Et je jure sur la tête de Dinky que dès que Dash ira mieux, je vous fais les meilleurs muffins que j'ai jamais cuisinés. Juste pour vous deux.
Fluttershy tenta un timide sourire.
_Corruption de sous-officier avec de la pâtisserie, ça peut aller loin, caporal.
_Si je passe en cour martiale, répondit Derpy en élargissant son sourire, j'achèterais les généraux avec des muffins à l'avoine.
Les deux pégases échangèrent un petit rire. Puis Fluttershy prit une grande inspiration, déglutit, se saisit de ses instruments de chirurgie préparés par Derpy et s'approcha de Rainbow Dash, toujours évanouie sur la table.
Puis, elle se mit à opérer, au rythme des obus qui tombaient parfois juste à côté de la ferme du PegasusKorps, comme au tempo d'une orgue, sortie des tréfonds du Tartare.


Une embardée du train et le cahot qui s'en suivit renversa l'encrier dans lequel Rarity trempait sa plume. La bouteilla versa sur le côté, répandant son contenu sur la table que la licorne utilisait comme support. Par réflexe, elle parvint à retirer sa lettre de cette dernière avant que l'encre ne la souille. Elle détacha un buvard de son feuillet à l'aide de la magie et l'appliqua sur la tache sans tarder avant que l'encre de ne mette à couler partout ou ne souille sa robe.
Rarity pinça les lèvres en utilisant encore trois buvards jusqu'à avoir totalement épongé les dégâts et redressa l'encrier. C'était bien les problèmes de ce genre de trains. En temps normal, ceux que la diplomate empruntaient était des bijoux de luxe et de technologie avec des appuis spéciaux sur les bureaux et des renforts pour justement éviter ce genre d'accident. Mais la licorne devait se faire une raison. Ca n'aurait pas été des plus intelligents de revenir à Canterlot dans un wagon doré.
Elle avait changé plusieurs fois de véhicules entre Laxenburg et Trente, du fiacre - et Celestia savait que c'était une impression bizarre d'être conduite par des chevaux qui ne parlaient pas - à la voiture, en passant par de la marche à sabot. Mais il n'y avait pas d'autre moyen de rentrer à Equestria que le train de toute façon.
Bien qu'elle ne l’aurait sans doute jamais avoué, Rarity avait aimé ce jeu de cache-cache, ces discussions secrètes. Il y avait eu quelque chose d'extraordinairement excitant dans tout cela. Comme si elle était redevenue une petite pouliche dans un jeu de rôle qu'elle faisait avec ses amies d'enfance. A l'exception près qu'aujourd'hui, le jeu de rôle se jouait avec des monarques et des vies humaines, plus avec de petites licornes.
Charles d'Autriche s'était révèlé être un hôte de goût et le genre d'homme qui poussait la diplomate à estimer les humains. Il était encore très attaché à son trône et à la maison des Hasbourg mais il était assez lucide pour voir dans quel néant se dirigeait l'avenir de la Triple Alliance si on la laissait en l'état. Un individu bien plus ouvert sur la question que ne l'était son prédécesseur, François-Joseph.
Qui plus est, Rarity s'était faite une amie de la femme de Charles, Zita. Quand la licorne avait découvert que l'Impératrice maniait le français à la perfection, elle avait cru mourir de plaisir. Rarity adorait le français. C'était une langue si belle, si pleine de charme...un de ses plus grands regrets dans cette guerre soit qu'Equestria combatte les français plutôt que de s'allier avec eux. Enfin...elle ne faisait pas l'Histoire.
Le destin ou quelque chose avait poussé sa nation dans le camp de la Triplice et Rarity n'y pouvait rien, hormis s'en désoler. Et tout faire pour que cette folie s'arrête enfin aussi.
C'était ce que ses amies, surtout Twilight et Applejack à la rélfexion, n'avaient jamais compris. Elles pensaient à court terme alors que Rarity avait une plus large vision des choses. Cette paix des braves, la licorne en caressait le rêve depuis le jour où Luna avait officiellement déclaré la guerre à la Serbie en soutien des Puissances Centrales et tout ce qui en avait suivi.
Elle avait comprit que ce qui avait été commencé dans l'encre ne pourrait finir dans le sang. Une paix blanche totale ou avec quelques concessions et tout rentrerait dans l'ordre. Pour atteindre cet objectif, Rarity était prête à lui sacrifier sur l'autel beaucoup de choses.
Elle l'avait déjà fait d'ailleurs : Twilight et Applejack l'avaient considérée comme une traîtresse, pour répondre à l'appel de l'Impératrice et elle avait du laisser sa petite soeur de côté alors qu'elle cavalait pour signer la paix. Sweetie Belle lui manquait énormément. Quelque part, elle espérait que Twilight ou Spike l'avait déja retrouvée et qu'ils l'attendraient dans quelques minutes sur le quai de la gare. Ca serait une telle joie de serrer sa cadette entre ses pattes !
Elles passeraient la nuit à refaire la garde-robe de la petite licorne, Rarity en faisait le serment. Et même la pinkie promesse.
La diplomate nota qu'entre ça et le voyage à Cracovie juré à Spike, ça faisait pas mal de pinkie promesses à tenir. Mais elle le ferait.
Une lady tenait parole.
Rarity passa un dernier buvard sur la table, par sécurité, avant d'y reposer sa lettre. Elle la relut avec attention, vérifiant qu'elle n'ait fait aucune faute d’orthographe ou de syntaxe. Ce n'était qu'un brouillon mais il fallait qu'il soit soigné.

Très chères Fluttershy et Rainbow Dash.

Je n'ai pas souvent eu l'occasion de vous écrire et j'en suis désolée. Il semblerait que le temps lui-même s'est emballé depuis le début de la guerre.
J'ai parfois du mal à me souvenir quand nous étions toutes les six ensemble, à rire d'une plaisanterie de Pinkie Pie ou à profiter d'un pique-nique à Sweet Apple Acres. Les choses se sont tendues entre Twilight et moi et disons que j'aurais quelques difficultés à essayer de contacter Applejack. Mais bref.
Ce que je voulais vous dire avant tout, c'était de tenir bon. La guerre s'arrêtera bien un jour et si Celestia le veut, ce sera dans peu de temps.
Cela me briserait le coeur d'apprendre qu'il vous est arrivé quelque chose là bas. Je ne suis qu'une diplomate, ma guerre, je la mène dans les palais et mon uniforme, c'est les beaux habits. Mais je n'ignore pas ce qu'est un champ de bataille. J'ai vu des vétérans revenir brisés, physiquement et moralement d'endroits à côtés desquels le Tartare n'est qu'une plaisanterie. Je vous demande donc, je vous supplie de veiller l'une sur l'autre, pour qu'il ne vous arrive rien de grave.
J'ai besoin de vous à la maison. Twilight à besoin de vous.
Après tout, sans vous, l'Harmonie n'est pas complète en Equestria.
Encore une fois, j'espère que vous vous portez toutes les deux très bien. Je l'espère du plus profond de mon cœur.
Si Pinkie Pie est dans votre secteur quand vous recevrez cette lettre, faites une fête avec elle pour moi. Je compte sur vous.
Je vous embrasse.

Votre amie, Rarity.

La licorne hocha le museau, satisfaite. Elle demanderait encore quelques retouches mais elle commençait à être plus qu'acceptable.
En jetant un oeil par la fenêtre, Rarity eut l'agréable surprise de reconnaître les montagnes de Canterlot.
Elle arriverait à la gare dans quelques minutes. La diplomate ne serait pas contre un petit tour au spa dans la journée. Une bonne sabonicure lui ferait du bien.
Le crissement familier des freins et les volutes de fumées qui entourèrent le train firent comprendre à la licorne que la machine s'était arrêtée. Elle rangea sa lettre dans son sac à sabot et se prépara à descendre du train. Un des points positifs des missions clandestines, c'est qu'on avait peu de bagages à se soucier.
La présence sur les quais, de dizaines de pégases en armes, frappés des couleurs impériales lui fit comprendre un point négatif de ce genre de mission : c'était de se faire prendre.
Le chef des gardes, un poney au visage sévère que Rarity avait plusieurs fois croisé dans des réceptions au palais impérial vint à sa rencontre et lui expliqua calmement que la gare était cernée, qu'elle n'avait aucune chance de fuir et que dans le cas improbable où la licorne déciderait de se servir de sa magie pour tenter sa chance, la garde impériale avait toute autorité pour rafler ses parents.
Rarity tendit ses pattes dans une moue de dédain toute aristocratique alors qu'on lui passait les fers.
Autant pour la sabonicure donc..
Elle fut conduite sans attendre jusqu'au palais de Canterlot mais pas dans la salle du trône ou les appartements de l'Impératrice, comme elle avait pu le croire au premier abord. A la place, les gardes la guidèrent jusqu'aux jardins. Et plus précisément, dans la plus belle des partie des jardins impériaux.
Rarity était déjà venue ici, bien sûr, il y a trente mois. C'était là qu'on avait mis en terre la dépouille de la Princesse Celestia, là où Luna avait officiellement rejoint les Empires Centraux. Là qu'Equestria s'était jetée dans cette folie que l'on nommait la guerre.
La licorne ne fut guère surprise de trouver l'Impératrice Luna devant la tombe de sa sœur.
En lui même, le lieu était d'ailleurs plus sobre que la plupart des mémoriaux que l'on trouvait en Equestria. Une grande statue chryséléphantine de Celestia, recouverte de pieds de roses. Même si le monument transpirait la beauté, il y avait une certaine simplicité qui se dégageait de ses formes. Peut-être la lumière de l'aube, qui caressait l'or et l'ivoire.
Luna avait fait enchanter les fleurs pour qu'elles fleurissent de tout temps, comme ici, alors que l'hiver n'était pas fini.
L'Impératrice equestrienne était aussi vêtue plus sobrement qu'à l'accoutumée. Elle portait sa couronne et son plastron marqués d'un croissant de lune mais pas son grand manteau de cérémonie. Luna, les yeux clos et le museau perdu dans le cœur d'une rose rouge sang dut sentir l'étonnement de sa diplomate puisque elle répondit sans attendre à sa question :
_Notre soeur n'était pas très portée sur les regalia. Quand nous sommes auprès d'elle, nous nous efforçons d'être plus simple. C'est ce qu'elle aurait voulu.
Elle fit un geste du sabot et les soldats qui entouraient Rarity la détachèrent avant de reculer jusqu'à être hors de vue. Mais la licorne ne s'y trompait pas, elle était toujours extrêmement surveillée. Luna avait dû la faire libérer de ses chaines par respect du protocole.
_Vous savez ce qui nous a le plus manqué, là haut, sur la lune ? demanda Luna en se noyant dans l'arôme de la rose. Les fleurs, dit-elle sans attendre une éventuelle réponse de Rarity. Il n'y a rien qui pousse là haut, rien du tout. Et croyez-moi Dame Rarity, nous aimons les fleurs.
Luna se retourna, permettant à Rarity de découvrir un visage épuisé, aux yeux vagues et cernés, que l’absence de maquillage empêchait de travestir l'état de fatigue.
_Quand nous étions de jeunes pouliches, dit Luna avec chaleur et émotion dans la voix, notre sœur et nous-même aimions jouer à cache-cache. Les parties pouvaient durer des heures durant. Nous ne nous arrêtions pas jusqu'à ce que la chercheuse trouve la cachée. Un jour, ce fut à nous de nous cacher. Nous avions reperé un bosquet de roses rouges, comme celles-ci, qui sentait fort. C'était l'été. Nous nous sommes cachée du mieux que nous avons pu mais le bosquet était rempli d'épines. Nous nous sommes piquée. Cruellement.
Luna leva sa patte avant gauche à hauteur de son visage.
_Nous revoyons encore notre sang couler. Mais nous ne disions rien. Si nous arrivions à tenir jusqu'à la fin de la journée, nous gagnions !
L'Impératrice, plongée dans ses souvenirs d'enfance, ferma les yeux.
_Nous sommes restée ainsi durant tout le jour, jusqu'à ce que père abaisse le soleil. Celestia nous cherchait toujours. Nous avions voulu sortir pour clamer notre victoire mais les épines nous arrachaient la robe. Nous étions piégée. Et puis finalement, notre sœur nous a trouvée. Elle a écartée le bosquet par sa magie et nous a tirée de ce piège. Elle nous a consolée. Cajolée. Et quand nous avions articulé, entre deux sanglots que nous avions tout de même gagné la partie de cache-cache, savez vous ce que notre sœur a répondu ?
Luna rouvrit des yeux embués de larmes.
_Qu'elle aurait été prête à perdre deux fois si cela nous avait empêchée de nous piquer dans les roses.
L'Impératrice passa un sabot sur la statue.
_Ainsi était notre soeur Dame Rarity. Une alicorne bonne et prête au sacrifice. Une alicorne assassinée par les humains alors qu'elle venait en paix. Une alicorne pour laquelle nous faisons les plus grands sacrifices...ET QUE VOUS TRAHISSEZ !
L'utilisation de la voix royale traditionnelle de Canterlot manqua de faire vaciller Rarity mais elle tint bon.
_Vous, notre plus fidèle diplomate, vous osez comploter dans notre dos. Vous osez passer des accords de paix. Des accords de paix inacceptables !
_Sauf votre pardon, Votre Majesté, répondit la licorne, piquée au vif, je n'ai pas trahi. Je sers Equestria comme depuis toujours et encore plus par ces accords.
_Courber l'échine devant les humains, vous appelez ça "servir" Dame Rarity ? demanda la souveraine d'un air dégoûté.
_Je ne courbe pas l'échine madame, je m'efforce de sauver ce qui peut encore l'être. Charles Ier a raison, nous ne gagnerons pas cette guerre. L'ennemi est tout simplement trop puissant !
_Alors vous trahissez par défaitisme ? demanda Luna en haussa un sourcil.
_Majesté, tenta de s'expliquer la licorne, la guerre sous marine illimitée allemande va irriter les américains. Ils pourraient entrer en guerre du côté de l'Entente dans quelques mois, dans quelques semaines ! Au prochain navire coulé, ils mettront leur puissance industrielle et militaire au service de l'ennemi ! A l'est, les hommes sont épuisés, rien ne bouge, ni en Italie, ni en France, ni en Belgique...si nous laissons la situation pourrir, nous allons droit à la catastrophe.
_Nos soldats se battent bravement, rétorqua Luna d'un ton impérial.
_Ce n'est plus une question de bravoure votre Altesse. Nous sommes trop peu. Equestria est une minuscule nation, les ennemis ont des millions d'hommes...
_La Triple Alliance aussi, répondit l'Impératrice du tac au tac.
_Ce n'est pas aussi simple, tenta d'expliquer Rarity. Le peuple lui-même est à bout à cause des privations, de l'effort de guerre. Vous allez au devant d'une révolte si vous vous obstinez dans cette voie.
_Notre peuple ne se soulèvera jamais contre nous.
_Votre peuple vous aime, c'est vrai. Mais il vous aimera encore plus si vous appuyez les projets de pourparlers de paix de l'Autriche ! Laissons les humains décider entre eux de quelle terre doit appartenir à qui, de quel peuple dépend telle ville...la chance que nous avons maintenant Majesté, c'est de nous retirer d'un piège mortel pour notre nation.
_Signer la paix et biffer d'un trait les sacrifices de nos sujets et de nos alliés pendant trente mois ? Jamais.
_Est-ce ce que aurait voulu la Princesse Celestia ?
La crudité de la question fit tiquer l'Impératrice qui réagit instantanément.
_NOUS VOUS INTERDISONS DE PARLER DE NOTRE SOEUR ! VOUS AVEZ TRAHI VOTRE SERMENT DE FIDELITE ! VOUS N'AVEZ AUCUN HONNEUR !
Luna se força à reprendre une voix normale pour terminer son discours.
_Nous aimerions vous envoyer sur la lune sans attendre mais nous sommes nous, une alicorne d'honneur. Nous respectons nos lois. Vous serez jugée Dame Rarity et condamnée, cela ne fait aucun doute, dans les semaines qui viennent. Nous aurions souhaité que le procès soit immédiat mais l'ennemi à percé nos lignes dans les Flandres. Votre cas attendra la fin de ce contretemps.
Elle fit un signe du sabot et deux gardes surgirent de n'importe où, remettant les fers au pattes de Rarity. Juste avant qu'ils ne l'emmènent Luna s'adressa une dernière fois à la licorne.
_Dame Rarity, demanda t-elle, est-ce que tout ceci en valait la peine ? Perdre votre place, votre honneur, les vôtres, tout cela pour un traité de paix qui n'aboutira pas ?
_Je suis Rarity la généreuse votre Majesté, répondit la licorne avec une légère lueur de défi au fond de la prunelle. Je suppose que je suis prête à tout sacrifier pour que les gens aillent mieux. Et si cela doit être moi et bien...
Elle haussa les épaules.
_...ainsi soit-il.
Luna eut un mouvement du museau et les gardes emportèrent l'ancienne diplomate. L'Impératrice revint auprès de la statue de son ainée et se mit à nouveau à sentir les fleurs.
_Ne t'en fais pas Tia, dit-elle à voix basse en caressant la crinière d'or de la sculpture. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu sois vengée. Je te l'ai promis, je te le jure à nouveau.
A plusieurs dizaines de mètres de là, en hauteur, derrière la grande vitre de leur laboratoire, Flim et Flam, ingénieurs de Sa Majesté Impériale éloignèrent de concert leurs têtes du télescope à double optique pointé sur les jardins.
_Et bien mon cher Flim, il me semble que nos réseaux autrichiens avaient raison, une fois de plus.
_Oui. Il faudra penser à inviter le comte Czernin à Maresim's partager une bonne bouteille de champagne avec nous, il l'aura mérité.
_Flim ! s'emporta son jeune frère en lui jetant un regard horrifié. Nous parlons d'un projet de paix qui vient d'échouer et qui fera encore durer la guerre pendant longtemps. Du champagne ne me semble pas très approprié. Pense à tous les morts qu'il va y avoir.
Les deux jumeaux s'échangèrent un de leurs profonds regards avant de tomber sur un compromis.

Oui, le bourbon c'était tellement plus adéquat.

Flim et Flam sont des .... Entre celle la ou Luna et totalement aveuglée par la perte de sa soeur, et "a pony war chronicle" ou Célestia et devenue folle avec son groupe de fanatique sa équilibre beaucoup la lecture.
Arnaud5.

Et bien et bien, c'est pas jouasse tout ça. Va falloir un épisode avec les cmc pour palier à ça.
Donc. On commence par une scène sympathique sur les dilemmes de Pinkie, tiraillée entre son devoir et ses sentiments, dans une scène rappelant fortement "Joyeux Noël". Et surtout, un passage dans les tranchées!
Ensuite, on passe au bombardement, et là commence ce que j'appellerais la série des "Destins incertains". Pinkie est-elle morte? si non, que lui arrivera-t-il? Puis, passage au camp de la PegasusKorp, et voici Derpy dans le rôle qui lui sied si bien de remontant. Fluttershy, elle aussi déchirée entre son naturel et son envie d'aider. Une scène dans l'hopital qui, a mon gout, manque un peu de description de l'horreur des blessures, mais on se concentre plus sur les sentiments de FS. et la ref à Apocalypse Now (cependant, il me semble que Kurtz ne dit que deux fois "horreur". Bon.)
Et là, boum, choc! effroi! Rainbow Dash! Et le coup de la claque de Derpy, qui a du s'y reprendre à deux fois, excellent. ainsi que sa manie à inclure des muffins partout.
Et on passe à Lady Rarity. Je passe sur la description de sa mission (y'a rien véritablement à dire), dommage que tu ais allégrement spoilé sur la pb. Mais toutefois, on découvre un peu du passé de Luna.

PAr contre, je ne dirais rien de plus que cela : pourquoi faut toujours que t'écrive des trucs alors que j'en ai eu l'idée mais pas encore l'occasion de l'écrire? Vilain!

Bref, ça reste encore très bon. ça manque un peu de batailles, mais il semble que tu te concentre plus sur l'aspect, si ce n'est humain, "poney" des personnages, notamment au niveaux des intrigues politiques.

Et je hais les Flimflam brother, maintenant. Non, vraiment.

Arnaud5 a écrit:

Flim et Flam sont des .... Entre celle la ou Luna et totalement aveuglée par la perte de sa soeur, et "a pony war chronicle" ou Célestia et devenue folle avec son groupe de fanatique sa équilibre beaucoup la lecture.
Arnaud5.

IPM et moi sommes complèmentaires.
Bientôt, un package Pony War C. + Ponykrieg pour une somme modique, inscrivez-vous

Citation :

Et bien et bien, c'est pas jouasse tout ça. Va falloir un épisode avec les cmc pour palier à ça.

On va les revoir un peu au chapitre suivant. Mais c'est vrai que les Croisées sont l'apport mignon qu'il me manque avec mes scènes tristes. Tu devrais y penser pour ta fic même si elles vont beaucoup moins bien croisader maintenant

Citation :

Donc. On commence par une scène sympathique sur les dilemmes de Pinkie, tiraillée entre son devoir et ses sentiments, dans une scène rappelant fortement "Joyeux Noël". Et surtout, un passage dans les tranchées!

Y a effectivement une influence Joyeux Noel, je ne peux pas le nier. Ni que c'est au final une scène de tranchées alors que j'avais pas spécialement prévu d'en faire mais bon.
Ah j'oubliais, le méga cliff de la mort qui tue est posé dans ce paragraphe. Mais il n'explosera qu'à la fin.

Citation :

Ensuite, on passe au bombardement, et là commence ce que j'appellerais la série des "Destins incertains". Pinkie est-elle morte? si non, que lui arrivera-t-il?

Fuck physic, I'm Pinkie Pie sera ma seule réponse

Citation :

Puis, passage au camp de la PegasusKorp, et voici Derpy dans le rôle qui lui sied si bien de remontant. Fluttershy, elle aussi déchirée entre son naturel et son envie d'aider. Une scène dans l'hopital qui, a mon gout, manque un peu de description de l'horreur des blessures, mais on se concentre plus sur les sentiments de FS. et la ref à Apocalypse Now (cependant, il me semble que Kurtz ne dit que deux fois "horreur". Bon.)
Et là, boum, choc! effroi! Rainbow Dash! Et le coup de la claque de Derpy, qui a du s'y reprendre à deux fois, excellent. ainsi que sa manie à inclure des muffins partout.

J'aime pas quand les gens ont raison...effectivement, c'est bien deux fois the horror, pas trois ^^
Et effectivement, je suis pas trop dans la boucherie...je préfère explorer l'esprit de mes personnages disons que c'est un choix d'écriture. Ensuite, je ne pouvais pas laisser Dashie crever sur le pré surtout après une belle baston (on me chuchote que j'en suis seul responsable, j'aurais pu la faire gagner facilement. Et l'intensité dramatique, vous y pensez ?) ni laisser Derpy non exploitée.
J'avoue que Derpy qui jure en muffins est une idée qui m'a bien fait rire.

Citation :

Et on passe à Lady Rarity. Je passe sur la description de sa mission (y'a rien véritablement à dire), dommage que tu ais allégrement spoilé sur la pb. Mais toutefois, on découvre un peu du passé de Luna.

Zigouiller Rarity maintenant aurait été idiot eu égard de la fin de ma fic. Qui approche vite d'ailleurs.

Citation :

PAr contre, je ne dirais rien de plus que cela : pourquoi faut toujours que t'écrive des trucs alors que j'en ai eu l'idée mais pas encore l'occasion de l'écrire? Vilain

!

Parce que je suis bon

Citation :

Bref, ça reste encore très bon. ça manque un peu de batailles, mais il semble que tu te concentre plus sur l'aspect, si ce n'est humain, "poney" des personnages, notamment au niveaux des intrigues politiques.

Ponykrieg n'a jamais été vraiment une fic de guerre au sens purement baston du terme pour moi. Y a des combats, des affrontements, surtout du côté du Pegasuskorps mais encore une fois, je préfère la psycho aux biscotos.

Citation :

Et je hais les Flimflam brother, maintenant. Non, vraiment.

Je te jure que pour Gilda, là, ils y sont pour rien



On enchaine avec le minijeu Ponykrieg : pouvez-vous finir la chute de la blague qu'allait raconter Pinkie Pie ?

Réponse : Un soldat français pour l'uniforme bleu

C'est toujours aussi bon, beaucoup de drames dans ce dernier chapitre (enfin morceau de chapitre). Mais ça ne perd pas en qualité et c'est captivant. Je suis déçu pour rarity, je pensais vraiment qu'elle irait plus loin.
Rien d'autre à dire, flemme de développer

Raahhh.
Flim/Flam sont géniaux. Ce gout de la manipulation, ce mépris de vies humaines et équine, tout ça pour pouvoir trouver de l'inspiration et produire des machines de guerre. Awesome.
Pinkie Pie nous fait un passage un peu triste, alors que ce n'est pas dans ses habitudes.
Fluttershy et Derpy sont sympas, mais mon passage préféré reste Rarity et Luna. J'ai hâte de voir ce qu'il va se passer.
Mais maintenant, je suis Flim/Flam fanboy ! Wouhou ! Fais péter le bourbon !

J'ai commencé a te lire hier... Et je trouve ça géniale! Voyez gentlemen, c'est ce que l'on appelle une uchronie bien écrite (moi qui adore l'histoire, surtout les anecdotes)! Franchement t'a bien mélanger les atmosphères de notre monde et d'Equestria. Et surtout j'espère que tu continuera dans ta lancé!

Magic a écrit:

Réponse : Un soldat français pour l'uniforme bleu

Bravo, vous venez de remporter votre badge "humour des tranchées Pinkie Pie" !

Citation :

C'est toujours aussi bon, beaucoup de drames dans ce dernier chapitre (enfin morceau de chapitre). Mais ça ne perd pas en qualité et c'est captivant. Je suis déçu pour rarity, je pensais vraiment qu'elle irait plus loin.

Plus loin dans quel sens ? A arriver à faire signer les accords de paix ?

Citation :

Rien d'autre à dire, flemme de développer

T'as intérêt à te donner à fond au prochain passage. I'm watching u

Fitz a écrit:

Raahhh.
Flim/Flam sont géniaux. Ce gout de la manipulation, ce mépris de vies humaines et équine, tout ça pour pouvoir trouver de l'inspiration et produire des machines de guerre. Awesome.
Pinkie Pie nous fait un passage un peu triste, alors que ce n'est pas dans ses habitudes.
Fluttershy et Derpy sont sympas, mais mon passage préféré reste Rarity et Luna. J'ai hâte de voir ce qu'il va se passer.
Mais maintenant, je suis Flim/Flam fanboy ! Wouhou ! Fais péter le bourbon !

Fitz aime les FlimFlam, IPM les hait.
Baston ?

Francis LeFranc a écrit:

J'ai commencé a te lire hier... Et je trouve ça géniale! Voyez gentlemen, c'est ce que l'on appelle une uchronie bien écrite (moi qui adore l'histoire, surtout les anecdotes)! Franchement t'a bien mélanger les atmosphères de notre monde et d'Equestria. Et surtout j'espère que tu continuera dans ta lancé!

Content que ça te plaise.

Après, je sais pas si on peut vraiment considérer ça comme une vraie uchronie dans le sens où je respecte globalement la réalité de la WW1 : les anglais se prenent une taule sur la Somme, les boches font pas mieux à Verdun.
Mais je comprends ton idée et je vois ce que tu voulais dire.

Pour ce qui est de l'Histoire, hésite pas à passer sur la box si tu m'y vois. Entre deux débats sur les boobz ou les roux, j'aime bien causer histoire

Bro-Nie a écrit:

Francis LeFranc a écrit:

J'ai commencé a te lire hier... Et je trouve ça géniale! Voyez gentlemen, c'est ce que l'on appelle une uchronie bien écrite (moi qui adore l'histoire, surtout les anecdotes)! Franchement t'a bien mélanger les atmosphères de notre monde et d'Equestria. Et surtout j'espère que tu continuera dans ta lancé!

Content que ça te plaise.

Après, je sais pas si on peut vraiment considérer ça comme une vraie uchronie dans le sens où je respecte globalement la réalité de la WW1 : les anglais se prenent une taule sur la Somme, les boches font pas mieux à Verdun.
Mais je comprends ton idée et je vois ce que tu voulais dire.

Pour ce qui est de l'Histoire, hésite pas à passer sur la box si tu m'y vois. Entre deux débats sur les boobz ou les roux, j'aime bien causer histoire

Je considère comme uchronique tout ce qui modifie, même si c'est imperceptible, une réalité historique, certes l'issue des batailles ne changent, mais si on regarde de plus prés genre au microscope et même si c'est pas dit l'intervention de poney dans la WW1 peux avoir sauvé ou au contraire anéanti un homme qui normalement aurai eu la vie sauve/ serait mort. ce qui change l'histoire a long terme (oui je sais je chipote). Au faite se serai un plaisir de parler histoire avec toi.

Voilà la suite. J'annonce, ce chapitre quatre sera le dernier de Ponykrieg, avant l'épilogue du moins. Par contre, je sais pas combien de posts il fera.

Chapitre Quatre

Blueblood, prince impérial et chef naturel autant que fantoche de la résistance equestrienne sortit de sa tente après avoir, comme chaque matin, passé de longues minutes à brosser sa crinière. Le Prince n'avait jamais négligé son apparence, déjà à l'époque où il n'était qu'un riche oisif à la cour principautaire et aujourd'hui, il n'avait pas abandonné cette manie, leader des partisans ou non.
Le Prince croisa plusieurs poneys qui lui donnèrent de profonds signes de tête en guise de bonjour. Blueblood, habitué à sentir les mensonges des licornes bien nées sous leurs sourire à l'époque de Canterlot n'eut aucun mal à arracher les masques d’hypocrisie que se collaient les partisans. Les rebelles ne l'aimaient pas. Et cela ne tombait pas si mal parce que Blueblood ne les aimait pas non plus.
Le Prince aurait donné cher pour être à nouveau à Canterlot, entouré par la bonne société, à goûter aux plaisirs de la vie plutôt qu'à se briser l'échine sur un lit de camp bon marché au sommet de montagnes où chaque pas était un martyr pour les sabots.
A la place, l'Histoire avait fait de lui un révolutionnaire. Et Blueblood n'était pas le genre de poney - ou de licorne, techniquement - à rejeter son destin. Il avait était le seul quand Equestria toute entière cavalait à la guerre à s'y opposer. Plus parce qu'il pensait que se battre c'était terriblement populaire qu'autre chose mais le fait était là. Quand Luna, sa tante, devenue Impératrice d'Equestria avait appelé ses sujets à rallier les corps expéditionnaires, Blueblood avait dit non.
Blueblood était sans doute un être superficiel et avec une haute opinion de lui-même mais il connaissait Equestria.
Il l'aimait.
Il aimait sa nation et c'était précisement pour cela qu'il n'avait pas voulu la guerre. Car Equestria n'était pas ainsi faite.
Equestria était un joyau. Une gemme magnifique. Mais pas un diamant. Equestria était fragile, précieuse.
Elle cassait sous le choc de l'inconnu. Et cette Grande Guerre était plus qu'un choc de l'inconnu.
C'était un séisme de l'occulte.
Même au cours des premiers succès des armées allemandes en Belgique et en France, Blueblood n'avait pas révisé son opinion.
Il avait continué d'affirmer qu'il fallait tout arrêter au plus vite, se retirer dans les frontières equestriennes, rétablir le sort d'isolation que la Princesse Celestia avait brisé. On l'avait pris pour un fou. Un original ou un idiot qui ne voyait même pas que Paris tomberait comme un fruit mûr dans le creux du sabot des poneys et que la race equestrienne pourrait imposer ses volontés aux humains en leur faisant regretter la mort de leur Princesse.
Puis il y avait eu la Marne. Et l'immobilisation du front. Le peuple s'était dit que la chance finirait par basculer de leur côté.
Blueblood lui, savait que s'il ne faisait rien, sa patrie tomberait.
Alors il avait réagi. Peut-être plus pour préserver sa vie de luxe et ses appuis que par réel intérêt national mais il avait agi. Il avait tenté de prendre le contrôle de Canterlot en l'absence de sa tante et de signer un armistice immédiat. Après tout, il était légalement prétendant à la couronne. Le droit de succession equestrien était flou, du fait que Celestia n'ait pas eu d'enfant ou d'héritier direct.
Le bon sens et la tradition avait apporté la couronne à Luna mais en s'appuyant sur le droit canon, Blueblood avait clamé le titre de Premier Prince d'Equestria, quand bien même la principauté était devenue empire.
Le coup d'Etat fut un terrible échec, l'obligeant à s'exiler avec une poignée de fidèles dans les Alpes où le hasard leur avait fait rencontrer leurs premiers alliés humains, les contrebandiers italiens.
Blueblood avait cru qu'ils devraient rester là jusqu'à ce que la guerre s'achève et qu'ils viennent demander pardon en rampant aux pattes de l'Impératrice. Mais la guerre ne s'était pas finie rapidement.
Au fur et à mesure qu'elle avait duré, les rangs de la rébellion avaient grossi, nourris par les poneys qui n'en pouvaient plus ou les ennemis politiques de Luna.
La rébellion avait un but, l'arrêt du conflit et une ennemie, Luna. Il leur manquait un chef et pour avoir été le premier à s'opposer à la guerre, Blueblood fut paré du titre.
Malgré leur nombre relativement important, les partisans n'avaient jamais représenté de vraie menace pour Canterlot. Et Blueblood était plus que satisfait au fond, de n'être qu'un insecte un peu énervant, qui tournait autour de la crinière de sa tante pendant qu'elle se dépétrait avec la Grande Guerre. Au moins, ils étaient plus ou moins tranquilles dans les Alpes. Ils restaient en haut et personne ne les en chassaient.
Enfin ça c'était le statu quo d'avant ces derniers mois. Avant qu'on ne baffoue ses ordres, que des membres de la rébellion ne décident d'attaquer un poste-frontière equestrien et surtout, avant que la Triple Alliance ne subisse un terrible revers à l'ouest.
Les informations qui leur parvenaient par leurs alliés italiens étaient confuses mais il semblait que les français aient percé les Flandres et donné l'assaut qui avait brisé l'équilibre des forces. Depuis, ça serait la panique à l'ouest comme à l'est, la Triplice tentant de sauver ce qu'elle pouvait pendant que l'Entente exploitait du mieux qu'elle le pouvait son avantage.
Dans un sens comme un autre, la rébellion equestrienne aurait bientôt un rôle à jouer. Ne serait-ce que parce qu'elle pourrait aider les italiens et les autres forces de l'Entente à passer par les Alpes pour en finir avec le régime impérial de Luna.
Blueblood continua sa progression dans le camp jusqu'à ce qu'il trouve la personne qu'il cherchait : Fancypants, ancienne coqueluche de Canterlot et désormais son principal adjoint était en train de jouer à même le sol, comme si de rien était avec ces trois pouliches qu'ils avaient du recueillir...ah comment s’appelaient-elles encore ?
Swifty Ball, Appleblam et ? Oh et puis ça n'avait aucune espèce d'importance. Blueblood ne les aimait pas.
La rébellion n'avait rien à faire de pouliches et si le Prince avait pu agir à sa guise, il aurait renvoyé les petites d'où elles venaient. Et peu importe que l'une soit la petite soeur d'Applejack, une des meilleures partisanes. Ils menaient la résistance dans la montagne, ils ne faisaient pas du baby-sitting.
Fancypants, comme la majorité des rebelles, pensait différemment. Il avait débattu avec son chef pendant près de trois heures montre en sabot pour lui expliquer par A plus B que la présence des pouliches serait plus bénéfique que maléfique pour la résistance, à commencer parce qu'elles changeraient les idées aux poneys et que le simple fait qu'elles soient des enfants rappellerait aux combattants leur famille et leurs proches, leur donnant une raison supplémentaire de lutter.
Blueblood avait fini par abandonner. Et puis c'était vrai qu'au fond, il n'aurait pas eu le coeur de renvoyer vers l'inconnu les petites. Même quand la pégase orange avait réussi à bouter le feu à une partie déserte du camp pour que ses amies puisse l'éteindre et gagner une cutie mark de pompier. Elles étaient assez mignonnes dans leur genre. Et heureusement pour elles parce que sinon, aucun partisan n'aurait hésité à offrir une session de vol gratuite aux trois pouliches, terrestre et licorne comprises par dessus les Alpes.
Le Prince s'éclaircit la gorge et attendit que Fancypants se reprenne. La licorne remarqua la présence de Blueblood, roula sur le côté et se remit bien droit sur ses pattes. Le Prince nota que le costume de la licorne alors qu'il venait de s'ébattre dans la poussière était totalement immaculé. Un véritable tour de force.
Fancypants essuya son monocle de son mouchoir de soie par télékinésie et faisant comprendre aux pouliches qu'il reviendrait auprès d'elles plus tard, il se mit à cheminer en compagnie du Prince.
Les deux licornes ne dirent rien pendant de longues secondes avant que Blueblood ne se décide à briser le silence :
_Vous semblez bien vous entendre avec ces enfants mon ami.
_Je suppose que j'essaye de rattraper quelque chose, répondit Fancypants avec une ombre de sourire. Vous savez que Fleur de Lys et moi-même, nous ne pouvons avoir d'enfants de notre sang. Alors je dois avoir tendance à considérer tous les poulains et toutes les pouliches d'Equestria comme les miens quelque part. Après tout, n'est-ce pas le rôle de la noblesse Prince ? De se poser en parents par devant ses sujets ?
_Vous n'êtes pas noble, répliqua Blueblood d'un ton froid mais sans méchanceté aucune. Vous êtes un bourgeois.
_Nous nous comprenons sire, dit la licorne en haussant les épaules.
_Puisque vous me parliez de votre compagne, lança le Prince en changeant de sujet, je présume que vous n'avez toujours pas de nouvelles d'elle ?
_Elle doit toujours être à la cour de votre tante Majesté, répliqua la licorne au monocle. Je ne vous apprendrais rien en vous disant que Fleur a pris très au sérieux le serment d'allégeance que nous avons juré en arrivant à Canterlot, il y a des années. Elle considère que sa parole est liée au trône, pour moi, c'était à la personne de feu votre tante Celestia. C'est par fidélité à Canterlot et à Equestria plus qu'envers Sa Majesté Impériale elle-même que Fleur est restée à la cour.
Blueblood s'immobilisa brusquement, comme s'il cherchait ses pensées.
_Elle vous manque ? questionna t-il après un temps de réflexion.
_Elle est le soleil de ma vie sire, répondit Fancypants avec un sourire triste. On a froid loin des étoiles.
Le Prince se tint silencieux comme si quelque chose d'important ou de similaire occupait ses pensées. Puis il eut un brusque mouvement du museau comme pour chasser ces idées et se forcer à se concentrer sur la raison pour laquelle il était venu chercher son éminence grise.
_Fancy, est-ce que nos espions ont confirmé nos soupçons ?
_Absolument votre Majesté. Tous les rapports ne s'accordent pas mais en les recoupant nous arrivons à une idée assez claire de la situation : l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie sont totalement désorganisées depuis trois semaines avec la percée des Flandres. Une mutinerie aurait éclaté à Kiel il y a deux jours et le reste de l'armée du kaiser Guillaume pourrait suivre rapidement. L'Impératrice Luna rappelle ce qu'elle peut sauver dans les frontières de l'Empire mais le peuple grogne.
_Equestria se soulève contre ma tante ? demanda Blueblood, mi-surpris, mi-excité.
_Encore une fois sire, dit Fancypants, tempérant l'ardeur du Prince, les rapports sont confus et se contredisent. Mais je pense personnellement qu'Equestria est lasse des privations et des efforts de guerre. Il ne faudra pas attendre longtemps avant que les poneys ne prennent les choses en sabot.
Blueblood marqua une seconde de réflexion, jetant un coup d’œil aux immenses plaines que l'on apercevait depuis le haut des montagnes.
_Est-ce le bon moment pour marcher ?
_Les poneys sont gonflés à bloc si vous me permettez l'expression. La plupart rêvent de ce jour depuis des mois. Ils n'attendent que votre ordre.
_Ne jouez pas au politicien Fancypants, répliqua Blueblood avec une moue agacée. Répondez à ma question. Devons nous marcher ?
_Si nous nous mettons en route aujourd'hui sire, nous pourrons profiter de la ferveur populaire pour tenter le coup de force et déposer votre tante. Nous pourrons ensuite signer les accords de paix avec l'Entente avant que l'Italie ou une autre nation n'envahisse Equestria. Si ça devait se produire, l'esprit de résistance étoufferait la volonté de paix et le peuple se rassemblerait sous la garde de Sa Majesté Impériale. Nous passerions pour des traitres aux yeux d'Equestria, plus seulement de la cour impériale.
_En un mot comme en cent mon ami, vous me conseillez de nous mettre en branle ?
_C'est mon avis. Mais l'ordre doit venir de votre Majesté.
_Très bien, déclara le Prince après avoir frotté pendant de longues minutes ses sabots les uns contre les autres. J'espère que les gardes-frontière ne nous poseront pas trop de problèmes.
_Ils plieront devant le poids du nombre, affirma Fancypants en connaisseur. Eux aussi sont fatigués de la guerre. J'insiste cependant sur le fait sire, que cette marche sur Canterlot devra se faire pacifiquement. Nous ne voulons pas voir le sang equestrien couler. Il n'a que trop été versé ces derniers mois.
_C'est entendu, déclara Blueblood en s'éloignant à petits pas en direction du centre du camp. Je vais rassembler les troupes et leur parler. Je compte sur vous et sur les autres chefs pour se charger des détails.
Fancypants opina du chef et laissa le prince impérial se charger de son discours. La licorne se tourna à son tour vers le beau panorama equestrien, encore noyé dans la brume matinale et se laissa aller à quelques suppositions et hypothèses de travail. Ce qu'il faudrait faire si le peuple s'était finalement rallié à l'Impératrice ou au contraire, l'avait déjà détrônée quand ils arriveraient à Canterlot. Comment faudrait-il gérer la présence des troupes humaines, de l'Entente autant que de la Triple Alliance, tout autour des montagnes, des différents courants qui s'agitaient dans le mouvement de la résistance.
Il pensa à Fleur de Lys aussi.
Une pression légère sur son arrière-train le tira hors de ses pensées et le fit se retourner. La petite Applebloom, un grand sourire collé au visage agitait son sabot en un geste vainqueur.
_J't'ai touché ! C't'toi le carpocaspe main'nant ! A toi de m'attraper ! cria t-elle en cavalant au loin rejoindre ses amies.
Fancypants sourit, essuya son monocle et se mit à galoper à la suite de la pouliche. Il aurait encore de nombreuses occasions de se consacrer à la guerre dans les jours à venir mais de jouer avec les petites, c'était bien moins sûr.
Autant profiter de l'instant.


Le gris. Je ne voyais que ça.
Depuis un temps qui me semblait infini, je flottais dans un océan de gris, traversé ici et là par des formes floues, parfois colorées, parfois ternes. Comme des ondes qui passaient et qui repassaient sans s'arrêter devant moi à moins que je sois en fait en mouvement et que c'étaient elles qui étaient immobiles. Aucune idée. Ce que je savais par contre, c'est que je n'étais pas morte. C'était un sentiment d'une certitude absolue, impossible à expliquer avec des mots mais qu'on comprenait pleinement sans même y penser. Un peu comme quand on était amoureux en fait. C'était quelque chose qui était enraciné au plus profond des tripes et qui courait dans les veines à chaque pulsation de coeur.
Je n'étais pas morte.
En fait, c'était comme si j'étais plongée au fond de l'eau. Je voyais flou, j'entendais mal mais j'étais bien là.
Mais je ne pouvais pas rester au fond. Je me devais de revenir. Après tout, j'étais Rainbow Dash.
Ca faisait plusieurs fois que j'essayais de briser cette espèce de torpeur qui m'emprisonnait sans succès. Je luttais, comme engluée dans de la barbe à papa liquide mais je n'arrivais pas à me dégager.
C'était plus qu'énervant.
Les formes revinrent et un écho diffus parvint à mes oreilles. Est-ce qu'on essayait de me parler ? Je tentai d'ouvrir la bouche et de répondre quelque chose, n'importe quoi.
Rien. Aucun son ne sortait de ma gorge, je forçai en vain.
Un doute qui se changea bien vite en peur panique se mit à me frapper : et si devais rester comme ça à vie ? Coincée dans cet espèce d’entre-monde, à voir et ressentir en partie les choses, sans jamais pouvoir agir ?
D'un côté, ne pas mourir sonnait vachement cool...mais si c'était pour rester bloquée dans cet état, ça donnait tout de suite beaucoup moins envie.
Le plus bizarre dans tout ça, c'était que je ne sentais même pas mon corps. J'étais comme hors de lui ou si les sensations me parvenaient avec un temps de retard.
Quelque chose me lança dans ma patte avant droite, là où j'avait été brûlée. La douleur était quelque chose de commun pour les pégases de compétition. On ratait tous un enchaînement un jour ou l'autre en se faisant bien mal et d'une manière plus générale, les muscles et les tendons du corps demandaient grâce après quelques figures intensives. Le truc c'était de prendre cette douleur et de la surmonter. De s'en nourrir pour aller encore plus loin, plus vite. C'était dépasser ses limites.
Et c'était bien ce que je comptais faire ici et maintenant. Du mieux que je le pus, je me concentrai sur ma jambe carbonisée, me repassant la scène où Spitfire me l'avait transformée en grillade. Je m’efforçais de sentir à nouveau la caresse des flammes, les nerfs qui grillaient vif, la graisse qui fondait sur les os.
Je pense que je hurlais plusieurs fois. Mais comme aucun son ne sortait de ma bouche, ça n'avait pas dû des masses s'entendre.
Je vis un trouble dans le voile flou qui recouvrait ma vue. Comme un caillou jeté au centre d'un lac. Sans pouvoir me l'expliquer, je sentis que j'étais sur la bonne voie. Alors je continuai. Je rassemblai toute ma force pour que mon corps revive sa douleur.
Parce que tant que j'avais mal, c'était la preuve que j'étais en vie.
Et soudainement, aussi facilement qu'il était resté en place pendant un temps infini, le voile se déchira. Je crevai la surface de cette bulle intérieure et m’asphyxiai de réalité. Je sentis l'air entrer dans mes poumons, des éclats de voix parvenir à mes oreilles, une odeur d'éther, ma langue pâteuse coller à mon palais, des draps serrés comme une camisole de force recouvrir mon corps jusqu'au cou...et surtout, une douleur inimaginable, atroce, dans la moindre parcelle de mon corps. J'avais mal aux ailes, aux côtes, à la poitrine, la tête me tournait avec une furieuse envie de vomir et la géhenne de ma patte me mettait les larmes aux yeux, brouillant ma vision. Mais j'étais enfin sortie de cette prison qu'était devenue mon corps.
Des poneys en blouse blanche m’entourèrent et me pressèrent de questions. Il fallut quelques secondes à mon cerveau pour reconnecter mes neurones et à mes oreilles pour me traduire ce qu'ils me disaient.
J'analysai rapidement la géographie des lieux, notai que je n'étais pas seule à avoir été mise dans un lit dans cette grande pièce froide aux murs d'acier et aux boulons apparents. L'élément le plus probant sur la destination des lieux était sans conteste la bannière blanche accrochée au mur devant moi, frappée de deux sabots rouges pour former une croix, symbole des forces du service de santé d'Equestria. Là où j'étais, ok. Qui j'étais, ok, je n'étais pas amnésique non plus. Ni ce qui m'étais arrivé, je n'étais pas devenue complètement idiote depuis ma blessure. Non en fait, il n'y avait qu'une seule interrogation qui trônait dans mon esprit.
Serrant les dents jusqu'à me les briser tant ma patte me faisait mal, je m’efforçai d'ouvrir la bouche et de poser la seule question qui valait le coup d'être posée dans une situation pareille :
_Est-ce que je suis toujours géniale ?


Fluttershy n'était pas à l'aise à bord du Sabot Volant. Déjà, comme n'importe quel pégase, elle avait encore du mal à concevoir qu'une machine puisse voler sans ailes. Les dirigeables, les ballons, tout ça c'était des trucs de poneys et de licornes, loin du vol authentique pégase.
Et cela sans compter que dans le cas très particulier de l'infirmière en chef, voler en soi était déjà quelque chose de pénible.
Sans même parler de sa peur panique des sessions de vol et des performances en public, Fluttershy n'était pas faite pour voler.
Voleter oui, aider ses amis animaux à aller d'un point A à un point B rapidement aussi mais elle préférait quand même se déplacer à pattes.
Mais elle avait trop à faire pour songer à se plaindre. Et tant pis pour son mal de l'air.
Un estomac dérangé et quelques nausées étaient un faible prix à payer si elle pouvait s'occuper des malades qui voyageaient à bord eux-aussi.
Trois semaines auparavant, quand les lignes avaient été brisées par la violence de l'assaut franco-britannique, le PegasusKorps et plusieurs divisions allemandes s'étaient retrouvé piégées, encerclées par l'ennemi. Fluttershy n'avait pas suivi dans le détail les évènements de la guerre, trop occupée à soigner les blessés poneys autant qu'humains mais avait vite compris que la poche où ils s'étaient faits enfermés représenterait leur mort à tous s'ils ne faisaient rien.
Plutôt qu'une dernière charge héroïque, comme le préconisaient quelques irréductibles officiers, Fluttershy avait appuyé la proposition d'un rapatriement sanitaire des blessés et des rares soldats encore valides jusque dans les frontières equestriennes par la voie des airs.
A cet égard, on avait désarmé et transformé le Sabot Volant en zeppelin médical pour permettre le voyage des Flandres jusqu'en Equestria.
La valeur sacrée d'un appareil du service de santé, combiné à ses puissantes plaques de blindages avait permis un voyage sans trop d'histoire.
Sans oublier que les pilotes encore en état de se battre du PegasusKorps escortaient le dirigeable comme s'il s'agissait de la prunelle de leurs yeux.
Le Sabot restait un ballon bourré d'hydrogène, aucunement conçu pour le transport d'autant de monde en encore moins de blessés. Un accident ou une attaque conduirait au massacre.
Celle qui dans les faits restait la plus haut gradée active du PegasusKorps prenait cinq minutes de pauses, regardant par le hublot si elle pouvait trouver, au travers de cette mer de nuages, un point fixe pour caler son regard et calmer les spasmes de son ventre. Elle aurait pu prendre un antivomitif ou quelque chose pour empêcher son estomac de se tordre mais elle préférait laisser les réserves de la pharmacie aux poneys qui en auraient réellement besoin.
Les malades passaient avant elle.
Le bruit d'une cavalcade et d'une porte poussée se fit se retourner la pégase. Elle découvrit Derpy, essoufflée, un grand sourire sur le visage.
_Rainbow s'est réveillée, dit-elle simplement.
Sans perdre une seconde, Fluttershy tourna les sabots et fonça jusque dans la pièce principale du zeppelin, là où ils avaient installé les malades. Fluttershy allait si vite pour rejoindre l'infirmerie qu'elle manqua de se faire des croche-pattes à elle-même. Ce que venait de lui annoncer Derpy était probablement la meilleure des nouvelles qu'elle ait reçu depuis trois semaines, la date du grand bombardement.
Rainbow Dash avait tenu bon, comme l'avait prédit Derpy. Mais elle était resté plongée dans une sorte de profond sommeil duquel elle ne sortait pas malgré tous les efforts de Fluttershy et des autres pégases. Quand la pégase avait exprimé sa crainte que son amie ne se réveille jamais, Derpy lui avait prit le sabot et juré que Dash se sortirait de là aussi.
A ce train là, c'était Fluttershy qui allait devoir les plus beaux muffins d'Equestria à la pégase grise.
Derpy ouvrit la porte de la grande salle et l'infirmière en chef ne fut pas longue à la suivre.
Il y avait plusieurs dizaines de patients alités, chacun avec des draps d'un côté et de l'autre des lits, pour préserver un minimum leur intimité.
On comptait des pégases bien sûr mais aussi des soldats allemands qui avaient été soignés à la ferme après la grande attaque franco-anglaise. La simple présence de Fluttershy fit naître des sourires sur les visages fatigués des blessés et quelques uns tendirent la main ou le sabot dans sa direction, plus dans l'espoir qu'elle leur accorde un peu de réconfort et de chaleur humaine - ou ponette très techniquement - que de réels soins. Mais Fluttershy, entièrement centralisée sur Rainbow Dash ignora complètement ses patients. En un soupir, elle fut au chevet de la pilote qui s'était redressée sur son oreiller, l'air épuisé mais bel et bien réveillée.
Derpy fit quelques pas en arrière pour laisser Fluttershy passer la première. La pégase jaune et la pégase arc-en-ciel s'entreregardèrent de longues secondes sans rien dire avant que Rainbow Dash ne brise le silence.
_Bon Shy, tu comptes me dire bonjour, oui ou non ?
La taquinerie eut raison des dernières barrières émotionnelles de Fluttershy qui se jeta littéralement sur son amie pour la serrer dans ses pattes, pleurant de joie. Elle se reprit rapidement après le conseil de Derpy de ne pas la serrer trop fort, après tout, quelques coutures étaient encore fraiches.
Fluttershy brisa son étreinte à regrets, à moitié embarassée d'avoir laissé libre cours à son impulsivité et heureuse comme tout de revoir son amie non seulement en vie mais réveillée, à défaut d'être en pleine forme.
_Tu nous as fait une de ces peurs, commenta Fluttershy qui sentait à peine ses larmes de joie sécher sur ses joues avant que d'autres ne se mettent à couler de ses yeux. J'ai bien cru que tu resterais dans le coma pour toujours !
_Moi rester dormir toute ma vie ? Tu sais que j'aime bien faire la sieste mais faut quand même pas exagérer, commenta Rainbow Dash. Je suis out depuis combien de temps ?
_Deux cent-dix muffins ! déclara Derpy après avoir rapidement calculé de tête.
Puis, voyant que Fluttershy et Rainbow Dash la regardaient d'un air abasourdi, elle traduisit mieux sa pensée.
_Plus ou moins trois semaines.
_Trois semaines ? s'exclama Rainbow en se redressant comme un ressort. Ca fait quelque chose du genre...vingt-et-un jours ? Presque un mois ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi je suis pas dans la grange ?
_Du calme, lui intima Fluttershy en posant son sabot sur sa poitrine, en évitant ses côtes douloureuses et en la repoussant doucement sur son lit. On va tout te dire si c'est ça que tu veux. Mais tu dois y aller doucement. C'est déjà un miracle que tu sois aujourd'hui parmi nous, on ne va pas tenter la chance, ok ?
_On parle pas de chance avec moi Shy, répliqua la pégase d'un air sûr d'elle, je suis quand même Rainbow Danger...
_DASHIE EST REVEILLEE ? VOUS SAVEZ CE QUE CA VEUT DIRE ? UNE FETE !
Avant que Derpy ou Fluttershy ne puissent faire quelque chose, une Pinkie Pie déchainée s'était littéralement téléportée au chevet de Rainbow Dash et seule la pégase grise qui la retenait à même les pattes, l'empêchait de sauter de joie mais au sens propre cette fois çi, sur le lit de la malade.
_C'est mégasuperultragénial que Dashie soit réveillée parce que franchement, si on dort, ça sert à rien parce qu'on peut pas faire de fêtes ou manger des gâteaux enfin moi je dis ça mais y a aussi les soirées pyjamas, ça existe, d'ailleurs, on devrait en faire une ici même si on a pas de pyjama c'est pas grave c'est l'intention qui compte pas vrai ?
_Pinkie...lâcha Rainbow Dash après quelques secondes pour lui permettre d'encaisser le choc. Qu'est-ce qui est arrivé...à ta crinière ?
_Oh, expliqua Pinkie Pie en haussant les épaules, j'ai enlevé ma perruque, c'es tout.
Le plus impressionnant pour Derpy et Fluttershy qui avaient vu le crâne de leur amie rasé à blanc quand ils l'avaient retrouvée à moitié ensevelie mais seulement légèrement blessée dans les tranchées allemandes, c'était à quel point l'habituelle crinière frisée de la ponette rose revenait rapidement. En trois semaines, des mèches bouclées apparaissaient déjà de façon complètement anarchique sur sa tête. Pinkie Pie s'était amusée de sa nouvelle coiffure - elle le prononçait à la française, de la même façon que Rarity - et laissait libre cours à ses cheveux pour qu'ils reprennent leurs droits.
_Je sais que j'avais l'habitude de me plaindre de ma perruque parce qu'elle était trop chaude mais elle m'a bien aidée là bas. T'aurais vu les dégâts que ça a fait quand l'obus a touché le dortoir, boum, tout était noir, tout m'est tombé dessus mais ma perruque a protégé ma tête parce qu'elle était toute douce. Comme ça, quand on est venu me chercher un peu plus tard, j'allais supermégagigahyper bien ! Tu crois qu'ils font des médailles pour des perruques ?
_Pinkie peut surtout remercier la chance, dit Fluttershy. L'obus a presque tout détruit dans la pièce, tué des dizaines et des dizaines de soldats...Pinkie s'en est sortie avec une grosse bosse. Je pensais pas que c'était physiquement possible.
_J'm'en moque de la physique moi, déclara la terrestre en mordant à pleines dents dans un gâteau qui s'était subitement matérialisé dans son sabot, je suis Pinkie Pie ! On se revoit plus tard Dashie. Lalalalalala, chantonna t-elle en s'éloignant.
_Elle est toujours autant...
_Pinkie, lâcha Derpy, finissant la phrase de Fluttershy.
_Au moins elle semble contente, soupira Rainbow Dash dans un grognement de douleur en se laissant retomber sur l'oreiller. Bon on va enchaîner les questions idiotes de suite : je suis où, j'ai loupé quoi, est-ce que je vais pouvoir recommencer à voler bientôt ?
_En théorie, tu pourrais voler de suite, dit Fluttershy. Tes ailes n'ont pratiquement rien. Mais le reste de ton corps est sérieusement endommagé.
_J'avais cru comprendre, grogna Rainbow en effleurant du bout de son sabot la cicatrice qui ornait ventre au niveau de son nombril, cadeau du poignard de Spitfire.
_La blessure la plus importante, commenta Derpy en se rapprochant du lit à son tour, c'est ta patte avant. Elle est très méchamment brûlée. Tu as eu de la chance que Fluttershy ait pu opérer vite, ça a pas eu le temps de s'infecter. Sinon, tu disais au revoir à ta patte.
_Opérer ? Shy, c'est toi qui m'a...?
La pégase jaune hocha timidement la tête.
_Avec un coup de sabot de Derpy oui. On a fait notre maximum et on s'en est bien tirées.
_Ma patte va guérir pas vrai ?
Malgré le ton assuré que la pégase arc-en-ciel voulut prendre, Fluttershy et Derpy sentirent la peur et le doute trôner au milieu de la phrase de Rainbow.
_Elle est brûlée jusqu'à l'os, expliqua Fluttershy en passant très doucement son sabot sur le bandage serré qui courrait du genou à l'ergot de son amie, c'est pas quelque chose dont on guérit vite. Mais on trouvera bien un moyen de t'aider, ne t'en fais pas.
Dash baissa la tête, comme si elle accusait le coup.
_Et la guerre ? demanda t-elle soudain. On en est où ?
_Les muffins sont cuits, déclara Derpy d'un ton solennel.
Elle fronça les sourcils et se gratta la crinière :
_Euh non en fait. Parce que quand les muffins sont cuits c'est que c'est bien. Et là ca va pas...comment je pourrais dire...les muffins sont crus ?
Laissant la pégase couleur fer débattre avec elle-même, Fluttershy décida de renseigner Rainbow Dash.
_Il y a trois semaines, l'ennemi a attaqué nos lignes à l'ouest. Une grosse attaque a eu lieu en Belgique, en Wallonie et dans les Flandres, là où nous étions.
_On les a pas repoussés ? Je croyais qu'on attendait une attaque de l'Entente ?
_Pas avant au moins deux mois, la corrigea Derpy. Et bien plus au sud, dans un coin que les français appellent le Chemin des Dames. C'est joli d'ailleurs comme nom ça...
_Quoiqu'il en soit, poursuivit Fluttershy, on a réussi à contenir un peu l'ennemi mais les anglais avaient débarqué dans notre dos, depuis la mer du Nord et ils ont verrouillé Anvers. Le Pegasuskorps et les allemands, on s'est retrouvés bloqués dans une poche.
_L'Entente a enfoncé l'Allemagne depuis et isolé ses divisions en France. A ce qui parait aujourd'hui, l'est de la Belgique est complètement repris et les anglais se préparent à passer la frontière du Reich.
Rainbow Dash déglutit et pâlit.
_Vous êtes en train de me dire qu'on est en train de perdre la guerre ?
_On en sait rien, avoua Derpy après un blanc. On est restés coincés dans les Flandres trois semaines, le temps de négocier un rapatriement sanitaire en Equestria.
_Alors on retourne à la maison ? demanda Rainbow.
_Ordre à tous les sujets de l'Empire de se replier à l'intérieur des frontières equestriennes, dit la pégase grise, récitant de mémoire le dernier télégramme de Luna adressé à toutes ses forces impériales. Donc oui, on retourne à la maison. Et on verra comment ça se passe.
Derpy s'éloigna à nouveau du chevet de Dash faisant signe à Fluttershy.
_Viens, dit-elle à son amie. On doit laisser Rainbow se reposer et on a d'autres malades à voir.
Je suis pas fatiguée ! aurait voulu crier la pilote à Derpy mais le simple fait de penser cette phrase la vida des faibles forces qu'elle avait accumulées depuis son court réveil. Elle balbutia quelques mots à moitié compréhensibles - Fluttershy reconnut "énorme", "géniale" et "vingt pourcent moins crevée que toi" - avant que le sommeil ne l'emporte comme une lame de fond. Fluttershy sourit en voyant son amie épuisée mais en vie, au moins.
Elle passa son sabot dans sa crinière arc-en-ciel pour en défaire quelques nœuds, se pencha sur Rainbow Dash et l'embrassa sur le front. Derpy avait raison, elles devaient la laisser se reposer.
Et bien qu'elle ne l'avouerait jamais, l'infirmière se moquait bien de savoir comment Equestria allait devoir gérer les revers de fortune des dernières semaines.
Sa plus ancienne meilleure amie était en vie et c'était ça le plus important.

Toujours aussi bien, j’attends avec impatience l'épilogue, bien que je sois triste que se soit la fin!

Francis LeFranc a écrit:

Toujours aussi bien, j’attends avec impatience l'épilogue, bien que je sois triste que se soit la fin!

Tout doit bien fnir un jour, même les fanfics

Chapitre très bien écrit encore une fois, la description des blessures et de la douleur de dash était assez réaliste, on s'y croirait presque
La principale question que je me pose est : "est-ce que dash va retrouver l'usage de sa patte avant ?"

Magicpixel a écrit:

Chapitre très bien écrit encore une fois, la description des blessures et de la douleur de dash était assez réaliste, on s'y croirait presque

Qu'est-ce que tu crois, un auteur doit faore des recherches poussées, je me suis grillé l'avant bras à la plaque-électrique pour avoir les informations. Zola style

Citation :

La principale question que je me pose est : "est-ce que dash va retrouver l'usage de sa patte avant ?"

C'est sûr que paumer sa patte, ça lui ferait une belle jambe.

*ba dum tss*

Et bien, ça sent la fin, tout ça.
-J'adore les expressions de Derpy. Juste, tu l'imagine avec la voix du show, ou rinafout'?
-Fluttershy... Le problème d'avoir lu tant de fic de shipping, c'est qu'on a tendance à en voir un peu partout
-Dash... Je sais pas, j'ai un petit problème avec ce qu'elle dit en se réveillant et en se rendormant... Peut-être trop cliché pour moi...
-Pinkie qui dit littéralement "Fuck Physic, I'm Pinkie Pie"
-Le style et les références, toujours aussi agréables (petit court d'histoire en speed )
-Blueblood, qui passe pour un poil moins tête à claque. D'ailleurs, à ce sujet, on dirait que tu cherches à lui donner des raisons nobles, mais qu'a chaque fois, tu rajoutes un truc pour contrebalancer et en faire un égoïste. Je sais pas trop sur quel pied danser. Une phrase, il dit qu'il aime son pays, ensuite, il fait ça parce qu'il n'a pas le choix, et enfin, il se contrefout des résistant... beuh... Je sais pas quoi en penser...
-Même en arrière plan, les CMC réussissent à nous faire sourire. Le coup de Fancy Pants est mignon comme tout. D'ailleurs, j'aime beaucoup sa petite histoire avec Fleur. Et Fancy Pants qui joue dans la poussière sans tâcher son costard... Classe.

Bref, ça commence à bien finir. Phrase over-classe.

Iron Pony Maiden a écrit:

Et bien, ça sent la fin, tout ça.

This is the end...my only friend, the end.

Citation :

-J'adore les expressions de Derpy. Juste, tu l'imagine avec la voix du show, ou rinafout'?

Etant donné que chaque personnage a sa voix, je pense que oui, elle a cette voix un peu hachée de la Derpy qu'on connait. Mais je pense que vous pouvez imaginer la voix des personnages comme vous voulez

Citation :

-Fluttershy... Le problème d'avoir lu tant de fic de shipping, c'est qu'on a tendance à en voir un peu partout

Très, très honnêtement j'avoue avoir considéré la possibilité que Fluttershy soit tellement contente de revoir Rainbow qu'elle l'embrasse. Mais ça aurait pas collé avec mon boulot en amont.

Citation :

-Dash... Je sais pas, j'ai un petit problème avec ce qu'elle dit en se réveillant et en se rendormant... Peut-être trop cliché pour moi...

Par cliché, tu entends pas naturel ?

Citation :

-Pinkie qui dit littéralement "Fuck Physic, I'm Pinkie Pie"

Ca, je savais que àa plairait

Citation :

-Le style et les références, toujours aussi agréables (petit court d'histoire en speed )

Précisons quand même que là, je m'écarte de l'histoire en avançant la date de l'offensive Nivelle à la fois géographiquement, temporellement et surtout, dans la fic, elle réussit alors que dans notre réalité, ça été une des plus belles boucheries de la Guerre.

Citation :

-Blueblood, qui passe pour un poil moins tête à claque. D'ailleurs, à ce sujet, on dirait que tu cherches à lui donner des raisons nobles, mais qu'a chaque fois, tu rajoutes un truc pour contrebalancer et en faire un égoïste. Je sais pas trop sur quel pied danser. Une phrase, il dit qu'il aime son pays, ensuite, il fait ça parce qu'il n'a pas le choix, et enfin, il se contrefout des résistant... beuh... Je sais pas quoi en penser...

Blueblood est à la fois un connard et un poney bien ou avec quelques moments de bon fond. Il s'est retrouvé en leader des résistants alors qu'il aurait préféré dégager Luna directement et doit composer avec son rejet naturel pour le peuple et sa volonté d'agir pour le bien d'Equestria.

Citation :

-Même en arrière plan, les CMC réussissent à nous faire sourire. Le coup de Fancy Pants est mignon comme tout. D'ailleurs, j'aime beaucoup sa petite histoire avec Fleur. Et Fancy Pants qui joue dans la poussière sans tâcher son costard... Classe.

C'est drôle mais j'ai plus de facilité à écrire sur Fancypants et les Croisées que sur les autres héros de la fics. Je sais pas pourquoi.

Citation :

Précisons quand même que là, je m'écarte de l'histoire en avançant la date de l'offensive Nivelle à la fois géographiquement, temporellement et surtout, dans la fic, elle réussit alors que dans notre réalité, ça été une des plus belles boucheries de la Guerre.

Tu vois que c′est de l′Uchronie!

Francis LeFranc a écrit:

Tu vois que c′est de l′Uchronie!

Maintenant oui, c'est bel et bien de l'uchronie Francis ^^

Rah t'es déguelasse Bro-Nie, tu me pousses à lire Ponykrieg, et maintenant que je suis à fond dedans et totalement accro j'me rend compte que c'est pas fini en fait >< Arghhhhh le supplice !

Anyway, c'est un truc énorme ta fic, je la trouve très bien écrite, avec une précision historique tellement minutieuse que j'ai honte de dormir en cours d'histoire-géo xD Je suis totalement rentré dans ton univers, c'est plutôt en sortir là maintenant qui est pénible ^^
Personnellement j'aime beaucoup ton style d'écriture et tes "murs de textes" ne m'ont pas dérangé du tout ^^
Enfin bref, tout ça pour te dire que j'suis officiellement fan de ton travail et que je vais continuer à lire cette histoire avec plaisir, même si j'ai cru comprendre que la fin est proche =/
Peut-être un bémol, le manque de Twilight, mais à la limite c'est pas vraiment dérangeant, en j'ai comme l'impression qu'elle va se révéler en un énorme coup d'éclat à la fin, enfin je sais pas, je m'en remet à toi =)

Donc merci à toi pour cette histoire en conclusion ^^

Et voilà encore une fic que je me suis gouluement enfilé

Bon l'histoire n'est pas finit (gnnnnn ) mais pas grave, j'arriverai à attendre. En tout cas, tu a parfaitement bien mêlée les poneys et les humains ensemble, pas de blocage ni rien quand ils se cotoie, même si ce n'est pas souvent.

En plus, tu a bien garder l'esprit de chaque personnage, notamment rarity que je trouve très fidèle, guindé mais pas trop, la juste dose pour qu'elle reste ce qu'elle est sans exaspérer .
Les FlimFlam brothers ... , apparition à chaque fois brève, mais bon sang, qu'est ce que tu a bien réussi à faire monté la haine que l'on peut éprouver envers eux, j'aime.
Bon ensuite je ne suis pas super calé histoire et référence, bien que j'en dicerne quelque un, mais pas assez aux vue des commentaires. Ca ne m'empeche pas de rire ou d'avoir pitié au bon moments.

Là c'est bientôt la fin, et ça ne me blesse pas plus que ça, je pense que ça aurai été trop lourd de contunier trop longtemps.

Salut, je n'avais jamais eu l'occasion de passer voir ta fic (alors que tu es passé sur la mienne )
Tout d'abord c'est vraiment bien écris ça reste toujours cohérent avec l'Histoire en général chapeau bas pour ton
expérience dans l'écriture, ça se voit que tu n'en n'est pas à ta première fic (contrairement à moi, pauvre newbie que je suis )

J'ai vraiment aimé ta fic, même si au départ j'étais pas trop partant pour la violence, vu que je suis plutôt allergique au grimdark.

Par contre je veux retrouver ma licorne violette préférée dans ta fic t'en a fait quoi?

Ah et juste un truc, mais je voudrais éviter de spoil:

Spoiler:

Soufflant par les naseaux de dépit, Banana Beam donna un coup de sabot dans un caillou qui décolla et alla rouler dans un fossé, soulevant un petit nuage de poussière. Fire Beard qui marchait à côté du jeune étalon ne fit aucune remarque quand bien même techniquement, il n'était pas très respectueux du protocole pour un soldat impérial de renâcler à patrouiller. Principalement parce que Fire Beard s'était écouté , il aurait non seulement encouragé Banana à passer son amertume à frapper les cailloux mais il lui aurait sans doute filé un coup de sabot.
Trois semaines qu'ils patrouillaient inlassablement le long des routes equestriennes, soit disant pour protéger la frontière. N'importe quoi. Ce n'était rien d'autre qu'une punition, pour ce qui s'était passé vingt jours plus tôt, avec l'évasion des pouliches et le pillage du châlet. Ca avait sérieusement bardé en haut lieu. Les soldats avaient tenté de présenter la chose comme une attaque massive très organisée plutôt que d'avouer qu'ils s'étaient tous faits rosser par une unique jument qui mangeait ses mots et avec une cutie mark de pomme.
On avait beau être des vétérans de guerre handicapés, se faire battre par une fille quand on était quatre, ça faisait mal au flanc.
L'Etat-Major avait gobé le mensonge mais avait vomi de bien jolies peines. Comme celle de devoir patrouiller par groupe de deux autour des châlets, sans relâche en se relayant, de l'aurore au coucher du soleil et du crépuscule à l'aube.
Si les mois qu'ils avaient passé au châlet s'étaient traduits par une agréable flemmardise c'était maintenant l'absurde qui rythmait leur quotidien.
Ils passaient douze heures par jour dehors, douze heures à l'intérieur...comme si ça changerait quelque chose à la mélasse dans laquelle Equestria s'était plongée !
Officiellement, les troupes impériales ne battaient pas en retraite, elles se "redéployaient stratégiquement".
Et elles se redéployaient stratégiquement si bien que depuis quelques jours, il n'y avait presque plus de poneys de l'autre côté des Alpes. Fire Beard n'avait pas toutes les informations en sabot pour comprendre la situation mais avait assez de contacts dans l'armée pour comprendre que la guerre était mal barrée. En même temps, depuis des mois, l'Entente et l'Alliance étaient en équilibre sur le fil de la victoire.
Il fallait croire que les premiers avaient réussi à pousser les seconds dans le ravin de la défaite.
Le pire c'était qu'alors que l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie semblaient s'écrouler de l'intérieur, la Russie, le plus massif de leurs ennemis, celui qui avait obligé la Triplice à divisé ses forces était en route lui aussi vers l'échec.
On disait que les ouvriers et les artisans humains en avaient eu assez de leur dirigeant et de la guerre. Qu'ils l'avaient renversé. On disait aussi que les armées russes se mettaient en grève partout sur le front est. Mais que ces rumeurs soient vraies ou pas, les troupes allemandes, autrichiennes, bulgares et les quelques equestriens qui avaient refusé d'obéir aux ordres de l'Impératrice de se replier étaient toujours là bas. Et pendant qu'elles étaient au combat, personne n'était là pour stopper les anglais et les français à l'ouest.
Non, plus il y repensait, plus Fire Beard était sûr que la guerre était perdue. Pour l'Allemagne et l'Autriche s'ils ne se reprenaient pas c'était sûr. La Bulgarie et l'Empire Ottoman étaient trop loin pour faire quelque chose. Mais Equestria avait encore de la ressource, à commencer par sa magie.
Presque inopérant de l'autre côté des Alpes, le puissant pouvoir des licornes pourrait encore à de ce côté-ci, défendre les frontières de la nation. C'était leur dernière chance après tout.
Fire Beard sentit une résistance au bout de la longue chaîne qu'il avait passée à son sabot arrière droit et donna un coup dessus. Les maillons se tendirent et le prisonnier qui était attaché au bout dut faire trois pas en avant, en un geste presque comique pour ne pas se retrouver dans la poussière.
_Avance, lui ordonna le poney à la barbe rousse. Tu nous ralentis.
_Maigris un peu et on avancera plus vite, lui répondit du tac au tac son détenu, un petit dragon violet et vert.
Pour toute réponse, Fire Beard tira de façon plus sèche sur la chaine alors qu'ils se remettaient en marche. Ils avaient capturé le dragon plus tôt dans la matinée, alors qu'il essayait de s'infiltrer pour rejoindre les montagnes. Enfin dragon. Bébé dragon serait plus juste, il faisait à peine trois fois la taille d'un poney commun.
Il n'avait pas voulu dire ni à Banana, ni à Fire Beard pourquoi est-ce qu'il était en zone interdite. Au fond, les vétérans s'en moquaient. Ils ne feraient pas la même erreur qu'avec les pouliches. Ils boucleraient le dragon à double tour dans le châlet et le remettraient dès que possible au QG. Ce qu'il adviendrait de lui ne serait plus leur problème.
Et puis Fire Beard commençait à en avoir assez aussi. La frontière était depuis des mois considrée comme une zone interdite pourquoi est-ce que tant de poneys et maintenant, même un dragon voulaient y aller ? Ils n'avaient pas autre chose à faire ?
On était en guerre bon sang ! Même si elle ne devait plus durer encore très longtemps, si chaque poney pouvait rester à sa place, les bottes de foin seraient bien gardées !
Fire Beard avait répondu à l'appel de l'Impératrice, en plus de son patriotisme, en espérant trouver dans l'armée une rigueur, une organisation, un axe solide autour duquel bâtir sa vision des choses.
C'était si compliqué de demander un peu d'ordre ?
Ruminant sa rancœur, Fire Beard se laissa aller lui aussi à taper de la patte un caillou. Et tant pis pour le petit dragon qui n'eut pas le temps de réagir, qui dérapa et s'étala au sol.
_Ouille ! se plaignit le petit être en se relevant lentement, époussetant ses écailles. Préviens la prochaine fois que tu décides de faire quelque chose de stupide. Quoiqu'avec toi, tu serais en train d'ouvrir la bouche tout le temps.
_Tais-toi dragon, lui ordonna le poney en reprenant sa marche.
_J'ai un nom, fit remarquer ce dernier. C'est Spike. T'as le droit de l'utiliser. Y a que cinq lettres, même quelqu'un avec un demi-cerveau comme toi devrait être capable de le retenir.
_Continue à gâcher ta salive si ça t'amuse l'Ecailleux. Mais t'es du mauvais côté de la chaîne pour l'ouvrir. T'as plus de nom. Je peux te filer celui de mon chat si ça me plaît. Mais ça serait une insulte à la mémoire de Kitten.
_Ma maman a l'habitude de dire que peu importe qui était du côté de la chaîne, les deux étaient enchaînés, lança Banana Beam avec philosophie par dessus son épaule.
_Ta maman est sans doute très intelligente Banana, répliqua Fire Beard, quel dommage que le QI ait sauté une génération chez les Beam. Remarque, ça sera une bonne nouvelle pour tes gosses, si tu trouves une pouliche qui aura assez pitié de toi pour te faire ce cadeau.
_J'ai pas compris, dit le poney au visage défiguré après s'être gratté la tête du sabot.
_Tu m'étonnes, commenta Fire Beard à mi-voix en lui passant devant.
Un sourire de satisfaction éclaira le visage du poney vétéran quand il vit se rapprocher la silhouette du châlet de garde. Enfin, cette patrouille idiote était terminée. Ils pourraient se décrasser dans la bassine d'eau, étendre leurs pattes sur la terrasse et prendre un peu de repos pendant qu'Agile et Spark Impulse se coltineraient le tour de garde. Y avait quand même une justice dans ce bas-monde.
_C'est là bas que vous vivez tous les deux ? interrogea le dénommé Spike avec une fausse candeur dans la voix. C'est marrant, ça me rappelle un des livres de la ponette pour qui je travaille où deux poneys se retrouvent comme ça, dans un châlet au milieu de rien pour garder des moutons. Le secret de Brokemane Mountain, ça vous dit rien ?
Fire Beard ne s'embêta même pas à demander au dragon de se taire. Il le ferait bien assez tôt, quand il serait bouclé dans une chambre à double tour en attendant d'être récupéré par le reste de l'armée. Pour un peu, si ce Spike n'avait pas passé le plus clair de son temps à lui lancer des piques et à faire des remarques douteuses sur les origines de son géniteur, Fire Beard aurait pu se soucier de ce qui lui arriverait dans les heures et les jours à venir.
Banana Beam dépassa son frère d'armes et son prisonnier en quelques enjambées mais s'arrêta au beau milieu du chemin, droit comme un i. Fire Beard manqua de le heurter tant Banana avait pilé avec force.
Le poney roux s’apprêta à sermonner son compagnon mais fut interrompu par le geste du sabot du jeune étalon qui pointait en direction du toit du châlet. Le fil télégraphique, qu'on voyait habituellement courir jusqu'au bout de l'horizon, pendait misérablement le long des murs de bois, comme un serpent noir sans vie.
Fire Beard sentit les poils de sa barbe se raidir, ce qui n'était jamais bon signe. Le télégraphe des châlets de frontières étaient une insulte au concept même de technologie mais personne n'irait jusqu'à le couper physiquement. A moins bien sûr que...
_On est attaqués, lança Banana Beam, formulant la pensée que Fire Beard refusait d'admettre. Et ils nous ont coupé tout moyen de prévenir le QG.
_Du calme, dit à son tour le poney à la robe verte, peut-être autant pour lui même que pour Banana. On panique peut-être pour rien, si ça se trouve le fil s'est détaché.
Fire Beard sentait lui-même le mensonge lui brûler les lèvres au moment où il ouvrait la bouche.
_Depuis des mois qu'on est ici, le fil a jamais cassé, rétorqua Banana, et tu le sais. Ce que moi, je veux savoir, c'est ce qu'on fait. On fonce à un autre châlet demander de l'aide ?
_On fait rien tant qu'on sait pas comment vont Agile et Spark.
_Ils sont peut-être morts.
_Oui "peut-être", on en sait rien. Je vais jeter un oeil, déclara t-il tout de go en détachant rapidement la chaîne de sa patte arrière et en collant les anneaux dans le sabot de l'étalon jaune et noir. Toi, tu gardes le prisonnier.
_Compris, dit Banana en enroulant sommairement l'acier autour de la corne de sa patte. Sois prudent, ok ?
Fire Beard lui répondit par un de ses habituels commentaires mordants mais la peur lui retournait l'estomac.
Il ne l'aurait jamais avoué à haute voix mais la perspective d'être blessé le terrifiait. C'était le cas de bien des poneys vétérans d'ailleurs. Quand on avait perdu une patte, qu'on avait eu le museau emporté par une grenade ou comme Fire Beard, quand on avait eu les poumons fondus par les gaz de combat, on avait tendance à penser qu'on avait déjà payé la guerre assez cher.
Alors qu'il s’aplatissait pour ramper à travers le champ de pensées qui entourait le châlet, le poney sentit les fleurs caresser sa robe et le chatouiller. Il se mordit les lèvres pour ne pas rire. Ce n'était pas le moment.
C'était un sentiment étrange, que de ramper au milieu de la terre et des jolies fleurs pour approcher son propre poste de garde. Les lieux familiers semblaient être brusquement devenus étrangers.
Le champ de vision du poney n'était que tiges vertes et pétales colorés. ce fut quand il nota que les pensées qui l’entouraient se seraient remarquablement bien mariées avec la robe jaune et noire de Banana qu'il comprit son erreur : un poney aux poils verts et à la crinière rousse, on avait fait plus discret dans un champ jaune.
Il en eut la confirmation quand il se fit happer au collet par un poney de couleur crème, et à crinière grise en bataille.
Il regarda Fire Beard d'un air presque navré, comme s'il était désolé de devoir lever la patte sur lui. Le poney barbu sentit une sueur froide inonder son dos, persuadé d'y passer dans l'instant. A sa grande surprise, le poney couleur crème le porta tout simplement jusqu'au châlet et le poussa sans ménagement à l'intérieur.
Une bonne dizaine de poneys en armes en occupaient déjà les lieux. Leur équipement sommaire et hétéroclite les identifiait sans peine comme des partisans.
Agile et Spark Impulse étaient assis sur le sol devant la cheminée, sous bonne garde. On colla rapidement Fire Beard dans la même position.
_On a eu le temps de rien faire, lâcha Agile à son supérieur, comme pour s'excuser. Ils sont tous descendus de la montagne en même temps et ont attaqué le châlet. On avait pas dit "nuage" qu'ils avaient déjà coupé les lignes.
_Comment va Banana ? demanda Spark Impulse à mi-voix. Il est parti chercher de l'aide ?
_Ca peut aller, répondit l’intéressé qui fut amené de force auprès de ses compagnons. Et non, j'ai pas eu le temps de faire grand chose.
Les quatre vétérans s'entreregardèrent avec le drôle de sentiment de s'être fait avoir comme des bleus. Sentiment renforcé quand de la foule des partisans qui pullulaient dans le châlet, s'éleva une voix à l'accent campagnard reconnaissable entre mille.
La ponette qui les avait mis KO il y a trois semaines. Elle était là, avec son grand chapeau et sa cutie mark de pomme. Elle s'adressait à d'autres poneys, leur ordonnant semblait-il de prévenir les autres groupes que le châlet était tombé et qu'ils en avaient maîtrisé les gardiens.
Les poneys en déduirent rapidement que d'autres attaques sur les postes de garde devaient avoir lieu en ce moment même. Ca sentait mauvais pour l'Empire.
Un cliquetis métallique attira l'attention des poneys prisonniers vers leur ancien détenu, qui paradait dans le châlet, libre désormais, si on faisait exception de la chaîne qui traînait sur les planches de bois.
_Spike ! s'écria la ponette au chapeau en fendant la foule des résistants, ravie de voir le petit dragon violet et vert.
_Salut AJ, répondit ce dernier avec un grand sourire. Dis-moi, y aurait moyen de m'enlever ça ? demanda t-il en agitant la patte, faisant tinter la chaine alors que les anneaux frappaient le sol en bois. Ca jure avec mes écailles.
Nouveau regard muet empli de terreur entre Banana Beam et Fire Beard. Le bébé dragon qu'ils avaient capturé était un ami personnel de la ponette qui les avaient rossé. Avec une malchance pareille, les deux poneys étaient d'accord pour ne pas tenter le sort au tirage de la grande tombola de Canterlot cette année...si elle avait encore lieu après tout ça.
Un coup de sabot précis de la terrestre orange plus tard et le dragon était libre. Il se fraya un chemin jusqu'aux quatre poneys retenus prisonniers dans leur propre châlet, se posa en face de Fire Beard qui tendit ses muscles, s'attendant à se faire frapper. A la place, Spike se borna à le traiter de tous les noms.
Le poney barbu rouvrit un oeil, plus deux. Il se força à ignorer du mieux possible les insultes du bébé dragon. En temps normal il lui aurait répondu tout aussi vertement mais être maîtrisé à l'intérieur de son propre châlet de garde n'était pas exactement ce que Fire Beard pouvait considérer comme une situation normale.
Quand Spike l'eut insulté de tout son saoul, il lui tira la langue, tourna triomphalement les talons et s'en alla jusqu'à son amie, la ponette enchapautée.
_M'nant' qu't'es défoulé un peu, on peut causer du pourquoi t'es là sucre d'orge ? lui demanda la terrestre.
_Mission spéciale pour Rarity, affirma Spike en gonflant son torse alors qu'il prononçait ces mots. Je suis chargé de retrouver Sweetie Belle.
_Belle ? Elle est avec Scoot et AB, avec nous depuis trois semaines, répliqua la ponette comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.
_Quoi ? s'exclama le dragon, s'étranglant de surprise, crachotant une étincelle dans la foulée, Applejack, tu veux dire que j'ai passé ce dernier mois sur les routes des montagnes pour apprendre que les Croisées étaient déjà avec vous ?
_D'solée Spike, répondit la dénommée AJ en soulevant son stetson en un geste d'excuse. Mais on les a trouvées ici quand on a attaqué le châlet y a vingt jours. Elles nous suivent depuis.
_Ok, lâcha le bébé dragon avec une grimace de dépit.
_Mais comment ça se fait qu'tu sois tout seul ? Twilight est pas avec toi ?
_On s'est disputés...je t'expliquerais ça plus tard. Pour le moment, j'aimerais savoir ce qu'on va faire.
_Et ben on marche sur Canterlot, voilà ce qu'on fait mon Spike.
Un poney qui se tenait près du couple eut un geste d'exaspération et pointa du sabot les quatre poneys gardes frontières, qui ne perdaient pas une miette de la conversation.
_J'm'en moque si y écoutent, dit fiérement la terrestre orange. Je suis l'honnête Applejack, j'ai rien à cacher. Et sur'tout pas qu'on va botter les fesses de Luna. T'as d'jà botté des fesses d'Impératrice Spike ?
Le dragon secoua négativement la tête.
_Alors tu vas essayer avec nous, gloussa t-elle. Tu vas voir, c'est plus marrant que ça en a l'air.
La ponette au chapeau de cuir mis ses sabots en porte-voix :
_Votre attention tous les poneys ! Le p'tit Spike ici présent est un copain, c'est pas un ver dans la pomme, compris ? Y va nous accompagner pour marquer l'arrière-train de la Lu d'un bon coup de griffe. Ca vous dit ou pas ?
Un rugissement d'approbation électrisa la foule des poneys partisans.
_Allez, affirma Applejack avec un grand geste de la patte, on a encore beaucoup de marche à faire et d'endroits à envahir. Un par un, on va tous les faire tomber.
Sous les applaudissements de l'assemblée, les premiers poneys commencèrent à quitter le châlet, non sans emporter tout ce qu'ils pouvaient et en détruisant ce qu'ils laissaient sur place.
_On va pas vous attacher cette fois, dit Applejack en les toisant les quatre prisonniers du regard. D'façon, vous p'vez rien faire pour prévenir vos copains. Alors restez tranquille, vous partez avec nous et bien surveillés. Ah et une dernière chose...c'est lequel d'vous Spark ?
L'ainé des poneys leva timidement sa patte amputée. Applejack vint jusqu'à lui, enleva son chapeau et lui demanda :
_S'iouplait m'sieur, vous p'rez raconter c't'histoire de la pâtissière qui tue ses copines avec des cheesecakes ou j'sais pas quoi aux petites quand vous les verrez ? Elles nous tannent pour l'avoir tous les soirs, personne l'a connait c'te légende et la vie de ma pomme, on en peut plus...
Éberlué, Spark Impulse se sentit néanmoins hocher silencieusement la tête.
Sans même en parler à haute voix, les quatre poneys vétérans auraient pu s'accorder sur quelque chose : patrouiller en plein air douze heure par jour c'était pas si mal comparé à l'idée de devoir suporter ne serait-ce qu'une nuit de plus les caprices et les disputes des Croisées.
Ils auraient bien tous resignés pour un prolongement de service à la réflexion et de patrouiller vingt cinq heure sur vingt quatre si ça leur avait épargné les crises des petites.
Dommage que la guerre soit à deux poils de crinière d'être perdue. La vie était mal faite des fois.




Par télékinésie, Twilight Sparkle traca quelques notes sur le parchemin déroulé sur sa table de travail, entrecoupant ses abréviations de sigles et de petits schémas explicatifs. Elle avait toujours fonctionné ainsi. Ses brouillons étaient au moins aussi complexes et obscurs que son travail final était limpide et clair. Même à l'époque de l'école pour licornes surdouées, la Princesse Celestia avait eu besoin de venir demander à son étudiante elle-même des éclaircissements pour décoder ses prises de notes.
Twilight sentit son coeur se gonfler de tristesse quand elle resongea à son mentor. Non, elle devait se forcer à penser à autre chose sinon, elle serait encore partie pour pleurer pendant des heures et son travail n'avancerait pas. Prenant une grande inspiration, la licorne violette vida ses poumons, expulsant dans le même temps sa tristesse. Ca ne marchait qu'un peu mais c'était mieux que rien.
Twilight reprit le fil de sa lecture.

La lutte par où s'épuise et périt une matière humaine qui était faible de nature, cette même lutte trempe les forces de celle qui était forte; en outre, la lutte pour l'existence fortifie encore cette souche forte par élimination des éléments plus faibles. L'enfance des grandes races connaît toujours les orages de la guerre — même l'enfance des Hindous métaphysiciens.

La licorne fronça les sourcils quelques secondes avant de tracer ses observations immédiates sur son parchemin. Ce livre qu'elle étudiait depuis quelques semaines, cette Genèse du XIX° siècle, par cet humain anglais, Houston Chamberlain allait beaucoup plus loin dans ses idées sur la race que celles de Gobineau. Mais Twilight ne s'en lassait pas d'étudier les humains.
Ou plutôt, elle ne pouvait plus s'en lasser, ce qui était différent.
La licorne était intelligente, c'était une de ses principales qualités et il ne lui avait pas fallu longtemps pour qu'elle sente que quelque chose sentait mauvais dans ces théories. Peut-être parce qu'en Equestria, on était élevé avec l'idée globale qu'un poney ne valait ni plus, ni moins qu'un pégase ou qu'une licorne, était juste différent et rien d'autre mais ces idées humaines, sur le racisme et l'eugénisme, si elles stimulaient l'esprit intellectuel de la jument, lui glaçait les tripes.
Twilight sentait les dangers de ce mode de pensée.
Elle avait l'impression que son cerveau souffrait à chaque grande phrase de Gobineau ou de Chamberlain sur les races et sur la supériorité des humains blancs. Mais d'un autre côté, sa curiosité naturelle la poussait à continuer ses lectures. Après tout, qui était-elle pour juger des essais sur les humains ? Chamberlain n'écrivait pas sur les poneys, n'est-ce pas ?
Enfin, tout ceci était plus une fuite en avant qu'autre chose. C'était déjà le cas depuis la mort de Celestia et le début de la guerre mais la boulimie littéraire de la licorne avait encore augmenté d'un cran après le départ de Spike.
Twilight et son assistant avaient eu une dispute. Si on pouvait coller un mot sur le fait de se crier dessus l'un l'autre pendant dix bonnes minutes sans s'arrêter, de déambuler dans la bibliothèque, de frapper les étagères de rage et d'en renverser le contenu, "dispute" aurait été adéquat.
Spike avait expliqué à Twilight que Sweetie Belle, la petite soeur de Rarity avait disparu en compagnie de ses camarades à la recherche d'Applejack et que la licorne comptait sur son amie pour partir à sa recherche.
Spike avait insisté sur le fait que la diplomate devant se rendre en Europe pour une mission secrète, elle comptait tout particulièrement sur Twilight pour aider sa soeur à retrouver la route de Ponyville.
La première impulsion de Twilight avait été d'enfiler son sac et de partir galoper aux quatre coins d'Equestria remettre la patte sur les Croisées de la cutie mark. Mais quelque chose l'avait arrêté, quelque chose l'avait poussée à affirmer d'un ton mordant à Spike qu'elle s'en serait bien chargé si ce n'était pas pour le compte de Rarity.
Le bébé dragon avait réagi au quart de tour. Spike avait le sang chaud, ce n'était un secret pour personne, encore plus quand le sujet de la conversation tournait autour de la licorne pour laquelle il avait le béguin. Du côté de Twilight, cette dispute fut comme une purge, l'occasion de vider par la parole des mois et des mois de souffrance intérieure, qu'elle n'arrivait à faire sortir de son corps que la nuit en sanglotant contre son oreiller ou en se roulant en boule sous la bouche.
Une fois la tempête passée, Spike n'était plus là.
Il avait levé les bras au ciel, vociféré qu'il retrouverait Sweetie Belle tout seul, sans l'aide de Twilight.
La licorne violette avait sentit quelque chose se déchirer en elle quand le dragon avait claqué la porte de l'arbre-bibliothèque en jurant. Juste avant de partir pour de bon, il avait regardé celle qui l'élevait depuis qu'il était sorti de l'oeuf et avait dit qu'elle le décevait terriblement.
Twilight s'était déjà coupée du monde extérieur depuis trente mois. Le départ de Spike avait brisé le dernier lien qui l'attachait à Equestria. La licorne s'était plongée dans une spirale de connaissances, d'essais à dévorer, de théories sur les humains.
Elle s'était noyé dans le travail, colmatant les trous de son âme par la fatigue et le savoir.
Mais depuis quelques jours, ça allait de moins en moins bien. Twilight mangeait de moins en moins, ne prenait même plus la peine de passer un coup de balais dans l'arbre ou de faire son lit correctement. Du matin au soir, elle avait le museau collé à sa table de travail, dévorant essai racial sur traité eugéniste, jusqu'à s'endormir sur place, se réveiller quelques heures plus tard, prendre des notes et continuer à travailler.
Twilight résuma la pensée de Chamberlain en quelques abréviations avant de passer au paragraphe suivant.

Mais il s'en faut qu'il suffise d'hommes braves pour produire cette « surabondance » qui caractérise la vraie grandeur. Des races comme les Grecs, les Romains, les Francs, les Souabes, les Italiens et les Espagnols de l'époque brillante, les Maures, les Anglais, des anomalies comme les Aryens de l'Inde et comme les Juifs, sont dues à un régime endogénique prolongé : elles se font et se défont sous nos yeux.

Un bruit de casse tira la licorne hors de sa lecture. Elle tourna la tête vers le fenêtre la plus proche de son bureau et vit qu'elle était brisée, une pierre reposant sur le sol, des éclats de verre tout autour. De l'extérieur, montait une clameur et des bruits de protestation qui intriguèrent assez Twilight pour la décider à quitter sa table de travail pour approcher de la fenêtre cassée.
Elle jeta un coup d'oeil à l'extérieur et vit une foule compacte de poneys, criant et vociférant. D'après les cris qui se dégageaient de la masse, la licorne crut comprendre que les habitants de Ponyville en voulaient à Luna.
Ce simple fait alluma un doux feu intérieur dans le coeur de Twilight. Se pouvait-il qu'Equestria se décide enfin à prendre les choses en sabot et à faire ce qu'il fallait faire contre l'Impératrice ?
"Assez de privations !" entendit-elle. "La paix ou l'abdication !" criaient d'autres.
Twilight poussa un gloussement de plaisir tout enfantin. Incapable de résister, elle fonça au dehors, la lumière crue de l'extérieur brûlant ses yeux habitués depuis des semaines à la lueur des chandelles de l'arbre-bibliothèque. Et la première chose que remarqua Twilight, c'était que les poneys étaient beaucoup plus nombreux qu'elle ne l'aurait cru au premier abord.
Ponyville était une petite cité mais il était clair que les poneys qui défilaient devant l'arbre-biblitohèque en direction de la grande place venaient de tout Equestria. De la foule s'élevait des accents manehattaniens, des timbres de Fillydelphia, des expressions de Las Pegasus.
Sans trop savoir pourquoi, Twilight se joignit au mouvement. Peut-être un besoin de s'aérer la tête après toutes ces heures passées à l'intérieur. La licorne se baigna dans la contestation, nourrit son âme du rejet de Luna. Elle ne savait pas pourquoi la foule était en colère et elle s'en moquait.
Mais voir et surtout sentir des milliers de poneys qui en voulaient à celle qui avait provoqué la séparation de Twilight d'avec ses meilleures amies était quelque chose de trop bon pour que la licorne cherche à protester.
Les poneys se rassemblèrent devant l'hôtel de ville où le maire de Ponyville apparaissait au balcon, tentant désespérément de se faire entendre de la foule en colère. La jument, d'habitude à la tenue si respectable avait sa crinière grise abîmée et donnait l'air de s'agiter pour rien.
_S'il vous plaît ! supplia la maire en joignant ses sabots en un geste de prière, laissez moi parler !
_C'est vous qui allez nous écouter madame le maire ! rugit un des poneys, plus fort que les autres, prenant de fait, le rôle de porte-parole alors que le reste de la foule se mettait à se taire. On en a assez des privations de nourriture, de l'effort de guerre. On veut la paix !
Plusieurs poneys dans la foule reprirent "la paix" en écho, comme un mantra.
_C'est ce que nous voulons tous ! répondit le maire. Mais ce n'est pas en vous retournant contre Sa Majesté Impériale que...
_On se retourne pas contre Luna, rétorqua le poney porte-parole, on a juste assez de mourir de faim et de devoir envoyer toute notre nourriture aux humains. On en a assez de savoir que les nôtres se battent dans des conditions horribles, se tuent les sabots dans les usines et les champs allemands alors que la Triplice est en train de perdre. Ca sert à quoi un effort de guerre si y a plus de guerre ?
_Je comprends votre colère, expliqua le maire du mieux qu'elle le put par dessus les vivats qui avaient faits écho à la question rhétorique du poney. Mais c'est le mauvais moment pour demander à changer les choses de fond en comble. Sa Majesté Impériale a déjà fort à faire et...
_On s'en moque du procès de la licorne, elle avait eu raison en plus ! Si on avait tout arrêté il y a un mois, peut-être que les humains seraient pas en train d'essayer de nous envahir !
Le procès de la licorne ? Intriguée, Twilight demanda des détails à son voisin de foule.
_Tu n'as pas suivi ça ? lui répondit un grand étalon à la robe rouge et à la crinière or. Une des diplomates de Luna a essayé de faire signer la paix dans le dos de l'Impératrice. Ca l'a mise en colère et elle veut l'envoyer sur la lune avec grand procès et tout. Mais pendant que ça dure, l'Impératrice s'occupe pas des anglais et des français qui campent de l'autre côté des Alpes, ni des italiens qui vont prendre Trente et nous isoler dans les montagnes.
_Cette diplomate, demanda la licorne d'un ton fébrile, elle s’appellerait pas Rarity ?
_Possible, répondit le terrestre. Ca doit même être ça. Pourquoi, c'est important ?
_Pour moi, ça l'est, répliqua Twilight alors qu'elle sentit toute la rancœur qu'elle avait envers Rarity se muer en admiration. Le procès se tient à Canterlot ?
L'étalon hocha la tête avant de rediriger son attention sur le duel verbal qui opposait le porte-parole poney au maire. Twilight sentit un grand sourire idiot barrer son visage. Rarity n'avait pas trahi. Au contraire même. Sa mission secrète en Europe c'était cette histoire de paix ! Oh Celestia, qu'est-ce que Twilight était contente ! Et horriblement gênée de lui en avoir voulu. Et embrassée de s'être disputée à son sujet avec Spike. Et effrayée à l'idée que Luna expédie son amie sur la lune.
En fait, le cocktail d'émotions que ressentait Twilight était si intense et si contradictoire que la tête lui tourna et qu'elle utilisa machinalement un sort de soin pour ne pas vaciller. Puis elle tomba en arrêt.
La magie.
Elle avait une foule en colère, au bord de l'explosion et une amie en danger à Canterlot. Twilight avait toujours voulu se tenir hors de la guerre pour ne pas souiller la mémoire de la Princesse Celestia. Peut-être que si elle y entrait pour la terminer, ça ne comptait pas vraiment ?
Twilight ferma les yeux, sentant la magie inonder son corps. Elle relâcha lentement ses ondes magiques dans la foule, comme un virus qui passa d'un poney à l'autre. Un simple sort qui jouait sur l'esprit. Avec de la concentration et une cible précise, on pouvait pratiquement forcer un poney à agir contre sa volonté. A petite dose en revanche et sur une grande variété de sujets, le charme donnait un petit coup de pouce au sentiment qui dominait la foule. La sort était souvent utilisé par les supporters des équipes de sport pour rendre leurs encouragements plus vifs.
Mais ça marchait aussi ici, comme quand il s'agissait de pousser une foule déjà au bord de la révolte dans le soulèvement le plus total.
Twilight en eut la confirmation quand le porte-parole, lassé des échanges stériles avec le maire, brandit la patte en direction de la silhouette de Canterlot qui se détachait dans le lointain et hurla :
_Allons demander à Sa Majesté Impériale de participer un peu à un grand effort de paix !
La foule éclata de rire et se mit à suivre l'orateur comme un seul poney. Twilight se joignit à la cohue. C'était un gros coup de poker. Soit Luna tombait aujourd'hui, soit sa répression serait terrible sur tous les equestriens qui avaient osé la défier.
Mais le licorne se disait que quitte à mourir un jour, autant tenter la chance aujourd'hui. Parce que ça en vaudrait la peine.



Luna sentit ses épaules gémir sous le poids du manteau de sacre. Par le feu des étoiles, depuis quand la fourrure de renard blanc était devenue aussi lourde ? L'Impératrice n'avait eu aucun problème à le porter ce fichu manteau pourtant. Mais depuis trois semaines, il l'écrasait, il la noyait dans ses plis et ses drapés. Sa couronne et son plastron eux-mêmes lui brûlaient la robe. Comme si son corps ne supportait plus l'usure du pouvoir.
Il fallait qu'elle soit forte pourtant. Elle était la chef suprème d'Equestria, des milliers de poneys comptaient sur elle pour diriger la nation et l’amener vers la gloire.
Depuis vingt jours, tout lui échappait, comme du sable qui lui aurait glissé entre les sabots. L'attaque de l'Entente en Flandres, le kaiser qui était incapable de sauver la situation, l'Autriche-Hongie qui se laissait avaler le Trentin par les italiens...il n'y avait que la chute du tsar de Russie qui était une bonne nouvelle mais la guerre à l'est ne s'arrêtait pas pour autant. Equestria elle-même payait un lourd tribut dans ce chaos. Les divisions poneys en France étaient encerclées avec leurs homologues allemandes et tentaient tant bien que mal de se réfugier derrière les Alpes. Quoiqu'avec la chute de Trente, l'unique voie de communication d'Equestria avec l'Europe, Suisse mise à part était rompue. Les poneys arrivaient au compte-goutte et tellement harassés et fatigués qu'ils n'étaient plus bons à rien. Il n'y avait que les licornes pour barrer la route des italiens sur la voie ferrée de Trente mais leurs pouvoirs s'amenuisaient.
Equestria avait espéréré un retour des renforts par delà la Méditerrannée mais le corps expéditionnaire zèbre s'était fait capturer avec ses alliés ottomans à proximité du canal de Suez.
En un mot comme en cent, la situation était plutôt désespérée. Mais Luna n’abandonnerait pas. Elle avait fait une promesse sur la tombe de sa grande soeur et la tiendrait. Et ça commencait par punir les traîtres à la couronne.
Le procès de Rarity avait occupé la majeure partie de l'esprit de Luna ces derniers temps. Elle voulait que la licorne tombe non seulement pour avoir essayé de signer la paix mais aussi parce que lorsque le complot de Charles d'Autriche avait été révélé au grand jour, Guillaume II l'avait accusé de traitrise et de lâcheté. Les liens qui unissaient les deux plus grands piliers de la Triple Alliance s'étaient soudainement distendus. Officiellement les deux empires restaient alliés mais n'avait pas t-on vu quelques soldats allemands tirer sur des cavaliers autrichiens ?
Punir Rarity, c'était mettre une condamnation ferme et définitive à ces évènements. Un air de dire que l'Empire d'Equestria ne laisserait pas le monde s'écrouler autour de lui sans protester.
Actuellement, la licorne avait été jugée et selon toute logique, condamnée à l'exil sur la lune pour haute trahison. Pour l'instant, elle croupissait dans les geôles du château impérial, Luna hésitant encore à quel moment l'expédier. Elle n'arrivait pas à se décider entre le jour et la nuit, entre l'heure de la journée, sur son discours à prononcer lors de l'exécution de la peine.
Et tout serait plus simple sans ces maudits conseillers qui lui tournaient autour, à se plaindre sans cesse de la situation ! Elle savait qu'ils étaient dans l'impasse. Pas la peine de lui rappeler toutes les cinq minutes.
_Madame, tenta une fois de plus une licorne de haut lignage, une des plus hautes autorités de l'Empire, Luna elle-même mise à part, je vous en prie, reconsidérez la proposition de la paix blanche. Je sais que ce n'est pas la glorieuse victoire dont nous rêvions mais cela ne vaut-il mieux pas que d'être détruit ?
_Non.
_Un armistice alors ? proposa un autre conseiller. Un cessez le feu de quelques semaines, juste pour laisser le temps à leurs Majestés Impériales Guillaume et Charles de reprendre leurs pays en main.
_Non.
_Mais que faire madame ? Nos troupes sont dispersées, nos zèbres aux mains des anglais, nos licornes au bord de l'épuisement !
_Il faut vaincre.
_Mais ce n'est pas possible...commença à signaler le premier conseiller avant d'être coupé par Luna.
_Impossible n'est pas equestrien. Nous avons juré à notre sœur de prendre la vie des humains qui ont volé la sienne. Nous tiendrons parole.
_Les assassins ont été punis ! rétorqua t-on dans ses conseillers. Les autrichiens les ont pendus !
_Les humains sont responsables. Les serbes, les russes, les français, les anglais. Nous allons les faire payer.
Les conseillers partagèrent un regard inquiet. Est-ce que l'Impératrice était devenue...complètement folle ?
Ils n'eurent pas le temps de répondre à cette question cela dit puisque Shining Armor, capitaine de la garde impériale, en tenue de combat, fit irruption dans la salle du trône et galopa jusqu'à l'Impératrice.
_Votre Majesté, la prévint-il en s’agenouillant, les gardes du château nous signalent une importante foule en colère qui se dirige jusqu'ici. Ils sont armés et hurlent leur opposition à vos décisions. Ils demandent la paix immédiate et l'abdication de votre Majesté. Nos espions rapportent aussi que les humains auraient fait mouvement pour franchir les Alpes. Et que le dernier avant-poste est tombé tout à l'heure aux mains des rebelles menés par votre neveu. Les partisans marchent eux aussi sur Canterlot.
Luna ne dit rien pendant un moment, ne se départit nullement de son attitude impériale. Puis elle brisa le silence.
_Pouvons nous repousser la foule ?
_Oui madame, affirma Shining Armor. Nous manquons de temps pour dresser un bouclier correct mais les gardes feront leur devoir.
_Sans blesser la foule ?
_Je vous demande pardon votre Majesté ? demanda le capitaine de la garde après quelques battements de cils.
_Capitaine Armor, je vois demande si vous pouvez repousser cette émeute sans blesser quiconque.
_En toute honnêteté ? Non madame, il y aura forcément des coups dans ce combat. Des morts je l'ignore mais des blessés, c'est sûr.
_Alors ordonnez au gardes de les laisser passer.
_Pardon ? s'étrangla Shining Armor.
_Vous nous avez entendue. Laissez passer cette foule, qu'elle vienne jusqu'au château si elle le désire. Qu'on ne lui fasse pas de mal.
Luna baissa le museau et murmura, peut-être plus pour elle-même que pour son capitaine de la garde.
_Je ne ferais pas couler le sang de mon peuple du sabot d'autres poneys.
Puis elle releva brusquement la tête.
_Ce sont nos ordres. Ouvrez toutes grandes les portes du palais s'il le faut, que la foule vienne jusque dans la salle du trône. Qu'elle fasse ce qu'elle désire. Mais nous ne signerons aucun traité de paix.
L'Impératrice d'Equestria passa son sabot sur son manteau de sacre.
_Si le peuple veut sa paix, qu'il la signe avec les humains. Nous n'en ferons pas partie. Mais cette paix ne se fera pas. Parce qu'il n'y aura plus d'humains, affirma pompeusement Luna en tournant brusquement les talons et en se ruant vers la porte dérobée qui conduisait au laboratoire des FlimFlam.
Quelques mètres plus bas, entourées de ce qu'il restait de leur équipe, c'est à dire leur assistant Steelsmarts, les deux licornes les plus ingénieuses de l'Empire partageaient nerveusement une cigarette.
Quelque chose avait mal tourné avec leur plan de toujours faire durer la guerre. Ca avait toujours bien réussi mais beaucoup moins depuis ces trois dernières semaines. S'ils n'avaient pas prévenu les allemands des intentions autrichiennes, le malaise ne se serait pas instauré entre les deux pays, permettant encore de sauver ce qui pouvait l'être. Là, c'était, très, très mal parti.
Les FlimFlam avaient plus ou moins prévu le coup, cachant leurs avoirs dans la Suisse neutre toute proche avec des billets pour l'Amérique du Sud mais ils se refusaient encore à partir. Ils se disaient que peut-être qu'Equestria aurait un sursaut de hargne et stabiliserait ce désastre.
Le sursaut, ce fut les jumeaux qui le partagèrent quand Luna, l'Impératrice d'Equestria fit irruption dans le laboratoire et fonça droit sur eux.
_L'arme secrète dont vous nous avez parlé est t-elle prête ?
Pris au dépourvu, les FlimFlam balbutièrent des réponses contradictoires jusqu'à temps que Luna tape du sabot au sol.
_IL SUFFIT ! L'ARME EST-ELLE PRETE OUI OU NON ?
Les licornes hochèrent la tête et Flim guida l'alicorne jusqu'à un chariot recouvert d'une toile blanche, qu'il ôta par magie. En dessous, se trouvait un grand cylindre noir de la taille d'une petite armoire.
_La voici votre Majesté, exposa Flim. Mais elle n'est pas totalement finie.
_Nous avons juste emmagasiné de la magie brute à l'intérieur, poursuivit son cadet. Elle n'a pas assez de puissance pour raser une ville mais peut faire de gros dégâts.
_Comment s'utilise t-elle ?
_Un simple sort de localisation et vous la téléportez sur place. La charge explosive saute et la magie brute détruit tout.
_En théorie du moins, expliqua Flam, lissant nerveusement sa moustache.
_Parfait, affirma l'Impératrice en poussant le chariot jusqu'à la grande baie vitrée du laboratoire et en plissant les yeux vers l'horizon. Nous allons nous en servir.
_Mais sur quelle cible madame ? demanda Steelsmarts, s'approchant doucement de Luna, s'introduisant dans la conversation.
_Le Tartare, répondit simplement l'Impératrice alors qu'elle entrouvrait la baie vitrée.
_QUOI ? s'exclamèrent de concert les trois licornes.
_Nous allons faire sauter les portes du Tartare, expliqua Luna en passant son sabot sur le carcasse noire de l'engin de mort. Les démons, les monstres et les créatures qui en sortiront vont se répandre sur l'Europe et exterminer les humains.
_Mais...mais...contesta Flim. Et les allemands ? Et les autrichiens ?
_Ils ont tous abandonné Equestria, déclara Luna d'une voix solennelle, nous ne les considérons plus comme des alliés. Ils sont humains, ils ont assassiné ma soeur, ils doivent mourir. Nous ne laisserons pas un combattant humain en vie, de la Triplice ou de l'Entente
_Et les poneys majesté ? s'emporta l'assistant des ingénieurs. Comment être sûr que les monstres du Tartare ne s'en prendront pas à eux ?
_J'ai confiance en mon peuple, affirma l'Impératrice avec un grand sourire. Les tartariens ne sont pas une menace pour lui car le peuple d'Equestria est fort. Le peuple d'Equestria vaincra !
Joignant le geste à la parole alors qu'elle se mettait à utiliser le "je" et le "nous" dans sa bouche en même temps, massacrant l'étiquette si chère à ses yeux, un halo magique entoura sa corne et elle envoya un sort de localisation jusqu'au point le plus éloigné de l'horizon, la geôle de toutes les horreurs equestriennes, le Tartare
Puis elle ferma les yeux, se préparant à téléporter la bombe. Une douleur fulgurante la percuta à la mâchoire. Elle rouvrit les yeux et découvrit Steelsmarts, juché sur la bombe, le sabot dressé devant son visage, tremblant de peur.
_Arrêtez ça Majesté ! l'enjoignit-il. Je ne veux pas vous frapper mais si vous essayez d'utiliser cette bombe, je n'aurais pas le choix !
_...vous osez lever la patte sur votre Impératrice ? s'étrangla Luna de colère.
_Contre moi madame, je vous prie de le croire ! Mais s'il vous plait, pour l'amour d'Equestria, pour le souvenir de votre soeur, ne faites pas ça ! Nous pouvons trouver une autre solution !
_Descendez de cette bombe, lâcha l'Impératrice, la voix plus froide que l'espace lui-même.
Steelsmarts, au bord des larmes, secoua négativement la tête. Et alors que l'alicorne s’apprêtait à propulser magiquement la licorne à l'autre bout du laboratoire, il fut le plus rapide. Il réussit à téléporter Luna tout à l'entrée de la pièce et activa les protections magiques du lieu, qui protégeaient le laboratoire de l'intérieur en cas d'expérience qui pouvait mal tourner. La protection était un charme des plus basiques, elle contenait n'importe quelle énergie dans un petit champ de force, qui la bloquait jusqu'à ce qu'elle s'épuise.
Luna jura et bondit en direction de Steelsmarts et des FlimFlam qui regardaient la scène d'un air abasourdis. Steelsmarts fut le plus rapide une deuxième fois en soulevant magiquement la bombe et en la laissant retomber au sol. L'Impératrice jura une deuxième fois et son insctinct de survie prenant le dessus, courut se mettre à l'abri de l'autre côté du champ de force.
L'alicorne s'était à peine abritée que la bombe explosait, vomissant son énergie magique dans le laboratoire, vaporisant maquettes, plans, schémas, tableaux...et bien sûr les frères FlimFlam et Steelsmarts eux-mêmes, toujours à côté de la bombe.
L'Impératrice sentit le champ de force atteindre ses limites au moment où la bombe explosait et se servit sans même y penser de son pouvoir pour le nourrir et contenir l'énergie de l'explosion.
Au bout d'un temps horriblement long, l'énergie se consuma elle-même et tout redevint calme. Luna relâcha son emprise sur le champ de force, le leva et découvrir une pièce vitrifiée.
Tout était blanc, il n'y avait plus rien.
Plus de tables, plus de pièces et de rouages, plus de bombe, plus de licornes, plus rien.
Luna comprit qu'elle venait de provoquer directement la mort de trois de ses sujets.
Sentant quelque chose se déchirer au fond d'elle, ses jambes fléchirent, elle s'écroula en sanglotant sur le sol encore brûlant et s'enroula dans son grand manteau de cérémonie jusqu'à en recouvrir sa tête et ne plus voir la lumière. C'était son jeu quand elle était petite avec sa sœur pour chasser les monstres qui rôdaient la nuit autour de leur lit.
Entre deux sanglots, Luna, Impératrice d'Equestria se dit que ca marchait bien mieux quand Celestia était encore là.