sachant que j'y ai mit des barbelés

tu te fait du mal de toute façon

et quand tu vois une photo de ma chambre

"Et tu vas faire quoi ?" Avait demandé Ice.

"Des prothèses. J'en ai testé dans mon labo, il y a longtemps, quand je travaillais encore sous les ordres de Celestia. Si j'ai le matériel nécessaire, je vais vous montrer que l'impossible peut devenir possible.

- Sans blagues ?" déclara Ice.

- T'es sûr que tu peux faire ça ?" ajouta alors Coffee.

- Ne me prend pas pour une bille. Tu en es incapable. Personne n'a jamais réussi à accomplir un tel exploit" finit Scootaloo sur un ton septique "Je parierais ma vie que c'est impossible...

- Ne joue pas à ça avec moi, tu risque de perdre !" D'après Ice, j'avais affiché, à ce moment-là, une expression qui glaçait le sang, mélange entre rire et désir. "Pas vrai, Fluttershy ?

- Tu as déjà réussi à faire mieux" La voix de Coffee avait changé, de même que son expression. Elle était plus douce, plus limpide, plus harmonieuse. Les autres personnes dans la salle étaient stupéfaites. Coffee elle-même était surprise.

Elle avait eu un moment d'absence. L'âme de Fluttershy avait pris un contrôle total du corps.

- Attend, c'est bien la voix de Fluttershy que l'on vient d'entendre ? J'y connais rien en magie, mais, c'est pas très difficile de mettre deux âmes dans un seul corps ?"

Je m’apprêtais à répondre mais Fluttershy m'avait prit de vitesse.

- Si, c'est même impossible."

Coffee commençait à s'énerver.

- Vous pouvez lui dire de se taire ? Ca devient agaçant à force !

- Oh, euh désolée Coffee, vraiment désolée...

- C'est bon, mais arrête de prendre la parole comme ça !

- d'acc...

- Ma parole, mais tu le fais exprès !

Nous étions assez troublés de voir comment Coffee se disputait avec elle même.

- Euh... Donc si j'ai bien compris, tu as fait un truc impossible, que même les licornes les plus puissantes de tout Equestria avait raté des dizaines de fois avant toi ?

-Ouais... J'ai agi comme un idiot en faisant ça.

Ice me regardait d’un drôle d’air.

-Tu veux rire ? Tu as réussi un truc que des millions de licornes n'ont même pas en partie parvenu à faire ! Tu mérites la médaille d'honneur pour ça !

-Merci, mais, les médailles en chocolat, c'est pas pour moi. C'est autrement plus compliqué. Etre magicien, c'est comme être poseur de bombes. Son travail, c'est de placer des bombes pour aider ses amis ou tuer quelqu'un. Quand on fait exploser une bombe, ça fait du bruit, non ? Eh bien là c'est pareil. Sauf que cette bombe là, elle à fait un sacré boucan. J'avais prévu de rester le plus silencieux possible dans la dimension magique. Mais maintenant, j'ai prouvé que j'étais encore là, encore vivant et toujours aussi actif. En ce moment même, un poney est sûrement en train d'observer tous mes faits et geste, chose que j'ai essayé d'éviter a tout prix jusqu'ici...

-Mais de qui tu parles ?" demanda Scootaloo

-De Twilight Sparkle... La toute puissante licorne... Il faut se dépêcher, et essayer d'être le plus mobile possible. Mais pour le moment il faut que je m'occupe de toi Scootaloo, je ne t'ai pas amené ici pour que tu sois laissée pour morte. Ice, tu es dans les communications non ? Envoie un message direct à AppleJack elle-même, j'ai une liste de courses, elle me doit bien ça..."

Ice prenait note, chaque ingrédient, chaque quantité et surtout, en dernier, le message grâce auquel AppleJack me reconnaitrait :

"...Et tu finiras par, "on a tous besoin d'une seconde chance".

- Ok c'est noté, j'envoie ça tout de suite.

- Fais vite. On doit bouger rapidement avant que je ne vous attire des ennuis.
Peu de temps après, il me rejoignît juste devant la porte de Scootaloo, Coffee, ou plutôt Fluttershy, la surveillait. Elle ne devait jamais la laisser seule, on ne savait jamais ce qui aurais pu arriver.

"Ca y est, ton message a été envoyé.

-Merci Ice, maintenant, il ne reste plus qu'à attendre... Prépare-moi une salle avec les outils qui sont sur cette liste, je vais en avoir besoin.

-Je vais voir si c'est possible.

La caisse de matériel arriva vers minuit, mais comme il était tout le temps minuit, je ne pouvais pas vraiment dire quand il était arrivé. AJ ne m'avait pas oublié. Sur la caisse il était écrit : "A remettre en priorité a Black Jack - Ta seconde chance est là, utilise-la correctement !" Tout était là. Les quinze barres d'acier, les sept barres de titane, les deux mètres de fibres neuronales, les 6 (six) grammes d'avonium et le plus important, les moins dix grammes de Pressurite, une impureté de l'avonium dont la particularité est d'avoir une masse négative, donc de rendre léger, le plus lourd des matériaux.

Je me mis dans la salle que Ice m'avait réservée. Elle était petite, mais suffisamment grande pour que j'y travaille. Rien ne manquait.

Il était l'heure de faire un peu de magie.

Je mélangeais les matériaux ensembles, les modelaient, rajoutant une articulation, une corde de fibre neuronale, une terminaison nerveuse, un renforcement, une modification, un morceau de Pressurite et 1g d'avonium. J'avais créé du neo-acier, un alliage très couteux, alliant, solidité et légèreté.

Au bout d'un temps incertain, tout était fini. La jambe et surtout la majestueuse aile métallique, dont la beauté des reflets argentés n’avait que pour égal que sa solidité... J'étais crevé... je n'avais pas dormi depuis longtemps et la magie m'avait épuisé. Quand je sortais finalement de mon atelier, j'eus la surprise de voir Coffee me tendre une tasse de... Café.

"Tu as déjà terminé ?" demanda-t-elle.

- Ouais. J'y suis arrivé. Reste plus qu'à prier pour que ça marche. Bon, si ça t'embêtes pas, j'ai un miracle à faire...

- Prend pas la grosse tête, si tu réussi ce "miracle", ce sera surtout grâce à notre chef, AppleJack.

- Rappelle-moi de la remercier quand on ira la voir tout à l'heure...

- Tu veux qu'on aille voir AJ ? Comment veux-tu qu'on obtienne les autorisations ?

- Je les ai déjà, voilà la tienne." Je lui tendais un laissez-passer qu'elle accrocha autours de son cou.

- Dis donc, vous êtes très proche AJ et toi ?

- Simplement amis... Merci pour la tasse, au fait. Prépare tes affaires, on part sur l'heure.

- Tu rigoles ? Je vais pas rater la "résurrection du phénix !"

J'entrai dans la chambre de Scootaloo. Elle m'attendait déjà depuis un moment. J'avançais et je montrais à Ice le travail de la jambe que je portais sur mon dos. Il était sous le charme. Il s'assit et je retirais les bandages de la pégase avec délicatesse. Au moment où je plaçait la pièce de métal sur son corps, je lui dis :

"Tu ne devrais pas sentir grand-chose... Nan, je déconne, ça va faire horriblement mal ! Ne bouge surtout pas."

J'enclenchais la connexion avec les autres nerfs. Elle poussa un hurlement terrible puis, un instant après, essaya de bouger sa patte. Le mouvement fut quasiment instantané. Je me tournai vers Ice, lui lançant un regard désapprobateur au moment où il allait applaudir.

"Merci Black Jack, tu es un véritable génie ! Le meilleur !" avait alors dit la jeune blessée.

-On attend avant de crier au miracle. Là c'est dans le domaine du faisable. Maintenant plus dur. Coffee, tu peux m'amener la pièce maîtresse ?"

Elle entra avec sur son dos une aile métallique d'une splendeur incroyable. Tous étaient émerveillés du travail réalisé sur cette reproduction. Chaque plume, chaque os, chaque articulation, j'avais tout refait à l'identique. Restait plus qu'à voir si le résultat était à la hauteur du travail fourni...

Je commençais l'installation. J'avais replié l'aile pour plus de facilité de transport. Elle avait trois encoches à déterminer préalablement, c'est-à-dire, chirurgicalement. Je pris un scalpel et une compresse grâce à ma magie. J'ouvrais la plaie très rapidement et je stoppais l'hémorragie avec la compresse, puis je plaçais directement l'aile dessus. La machine avait fait le reste.

"Là, tu vas avoir très, très mal. Encore plus que jusqu'à présent. Je vais t'injecter une bonne dose de morphine pour que tu ne tombe pas dans le coma, sinon tu n'en reviendrai pas. N'hésite pas a crier, ça calmera la douleur. Prête ?"

Elle prit une grande inspiration et acquiesça d’un signe de tête. Je lançais le programme. Inutile de vous décrire la scène. Les cris de douleur de Scootaloo avaient sûrement été entendus par-delà les frontières de notre monde...

A la fin de cette complainte, elle était épuisée, essoufflée. Elle essaya d'ouvrir son aile. La prothèse répondit du tac-au-tac.

Victoire. Tous crièrent au miracle.

Maintenant, il fallait nous mettre en route, le chemin vers Apple Jack était long.

La bataille avait cessé depuis un moment quand nous sortîmes. Les vainqueurs, pour cette fois-ci, furent les Blood Jacks. Une chance inouïe pour nous qui pouvions enfin sortir et rejoindre Forge World en toute tranquillité. Ice, ne pouvant pas nous suivre, donna à Scootaloo sa propre arme : un prototype de fusil de sniper semi-automatique SR-99 : un mètre de longueur avec la crosse pour seulement un kilo et demi, tirant des balles à pointes de diamant de calibre 0.308 avec une précision incroyable, même à plus de un kilomètre de distance.

Elle était heureuse. Simplement heureuse. Elle avait échappé à la mort, reçu deux prothèses en Néo-acier ainsi qu’un fusil unique d'une puissance incomparable. Elle est juste heureuse. C'est son droit après tout...

Nous nous sommes mis en route. La lune, éternellement pleine, nous rappelait que le temps s'était arrêté sur l'enfer quotidien d'Equestria. Les projecteurs aux bordures de Forge World balayaient le ciel d’une lumière aveuglante, au sol et, fort probablement pire, dans le ciel, comme s’ils étaient à la recherche d'un ennemi invisible. Une fois arrivés, l'officier posté à la porte nous arrêta tout en armant son fusil :

"Stop ! Posez vos armes à terre et déclinez votre identité, ou j'ouvre le feu !

- Du calme... On n’est pas là pour se battre." avais-je répondu "De plus, nous avons des autorisations d'accès de niveau trois"

Il éclata de rire.

"De niveau trois ? Vraiment ? Vous savez que c'est le niveau maximum ? Montrez-moi ça !"

Il rangea son fusil, saisit la lampe et s’approcha de notre groupe. Je lui tendais les papiers qu’il m’arracha. Son sourire se transforma en grimace quand il vit que nos cartes d'accès étaient bel et bien de niveau trois. Il s'excusa platement et nous laissa entrer. Scootaloo, d'un naturel impatient, lui lança un regard sombre qui renforça la grimace du garde. Même moi, je ressentis un frisson parcourir mon échine.

Nous pénétrâmes alors dans la cité qui ressemblait d’avantage à une immense usine. Qu’importe là où l’on regardait, l’on voyait la même chose : des hauts-fourneaux fondaient les métaux, des machines moulaient des pièces que des ouvriers assemblaient, des caisses logistiques passées d’étages en étages via monte-charge ou d’un coin à l’autre d’un étage via chariots-élévateurs, des presses à balles produisaient des munitions à foisons et, dans le fond, un escalier permettant de changer de niveau, dans cet abri creusé en profondeur conçu pour résister au plus terrible des siège.

"Alors c'est ça, Forge World ? Juste une immense usine d'assemblage ?" Demanda Scootaloo

Coffee ria a gorge déployée

"Tu t'attendais à quoi, avec un nom pareil ?" Lui répondit-elle

- Tu nous fais visiter ?

- Le mieux, pour commencer, serait d'aller voir notre chef, Apple Jack."

Elle avait raison. Après tout on n’était pas là en touristes, nous avions un objectif, une mission.

Les prothèses de Scootaloo attiraient beaucoup l'attention. Beaucoup trouvaient que c'était un miracle de pouvoir allier la chair faible au métal puissant, d'autre que s'était un sacrilège de gaspiller autant de métal sur un pégase. Les Blood Jacks et la RAF sont devenus rivaux dès le premier attentat. Si bien que, pour un Blood Jack, tout pégase est un ennemi tant qu'il n'a pas tué un de leur congénère sous leurs yeux. Nous atteignions l'escalier au moment où un étrange personnage en robe m'interpela :

"Eh vous, à la crinière orange ! Ne seriez-vous pas un certain Black Jack ?"

C'était une licorne, probablement plus grand et musclé que moi. Son pelage était gris anthracite et portait une robe brune dissimulant le reste de son corps. Sa crinière était d'un bleu clair aveuglant teintée de mèches d'un rouge très sombre, le même que celui qui colorait ses yeux.

- C'est bien moi... Que me voulez-vous ?

- Notre commandant suprême m'a parlé de vous. Permettez-moi de me présenter, je suis le père Astartes et j'ai pour mission de vous conduire à elle."

L'étrange personnage nous avait parlé d'une voix forte, ressemblant d’avantage à celle d’un officier que d’un prêtre. Contraints et forcés, nous commencions donc à le suivre quand il arrêta Scootaloo et Coffee Crime.

"Non, pas vous. Seul le dénommé Black Jack est autorisé à me suivre.

- Je ne vous suivrais pas si elles ne m’accompagnent pas. Elles sont les seules à pouvoir affirmer mon statut envers votre nation. Je me porte garant de leurs actes, si ça peut vous rassurer.

- C'est contraire à mes ordres, mais si elles vous sont utiles, je pense pouvoir faire une exception.

- Merci... mon père."

Ma dernière phrase était chargée d'hésitation. Je ne connaissais pas le culte auquel il appartenait, ni son statut dans la hiérarchie du groupe des Blood Jacks. Alors, je lui avais posé la question pendant que nous marchions :

"De quelle religion êtes-vous le prêtre, mon père ?"

Il s'arrêta et me regarda. Il n'avait pas l'air d'être offensé, mais plutôt songeur. Il se demandait simplement si je pouvais comprendre.
Finalement il me répondit :

- Chaque arme que nous fabriquons ici est dotée d'une âme, voyez-vous. Chaque fois qu'elle est envoyée sur le champ de bataille, elle en revient tendue, voir traumatisée, comme chaque soldat. Mon devoir est de relaxer cette âme. Je suis un des rares prêtres de la machine.

- J'ignorais cette phase de l'entretien d'une arme..." Avoua Coffee

- Quand vous nettoyez une arme, vous ne soignez que la partie matérielle de celle-ci, mais pas celle psychologique. Comme pour un être vivant d'ailleurs... Nous sommes arrivés."

Une assez grande porte en métal, gardée par deux soldats armés des derniers modèles d'arme de défense rapprochés SBP-90, se dressait devant nous. Nous avions descendu l'escalier principal puis empruntés un couloir. Je n'avais pas noté le chemin que nous avions pris, tant le discours d’Astartes m'avait captivé.

"Entrez je vous prie. Notre grande maitresse est en train de discuter sur les tactiques des prochaines batailles avec ses généraux. Elle vous attends."

Nous entrâmes. Cinq poneys étaient autours d'une table rectangulaire sur laquelle était étalée une carte tactique. Une chaise était encore libre au bout avant de la table. A l'autre bout se trouvait mon ancienne amie. Elle avait beaucoup changée même si elle portait toujours son chapeau de cowgirl qui la caractérisait, mais elle portait un plastron en métal et, dans son dos, une épée en Avonium faisant au moins un mètre de longueur et cinquante centimètres de largeur.

"Je crois que notre invité est arrivé messieurs. Assieds-toi Jack, nous t'attendions.

- AJ ! Toujours aussi directe." avais-je déclaré sur un ton un peu insolant."Tu m’excuseras si j'invite mes amies à se joindre à nous ? J'ai besoin d'elles.

- Tu as toujours fait comme tu voulais de toute façon..." Répliqua-t-elle.

Je faisais signe à mes amies de venir. Je vis le regard de AJ se figer quand Scootaloo entra, brillante comme le soleil au moment où les lanternes de la salle éclairaient ses prothèses métalliques.

"Nom de... Scootaloo ! Que s'est il passé pour que tu sois dans cet état ?"

Elle se jeta sur Scootaloo pour serer dans ses bras, le dernier souvenir douloureux de sa sœur, morte en manifestant pour la paix aux cotés de la princesse Luna, lors de l'attentat déclencheur. Scootaloo la repoussa en criant :

"C'est TA faute si je suis dans cet "état" ! Tu entends ? TA faute ! Si cette foutue guerre n'était jamais venue, jamais je ne serai devenue aussi métallique et Apple Bloom serai encore là pour nous dire que se battre ne rime à rien !

- Je suis désolé...

- Non, ce n'est pas comme ça que tu régleras tout. Même si l'obus qui m'a arraché l'aile s'était excusé, tu crois que ça aurait changé quelque chose ?

- Depuis le début je veux que cette guerre ce finisse ! Depuis le début je cherche à découvrir qui a ordonné l'assassinat de ma soeur ! Tu ne peux pas savoir à quel point il est difficile de vivre avec le poids de sa mort sur la conscience ! Je veux savoir qui à fait ça et qu'il paye de son sang !"

Elle avait criée de toutes ses forces. Scootaloo semblait avoir perdu la parole, figée de terreur. Puis l'expression d'AppleJack changea radicalement. Elle devint plus douce. Elle murmura quelque chose à Scootaloo et la serra fort contre son cœur. Les larmes coulèrent à foison. Même les généraux ne purent retenir quelques larmes, certains étant partis afin de ne pas troubler un tel moment d'intimité. Coffee se serra contre moi, elle aussi émue par la situation. Moi, je n’arrivais pas à réagir. Je n'avais pas un bloc de glace à la place du cœur, mais je ne pouvais même pas laisser couler quelques larmes. Comme si j’avais oublié comment pleurer...

Quelques minutes plus tard, AppleJack retourna à sa place, en s’essuyant ses yeux. Elle me dit :

"Black Jack, je sait que tu as le même objectif que nous. Je peux t'aider. Mais il faut que tu ailles revoir Pinkie Pie. Nous avons besoin de son aide."
Mon cœur s'arrêta de battre pendant une seconde.

- Tu veux que j'entre dans la zone Pinkie ? Tu es devenue folle ou quoi ? C'est m'envoyer à l'ABBATOIR ! Avec la quantité d'assassins à son service, je ne vivrai pas plus de trente secondes ! Et encore, je suis optimiste !

- Il faut stopper sa masse d'assassins. Sans elle, nous pourrons passer plus facilement par l'intérieur de la ville et donc, permettre a notre armée de passer sans se faire abattre. Elle s'est isolée au Sugar Cube Corner et refuse tout contact avec le monde extérieur. Il s'y passe des choses étranges à l'intérieur. Si tu arrives à découvrir ce qui s’y passe, tu sauveras la vie d'un grand nombre de nos soldats. Qu'importe la façon, tu dois l'arrêter."

Qu'importe la façon... Elle me laisserait donc tuer son amie ? Cette idée ne me réjouissait pas. De plus, cette mission n'était pas loin d'être mortelle. Tous les regards étaient sur moi, mais je sentais quelque chose de plus fort m'entourer, comme une grâce divine. Je tournais la tète et voyait Coffee m'observer d’un regard suppliant. Ce n'était pas elle. Fluttershy était là, comme si elle me disait que c'était mon destin, ma seule raison de vivre...

"D'accord... Je veux bien essayer de faire ça. De toute façon, je crois que je n'ai pas le choix.

- Tu me dois bien ça de toute façon. Ta dette n'a pas expirée."

Les pièces du plateau avaient bougés, se mettant a l'écart du combat, me laissant seul contre l'armée rose...

Je me souviens encore de notre rencontre comme si c'était hier. Je travaillais au café de Ponyville pendant les vacances d'été pour obtenir de l'argent et jouer dans des salles de poker la nuit. Je préparais des cocktails, il parait que je suis doué pour ça. Ce jour-là, je vis cette somptueuse licorne entourée d'un halo de lumière. La perfection absolue. Elle s'était assise à une table avec ses amies. Un poney accoudé au bar, ayant remarqué le filet de bave qui sortait de ma bouche, m'avait encouragé, avec un accent de fermier très prononcé, à lui proposer de sortir avec moi. Au moment où elle est venue pour commander, j'étais tétanisé. Je n'étais pas comme tous ces poneys de Canterlot qui passent leur nuit à des soirées, je travaillais à m'en tuer le sommeil. D’ailleurs, je n'étais pas très sociable. Donc, à ce moment-là, je pris mon courage à deux mains et lui fis ma proposition.

Elle m'avait simplement répondue :

"Alors, on y va ?"

Encore la voix de Coffee... Je revenais instantanément à la réalité. Nous étions dans le véhicule de transport blindé qu'Apple Jack nous avait prêté. Apparemment, je m'étais endormi et nous venions d’arriver.

Je laissai AJ et Coffee seules et descendis avec Scootaloo au niveau du "Temple de la machine" en suivant Astartes. J'avais besoin d'une arme. Ma magie était très puissante mais elle volait de mon énergie vitale à chaque utilisation, me pénalisant énormément. Cela me laissait le choix de ma mort : trop de magie et plus d’énergie vitale pour vivre, ou un coup de fatigue pendant le pire des moments. De plus, Scootaloo avait besoin d'essayer sa nouvelle arme. En effet, elle n'avait jusqu’à maintenant utilisée que des pistolets électromagnétiques peu puissants et des Tazer. Le "Temple" ressemblait plutôt à une armurerie où étaient accrochés des dizaines de modèles d'armes différents, du simple pistolet au lance-missile anti-armure "portatif" en passant, bien sûr, par le fusil d'assaut G2A2 standard. Le choix était immense et Astartes avait déjà prévu quelles armes essayer pour déterminer quelle catégorie est faite pour moi. Après deux bonnes heures, aucuns des nombreux essais était concluant. Je n'étais pas assez stable sur mes deux pattes arrières pour tenir une arme à deux mains, pas assez fort pour tirer avec un pistolet mitrailleur, tout en prenant compte le fait que je tremblais comme une feuille, m'empêchant d'utiliser correctement une arme de poing lourde comme un magnum ou un revolver. J'étais condamné à utiliser un pistolet 9mm de type AT-18, l'équipement standard mais néanmoins salvateur des Blood Jack lors d'un important manque de munitions. Malgré cela, une idée intéressante me traversa l'esprit. Un sort, que j'avais appris pendant mes études de magies, me revint à l'esprit : le sort de ralentissement temporel passager qui me permit une fois de terminer un devoir d'une heure en 10 minutes, comme demandé par mes professeurs.

Je demandai à Astartes de me donner le plus puissant des pistolets que j'avais essayé jusque-là. Il me jeta un regard d'incompréhension puis me prêta un lourd revolver chromé où était gravé "Tirez maintenant, demain verra peut-être votre mort". Il le chargea de 6 balles, chacune avec une tête d’avonium. Je me concentrais et me dressais sur mes pattes arrière tandis que je lançais mon sort. Il n'était pas très douloureux, mais assez difficile à réaliser. Mes tremblement ayant cessé et le revolver moins lourd, je pus facilement aligner le canon sur la cible. J'appuyais sur la détente. Le projectile partit aussitôt et s'écrasa sur le centre du cercle rouge qu'il y avait en face de moi. J'interrompis le sort et retombai à terre. Astartes, surpris, me demanda comment j'avais pu réussir à faire mouche avec une arme qui m'avait quasiment arraché le bras la première fois.

"J'ai utilisé, même si ce n'est pas le but recherché, un sort de déformation temporelle. Ce qui n'a duré que quinze secondes pour vous a duré une minute pour moi, d'où la perfection de ce tir.

- Incroyable... Comment appelez-vous ce sort ?

- Hé bien, il n'a pas encore de nom. Mais je proposerai bien le nom "Temps de la balle". Qu'en pensez-vous ?"

Il accepta et je lui enseignai comment le réaliser. Astartes était un très bon élève et en moins de dix minutes, il savait déjà le maitriser aussi bien que moi. Une fois l’arme choisie, nous pouvions partir. Une longue et difficile route nous attendait. J'allai signaler à Scootaloo notre départ. En entrant dans le stand de tir, je l’apercevais debout, tenant avec force son fusil. Elle avait déjà vidé une dizaine de chargeurs. Son arme hurlait à chaque fois qu'elle pressait la détente. Bien qu’elle m'ait vu entrer, elle ne me prêta aucune attention, trop concentrée sur sa cible. C'était une professionnelle.

Puis soudain, je compris. Je compris pourquoi elle déchargeait tant de haine sur un pauvre morceau de carton :

Un poster dédicacé de Rainbow Dash sur lequel était écrit "Amitié éternelle, Rainbow".

Cette promesse avait tourné en mensonge, un mensonge que seule la vengeance pouvait laver selon la jeune pégase.

Elle déchargea une dernière fois le chargeur de son fusil, le remplit, l'accrocha à sa ceinture, plia son arme et me dit :
"Je parie que tu es venu me chercher pour qu’on parte. Tu as finalement trouvé une arme qui t'allais ?

- En fait, les deux m'allait très bien et d'après Astartes, leurs possesseurs n'en aurons plus besoin" lui répondis-je en lui montrant les deux pistolets. Elle fut surprise en voyant le gros revolver métallique.

"Maintenant, il faut bouger sinon cette guerre ne se terminera jamais..."

Coffee était entrée et avait sifflé pour obtenir notre attention.

"Eh ! Vous deux ! AJ nous prête un taxi pour aller sur les lieux plus vite. Prenez vos affaires, on part dans dix minutes."

Astartes m'a alors donné le revolver, un pistolet AT-18 presque neuf, deux holsters, et une boite de munitions. Au moment du départ, il m'arrêta pendant trente seconde, se mit face à moi, une patte sur mon épaule, et ferma les yeux. Il avait prié pour moi, pour ma réussite. J'étais assez troublé, ne sachant pas comment réagir.

Nous descendîmes alors du VTB. Je m'assurais que mes deux armes étaient chargées et que j'avais enlevé la sécurité, comme me l'avait indiqué Astartes.

Je les gardais dans leurs rangements respectifs, de chaque côté de mes flancs : j'avais horreur de tenir une arme, même si j'en avais déjà eu l'usage avant que la guerre n'éclate.

La rue était éclairée en partie par la lune, quelques lanternes et des maisons en flammes. Nous étions observés par des ombres menaçantes passants par les toits. Nous étions prêts à dégainer au cas où c'était nécessaire. Le Sugar-cube Corner n'était qu'à deux rues d'ici.

Nous entrâmes dans la première rue. La plaque sur laquelle était marqué son nom avait été arrachée, certainement fondue pour créer une arme au début de la guerre. Plus personne n'empruntait ce passage sans vies que la lumière blafarde de la lune rendait encore plus triste, mis à part les nombreux assassins cannibales de Pinkie Pie. La rue était calme pour l'instant. C'était très mauvais signe...

Plus nous avancions, plus je sentais que nos observateurs disparaissaient. L'inverse aurait été moins inquiétant. Nous étions sur nos gardes. Tout à coup, les lanternes s'éteignirent, nous laissant dans une obscurité presque totale. Coffee avait sorti son arme et Scootaloo avait roulé pour se mettre à couvert. Une présence massive, agressive et courageuse nous avait pris pour cibles.

Agressive, mais familière...

J'étais resté au milieu de la rue malgré les ordres de Coffee. Une voix forte nous avait alors crié :

"Posez vos armes à terre ! Maintenant ! Je promets sur mon honneur que je ne vous ferrai rien !

- Comment pourrait-on vous croire ? Qui êtes-vous ?

- Posez vos armes, vous verrez bien !

- Vous êtes un assassin ?"

L'inconnu marqua une pause.

"Je suis juste quelqu'un qui veut que cet enfer se termine"

A ce moment là, j'ordonnais à mes gardiennes de ranger leurs armes. J'étais désormais sûr de qui il s'agissait.

"On pose nos armes. Sort de l'ombre, on a un objectif commun je crois.

Un instant après, l'inconnu sortit de sa cachette et j'allumais une lumière magique à l'aide de ma corne.

- Black Jack ? C'est vraiment toi ?"

Il mesurait au moins un mètre cinquante, il portait un pantalon renforcé et un gilet pare-balles. En dessous de celui-ci, on distinguait clairement que son corps était couvert d'écailles d'un violet assez pâle et des épines dorsales d'un vert clair, de même que ses yeux perçant. Dans son dos, on voyait qu'il portait une faux dont la lame était en Draconium, un élément que seul les dragons savaient forger, sur laquelle il était écrit "N'oublie jamais, Ne pardonne jamais", le credo des Défenseurs du Souvenir. Elle avait été récemment utilisée car du sang coulait encore de la lame incurvée.

"Ravi de te revoir, Spike. Tu ne pouvais pas tomber mieux." Avais-je alors répondu

- Spike ? Punaise tu as beaucoup grandit !

- Je pourrais te dire la même chose Scootaloo !"

Spike n'avait pas remarqué la prothèse de la jeune pégase à cause du coup de peinture qu'elle avait passé dessus.

"Attendez, vous connaissez ce... Monstre ?" Questionna Coffee

Spike éclata de rire.

- Bien sur ! C'était l'assistant de Twilight avant tout ces événements." Ajouta Scootaloo "D'ailleurs, pourquoi n'es-tu pas resté dans son camp ?"

Spike mit un temps, puis répondit :

"Elle est purement et simplement devenue folle... Je suis parti juste après toi Jack, je ne suis pas resté assez longtemps pour voir les dégâts... Ensuite, j'ai bataillé aux côtés des Défenseurs, même si leur cause était vouée à l'échec. Je ne me suis pas trompé d’ailleurs. J'ai hésité à rejoindre Rarity, elle me voyait comme une réserve d'écailles. Donc je me suis refugié ici, là où les Troopers de cette dernière n'osent pas s'aventurer. J'aide les quelques personnes neutres contre la folie et les assauts répétés des assassins.

- Les personnes neutres ?" l’avait interrogé Coffee

- Celles qui essaient de survivre tant bien que mal, sans se battre pour l’un des camps. C'est pour eux que je souhaite le retour de la paix. Laissez moi vous accompagner, je sais où vous allez..."

Une personne de plus n'était pas de refus, de plus un grand guerrier endurci par la guerre pourrait toujours être utile en cas d'affrontements violent.

Nous empruntions alors une ruelle que nous indiquant le dragon. Des poneys nous regardaient derrière les fenêtres poussiéreuses des maisons. Ils avaient le regard vide et la mine triste. Ils ne pouvaient pas sortir de chez eux sans se faire découpés et dévorés sur place en quelques secondes. Ils étaient devenus les observateurs silencieux d'un monde à l'agonie...

L'avenue finale s'ouvrait à nous. Un groupe de chasseurs-tueurs entouraient le Sugar-Cube Corner et, en haut de la route, un autre groupe nous attendait, nous coupant ainsi toute retraite. C'était parfait, car nous n'irons que droit sur notre cible. Spike déplia sa faux qui devait mesurer dans les trois mètres. Coffee vérifia que son chargeur était plein et en fixa un deuxième sur le premier pour recharger plus rapidement. Scootaloo déplia la totalité de son arme et fixa une lunette de visée à courte portée. Nous étions prêts, le sang allait couler...