Matière grise ?

Full Metal ALCHEMIST BORDAYYYYYYYYYYYYYYYYL !!!§§§111eleven ^^

Le fait de nous être débarrassés des assassins qui bloquait notre route et de les avoir ralliés à notre camp nous avait permis de sauver de nombreuses vies, mais aussi de libérer les souterrains de la viles, reliant directement le laboratoire N°3.

Il n'y avait que très peu de chance que le passage soit grand ouvert jusqu'au labo. La tactique était de provoquer un conflit de grande envergure pour mobiliser toutes les troupes de tous les avant-postes. Quoi de mieux pour ça que deux armées surarmées et largement supérieures en nombre ?

Nous ne pouvions passer par la surface : la bataille ferrait rage et je n'ai pas envie de passer de lignes en lignes une seconde fois.

Les égouts étaient sombres et puants. Scootaloo refusait de toucher le sol alors que nous étions bien obligés. Le manque de luminosité était un problème plus sérieux : impossible de savoir si un ennemi nous avait repérés sans le voir. Et si j’allumais magicalement la pièce, nous perdrons nous aussi cet avantage. Après un moment de réflexion, et après m'être pris un tuyau de canalisation dans la tête, nous avions décidé que le fait d'allumer quelques lumières pour nous repérer dans le noir était essentiel si nous ne voulions pas tous finir assommés.

Nous avancions prudemment. Les égouts avaient beau être calmes, cela ne voulait pas dire que des soldats de la FCR pouvaient s'y cacher. A un croisement, nous avions entendu du mouvement malgré le cliquetis régulier des goutes d'eau sur le sol boueux. Nous avancions discrètement, de peur que cette présence ne soit pas amicale.

J’ouvrais la marche, le pistolet en face de moi, la sécurité dégagée et le chargeur plein.

Dans un tuyau se tenait allongé un pauvre corps inerte. J'avais alors avancé vers celui-ci après avoir demandé à mes alliés de surveiller le conduit principal et de m'attendre.

Pas à pas, je m’approchais de ce qui me semblait être un piège de la FCR. Je connaissais le coup de la "mine de pitié". La technique était simple, vous allongez un cadavre fraichement abattu avec un capteur relié à un explosif entre le thorax et l'estomac, de sorte à ce que si quelqu'un le soulève, le pousse, ou simplement le secoue pour le réveiller, se fasse déchiqueter par des dizaines de shrapnels osseux, en plus de la force de la détonation.

Cependant, quelque chose n'allait pas dans ma théorie : le "cadavre" était vivant. Il frémissait de douleur, croupissant dans une eau poisseuse, la hanche droite ouverte, le dos en sang et les côtes fracturées. Elle avait la crinière rouge écarlate et le corps totalement gris. Sa marque ressemblait à une épée, ou je-ne-sais-quoi d'autre, je ne me rappelle plus bien...

Quand je fus assez proche pour entendre le faible bruit de sa respiration, elle ouvrit grand ses yeux d'un rouge perçant, comblé d'un noir de jais très profond. Elle ressemblait à un démon, comme ceux des livres pour enfants. Cependant, elle avait peur. Peur que la mort apparaisse en face d'elle. Elle tentait de reculer mais à cause de ses blessures, elle était condamnée à rester au sol. J'avais alors rangé mon arme et j'avais intensifié ma puissance magique. Elle s’était mise à se débattre férocement à la vue de l'halo vert qui l'entourait désormais.

"Pas de panique, je ne suis pas là pour t'achever" avais-je alors dit tout en continuant à concentrer mon sort.

Sous ses yeux, toute ses blessures se refermaient, se cicatrisaient instantanément. Lors de la manipulation je l'avais délicatement soulevée pour la remettre sur ses pattes.

"Voila, ça ira mieux comme ça."

- Vous, m'avez soignée ? Merci beaucoup, il y a un moment que j’étais dans cet état. Je m'appelle Retika, mais vous, qui êtes vous ?"
J'avais marqué une pause

"Aucune importance. Mais vous ne devriez pas rester là, il se peut que d'ici quelques minutes, plus de la moitié des soldats de la FCR se parcours dans ces mêmes tunnels à notre recherche."

J'avais vu son visage se glacer, devenir plus gris encore que jusqu'à présent.

"Vous allez vers le laboratoire N°3 ?"

- Comment connaissez-vous son existence ?" Demanda Coffee m'ayant rejoint à ce moment là "Il est sensé ne même pas exister !

- Alors je ne devrais pas exister alors..."

Elle était restée la tête baissée pendant une petite minute avant de la relever une nouvelle fois et de finalement nous parler

"Il y a quatre mois de cela, quand tout à commencé, j'ai choisi de rejoindre la FCR. Je voulais le faire uniquement pour avoir les moyens de survivre. J’avais participé à plusieurs dizaines de batailles, néanmoins, je n'ai jamais tué personne, de peur que ceux-ci ne viennent me hanter plus tard. Une stupide superstition. Deux mois plus tard, ils m’avaient choisie pour participer à un programme d'entrainement pour super-soldats, dans le laboratoire N°3. Je n'avais pas eu le choix, ils m'avaient emmenée dans un endroit sous haute surveillance. Ils nous avaient même bandé les yeux pour ne pas que l'on sache comment faire pour s'enfuir. On était que des "sujets-tests" pour eux. J'étais le Numéro 13. Les trente scientifiques sur ce projet nous faisaient avaler pilules sur pilules, contrôlaient notre rythme cardiaque, respiratoire, nous faisaient faire du sport jusqu'à l'épuisement total. Beaucoup d'entre nous n'avaient pas résisté à la surcharge de travail et avaient abandonné. On était souvent en groupes de deux lors des tests de reflexes en situation de combat. Mon Co-équipier s'appelait Black Cristal."

A ce moment là, sa voix devint dure et sèche

"Il s'appelait...

- Que s'est-il passé ensuite ?" avais-je maladroitement demandé

- Ce jour là, ils avaient fait le "Grand Nettoyage" ou "L'ultime test". Ils nous ont mis tous en rangs, braqués leurs armes sur nous et avaient ouvert le feu..." Elle fondit en larmes, tout en continuant sa description, la voix emplie de terreur "Personne n'a survécu... J'ai vu tout mes amis mourir sous mes yeux. Black Cristal était tombé inanimé dans mes bras impuissants. Certains avaient essayé de neutraliser les gardes, mais rien n'y fit. Leur sang avait giclé sur la crinière des autres et la mienne. Et il est resté encré dessus, si bien que je ne me souvient même plus de la couleur qui était là à l'origine..."

- Attend, tu es la seule à avoir survécue" Cassa Scootaloo "mais tu dis que personne ne s'en est sorti, je ne comprends pas bien..."

Retika hocha la tête, sécha ses larmes et continua

"Vous ne voudrez pas me croire mais vous le devez. En réalité, Je suis... Morte, moi aussi. On m'a abattue, comme les autres."

Cette dernière parole nous jeta à tous un froid

"Alors tu es quoi ? Un fantôme, un esprit vengeur, un zombie, un mort-vivant ?" Questionna Spike, sur un ton sec

- Je n'en sais rien moi non plus. Je ne me rappelle même plus qui j'étais avant de devenir si... Grise..." Elle marqua une pause, cherchant dans ses souvenirs les plus profonds la réponse à cette question :

"Ils appellent ça le gène de "l'âme noire". Stimulé par divers produits chimiques, il peut, dans seulement 20% des cas, rendre quasiment immortel. J'étais la seule à répondre positive à tous ces tests, le dernier servait uniquement à l'activer définitivement. Quand un poney meure, son corps s'arrête bien après l'âme de celui ci. Dans mon cas, c'est l'inverse. Mon corps s'est arrêté, mais je suis toujours consciente. Je n'ai besoin... Que... Peu de choses pour survivre.

- Tu veut dire que tu est réellement immortelle ?" Interrompis Coffee

- Pas exactement. En fait, je ne peux que moduler à volonté la densité de mon sang. En gros, si tu me tire une balle dans le ventre, elle s'arrêtera à ma peau et je ne sentirais qu'un léger picotement. Les lames non plus ne sont pas un souci pour moi. Elles peuvent me causer des plaies béantes, mais ce n'est pas pour autant que j'en souffrirais. Je suis morte, tout simplement. Le mieux serait de vous montrer, regardez"

Elle tira le couteau papillon de la ceinture de Scootaloo, le déplia et se taillada d'un coup sec l'une des veines de sa patte avant. Au début, le flot de sang fut si rapide à couler que l’hémoglobine avait presque remplacé l'eau croupie qui était au sol. Puis soudain, plus rien. Aucune goute n'en sortait, comme si elle s'était vidée en à peine dix secondes, même pas. Puis après, il se remit à couler, au grès de son possesseur.

"Physiquement, je suis capable d'endurer les pires supplices sans broncher." Repris alors la ponette grise, tout en rendant le couteau à Scootaloo qui le replia avec agilité.

"Psychologiquement, J'ai l'impression de devenir folle a chaque fois que je me rends compte que je ne peux être blessée, mais ça, il parait que c'est normal..."

- Incroyable... Tu aurais être la pièce maitresse d'un projet de super-soldats invincibles, comment à tu pu t'échapper ?" Avais-je alors demandé

Son expression tourna au dégout. Un profond dégout de soi.

"Je... Je préférais ne pas en parler...

- En tout cas merci pour les infos, on saura à quoi s'en tenir. Tache de rester en vie jusqu'à la fin de cette foutue guerre."

Elle me jeta un regard assez frustrant et me dit, sur un ton assez grave, avec un tremblement de froid qu'elle essayait tant bien que mal de contrôler, tout en poussant un léger rire, ce qui fit déplier son arme à Coffee et la braquer sur elle.

"Je suis déjà morte, ça peut pas être pire. Si vous cherchez à entrer dans le laboratoire n°3, continuez toujours tout droit, vous arriverez dans une impasse. Là, foncez les yeux fermés dessus, vous me remercierez plus tard. Je ne vous accompagne pas, j'ai... Des choses à faire..."

Sur ces mots, elle poussait de sa patte le fusil de la ponette rougeâtre et passait devant Spike et Scootaloo sans les regarder, ni se retourner.

"Je sais pas ce qui ce passe dans cette saleté de labo, mais mieux vaut rester sur nos gardes." avait déclaré la pégase semi-métallique.

Le tunnel semblait sans fin. Les nombreux carrefours nous obligeaient à stopper souvent notre progression, nous ralentissant énormément. Cependant, mieux valait garder l'effet de surprise, en plus, la section du tunnel que nous parcourions désormais était éclairée, rendant notre groupe visible. Cependant, les tunnels était calmes, trop calmes. Nous n'entendions que nos bruits de pas, des déplacements réguliers, légers, et calmes. Nous guettions des mouvements ordonnés, lourds et lents, comme ceux de soldats de la FCR en armure assisté, à l'affut de la moindre cible; ou des mouvements désordonnées et rapides, ceux qui caractérisaient les rares survivants d'un quelconque camp, cherchant un abri pour échapper surement à ceux à qui appartiennent le premier type de mouvement. Bien sur, le contact visuel restait le meilleur moyen de confirmer une menace.

A ce moment là, à un carrefour, Coffee, alors qu'elle vérifiait à gauche nous fit signe de sa patte droite qu'elle avait entendu du bruit. Le silence restait notre meilleur atout, il fallait s'efforcer de ne pas parler. Nous nous somment rapidement regroupés autours d'elle pour écouter à notre tour.

"CRrr... Task 141, ici Big Sister, quelle est votre situation ?

- Ici Capitaine The Bard, rien à signaler, c'est le calme plat.

- CRrr... Bien compris Task 141. Rappelez-vous, le Dr. Smart Brian veut le spécimen numéro 13 vivant. Je répète, vivant.

- Ecoute moi bien, Big Sister, moi et mes hommes, on n’en a rien à cirer de ce prof timbré ! Après ce qu'à fait cette connasse a mes amis, je te jure que si je croise son chemin, elle se prendra une balle entre les deux yeux ! Fait passer à ce débile de Smart !

-CRrr... Task 141, restez calmes, vous serez moins efficace sinon. Autre chose, un groupe restreint d'opposants à notre grande maitresse sont sensé passer par votre secteur. Redoublez de prudence. Ils sont armés et dangereux. Autorisation de tirer à vue.

- Bien reçu, ça c'est un ordre qui me plait !"

Nous avions tous compris de qui il s'agissait. Nous avions relevé 3 voix par la suite. Scootaloo avait changé le canon de son fusil pour un plus court et son viseur par un simple pointeur lumineux. Elle gardait une grande partie de son équipement dans le sac qu'elle portait sur son dos. Coffee avait chargé son arme et allongé sa crosse.

"Wow, on se calme. On est obligés de les abattre ?" avait chuchoté Spike

A ce moment là, Fluttershy, que j'avais complètement oublié, se réveilla.

"Vous allez les tuer ? Mais ils ne nous ont rien fait !"

Son timbre de voix étant assez faible, elle avait beau crier, il en sortait qu'un doux chuchotement, chose qui m'avait toujours fasciné chez elle.

"Uniquement si on se fait repérer. Je n’ai pas envie qu'un coup de feu retentisse et trahisse notre position.

- Promet le moi Jack, promet moi qu'il ne leur arrivera rien..."

Le visage de Coffee n'avait plus rien de similaire avec l'expression qu'elle affichait habituellement. Fluttershy avait pris un contrôle total sur ses faits et gestes. J’étais bloqué. Obligé de promettre quelque chose que je ne pouvais tenir. Heureusement Scootaloo répondit plus rapidement que moi.

"Tu crois que ça nous amuse d'ôter la vie à des personnes que l'on connait ? Et même celles qu'on ne connait pas ? Tu dois comprendre que l'on ne peut tenir une promesse comme ça. Si on doit le faire, alors on le fera. Mais pour le moment, tait toi, et rend son corps à Coffee, s'il te plait."

A ce moment là les lumières s'éteignirent brutalement. Fluttershy se blottit soudainement contre moi avant de laisser sa place à Coffee qui me repoussa brutalement. Un bruit de pas suspect s'ajouta aux bruits des armures assistées des soldats de la FCR.

"Vous avez entendu ça ?" cria un soldat, d'une voix étouffée par la peur.

- Bien sur que oui ! Passez en mode nocturne, sortez vos armes, en formation !" Répondit Le chef de l'équipe.

Nous observions la scène en silence. Les lumières des voyants des armures adverses nous permettaient de bien les situer. Quant à nous, nous ne voyons même pas à un mètre devant nous. Impossible de bouger dans ces conditions. Un grincement se fit entendre. Le bruit aigu du métal trainant au sol, suivi d'un rire étouffé et celui des armes que l'on charge.

"Enfin je te trouve Fitz... Tu te souvient de moi ?" Avait questionné une inconnue, d'après son timbre de voix

Ce n’était pas celui de Retika, que nous avions vu précédemment. Sa voix était bien trop fluette pour être la sienne. Elle devait donc être jeune, très jeune.

- Si tu te montrais, je pourrais te répondre ! Sort de ta cachette, parasite !

- Oh ! Parasite ? C'est tout ce que tu as trouvé ? Franchement, tu es plus doué en gestes qu'en paroles !

-Mouvement suspect à gauche !"

Sur ce coup ci, c'était nous qui étions visés. Coffee et Scootaloo étaient apparemment passée en face de nous, derrière le deuxième pilier de l’arche qui constituait l’entrée du tunnel. Le commandant hurla ses troupes de faire feu. Plusieurs dizaine de bolts de plasma en fusion passaient près de nous. Un long ricanement résonnait le long du tunnel.

« C’est tout ? Non, sérieusement, déjà que vous visez mal, si en plus vous vous permettez de tirer au mauvais endroit… Vous me faites pitié, même votre technologie ne peut vous aider, vous êtes à ma merci. » Puis le long ricanement recommença de plus bel.

- Je voudrai bien voir ça !

- C’est tout vu ! »

Une explosion de lumière avait emplis la pièce, aveuglant tout le monde. Nous avions mis un temps avant de pouvoir rouvrir les yeux. L’explosion était de nature magique, pas physique. De plus, j’étais le seul à savoir faire des grenades au phosphore. Les hurlements de douleur des soldats aveuglés avaient laissé place à quelque chose d’assez surprenant : l’un d’eux avait hurlé que son fusil ne fonctionnait plus, un autre déclara que son armure ne répondait plus, un autre qu’il était bloqué. Elle avait grillé leur électronique, et le pire, c’est que je ne savais pas comment. Ils étaient bloqués, face à une puissante magicienne.

« Tu ne t’en tirera pas comme ça ! Où est tu, parasite ?

-Juste derrière toi. » As-t-elle dit d’une voix douce et mélodieuse, juste avant de lui assener un coup à la tète d’un objet métallique.

Elle fit de même pour tous les membres de l’escouade. Au milieu des cris de douleur et des supplications, on entendait son rire. Un profond plaisir l’animait, conduit par une vengeance qu’elle attendait depuis sûrement longtemps…

Puis soudain, plus rien. Plus aucun bruit. Même celui des victimes tentant désespérément de s’accrocher à la vie avait disparu. Les lumières commencèrent à se rallumer. Spike était à ma gauche, Scootaloo et Coffee juste en face. Un rapide coup d’œil me permis de voir que le passage était libre. Les cadavres des soldats étaient cependant toujours là, comme si ils s’étaient fait abattre par une ombre.

« Il faut que j’y jette un coup d’œil. S’ils viennent du labo n°3, ils ont surement des cartes d’accès ou d’autres choses utiles sur eux. De plus, je veux savoir ce que c’était que ce flash.

- T’es fou ou quoi ? » Avait hurlé Scootaloo « Tu veut finir comme eux ?

- Ce ne serait pas très prudent, en effet. » Avait ajouté Spike « Laisse moi t’accompagner au moins.

- Ok, si tu veux. Couvrez nous, vous autres. On ne sait jamais ce qui peut arriver. »

Nous nous sommes alors approchés de ces corps en armure, resemblant plutot a des boites de conserves. La peur nous prenait aux tripes, mais j’étais déterminé à savoir qui était derrière tout ça…

Juste une précision : La "connase" et le "debile" cela désigne Smart Brain ? Car c'est un mâle autrement. Et y a juste une faute de frappe : tu as mis Brian au lieu de Brain.

Si ça peut t'aider à le décrire par la suite.

Chaque pas…

Chaque pas me donnait l’impression de me rapprocher de plus en plus d’une mort certaine. Aussi bien d’un aspect global, que dans le cas présent. Plus j’y réfléchissais, plus j’avais l’impression que quelqu’un avait écrit mon nom, en gros, dans un cahier. Ce cahier, on l’appelle le destin, le sens de la vie, le livre universel de la vie et de la mort ou tout autre noms, plus précis les uns que les autres.

Mais revenons au présent, voulez-vous.

Nous nous approchions donc des cadavres. Spike était une bonne escorte, sa taille massive pouvait intercepter tout projectile tiré dans ma direction, sans pour autant en souffrir, au vu de son épaisse cuirasse. Nous inspections donc les cadavres. J’en profitais pour récupérer les insignes de ces soldats, vaincus au combat par une force bien plus déterminée qu’eux. Captain Fitz ‘’the bard ‘’ Belle, Caporal Sunset Light, Specialist Black Cristal…

Black Cristal ? Il n’était pas sensé être mort en même temps que cette pauvre Retika ? Aucune importance, la moitié de son crane était étalé sur le mur... Un sacré massacre. Je ne sais pas qui était derrière tout ça, mais quelque chose disait que je n’allais pas tarder à le savoir. Alors que je fouillais le cadavre du capitaine de cette escouade, et récupérais sa clé d’accès au laboratoire n°3 par la même occasion, les lumières commencèrent à grésiller puis s’éteignirent.

« Qui êtes vous pour vous croire capable de voler mon butin impunément ! »
La voix, aigue et forte à la fois, mêlée à un long rire, venait à nouveau de retentir. Spike se rapprocha de moi me murmurant « Je te l’avais dit ! » pendant plusieurs minutes. Mais avant que je ne puisse lui répliquer quoi que ce soit, un lourd objet en métal m’atteignit à la tête et me fit perdre connaissance.

Quand je me réveillais, les lumières étaient revenus, mais tout était flou pour moi. Impossible de vous dire pourquoi, mais il fallait que je m’adosse à ce mur, en face de moi. Une force, aussi étrange que puissante me l’ordonnait. Ou alors, j’avais tellement mal à la tête que je ne savais plus ce que je faisais. Je rampais, tant bien que mal, vers ce mur. J’étais encore sonné quand je l’atteignis enfin. Autours de moi, plusieurs personnes bougeaient, criaient, manquant parfois de me piétiner. Je m’adossais alors contre le seul élément de décor qui n’était pas flou à ma vision. Impossible de savoir ce qui se passait. Parfois, un bruit sourd venait s’ajouter aux autres, mais je ne pouvais clairement l’identifier, tant mes facultés en étaient réduites.

Soudain, je compris ce qui se passait.

Les cris n’étaient autres que les hurlements barbares de Spike, faisant face à son ennemi, mêlés aux « Baisse-toi ! » de Coffee et Scootaloo essayant d’aligner leur cible sans blesser le dragon. Les déplacements frénétiques étaient ceux d’une « ombre » orange et rouge encapuchonnée, tentant de défaire le monstre, violet et écailleux, à l’aide de son unique arme, que j’identifiais comme une simple clé a molette, faisant presque le taille de son possesseur. Le bruit sourd était clairement celui de la détonation de l’arme de Coffee mêlé au hurlement de Spike qui ne pu encaisser le projectile, traversant sa cuirasse et touchant sa chair, au niveau de son épaule.

Le combat avait ainsi duré quelques dizaines de minutes, pendant lesquelles Spike tentait de repousser son assaillant, tel un ours se battant contre une abeille. Puis la force brute de l’ours fit place aux reflexes du dragon, qui, d’une attaque très précise, empoigna son adversaire, le plaqua au sol puis contre un mur avec violence. Les deux épicentres des impacts furent marqués d’une craquelure semblable à celle d’une explosion et l’on avait entendu très distinctement les os de sa proie se briser.

Coffee et Scootaloo nous avaient rejoints et tenaient en joue notre agresseur qui gisait à terre après que le colosse écailleux l’ait relâché.

« On en fait quoi ? » demanda Scootaloo

- J’n’en sais trop rien. » Répondit le colosse écailleux. « Elle n’ira pas bien loin avec toutes ses fractures.

- Laissez… Moi lui parler. » Avais-je déclaré, alors que je me remettais péniblement sur mes quatre pattes.

Coffee se précipita vers moi pour m’aider, laissant sa cible à Scootaloo. Le sang de l’encapuchonnée ne fit qu’un tour. Elle lança un sort, ou plutôt elle cria ce sort. Il fut d’une telle force que Scootaloo se retrouva propulsée contre le mur, derrière elle, et fit reculer le mastodonte d’écailles derrière lequel nous étions cachés Coffee et moi. Suite à cela, elle attrapa sa clé a mollette et sauta pour donner un coup vertical visant à assommer le dragon, une bonne fois pour toute. Mais une fois de plus, il avait été plus rapide, l’attrapant par son cou d’une de ses mains crochues et la désarmant en lui donnant un coup dans les cotes de l’autre, puis l’éclatant contre le mur, créant ainsi un troisième impact.

« Bordel de merde ! Je ne veux pas te tuer ! » Cria-t-il « Tu es folle ou quoi ? Je pourrais te déchirer le ventre en un coup si je le voulais ! »

L’encapuchonnée, ensanglantée, se mit à rire.

« La folie… Es-ce une mauvaise chose après tout ? Beaucoup de personnes ne savent pas s’écarter du chemin de la mort… Le même chemin que j’ai pris… J’ai échoué, une fois de plus. Tue moi, dragon, je ne mérite que ça… »

Surpris de ces paroles, Spike relâcha son emprise et la laissa une nouvelle fois tomber à terre.

Elle restait inerte, le souffle court, crachant régulièrement son propre sang, mais elle gardait le sourire.

« Je suis sûr de te connaitre… » Avais-je dit tendis que Coffee se précipitait une nouvelle fois pour aider Scootaloo. « Ta vivacité, ton arrogance, ta grande puissance magique, mais aussi ta stupidité liée à ton jeune âge… » Je m’étais approché d’elle. Tirant sa capuche vers l’arrière, je dévoilais sa crinière d’un rouge éclatant et son visage, dont le pelage était d’un jaune assez clair, taché de sang, maquillé de nombreux piercings et de plaies sanguinolentes.

« Apple Fire… »

Elle était l’une des nombreuses cousines d’AppleJack, née à l’origine loin de Ponyville. Elle était la plus faible et la plus fragile de sa famille mais aussi l’une des rares licornes composant celle-ci. Elle était venue ici, il y a de cela de nombreuses années, à l’époque où je passais mes vacances à faire des cocktails pour payer mes études. Elle était encore blanc-flanc à l’époque et je ne connaissais que très peu les cinq amies, qui ne l’étaient pas encore à l’époque, que très peu…

Elle était venue au bar ce jour là. Elle était très triste et angoissée. Elle en pleurait.

« Allons, allons, sèche tes larmes. Y’a pas de raisons de pleurer en une si belle journée. Raconte-moi ce qui t’arrive petite. »

Elle ravala sa salive et commença son histoire.

« Personne ne m’aime dans ma famille… Ils disent que je leurs suis inutile, que je suis trop faible pour les aider. Qu’une licorne, ça ne leur sert à rien… »

Profondément outré intérieurement, c’est à ce moment là que je me suis dit que je ne pouvais pas me contenter de lui sourire et de la consoler.

« …Et ils m’ont envoyés travailler chez cousine AppleJack.

- Eh bien, elle est gentille AJ, non ?

- Oui, elle est très gentille, mais elle ne pense qu’à travailler, travailler et travailler… J’en ai marre de cueillir des pommes ! C’est horriblement long et douloureux !

- Et tu n’as jamais pensé à utiliser ta magie ? C’est plus facile avec, non ? »

Elle me regarda, surprise.

« Ma… Quoi ? »

Sur le moment, ces paroles m’ont laissé perplexe. Se moquait-elle de moi, ou était-elle ignorante de la puissance qu’était la sienne ?

« Eh bien, ta magie ! Regarde. »

J’avais fait léviter un shaker que j’avais remplis de divers jus de fruits. J’avais ensuite secoué le mélange et vidé celui-ci dans un verre que je posais devant elle.

« Tiens, cadeau de la maison.

« Ouah… » S’émerveillait-elle. « Comment tu fais ça ? Je n’ai jamais vu ça avant… Tu me montres comment ça marche ? Dit oui !

- Tu sais, c’est assez simple avec de l’entrainement. A ton tour. Essaye de lever ton verre sans le toucher.

- Comment je fais ? J’ai peur de me tromper…

- Concentre-toi sur ce verre, pense très fort qu’il est en train de voler. »

Et c’est ce qu’elle fit. Je voyais bien qu’elle y mettait toute sa volonté, mais le manque d’entrainement faisait en sorte qu’elle n’arrivait qu’à soulever son verre qu’un peu plus au dessus de sa tête. Le verre tremblait… Bizarrement… Mais je le voyais nettement commencer à se fendre avant qu’elle n’arrête d’épuisement.

« C’est plutôt… Pas mal… tu n’avais jamais essayé avant ?

- Je ne savais même pas que c’était possible ! Dit m’en plus, je veux tout apprendre ! Dit oui s’il te plait !

- Ha ha, je veux bien, mais tu ne m’as toujours pas dit ton nom !

- Toi non plus que je sache ! »

Elle avait raison. Très maline pour une gamine de son âge…

« D’accord, moi c’est Black Jack et toi ?

- Apple Fire ! Alors, tu va m’apprendre quoi Black Jack ?

- Doucement, jeune fille ! Je fini mon service dans une heure, j’irais ensuite demander à ta cousine si je peux t’enseigner quelques sort pour que tu puisses tous les bluffer. Je suis sur que d’ici quelques jours, tu seras capable de cueillir plus de pomme qu’AppleJack, elle-même, en une heure !

- Plus que 1259.35 pommes par heures ? Je pense pas, ça fait tout de même environ 20.93 pommes à la minute ! »

Je restais dubitatif… Elle s’était vraiment amusée à compter le nombre de pommes cueillies par heure ? Elle était très douée en tout cas pour faire des calculs de tête.

- Euh… Je suis sûr que c’est possible ! Mon service se termine dans une heure, je demanderai à AJ si tu pourras suivre mon « cours » après mes heures au bar.

- Oh ! C’est vrai ? Merci ! Mercimercimercimerci… »

Comme je lui avais promis, je suis allé, après mon service, à la Sweet Apple Acres. La fermière était d’accord, cependant, elle posa ses conditions : qu’elle ne parte pas plus d’une heure et que je ne lui enseigne que des choses utiles, qu’elle ne se mette pas à faire de la ferme un barbecue après avoir reproduit un sort de boule de feu. Je lui promis sur mon honneur qu’une pareille chose n’arrivera pas, pour la simple et bonne raison que je ne connaissais, à l’époque, que très peu de sorts élémentaires et que je n’était pas bête au point de donner une arme à une gamine…. Ainsi, j’aidais, le soir, après mon service au bar, la petite Apple Fire à se perfectionner dans l’art de la magie. Je lui montrais principalement comment contenir et amplifier sa puissance en ce fatiguant le moins possible. Cueillir des pommes était une chose, cueillir TOUTES les pommes d’un seul arbre d’un coup, sans cogner une seul fois le tronc de ses sabots, en était une toute autre. Pendant les deux mois qui constituaient les vacances d’été offertes aux étudiants par Celestia, elle était arrivée même à égaler ma propre puissance à son âge, alors que jamais elle ne l’avait utilisée.

Elle sautait partout à chaque fois qu’elle me voyait, me transmettant cette joie de vivre, si bien que j’en perdais au poker, mais, l’une des rares fois de ma vie, j’étais heureux. Cependant, j’étais obligé de retourner à Canterlot, poursuivre mes études.

AJ fut sûrement la plus heureuse. J’avais réussit à lui faire reprendre confiance en elle, lui montrer ce dont elle était réellement capable, augmentant les rendements de la ferme et ceux de celle des parents d’Apple Fire. Suite à ma demande, elle revint à la Sweet Apple Acres l’année suivante pour le perfectionnement de ce que je lui avais appris. Elle avait beaucoup grandit, cependant, elle n’avait toujours pas sa Cutie Mark.

Or ce jour vint. Débordée par les rendements de cette année là, AJ demanda l’aide de la famille de celle que j’aimais appeler la « petite prodige », et plus particulièrement celle de ses trois frères. Trois grands mâles terrestres, le genre qu’il ne vaut mieux pas bousculer, vu qu’ils font deux fois votre taille et votre poids en muscles. Le travail était, pour eux, la seule chose qui régissait l’univers et que tout ce qui s’en écartait était pure fantaisie. Ainsi, gaspiller une petite heure en fin de journée dans l’apprentissage de l’art le plus impressionnant et productif était vain et valait mieux être dépensé dans un travail forcé et épuisant.

Apres avoir fait pression sur AJ, ces rustres fermiers interdirent leur sœur de suivre mon cours, après m’avoir bien fait comprendre qu’il ne valait mieux pas que j’insiste, à l’aide de quelques menaces et de coups de sabots bien sentis. J’étais dégouté d’avoir perdu ma seule, et ma plus prometteuse élève. Mais je savais que la plus triste dans cette histoire était la pauvre Apple Fire, privée d’apprendre la seule matière « scolaire » qu’elle aimait.

Ce fut très tôt, un matin d’été que je fus réveillé par quelqu’un criant et tambourinant à ma porte.

« BLACK JACK ! SORT DE LA EN VITESSE ! »

La voix était forte et autoritaire, mais aussi essoufflée et effrayée. J’étais assez dubitatif, qu’allait-il m’arriver lorsque je franchirais le pas de ma porte ?

« C’EST APPLEJACK ! OUVRE, BON SANG ! APPLE FIRE VIENT DE FAIRE UNE CONNERIE ! »

Aie… Pour le coup je m’attendais au pire. Je sortais dehors, voyant une AppleJack à bout de souffle et terrorisée. L’air était empli d’une odeur de brulé et une fumée noire flottait dans le ciel bleu. Je courrais alors vers l’incendie, au milieu du champ de pommiers, conduit par la fermière qui courrait loin devant.

La jeune ponette jaune à la crinière de feu se tenait là, à coté d’un immense brasier qui était autrefois un bel arbre aux fruits mûrs. Jamais je ne lui avais montré un quelconque sort élémentaire, surtout pas ceux de la furie, de la colère et la rage : le feu. Elle était fascinée par cette flamme qui semblait inépuisable. Ses trois frères étaient autours de celle-ci. Apparemment, l’un d’eux avait essayé de s’approcher et regretta son geste, au vu des brulures qu’il avait sur le corps, caractéristiques de celles causés par une boule de feu. Elle venait d’essayer d’immoler son propre frère. Je n’avais cependant pas le choix, il fallait que je m’avance, que je lui explique, que je la sorte de là. C’est ce que je fis. Elle ne réagit pas, même lorsque j’arrivais à son niveau.

« Et maintenant ? » Demandais-je « Que comptes-tu faire ? »

Elle tourna la tête dans ma direction, me regardant droit dans mes yeux, ce même sourire aux lèvres. Ce n’était pas de la folie que je voyais dans ses yeux, mais de la détermination et de l’arrogance.

« J’imagine que tu vas me demander de m’écarter de cet arbre. » Me répondit-elle. Il y avait tant de maturité dans sa voix, comme si je m’étais répondu à moi-même. « Après, toute ma famille me tombera dans les bras, je pleurerais, et on me grondera, m’interdisant la magie pour toujours. Sur ce, dit le, que le destin s’accomplisse… »

Inutile de vous dire ce qu’il s’est passé ensuite. Mais alors qu’elle s’éloignait du brasier, la tête baissée et un rire quasiment inaudible sortant de sa bouche, sa Cutie Mark apparut : celle d’une pomme rouge en feu, symbole de vengeance et de rébellion. Ce fut la dernière fois que je la vit.
La revoir ici n’avait rien d’étonnant. Sa famille a du être appelée par AJ et ses besoins guerriers. Cependant, une chose m’intriguait : pourquoi nous avait-elle attaquées ?

Elle crachait encore du sang, sans doute la cause de la perforation de son poumon droit. Je redoublais d’effort malgré ma migraine.

« Achève-moi dragon, je n’ai plus ma place ici. J’ai échoué dans tout ce que j’avais entrepris en ce monde… »

Spike secoua la tête et rangea son arme, refusant de réaliser son souhait. Je concentrais mon sort de soin sur elle, à son insu, puisant dans mes réserves. J’ai été son mentor, son professeur. Elle, elle avait été cet élève parfait, intelligente mais curieuse à la fois. Peu importe ses choix, je devais l’aider. Je mis un pied à terre. La douleur de venait de plus en plus intense. Coffee me retint. Elle me regarda et fit un timide sourire. Je le lui rendis. La savoir à mes côtés me rendait ma force.

« Je n’ai pas su empêcher cette guerre. Je n’ai pas su abattre cette connasse de licorne avant qu’elle ne mette Canterlot à feu et à sang. Je n’ai pas su convaincre ma propre cousine de renoncer au trône. J’étais redevenu cette petite fille inutile que j’avais été dans le passé. La seule chose en quoi je réussissais, c’était de tuer. C’est la voie que Pinkie m’a montré et celle que j’ai suivi : celle de la folie. C’est la seule qui m’avait prise sous son aile, qui voyait autre chose en moi que de la chair à canon. Je suis la dernière des « Petites sœurs », les gardiennes de ces tunnels. »

Son souffle s’était stabilisé et ses blessures s’étaient refermées pendant qu’elle parlait. Elle tendit une main désespérée vers son arme, alors que les larmes coulaient le long de son visage. Spike donna un coup de pied négligent dans l’arme tout en lui jetant un regard noir. Je repris mon souffle : le coup sur la tête ainsi que le sort m’avaient grandement fatigué. Ce fut soutenu par Coffee que je réussi à arracher ces derniers mots du fond de ma gorge :

« Tu voulais que cette guerre s’arrête, sauver tes semblables et tout ceux qui souffrent, mais tu as échouée. S’il y a une chose que j’ai appris ces derniers jours, c’est que tout le monde à droit à une seconde chance. Scootaloo, Pinkie, ta cousine, toi, moi... Tant que l’on peut encore ce lever, on peut atteindre cette putain de seconde chance. Alors lève-toi ! Ne cherche pas la mort sans penser aux conséquences. Si tu veux mettre un terme à cette guerre, suis-nous. Même si nous nous trouvons dans des camps opposés, nous ne poursuivons le même objectif : finir le combat et retrouver la paix que nous avons perdue. Voici... Ce qu... Nous... Lie.... »

Avant de tourner de l’œil, je pus voir le visage d’Apple Fire : un regard de surprise s’était mêlé à ses larmes, plus nombreuses. Mes compagnons, eux, avait le visage grave. Ils étaient tous aussi ému les uns que les autres. Puis ce fut le néant.