Où Souhaits Sifflotés perd la face devant le dortoir, et se fait emmener en retenue avec Brumeuse et Valentine. Où elle est atteinte d'une crise de démence et s'imagine dotée d'un organe reproducteur masculin. Où elle exerce un viol simulé sur Valentine, qui est sauvée par Brumeuse.

et après c'est le tour de brumeuse d'avoir des hallucinations j'imagine?
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...
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pitié ne répond pas à cette question!J'veux pas être spoiler!
même si je sais que de toute façon t'aurais pas répondu.

Brumeuse poussa quelques gémissements par le nez, qui auraient certainement donné "Valentine! Ca va?!" sans le torchon qui lui obstruait toute la cavité buccale.

La situation de Valentine était en effet des plus inconfortables: elle était étendue sur le sol, la poitrine comprimée par le poids de son entrave de bois, et celui du corps évanoui de Souhaits-Sifflotés, qui n'était pas, et de loin, la plus svelte des juments du dortoir. Elle pouvait sentir l'haleine chaude de son ancienne camarade de chambrée sur son oreille droite, et avait bien du mal à assurer sa propre respiration; avant d'essayer de comprendre ce qui venait de se passer, elle savait qu'il faudrait d'abord se libérer, et vite.

Inutile d'utiliser la force, elle était toujours fermement solidarisée à la croix en bois. Valentine tenta d'écarter Souhaits en lui tirant la crinière grâce à sa magie de poney; mais, ne s'étant jamais vraiment entrainée à manier ce talent, ses tentatives se soldèrent uniquement par quelques longs poils arrachés qui n'aidèrent même pas à réveiller la pouliche bleue. Pire, à force de lui secouer la tête, la corne de Souhaits Sifflotés tomba sur le sol, fragilisée par le coup qu’elle avait reçue.

"Brumeuse... hoqueta t-elle avec difficulté. Ack! Aide-moi!"

Paniquée, Brumeuse chercha une idée, le regard balayant rapidement le alentours à la recherche de quelque objet qui aurait pû leur être utile. Le coupe-papier? Trop risqué, ses compétence en magie étaient insuffisantes et elle aurait certainement égorgée Valentine par erreur. Le globe? Aucune utilité. Le morceau de corne encore sanglant de Souhaits-Sifflotés? ...

Concentrée sur l'objet, Brumeuse ramena le fragment vers elle, le faisant flotter devant ses yeux; à ses pieds, Valentine commençait à suffoquer, sa respiration devenait râle et son visage virait au bleu. Son amie regarda le mur d'en face, qui soutenait un grand tableau noir, serra les dents en amenant la pointe de la corne à son contact et songea qu'évidemment, ça aurait été mieux sans aide extérieure. Mais il y a des moments où on n'a pas vraiment le choix. La pouliche déplaça l'objet sur la surface noire et accrocheuse en appuyant fort, et ses paupières se crispèrent quand résonna un horrible crissement aigü qui déchira le silence de la nuit et réveilla tout le dortoir.

« Qu'est ce qui se passe ici?! Je HAAAAAANNNNNNN!!"

A moitié réveillée et encore en robe de chambre, Madame la Gouvernante avait déboulée en trombe dans son bureau; son empressement s'était mué en stupeur totale quand elle vit l'état dans lequel se trouvait la pièce, encore si propre quand elle l'avait quittée le soir même, et désormais complètement sens-dessus-dessous.

"Qu'est-ce qui s'est passé ici?!" hurla t-elle en arrachant le chiffon de la bouche de Brumeuse. "C'est Souhaits, Madame, je vous jure! répondit celle-ci, terrifiée. Elle s'est libérée, et a commencé à agresser Valentine, oh je vous en prie, libérez Valentine, elle suffoque!"

La vieille jument saisit la crinière de Souhaits Sifflotés par les dents, et la tira avec force sur le côté, avant de redresser la croix de Valentine; celle-ci, les yeux révulsés et la poitrine soudainement libérée, aspira bruyamment l'air et haleta pour reprendre son souffle; Brumeuse laissa retomber sa tête, soulagée.

"Emmenez ça à l'infirmerie, ordonna la gouvernante à ses assistants qui venaient d'apparaître derrière elle, en désignant la licorne étendue par terre. Quand à vous..."

Brumeuse fit un effort pour avaler sa salive; Valentine, elle, dodelinait vaguement de la tête en émettant de petites plaintes, les yeux dans le vide; son esprit n'avait pas rallumé toutes les lumières et c'est à peine si elle eut conscience que Madame la Gouvernante leur adressait la parole.

"... Retournez dans votre chambre, poursuivit celle-ci en rompant leurs liens; les deux pouliches s'étalèrent sur le plancher avec un cri de surprise. On tirera tout ça au clair demain, et soyez assurées que vous ne sortirez pas de ce bureau avant d'avoir fourni une explication crédible. FILEZ!"

Valentine et Brumeuse filèrent en direction du dortoir sans demander leur reste; la pouliche blanche rentra dans un mur au premier virage et poursuivit sa route en zigzaguant maladroitement, sous le regard consterné de l'équipe de surveillants qui emmenaient Souhaits Sifflotés dans la salle réservée aux soins.


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Souhaits Sifflotés se réveilla dans la matinée, pendant que ses deux camarades de la nuit dernière essayaient de faire gober une histoire de viol simulé à une gouvernante qui n'en croyait pas un mot; la lumière blanche omniprésente l'éblouit d'abord, et elle mit un petit moment à se souvenir de l'endroit où elle se trouvait.

Sa corne, ou plutôt ce qu'il en restait, était emballée dans une épaisse couche de compresses diverses, et sa nuque l'irradiait de douleur par endroits; la licorne essaya de se passer une main invisible à cet endroit, et naturellement, ça ne marchait pas; tous ses pouvoirs se trouvaient dans la partie manquante de son appendice frontal. Elle pesta de rage, avant de se souvenir qu'il y avait appendice plus important; Souhaits Sifflotés porta un sabot à son bas-ventre, et constata avec plaisir que son précieux cadeau de la nature était toujours là. Comme mûe par une sorte d'habitude, Souhaits Sifflotés la stimula avec énergie de ses deux pattes avant, et en moins d'une minute, elle s'administrait une de ces violentes décharges de bien-être qui révulsait ses yeux, pliait son corps tout entier et envoyait sa conscience en orbite.

L'instant magique terminé, elle se laissa retomber avec bonheur sur le banc d'examen qui l'accueillait, et songea que les étalons étaient vraiment les êtres les plus chanceux du monde, et que le ciel lui avait fait une vraie faveur ; avec un engin pareil, elle pourrait pisser sans tremper sa queue délicate, accéder au plaisir suprême quand elle le voulait, humilier des pouliches, et même violer des choses. Cela faisait des années déja que Souhaits Sifflotés avait secrètement rêvé de ça... se retrouver à la place du violeur.

Elle sortit de l'infirmerie d'un pas assuré; personne aux alentours. On était jour de repos, et sa chambrée était certainement pleine; toutes ces traitres allaient se rappeler qui était le chef.

Toutes ses camarades vaquaient à leurs activités habituelles quand elle pénétra dans la pièce; s'ennuyer, se coiffer face à un miroir, s'ennuyer encore plus, remplir quelques exercices pour faire bonne impression, dormir, éventuellement se faire des câlins torrides mais pas aujourd'hui, personne n'était d'humeur. Elles levèrent la tête à son arrivée; certaines pouffèrent avec mépris en la toisant, d'autres retournèrent à leurs activités, aucune ne parut heureuse de la revoir. Mais Souhaits-Sifflotés s'était attendu à cette réaction, et savourait d'avance les exclamations étouffées et les commentaires impressionnés qu'elles allaient forcément faire quand elles allaient enfin remarquer l'objet immense sous son ventre qui pendant vers le sol, jusqu'au niveau de ses mollets.

"Les filles... Vous m'avez tellement manquées, sussura t-elle en traversant la pièce, toisant toutes ses congènères d'un regard débordant de suffisance."

"Pas toi." dit l'une, faisant glousser sa voisine.

Ce fut tout. Souhaits-Sifflotés s'arrêta, interdite; fut-ce seulement possible qu'elles n'aient... rien remarqué?

"Et bien, ne remarquez-vous rien?!" s'exclama t-elle, pour tenter d'attirer l'attention.

La pouliche qui répondait au nom de Crépuscule Etincelabt la dévisagea longuement, et rendit son verdict: "Et bien, tu as perdu ta corne, et à part ça, ben... Tu es toujours aussi laide, hihi!"

En une seconde, Souhaits-Sifflotés fut sur elle, lui empoigna la crinière et lui ramena de force la tête vers son entrecuisses. "ET CA, C'EST QUOI?" aboya t-elle, hors d'elle.

"Mais quoi, 'ça'? Lâche-moi, tu es folle où quoi?!" cria sa victime, tentant de se dégager.

"Tu ne vois pas?!" glapit Souhaits Sifflotés, peu à peu en proie à la panique, alors que d'autres pouliches se rapprochaient d'elle, chacune attendant qu'une autre se jette sur la licorne bleue.

"Je vois toujours tes seins ridiculement petits, il devrait y avoir quoi? UN PÉNIS?" couina Crépuscule Étincelant, tout en tirant pour échapper à sa prise; quand Souhaits-Sifflotés la lâcha sans prévenir, elle heurta le montant de son lit.

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"Menteuses! Vous vous payez ma tête!"

Les claquements secs retentirent sur les postérieurs ensanglantés de Valentine et Brumeuse, qui juraient en pleurant que c'était la vérité, que Souhaits-Sifflotés s'était libérée toute seule, qu'elle se prenait pour un étalon et qu'il avait fallu la mettre hors d'état de nuire.

Hors d'elle, Madame la Gouvernante leva la baguette, prête à leur administrer une rossée comme elles n'en connaitraient jamais plus, quand une pouliche paniquée défonça la porte de son bureau, sans même frapper, et hurla: "SOUHAITS SIFFLOTÉS A PÉTÉ UN PLOMB!!"

Ils se précipitèrent hors du bureau et arrivèrent dans la chambrée, entièrement saccagée; dans un coin, la malheureuse licorne bleue se terrait comme une bête traquée, le poil ébouriffé et couvert de plaies, la figure marquée par de longues traînées de larmes, le regard ayant perdu toute raison; à la vue de Madame la Gouvernante, ses yeux s'écarquillèrent, et elle poussa un long cri d'effroi, ses sabots râclant le sol pour tenter de se soustraire à sa présence en s'enfonçant davantage dans le recoin. La jument grise tenta de la raisonner, mais même la simple compréhension du langage parlé semblait avoir claqué la porte de son esprit, et seule une fléchette imprégnée de tranquilisant vient à bout de l'ancienne leader du dortoir.

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"Qu'en fait-on, Madame?"

"Cette pouliche a fait une crise de démence... Envoyez-là à l'institut chargé de traiter ce genre de cas. Pas un mot à ses parents, la réputation de notre établissement ne pourrait souffrir de ce genre d'affaire, et prions pour qu'elle se rétablisse rapidement. J'espère... Que c'est la seule."

Le vent sifflait de l'autre coté de la fenêtre teintée de buée de la chambre commune, amenant les flocons, les arrachant au rebord de la fenêtre, et ils disparaissaient pour toujours. Brumeuse, allongée sous ses draps, regardait Valentine, et Valentine, allongée sous ses draps, regardait le mur. Le silence était pesant comme du plomb, vaguement remué par ceux qui avaient réussis a s'endormir, mais les consciences lucides n'arrivaient pas a admettre ce qu'il venait de se passer.

Souhaits Sifflotés etait partie, emmenée par les médecins après son accès de folie, et tous savaient que ce n'était pas normal. Elle etait dominatrice, imbue d'elle même, et se comportait comme telle, mais aujourd'hui, elle venait de perdre face a quelque chose de plus fort qu'elle. Toute les pouliches la craignaient, même celles qui se prétendaient ses amis. Aucune n'avait été rassurée après son départ. Souhaits Sifflotés etait partie, et Souhaite Sifflotés ne reviendrait pas. Son exclusion avait été prononcée tacitement; Une vie d'education stricte venait de voler en éclat, et cet ultime refus avait fermé pour toujours la porte du pensionnat de Joli Nuages derrière elle. Le lit vide pesait comme une menace sur la chambrée toute entière, et pour la plupart, il y avait une responsable. Valentine. Valentine la tentatrice, Valentine la romantique, Valentine la rêveuse. Valentine Sabots-de-Salope, qui avait infecté le coeur de la jument bleue avec son jeu de séduction, et qui devait payer.

Brumeuse n'arrivait toujours pas a dormir, et elle regarda Valentine, et etouffa un cri. La licorne blanche, debout devant elle, la regardait.

-Viens, souffla t'elle.

Il n'y avait personne dans le couloir. Les surveillants devaient etre harassés, et de toute façon, en cas de probleme, tout le monde l'entendrait, les murs transmettaient trop bien l'écho. Le fin claquement des pointe de sabots sur le sol en pierre et les tapis se confondaient avec les craquement des poutres soumises au froid, et nul n'entendit les deux pouliches qui avait longé les murs jusqu'a ce qu'elles rejoignent la cheminée du dernier étage, d'ou coulait de l'air froid. Ils devraient bientot la verrouiller, quand ils comprendraient que c'etait par là qu'elle etait passée depuis le début. Mais pour la dernière fois, elle allait encore servir. Valentine escalada habilement, attendant frequemment Brumeuse qui avait suivi sans comprendre pourquoi et glissait sur les pierres étroites. Quand elles atteignirent la surface, il n'y avait plus aucune trace de leur passage de la nuit d'avant, rien que la neige lissée par le vent.

Valentine regardait, et Brumeuse ne comprenait pas.

-Il est là.

Brumeuse eut peur. Il n'y avait que le vide. Les yeux plissés de sa camarade, eux, voyaient, et leur pupille s'elargissaient. Elle s'avança doucement, et se lova contre quelque chose d'invisible.

-Il ne t'aime pas. Tu l'as reniée.

Brumeuse claquait des dents. Il faisait suffisament froid pour ça, mais ce n'etait qu'un prétexte. La licorne blanche frottait doucement sa tete contre le vent, et un frisson la parcouru soudainement. Brumeuse assistait au spectacle, fascinée. Elle n'osait contredire sa camarade, de peur qu'elle se battent a nouveau. Les yeux noirs et brillant de Valentine la toisaient, d'un air presque hautain, semblant demander une réaction. Alors, Valentine pris la parole.

-Les plaines de l'esprit, murmura t'elle, sont tellement vastes. Là ou se perd la raison, là ou courent les sentiments, là ou se meuvent les rêves. On y nait. On s'y perd. On en revient. Et parfois, on disparait.

Parfois, le chemin bifurque, et le voyageur aveugle continue tout droit, ou prend la mauvaise route. Parfois, il tourne en rond, et s'arrete sur ses traces. Les voies conduisent aux gouffres, ou mènent au dehors. Mais jamais il n'y a de fin. Et la raison devient reve, et le reve devient raison.

Voila l'essence de la folie.

L'esprit fuyard ne retrouvera jamais la route, et disparaitra a l'horizon. Et de l'autre coté, un monde.

-Je ne comprend rien, bredouilla Brumeuse.

Valentine la regardait toujours, et se sépara de son amant invisible.

-Tu es encore une enfant. Ses yeux etaient emplis de lassitude, une lassitude millénaire. Les yeux de quelqu'un qui depuis longtemps ne voyait plus. Les yeux de quelqu'un qui, a défaut de trouver ce qu'il cherchait, s'etaient mis a le créer. Que pouvait-il se passer derrière? Quelles etaient les pensées d'un etre a ce point torturé? Brumeuse sentit des larmes glisser dans la neige.

-Je ne comprend pas! quel est ton problème, Valentine Intrigue? hurla t'elle en frappant du sabot dans la neige. Qui est cet être que tu recherche tant?

Valentine regarda derrière elle, adressant un regard a la nuit.

-Moi. Et ici, je ne le trouverai jamais.. J'ai rêvé de lieux magiques, et ensoleillés. j'ai revé de passion, de caresses, j'ai revé de poemes. Il n'y a rien de tout cela ici. La vie que nous auront en sortant sera celle de fantômes. Celle d'objets. Mais mon coeur ne l'acceptera jamais, car j'ai vu le rêve.

Brumeuse s'etait tournée vers la cheminée. La pierre etait vieille, usée par le vent, craquelée.

-Je n'ai jamais fait de rêve, dit-elle. Je n'ai jamais pensé a tout cela. Personne ne pense a moi, et je ne pense a personne. Je suis bien toute seule.

Le vent emportait la crinière de Valentine, qui se plaça a ses cotés. Les turbulences de la neige jouaient autour de son corps, glissaient a toute vitesse autour de ses jambes, formaient des cercles et des spirales et des tourbillons, fendaient le vent, comme un étalon lancé au galop aux cotés de la licorne au corps élancé.

-Tu es encore une enfant, Brumeuse. Valentine s'eloigna un peu, levant la tête comme si le vent lui donnait une caresse, et elle contempla longuement le vent qui emportait la neige. Brumeuse se rappela le combat, cette joute qu'elles avaient eu dans la neige a peine un jour auparavant. Elle se rappelait les muscle tendus, les impact des sabots sur la chair et les os, la douleur, la haine, et cette envie de frapper encore et encore et encore jusqu'a en tomber d'épuisement.


En retournant vers la cheminée, Brumeuse vit les horrible traces rouges sur sa croupe laissées par l'égide de la loi, et se rappela qu'elle avait les même. Certaines de ces traces ne disparaitraient sans doute jamais. Pour toujours, cette enfance au sein du pensionnat se rappelerai a elle, comme une sentence: Tu vivras comme l'entendent les autres. La muraille autour du parc avait entouré sa vie depuis une eternité, comme la coquille d'un oeuf, et elle n'etait jamais allée au dehors. Elle ne connaissait rien de la vie a l'exterieur. Elle etait encore une enfant, c'est vrai, encore naîve. Valentine, elle, avait brisé sa coquille.

-Il est mon némésis, dit la licorne en s'enfonçant dans le conduit poussiereux, comme si elle avait lu ses pensées. Il est mon destructeur, et ma raison de vivre. La passion nous consumera tout les deux.

Brumeuse regardait au loin. Elle avait toujours peur, mais la saveur piquante d'un désir interdit naissait doucement au fond de sa gorge et de ses reins. Les élancement de ses plaies la cinglaient, rappelant la punition. Les plaies et les bleus laissés par les sabots de Valentine rappelaient le combat.

Tu vivras, murmura t'elle. La peur et l'anxieté revinrent, mais ce n'etait plus tout a fait pareil.

La jument commença a descendre dans le conduit, esperant ne pas trébucher et tomber sur son amie, qui avait la corne solide. Avant de passer la tête, elle inspira une dernière fois l'air glacé et pur de la nuit.

Une bourrasque souleva un fin voile de neige et l'emporta en tournoyant au loin. Comme le vent, sifflant entre les sabots martelantes de l'étalon des plaines de l'esprit.

Le chemin du retour se fît sans encombre, et Brumeuse pût concentrer toute son attention à veiller à ne pas se trouver trop près ou trop loin de son amie psychotique, feignant un comportement normal. Mais en vérité, elle commençait à avoir peur de son amie, peut-être même plus que de Souhaits Sifflotés, qui avait toujours été prévisible, même dans la démence. Ne dit-on pas que l’amour est l’arme la plus puissante? Qui sait ce que pourrait donner une Valentine en pleine furie, et ça, Brumeuse ne tenait pas à le découvrir. Mais sa tendance naturelle à la compassion l’obligeait pour le moment à faire de son mieux être aux côtés de Valentine, quelqu’en soit les risques.
Un choix noble qu’elle regretta très vite.

Lorsqu’elles entrèrent dans le dortoir sur la pointe des sabots, elles sûrent tout de suite que quelquechose n’était pas normal. Toutes les licornes étaient réveillées et les fixaient, comme si elles avaient attendu qu’elles entrent. Et des lits étaient vides. « Maintenant! » cria l’une d’entre elles, et aussitôt, quatre pouliches les assaillirent, ligotant leurs pattes avec des draps et une efficacité redoutable. Brumeuse essaya d’appeler à l’aide, mais fût interrompu par une pomme fourrée dans la bouche. Valentine, après une courte lutte contre ses liens, s’abandonna à son sort avec résignation.

« Désolé pour le traitement, mes jolies, je sais bien que vous devez en avoir assez d’être sans cesse attachée … » gloussa Crépuscule Scintillant en s’avançant d’un pas solennel et gracieux, tel qu’on l’apprenait pendant les cours de Bienséance. « Mais vous comprenez bien que l’on peut pas vous laisser vous enfuir par la cheminée, comme d’habitude … »

« Qu’Est-ce que tu veux, Crépuscule? » cracha Valentine avec mépris. « Passer tes nerfs? Reprendre le flambeau de Souhaits Sifflotés? »

« Oh! Mais quel affreux malentendu. » fît-elle, feignant d’être bouleversée. « Non, Souhaits Sifflotés ne nous manquera pas … » Elle grimaça et abaissa compulsivement la queue, protégeant sa croupe délicate. « … mais ici, au dortoir de Joli Nuages, on a des règles, et l’une d’elles dit clairement que faire envoyer une de ses sœurs dans un endroit aussi affreux que l’asile des Chardons Bleus … » Elle fît une signe à une licorne rose pâle, qui lui apporta une bougeoir en bronze surmonté d’une bougie à moitié fondue. « … ne sera pas toléré ».

La corne de Crépuscule Scintillant s’enveloppa d’une aura rougeâtre, et la mèche de la bougie prit soudainement feu. « J’ai vu ça dans un des livres secrets de Madame la Gouvernante. Ca s’appelle le supplice de la cire chaude! Lors de la Grande Chasse aux Sorcières, ils utilisaient ça pour aveugler les zèbres en leur faisant couler dans les yeux … Mais vu que vous valez qund même plus qu’un zèbre, on va seulement vous en verser sur le flanc ! Ha ha ha ! » Tenant le bougeoir entre ses mâchoires, elle s’approcha lentement des deux pouliches réduites à l’impuissance. « Pincée! » aboya-t-elle, en pointant du sabot Brumeuse. « Tiens la bien. » .

« Quoi? » geignit la licorne rose pâle. « Pourquoi moi? J’ai … j’ai pas envie … » Crépuscule Scintillant lui lança un regard ennuyé, et Pincée poussa Brumeuse sur le flanc à contrecoeur, et se tînt à califourchon au dessus d’elle, l’immobilisant complètement.

« Je te défends de lui faire du mal, immonde traînée! » gémit Valentine.

« Silence, Sabots-de-Salope! » cria une autre licorne, depuis un des lits. « Ton tour viendra! »

Brumeuse se débattait frénetiquement en poussant des cris de terreur étouffés par le baillon fruitier, mais l’emprise de Pincée était trop forte. Valentine la vît suivre des yeux la coulée de cire dégouliner lentement du bougeoir, et une énorme goutte se détacha du reste et tomba en plein sur sa marque mignonne. Pendant deux secondes, il n’y eût rien. Valentine ne voyait dans les grands yeux humides de son amie que de l’appréhension et de la confusion.
Puis Brumeuse ferma les yeux, et poussa un vagissement de souffrance déchirant et interminable. Aussitôt, Crépuscule Scintillant s’extasia et sautilla sur place.

« Ha ha ha! C’est douloureux? J’en étais sûre! Bien fait! Bien fait! » Elle recommença a faire couler de la cire sur le flanc déjà gluant de Brumeuse, lui arrachant d’autres cris de souffrance. Au bout de quelques autres minutes de torture, Brumeuse ne se débattait même plus, et se contentait de gémir et de sangloter à chaque nouvelle goutte, apparemment vidée de toute énergie et de volonté.

« Hey, doucement avec la cire! » fît la licorne perchée. « On a qu’un seule bougie, et elle est déjà presque complètement fondue ! »

« Oh, mince! Je me suis un peu emportée, désolé. Je ne voudrais pas non plus oublier non plus notre amie Sabots-de-Salope, qui doit bien s’ennuyer … » Elle et Pincée s’éloignèrent du corps tremblotant de Brumeuse, qui se recroquevilla du mieux qu’elle pût, toujours ligotée. Crépuscule Scintillant se pencha et susurra à l’oreille de Valentine : « On a pas d’autre pomme, alors évites de crier trop fort, s’il te plaît … »

« Je te ferai pas ce plaisir! » bredouilla l’autre, peu sûre d’elle, alors que Pincée s’affairait à la maintenir en place, marmonnant de vagues excuses.

« Il est tard, expédies ça vite fait, qu’on puisse aller dormir. » bailla une autre pouliche déjà sous les couvertures. « On a Arithmétique demain matin, je te rappelle. » Elle se retourna et enfouit sa tête dans l’oreiller.

« Oui, oui! » fît Crépuscule Scintillant, exaspérée par le manque collectif d’intêret pour la justice du dortoir. Au lieu de prendre son temps et de faire couler lentement la cire, elle versa ce qui restait en une seule fois, éclaboussant le flanc de Valentine sur 10 bons centimètres carrés.
Valentine sentît la chaleur, et se prépara à l’inévitable sensation de brûlure. Mais rien ne venait. Juste une douce chaleur, qui commençait déjà à se dissiper. Elle ouvrit lentement une paupière, capta le regard confus de Crépuscule Scintillant, puis celui de Brumeuse. Son amie lui fît un signe de tête presque imperceptible, et un clin d’œil impatient. Soudain, Valentine comprît. Bien sûr qu’elle ne sentait rien ; tout les poneys naissaient couvert d’un cuir épais, et ce n’est pas un peu de cire à peine brûlante qui allait outrepasser cette protection naturelle. De plus, sa fourrure devait empêcher la majorité de la cire de coller à sa peau. Décidement, cette Crépuscule Scintillante était une véritable idiote. Et il fallait en tirer partie.

« Aaaaaaargh! » commença-t-elle d’un ton plaintif. « Ca brûle! Aaaaaah! Pourquoi! Pourquoi? Oh, par Celestia, faites cesser cette souffrance! » Elle regarda à nouveau Brumeuse, qui roula des yeux. Elle eût soudain un peu peur d’en avoir trop fait.

« Ahahahaha! » s’extasia Crépuscule Scintillant, pas très clairvoyante. « C’est tout ce que tu mérites! Que ça te serve de leçon, Sabots-de-salope! » Valentine et Brumeuse poussèrent toutes les deux un soupir intérieur de soulagement.

« Bon, tu vas aller dormir, par Tarnation? » hurla une licorne depuis son lit.

« Ta gueule! » Elle lui lança le bougeoir, qui termina sa course dans le mur. Puis elle se glissa sur sa couche, maugréant, pendant que Pincée s’affairait à dénouer les draps qui entravaient les deux pouliches.. « Pardon, pardon, j’espère que vous allez bien … » chuchotait-elle, rongée par la culpabilité.

« C’est bon, Pincée. Retournes te coucher, maintenant. » fît Brumeuse, luttant pour ne pas rire. Les deux pouliches libérées s’allongèrent sur leurs lits respectifs, et se mirent à gratter la cire déjà séche, ce qui se révéla être la partie la plus pénible de leurs supplices, les poils s’arrachant par touffes.

« Oh, j’abandonne pour ce soir. » murmura Brumeuse, en secouant un morceau de cire collé à son sabot. « Ca partira sous la douche. Bonne nuit, Valentine. »

« Brumeuse … »

« Oui? » fît-elle d’une voix déjà endormie.

« Tu es vraiment une excellente comédienne. ».

Brumeuse sourît, caressant sa marque mignonne, qui représentait deux masques de théâtre.