Où Valentine va sous la douche, et se fait surprendre par Souhaits Sifflotés et ses acolytes. Où Souhaits Sifflotés mime l'acte sexuel avec elle, et la déflore avec un savon. Où Brumeuse met fin à ce terrible manège.

Elle ne pouvait pas sortir. Madame la gouvernante avait fait renforcer le règlement nocturne, et les ouvertures seraient doublement surveillées. Même pour aller au toilettes, il fallait etre accompagné. Mais depuis combien de temps arrivait-elle a sortir quand même? Depuis qu'elle avait lu son torchon de journal intime, la haute autorité du pensionnat des Jolis Nuages doutait.

Pendant ce temps, Valentine Intrigue attendait. Fourrée dans le conduit de la cheminée du dernier étage, couverte de suie, les sabots plaqués contre les briques mal engagées, Valentine Intrigue attendait que la démangeaison mortelle entre ses pattes passe. Mais la brûlure du savon augmentait de minute en minute, et ses muscles fatiguaient de plus en plus. il lui fallait prendre une décision, et vite. Si elle redescendait, l'etalon caché dans le jardin finirait par partir, mais elle voulait tellement lui dire ce qu'il s'etait passé. Ces mots qu'ils s'etaient échangés, ces souvenirs consignés dans le carnet, qui etaient partis dans les nuages. Et puis, il n'était pas assez tard pour aller s'epousseter dans les toilettes et espérer rejoindre le lit en silence.

Elle toussa par inadvertance et essaya de se retenir. Hors de question de redescendre. Valentine Intrigue serra les dents, tira sur ses sabots, faisant craquer ses articulations, et s'éleva lentement vers l'air frais du dessus. Encore quelque dizaine de mètres, et elle serait enfin libre. Ca n'etait pas la première fois qu'elle faisait ça et commençait a connaitre les mouvement de reptation les plus efficaces. Lorsqu'elle et le visiteur du dehors échangeraient leur virginité, il se souviendrait du spectacle, elle s'en fit le serment. S'avançant lentement vers la lumière nocturne qui filtrait par dessous le toit métallique du pot de cheminée, elle imagina les muscles durcis et cicatrisés de ses fesses frôler son corps de mâle, sa queue glisser lentement entre ses jambes, sa tension devenir extrême. Dans son fantasme, les lignes sur sa croupe laissèrent soudainement perler du sang, qui coula le long de ses cuisses, et elle cessa instantanément la rêverie, manquant de se cogner la tête contre le conduit en pierre. Pour cette incartade, elle allait vraisemblablement vivre l'enfer lorsque la gouvernante lui tomberait dessus.

-Elle nous fait marcher.

Assise dans le fauteuil de sa chambre, enfoncée dans le dossier, Madame la gouvernante, les yeux piquants de fatigue, ressassait les évènements de la journée. Valentine n'était pas dans son lit. Valentine n'etait nulle part, pas même dehors. Elle avait dû trouver un bon endroit où se cacher, y bouderait quelques heures, et serait dans son lit le lendemain matin. Des remontrances seraient faites, pour la bonne mesure, et tout rentrerait dans l'ordre.

-Nous l'avons peut etre mal considerée. Ce n'etait que de la romance.

Madame la gouvernante parlait au vide. Mais c'etait sa manière de ressasser, et si quelqu'un etait dans la pièce, il aurait trouvé cette habitude étrange, mais le principe de parler seul implique justement d'etre seul.

Ce pensionnat existait depuis des siècles. Il etait le mieux réputé de tout Equestria, et le plus cher. Les passions restaient a la porte, et ce depuis le début. Bien sûr que les temps changeaient, mais jamais la perversion des temps modernes ne passerait le portail. Madame la gouvernante etait agée, mais Madame la gouvernante etait encore valide, et aussi longtemps qu'elle le pourrait, ce pensionnat et ses pensionnaires rentreraient dans le moule. Madame la gouvernante cracha de dépit, et eut honte de son geste. Demain, tout rentrerait dans l'ordre.

Valentine Intrigue émergea de la cheminée, se laissa tomber dans la neige douce et frissona de froid. Devant elle, sur le tapis blanc immaculé qui longeait la partie horizontale du toit, la lune jetait sa couleur si particulière, si unique. Comme elle. Au loin, Nombreux Galops brillait encore de mille fenêtres. Encore plus loin, la campagne dormait. Le panorama du toit du pensionnat de Joli Nuage était le plus beau du monde.

La licorne descendit maladroitement le long d'une des pentes, entre deux fenêtres, se glissa jusqu'a une gouttière et se laissa tomber. Le buisson ecrabouillé couvert de neige qui se trouvait là amortit une fois de plus sa chute, et Valentine songea qu'il faudrait bientot en trouver un autre. Elle s'allongea dans la neige, se roula généreusement dedans, laissant un cratère tout noir autour d'elle, et silencieusement, se glissa jusqu'a l'ombre du mur d'enceinte, contournant le bassin qui lui avait servi pour ses escapades nocturnes de l'été. Personne ne pouvait la voir, car c'etait trop loin, et sa robe se confondait avec la neige. Personne ne les verraient. Dans l'ombre de la cabane a jardin, elle aperçut quelque chose qui bougeait. Lentement, la forme de l'etalon se dégagea a la lumière, se rapprochant d'elle. Sa tete se rapprocha de son oreille.

-Tu es la...

Valentine Intrigue se lova contre lui, la gorge serrée. Les souvenirs de ces rencontres, qui etaient dans son journal intime, détruits. La punition douloureuse, et les brimades de ses compagnes de chambre pesaient lourd sur son coeur.

-Tu n'as pas besoin de mots..

Valentine enroula son cou autour du sien, y laissant des larmes. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, et ne put que sangloter. Ce pensionnat etait une prison mortelle, et la flamme sentimentale qui l'etreignait depuis le début, et qui jamais ne s'etait éteinte, la brûlerait ou s'eteindrai. Elle avait passé son enfance dans cet endroit, mais la fin approchait si lentement..

-Embrasse moi..

Un élancement parcouru les blessures a peine cicatrisé de ses fesses, et Valentine releva la tête.

-Dis moi..

La licorne s'approcha des lèvres d'une légereté infinie.

-Que tu m'aime, chuchota t'elle a la nuit.

-Valentine? dit quelqu'un derrière elle.

Valentine sentit son coeur s'arrêter.


-Elle en met du temps, pour pisser, la coincée, marmonna Souhaits sifflotés au fond de son lit.

-Elle est sûrement allée faire dehors, rejoindre Sabots-de-salope!hahahahaha! ricana une autre.

-Oh mon dieu, dit Souhaits sifflotés en surgissant de dessous les draps. Elle descendit l'echelle, alla a la fenêtre, et regarda au loin. Il n'y avait rien, a part le vent qui soulevait la neige.

Souhaits sifflotés douta. Le lit de Sabots-de-salope etait vide, mais personne ne s'attendait a ce qu'elle revienne avant le matin. Celui de Brumeuse etait froid. Elle etait partie aux toilettes mais même avec la pire des constipation, ça n'aurait pas été aussi long, ni aussi calme.

-Arrete de te prendre pour elle, dit Crépuscule Etincelant sans changer de position.
-Comment ça? demanda la jument debout vers le fenêtre d'un ton dédaigneux.
-Elle est ce que tu désire le plus, pas vrai? demanda Crépuscule Etincelant en la regardant tranquillement. Un amant secret. De la tendresse, des baisers volés. Des caresses. Tu en crève d'envie, pas vrai?
Souhaits sifflotés s'approcha d'elle, pencha sa tête contre la sienne, et murmura d'une voix lourde de menace:
-Je ne désire.. Absolument rien.. de tout cela.
-Tu es toute rouge.

Souhaits sifflotés se mordit les lèvres en reculant d'un pas, genée. L'instant d'après, folle de rage, elle pilonnait l'occupante du lit qui se protegeait en glapissant, pendant que le reste des pensionnaires de la chambre essayaient de les séparer et de la retenir. Madame la gouvernante entra avec fracas par la porte, baguette a la main, et hurla que tout le monde se calme. La lumière jaillit, le bâton de bambou frappa au hasard, et lorsque toutes les pouliches furent terrées dans leur coin, la vieille jument constata que le lit de Brumeuse etait vide.

-Ou est-elle allée? demanda t'elle fermement en indiquant l'endroit vide

Personne ne répondit.

-Au toilettes, osa soudain quelqu'un, brisant le silence.

-J'espère que c'est vrai, marmonna Madame la gouvernante d'un ton qui avait peu d'espoir. Elle se rapprocha de la fenêtre, et vit que ce n'etait pas vrai. Brumeuse etait dehors. Et Valentine Intrigue se battait avec elle.


Valentine lorsqu'elle se retourna en un sursaut et aperçut Brumeuse, toute noire.

-Toi? Comment est tu arrivée ici? Demanda t'elle, paniquée. L'étalon etait parti.

-Par la cheminée.. A qui parlais tu? Demanda Brumeuse.

-Dégage! aboya la licorne qui jeta un regard angoissé vers le mur d'enceinte, craignant d'y voir son amant passer par dessus et Brumeuse l'apercevoir aussi.

-Valentine, que faisais tu toute seule? insista timidement la jument craintive.

La licorne se jeta sur la pouliche qui venait de détruire sa nuit. Elle voulait la tuer, lui faire payer toute la frustration de cette vie de captive, et a chaque coups de ses sabots sur le thorax, le cou tendre de Brumeuse, a chaque hurlement arraché a la pouliche elle sentait monter un orgasme, peu importe les coups de sabots qu'elle recevait en retour, maladroitement portés, et qui arrachaient des touffes a son impeccable robe blanche qui n'etait plus qu'un souvenir. Elles roulaient dans la neige, entourée de la vapeur de leur corps fermes et tendus, et Brumeuse, bien que plus faible, se défendait de plus en plus sauvagement, émettant des nuages a chaque inspiration, qui se melait avec ceux de son aggresseuse, et elle aussi frappait pour se venger de toute les humiliations subies au cours de cette vie passée entre ces murs glacés, elle assenait des coups sans retenue, et pour la première fois de sa vie, elle se sentit vivante.

La licorne roula dans un coin et ne bougea plus. Brumeuse se laissa tomber au sol. La neige fondait autour d'elle, et elle savoura cet instant de fatigue et et vengeance assouvie. Au loin, des portes furent claquées, des pas s'approchaient a toute vitesse. Elles se feraient châtier impitoyablement mais ça n'avait plus d'importance pour elle, elle avait gagné quelque chose d'inestimable. Elle s'approcha de Valentine, la tapota du sabot pour qu'elle se relève, et se rendit soudain compte qu'il y avait un problème.

Les dents serrées, le regard perdu, la licorne tremblait et claquait des dents, inondée de larme et gémissante. Ses sabots râclaient la neige, semblant chercher un sol qu'ils ne trouvaient pas. Brumeuse eut peur, et alors que deux surveillants se saisissaient d'elle pour l'ecarter de Valentine, elle aperçut une sordide lueur de démence dans l'oeil de la licorne allongée au sol.

-Attendez! implora t'elle.

-Tu la ferme, effrontée, intima un des employé du pensionnat.

-Elle a un problème! hurla t'elle en tentant de se dégager.

-Ne la brutalisez pas!

-Laissez là tranquille!

-Dans mon bureau, les deux, dit Madame la gouvernante, crispée de rage. Une contre chaque mur, sans couverture, et elles y passeront la nuit. On reparlera de tout ça demain, et vous allez comprendre votre douleur. Jamais on a vu une chose pareille dans ce pensionnat.

Il n'y avait personne, murmura Brumeuse, et ses mots se perdirent dans le vent.