Chocolat est un enfoiré :rire:

...mais voilà qu'elle va se faire pourrir par molestia maintenant

Celestia inclina la tête, et le tabouret fût propulsé à toute vitesse à travers la pièce. Il manqua de peu Luna et explosa contre le mur, sortant l'alicorne bleue de sa paralysie.

"Tia, arrêtes!" implora Luna. "Tu n'es pas dans ton état normal!" Elle était terrifiée, mais était determinée à rester forte, à faire face. Aujourd'hui, elle ne voulait pas être la pouliche faible, la pouliche qui part s'enfermer dans sa chambre en pleurnichant à la moindre réprimande, la pouliche qui inspirait le respect à ses peluches et à elles seules. Elle tourna la tête, fît léviter les débris du tabouret et les lança par la fenêtre. "Tu ferais mieux d'aller te coucher" reprît-elle, en essayant d'avoir l'air sereine. "Je me chargerais du devoir lunaire ce soir."

"Je vais très bien!" vociféra Celestia, qui de toute évidence allait très mal. "Et comment je pourrais fermer l'oeil, alors que tout Equestria se casse la gueule et que personne ne fait rien?"

Luna n'eût aucun mal à deviner ce qui s'était passé durant son absence. Sa soeur avait encore dûe ressasser toutes ces vieilles histoires horribles dont elle avait à peine entendue parler. Celestia lui reprochait souvent de ne pas s'intéresser aux divers problèmes d'Equestria, mais Luna n'en voyait pas vraiment l'utilté ; tout cela lui semblait tellement distant. Comme ces incidents diplomatiques avec Zebraïca, par exemple. Les quelques zèbres qu'elle avait cotoyée avant son exil avait toujours été très charmants et attentionnés, aussi ne comprenait-elle pas comment, en l'espace de quelques années, une telle hostilité avait pu naître entre les deux espèces. De vieilles rancoeurs, avait-elle entendue. Luna trouvait ça dommage, elle n'avait jamais rien eue contre les zèbres, ils étaient de bons serviteurs et de bons amants. Constater leur absence parmi le personnel du château avait été une de ses premières déceptions à son retour. Elle s'y était faite. Plus ou moins.

"... et écoute moi quand je te parle, sale pouliche insolente!" fît une voix tonitruante, et au moment ou Luna abandonna le fil de ses pensées et revînt à la réalité, elle vît un tabouret filer vers elle. Elle n'eût pas le temps de réagir, et il l'atteignît de plein fouet au front, ouvrant le cuir de son crâne sur 5 bons centimètre. Elle poussa un cri perçant de douleur et de surprise mêlés, et tomba au sol, a moitié aveuglée par le sang qui lui coulait dans les yeux. Elle gigota un moment au sol, complètement désorientée, et se remît difficilement sur ses quatre sabots, sous le regard glacial de sa soeur, ivre morte. Luna avait déjà vue ce regard ; c'était celui que sa soeur avait lorsqu'elle condamnait à mort un ennemi public, ou qu'elle s'apprêtait à corriger un traître avec le redouté "Faiseur de veuves". Elle n'y avait jamais eue droit jusque là, et sans doute ne l'aurait-elle jamais eue si ce soir là, Celestia n'avait pas un peu forcée sur le cidre. Pourquoi ne s'était-elle pas simplement évanouie dans son vomi, comme les autres poneys? Elle aurait certainement appréciée de se réveiller aux côtés de sa petite soeur dans un lit propre. Luna cligna des yeux, et les larmes vinrent nettoyer le sang qui obstruait sa vision.
"Tia! Je ne veux pas te faire de mal!" hoqueta Luna. "S'il te plaît, écoute moi!".

"Ne réponds pas!" grogna Celestia, les dents serrées. "Et laisse toi faire comme une pouliche bien élevée." Elle récupéra le tabouret et l'envoya contre le mur, et se saisît magiquement d'un des barreaux en bois. Luna détourna les talons et fonça vers la porte, mais Celestia fût plus rapide et le barreau décrivît un arc de cercle en sifflant avant de frapper l'alicorne bleue à la nuque. Elle s'écroula avec un vagissement déchirant et s'étala par terre. Celestia s'approcha lentement, en titubant un peu, le gourdin souillé de sang et de poils collés lévitant toujours devant elle, alors que Luna rampait en gémissant vers la porte, incapable de se relever. Celestia se plaça au dessus d'elle, et la fît rouler sur le dos, la surplombant de toute sa hauteur. "Tia, arrête ..." sanglotait Luna. Celestia poussa un profond soupir, et la fixa de ses yeux fous. "Ecoute le pied de tabouret de l'obéissance." fît-elle, en l'agitant devant les yeux terrifiés de sa victime. "Il ne ment pas! Et tu sais ce qu'il dit?" Luna secoua frénetiquement la tête, serrant les dents. "Il dit : LA FERME, LUNA!" hurla t-elle, en l'abattant sur son flanc une paire de fois, lui arrachant de nouveaux hurlements de douleur. Puis lorsqu'elle en eût assez, elle jeta le pied de tabouret a moitié cassé par la fenêtre, se pencha et arracha une bouchée de plumes avec ses dents. Ce en fût trop pour Luna, et la syncope vînt la délivrer.

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Lorsque Luna se réveilla, elle était seule dans la grande pièce à manger. Sa tête tournait et lui faisait un mal de chien, rien que la toucher lui provoqua un élancement douloureux qui la fît gémir. Elle se releva péniblement et tituba jusqu'à la table, et saisît un plateau d'argent, qu'elle leva à hauteur de ses yeux avec appréhension, le coeur battant à tout rompre. Sans surprise, la vue de son visage lui arracha un sanglot peiné. Elle était couverte de sang coagulé, et sa peau semblait se fendre en plusieurs endroits, là ou le pied de tabouret de l'obéissance l'avait atteinte. Elle toucha précautionneusement du sabot une de ses blessures, et un lambeau de peau se détacha et retomba devant ses yeux ; elle poussa un cri perçant et faillit défaillir à nouveau, mais tînt bon et replaça délicatement le morceau de peau contre son crâne, priant pour qu'il reste collé jusqu'à ce qu'on lui trouvât un médecin. Elle déploya ses ailes, qui faisaient tout aussi peine à voir, grossièrement plumées comme un vulgaire poulet.
Luna se laissa glisser sur le sol et acheva de se vider de ses larmes, la tête entre les pattes. Malgré tout ça, elle ne savait pas s'il fallait en vouloir à sa soeur. Elle voulait croire qu'elle avait ses raisons, qu'elle n'était pas elle même et que ce n'était pas sa faute. Elle repensa à Etincelle du Crépuscule. Avait-elle ressentie la même chose après cette mésaventure à base d'aphrodisiaque? Ce mélange de souffrance, de haine, mais aussi de compassion? Peut-être pourrait-elle l'aider avec sa soeur. Après tout, reconnût-elle non sans une certaine rancoeur, elle la connaissait mieux.
Cependant, paraître devant la licorne violette dans cet état n'enchantait pas Luna, de même que l'idée d'être vue par n'importe quel poney. Que penserait-on d'elle, une déesse forcée de trouver refuge chez une jeune pouliche? Luna grinça des dents. Elle constata avec regret le nombre incroyablement restreint de personnes qu'elle estimait digne de confiance, et maintenant que sa soeur était temporairement retirée de la liste, elle ne pouvait plus vraiment s'offrir le luxe du choix.
Lorsqu'elle entendît le cliquetis d'une clé dans la serrure de la porte, Luna se se releva prestement, fût prise d'un vertige, s'approcha péniblement de la fenêtre et se jeta dans le vide sans réfléchir. Amputée de la moitié de ses plumes, elle eût bien du mal à stabiliser son vol, mais au prix de ses dernières forces, parvînt jusqu'a la bibliothèque sur le seuil de la laquelle elle s'évanouît à nouveau.

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"Princesse Luna? Princesse Luna! Vous m'entendez?" fît une voix cotonneuse, loin dans les méandres de sa conscience. Elle fît un effort suréquin pour ouvrir les yeux, et la lumière l'éblouit, alors elle le referma, et la voix s'éloigna à nouveau, avant de revenir en force un peu plus tard. Ce coup-ci, elle le maintînt ouvert jusqu'à distinguer une forme violette en face d'elle, qui se précisa comme étant Etincelle du Crépuscule. Elle cligna de l'oeil. La lumière vive lui faisait mal au crâne.

"Etincelle? Où-où suis-je?" grommela t-elle.

"Chez moi, bien sûr. C'est vous même qui êtes venue." Sa voix se teinta soudainement d'inquiétude. "Vous êtes sûre que ça va?"

Luna se remémora les évènements qui l'avaient conduite ici. Le tabouret. Ses plumes. Son visage. Sa soeur au dessus d'elle, un rictus de colère démente fixé sur le visage. Les arbres qu'elles s'étaient prise à toute vitesse, le chemin de croix à pied jusqu'à la librairie, lorsques ses ailes ne pûrent simplement plus la porter. Inconsciemment, elle aventura son sabot sur son visage, mais une patte violette l'en empêcha.

"N'y touchez pas!" couina Etincelle du Crépuscule. "Vous allez devoir garder des bandages au moins une semaine. Je vous les changerais, si vous voulez."
Luna soupira et la remercia d'un ton morose. Elle reposa la tête sur l'oreiller moelleux, et attendît que vienne l'inévitable question, celle que son hôte devait se poser depuis qu'elle l'avait ramassée sur le pas de la porte. Au moins, elle ne se fît pas attendre longtemps. "Alors ... euh ...c'était un zèbre?".

"Non." grommela tristement Luna. "Je ne veux pas en parler" ajouta-t-elle, sans trop se faire d'illusions.

"S'il vous plaît, Princesse." répondit la licorne violette, visiblement déjà à bout de patience. "Ca fait 2 jours que je change vos draps et que je vous fais avaler de la soupe avec un tuyau, vous me devez bien ça."

Luna, soupira à nouveau, et s'assît sur sa croupe, l'oreiller calé entre le mur et son dos. Ses ailes, elles aussi bandées ("j'ai appliquée un onguent pour faire repousser les plumes plus vite", lui confierait plus tard Etincelle du Crépuscule, non sans une certaine fierté), lui faisaient encore mal mais elle ne se sentait de toute façon pas capable de se rendormir. "Je ... Je ne suis pas sûre de pouvoir ... ". En plus de la douleur que lui causait l'idée même de ressasser ces souvenirs, elle eût soudainement beaucoup de peine pour la pauvre pouliche qui allait entendre ça, en réalisant à quel point son récit risquait de bouleverser ses repères et ses sentiments pour Celestia. Jusqu'à preuve du contraire, elle et son étudiante vivaient en parfaite harmonie, et étaient tout l'une pour l'autre. Une partie mesquine et revancharde de son esprit jouissait déjà à l'idée de détourner Etincelle du Crépuscule de sa propre soeur, et Luna hésita d'autant plus à raconter l'histoire complète. Mais à la vue du regard expectatif et intelligent d'Etincelle, elle sût qu'elle ne s'en sortirait de toute façon pas avec un mensonge.

Aussi lui raconta-t-elle toute là scène, en n'épargnant aucun détail. Ça ne lui prit finalement pas très longtemps, mais elle dût s'arrêter bien trois fois pour se moucher ou juste ravaler un sanglot, sous le regard de plus en plus inexpressif de sa seule spectatrice. Lorsqu'elle eût terminée, elle passa un moment à regarder ses sabots, et lorsqu'elle trouva le courage de relever les yeux, elle rencontra ceux d'Etincelle du Crépuscule qui semblait fixer le vide. Au bout d'un moment qui lui sembla incroyablement long, Etincelle du Crépuscule prît la parole. "C'est ... vrai, tout ça?" fît-elle d'une petite voix hésitante. "... vous ne dites pas ça juste pour ... ?"

Luna n'eût pas le courage de se vexer et se contenta d'un petit hochement de tête suivie d'un silence éloquent. La licorne mauve réfléchit un moment et fît mine de quitter la pièce. "Je vais réveiller Pointe et lui écrire une lettre. Reposez vous, Princesse."

"Attends!" s'exclama Luna. "Ne fais pas ça. Ça ne te concernes pas, et ça ne t'amèneras que des ennuis. Je vais partir." Elle rejeta les couvertures sur les côtés et essaya de se relever, mais un élancement douloureux lui fît vite regretter cette manoeuvre, et elle retomba sur le lit en grognant.

"Bien sûr que si, ça me regarde!" rugît Etincelle du Crépuscule. "C'est moi qui vous ait conseillé de voir Princesse votre soeur, et c'est ma faute si vous l'avez rencontrée dans cet état. Et puis, même les princesses peuvent recevoir des leçons! J'ai bien réussi avec vous! Maintenant, restez au lit." Elle claqua la porte et s'éloigna en trottinant, en criant le nom de son serviteur draconique.

Luna ramena les couvertures sur elle en gémissant. Elle appréhendait déjà la suite des évènements. Même dans ce lit trop petit pour elle, avec sa tête a moitié couverte de pansements et ses ailes a demi nues, elle se sentait bien ; on prenait soin d'elle. Quel dommage qu'il ait fallu qu'elle en arrive là, pensa-t-elle. Elle toucha du sabot un objet bizarre entre les draps, s'en saisît et l'inspecta ; un poney en peluche, avec des boutons en guise d'yeux. Pour la première fois depuis deux jours, son visage se fendît d'un sourire, et elle se pelotonna dans le lit, la peluche serrée contre sa poitrine. Elle avait l'odeur d'Etincelle du Crépuscule.

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A quelques kilomètres de là, deux poneys vêtus de combinaison noire rôdaient silencieusement à travers les jardins de Nombreux Galops, à l'abri des gigantesques sculptures qui trônaient fièrement ici et là. Il faisait déjà nuit noire, et la plupart des gardes étaient déjà loin, à l'abri des murs du palais ou en train de dormir dans le petit dortoir réservé aux gardes forestiers. L'occasion rêvée pour visiter les jardins en toute tranquilité, faire une partie de cache-cache nocturne dans le labyrinthe où admirer les splendides statues qui retraçaient l'histoire des héros d'Equestria. Mais les deux poneys n'avaient d'yeux que pour une seule ; la plus grande, la plus imposante, celle de la Princesse Celestia en personne, qui surplombait toutes les autres de 5 bons mètres. Plus pour longtemps, malheureusement pour elle. Une fois arrivés devant, ils résistèrent à l'envie de se prosterner, et échangèrent un hochement de tête rassurant.

"Alors, on les met où?" chuchota l'un des poneys, une licorne jeune et svelte, en caressant du sabot le grand socle de marbre. Elle avait du mal à contenir son excitation.

"Les pattes. C'est ce que le patron a dit, en tout cas." fît l'autre, un terrestre bien plus solidement bâti. Il retira son sac à dos et vida précautionneusement son contenu par terre. 4 pains de pâte claire et malléable, qu'il colla avec application aux pattes de l'alicorne géante de pierre. "Ca devrait faire l'affaire. Viens, on s'éloigne."

Les deux ombres trottinèrent à l'abri d'une autre sculpture. "Vas-y!" souffla le terrestre à sa compagne. Celle ci se concentra, et envoya un éclair du bout de sa corne. Il manqua les explosifs, et se perdit dans un buisson. "Mince, raté!" glapit-elle. Elle visa à nouveau, et rerata. "Je vais me rapprocher un peu, je n'y arriverais jamais à cette distance." fît-elle d'un ton navré.
"Sois prudente, quand même..." répondit tout bas l'autre avec anxiété, en voyant son amie sortir de sa cachette et s'avancer vers la statue.

"D'accord, allons-y..." fûrent les derniers mots de la licorne, qui au moment même ou sa magie atteignît les pains d'explosifs, fût prise dans le souffle de l'explosion et dispersée en une dizaine de morceaux différents. La statue quand à elle, privée de tout support, s'écroula sur elle même dans un vacarme assourdissant et quasiment réduite au rang de gravier. "Oh, Celestia toute-puissante!" hurla le terrestre, complètement sonné, recouvert de poussière blanche et des restes sanguinolents de son amie. Il se remît sur pattes, luttant pour ne pas vomir lorsque l'odeur d'entrailles lui parvînt aux narines, et tituba jusqu'aux portes du jardin. Il ne fût pas assez rapide, et un garde plus alerte que les autres lui tomba brutalement dessus.

"Pas si vite, ordure criminelle!" hurla-t-il, en lui ligotant les pattes derrière le dos. Il fît rouler le poney sous le côté, et grimaça de dégoût. De l'écume lui coulait du lèvres, ses yeux s'étaient révulsés et il ne respirait déjà plus. Suicide au cyanure, comme d'habitude. Il resta un moment à contempler les yeux sans vie du terroriste encagoulé, comme s'il espérait y trouver les raisons de son acte. Mais il n'y trouva rien, évidemment, et lorsque les renforts arrivèrent, il n'était pas plus avancé. "Prévenez Celestia" fît-il juste. "Et prions pour que ça soit le dernier."

L'attentat pour détruire une statue, mouais...
Pour le début j'aurais bien vu Celestia saoul mettre le barreau de chaise ailleurs, if you know what I mean
Mais le chapitre n'est pas censuré, je m'y attendais !