« Le vent est trop fort pour que nous puissions continuer ! hurla Sturmovik par-dessus les rafales de neiges qui les fouettaient depuis qu’ils étaient entrés dans la vallée du Septentrion.
- Non, si on se pose par ce temps on risque de ne pas pouvoir repartir ! répliqua Rainbow, qui menait le convoi. »

La tempête de neige n’avait cessé d’empirer depuis qu’ils avaient pénétrés dans la vallée, plusieurs heures plus tôt, et maintenant ils ne voyaient plus qu’à quelques mètres devant eux, suivant tant bien que mal le cap indiqué par une boussole que Rainbow avait attachée à sa patte avant gauche. Les quatre avaient enfilés des tenues chaudes, conçues pour le vol dans ces régions, et s’étaient encordés pour ne pas se perdre. Cependant, la violence de la tempête perçait même la protection offerte par les vêtements, et rendait atrocement complexe la progression, tant ils devaient fournir d’efforts pour slalomer dans le chaos des courants d’airs.

Les régions septentrionales où ils se trouvaient à présent étaient prises dans des neiges éternelles depuis bien avant la création d’Equestria. Mais elles étaient également extrêmement importantes pour le royaume, qui y exploitait des gisements de métaux rares introuvables ailleurs. Ces richesses attiraient les convoitises des brigands et des pillards dans ces mêmes montagnes, d’où la construction d’un avant-poste militaire dans la région, avant-poste qui s’était muté au cours des ans, durant les multiples ruées vers l’or, en ville-champignon naguère prospère, aujourd’hui clairement sur le déclin.

Cependant, Sturmovik avait expliqué que son ancien instructeur à l’école de l’air, Wellesley, une légende vivante parmi tous les acrobates, y avait établi sa retraite. Le petit groupe avait donc décidé de lui rendre une visite.

Rainbow menait la danse, serrant les dents et battant des ailes de toutes ses forces, suivie par Sturmovik qui fournissait l’appui qu’il pouvait à sa leader. Derrière, Thunderbolt fournissait le double d’effort pour tirer une Fluttershy qui peinait plus que jamais dans la tempête.

« Là ! Droit devant ! cria Rainbow à la vue d’une série de lueurs rouges qui perçaient le mur de neige. »

Le soulagement du groupe fut perceptible, mais il resta bref, chacun sachant qu’ils n’étaient pas encore tirés d’affaire. Forçant l’allure, Rainbow amorça la phase de descente vers la piste d’atterrissage marquée devant elle. Derrière elle, le convoi l’imita, et bientôt ils purent voir la silhouette découpée par les lumières d’une entrée dans un abri. Dans un dernier effort les quatre pégases entrèrent, puis se posèrent, transis de froid, de faim et de fatigue, sous les regards médusés des poneys en uniforme militaire qui travaillaient là. Tous firent de leur mieux pour rester droit, mais Fluttershy vacillait déjà, et dut être rattrapée par Thunderbolt avant qu’elle ne s’écroule, tandis que déjà, un poney terrestre brun, à la crinière taillée en brosse se frayait un chemin dans le rang pour s’entretenir avec les arrivants. Sa cutie mark était trois chevrons.

« Qui êtes vous ? Identifiez-vous ! dit-il d’un ton sec habitué à donner des ordres
- Euh… Rainbow Dash mon général ! répondit l’intéressée, un peu gênée.
- Sergent ! Sergent Sherman ! répliqua-t-il. Que venez-vous faire ici ?
- Nous cherchons quelqu’un…
- Vraiment ? Corps, Unité, Rang, Nom, Numéro de Matricule !
- Euh… Armée de l’Air, Wellesley ?
- Inconnu au bataillon. Êtes-vous sûre qu’il est affecté ici ?
- Non non, intervint Sturmovik. Il est à la retraite !
- Donc, si je récapitule, il n’est pas sur cette base ?
- On dirait que non, dit Rainbow.
- Vous n’avez donc rien à faire ici ! Votre intrusion est un manquement grave aux lois militaires qui ont cours ici !
- Attendez, où sommes-nous exactement ? demanda Rainbow.
- Vous ne savez même pas où vous allez ?
- Par ce temps, c’est un peu compliqué voyez-vous Sergent.
- Mmmmh… mettons que je vous crois ! Vous êtes sur la base numéro 45, Staliongrad.
- Nous pensons que notre ami vit à Staliongrad ! Nous sommes donc arrivés ?
- Si vous vouliez venir dans l’enfer glacé c’est le cas ! Quoiqu’il en soit, vous allez tous vous soumettre à un examen d’identité poussé et à un interrogatoire. Vous avez violé un périmètre sécurisé et…
- Vous n’avez pas le droit de faire ça ! s’exclame Rainbow. Il y a des lois qui vous interdisent de nous arrêter et de nous retenir sans jugement !
- En Equestria sûrement. Mais ici, c’est la Frontière, et la règle, ce sont d’abord les Princesses puis le Général Pershing. Et le Général Pershing a interdit formellement toute intrusion dans la base ! Soldats, saisissez vous d’eux !
- Sergent oui Sergent ! répliquèrent en chœur les soldats avant de s’approcher du quatuor.
- Attendez ! dit Rainbow. Vous allez commettre une erreur ! »

Mais les soldats étaient déjà sur eux et avant que Rainbow ait pu développer quoique ce soit, ils furent assommés et amenés vers les cellules.

« Soldats, dit le Sergent. Profitez-en pour les fouiller pour essayer de savoir ce qu’ils veulent.
- Sergent oui Sergent ! répondit un des troupiers. »


Quant Rainbow ouvrit les yeux, elle sentit d’abord un courant d’air froid et humide parcourir sa peau. Elle frissonna un peu, essaya de remonter une couverture qu’elle ne trouva pas, puis prit conscience d’où elle était et surtout qu’elle n’avait plus ses vêtements. Elle ouvrit les yeux, mais les referma brièvement, prenant conscience qu’on parlait près d’elle :

« …totalement sûr Sergent ? dit une voix inconnue
- Oui Général, celle-ci avait ça sur elle.
- Vous pensez qu’elles ont eu vent de nos projets ?
- Je l’ignore Général. Mais celle-ci était la chef, elle pourra probablement nous en dire plus.
- Et pour l’autre ?
- J’ai envoyé une unité le ramener ici. Il est dans la salle numéro 3, prêt à vous répondre si vous le désirez…
- Amenez également la bleue dans la salle.
- Oui mon général. Vous deux, vous avez entendu le général !
- Sergent oui Sergent ! dirent deux voix, tandis que la porte de la cellule de Rainbow coulissait ».

Elle se sentit soulevée et traînée au sol, puis perdit à nouveau conscience. Elle fut réveillée brutalement par le contact de l’eau froide jetée sur elle. Ouvrant les yeux, elle put constater qu’elle était solidement attachée à une sorte de chaise en fer, par les pattes arrière, les pattes avant étant quant à elles liées dans son dos. Jetant de rapides regards à droite et à gauche, elle se rendit compte qu’elle était dans une salle nue, aux parois de béton apparentes, seulement éclairée par une ampoule nue qui scintillait. Il n’y avait aucun mobilier excepté une table en métal tout aussi nu.

Elle n’était pas seule : en face d’elle, le Sergent Sherman, mais aussi un poney terrestre gris, à la crinière elle aussi taillée en brosse. Il portait un uniforme bleu, et sa cutie mark était trois étoiles. A coté d’elle, un autre pégase, dans la même situation qu’elle, gris lui aussi, portant un bouc et une moustache poivre et sel ainsi qu'une crinière coupée court. Ce qui marqua le plus la jeune pégase c’était le regard noir déterminé de l’autre prisonnier, qui semblait plus assuré que les deux militaires.

« Bien, maintenant que nous sommes au complet, nous allons pouvoir débuter notre réunion, commença celui que Rainbow identifia comme le Général Pershing.
- J’aimerais assez, Pershing, que vous m’expliquiez en effet, dit l’autre prisonnier.
- Patience, patience. Je pensais que c’était l’une de vos principales qualités.
- Je ne suis patient que quand les choses valent le coup Pershing. Pas quand on me fait perdre mon temps.
- Très bien. Vous allez peut-être pouvoir m’expliquer ce que voulait cette jeune pégase ici présente ?
- Bien qu’être recherché par une si jolie jeune personne soit flatteur, je l’ignore autant que vous.
- Oh. Pourquoi cherchiez-vous un dénommé Wellesley, Mademoiselle, demanda le Général tout en regardant une fiche posée sur la table, Rainbow Dash ?
- Écoutez, j’ignore ce qu’il se passe ici mais je ne comprends rien à tout… »

Elle fut brutalement interrompue par un coup de sabot dans la figure donné par le Sergent, coup qui lui fit cracher du sang.

« Répondez à la question !
- Je…je le cherche parce que je monte une équipe pour le compte de la Princesse Luna ! dit-elle d’une traite, sous le regard effaré de l’autre pégase.
- Oh, voilà qui est très probant. Qu’en dites-vous mon ami ? reprit le Général, regardant le pégase.
- À moins que la Princesse ne veuille monter une équipe de service pour son thé, je ne vois pas en quoi je pourrais lui être utile.
- Ne jouez pas au plus malin avec moi. Nous savons tous les deux pour qui vous travaillez vraiment et ce que vous faites ici.
- Général, vos agissements sont à la limite de la trahison ! répliqua le prisonnier.
- La trahison ? dit le Général, manifestement choqué. La trahison dites-vous ? Je suis fidèle à mon pays. Bien plus fidèle que vous. Bien plus fidèle que ces deux soit disant Princesses qui nous gouvernent ! Avez-vous vu à quoi elles nous réduisent ? Notre pays est puissant, nous avons la magie des licornes, l’adresse des pégases, la puissance des terrestres ! Nous avons des ressources, nous avons des technologies ! Et que sommes-nous ? Des enfants qui tremblent dans la nuit, sursautant au moindre bruit !
- Les Princesses nous protègent ! dit le pégase, l’air dur.
- La belle affaire ! Où était la Princesse Célestia quand sa sœur maléfique est revenue ? Nulle part en vue, des civiles ont fait le travail. Quelle sanction a-t-elle prise contre l’agresseur ? Aucune ! Et où étaient ces deux fameuses Princesses quand ce monstre, ce « Discord » nous a attaqués ? Nulle part ! Il suffit de cela, je ne veux plus que mon pays soit gouverné par deux inconséquentes qui ne se rendent pas compte qu’ici, sur la Frontière, moi et mes hommes nous battons chaque jour pour que le reste du pays puisse vivre en paix !
- Vous ne pourrez pas vaincre ! Elles sont plus puissantes que vous ne le serez jamais !
- Oui, je l’ai longtemps cru. Cependant, il y a des choses ici aussi vous savez. Des choses qui remontent à longtemps, très longtemps. Croyez moi, quant nous serons prêts, les Princesses n’auront pas le temps de lancer le moindre sort. Et notre pays sera enfin sauvé !
- Par qui ? Vous Pershing ? Vous croyez qu’ils vous suivront ?
- Mes troupes d’élite me sont fidèles. Une fois l’appareil d’État décapité, il n’y aura qu’une seule organisation encore en ordre, l’armée, et un seul officier à sa tête moi. Qu’ils le veulent ou non, tous me suivront. Qu’il est dommage que votre amie ne puisse jamais transmettre vos rapports aux Princesses pour les prévenir de tout ça !
- Vous délirez Pershing.
- Je délire ? Nous les avons pourtant trouvés ces fameux rapports. Je crains que votre chemin ne s’arrête là, pour vous et votre amie. De toute façon vous n’auriez pas trouvé vos places dans le monde meilleur que je vais créer. Sergent, chargez vous d’eux.
- Avec plaisir Général ! »

Pershing quitta la pièce, tandis que le Sergent sortait un long couteau de sa ceinture, s’approchant lentement du pégase, un sourire aux lèvres.

« Tu sais, après tout ce que tu m’en as fais voir, je vais prendre plaisir à te tuer.
- Charmant programme Sherman. Dommage que malgré les airs que vous vous donnez, vous restiez un minable.
- Encore ce regard hein ? Tant d’arrogance, tant de mépris pour les autres, qui vont enfin cesser. J’espère même que tu vas me demander merci !
- Sherman…
- Oui ? Monsieur a une dernière volonté ?
- Vous avez toujours le même défaut.
- Hein ?
- Vous parlez trop cher ami et, pire que ça, vous vous écoutez parler.
- Hein ? »

Et le Sergent fut surpris par la patte avant droite du prisonnier, qui vient le cueillir sous la mâchoire, dans un bruit de craquement d’os répugnant. Sonné, le Sergent tenta de s’écarter, mais la patte gauche du pégase s’écrasant sur le sommet de son crâne l’envoya au tapis. Sans même prendre le temps de considérer le résultat, il saisit le couteau du Sergent et coupa les liens qui le retenaient à la chaise. Puis, se levant, il se tourna vers Rainbow et lui dit brutalement :

« Mais qu’est-ce qui vous est passé par la tête de tout lui dire ?
- Mais qu’est-ce qu’il se passe ici à la fin ?
- Ce n’est pas évident ? Pershing a trouvé quelque chose, et quoique ce soit, il pense qu’avec cela, il pourra détrôner les Princesses. Je reconnais votre courage d’avoir bravé cette tempête pour venir aux nouvelles, mais pourquoi vous êtes-vous jetée dans la gueule du loup ? Et pourquoi tout avouer ? Vous avez compromis ma couverture !
- Votre couverture ?
- Oui, l’ancien officier à la retraite ! Mais vous savez tout ça voyons ! Qui est en charge de la formation des recrues ?
- Des recrues ? Écoutez, je ne sais pas ce que vous ou ces types pensez, mais je ne suis pas ce que vous croyez !
- Vous n’êtes pas de l’Equestrian Intelligent Service ?
- Non !
- Vous ne travaillez pas pour les Princesses ?
- Non ! Enfin oui, seulement pour Luna.
- Quel est votre rôle ?
- Je suis chargée de monter une équipe de voltige pour elle !
- De voltige ? Vous voulez dire que l’équipe dont vous parliez c’est…
- Oui ! Les Shadowbolts !
- Je crains que vous ne vous soyez mis dans un sacré pétrin. Ils pensent que vous êtes une agent vous aussi.
- Moi aussi ? Mais qui êtes vous exactement à la fin ?
- Toutes mes excuses Mademoiselle, je manque à tous mes devoirs. Je me nomme Wellesley. Commandant Wellesley, de l’Equestrian Intelligent Service. »

PS : Devinerez vous de quel immense acteur je me suis inspiré pour Wellesley ?

Pour l'acteur, je ne suis pas sûr du tout, je ne suis pas très cultivé en matière de cinéma
Sean Connery ?