Malheureusement, il va être dur pour moi de ne pas en parler pendant trois plombes, donc excusez mes futures digressions.

Déjà, qui c'est qui n'a écrit c'teu'bouquin ?
Elle s'appelle Donna Tartt. Sa biographie, on s'en tape un peu, si ce n'est qu'elle a été la camarade de classe de Bret Easton Ellis, auteur nihiliste américain dont les thèmes s'axent énormément sur la psychologie des personnages, la plupart du temps de jeunes étudiants, vivant le cliché de l'étudiant américain avec des fêtes perpétuelles, de l'alcool, de la drogue... Et qui finissent par s'interroger sur la vacuité de leur vies (pff, j'ai galéré pour résumer :/)
Bref, tout ça pour dire que Ellis fut une influence certaine pour Donna Tartt, puisque c'est à Ellis qu'elle dédit son premier roman, à savoir le maitre des illusions. Car, oui, c'est son premier roman.
Un premier roman qui lui aura pris 10 ans pour en finaliser l'écriture. Et ce fut un succès mondial (on traduit par un livre en 23 langues s'il ne fait pas un minimum de recettes..)
Mais, un livre vendu n'est pas forcément un bon livre.

Alors, pourquoi ce pavé est-il bon au point que je veuille vous le faire lire ?
Ah oui, j'ai oublié de préciser, Le maitre des illusions est un pavé. le genre de pavé dont Balzac n'aurait pas à rougir.
Mais, contrairement à cet auteur sus-cité, ce livre est particulièrement digeste. On s'évade très vite, porté par les images riches que l'auteur suscite dans notre imaginaire, par son écriture très expressive, fluide, lyrique et parfois un peu précieuse. Son univers est envoutant. On se laisse entraîner dans un vertige de paysages grandioses tout droits sortis d'un tableau de Constable (comme elle en fait elle-même l'allusion dans son roman), où s'entremêlent les odeurs, les couleurs, les lumières et les ombres d'une nature qui tient un rôle majeur.

Citation :

"J'errais comme un somnambule, abasourdi et ivre de beauté. Un groupe de filles aux joues rouges qui jouaient au football, queues de cheval au vent, leurs et leurs rires atténués par la prairie veloutée au déclin du jour. Des pommiers craquants sous les pommes, avec en dessous des fruits rouges tombés sur l'herbe, l'odeur lourde et sucrée des pommes qui pourrissaient par terre, le bourdonnement régulier des guêpes (...) Le choc de voir pour la première foi un bouleau se dresser dans le noir, le soir, aussi mince et indifférent qu'un fantôme. Et les nuits d'une ampleur inimaginable : noires et venteuses, énormes et agitées, traversées d'étoiles."

Avec un style particulièrement bien retranscris dans la traduction française (le/la traducteur(trice) a fait un boulot d'enfer), le maître des illusions se lit avec une facilité déconcertante, on se laisse bercer par les mots comme Camilla lors de leurs promenades en barque sur "le lac lumineux et tranquille"...

bon, ok, mais de quoi ça parle exactement ton roman ?
Ce roman est un récit, récit de Richard, un jeune californien de 19 piges qui se tire de chez lui pour se terrer dans une université du Vermont où il souhaite poursuivre ses études. Il intégrera le cursus de grec ancien, dans une classe au professeur excentrique (Julian) qui n'accepte que peu d'élèves (ils ne sont que 6) et où il intégrera ce groupe si particulier...

J'ai limité au maximum pour ne pas spoiler l'histoire principale. (qui, pourtant, est loin d'être le truc le plus intéressant)
Les personnages qui forment ce petit groupe sont tous fascinant. Mais, je vais surtout parler de ce professeur, Julian Morrow, qui est mon personnage préféré.

Ce personnage est un prof', certes, mais un prof comme j'en ai croisé qu'une seule et unique fois dans ma vie (en l'occurrence, ma prof de bio de prépa). C'est un passionné, et allez en cours avec un passionné, c'est un bonheur sans nom.

Citation :

"Les choses terribles et sanglantes sont parfois les plus belles. C'est une idée très grecque, et très profonde. La beauté c'est la terreur. Ce que nous appelons beau nous fait frémir. Et que pouvait-il y avoir de plus terrifiant et de plus beau, pour des âmes comme celles des Grecs ou les nôtres, que de perdre tout contrôle ? Rejeter un instant les chaînes de l'existence, briser l'accident de notre être mortel ? (...) Si nos âmes sont assez fortes, nous pouvons déchirer le voile et regarder en face cette beauté nue et terrible ; que Dieu nous consume, nous dévore, détache nos os de notre corps. Et nous recrache, nés à nouveau."

C'est un personnage charismatique, très érudit et quelque peu despotique, une sorte de gourou pour ces jeunes. Il m'a rappelé la figure paternaliste du grand-père que Sartre décrit dans les mots. Un "dieu" incarné..

Citation :

"Je crois qu'une diversité de professeurs est nuisible et ne peut que troubler un jeune esprit, tout comme je crois qu'il vaut mieux connaître un livre à fond qu'une centaine de façon superficielle. Je sais que le monde moderne a tendance à me donner tort, mais après tout Platon n'a eu qu'un seul professeur, de même qu'Alexandre."

Les quelques passages où ses cours sont racontées, je serais capables de les relire sans fin..

Citation :

Il est dangereux d'ignorer l'existence de l'irrationnel. Plus une personne est cultivée, intelligente, réprimée, plus elle a besoin d'une méthode pour canaliser les impulsions primitives qu'elle s'est efforcée d'éliminer. Sinon ces forces puissantes et archaïques vont s'amasser et grandir jusqu'à se libérer, d'autant plus violentes qu'elles ont été retardées, et souvent assez brutales pour anéantir complètement la volonté.

On retrouve dans ce livre les racines de l'univers de Bret EastonEllis (american psycho) : un monde de luxe où s'affrontent l'orgueil, la passion, la jalousie en même temps que l’alcool, la drogue. Elle insiste aussi sur l'importance des statuts (le narrateur est un jeune boursier) et des apparences qu'il faut tout faire pour sauver.

Les relations entre les personnages sont finement tissés en un patchwork sublime. Un climat de trouble et de "perversité innocente" baigne constamment les pages du roman, sur fond d'érotisme et d'érudition quasi mystique.


Bien sûr, ce livre n'est pas exempt de défaut, d'aucuns regrettent quelques longueurs (pages de dialogues qui s'éternisent, les descriptions d'indices qui préparent à une révélation mais qui s'enlisent par leur durée excessive) ou encore quelques clichés. [j'avoue ne pas en avoir souffert, mais c'est peut-être mon coté fanboy]
De plus, il semblerait que ces problèmes disparaissent en VO. Ne l'ayant pas (encore) lu, je ne peux rien dire.

résumé/citations => reprise ce ce site.

Alors, pour le coup, c'est pas un roman, mais un essai.
Je dois bien avouer que j'ai un peu acheté ce livre par hasard. J'ai toujours aimé la SF que ce soit Brussolo, Asimov, Lovecraft, Herbert, Bradbury, Clark, etc..Oui, bon, je parlerais SF plus tard ^^" et bien sûr Barjavel.
Bref, en achetant son livre, je m'attendais à un roman du même acabit que le grand secret , Ravage ou la nuit des temps.

Donc, première surprise à la lecture, pas de personnages, un auteur qui parle. Mais pas n'importe quel auteur. Barjavel. Avec son style clair, concis, simple.
Bref, on commence à lire, mais on lit quoi ? On lit un auteur qui se sent vieillir peu à peu. Un auteur qui veut faire le point. Là où certains écrivent leur biographie, Barjavel nous livre ses pensées sur les thèmes qu'il affectionne (Vie, Mort, Sexualité, Religion, Science,...) et qui font écho à ses romans.
La plupart des thèmes et des idées évoqués peut être mis en parallèle avec l'un de ses œuvres.

Mais, contrairement à la plupart des essais, ici, point de chapitres, point de plan structuré en trois parties..Mais un auteur qui écrit au fil de ses pensées. Revenant sur les points importants de son argumentation quand il estime nécessaire, les sujets qu'il avaient délaissés pour laisser place à une digression, reviennent plusieurs pages après, mais jamais l'auteur ne se contredit ou ne rend son discours confus.
On a un auteur qui se pose des questions, questions qui en appellent d'autres, jusqu'à crouler sous le poids de ces questions connexes.
Cependant, toutes ses réponses, ou plutôt hypothèses, donnent corps à un assemblage entièrement cohérent et plausible.

Un autre atout de cette oeuvre est indéniablement le style.
Barjavel s'accapare son auditoire, ne lui laisse pas le temps de s'ennuyer, ne se perd jamais dans des détails, s'efforçant d'être à chaque page à la fois déroutant, fou, captivant. Il n'hésite pas à s'adresser en personne à son lecteur, et à le tutoyer.
bien que ses thèmes soient des plus sérieux, il ne se refuse pas à plaisanter. Mais ces libertés qu'il se permet ne l'empêchent pas d'exhiber ses talents. Et pourtant, ça sonne juste, aucune faute de goût.
On passe du bon temps. Au bout de quelques pages, on ne lit plus un essai, mais on écoute un monologue ou plutôt un dialogue, son raisonnement étant si clair que l'on s'imagine facilement poser les questions auxquelles il tente de répondre.

Que rajouter ?
Peut-être dire que c'est mon livre préféré et que je le relis au moins une ou deux fois par an..
Que ce soit le fond ou la forme, tout est très bon. On est pas obligé d'être d'accord avec tout pour apprécier, mais les thèmes qu'ils abordaient en 1966 sont toujours d'actualité et le seront surement encore pour un moment.
Bref, j'ai été touché par ce livre.

Un petit extrait pour finir ?
Je n'y parviendrai peut-être jamais, mais jusqu'à mon dernier souffle, je chercherai à comprendre. Comprendre où je suis et ce que je suis et ce que j'y fais, et à quoi ça rime. Ce corps qui s'est construit sans moi, et qui vit sans mon intervention, cet esprit qu'il enferme dans un scaphandre qu'ont-ils à faire ensemble, vers quelle vase ou quel trésor s'enfoncent-ils dans l'océan de la matière ? Cette chair souffrante et jouissante qui me commande, et qui est faite de vide et qui saigne, qui a reçu du fond des âges une vie qui la laissera tomber et pourrir, cet esprit qui aura à peine le temps de naître avant de s'évanouir, je veux comprendre, comprendre, comprendre.

un excellent dossier sur La Faim du Tigre pour ceux qui veulent en savoir plus (dossier que j'ai honteusement copié pour certains phrases ci-dessus) :
http://barjaweb.free.fr/SITE/ecrits/Tigre/tigre.php

Halo - La chute de Reach :



Halo - Les Floods :



Halo - Opération First Strike :



Guide de survie en Térritoire Zombie :



Une BD de Halo aussi, Graphic Novel...



Et les Fics de MLP .