Date d'inscription : 25/10/2012 Age : 28 Localisation : Genève
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Mer 5 Déc - 13:51
Un nouveau chapitre!
Ton histoire me plaît toujours autant!
Une petite remarque cependant. L'opéra sera en place dans un mois. UN MOIS? Entre temps, je pense que Rarity et Applejack on largement le temps de retrouver Fancy non? A moins qu'elles attendent qu'il revienne a Canterlot dans ce cas...
C'est Fluttershy la meilleur! L'idée de l'opéra est bien trouvée mais je suis un peu étonné. Si la pièce est aussi connue et ancienne, comment ça se fait que personne n'ai eu l'idée d'en faire un opéra jusqu'à maintenant? C'est pas sorcier d'y penser.
Bon à part ça, bon courage pour la suite, j'adore ta fanfic!
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Mer 5 Déc - 16:39
Shy Butterfly a écrit:
Un nouveau chapitre!
Ton histoire me plaît toujours autant!
Une petite remarque cependant. L'opéra sera en place dans un mois. UN MOIS? Entre temps, je pense que Rarity et Applejack on largement le temps de retrouver Fancy non? A moins qu'elles attendent qu'il revienne a Canterlot dans ce cas...
C'est Fluttershy la meilleur! L'idée de l'opéra est bien trouvée mais je suis un peu étonné. Si la pièce est aussi connue et ancienne, comment ça se fait que personne n'ai eu l'idée d'en faire un opéra jusqu'à maintenant? C'est pas sorcier d'y penser.
Bon à part ça, bon courage pour la suite, j'adore ta fanfic!
Merci
Ce sont des points intéressant que tu soulèves là, et une occasion de débattre que je vais saisir:
-le temps de préparation: Il me fallait un temps pas trop hallucinant pour à la fois composer et interpréter l'opéra. Le meilleur compromis possible était ce fameux mois. A la fin du chapitre 10, AJ dit à Rarity qu'elle a besoin de faire le point à Manehattan. Ca signifie également qu'elle abandonne temporairement les poursuites. Sans trop en révéler, le début du prochain chapitre fait une ellipse d'une semaine jusqu'au moment où elle s'apprête à repartir, tout en sachant que notre noble se balade au hasard dans le pays. Ca c'était du côté « vengeance ». Passons au côté « raison », Twi et cie se doutent qu'il y a peu de probabilité de chopper Fancy ou les Bonnie & Clyde, c'est pour cette raison qu'elles organisent l'appât, car avec une promotion massive dans le pays, quel que soit la ville où les cibles sont, ils sauront forcément au fait de l'opéra. Et dans ce cas, AJ/ Rarity ont juste à faire preuve d'un peu de patience^^
-L'idée de l'opéra. J'avoue que tu as bien failli m'avoir sur ce point, mais réfélexion faite, ce n'est pas si improbable que cela. J'ai évoqué dans le chapitre La Poétique d'Aristrott (inspiré bien sûr d'Aristote). Ses règles au sujet du théâtre ont longtemps dominé la dramaturgie française. Il suffit de voir à quel point les premières représentations du Cid de Pierre Corneille ont déclenché un véritable débat qui ferait passer ceux du forum pour des futilités (oh wait... XD). Le show a montré à de multiples reprises qu'Equestria est une société encore plongé dans certains codes et traditions. Il faut un sacré culot pour oser transposer une tragédie en opéra et je ne crois pas que beaucoup d'auteurs auraient eu cette audace. Pour l'anecdote, c'était Luna qui devait suggérer l'idée, mais j'ai opté pour Fluttershy au final, car il me fallait un regard moins versé dans les Arts que Twala ou Luna (Qu'on a vu plongé dans des recueils de théâtres à de multiples reprises).
J'allais oublier, voici (sous spoiler) une liste des rôles déjà pourvus dans cette version ponyfiée d'Hamlet. Vous y trouverez le nom original du perso, son nom ponyfié et l'interprète dans la fic. Au passage, je remercie d'avance Sakiru pour me laisser exploiter Saki Reming dans ce passage^^
Spoiler:
Hamlet/Manelet: Pinkie Pie
Claudius/Pridehoof: Luna
Laerte/ Quicksilver: Rainbow Dash
Ophélie/ Madmare: Fluttershy
Horatio/ Wellmouth: Twilight Sparkle
Fortinbras/ Stronghorn: Saki Reming
Comme vous pouvez le constater si vous avez lu la pièce, il reste encore beaucoup de place, donc n'hésitez pas, ou ce seront des rôles attribués à Derpy, Colgate, Bon Bon, Docteur Whooves etc...
Date d'inscription : 25/01/2012 Age : 33 Localisation : Au fond à gauche
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Jeu 6 Déc - 15:09
Retard récupéré. Et ça pas été simple de se remettre dans le bain après cette looooongue pause.
'nyway je commencerais direct par souligner le souci, les fautes. Y a beaucoup, beaucoup de fautes d'inatention. Ce qui ne serait pas si grave si certaines ne changaient pas complètement le sens de la fic.
Exemple :
-C'était... Une idée des domestiques ! Balança-t-il. Ils m'ont dit que si je me faisais passer pour lui, il me donnerait une partie des bénéfices ! J'ai perdu beaucoup d'argent dans les jeux dernièrement, vous voyez... Ah...Ah..Ah »
A lire avec le "il me donnerait" au singulier, on croit que c'est Fancypants qui a laissé le champ libre à Blueblood pour monter l'arnaque. Or, la suite du texte nous montre bien que les seuls coupables, c'est le domestiques, pas Fancypants lui-même.
Y a des erreurs de continuité aussi, un coup Fancypants est sir, un coup il est lord, ce qui ne correspond pas du tout au même titre de noblesse. Sir ne traduit aucun titre d'ailleurs, c'est une forme d'appelation prestigieuse et de respect. Lord par contre, c'est un titre de noblesse transmisible.
Et je passe sur tous les petits détails, le fait que tu accentues les noms de Celestia ou de Zecora, alors qu'il ne le faut pas.
Mis à part ça, sur le fond lui-même, point positif c'est assez agité. Dans le bon sens, on va un peu partout, on change de décor, on croise plein de personnages c'est assez appréciable. Autant je m'attendais que les FlimFlam soient une fausse pistes, autant j'ai trouvé la fin de cet arc scénaristique maladroit. ca s'enchaine trop vite, on a pas le temps d'entrer dans le chapitre qu'on est déjà passé à autre chose.
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Ven 7 Déc - 9:04
Bro-Nie a écrit:
Retard récupéré. Et ça pas été simple de se remettre dans le bain après cette looooongue pause.
Merci beaucoup Je conçois tout à fait que ça n'a pas dû être chose facile, vu que je suis dans la même situation pour BAZ, retard qu'il faut que je comble ce week-end, si je veux avoir la chance de profiter de ta surprise de noel.
Bro-Nie a écrit:
'nyway je commencerais direct par souligner le souci, les fautes. Y a beaucoup, beaucoup de fautes d'inatention. Ce qui ne serait pas si grave si certaines ne changaient pas complètement le sens de la fic.
Je savais qu'il devait forcément en rester, mais quand j'ai lu ceci, j'avoue que je ne m'attendais pas à cela. J'ai donc relu l'intégralité de la fic hier soir en mode "grammar nazi", et force est de constater que tu avais raison. Entre les pluriels, les répétitions de syllabes dans un même mot, les changements de sexes, les oublis de connecteurs logiques, etc... J'étais furieux d'avoir laissé passé autant d'inepties lors de mes relectures. Ce matin, je me suis donc occupé de corriger les posts et le google doc, il manque juste les passages en italique, en gras dans mes posts, donc préférez le doc .
Bro-Nie a écrit:
Y a des erreurs de continuité aussi, un coup Fancypants est sir, un coup il est lord, ce qui ne correspond pas du tout au même titre de noblesse. Sir ne traduit aucun titre d'ailleurs, c'est une forme d'appelation prestigieuse et de respect. Lord par contre, c'est un titre de noblesse transmisible.
Et je passe sur tous les petits détails, le fait que tu accentues les noms de Celestia ou de Zecora, alors qu'il ne le faut pas.
Pour les changements de titre, c'était afin d'éviter les répétitions qui sont mes hantises. Mais au final, j'ai opté pour "Sir" Et pour les accents, je n'étais pas au courant et c'est la première fois que tu me le fais constater depuis le temps que je fais cette faute (PCP)
Bro-Nie a écrit:
Mis à part ça, sur le fond lui-même, point positif c'est assez agité. Dans le bon sens, on va un peu partout, on change de décor, on croise plein de personnages c'est assez appréciable. Autant je m'attendais que les FlimFlam soient une fausse pistes, autant j'ai trouvé la fin de cet arc scénaristique maladroit. ca s'enchaine trop vite, on a pas le temps d'entrer dans le chapitre qu'on est déjà passé à autre chose.
Ca me rassure, je craignais justement que cela paraisse morne et ennuyeux.
En ce qui concerne la maladresse du chapitre 8, j'avais initialement prévu de montrer ce qu'il se passait entre le trio et FlimFlam, avant de donner une scène aux deux frères qui devait créer un effet d'annonce pour un autre passage de la fic. Mais j'avais peur d'un effet de lassistude ou de redondance, et je me suis ravisé. C'était également le cas lors du gala, où j'avais prévu plus de passages sur la fête pour évoquer plus en profondeur le complot des domestiques. De même, ce chapitre devait signer le retour de Greedy Jewel (il reviendra au Carmanegie Hall).
En fait, je change fréquemment certains passages dans cette fic. Par exemple, l'idée de mettre Rarity aux côtés d'AJ m'est venu en pleine rédaction du chapitre 9. Donc je voulais avoir votre avis: devrais-je inclure (et donc modifier) ces fameux passages dans les chapitres 8 et 10 ?
Ps: Je ne m'attendais pas à ce que tu me prennes au sérieux quand j'ai proposé PCP sur ton Tumbler, mais ça me fait plaisir de savoir que tu n'y es pas opposé
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Lun 10 Déc - 8:53
Histoire de patienter un peu en attendant le chapitre 12 (si je récupère ma motivation, ce sera pour mercredi normalement ), je up pour signaler que j'ai modifié le chapitre 8 en rajoutant quelques scènes pour FlimFlam et en rajoutant quelques lignes à la conclusion, le tout rajoute environ un millier de mots au chapitre:
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Jeu 13 Déc - 9:24
Finalement, j'aurais eu un peu de retard par rapport à mes estimations, vu les partiels que je me suis coltiné cette semaine
Mais voilà avec une petite journée de retard le chapitre 12. Chapitre plutôt tranquille par ailleurs, très axé sur les pensées d'Applejack et ses interractions sociales, il a néanmoins le mérite d'insérer quelques phrases annonçant le dénouement de la fic
Et je pense être parvenu à donner une background intéressant à Babs Seed et à sa grande soeur, même si je pense que ça va donner naissance à une petite controverse.
J'ai peut-être un peu précipité la fin du chapitre, aussi, s'il y a des choses à redire faites le savoir. Il ne me reste donc plus qu'un chapitre à écrire pour installer la scène de l'opéra (il sera normalement plus court), ce qui fait que la représentation démarrera au chapitre 14 (parution pour noel si tout va bien), et s'étalera sur deux ou trois chapitres, tout dépendra du comment je vais faire pour que ça reste agréable à lire.
Le casting des OC est toujours ouvert, je le clôture à la parution du prochain chapitre
Spoiler:
Mensonges et non-dits
Le son sec d'un sabot toquant à la porte extirpa Applejack de son sommeil. Cela faisait longtemps que quelqu'un avait pris la peine de la réveiller, cela remontait au moins à son départ d'Appleloosa. Mais ce n'était pas la manière dont la fermière aurait voulu se lever. Elle regrettait le son des casseroles que cognait Granny Smith à l'approche de la récolte de pommes zap...
Comme le sabot semblait insister, Applejack se leva de mauvaise grâce avant d'ouvrir la porte. Sur le pas de cette dernière se trouvait Rarity, coiffée de manière impeccable comme à son habitude, là où son amie avait la crinière toute ébouriffée.
« Il est déjà dix heures du matin, Applejack ! Fit remarquer la licorne. Ca fait une heure maintenant que ton oncle et ta tante sont partis travailler ! Allez hop, on se bouge ! -Ca va, pas la peine de m'crier d'ssus... Se plaignit Applejack »
A présent qu'elle était assurée que son amie était sur ses quatre pattes, Rarity partit en direction de la salle à manger, pendant qu'Applejack s'occupait de changer les draps. Une fois qu'elle eut fait cela, elle alla se doucher dans la salle de bain, située à gauche de sa chambre. Le jet d'eau chaude permit à sa crinière de retrouver son uniformité tout en nettoyant la robe orange de la ponette. Elle se sécha, puis attacha sa crinière et sa queue avant de récupérer son chapeau dans la chambre. Ce n'est qu'une fois qu'elle eut accompli tous ces petits gestes qu'elle s'installa à table, où lui fit servi par Rarity une fournée de crêpes qu'elle commença à dévorer avec entrain, accompagné d'une confiture aux écorces d'oranges amères.
Cela faisait déjà une semaine qu'elles étaient arrivées à Manehattan, et ce genre de scènes matinales était devenu récurrent. En effet, suite à la décision d'Applejack, elle et Rarity s'étaient rendues à la cité la plus cosmopolite d'Equestria. A peine arrivées, elles eurent un dilemme sur l'endroit où elles logeraient. La jeune fermière connaissait les membres composant deux branches de sa famille : les Orange d'une part, un couple de bourgeois chez qui elle avait déjà demandé asile par le passé quand elle cherchait encore sa voie, et les Seed d'autre part, famille aux revenus plus modestes qui tenait une petite boutique de jardinage. Même si AJ appréciait beaucoup les Seed, en particulier ses cousines Wet et Babs, son choix s'était porté sur les Orange pour trois raisons : ils avaient suffisamment de place chez eux pour recevoir deux ponettes, ils fréquentaient les hautes-sphères Manehattaniennes, ce qui pourrait lui apporter des informations sur la localisation de Fancypants, et surtout par égard pour Rarity, qui rêvait nuit et jour de fréquenter les grandes classes sociales.
Par conséquent, une semaine auparavant, les deux amies avaient frappé au domicile des Orange afin de leur demander s'ils pouvaient les héberger durant une période indéterminée. D'abord réticents à cette idée, même s'il s'agissait d'aider leur nièce, les Orange acceptèrent en contemplant les talents de couturières de Rarity, qui en l'espace de quelques jours, avaient confectionné deux robes pour Mme Orange. De plus, Applejack payait les frais d'hébergement grâce à ce qui lui restait de la vente de son rubis.
Deux jours après leur arrivée, elles avaient demandé aux Orange s'ils connaissaient Fancypants. Leur espoir d'en savoir plus fut balayé d'un coup de vent en apprenant que ces derniers savaient simplement ce qui était à la portée du commun des mortels. Applejack avait néanmoins décidé de rester cinq jours de plus, le temps de réfléchir à la suite des événements. Rarity lui avait alors conseillé de revenir à Ponyville, mais celle-ci se heurta à un mur d'obstination chez la fermière qui avait déclaré : « J'retournerai pas à Ponyville sans avoir tenu ma promesse ! ». La licorne n'insista pas plus, car elle considérait que c'était déjà un miracle qu'AJ avait accepté sa compagnie sans rechigner. Elle ne voulait pas perdre la confiance de son amie, même si elle voulait avertir Twilight et les autres de la situation. Une fois sa tête reposée, elle trouvait pour le moins gênant d'être parti sans rien dire et imagina toutes sortes de scénarios catastrophes.
Ainsi était constitué le quotidien des deux amies depuis quelques jours. En poussant un soupir, Rarity se mit également à table en saisissant une des crêpes qu'elle posa dans une assiette avant de saisir les couverts pour la découper en fines tranches.
« On part toujours demain ? Demanda-t-elle -Si y a pas d'imprévus, ouaip. Répondit du tac au tac AJ -Où on va ? -J'en sais fich'trement rien. Avoua la fermière. Ma tête est un foutoir complet... -Pourquoi ne pas aller voir la princesse Celestia à Canterlot ? Proposa la licorne »
La fermière tapa brusquement sur la table avec son sabot, faisant alors sursauter la licorne, avant de dire d'un ton ferme, ne laissant aucune place au doute : « Aller la voir, ça signifie être repérées par Twi et co. Et ces dernières vont bouger leurs popotins pour que j'rentre à Ponyville. Et ça, c'est niet ! Si c'était pour m'dire des trucs de c'genre, t'avais qu'à rester avec les autres ! -Du calme, je ne voulais pas te contrarier. Fit Rarity en caressant le sabot de son amie. Je sais très bien que tu as ta promesse à tenir, j'ai suggéré cette idée comme ça... »
Le petit-déjeuner se poursuivit en silence. Une fois qu'elle eut fini sa part, Applejack se leva en portant son assiette jusqu'à l'évier et fit d'un ton plus serein : « J'ai besoin de sortir un peu... -J'espère que tu n'as pas l'intention de me fausser compagnie. Fit avec méfiance la licorne. -L'argent est dans la chambre. Annonça AJ. Vérifie si tu veux. -Ca va, je te fais confiance. Essaye de rentrer pour le déjeuner. »
En se dirigeant vers la porte, la fermière fit un geste du sabot pour signaler qu'elle avait compris le message. Lorsqu'elle entendit la porte claquer, Rarity poursuivit son repas, avant de nettoyer la vaisselle. Une fois cette corvée ménagère achevée, elle alla en direction de la chambre de son amie et fouilla son armoire. En s'apercevant que l'argent était à sa place, elle émit un « ouf... » de soulagement.
Elle avait beau avoir réussi à se faire accepter d'Applejack, une part de Rarity demeurait quand même sur le qui-vive. Elle avait trouvé en effet que son amie s'était laissée facilement convaincre. Trop facilement, si l'on comparaît cela à son obstination. C'était pourquoi Rarity n'avait jamais l'esprit tranquille en la laissant se balader toute seule. Elle craignait qu'Applejack en profite pour s'enfuir une nouvelle fois. La licorne avait le sentiment qu'Applejack ne lui faisait pas entièrement confiance, qu'elle pensait que sa présence à ses côtés pouvaient très bien être une partie d'un plan de Twilight pour la ramener au bercail. La licorne avait imaginé que les choses s'arrangeraient peu à peu, mais plus le temps s'écoulait, plus un climat de tensions s'installait entre elle et la fille Apple...
Une fois rassurée, elle referma la porte de l'armoire avant de débuter l'entretien du domicile des Orange. Elle s'occupait méticuleusement de toutes les poussières, passait le balai dans les moindres recoins, y compris les plus difficiles d'accès. Elle termina le ménage en passant la serpillère sur le sol et en nettoyant les carreaux. Elle y passa le restant de la matinée.
Le ménage achevé, Rarity tomba sur le canapé, épuisée. Elle avait un peu perdu l'habitude du nettoyage depuis le temps qu'elle avait laissé le Carroussel aux bons soins de Sweetie Belle. Dans le même temps, elle se demandait ce que faisait Twilight et les autres. A force d'y repenser, elle avait fini par comprendre ce qui aurait pu amener son amie dans cet état : le surmenage. Elle en avait trop fait, comme son bébé dragon. Excepté que cette fatigue a littéralement éclaté aux yeux de de tous. Rarity se dit alors qu'elle était probablement celle qui avait le plus de mal à cacher ses sentiments profonds. Contrairement à Applejack, qui était devenue de plus en plus douée dans ce domaine...
Elle remarqua ensuite le journal du jour posé sur la table basse du salon. Entre la préparation du déjeuner et l'entretien de la maison, elle n'avait pas eu le temps de le lire. Rarity lisait toujours le journal depuis son arrivée à Manehattan, par opposition à Applejack, qui n'y portait qu'un intérêt très modéré. La licorne lisait l'intégralité du quotidien à la recherche d'éventuelles informations qui pourrait les guider dans leurs voyages, tout en se délectant des ragots destinés à la haute-société. C'était toujours amusant de constater toutes les intrigues et manipulations qui étaient les mots d'ordre dans cette classe sociale. C'était dans ce genre de moments qu'elle prenait conscience du bonheur et de la chance qu'elle avait d'avoir une vie si simple. Elle entama tranquillement sa lecture en s'allongeant à son aise dans le canapé et arriva à la page des spectacles...
Pendant ce temps, Applejack prenait la direction du port. Elle n'en avait pas soufflé mot à Rarity, mais elle s'était trouvée un emploi à temps partiel sur les docks. Elle se chargeait de manutentions diverses. Des fois, elle déchargeait les navires de marchandises qui débarquaient, d'autres fois, c'était l'inverse. C'était un job simple qui demandait juste un peu de force physique et de la prudence, ce dont Applejack était parfaitement capable.
La fermière avait décidé de travailler là-bas une journée après son arrivée dans la cité. Elle commençait déjà à s'ennuyer de ne rien faire et cela l'énervait de réfléchir constamment à la situation. L'emploi qu'elle avait déniché lui permettait de palier à ses deux soucis : elle dépensait son trop plein d'énergie et en restant rivée sur ce qu'elle faisait, elle ne pouvait pas penser à autre chose. Et ce faisant, elle rendait service aux marins et aux marchands.
Applejack avait un long chemin à parcourir pour arriver aux docks, vu que ces derniers étaient situés à l'opposé complet du quartier bourgeois où habitaient son oncle et sa tante. En traversant ainsi toute la ville, elle constatait de façon flagrante les inégalités qui la régissaient. En effet, si la partie ouest de la ville se montrait chaleureuse et accueillante, avec ses arbres en fleurs jonchant les allés pavées et ses résidents vêtus de façon élégante, ce n'était pas le cas de certains quartiers plus défavorisés, où les passants marchaient encore sur une terre parfois très boueuse. Les choses revenaient un peu plus à la normale au fur et à mesure que l'on parvenait au quartier commerçant, centre névralgique de Manehattan, offrant malheureusement un contraste saisissant. Une fois la zone des boutiques dépassée, on arrivait au port, probablement l'endroit le plus animé de Manehattan.
Certains bateaux ne cessaient d'aller et venir, tandis que d'autres restaient amarrés à quai. Les marins et les dockers faisaient chacun leur part d'un travail harassant et pourtant indispensable au bon fonctionnement des affaires du pays. La plupart d'entre eux se rendaient presque aussitôt dans le bars afin d'évacuer le stress accumulé au cours de la journée, bien que le jus de pommes servi dans ces derniers étaient de bien moindre qualité que celui que la famille d'Applejack produisait à Sweet Apple Acres, selon cette dernière, qui était passée dans l'un d'entre eux une fois sa première journée de labeur terminée.
Applejack ne flâna pas très longtemps dans les rues des docks et se rendit rapidement au hangar où elle travaillait. Elle salua au passage quelques collègues, des étalons bien bâtis par leurs activités quotidienne. Ces derniers avaient été un peu brusques à son égard lors des deux premiers jours, car ils voyaient mal comment une jeune fille pouvait se lancer dans ce type de carrière. AJ était cependant parvenue à les bluffer, non seulement en se chargeant du travail, mais également en abattant une masse de tâches supérieures aux autres ouvriers, qui loin d'être mauvais perdants, respectèrent la fermière. Elle songea dans ces moments que Granny Smith l'avait bien formé à Sweet Apple Acres...
Elle frappa au bureau de son employeur afin de lui présenter ses respects, et aussi pour pointer. En entrant dans la petite pièce aménagée à l'étage afin d'avoir une vue d'ensemble de l'entrepôt (et ainsi surveiller les éventuels tires au flanc), la jeune ponette vit son patron, Cardbox, un étalon terrestre assez corpulent à la robe acajou et à la crinière blonde arborant un carton en guise de Cutie Mark. Ce dernier se contentait pour l'instant d'admirer le fruit de son œuvre en fumant sa pipe en ébène. Il se retourna en entendant Applejack poster sa carte d'employée temporaire. Un grand sourire éclaira alors son visage, et il fit avec ses yeux turquoises pétillant :
« Ah, Applejack ! Notre ouvrière modèle ! -Vous m'flattez, M. Cardbox... Fit la fermière d'un ton embarassé. -Mais c'est que vous les méritez ces éloges ! Fit constater Cardbox. Quel dommage qu'il s'agisse de votre dernière journée ici ! »
L'étalon eut une mine déconfite. En laissant partir cette fille, il s'asseyait sur une augmentation des bénéfices. Même s'il faisait ce métier avant tout par vocation, il devait s'assurer un minimum que son entreprise soit rentable. Applejack tenta alors de soulager sa peine :
« Toutes les bonnes choses ont une fin, M. Cardbox. C'est triste, mais c'est comme ça. »
Les mots qu'elle prononça eurent le don de serrer le cœur de la fermière. Oui, toutes les bonnes choses avaient une fin, pensait-elle. L'époque où elle travaillait dans les champs avec sa petite sœur tout en s'amusant était bel et bien révolue à ses yeux. Depuis le temps qu'elle arpentait Equestria, elle commençait peu à peu à se résigner. C'était à peine si elle se souvenait du but initial de sa folle escapade : Sortir sa famille du coma ? Retrouver la pourriture qui leur avait fait subir ce sort peu enviable ? S'il y avait une chose dont elle était certaine au moins grâce aux informations de Rarity, c'est qu'il y avait un responsable à ses souffrances. Et elle lui ferait payer lorsqu'elle l'aurait acculé...
« Hmm, Applejack ? »
Le ton interrogatif de Cardbox extirpa la ponette de ses pensées et celle-ci répondit qu'elle allait se mettre immédiatement au travail. Son employeur l'assigna alors à s'occuper du chargement du navire Plume noire en binôme avec Anchor Sail. La fermière se réjouit alors du fait d'être avec ce dernier qui lui avait servi de partenaire durant la majeure partie de son séjour. Elle sortit de l'entrepôt et se dirigea vers le navire qu'elle devait décharger. Son partenaire l'attendait avec une impatience non dissimulé.
Anchor Sail était un étalon qui commençait déjà à se faire vieux, même s'il était tacitement admis par tous qu'il était interdit de lui en faire part, sous peine de s'exposer à son courroux. Et c'est qu'il était impressionnant le poney, avec sa fière robe bleu marine, ses pattes musclées, son regard de braise qui imposait instantanément le respect à ceux à qui ils s'adressaient, et sa cutie mark symbolisant une ancre de fer massive. En dépit de cette allure imposante, il s'agissait d'un poney très sympathique, et il n'avait pas fallu beaucoup de temps à Applejack pour l'apprécier. Et ce sentiment était réciproque, comme en témoigna leur coup de sabot simultané. « Salut, p'tite pouliche ! Fit Anchor Sail d'un ton solennel, qui contrastait grandement avec la familliarité de son langage. -Yo, le matelot ! Répondit la fermière »
Ce simple salut montrait le respect mutuel que les deux se portaient. Applejack l'avait surnommé « le matelot » en raison de son expérience passée sur les mers. En effet, Anchor Sail travaillait auparavant sur un navire marchand, comme celui qu'ils devaient décharger aujourd'hui, ainsi que sa cutie mark le mettait en évidence. Toutefois, il avait tout abandonné il y a cinq ans et s'était reconverti dans la manutention aux docks, ce qui lui permettait de demeurer auprès de la mer sur laquelle il avait tant navigué. Lorsque le binôme profitait d'une pause bien méritée après de longues heures de travail, Anchor Sail faisait le récit de ses aventures en mer, bravant les tempêtes aux côté de ses amis marins. Applejack écoutait attentivement ses paroles, avant de lui poser diverses questions sur la navigation, étant donné son ignorance en la matière. Questions auxquelles l'ex-matelot se faisait une joie de répondre, ravi d'avoir trouvé une auditrice aussi passionnée.
Le duo se mit immédiatement au travail en commençant à décharger les caisses entreposées dans la soute du bâteau. Certains membres d'équipage proposèrent leur aide, mais les deux poneys refusèrent poliment et Anchor Sail leur suggéra même d'aller fêter leur retour sur la terre ferme au troquet du coin. Il y avait une bonne dizaine de caisses en tout et ces dernières s'avéraient lourdes. En général, Applejack et Anchor Sail pouvaient sans problèmes s'occuper d'une moitiée du chargement en solitaire, mais cette fois, il faudrait davantage travailler en équipe. La fermière alla récupérer des cordes avant de s'harnacher avec Anchor Sail. Le reste reposearit sur leurs forces cumulées.
Le binôme rencontra quelques obstacles sur sa route, notamment lorsqu'il s'agissait de faire passer les caisses sur la passerelle. Anchor Sail commençait à vociférer sur le fait que Cardbox avait été trop radin pour installer une grue pour ce genre de cas. Cela amusa beaucoup AJ, qui ne fit rien pour tenter de le calmer. La colère de l'ancien marin comptait pour deux.
Parvenu à transporter en sûreté jusqu'au hangar un peu plus de la moitiée des caisses, le duo décida d'un commun accord qu'il était grand temps de souffler un peu. Ils s'adossèrent contre les caisses déjà acheminées à bon port. L'étalon bleu marine commençait à fatiguer tandis qu'AJ semblait seulement un peu essouflée. C'était sans doute ce qui distinguait la jeunesse des anciennes générations.
Applejack profita de la pause pour finalement demander à Anchor Sail la raison se cachant derrière son retrait de la vie marine. L'ancien matelot fut très surpris de la question de sa collègue, mais il accepta sans sourciller. Après tout, c'était sans doute la dernière fois qu'ils se parleraient de la sorte : « C'est une histoire somme toute banale. J'ai lâché ma carrière au moment où j'ai appris que ma femme était enceinte de ma fille. »
La fermière était bien entendu au courant de la vie familiale de l'étalon, composée de sa femme Salt Water et de sa jeune fille Bubbles. Mais elle n'aurait jamais pensé qu'elles puissent être la raison. Elle lui demanda alors :
« Mais pourquoi avoir fait ça ? J'croyais que la mer était ta passion... -Elle l'est toujours. Clama avec fierté Anchor. Seulement, il y a des moments dans une vie où l'on doit faire des choix. Dans mon cas, j'avais à choisir entre la mer et fonder une famille. J'ai choisi. Choisi de vivre une vie remplie de bonheur aux côtés d'une femme et d'une enfant adorable, plutôt que de repartir en mer et de ne peut-être jamais revenir, risquant d'enlever le sourire de ma fille. » Applejack regarda le sol d'un air pensif. C'était donc ça... Il avait sacrifié le domaine dans lequel il se sentait vivant au profit du bonheur de sa famille. Quel étalon ! Il avait vraiment un cœur et une âme hors-du-commun. Ce dernier perçut le malaise dans lequel il avait mis son amie et ajouta alors :
« Je n'ai pas sacrifié la mer. Je l'ai seulement troqué contre une autre sorte de bonheur, que je peux partager, en plus ! C'est comme lors des échanges commerciaux : t'as toujours un gagnant et un perdant, en vérité. Et là, je crois que c'est moi qu'ai gagné dans l'affaire ! »
En prononçant ces mots, il avait cogné son sabot contre sa poitrine, qu'il bombait d'un air fier. Il se sentait tel un héros vaillant, qui avait dû faire face à un terrible dilemme et qui était parvenu à revenir triomphant. Son attitude eut le don de revigorer Applejack, qui se disait en l'écoutant que la famille valait la peine que l'on se batte pour elle. Au bout du chemin épineux qu'elle parcourait actuellement, elle trouverait le bonheur, elle en était persuadée...
« Allez, p'tite pouliche ! Fit d'une voix tonitruante Anchor Sail. La séquence « émotion » est finie pour aujourd'hui ! On a encore cinq bon gros caissons qui ne vont pas se déplacer tout seul ! -Je vais t'en montrer des pouliches, moi ! S'insurgea joyeusement la fermière. »
Les deux se levèrent et se remirent au travail. Maintenant qu'ils étaient reposés et échauffés, les caisses furent déplacées à une grande vitesse, tant et si bien que le navire fut totalement déchargé au millieu de l'après-midi. Le binôme pouvait à présent profiter d'un repos bien mérité. Ils se serrèrent les sabots pour faire leurs adieux (même si Applejack se promit de revenir le voir lorsqu'elle en aurait fini avec tout ça), et tandis qu'Anchor partit se changer dans les vestiaires de l'entrepôt, AJ fila au bureau pointer et récupérer sa paie. Cardbox l'attendait déjà, avec le salaire de la jeune fille posée sur son bureau. Avant de récupérer son dû, Applejack, le chapeau baissé, attendit que son employeur élève la voix :
« Je vous regretterais, miss. Vous étiez vraiment une bosseuse. Si jamais vous avez à nouveau besoin d'un travail ou d'argent, vous savez à qui parler. -Je m'en souviendrais. Annonça-t-elle d'un ton plein de reconnaissance »
Elle récupéra les sous posés sur la table et s'en alla en inclinant respectueusement la tête avant de remettre son chapeau. Elle quitta ainsi finalement l'entrepôt qui lui avait permis de s'évader un peu de ses soucis le temps d'une semaine. Qu'est-ce qu'elle avait pu passer vite... pensa Applejack.
Elle ne se sentait toujours pas d'humeur à rentrer au domicile des Orange, le soleil étant encore haut dans le ciel. Elle se promènerait un peu dans tout Manehattan avant de revenir. Seul souci, elle ne savait pas trop quoi faire. Au fil de sa marche paisible dans les rues bondés de passants, elle se souvenait d'un endroit où elle avait aimé passer du temps lorsqu'elle vivait chez les Orange. Il s'agissait d'un gigantesque parc naturel, situé en plein centre de la ville. C'était comme si on avait arraché un bout de la région de Ponyville afin de l'emmener à Manehattan. Ou alors, comme si on avait fait exprès de préserver un morceau de nature au sein de cette grande métropole qu'était Manehattan. C'était le genre d'endroits qui avait un goût inexplicable de nostalgie pour la fermière. Déjà, lors de son mal du pays...
Elle se décida finalement à y retourner, espérant que ce parc existait encore. Il ne fallait pas grand chose pour bouleverser les souvenirs. Applejack mit un certain temps à se rappeler du chemin qu'il lui fallait parcourir. Elle fut même un peu anxieuse en se rendant compte qu'elle n'y était toujours pas, alors qu'elle se souvenait que l'entrée était à cet endroit. Ses inquiétudes furent cependant balayées d'un coup de vent, lorsqu'elle vit enfin le grand parc se dresser devant elle.
Il semblerait que celui-ci avait juste vu ses dimensions réduites, ou bien les perceptions d'AJ étaient fausses. Qui pouvait le dire ? L'important était qu'il existait toujours. Applejack suivit alors le sentier marqué par les graviers, contemplant les forêts qui s'étendaient de chaque côté. Elle sentit durant son avancée les animaux comme les écureuils ou les lapins l'épier d'un air à la fois effrayé et fasciné. Lorsqu'elle arriva en vue d'un étang, elle décida pour elle-même qu'il était temps de se poser.
Elle s'allongea dans l'herbe fraîche qui plia sous son poids et se mit à contempler un ciel sans nuages. Elle avait la sensation d'être aspirée dans le vide, sensation renforcée par la brise du vent. C'était une sensation difficile à expliquer pour elle, mais si agréable. Elle commençait à se détendre un peu, à ne plus penser à rien...
« Ben alors, on lit quoi, la flanc-vierge ?! »
Applejack fut tirée de son repos par une voix moqueuse. Elle chercha son origine en regardant à droite et à gauche. Elle vit alors à une petite cinquantaine de mètres, au bord de l'étang, un groupe de cinq poulains, constitués de deux licornes, deux pégases et un terrestre qui entourait une petite jument en train de lire sur le banc en bois. Cette dernière, à la robe café, arborait une crinière et une queue pourpre drôlement courte. Visiblement, elle se faisait embêter par des camarades de classe qui arboraient tous une Cutie Mark, là où la pouliche n'en avait pas. La fermière assista à la scène sans intervenir, se demandant comment la petite allait réagir.
Cette dernière poursuivit sa lecture, faisant mine d'ignorer les quolibets autour d'elle.
« Tu te crois maligne ?! Fit le poulain qui paraissait mener le groupe. Je vais t'apprendre à regarder les poneys qui te causent !Hop ! »
Il arracha en prononçant ces paroles le livre des sabots de la pouliche, avant de le jeter dans l'étang. Elle n'intervint même pas et resta figée comme une statue. De l'endroit où elle se tenait, Applejack pouvait à peine le voir, mais la petite créature tremblait de tout ses membres. La fermière ne tenait plus et décida d'agir. Elle pensait que la pouliche ne disait rien pour se défendre, mais en la voyant ainsi, elle comprit que c'était surtout qu'elle était trop terrifiée pour tenir tête à ses opposants.
« Z'avez rien de mieux à faire ?! Tonna Applejack. »
Les voyous en herbe se retournèrent et voyant la silhouette d'Applejack, s'enfuyèrent au triple galot. La fermière s'approcha ensuite de la jeune jument qui était en pleurs. Lorsqu'elle put enfin voir le visage de la petiote, Applejack comprit à cet instant à qui elle avait à faire juste en regardant ses yeux vert pommes.
Il s'agissait de sa petite cousine, Babs Seed. Elle ne l'avait pas reconnu au premier regard, car elle avait souvenir que sa cousine avait une crinière et une queue bien plus longue. Toutefois, en dépit de son jeune âge, Babs avait immédiatement reconnu Applejack et s'était jetée entre ses sabots, pleurant à chaudes larmes.
« Ca faisait un bail, Babs. Se contenta de dire AJ. »
La petite sècha quelques minutes plus tard ses larmes et ses yeux se tournèrent vers l'étang. Applejack n'eut aucun mal à comprendre le fond de sa pensée et lui proposa alors :
« Viens, je vais t'en racheter un exemplaire. » Surprise, Babs baissa sa tête, murmurant des remerciements maladroits, avant de suivre la fermière qui commençait à chercher une librairie pour aider sa cousine. Les deux ponettes marchaient silencieusement au sein d'une foule bruyante. Au bout de quelques minutes, Applejack se décida à lui poser la question qui trottait dans son esprit :
« Ca fait longtemps que tu te coupes la queue et la crinière ? »
Babs fut très gênée en entendant la question de sa cousine et n'osa plus affronter son regard, avant de lui répondre d'un ton faible :
« J'avais... Envie de changer de look... »
Mais Applejack n'était pas dupe : au vu de la réaction de sa jeune cousine, elle comprit que Babs avait menti. La vérité était sûrement tout autre. Elle n'avait sans doute pas choisi de raccourcir sa crinière et sa queue. On l'y avait contrainte, ou pire encore, on l'avait fait à sa place. Applejack aurait mis son sabot à couper que c'était le groupe qui la chahutait quelques instants plus tôt. Ils devaient lui avoir coupé la queue et la crinière pour l'empêcher de masquer son flanc vierge. AJ en était tout simplement révoltée, même les deux pestes qui se moquaient de sa petite sœur et de ses amies sans interruption n'auraient jamais été aussi loin. Cependant, elle savait que Babs ne révèlerait rien, qu'elle avait trop peur des conséquences...
La fermière pensa alors qu'il était inutile de la mettre davantage plus mal à l'aise et préféra aborder les sujets familiaux. Babs se montra alors plus loquace et raconta à sa cousine que sa famille se portait bien, surtout Wet, sa grande sœur, qui aidait désormais ses parents en recevant les clients dans la boutique de jardinage. Elle se détendait peu à peu, rassurée par la présence d'Applejack. Cette dernière se demanda ce qu'elle pourrait faire d'autre pour l'aider. C'était vraiment dommage qu'une pouliche aussi agréable qu'elle se fasse ainsi brimer par d'autres poulains.
Elles finirent par trouver une petite librairie dans une allée commerçante de Manehattan et y entrèrent. Applejack lui demanda alors quel était le livre qu'elle lisait. Babs lui répondit alors avec un petit sourire :
« Daring Do et l'Ile de la Sorcière d'or ! »
Applejack eut alors un petit rire. Ca lui faisait plaisir de voir que les plus jeunes lisaient encore les aventures de Daring Do. Qui sait, sa cousine travaillerait peut-être un jour dans une bibliothèque ou écrirait-t-elle également des romans d'aventures ? Elle avait encore un grand éventail de possibilités devant elle. AJ dût cependant admettre qu'elle ne connaissait pas ce tome des aventures de la pégase.
Elles fouillèrent à deux le rayon consacré au genre aventure et finirent par mettre leurs sabots sur le volume concerné. Applejack examina la couverture qui lui sembla bien différente des autres livres de l'aventurière. En effet, Daring Do ne portait sa tenue d'archéologue habituelle, mais au contraire une élégante robe rouge sang. A ses côtés demeuraient un étalon jaune à la crinière rouge portant un costume blanc pour le moins classieux. Les deux personnages étaient posés sur le sabot d'une autre jument, à la crinière blonde et bouclée, qui souriait d'un air narquois.
Cette couverture eut le don d'éveiller la curiosité d'AJ qui se permit de poser une question à sa cousine :
« T'es sûre que c'est bien du Daring Do ? Ca change de d'habitude. »
La pouliche opina du chef :
« Ouais, mais c'est toujours aussi sympa à lire ! »
Applejack frotta avec douceur la tête de Babs de ses sabots, avant de récupérer un second exemplaire de Daring Do et l'Ile de la Sorcière d'or. Ca lui ferait un peu de lecture dans le train, même si elle ne s'était pas toujours décidé sur sa destination. La fermière passa à la caisse et paya les bits que coûtaient les deux livres, avant d'en donner un à Babs Seed :
« Voilà pour toi, sucre d'orge. Fit-elle avec un sourire »
Babs ne savait plus quoi dire. Applejack lui dit alors que ce n'était rien et que cela lui faisait plaisir. La petite jument la remercia alors.
« Bon, maint'nant, j'te ramène chez toi. Annonça Applejack. -J'peux rentrer toute seule. Affirma Babs. -J'insiste. J'ai envie de passer le bonjour à Wet, ainsi qu'à Tonton et Tata Seed. »
Elle commença à marcher, mais s'aperçut que Babs ne la suivait pas. Elle se retourna et vit qu'elle restait planté comme un arbre :
« Tu vas en parler à Wet ? Demanda-t-elle, angoissée. De ce qui s'est passé tout à l'heure ? »
Applejack comprit le trouble résidant chez sa cousine. Elle soupira avant de répondre à l'interrogation de cette dernière :
« C'était dans mes intention, j'l'avoue. Mais si ça te conviens pas, je dirais rien. Mais crois-moi, Wet et tes parents sont sans doute les seules personnes qui peuvent régler tes problèmes. Tu penses certainement que si tu en parles, il ne se passera rien, ou pire, que la situation empirera, mais c'est la seule solution. Ton idée du courage est fausse : ce n'est pas en supportant les brimades de tes camarades d'écoles que tu feras preuve de courage, mais en n'hésitant pas à en parler aux adultes. C'est pourquoi je dirais rien... »
Babs resta muette. Sentant qu'elle avait refroidi l'ambiance avec son discours, Applejack ajouta ensuite :
« Mais si la situation devenait vraiment incontrôlable, ça ne me dérangerais pas de t'héberger à Sweet Apple Acres lors de tes prochaines vacances scolaires. Il me semble que t'as jamais rencontré ma petite sœur, Applebloom. Elle a le même âge que toi, vous devriez vous entendre à merveille ! »
Penser à Applebloom lui était douloureux. Elle la revoyait encore inconsciente dans son lit, avec sa demi-pomme en train de pourrir. C'était aussi pour cette raison qu'AJ avait conseillé à Babs Seed d'aller se confier à sa famille. Elle l'avait toujours auprès d'elle, alors qu'Applejack n'avait plus personne pour le moment. Elle voulait faire prendre conscience à la pouliche de la chance qu'elle avait. Après, c'était à elle de voir ce qu'elle devait faire. Mais la fermière n'avait aucun doute sur ce sujet : Babs était forte. Elle révèlerait ce qu'elle avait sur le cœur lorsqu'elle se sentirait prête.
La pouliche suivit enfin AJ qui se chargea de la reconduire avec zèle à son domicile, une petite maisonnette d'apparence vêtuste, mais robuste. La fermière frappa à la porte, qui s'ouvrit quelques secondes plus tard sur la silhouette d'une ponette de l'âge d'Applejack, à la robe vert pomme avec une crinière aux couleurs de la chataîgne, une Cutie Mark représentant un bourgeon et de beaux yeux turquoises qui se dilatèrent de surprise en voyant la ponette
« AJ ? Qu'est-ce tu fais ici ? -C'est une façon d'accueillir sa cousine, Wet Seed ? Remontra Applejack. -Oups... Désolée... S'excusa Wet. Bienvenue à toi, AJ. Mes parents sont partis faire les courses. Tiens, tu étais là, frangine ? -J'suis invisible, maintenant ? Ironisa Babs Seed. -Mais non, je plaisante, Babs ! Expliqua en riant Wet. Tu crois que je pourrais oublier ma p'tite sœur chérie ? -J'ai des devoirs à faire. Annonça Babs avant de monter dans sa chambre. »
Sa sœur l'observa d'un air soucieux qui ne passa pas inaperçu aux yeux d'Applejack. Wet invita alors sa cousine à entrer et la conduisit dans la cuisine. Alors seulement Wet entreprit une véritable conversation avec Applejack :
« Tu l'as croisé sur le chemin ? -Pas franchement. Répondit la fermière. »
La mine de Wet s'assombrit en entendant les propos de sa cousine. Elle se risqua à demander :
« C'est ces cinq-là, pas vrai ? -T'es au courant ? Fit une Applejack étonnée. Pourquoi t'as pas encore agi ? -J'attends que Babs m'en parle. Expliqua Wet. Ca servirait à rien, sinon. Babs doit grandir un peu dans sa tête, et comprendre qu'elle est pas seule. -C'est bien. Déclara AJ. Mais tu as pensé qu'ils pourraient lui faire du mal ? Ils ont quand même balancé son livre à la flotte ! »
Wet parut furieuse et sur le point d'exploser. Par respect pour Babs, elle se retint d'aller casser la figure aux poulains. AJ lui raconta ensuite comment elle lui avait payé un autre exemplaire. Sa cousine voulut alors la rembourser, mais Applejack refusa de toutes ses forces et Wet abandonna bien vite avant de changer le sujet de la conversation :
« Comment vont les autres à Sweet Apple Acres ? -Très bien. Mentit Applejack. Granny Smith a toujours autant la pêche, Big Mac est toujours aussi serein et Applebloom toujours aussi active. -Au fait, tu n'as pas répondu à ma question. Repensa Wet. Qu'est-ce tu fais à Manehattan ? »
Applejack décida de continuer sur sa lancée, même si elle n'aimait guère mentir à sa propre famille :
« J'accompagne mon amie Rarity. Elle vient honorer une grosse commande et je me suis proposée de l'aider à transporter ses vêtements jusqu'ici. -Toujours aussi serviable à ce que je vois. Constata Wet. -Et toi, toujours aussi effrontée ! Rétorqua AJ. »
Les deux cousines éclatèrent de rire avant de poursuivre leurs discussions pendant de longues minutes. Toutefois, Applejack jeta un coup d'oeil à la pendule fixée au mur de la cuisine et se rendit compte qu'il était déjà tard. Elle se leva et s'excusa auprès de Wet de n'être pas resté longtemps. Ce à quoi la jument répondit :
« T'en fais pas pour ça. Je passerais le bonjour à papa et maman quand ils reviendront. Tu veux que je dise à Babs de descendre pour te dire au revoir ? -Pas la peine. Fit AJ. Laisse-là un peu tranquille, la pauvre, elle a eu une rude journée. J'compte sur toi pour qu'elle se sente mieux dans sa peau ! -T'inquiètes, je gère. Déclara Wet, sûre d'elle. »
Les deux cousines se prirent entre leurs sabots avant de se séparer. Applejack rentra alors chez les Orange en pensant qu'elle aussi avait eu une journée bien chargée. Elle fut reçue par une Rarity colérique :
« C'est à cette heure que tu rentres ?! Je me suis fait du mouron ! -J'm'excuse Rarity. Oncle et tante Orange sont rentrés ? -Ils sont à table. On n'attendait plus que toi pour commencer à manger. »
Les deux amies s'installèrent ensuite à table aux côtés du couple Orange. Le repas se poursuivit tranquillement jusqu'à ce que son oncle fit d'une voix paisible :
« Rarity nous a informé que vous comptiez rester encore trois semaines à Manehattan. Je dois avouer que j'en suis ravi, ça rajoute un peu de vie dans la maison. »
Applejack fut si surprise des propos tenus par son oncle qu'elle en laissa tomber sa fourchette. Une fois, celle-ci ramassée, elle regarda la licorne d'un air mauvais qu'elle soutint sans la moindre hésitation. La fermière prit sur elle et tenta de reprendre sa contenance. Elle aurait une discussion avec son amie une fois le repas terminé. Inutile de déclencher une guerre à table.
Une fois que tout le monde eut fini de ranger, Applejack déservit la table et déposa la vaisselle dans l'évier tandis que Rarity se chargea de laver celle-ci, avant de la ranger. Pendant ce temps, la fermière partit faire sa toilette du soir avant de s'allonger sur son lit, dans le noir, fixant comme de coutume sa demi-pomme.
Aussi étrange que cela puisse paraître, le fruit n'avait plus poursuivi sa décomposition depuis l'incident de Las Pegasus. C'était comme si le temps s'était arrêté pour lui. Applejack commençait à trouver cela vraiment effrayant, car elle avait le sentiment que ce fruit perdait sa symbolique originelle. C'était censée être une moitiée qui devait retrouver sa jumelle avant qu'elle ne soit totalement décomposée, pour rappeler à AJ qu'elle devait agir dans l'urgence. Et là, elle ne sentait plus la sensation d'urgence. Pourquoi ce fruit était-il aussi bizarre ?
Applejack fut interrompue dans sa réflexion par l'arrivée de son amie. Elle se redressa immédiatement en fixant d'un œil sévère la licorne, mais attendit que cette dernière ferme la porte avant de prendre la parole d'un ton froid :
« J'ose espérer que t'as une excellente raison d'avoir retardé notre départ, sucre d'orge... -J'en ai une, en effet. Affirma Rarity avec fierté. Dans trois semaines se tiendra au Carmanegie Hall la première représentation de l'opéra adapté de la tragédie Manelet de Shakeshooves. »
AJ se leva en sursaut avant de s'exclamer :
« Tu m'forces à rester à Manehattan pour un opéra !? Mais ça va pas la tête ?! T'as un drôle de sens des priorités !! -Chut... Murmura la licorne. Tu ne comprends pas : un opéra tiré de cette pièce est inédit dans l'histoire du pays. Devine qui sera obligé de venir à la grande première : Fancypants. »
Rarity venait de brillament couper l'herbe sous les sabots d'Applejack. Cette dernière pensa qu'elle avait eu une bonne idée au final de laisser son amie venir avec elle. Ces trois semaines seraient longues, mais elle trouverait de quoi s'occuper en attendant. Elle aurait plus de temps pour entendre les histoires d'Anchor Sail et voir les Seed.
Mieux valait attendre patiemment que l'objet de ses désirs vienne à elle, plutôt que de le poursuivre sans avoir la moindre chance de succès...
Date d'inscription : 25/01/2012 Age : 33 Localisation : Au fond à gauche
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Jeu 13 Déc - 10:24
Yeah, une update que je lis à temps faites péter le champagne.
Je l'attendais l'arrivée de Babs dans le Fruit. Parce que j'étais curieux de voir comment tu allais prendre un élément très neuf et l'inclure dans une fic bien antérieure à l'invention de la Croisée. Et on sent que tu as plus bossé ce chapitre que d'autres.
Par contre, y a quelques soucis. Sur la forme, le fait de majusculer les dialogues, c'est une erreur. Word et Open Office te mentent, c'est une illusion de la Matrice.
Concrètement :
Il est déjà dix heures du matin, Applejack ! Fit remarquer la licorne.
C'est incorrect. Il faut écrire : Il est déjà dix heures du matin, Applejack ! fit remarquer la licorne.
Et si la phrase de dialogue n'est ni interrogative, ni exclamative, on ne met pas de point, mais une virgule. Donc : Si y a pas d'imprévus, ouaip. Répondit du tac au tac AJ
Incorrect. Mais :
Si y a pas d'imprévus, ouaip, répondit du tac au tac AJ
Là c'est bon. Ca vaut aussi pour les points de suspension d'ailleurs.
Y a aussi la formulation "flanc-vierge" que j'ai trouvé pas jolie. "Flanc-blanc" me semble plus approprié. Mais bon.
Sur le fond lui-même, y a deux trois éléments qui m'ont fait tiquer. Prime, le fait que Rarity fasse des crèpes. Je peux pas m'empêcher de penser que c'est trop ordinaire comme petit déjeuner pour la licorne, surtout qu'elles logent chez des grands bourgeois de Manehattan. Un repas plus élaboré me semblerait plus in character pour notre lady préférée.
Deuze, le fait qu'Applejack paye son hébergement chez les Orange. A la limite pour Rarity je veux bien, mais AJ est leur nièce, elle a vécu quelques temps avec eux quand même. Et même si les Orange sont très comme il faut, je les vois mal demander un loyer à la chair de leur chair.
Troize, la crinière et la queue de Babs. Je comprends bien qu'elle l'avait plus longue à Ponyville mais elle était loin de l'être vraiment.
Spoiler:
Surtout que si les brutes coupent la queue de Babs encore plus courte, y doit plus rien lui rester du tout ou à peine quelques poils.
Ceci étant j'ai beaucoup aimé la continuité dans ce chapitre. Avec Babs, les Orange, quand Applejack parle des pommes zap... Ou la scène des docks. Y me semble pas avoir lu tellement de fics qui incluaient une zone portuaire (même si dans mon headcanon les poneys n'ont pas le sabot marin et préfèrent les dirigeables. Voir Ponykrieg) avec cette ambiance type...bah docks quoi, avec les ouvriers qui déchargent les caisses en chantant fort des chansons irlandaises.
Car oui, tous les dockers sont irlandais. Je tiens à mes clichés.
Donc un bon chapitre qui sert magnifiquement de tampon en attendant l'opéra. Et bien sûr, on attend la suite.
PS : Ah oui concernant les partiels, moi je pense que j'excuse de la vraie vie c'est pour les fai...merde, je me répète. Foutue sénilité.
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Jeu 13 Déc - 10:40
Bro-Nie a écrit:
Yeah, une update que je lis à temps faites péter le champagne.
Je l'attendais l'arrivée de Babs dans le Fruit. Parce que j'étais curieux de voir comment tu allais prendre un élément très neuf et l'inclure dans une fic bien antérieure à l'invention de la Croisée. Et on sent que tu as plus bossé ce chapitre que d'autres.
Par contre, y a quelques soucis. Sur la forme, le fait de majusculer les dialogues, c'est une erreur. Word et Open Office te mentent, c'est une illusion de la Matrice.
Concrètement :
Il est déjà dix heures du matin, Applejack ! Fit remarquer la licorne.
C'est incorrect. Il faut écrire : Il est déjà dix heures du matin, Applejack ! fit remarquer la licorne.
Et si la phrase de dialogue n'est ni interrogative, ni exclamative, on ne met pas de point, mais une virgule. Donc : Si y a pas d'imprévus, ouaip. Répondit du tac au tac AJ
Incorrect. Mais :
Si y a pas d'imprévus, ouaip, répondit du tac au tac AJ
Là c'est bon. Ca vaut aussi pour les points de suspension d'ailleurs.
En effet, le logiciel m'a induit en erreur. Qu'à cela ne tienne, je reprendrais encore une fois l'intégralité de la fic pour changer ces saletés. Mais pas maintenant, ou je sens que je vais criser
Bro-Nie a écrit:
Sur le fond lui-même, y a deux trois éléments qui m'ont fait tiquer. Prime, le fait que Rarity fasse des crèpes. Je peux pas m'empêcher de penser que c'est trop ordinaire comme petit déjeuner pour la licorne, surtout qu'elles logent chez des grands bourgeois de Manehattan. Un repas plus élaboré me semblerait plus in character pour notre lady préférée
Pour être franc, je suis pas très bon niveau repas, surtout chez les poneys, donc j'ai opté pour les crêpes...
Bro-Nie a écrit:
Deuze, le fait qu'Applejack paye son hébergement chez les Orange. A la limite pour Rarity je veux bien, mais AJ est leur nièce, elle a vécu quelques temps avec eux quand même. Et même si les Orange sont très comme il faut, je les vois mal demander un loyer à la chair de leur chair.
J'aurais dû un peu plus délayer à ce sujet: ce ne sont pas les Orange qui demandent un loyer, mais AJ, pour s'excuser de se taper l'incruste sans prévenir. Et puis, même si les Orange ne sont pas dans le besoin, nourrir deux ponettes dans la fine fleur de l'âge représente un certain coût.
Bro-Nie a écrit:
Troize, la crinière et la queue de Babs. Je comprends bien qu'elle l'avait plus longue à Ponyville mais elle était loin de l'être vraiment.
Justement. Je pense que ce qu'on voit dans "One Bad Apple" est le résultat d'une Babs avec la crinière/La queue coupée. Certes, on peut toujours objecter qu'elles auraient eu le temps de repousser avec le temps (vu qu'entre le moment où se passe le fruit et la saison 3 il y aura facile plusieurs mois de passés), mais je crois que dans ces conditions, Babs aurait continué de se couper pour éviter que les brutes recommencent leur manège (et que ça paraisse encore plus suspect aux yeux de Wet).
En tout cas, merci pour les commentaires et critiques, c'est toujours aussi appréciable^^ Surtout que c'est un chapitre qui m'a posé beaucoup de soucis vers la fin, et je pense que ça se voit avec le manque de descriptions, l'absence des parents Seed, les répétitions de verbes introducteurs.
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Mar 18 Déc - 9:29
Hop, treizième chapitre fini et corrigé hier soir. Dans ce dernier, vous aurez droit aux derniers préparatif avant l'opéra, ainsi qu'un avant-goût de ce dernier. Un avant-goût qui présente un double avantage pour moi:
-Payer les éventuels pots cassés pour que le chapitre de l'opéra soit réussi -Evacuer d'office "The" monologue, scène indispensable de la pièce d'origine, mais dont le thème n'a que peu de rapport avec l'histoire. Les passages représentés auront plus de rapport avec la vengeance (et la pantomime )
Bref, cette fois, ça y est, fini les détours, l'opéra ce sera, je l'espère, pour l'après-noel (26). Et je vais tout faire pour que ce dernier soit publié dans son intégralité et non pas en plusieurs parties.
Sur ce, bonne lecture^^:
Spoiler:
Répétition générale
Une douce musique, mélange de nombreux instruments de tout types, résonnait dans une vaste salle, qui renvoyait le son en l'amplifiant. La pièce était divisée en trois parties : la première était la plus grande d'entre elles, réservée à un amas de sièges en velours des plus confortables. La deuxième s'apparentait à une fosse, où trônait l'ensemble des instruments ainsi que ceux qui les employaient. Quant à la dernière partie, placée au dessus de la fosse, il s'agissait d'une scène, avec pour seul décor la salle du trône d'un château en pierre, et deux rideaux rouges sur les côtés. Nul doute, il s'agissait d'un pièce aménagée pour les spectacles, et dans la présente occasion, pour un opéra.
Un projecteur s'alluma et illumina la silhouette d'une ponette. Celle-ci, entièrement rose et la crinière lisse, était vêtue d'un pourpoint de velours noir. Elle s'avança avec lenteur sur la scène, constamment suivie par la lumière blafarde. La symphonie des instruments commença à s'arrêter pour seulement laisser les quelques notes d'un piano s'exprimer, notes solitaires et graves. La jument entonna alors d'une voix mélodieuse et un peu suraigue :
« Etre ou ne pas être, telle est la question. Faut-il endurer les multiples revers de l'injuste fortune ? Faut-il au contraire lutter fièrement de toute ses forces? Quitte à en finir ? En vérité, deux choix s'offrent à nous... Mourir... Dormir... Dormir... Rêver probablement.... Voilà où l'on se rend... Quels rêves viennent dans notre sommeil éternel, Une fois échappé du tourbillon d'une vie éphémère ? Voilà la pensée où naît la calamité d'une vie si longue ! Qui pourrait bien supporter les blessures du temps, Les méfaits d'un tyran, L'arrogance des vantards, Les peines d'un cœur sans valeur, Une loi si lente, Des dirigeants si insolents Et les insultes que doit subir l'innocent De ceux qui n'ont aucune dignité, Quand on ne peut soi-même mettre un terme à son existence ?! Qui pourrait prendre de tels fardeaux, Pour grogner et suer sous le poids de la vie, Si la frayeur de ce qui suit le trépas, Territoire inexploré dont nul ne revient S'il en franchit la frontière, N'embrouillait nos desseins, Nous faisant préférer nos propres malheurs, à une fuite vers d'autres douleurs qui nous sont inconnus ? Aussi, sommes-nous tous des lâches par notre conscience, Et la couleur initiale de la résolution, Se teinte de la pâle rosée de la pensée. Les projets de la plus haute-volée, A réfléchir ainsi, se détournent de leurs cours normal Et perdent le nom d'action... Calme ! O, belle Madmare ! Figure céleste, dans toutes tes prières, N'oublie pas de rappeler mes crimes ! »
Au fur et à mesure qu'elle chantait ces paroles, le piano s'était étouffé, laissant pour seul son cette voix. A la fin de ce monologue, le halo de lumière éclairant la cantatrice s'éteignit, plongeant la salle dans le noir le plus complet, durant un bref instant, le temps que d'autres éclairages prennent le relais. De petits applaudissements se firent entendre du côté des sièges, où était assise une autre ponette, vêtue du même genre d'habits que sa compagne, mais de couleur rouge.
« Tu t'améliores, Pinkie, annonça-t-elle avec simplicité. »
En guise de réponse, la crinière de la ponette rose s'ébouriffa, avant que cette dernière ne s'incline en déclarant :
« C'est vachement difficile, quand même, de garder ma crinière aussi raide, Twilight ! Comment on va faire pour la faire tenir toute la représentation, si je peux à peine supporter un monologue ?! »
La licorne pensa alors que c'était digne de Pinkie Pie de s'inquiéter davantage de sa crinière que de sa performance. Elle quitta sa place pour rejoindre son amie sur la scène, et lui dit d'un ton serein et plein de confiance :
« Ne t'en fais pas. Manelet est censé mimer la folie pendant les trois quarts de la pièce. Ca passera sans problèmes. -Et pour les scènes où il est pas maboul ? questionna Pinkie. Il faut bien que sa crinière soit soyeuse. -Ca, fit Twilight amusée, c'est ce qui s'appelle être perfectionniste, ma chère. On ne t'en demande pas tant ! -Le public, si, rétorqua la ponette rose comme une barbe à papa. Il faut qu'ils en aient pour leurs Bits ! »
La disciple de Celestia songea que Pinkie commençait à avoir le stress inhérent aux célébrités, et elle eut beaucoup de mal à se retenir de la taquiner, bien qu'elle voulut lui rappeler également que ce n'était pas tant le public qu'il fallait convaincre. Toutefois, elle préféra compatir aux inquiétudes de son amie.
La licorne partit ensuite en direction de l'orchestre et le félicita de sa performance, et qu'il n'avait qu'à jouer de la sorte ce soir pour que la représentation soit un franc succès. Les membres de ce dernier remercièrent à l'unisson Twilight, tandis que le, ou plutôt la chef-d'orchestre, s'approcha d'elle. Il s'agissait de Symphonia, la compositrice de cette œuvre. En effet, cette dernière, une fois son opéra achevé, avait tenu à diriger elle-même l'orchestre débauché par la princesse Celestia. Devant tant d'enthousiasme, Twilight n'avait pas eu d'autres choix que d'accepter, mais elle ne l'avait pas regretté. Son ancienne professeur de musique savait en effet mener ses troupes à la baguette ! Il ne lui avait pas fallu longtemps pour saisir les talents et points faibles des musiciens composant l'orchestre et à en tirer parti pour améliorer encore son travail. Symphonia redressa ses bessicles à l'aide de sa baguette et dit d'une voix fière :
« Nous sommes presques prêts pour ce soir ! -Oui, et c'est en grande partie grâce à vous, remarqua Twilight en esquissant un léger sourire. Les musiques que vous avez composé pour l'opéra collent parfaitement à la tragédie. Shakeshooves aurait sans doute été fier de voir Manelet joué de la sorte ! -Et pourtant, ça n'a pas été chose facile d'unifier les différentes atmosphères en un tout cohérent, constata la licorne à la robe turquoise. Jongler entre les scènes mélancoliques, burlesques et épiques était terriblement ardu ! -Mais vous avez tenu votre promesse, nota la protégée de Celestia. Et le résultat final est à la hauteur de nos espérances ! »
Dire qu'il y a à peine un mois, ce projet paraissait impossible, chimérique ! Cependant, en combinant les efforts de tous, l'opéra adapté d'une des plus grandes tragédies de Shakeshooves avait vu le jour, passant de l'état de rêve à celui de réalité. En effet, Symphonia avait planché nuit et jour avec passion pour respecter le délai qu'elle avait annoncé : deux semaines. Pendant ce temps, Twilight et ses amies se chargeaient de faire un casting très sélectif à Ponyville, cherchant divers comédiens, costumiers, accessoiristes, etc... De leurs côtés, les princesses s'étaient occupés des formalités administratives de rigueur, de la composition de l'orchestre ainsi que de la publicité diffusée dans tout Equestria.
Une publicité qui annonçait d'ailleurs d'office la couleur : Presque rien n'y était écrit, un voile de mystère des plus opaques s'était posé sur cette adaptation en opéra. On pouvait seulement savoir que la plus grande pièce de Shakeshooves serait retranscrite de la sorte et que les deux princesses approuvaient le projet, comme en témoignait le sceau royal apposé sur le document. En dehors de ces éléments, aucun nom n'avait filtré, que ce soit le nom du compositeur, celui des ténors et cantatrices... Jusqu'aux figurants ! Cette technique, imaginée à l'origine afin d'éviter d'éveiller la méfiance de ceux à qui l'opéra étaient réellement destinés, avait aussi l'avantage de susciter la curiosité des gens. Ainsi, moins d'une semaine après l'annonce, toutes les places étaient déjà vendues ! Certains tickets se vendaient d'ailleurs aujourd'hui à prix d'or, faisant la fortune de certains poneys un brin profiteurs, au grand dam des concepteurs de ce projet...
Une semaine après cette promotion massive, Ponyville, et plus particulièrement Twilight, avait reçu la visite de Symphonia qui venait de finir la partition de l'opéra. A partir de là, tout s'était enchaîné : distribution finale des rôles, apprentissage du texte, des chorégraphies... Pendant presque deux semaines, tout Ponyville s'était égayé de la préparation de ce spectacle, et chaque habitant essayait de contribuer à son élaboration, n'oubliant pas ce qu'il devait à la famille Apple.
Au final, toute une troupe avait fait route vers Manehattan il y a deux jours afin de s'approprier le Carmanegie Hall, la plus grande salle de spectacle de Manehattan, bien que tombé en désuetude suite au développement d'autres villes dans ce domaine, comme Canterlot et Las Pegasus. Aujourd'hui était donc la dernière répétition, la générale. Twilight avait un peu de mal à dissimuler son stress, à l'instar de Pinkie, mais elle faisait de son mieux pour ne pas le montrer aux autres membres de la troupe. Il faut aussi dire que la licorne mauve s'était occupée de toute la mise en scène, de la cohérence de l'ensemble, et qu'elle interprétait de surcroît le rôle de Wellmouth, le meilleur ami et seul confident de Manelet dans la tragédie...
Après cette petite pause célèbrant la réussite du monologue de Manelet sur les notions de vie et de mort, passage le plus réputé de la pièce originelle que les spectateurs lambda attendraient au tournant, tout les poneys se remirent en place pour continuer la répétition générale. Les scènes se succédaient les unes après les autres, et l'on arrivait déjà à la scène où Manelet tue par accident Jester, le père de celle qu'il aime, Madmare. Tout se déroulait exactement comme prévu jusqu'à ce que le rideau où est caché Jester tombe brutalement sur l'interprète de ce dernier.
« Ouch, je ne sais pas ce qui a mal tourné... fit une voix un peu maladroite venant du rideau. -Derpy ! rugit Twilight. Par Célestia, comment es-tu parvenue à faire tomber ce rideau sur ta tête ?! Tu dois simplement attendre que Manelet te transperce avec son sabot de fer et dire d'une façon grandiloquente « Je suis tué ! » ! C'est tout ce que tu as faire dans cette scène ! »
Une pégase grise à la crinière paille émergea bientôt du rideau rouge, l'air ahurie, air renforcé par le strabisme dont elle était affligée. Elle tenta de se dépêtrer du rideau, mais se prit les sabots dedans. Les deux autres divas présentes sur scène, Pinkie Pie et une ponette jaune à la crinière rousse nommée Carrot Top, qui interprétait la mère de Manelet, Sweet Love, ne purent contenir davantage leur fou rire. Twilight se donna un coup de sabot dans la figure, mais fit contre mauvaise fortune bon cœur, et se joignit à l'hilarité générale. Elle monta ensuite sur scène et raccrocha le rideau en se servant de sa magie, avant de tendre un sabot à Derpy, qui se redressa.
Pinkie Pie profita de cette occasion pour demander à son amie licorne :
« C'est pas un peu bizarre de dire « je suis tué ! » ? -C'était le style de Shakeshooves, résuma Twilight. De toute manière, la quasi-totalité des répliques de Jester sont des bouffoneries. Il ne sert pas à grand-chose, hormis à déclencher la folie de Madmare et la soif de vengeance chez Quicksilver. C'est un peu la plaisanterie de mauvais goût de la pièce. -Il était un peu glauque, ton Shakeshooves, pour avoir écrit des pièces aussi sordides, constata l'interprète de Manelet. -Il n'a pas vécu à l'époque la plus joyeuse d'Equestria, expliqua Twilight. Famine et maladie étaient monnaie courante en ce temps-là. Et je ne te parle même pas des intrigues à la court. La princesse Celestia avait un peu les sabots liés, à cause de l'absence de sa sœur. Mais dis-toi que si Shakeshooves a rédigé ces pièces, c'est pour éviter que ce genre de tragédies se produisent dans la vie réelle, et c'est justement pour ça que l'on s'en sert en ce moment. »
La ponette terrestre essaya de saisir les informations que lui dispensait Twilight afin de mieux comprendre ce qu'on attendait d'elle pour ce soir. C'était une tâche ardue pour elle, qui aimait tant profiter de la vie comme elle venait, mais réalisait petit à petit comment avait été conçu le personnage de Manelet. De toute la troupe, c'était sans aucun doute celle qui mettait le plus de cœur à l'ouvrage, et celle dont les progrès avait été les plus fulgurants. Si au début, c'était une véritable catastrophe où elle brisait littéralement les oreilles des auditeurs et déformait les mots déjà grandement simplifiés du texte, à présent, elle parvenait à atteindre une grande harmonie dans son chant et les paroles ne changeaient plus d'un poil.
C'était par contre un peu plus compliqué en ce qui concernait Fluttershy, qui devait jouer le rôle de Madmare, étant donné sa peur panique des lumières et des spectateurs. La majeure partie des répétitions de son côté avait été consacré à lui donner le courage de se tenir sur scène, à tel point qu'elle avait encore beaucoup de mal avec le rôle, notamment lors de son apparition finale. Heureusement, elle contre-balançait cela en partie par sa voix mélodieuse. Il fallait néanmoins espérer qu'elle n'ait pas une extinction de voix pendant la première, ce serait une catastrophe !
Pour les autres comédiens, y compris Twilight, il n'y avait pas de problèmes majeurs à signaler. Bien entendu, ils leur avaient fallu un grand temps d'adaptation pour se faire au fonctionnement de l'opéra, étant donné qu'ils n'étaient pas pour la plupart des chanteurs aguerris, mais à force d'entraînement, le résultat était digne d'éloges ! Normalement, s'il n'y avait pas d'incidents imprévus comme la chute du rideau, l'opéra serait parfait : l'orchestre jouait de façon sublime, les comédiens et chanteurs étaient dans leurs rôles, l'intrigue était en or massif... Bref, ils avaient toutes les cartes en sabot pour s'attirer les faveurs du public.
A ce moment, Twilight se rappela une nouvelle fois que cet opéra n'était qu'un prétexte. Un prétexte à attirer Applejack et Fancypants auprès d'elle et de ses amies. Tout ceux de Ponyville participant au projet était conscient de cet état de fait, mais d'autres comme Symphonia n'en avait pas conscience. D'une certaine façon, c'était pour respecter leur travail acharné que Twilight et ses amies se donnaient autant sur scène. Si elle n'avait pas le cran d'avouer à son enseignante les raisons qui se cachaient derrière l'idée de l'opéra, elle ferait néanmoins son possible pour que les efforts de Symphonia soient récompensés à leur juste valeur.
D'ailleurs, en y repensant, la disciple de Celestia se disait qu'il fallait qu'elle s'occupe d'un petit détail avec le service de sécurité du Carmanegie Hall. Elle passa discrètement dans les coulisses et vit la princesse Luna, qui attendait patiemment son retour sur scène.
« Princesse, puis-je vous confier les rênes de la générale quelques minutes ? Demanda Twilight. Il faut que j'aille régler quelques détails pour ce soir avec les gardiens. -C'est que Pridehoof ne doit pas tarder à entrer, tenta de se justifier Luna. On est presque à l'enterrement... -Ce n'est pas grave, fit Twilight d'un ton un brin sans-gêne. Vous serez aux premières loges pour donner les indications comme ça ! »
Elle s'esquiva rapidement, ne laissant ainsi aucune réplique à la sélène princesse, qui était un peu prise au dépourvu. La licorne erra un peu dans les couloirs froids et silencieux du Carmanegie Hall avec pour seule compagnie son propre reflet qu'elle aurait vu si elle avait accordé un regardsur les miroirs disposés du côté droit et sur le sol, d'une propreté éclatante. Elle trouva en tatonnant un peu le bureau des gardiens, poneys terrestres au nombre de deux : l'un était d'un âge avancé, comme en témoignait sa barbe grisonnante, presque blanche, ainsi que sa robe brune flêtrie, tandis que l'autre était un peu plus jeune, même s'il était bien plus vieux que Twilight. Ces derniers furent un peu surpris en la voyant débarquer de la sorte sans même prendre la peine de frapper. L'étalon le plus âgé eut une réflexion désagréable sur le manque de politesse des plus jeunes générations et Twilight fut contrainte de s'excuser de son attitude. Elle fit ensuite part de ses instructions aux deux gardiens :
« Pour ce soir, serait-il possible que vous fermiez toutes les portes de l'opéra une fois tout les spectateurs entrés ? »
Les deux gardiens se regardèrent, un peu éberlués devant la demande qu'on leur faisait. Le plus jeune se chargea alors de répondre à la licorne mauve :
« C'est un peu dangereux de faire ça. S'il y avait un accident, les spectateurs ne vont pas pouvoir évacuer. -Dans ce cas, verrouillez seulement les entrées principales, proposa Twilight Si jamais il y avait un problème, on fera sortir les spectateurs par la scène. »
Les gardiens contemplèrent un moment la suggestion de Twilight. Au terme d'un long silence, ils acceptèrent ce compromis, même s'ils ne voyaient absolument pas l'utilité d'une telle action. Mais pour Twilight, cela revêtait une importance capitale : prévenir tout moyen de sortir pour Applejack ainsi que pour Fancypants, si jamais ces deux là venaient. Car la licorne avait encore un gros doute sur l'efficacité de leur projet. Elle n'avait aucune garantie que les deux poneys visés viennent à la représentation. Elle avait conscience que ce projet qui fut très long à mettre en place était en grande partie, voire uniquement basé sur la chance. C'était le point négatif, mais c'était leur seule idée.
Au moment où elle s'apprêtait à retourner dans la salle, la voix du plus âgé retentit derrière son dos :
« Au fait, est-ce que vous ne seriez pas par hasard mademoiselle Twilight Sparkle ? -Oui, répondit la licorne en se retournant. Pourquoi ? -Une licorne est passée ce matin, demandant à vous voir, se rappela le vieil étalon. Elle m'a décrit votre apparence et je lui a déclaré que si je vous voyais, je vous passerais ce message : elle vous attend avant midi au salon de thé « Phantom ». -A quoi ressemblait cette licorne ? demanda Twilight, subitement intéressée. -Une licorne blanche comme neige, d'une grande élégance avec de magnifiques yeux saphirs, décrivit le gardien. -Bien, merci de m'avoir passé le mot, fit Twilight avec un grand sourire. »
Elle sortit de la pièce à toute allure. Elle n'avait pas beaucoup de temps avant le rendez-vous fixé par la licorne, dont elle était quasi-certaine de l'identité. Sauf que dans sa précipitation, la disciple de Celestia avait oublié de demander la localisation du salon de thé. Elle revint sur ses pas et ouvrit violemment la porte du bureau des gardiens, les faisant sursauter. Elle s'excusa une fois encore avant de poser la question qu'elle avait à l'esprit. Le plus jeune des deux étalons donna la réponse de mauvaise grâce :
« C'est dans la rue. Vous ne pourrez pas le rater. »
La licorne reprit le chemin du couloir, sans prendre la peine de fermer la porte, s'attirant une nouvelle fois les foudres des gardiens qui lui jettèrent un regard mauvais. Twilight prit la sortie des artistes dans les coulisses et parvint dans une étroite ruelle. En avançant un peu, elle déboucha sur l'avenue principale et fouilla cette dernière du regard. Elle vit alors une petite enseigne sur la gauche portant en inscription le nom « Phantom ». Il s'agissait bien d'un salon de thé. La licorne qui lui avait fixé rendez-vous s'y trouvait probablement encore. Twilight traversa la route en faisant attention de ne pas se faire renverser par les carrosses qui empruntaient ce chemin.
Une fois de l'autre côté, Twilight poussa le battant de la porte du salon et pénétra dans ce dernier. Phantom était un salon de thé d'apparence spacieuse et confortable. Une agréable odeur de fruits rouges parvenaient jusqu'aux naseaux de la licorne. Celle-ci fit une nouvelle fois appel à ses yeux et commença à fureter à droite et à gauche, examinant les tables et les sièges en cuir ainsi que les nombreux clients buvant à leurs aises. Son regard se posa alors sur une licorne vêtue d'un manteau en laine mauve arborant un chapeau de paille ovale laissant un espace suffisant pour que la corne puisse passer. Les derniers doutes de Twilight furent levés à cette vision et elle partit rejoindre la licorne blanche qui semblait l'attendre depuis un long moment déjà en savourant un thé infusé à la bergamotte.
« Bonjour, Rarity, ça faisait longtemps, salua Twilight en retenant sa joie. -Bien le bonjour, Twilight, fit la styliste, buvant ensuite une lampée de son thé. Assied-toi , je t'en prie. »
La disciple de Celestia accepta la proposition de Rarity et s'installa devant elle. Peu après, une serveuse vint à elle, lui demandant ce qu'elle désirait prendre. Twilight commanda une tisane infusée à la menthe. La jument prit note et s'éloigna, laissant les deux amies seule à seule.
« Merci d'être venue seule, Twilight, débuta Rarity. Je craignais que tu préviennes les autres. Je ne veux pas qu'elles sachent qu'on est ici. Elles seraient capables de me suivre pour que je les conduise à Applejack. Ca pourrait causer de gros ennuis... -Ca ne m'avait même pas traversé la tête, avoua la licorne mauve. Comment as-tu deviné qu'on était derrière l'opéra ? -Disons que ça a éveillé mes soupçons de ne voir aucun autre nom que celui des princesses mentionné, expliqua Rarity posément. Tu aurais dû opter pour des noms d'emprunt. Et surtout, Manelet en opéra, ça semblait porter ton empreinte. -A vrai dire, c'était l'idée de la princesse Luna et de Fluttershy, raconta Twilight. Bon, pourquoi tu souhaitais me rencontrer ? »
La tisane de Twilight lui fut servi au moment où elle posa cette question. Elle prit une cuillère et touilla un morceau de sucre, attendant la réponse de Rarity qui paraissait réfléchir intensément.
« Je ne sais pas ce que vous avez prévu pour ce soir, annonça la licorne aux yeux saphirs, mais ne tentez rien d'inconsidéré. Même si Applejack s'est détendue petit à petit au cours du mois, elle n'en reste pas moins une chaudière sur le point d'exploser à tout instant. -Il n'y a pas de risques qu'elle nous trouve à converser ici ? questionna Twilight. -Elle s'est trouvée un emploi sur le port après que je l'ai mise au courant de l'opéra, affirma Rarity. Elle y travaille en ce moment, c'est pourquoi j'ai fixé le rendez-vous à cette heure. -Ok, fit Twilight avec concision. Bon, je vais t'expliquer ce qui est prévu : on compte seulement fermer les portes principales lorsque tout les spectateurs seront installés. Si Fancypants vient, il ne pourra pas s'échapper, de même qu'AJ. Si tout se passe bien, on pourra régler le problème ce soir même après la représentation. »
Rarity approuva le projet de Twilight tout en buvant une autre gorgée de son thé. Elle reprit ensuite la parole :
« De mon côté, je peux faire en sorte de la contenir. On a l'intention de parler avec Fancypants lors de l'opéra. Si je suis dans les parages, tu peux être certaine qu'elle ne s'en prendra pas à lui, même s'il avouait être responsable de tout. Il pourrait même s'en tirer sans blessures s'il s'engageait à sauver les Apple. J'ai eu la parole d'Applejack sur ce point. -Tu ne t'es pas tournée les sabots pendant le mois, à ce que je vois, constata Twilight. Tu as bien joué ton rôle de confidente. -Ca n'a pas été chose simple, crois-moi, prétendit la licorne. Lui tirer les vers des naseaux est encore plus difficile qu'au temps de Dodge Junction. Mais je pense être parvenue peu à peu à lui faire ouvrir son cœur. »
Un long silence s'ensuivit, seulement troublé par le son des tasses soulevés puis posés sur la table. Twilight se décida finalement à briser la glace :
« Dis, Rarity, tu m'en veux encore pour ce qui s'est passé le mois dernier ? »
Rarity soutint le regard de son amie tandis qu'elle posait cette question, ses yeux luisant d'une flamme glaciale. Elle soupira et révéla :
« On est toutes à cran depuis le début. Tu as craqué sous la pression, c'est tout. Pourquoi devrais-je t'en vouloir ? J'ai moi-même eu une réaction immature en partant sans prévenir. Au final, j'ai eu de la chance de tomber sur Applejack de suite. Et tu t'es reprise par la suite, de ton côté. Par conséquent, il ne s'est rien produit de désagréable entre nous. »
Son visage s'éclaira d'un sourire radieux en prononçant ces derniers mots. Twilight reconnut bien là la générosité et la compréhension de son amie, capable de tout pardonner. La disciple de Celestia saisit le sabot de Rarity, balbutiant quelques mots d'excuses à l'égard de son amie.
« Au fait, se rappela la licorne mauve, vous avez les tickets ? -Achetés le jour d'ouverture de la billeterie, déclara Rarity d'un ton fier. Quatre billets : deux pour la tante et l'oncle d'Applejack, un pour cette dernière et un autre pour moi. Le compte y est ! -Bien, fit Twilight d'un ton rassurée, au moins, on aura pas répété comme des folles pour rien... -A ce sujet, qui joue Manelet ? Questionna avec candeur la blanche licorne. -Pinkie. »
Rarity fut saisie à cet instant d'un fou rire irrépressible. L'idée de Pinkie interprétant le prince revanchard lui semblait d'un grand ridicule. Twilight fit de son mieux pour la calmer, constatant que les regards des autres clients se tournaient vers elles. Finalement, elle cessa de rire et Twilight put expliquer les raisons de ce choix :
« Manelet joue au fou pendant la quasi-totalité de la pièce. Dans ces conditions, qui est mieux placée pour faire la folle sur scène que la ponette la plus déjantée d'Equestria ? -Mais quand même, tenta de se justifier son amie, Manelet est un personnage beaucoup plus complexe que cela. Tu ne crains pas de décevoir le public en exposant de la sorte Pinkie ? -C'est mal la connaître, affirma Twilight. Elle aussi a de la personnalité à revendre. Tu risques d'être surprise en la voyant et en l'écoutant chanter. -Je crois bien que je ne serais pas la seule, j'en ai peur, s'inquièta Rarity. Quand Applejack va vous voir débouler sur scène, j'ose à peine imaginer sa réaction... -Ne peux-tu pas trouver une histoire pour la convaincre que tu n'étais pas au courant de nos projets ? Demanda Twilight -Certes... concéda Rarity. Mais AJ ne me fait pas totalement confiance, ça risque de poser quelques soucis lors de l'interrogatoire de Fancypants. J'aurais préféré que vous engagiez une troupe d'interprètes, ça m'aurait soulagé d'un poids. Enfin, je ferais avec... »
Elle se leva sur ces paroles, car sa tasse était vide. Elle expliqua à son amie qu'elle avait encore quelques détails à régler avant le soir, et prit la direction de la sortie en la saluant. Au moment de pousser la porte, elle se retourna et fit d'une voix curieuse :
« Qui s'occupe des costumes ? J'aime beaucoup celui que tu portes, Twilight, ça colle parfaitement à l'époque. »
Twilight, s'apercevant à cet instant que dans sa hâte, elle n'avait pas retiré son pourpoint, répondit en bredouillant à son amie, toute gênée :
« C'est Hoity-Toity. La princesse Celestia a fait appel à lui, en dépit de son emploi du temps chargé. -Il a fait du bon travail, ça ne m'étonne pas de lui, constata la licorne. Sur ce, je ne te souhaite pas bonne chance, il paraît que ça porte malheur dans les spectacles. Néanmoins, tu as tout mon soutien. »
Elle s'éloigna sur ces derniers mots, laissant Twilight seule avec sa tisane. Cette dernière se dépêcha de la finir, songeant qu'elle avait laissé tout le monde se débrouiller depuis un long moment déjà, et paya le prix de sa boisson, à savoir deux Bits, en donnant dans la foulée un petit pourboire à la serveuse. Elle repartit ensuite vers le Carmanegie Hall. Sur place, elle se fit longuement sermonner par la princesse Luna, qui employait la voix royale traditionnelle de Canterlot pour lui rappeler qu'elle n'était pas la metteuse en scène, contrairement à la disciple de sa sœur. Cette dernière si dit qu'au moins, Pridehoof ne deviendrait certainement pas aphone en plein millieu de l'opéra. La répétition générale se poursuivit alors. Le plus dur était toujours devant la troupe...
Pendant ce temps, Rarity était rentrée au domicile des Orange et après avoir achevé les tâches ménagères quotidiennes, avait décidé de se mettre à l'ouvrage. Applejack s'était en effet plainte auprès d'elle que la robe qu'elle s'était procurée à Canterlot la serrait un peu et lui avait demandé si elle ne pourrait pas l'améliorer. La licorne lui avait proposé d'en confectionner simplement une nouvelle, mais Applejack avait vivement protesté, affirmant qu'elle aimait bien la simplicité de cette robe noire. Elle souhaitait simplement bouger à son aise.
La tâche demandée à Rarity n'avait par conséquent rien de bien difficile. En l'espace d'une minute, ce serait règlé. Tout ce qu'elle eut à faire était de saisir une paire de ciseaux et couper les côtés de la robe. Ainsi fendue, elle donnait un petit côté oriental qui offrirait un joli contraste avec l'apparence plus campagnarde d'Applejack.
La licorne partit alors se préparer et se maquiller, revêtant une nouvelle fois sa tenue de gala. Ce fut à cet instant qu'Applejack rentra. En contemplant son amie, transfigurée par son apparat, la fermière ne put retenir un sifflement d'admiration.
« Dire que ce n'est pas moi qui est censée être la plus belle pour la soirée, réalisa Rarity. Je suis impatiente de voir ta réaction quand tu te verras dans la glace. »
Elle emmena Applejack de force dans la salle de bain, et se chargea de l'embellir plus qu'elle ne l'était déjà. Ce ne fut pas chose simple, car la fille aînée des Apple avait du mal à se tenir tranquille. Au bout d'une demi-heure de maints effort, Applejack put enfin contempler son reflet dans le miroir. Et eut peine à se reconnaître.
Le fond de teint appliquée par son amie avait dissimulé les tâches de rousseur si caractéristiques de la fermière. Sa crinière était attachée en un chignon si bien nouée qu'on aurait pu l'assimiler à une rose faite de paille. A chaque oreille pendait une boucle d'oreille arborant la forme d'une pomme dorée. Quant à la robe, elle seyait à présent à la perfection aux courbes de la ponette. C'était des modifications d'une simplicité confondante, et pourtant, elle faisait ressortir toute la beauté naturelle d'Applejack.
« Il ne reste plus qu'à attendre ton oncle et ta tante... annonça Rarity d'un ton camouflant mal son impatience. -La soirée va être longue... promit Applejack. Et elle restera dans tout' les mémoires... »
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Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Mar 18 Déc - 12:56
Ca continue à se bonifier. C'est de plus en plus compact et ça se disperse moins, c'est bien ça. Quelques coquilles de ci de là (dont une très belle sur les "intrigues à la court") mais dans l'ensemble ça se tient.
Le souci étant que je connais très mal Hamlet par rapport aux autres pièces de Shakespeare, du coup je risque de passer à côté de pas mal de références. Mais blame on me pour être pas plus cultivé.
Pinkie sur scène m'a un peu fait penser à la mienne dans Ponykrieg, tiens. Justement, pour rester sur la ponette rose, quelques remarques :
Pinkie s'inquiète de savoir comment maintenir sa crinière raide pendant la pièce et Twilight pense que c'est bien dans les habitudes de Pinkie de penser ça. Sauf que la tournure de la phrase me semble maladroite. Elle donne l'impression que la terrestre fait très attention à son look et que c'est pour ça qu'elle s'en inquiète. Alors que la phrase signifie que Pinkie est plus concentrée sur un détail que sur la pièce elle-même. En d'autres termes, la tournure de la phrase rarityse Pinkie.
Toujours sur la crinière :
Citation :
Et pour les scènes où il est pas maboul ? questionna Pinkie. Il faut bien que sa crinière soit soyeuse.
Soyeuse veut dire "comme de la soie". Donc, doux et lisse. Et non en pétard comme doit l'être la crinière de Pinkie quand son personnage est normal.
Et tant qu'on est dans les cheveux, la coiffure d'Applejack à la fin, c'est celle qu'elle avait enfant chez les Orange, non ? Continuité, tout ça, c'est bien.
J'ai été un peu surpris de voir Rarity boire au café sans attendre Twilight. La licorne est très attachée aux bonnes manières et il me semble qu'elle serait du genre à patienter jusqu'à l'arrivée de son amie pour boire son thé. Quitte à ce qu'il refroidisse.
Et enfin interrogation personnelle sur les "saphirs" pour décrire les yeux de Rarity. J'ai toujours personnellement trouvé qu'ils étaient plutôt cobalts, mais bon
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Mer 19 Déc - 11:17
Bon, ben la technique "attendre une journée pour laisser d'autres lecteurs s'exprimer" ne semble pas très efficace . Alors, c'est parti pour la débat^^
Bro-Nie a écrit:
Ca continue à se bonifier. C'est de plus en plus compact et ça se disperse moins, c'est bien ça. Quelques coquilles de ci de là (dont une très belle sur les "intrigues à la court") mais dans l'ensemble ça se tient.
Merci, ça fait chaud au coeur de voir que je ne stagne pas Pour les coquilles, une relecture s'imposera pour règler ce souci.
Bro-Nie a écrit:
Le souci étant que je connais très mal Hamlet par rapport aux autres pièces de Shakespeare, du coup je risque de passer à côté de pas mal de références. Mais blame on me pour être pas plus cultivé.
Pour être tout à fait franc, Hamlet est la seule pièce de Shakespeare que j'ai lu et vu intégralement . J'ai bien quelques notions sur la Tempête et sur Romeo et Juliette, ainsi que le Roi Lear qui traîne sur mon étagère depuis deux ans dans une édition anglaise, mais c'est tout.
Question références, je me suis arrangé pour qu'elles soient le plus explicites possible. Le monologue "to be or not to be" est reconstitué dans son ensemble, je l'ai seulement simplifié pour qu'il soit plus compréhensible (et y insérer plus de rimes et de rythme ). Mais sinon, j'essaye de faire en sorte que ce soit fidèle et compréhensible. Par exemple, le "Je suis tué!" de Derpy/Jester est bel et bien une réplique de la pièce (de Polonius), et c'est le passage qui me plie en deux à chaque fois que je lis l'oeuvre .
Mais niveau références et influences il y en a de plus subtiles depuis le début:
- L'intrigue de Daring Do et l'île de la Sorcière d'or est basée sur un visual novel -Le point de vue binaire sur la notion de vengeance est inspiré en partie du manga (très peu orthodoxe dans sa catégorie) Zetsuen no Tempest/ The Civilisation Blaster, qui puise lui-même sans vergogne sur La Tempête et Hamlet -La scène des docks, et ça, j'y ai pensé après coup, a une grosse ressemblance avec les petit boulots que fait Ryo pour survivre à Hong-Kong dans Shenmue 2.
On a donc ici ici pas loin de quatre oeuvres qui ont pour point commun d'aborder chacun le thème de la vengeance d'une façon plus complexe qu'à l'accoutumée, et qui m'influencent pendant la conception de la fic.
Pour en revenir au sujet initial, l'opéra sera le plus clair possible. La seule chose que je tiens absolument à placer est la scène de la pantomime qui va créer une double mise en abyme
Bro-Nie a écrit:
Pinkie sur scène m'a un peu fait penser à la mienne dans Ponykrieg, tiens. Justement, pour rester sur la ponette rose, quelques remarques :
Pinkie s'inquiète de savoir comment maintenir sa crinière raide pendant la pièce et Twilight pense que c'est bien dans les habitudes de Pinkie de penser ça. Sauf que la tournure de la phrase me semble maladroite. Elle donne l'impression que la terrestre fait très attention à son look et que c'est pour ça qu'elle s'en inquiète. Alors que la phrase signifie que Pinkie est plus concentrée sur un détail que sur la pièce elle-même. En d'autres termes, la tournure de la phrase rarityse Pinkie.
En effet, il y a des simililtudes . Mais le fait que je place Pinkie sur le devant de la scène est surtout dû au fait qu'elle n'a eu que peu d'importances depuis le début, alors que je me suis arrangé pour que chacune des Mane 6 ait eu au moins un moment qui la mette en valeur.
Quant à ta remarque, je m'en étais déjà aperçu en me relisant, mais en toute honnêteté, je n'arrivais pas à faire passer cette phrase autrement. Mais du coup, Pinkie donne un peu le sentiment d'être une précieuse Je réfléchis, histoire de contourner ce souci.
Bro-Nie a écrit:
Toujours sur la crinière :
Citation: Et pour les scènes où il est pas maboul ? questionna Pinkie. Il faut bien que sa crinière soit soyeuse.
Soyeuse veut dire "comme de la soie". Donc, doux et lisse. Et non en pétard comme doit l'être la crinière de Pinkie quand son personnage est normal.
J'avoue que là, j'ai un peu de mal à te suivre. C'est vrai aussi que ce passage prête à confusion. Pinkie se fait lisser la crinière pour interpréter le rôle. L'idée étant que dans les passages où Manelet simule la folie, la crinière de Pinkie revient à la normale. Et cette dernière est lissée à nouveau lors des entractes (ce monologue est si je ne trompe pas, la première apparition d'Hamlet à l'acte III).
Bro-Nie a écrit:
Et tant qu'on est dans les cheveux, la coiffure d'Applejack à la fin, c'est celle qu'elle avait enfant chez les Orange, non ? Continuité, tout ça, c'est bien.
Tout à fait. Au moment où j'en suis arrivé à cette description, j'ai hésité entre reprendre cette coiffure ou alors opter pour une autre style Leia dans Star Wars episode IV (comme tu en avais parlé sur la PB juste avant). Au final, j'ai repris la coupe ep 23, même si en revisionnant ce dernier, on a pas l'impression que ça forme une rose XD
Bro-Nie a écrit:
J'ai été un peu surpris de voir Rarity boire au café sans attendre Twilight. La licorne est très attachée aux bonnes manières et il me semble qu'elle serait du genre à patienter jusqu'à l'arrivée de son amie pour boire son thé. Quitte à ce qu'il refroidisse.
Je vais finir par me demander si je ressemble vraiment à Rarity niveau caractère (Cf Signature) En fait, je suis parti du principe que notre chère licorne avait fixé le rdv au gardien bien avant, et qu'elle espérait que le gardien en parle immédiatement. Le midi était une deadline, elle n'attendrait pas Twilight au-delà de cette limite (ça l'aurait alors convaincu que cette dernière n'était pas derrière l'opéra). De plus, au vu des vêtements que je lui ai fait porter, il fait froid dans la ville. Résultat: pour se réchauffer en attendant Twi, elle a entamé son thé... Explication saugrenue Made in Usui, je sais...
Enfin pour la réflexion sur les yeux, je n'ai tout simplement pas pensé un seul instant au cobalt. D'où le saphir en guise de substitution.
Date d'inscription : 25/01/2012 Age : 33 Localisation : Au fond à gauche
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Mer 19 Déc - 13:18
Sur la crinière, j'ai donc complètement compris dans le mauvais sens. Je pensais que Pinkie aux cheveux lisses représentait Hamlet fou parce que chez elle, la crinière raide représente une situation de crise, et qu'elle avait sa coupe habituelle en pétard quand son personnage était normal.
Pour Rarity c'est là où je suis en désaccord. C'est bien évident que n'importe qui pour se réchauffer/attendre son invité boirait son thé sans attendre mais Rarity est très attachée aux bonnes manières. Et j'ai dans l'idée que la lady serait prête à faire quelque chose d'un peu stupide comme attendre à se geler les os plutôt que de faire quelque chose de grossier. Mais peut-être que je vois la licorne comme trop maniérée.
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Mer 19 Déc - 16:45
Bro-Nie a écrit:
Sur la crinière, j'ai donc complètement compris dans le mauvais sens. Je pensais que Pinkie aux cheveux lisses représentait Hamlet fou parce que chez elle, la crinière raide représente une situation de crise, et qu'elle avait sa coupe habituelle en pétard quand son personnage était normal.
Pour Rarity c'est là où je suis en désaccord. C'est bien évident que n'importe qui pour se réchauffer/attendre son invité boirait son thé sans attendre mais Rarity est très attachée aux bonnes manières. Et j'ai dans l'idée que la lady serait prête à faire quelque chose d'un peu stupide comme attendre à se geler les os plutôt que de faire quelque chose de grossier. Mais peut-être que je vois la licorne comme trop maniérée.
Ta vision concernant Pinkie/Hamlet est plus intelligente, je regrette de ne pas avoir procédé de la sorte Surtout que comme tu l'as affirmé ce midi sur la pb, le lissage ne tient pas longtemps chez elle. Je me suis fait coincer ici et je vais devoir recourir à une pirouette scénaristique pour éviter les soucis...
Quant à Rarity, les deux visions sont possibles, je dirais. La tienne est parfaitement valable mais celle d'une Rarity impatiente peut coller aussi à mon avis. Et on a le même souci pour AJ en mode "revenge"...
Date d'inscription : 25/01/2012 Age : 33 Localisation : Au fond à gauche
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Mer 19 Déc - 17:35
C'est effectivement court :
Trois secondes avant le gala. Après on peut imaginer que plongée dans son personnage, elle peut arriver à le devenir assez et à souffrir pour qu'elle raidisse sa crinière, mais je pense qu'il faudrait un poney acteur professionnel pour y arriver. Et même si les Héroïnes ont joué devant la cour à Canterlot, c'était un événement exceptionnel.
Sinon tu peux utiliser la même astuce que moi dans Ponykrieg : une perruque. Elle met un postiche raide lors de certaines scènes et l'enlève pour les autres, et hop elle reprend sa coiffure en pétard. Après reste le problème de cacher une telle masse de cheveux sous une perruque sans que ça déborde, mais Pinkie nous a bien prouvé qu'elle savait cacher sa queue quand elle joue Puddinghead :
Spoiler:
Ce qui m'a toujours fait penser qu'elle devait être vachement à l'étroit là dedans
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Jeu 20 Déc - 13:44
Bro-Nie a écrit:
C'est effectivement court :
Trois secondes avant le gala. Après on peut imaginer que plongée dans son personnage, elle peut arriver à le devenir assez et à souffrir pour qu'elle raidisse sa crinière, mais je pense qu'il faudrait un poney acteur professionnel pour y arriver. Et même si les Héroïnes ont joué devant la cour à Canterlot, c'était un événement exceptionnel.
Sinon tu peux utiliser la même astuce que moi dans Ponykrieg : une perruque. Elle met un postiche raide lors de certaines scènes et l'enlève pour les autres, et hop elle reprend sa coiffure en pétard. Après reste le problème de cacher une telle masse de cheveux sous une perruque sans que ça déborde, mais Pinkie nous a bien prouvé qu'elle savait cacher sa queue quand elle joue Puddinghead :
Spoiler:
Ce qui m'a toujours fait penser qu'elle devait être vachement à l'étroit là dedans
J'ai envie de dire une seule chose: C'est Pinkie Pie! Elle est capable de tout Cela dit, je retiens l'idée du postiche, ce qui fait une première anecdote pour les coulisses. Merci Bro-Nie
Je commencerais à écrire le chapitre ce soir, motivation 1000%
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Mer 26 Déc - 15:32
Ladies and gentlecolts, je vous souhaite la bienvenue à mon cadeau de noel (avec un peu de retard)!
Commençons par une mauvaise nouvelle, l'opéra n'est pas achevé... En effet, malgré tout les efforts déployés, coucher ce passage par écrit demande un temps considérable vu la densité de l'oeuvre portée sur scène...
Néanmoins! Je peux déjà vous faire assister à la première partie de celui-ci, tenant sur pas loin de vingt pages (bon, j'avoue, Shakespeare, oups, Shakeshooves m'a bien aidé avec ses tirades). Il devient par conséquent le chapitre le plus long que j'ai rédigé et surtout.....
Il s'agit ni plus ni moins que du chapitre qui franchit le cap des cent pages
Sortez le cidre, le champagne, que sais-je?, et venez fêter avec moi cet exploit personnel! Si on m'avait dit que mon premier écrit à franchir ce cap symbolique comporterait des poneys, je ne l'aurais pas cru, sniff...
Plus sérieusement, vous allez avoir sous les yeux le chapitre le plus difficile que j'ai eu à écrire jusqu'à présent. En effet, jongler entre autant de points de vue, garder un équilibre entre l'intrigue principale et celle représentée sur scène a été une véritable torture!
C'est pourquoi j'espère encore plus que d'habitude qu'il parviendra à vous plaire. Sinon, ne vous gênez pas pour le faire remarquer.
Bref, que dire d'autre ? Ah, oui! Si quelques fan-artistes lisaient d'aventure cette fic, seraient-ils assez aimables de pondre quelques fan-arts des scènes clefs? Please
Assez mariné! Je vous prie de vous installer confortablement, d'éveiller vos sens, et d'apprécier l'opéra interprété par nos juments préférées
Spoiler:
Un opéra enflammé (Premier Partie)
La sélène princesse venait d'accomplir son office : la nuit venait de couvrir de son voile sombre Equestria et ses alentours. Les lampadaires venaient de s'allumer dans les rues grâce à la magie des licornes dont c'étaient la tâche quotidienne. Progressivement, un grand tumulte commença à emplir tout Manehattan. En effet, un événement attendu dans tout le pays allait se produire dans la cité. Et quel événement ! Ni plus ni moins que la grande première de l'opéra adapté de la mythique pièce Manelet de Shakeshoove ! De nombreux spectateurs provenant des autre coins du pays s'étaient déplacés spécialement pour assister à cette représentation, qui se tiendrait au Carmanegie Hall, une salle de spectacle désormais modeste, si on la comparait à ses homologues de Canterlot, mais qui avait fait la fierté de Manehattan il y a quelques décades de cela !
La foule commençait à s'étirer tel un serpent le long de l'avenue menant à l'opéra. Des poneys appartenant à diverses classes sociales s'y étaient rassemblés, sans faire la moindre distinction. Les plus riches, accoutumés à ce genre de spectacles, fréquentaient les plus modestes, qui avaient longuement économisé en vue d'assister à cette première dans l'histoire du pays, espérant ainsi grimper dans l'échelon social. Il y avait également quelques critiques au sein de cette queue, aussi bien apte à glorifier cet opéra qu'à le descendre plus bas que terre. Bien que différents, ces poneys arboraient deux points communs. En premier lieu, ils étaient venus avec l'intention de passer une bonne soirée. Mais pas tout seuls. Cette représentation devait être partagée par plusieurs poneys, qu'ils puissent apprécier ensemble la déferlante d'émotions qui allaient survenir.
Ce qu'ils ignoraient, c'est que cet opéra était en réalité un message. Un message n'ayant qu'une seule véritable destinataire : une jument qui avait tout perdu et qui était froidement déterminée à reprendre possession de sa vie. Et cette jument était dans cette foule, attendant avec une grande impatience, qu'elle tentait de masquer du mieux qu'elle pouvait, de pouvoir pénétrer dans la salle. La ponette, vêtue et coiffée d'une manière que l'on pourrait qualifier d'élégante, n'était pas venue seule, à l'instar des autres spectateurs. Son oncle, un étalon à la robe jaune et aux poils aux couleurs de l'herbe, l'avait accompagné, vêtu pour l'occasion d'un splendide smoking noir avec un nœud papillon bleu s'accordant avec la couleur de ses yeux. Son épouse, dont la robe était similaire à celle de son mari en plus pâle, assisterait également au spectacle, ne changeant guère son apparat habituel, constitué d'un chignon pour sa crinière auburn en tout point identique à celui de sa nièce et d'un collier en or serti de perles. Exception faite de la robe qu'elle portait, imaginée et conçue par une amie de sa nièce.
La jeune licorne à l'origine de cette robe était également de la partie, discutant avec son amie en faisant légèrement virevolter sa robe à chaque mouvement. Elle aussi attendait avec impatience d'être dans la salle, mais cette impatience était mêlée d'anxiété. Elle tentait de cacher cette crainte à sa compagne. La file devant eux se rétrécissait et la licorne demanda à la jument :
« Tu n'es pas trop stressée, Applejack ? »
Cette dernière dévisagea quelques instants Rarity, avant de lui répondre d'un ton tranquille :
« Ce n'est qu'un opéra. Je n'ai aucune raison d'être stressé. »
Applejack venait de botter en touche le sens caché derrière les propos de son amie. Rarity voulait savoir si la fermière était toujours motivée à mettre en œuvre son projet. Elle s'attendait cependant à ne pas obtenir de réponse franche. Et la façon dont elle l'avait obtenu lui montra qu'elle avait raison : Applejack avait fait en sorte de camoufler son accent typique de Sweet Apple Acres, ce qu'elle ne faisait qu'à proximité de son oncle et de sa tante, ces deux derniers n'étant pas au courant des intentions de leur nièce. Et elle entendait bien ne pas leur révéler.
Rarity comprit au vu de la réaction de son amie qu'elle était toujours aussi décidée. Cela ne fit qu'augmenter son inquiétude. Connaissant le caractère d'Applejack, elle s'attendait à un grand retour de bâton dès qu'elle apercevrait Twilight et les autres sur la scène. Néanmoins, elle essaya de paraître la plus ordinaire possible, discutant avec Mme Orange des diverses tendances du moment à Canterlot. Son hôtesse fut ravie d'entendre ses opinions au sujet de son désaveu des corsets, qui déformaient selon elle la silhouette.
Le petit groupe avançait en même temps que la file, chaque pas réduisant la distance qui les séparait de l'entrée. Applejack commençait à taper du sabot nerveusement. Elle comprenait à cet instant à quel point attendre quelque chose était insoutenable. Elle repensait à Rainbow Dash, qui piaffait d'impatience lorsqu'elle attendait désespérément qu'on lui serve du cidre estampillé « famille Apple » et eut une pointe de compassion pour elle ainsi que les autres clients. Il faudrait qu'elle s'arrange pour améliorer ce principe de file d'attente à son retour à Sweet Apple Acres.
Rarity lui asséna alors un léger coup de sabot, extirpant la jument vêtue d'une robe sombre de sa rêvasserie.
« Ton billet, ma chère, lui rappela-t-elle. Le gardien n'attend plus que toi. »
Elle ne s'en était pas rendue compte, mais ils étaient déjà parvenues à l'entrée de l'opéra. Les époux Orange et Rarity avaient déjà fait contrôler leurs billets au gardien, un poney d'âge moyen à la robe brune et arborant une courte crinière noire, qui avait tendu son sabot droit à la fermière. Cette dernière sortit son billet d'un pli de sa robe avant de le donner au contrôleur en sussurant quelques mots d'excuses. Satisfait, l'étalon brun la laissa rejoindre son oncle, sa tante et son amie. Au complet, le groupe ouvrit les portes du Carmanegie Hall.
Applejack émit un léger sifflement admiratif en contemplant le hall d'entrée de la salle, qui n'était pas sans lui rappeler celui du manoir de Fancypants, en plus vaste. Le sol était recouvert de dalles si propres qu'on pouvait y voir son reflet, ainsi que celui des lumières appartenant aux chandelliers en or fixés au plafond. Ce dernier était comparable à une véritable fresque murale narrant l'Histoire des Arts en Equestria. Les plus grands dramaturges, comédiens, musiciens, peintres, sculpteurs y étaient représentés tous unis dans ce qui semblait être un véritable festin de la culture. Devant ses yeux se dressait un escalier avec des rampes boisées se divisant en deux côtés arrivés au premier étage de l'opéra (il en comportait trois au total). Les marches étaient recouvertes par un magnifique tapis rouge semblant indiquer la direction au spectateur.
La jument de Sweet Apple Acres fut bientôt soustrait de cette contemplation par les regards désapprobateurs de son oncle et de sa tante, qui n'appréciaient pas vraiment ce genre de comportements quand l'on entrait dans une salle si prestigieuse. Rarity se contenta de son côté d'hausser les épaules, guère surprise par la réaction d'Applejack. Cette dernière afficha une mine un peu gênée qui fut considérée comme une excuse suffisant aux yeux des Orange.
Le groupe se remit en marche et commença à monter l'escalier d'un pas lent, mais ferme. Il opta pour le chemin de gauche avant de s'arrêter, une fois parvenu au deuxième étage. Il traversa l'allée dont la partie à leur droites étaient couvertes de glasses reflétant leurs formes ainsi que celles des chandelles placées près des fenêtres. La dernière porte à franchir se dressait à présent devant lui.
M.Orange poussa la porte et la retint à l'aide de son dos, invitant les juments à passer en première au moyen d'une révérence. Son épouse passa en première, suivie peu après de sa nièce et de son invitée. La porte se referma sur l'entrée de l'étalon.
Applejack fut une nouvelle fois frappée par la beauté des lieux s'étendant sous son regard. Mais cette fois, son exemple fut imité par Rarity. Seuls les Orange ne furent pas soufllés, ayant déjà assisté par le passé à des représentations. Ils se trouvaient sur un grand balcon surplombant l'intégralité de la salle. Plusieurs rangée de sièges s'étalaient devant eux. En dessous du groupe s'étendait encore plus de sièges, avec de nombreux autres spectateurs déjà assis sur ces derniers. Au-dessus de leurs têtes se trouvaient d'autres balcons, beaucoup plus réduits, réservés aux invités de marque du Carmanegie Hall. Enfin, au fond de la salle se situait la fosse où jouerait l'orchestre et derrière elle, la scène où les comédiens interpréteraient l'opéra, pour l'instant masquée par deux grands rideaux rouges. Profitant du fait qu'il n'y avait pas encore grand monde à leur étage, le groupe s'installa sur la rangée la plus proche de l'extrémité du balcon, bénéficiant ainsi d'une vue d'ensemble de la salle. C'était tout bonnement impressionnant. Impressionnant de voir autant de poneys rassemblés en contrebas pour assister à un opéra. Ces derniers ne faisaient pas seulement acte de présence, ils conversaient entre eux, partageant d'ores et déjà leurs impressions sur les lieux ainsi que leurs attentes au sujet du spectacle. Ce brouhaha contamina Applejack et Rarity, qui se lançèrent à leur tour dans une chaleureuse discussion en compagnie des Orange :
« Est-ce la première fois que vous assistez à un opéra, mademoiselle Rarity ? demanda Mme Orange avec curiosité. -Oh, non, affirma la blanche licorne, il m'est déjà arrivé de me rendre à l'opéra lorsque j'étais à Canterlot pour mes affaires. -En ce qui me concerne, intervint Applejack, ça sera le premier opéra auquel j''assisterai. -Il y a une première fois à tout, très chère, annonça son oncle avec sagesse. -J'imagine, dit la fermière. En tout cas, j'espère que cela valait le déplacement. »
Rarity tressaillit en entendant cette dernière phrase. Elle avait conscience de ce que voulait dire AJ par là. Si cette dernière était venue, c'était uniquement avec l'espoir d'y rencontrer le véritable Fancypants et ainsi avoir une entrevue avec lui. Elles n'avaient aucune garantie que le noble étalon assisterait à l'opéra. Sachant qu'elle allait sans aucun doute se crêper le chignon avec Applejack au sujet des autres, Rarity pensa qu'elle misait tout sur un coup de poker. Si Fancypants venait, aucun problème, Applejack continuerait de lui faire confiance et la licorne pourrait l'empêcher de commettre un acte qu'elle regretterait par la suite. Mais s'il ne venait pas... Elle ne préféra pas songer à cette éventualité, qui réduirait à néant les efforts qu'elle avait déployé au cours du mois...
La représentation n'avait pas encore débuté que déjà les premiers tracas s'amoncelaient...
En coulisse, Twilight passa en revue une dernière fois ses troupes, leur prodiguant d'utiles conseils et les rassurant. En effet, nombre d'entre eux étaient pour le moins anxieux, à commencer par Fluttershy, qui tremblait de tout ses membres et tentait par tout les moyens de se défiler. La disciple de Celestia employa sa magie et prit le contrôle des ailes de la pégase afin de la faire venir à elle. Cette dernière couina misérablement. En réaction, la licorne la prit dans ses bras et murmura à son oreille :
« N'aie pas peur. Ne pense pas au public. Dis-toi que ce sera exactement comme lors de la Veillée Chaleureuse. Si tu joue aussi bien que tout à l'heure, tout ira bien. »
Elle plongea son regard dans celui de son amie, et prononça ces derniers mots d'un ton plus ferme :
« Fais-le pour Applejack. »
Le visage de Fluttershy se durcit en entendant cela. Elle gagnait progressivement en courage. Elle repoussa ensuite avec douceur les sabots de Twilight et partit rejoindre le reste des comédiens sans mot dire. En la voyant s'éloigner de la sorte, la protégée de Celestia ne put réprimer un sourire. Elle alla ensuite à la rencontre de Rainbow Dash, qui était en train de frapper à de multiples reprises un mur sans défense.
« Rainbow. Ce mur ne t'as rien fait. Je sais que tu es stressée, mais peux-tu arrêter de le boxer ? demanda Twilight. »
La pégase arrêta son enchaînement et tourna son visage azur vers son amie en disant d'une voie indignée :
« Moi, inquiète ?! Tu veux rire ?! Je suis 20%, non 100% plus motivée que jamais ! Je répète juste la scène du duel avec Manelet. J'me serais bien entraînée avec Pinkie, mais ça fait au moins un quart d'heure qu'elle s'est bouclée dans sa loge ! -Bon, je vais la faire sortir... annonça une Twilight décontenancée. Je sais que les vedettes se font toujours attendre, mais on ne peut pas commencer sans elle... »
Elle laissa Rainbow Dash dans son coin. Cette dernière reprit son entraînement. Sans même se retourner, Twilight lança d'un ton cinglant :
« Je t'ai dit stop ! Tu vas le démolir, si tu continues ! »
La pégase cessa son action et se contenta de soupirer avant de s'envoler vers l'endroit où étaient rassemblées le reste des interprètes. Satisfaite, Twilight se mit à chercher dans l'allée réservée aux comédiens la loge de Pinkie Pie et frappa à la porte de celle-ci.
« Entre, Twilight, fit la voix surexcitée de l'interprète de Manelet à travers la porte. »
La licorne mauve s'executa et ouvrit la porte, seulement pour contempler la loge dans un état lamentable ! Les affaires de la ponette rose traînaient ça et là en plein milieu se trouvait Pinkie Pie, avec son costume enfilé à l'envers. La première question de Twilight ne se rapporta pas cependant au bazar ambiant :
« Comment as-tu su que c'était moi ? -J'sais pas, répondit Pinkie en haussant les épaules. C'est sorti tout seul ! »
Visiblement, la ponette bondissante améliorait jour après jour son Pinkie sense. Twilight se décida finalement à aborder le sujet qui l'amenait ici :
« Pinkie, qu'est-ce que tu fiches ici ? On n'attends plus que toi pour commencer ! Ne me dis pas que t'es toujours taraudée par tes problèmes capillaires ? -Ben, faut croire que si, contredit Pinkie. Il faut que je règle ça avant mon entrée en scène ! -Rahhh ! S'emporta la licorne. Tu vas voir ce que tu vas voir fichue crinière! »
Elle s'empara à l'aide de sa magie d'une paire de ciseaux qui traînait devant le miroir et coupa une longue touffe de crinière de Pinkie Pie. Cette dernière s'apprêtait à protester, mais Twilight se concentra et la touffe frisée se lissa naturellement au bout d'un moment. La licorne fut essouflée à la fin de cet exercice. Elle aurait pensé que ce serait beaucoup plus simple de lisser une crinière de manière définitive. Néanmoins, elle la tendit à Pinkie en annonçant toute fière :
« Maintenant, tu as une perruque. Tu la cacheras sous ton pourpoint quand tu n'en auras pas besoin. D'ailleurs il est à l'envers, si je puis me permettre. Normalement, tu auras le temps d'échanger les crinière lors des entractes. -Et si je dois inverser au cours d'une scène ? questionna Pinkie Pie. »
Twilight réfléchit un peu avant de rétorquer :
« Tu n'as pas besoin d'échanger avant le deuxième acte. Dans ce cas, tu essaieras de passer discrètement derrière l'un des pilliers du décor représentant le château. Et pour le dernier acte, tu te mêleras aux figurants pendant l'enterrement. Compris ? -Okie, dokie, lokie. Ah, et je vais remettre mon costume à l'endroit ! -Je préfère ça, fit la licorne en hochant la tête. On compte sur toi ! »
Elle s'en alla sans regarder son amie en train de lutter avec son costume et croisa sur le chemin du retour Symphonia, habillée comme se devait l'être tout bon chef d'orchestre. Sa corne luisait d'une lueur turquoise et une baguette tournoyait autour de celle-ci. L'ancienne professeur de musique tremblait, non de peur, mais d'excitation. Elle n'avait qu'une hâte : monter sur scène pour interprêter la partition qu'elle avait elle-même composé ! Twilight parvenait plus ou moins à comprendre l'intensité des émotions de Symphonia.
« Je vois que vous êtes prêtes, déclara Twilight. -Plus que jamais ! répondit Symphonia en rehaussant ses bessicles avec son sabot droit de façon maladroite. -Le public vous attend. »
Symphonia prit une lente inspiration et s'avança d'un pas décidé vers le lieu élu pour accueillir la symphonie dont elle était la compositrice. C'était l'oeuvre de toute une vie qu'elle s'apprêtait à concrétiser. Elle approchait lentement du moment décisif. La porte finale séparant le rêve de la réalité se trouvait devant elle. Elle posa son sabot gauche sur le battant de la porte, parut hésiter un moment, et enfin ouvrit avec lenteur la porte.
Les membres de l'orchestre qu'elle allait diriger pendant plusieurs heures étaient déjà à leurs places respectives depuis déjà quelques minutes. Toutefois, le public continuait de parler dans un brouhaha digne du Tartare ! Elle arrivait depuis la gauche, et avait encore une dizaine de mètres à parcourir afin de rejoindre la petite estrade qui avait été aménagé pour elle, aussi les spectateurs mirent quelques secondes avant de se rendre compte de sa présence. Mais lorsqu'ils la virent, le volume émis par leurs voix diminua progressivement, avant de complètement s'éteindre. A présent, on n'entendait plus que les bruits de sabots de Symphonia résonner dans la salle.
Cette dernière finit par parvenir à son pupitre où était posé la partition de l'opéra, sa partition, celle qu'elle avait rédigé durant de longues heures ! Les notes de musique qui parcouraient les diverses feuilles étaient les siennes ! C'était sa symphonie !
Quelques gouttes de sueurs perlèrent sur le front de Symphonia au fur et à mesur qu'elle sentit les lumières brûlantes des projecteurs se braquer sur elle. La salle était encore parfaitement éclairé. Lorsqu'elle donnera le signal, la plupart des lumières disparaîtront. Seules demeureront les projecteurs illuminant la scène ainsi que la faible lueur de quelques bougies disséminées un peu partout dans la salle.
Elle put contempler par conséquent que le regard des spectateurs ne la quittait pas. Ils n'attendaient qu'une chose : qu'elle se lance. Elle vit également les membres de l'orchestre, les sabots parés à jouer de leurs instruments. Son regard se perdit dans les pupilles d'une violoncelliste qui avait fait des merveilles lors des répétitions. Ses yeux semblèrent indiquer qu'elle n'attendait plus que le signal pour jouer.
Alors enfin, elle se décida. Elle s'inclina devant le public silencieux et éleva sa baguette dans les airs. Instantanément, il fit plus sombre dans la pièce. Les spectateurs pouvaient encore se voir entre eux, mais c'était beaucoup plus difficile. La baguette de Symphonia fit alors les premiers gestes, indiquant le début de la partition. La représentation débutait enfin.
Le son des percussions, froid et lourd, se fit entendre, faisant vibrer la salle à chaque coup. Quelques secondes plus tard, le son de flûtes se mêla aux tambours, donnant une touche de légèreté bienvenue. Pendant ce temps, le rideau se baissa tout doucement, dévoilant le lieu où se tiendrait le premier acte. Il s'agissait d'une des tours d'une forteresse en pierre, la forteresse de Trottseneur, l'endroit appartenant à la famille de Manelet. Un étalon à la robe noire portant une armure et une lance faisait le guet. Les flûtes se firent plus discrètes, soulignant ainsi la tension croissante, tandis que la silhouette d'un autre soldat commençait à apparaître derrière lui.
« Qui va là ? demanda le second veilleur d'un ton grandiloquent -C'est plutôt à vous que s'adresse cette question, fit le premier soldat d'un ton plus grave. -Longue vie au roi !!! s'exclama le deuxième étalon en faisant vibrer les murs de la salle de sa voix puissante. »
A présent convaincu de l'identité de son interlocuteur, le premier soldat réalisait qu'il était temps pour lui de céder sa place. La garde était relevée. Il vit alors une licorne mauve vêtue d'un pourpoint rouge s'approcher d'eux en déclarant d'une voix posée, en symbiose avec le son des guitares et basses :
« Amis de ce pays ! Et sujets de Trottseneur ! Je vous salue! »
La scène se poursuivit sur l'introduction du personnage de Wellmouth, confident du prince Manelet. Mais Applejack n'y accordait déjà plus la moindre attention, ainsi qu'à la musique, laquelle avait substitué le son pesant des tambours à la douceur des cordes. Elle venait de se rendre compte que l'interprète de Wellmouth n'était nul autre que Twilight ! Elle dût déployer de grands efforts pour ne pas pousser un hurlement et se contenta de jeter un regard courroucé dans la direction de Rarity. Cette dernière savait pertinemment qu'elle allait devoir rendre des comptes à son amie pendant l'entracte, aussi ne chercha-t-elle pas à défier le regard furieux d'Applejack et garda ses yeux cobalts rivés sur la scène.
Tandis que la fermière ne lâchait pas la blanche licorne une seule seconde, la représentation se poursuivait. L'intrigue se poursuivait, sans prendre en compte les réactions des spectateurs. Wellmouth venait de réaliser de ses propres yeux que l'esprit du précédent monarque (un sort d'illusion déployé par Twilight à l'effigie de la princesse Celestia)hantait les couloirs de Trottseneur et se sentit obligé de prévenir l'héritier de ce dernier Manelet.
A l'issue de cette scène, le rideau se ferma pendant une dizaine de secondes, le temps de changer le décor. De son côté, l'orchestre n'interrompit pas un seul instant la musique, et entama plutôt une transition toute en nuances et progressivement vers la seconde scène. Pourtant, le changement d'ambiance était radical : on passait d'un air mystérieux et annonciateur de mauvais présages à un autre qui au contraire se voulait des plus festifs. Le son des flûtes retentit de plus belle accompagné des cymbales et des basses. La tonalité générale était devenue aigue.
Le rideau s'ouvrit cette fois sur un décor situé en intérieur. Un sol pavé de dalles noires et blanches, plusieurs pillier de pierres placés à des intervalles régulier, et deux trônes en bois d'acajou rembourrés de velours constituaient le cadre de la cour de Trottseneur. De nombreux poneys étaient rassemblés. Parmis eux, un trio de pégases, l'un gris, une autre jaune et la dernière bleue. Une jument rose, la seule vêtue de noir, ressortait particulièrement, faisant presque oublier le couple royal, une jument jaune à la crinière rousse et une alicorne au pelage sombre comme la nuit, dont la crinière semblait constitué d'étoiles.
A cette vision, tout les spectateurs émirent une exclamation de surprise. Tous reconnurent la sélène princesse Luna, qui interprétait le rôle du monarque félon, Pridehoof. De son côté, Applejack eut une mine affligée en reconnaissant à tour de rôle les autres comédiens : Pinkie Pie, Fluttershy, Rainbow Dash et même Derpy Hooves ! Twilight avait fait participer tout les habitants de Ponyville ou quoi ?! La fermière sentait qu'il y avait anguille sous roches et qu'elle s'était faite une nouvelle fois piègé. Elle avait une pressante envie d'étrangler Rarity mais réprima ce désir au fond d'elle.
Au même moment, l'interprète de Pridehoof se leva de son trône, s'éclaircit la gorge, et parla d'une voix si forte qu'on aurait pu sûrement l'entendre depuis l'avenue :
« Bien que le trépas de notre cher frère Manelet soit encore un souvenir des plus récents Et qu'il convient à nos cœurs de demeurer dans la peine durant encore de longs moments. Pourtant, la raison a lutté contre la nature si violemment, Que tout en nous souvenant de nous-mêmes lors d'un sage chagrin, Nous pensons à lui. Ainsi, celle qui fut notre sœur, et notre reine aujourd'hui, Nous l'avons, oserions-nous dire, avec une joie défaite, Avec un œil joyeux, mais l'autre en pleurs, Allègres funérailles, funèbre mariage, D'une balance pesant également le délice et le deuil, Prise pour épouse. Merci à tous pour les précieux conseils que vous avez prodigué. Sachez à présent que le jeune Stronghorn, Tenant en piètre estime notre valeur, Ou pensant que le décès de notre frère bien-aimé a disjoint notre domaine et brisé sa charpente, S'est targué de cet avantage illusoire, Et n'a eu de cesse de nous importuner de mesages exigeant la restitution des territoires, Cédés par son père dans la plus pure légalité, à notre très vaillant frère. Voilà pour lui. Quant à nous, dont le conseil est ici assemblé, Voici notre besogne : nous avons écrit à l'oncle du jeune Stronghorn, basé à Vanhoover, Et impotent, alité, ne sachant que peu de choses des desseins de son neveu, Pour l'informer des projets de ce dernier. »
Cette longue tirade de Pridehoof, bien que difficile à comprendre en raison de l'emploi abusif de la voix traditionnelle de Canterlot, avait au moins le mérite d'installer avec brio le contexte politique de la pièce. En effet, Manelet était parmi les tragédies de Shakeshooves, l'une de celles qui possédait un contexte hors-intrigue des plus poussés, intégrant tout une sous-partie sur la situation en dehors des lieux principaux. Shakeshooves avait d'ailleurs tiré son inspiration principale du conflit ayant eu lieu entre les trois tribus même s'il était ardu de s'en rendre compte lors de la représentation en raison de la mixité des rôles. Ainsi, tel qu'imaginé par le dramaturge, le royaume de Trottseneur devait être habité uniquement par des terrestres, tandis que ceux de Vanhoover étaient des licornes.
Tandis que certains applaudissaient déjà la performance de Luna, gonflés d'admiration pour leur princesse, Applejack eut une profonde envie de bailler. Très peu pour elle les machinations politicardes ! Quitte à ce qu'elle ne trouve pas Fancypants, elle espérait au moins un peu d'action. Et là, à part blablater en chantant d'une façon extrêmement grandiloquente, il ne se passait pas grand chose. Si ça continuait ainsi, elle ne tarderait pas à s'en aller de la salle.
Toutefois, même si cela était tentant, elle décida de rester envers et contre-tout. Après-tout, ses amies jouaient toutes un rôle dans cet opéra et elle se devait de rester jusqu'au bout. Ce n'était pas parce qu'elle ne désirait pas qu'elles sachent qu'elle se trouvait là qu'elle ne devait pas assister aux efforts incroyables qu'elles déployaient pour que le spectacle tienne la route !
Surtout qu'elles tiraient toutes leur épingle du jeu, en particulier Pinkie Pie. D'après ce qu'elle avait compris jusqu'à présent, Applejack avait saisi que son amie interprétait le rôle principal, Manelet, et qu'il s'agissait du prince héritier du trône. Ce dernier, de retour au château afin d'assister à l'enterrement de son père, et qu'il avait été retenu par son oncle et sa mère qui s'apprête à se remarier. Nouvelle qui le frustre particulièrement. C'est dans ces circonstances qu'il apprend par son ami Wellmouth l'existence d'un spectre ressemblant trait pour trait à son père hantant Trottseneur. Il décide alors de s'assurer de cela le soir même et se retrouve seul à seul avec le spectre, qui lui avoue avoir été empoisonné par son propre frère. La représentation en était donc à ce stade-là : l'illusion du spectre révélant la vérité à Manelet.
La voix de ce dernier, décharnée et vide, résonna dans la salle, accompagnée par le violoncelle, les tambours et les cors distillant avec parcimonie une sombre atmosphère :
« Je dois être concis. Je dormais en mon verger, Telle était mon habitude chaque après-midi, Et c'est dans ce paisible instant que ton oncle me surprit, Portant le suc de la liliacée empoisonnée dans une fiole, Et versant dans mes oreilles ce liquide maudit Dont l'effet est tant hostile au sang d'un poney. Il court le long des portes et des voies naturelles du corps Et avec une soudaine vigueur, il fige et caille, Comme d'aigres gouttes dans du lait, Le sang fluide et sain. Ainsi en fut-il du mien. C'est comme cela que je fus, en dormant, par le sabot d'un frère, Privé d'un coup de vie, de couronne et de reine, Fauché dans la pleine fleur de mes péchés, Sans sacrément, sans confession, sans m'être mis en règle, Envoyé à mon juge avec toutes mes imperfections sur la tête ! Oh, horrible ! Oh, horrible ! Que c'est horrible ! »
Ici, la musique monta en gradation, afin de bien insister sur la terreur et la honte ressenti par le spectre du père. Ce dernier poursuivit sa litanie, plus dur encore :
« Ne le supporte pas, Ne permet pas que le noble lit de Trottseneur serve de couche à la luxure et à l'inceste maudit ! Mais quel que soit ta façon d'agir, Garde l'esprit pur, que ton âme ne trame aucun mal contre ta mère ! Adieu sans plus tarder, car l'aube se fait proche ! Adieu, Adieu, Manelet ! Souviens-toi de moi !!! »
La figure du père s'évapora dans les airs, emportant avec lui la musique et laissant seulement Pinkie Pie sur scène. Cette dernière fit quelques pas en avant, seuls sons perceptibles par les spectateurs. Et encore, seulement les plus proches de la scène. L'interprète de Manelet ouvrit alors sa bouche d'un ton éloquent. Un pianiste, que les plus mélomanes auraient sans problèmes reconnu comme étant Frédéric Horsechoppin, se mit en même temps à l'oeuvre, jouant une mélodie triste et en même temps forte, résolue, déterminée :
« Oh, vous tous, armée du ciel ! O terre ! Et quoi d'autre ? Invoquerais-je également le Tartare ? Infâme ! Tiens bon, mon cœur ! Me souvenir de toi ? Oui, pauvre fantôme, tant que la mémoire aura siège dans mon crâne. Me souvenir de toi ? Certes, des tables de ma mémoire, J'effacerai tous les enfantillages, Tout ce qui sort des livres, toutes les idées, toutes les notes anciennes, Que la jeunesse et l'observation copièrent. Et ton commandement sera le seul à vivre Dans le volume et le livre de mon cerveau. Oh, jument des plus pernicieuses ! Oh, félon, félon souriant, maudit félon ! Il convient que je prenne note Que l'on peut sourire et toujours sourire, Et malgré tout être félon ! Maintenant, je fais une promesse : « Adieu, adieu et souviens-toi de moi ! » J'en ai fait le serment. »
La tirade de Manelet se termina sur l'intrusion de son ami Wellmouth. Le protagoniste de la tragédie fit suffisamment confiance à son ami pour lui exposer son projet et parvient à s'adjoindre ses services, tout cela au son d'un air qui adoptait une tonalité guerrière. Applejack sentit sans mal toute l'intensité de la scène et eut le sentiment que la suite de l'opéra lui donnerait la dose d'action qu'elle réclamait.
Mais il y avait plus important pour elle : Manelet, au-delà de la brillante interprétation de Pinkie Pie, prouvant que la jument rose pouvait se montrer des plus sérieuses, était comme un parfait reflet de ce qu'était Applejack en ce moment : un être résolu à se venger et à obtenir gain de cause. La fermière ne pouvait que compatir aux déboires du héros tragique, car elle traversait à peu de choses près, la même situation. Mais Manelet avait deux avantages sur elle : il connaissait pour commencer l'identité du responsable à ses malheurs. Et deuxièmement, il n'était qu'un être fictif. Néanmoins, Applejack dut concéder que ce Shakeshooves avait quand même une perception des choses très proche de la vérité. Ce qui n'était pas donné à tout le monde. C'était sans doute pour cette raison que ses pièces connaissaient un tel succès.
Et visiblement, sa transcription sous forme d'opéra se déroulait sans réels heurts. La musique adhérait à la perfection aux événements et se calait au mot près des tirades des divas et ténors, qui étaient dans leurs rôles. Bref, la pièce avait tout pour plaire et pas un spectateur ne s'était levé le début, il y a près de trois quart-d'heures.
On approchait du final du premier acte. Manelet avait finalement convaincu Wellmouth et les soldats qui l'accompagnaient de la fiabilité de son plan : se faire passer pour fou afin d'endormir la méfiance de son oncle et ainsi s'assurer de la véracité des propos du spectre. Le rideau tomba sur le premier acte de l'opéra par ces derniers mots prononcés par Pinkie, qui s'efforçait de couvrir le son de l'orchestre, dont les instruments les plus graves montaient en puissance :
« Notre époque est détraquée. Maudite fatalité ! Que je ne sois jamais né pour la remettre en ordre ! »
Une salve d'applaudissements se fit entendre parmi les sièges des spectateurs tandis que les lumières se rallumèrent. Applejack en faisait partie. Elle se disait qu'elle était finalement dans le même cas que Manelet : elle avait été volontairement épargné par le destin afin de remettre les choses telles qu'elles étaient censées l'être. Car pour elle, un monde sans sa famille en pleine santé était un monde détraqué, dans lequel vivre n'en valait pas la peine.
Elle profita des applaudissements pour élever ses sabots dans les airs. Faisant mine de poursuivre ses acclamations, elle cogna les sabots contre son chignon. Ce dernier se défit par conséquent et une cascade de poils blonds comme les blés retomba sur AJ. Sa tante lui fit alors remarquer que sa coiffure était défaite. Applejack se tourna alors vers Rarity, toujours en train d'applaudir à tout rompre et lui demanda :
« Peux-tu m'accompagner aux toilettes pour refaire mon chignon ? On a cinq bonnes minutes avant le début du deuxième acte.»
La licorne sursauta en entendant la demande de son amie et cessa aussitôt d'applaudir. Elle contempla l'état catastrophique de la crinière d'Applejack et jugea qu'en effet, cet accident capillaire ne pouvait rester en l'état. Elle se leva de son siège, suivie de près par la fermière. Les deux amies se mirent en marche et errèrent un peu dans le couloir avant de trouver les toilettes des dames. Elles y entrèrent, et Rarity sortit d'un sac qu'elle conservait sous sa robe. Elle commença à brosser la crinière d'Applejack, mais vit cependant dans la glace que cette dernière affichait une mine sombre et soucieuse. La licorne réalisa alors que le chignon n'était qu'un prétexte pour parler à l'abri des regards. La licorne se lança dans la gueule du loup boisé :
« Eh, bien, que t'arrive-t-il ? -Tu le sais déjà, imbécile ! fulmina Applejack. T'étais au courant que les autres étaient là, pas vrai ?! -Absolument pas, mentit Rarity en continuant de brosser son amie, sans rentrer dans le jeu de cette dernière. »
La blanche licorne allait devoir jouer sur les mots si elle espérait l'emporter dans cette joute verbale, dont la récompense n'était nul autre que le maintien d'Applejack à ses côtés. Elle ne pouvait pas se permettre de la perdre maintenant. Pas après tout ses efforts et ceux de ses amies. Elle attendit la réaction d'Applejack avec un visage impassible ne trahissant pas un seul instant son malaise.
« Dans c'cas, déclara Applejack, peux-tu m'expliquer pourquoi Twala et cie sont en train de chanter sur scène!? -Je n'étais pas au courant, je te le promets, jura Rarity. J'ai vraiment pensé que l'opéra serait le lieu idéal pour rencontrer Fancypants. Je n'aurais pas pensé que nos amies seraient derrière ce spectacle ! -N'empêche que Fancypants est aussi insaisissable que le spectre pour le moment ! se plaignit la fermière. -L'as-tu seulement cherché ? contre-attaqua son amie. Non. Car tu étais concentrée sur l'opéra à écouter Twilight et Pinkie Pie ! Comme moi. Je suis certaine que Fancypants est dans les loges, juste au-dessus de nos têtes ! »
En exprimant ses opinions, Rarity continuait de rattacher le chignon d'Applejack, cette dernière regardant la licorne d'un air suspicieux. Pouvait-elle lui faire encore confiance ? Rarity paraissait sincère dans ses propos, mais n'était-ce qu'une façade ? Applejack tenta de remettre les pièces en ordre dans son esprit : si Rarity avait vraiment voulu la coincer ici, elle l'aurait sans doute probablement conduit à Twilight. Au lieu de cela, elle avait suivi la fermière en sachant pertinemment qu'elle s'en prendrait à elle. Et elle s'était défendue des accusations tout en prenant soin d'Applejack. Il y avait toujours un risque que la drama queen jouait la comédie, mais Applejack eut le sentiment qu'elle pouvait se fier à elle.
« Ca va, je te crois, annonça-t-elle. L'problème maint'nant va être de ressortir de l'opéra sans être vu par les filles. Enfin, ça s'rait pas un souci si on choppait Fancypants pendant la représentation. »
Rarity réprima un soupir de soulagement. Son mensonge était passé. Même si ce dernier n'en était pas vraiment un, elle était néanmoins au courant des projets de Twilight. La disciple de Celestia avait sans doute déjà mis son plan à execution : verrouiller la quasi-totalité des portes du Carmanegie Hall. Dans ces conditions, non seulement sortir sans être découvert de l'opéra allait être difficile, mais absolument impossible ! Un frisson de terreur secoua la blanche licorne. Si Applejack ne parlait pas à Fancypants ce soir, Rarity mettrait Applejack dans une situation délicate. Rarity était certes parvenue à reculer, mais c'était pour mieux sauter...
Elle fut prise d'un grand doute : fallait-il tout avouer à AJ ? Certainement pas. Dans les deux cas, elle réagirait d'une manière totalement incontrôlable. La décision de Twilight était une arme à double-tranchant : en théorie, son plan était parfaitement potable, mais il ne tenait pas compte de la mentalité actuelle d'Applejack. Elle serait capable de provoquer un véritable grabuge dans le seul but de ne pas retourner à Ponyville sans remède pour sa famille. Et sans s'être vengé...
La seule solution qu'il restait : trouver Fancypants. Rarity ne voyait que ça pour s'en sortir indemne. Si son amie apprenait de nouvelles informations ou découvrait le nœud du problème, elle accepterait de rentrer au village. La blanche licorne mesura la probabilité que tout se passe bien. Elle était d'une chance sur deux. Tout dépendait de la présence ou non de Fancypants en ces lieux.
Le temps de sa réflexion, Rarity acheva finalement le chignon de son amie. Applejack la remercia avant de lui faire remarquer le deuxième acte allait bientôt débuter. La fermière se releva et sortit en première, la licorne sur ses sabots. Applejack eut alors un mouvement de recul que Rarity ne s'expliqua pas. Elle demanda alors :
« Qu'est ce qu'il y a ? -A ta gauche, montra AJ. J'hallucine ou c'est bien lui ? »
Curieuse, la licorne pencha sa tête sur la gauche et vit un étalon à la crinièree bleue portant un smoking monter seul les marches menant aux loges du troisième étage, avec un port très distingué. Il n'y avait pas d'erreurs possibles : c'était Fancypants !
« Si c'est une hallucination, elle est collective, constata Rarity. -Yeeha ! Cria AJ. On s'ra pas venu pour rien ! Suivons-le ! »
Rarity plaça son sabot droit devant Applejack afin de la stopper et lui fit signe de baisser d'un ton. Elle expliqua les raisons derrière son geste :
« Ton oncle et ta tante nous attendent. Et je doute fort que l'on puisse accéder aux loges privées comme ça. Il faudrait déjà que l'on sache dans laquelle il se trouve avant de se lancer. -On fait quoi, alors ? -On retourne à nos places et on fouille les loges du regard. On verra ce qu'on fera au prochain entracte. »
Bien qu'un peu dubitative, Applejack approuva l'idée d'un signe de tête, tandis que Rarity lui rendit un sourire. Cette dernière était soulagée de voir que le noble étalon assistait à l'opéra. Au moins, il ne devrait pas y avoir de catastrophes. Les deux amies retournèrent tranquillement à leurs sièges...
Pendant ce temps, Twilight faisait les cent pas en coulisses. Pour le moment, la représentation se passait comme prévu, mais ce n'était pas ça qui la tracassait. Ce qu'elle voulait savoir, c'était si les personnes qu'elle attendait était bel et bien présentes. Normalement, elle pouvait compter sur Rarity, mais sait-on jamais. Elle attendait donc que le gardien posté à l'entrée vienne lui faire son rapport.
En effet, elle avait donné des indications strictes à ce dernier, en lui demandant de lui rapporter à la fin du premier acte s'il avait croisé la jument qui était venue plus tôt dans la journée, et si elle était accompagnée d'une ponette ayant à peu près le même âge qu'elle. Elle avait également demandé à ce qu'il la prévienne si Sir Fancypants était parmi les spectateurs. Et bien entendu, elle avait demandé à ce qu'on verrouille les portes d'entrées immédiatement après le début de la représentation.
Ca faisait déjà deux minutes que le premier acte s'était achevé. Twilight s'était attendu à ce que le gardien soit déjà en présent en coulisses, mais ce ne fut pas le cas, bien évidemment. Elle se rongeait les sabots d'impatience, tandis que le restant de la troupe se félicitait du succès du premier acte : Pinkie commençait déjà à bondir partout, Rainbow s'énerva en songeant qu'on ne la reverrait pas sur scène avant le quatrième acte... Même Symphonia s'était jointe à la liesse générale, en prenant toutefois la peine de boire un peu. C'est qu'elle commençait à avoir rudement chaud sous les projecteurs !
Le plus jeune des deux gardiens arriva finalement devant Twilight qui alla imméditament à sa rencontre :
« Alors ? Fit-elle -Elle est revenue, révéla le gardien. Avec la jument que vous aviez décrite. Un brin lunatique, si vous voulez mon avis... -Et sinon ? demanda Twilight sans tenir compte de la réfléxion de l'étalon. -Sir Fancypants nous honore de sa présence. -Merci bien, fit la licorne. Vous pouvez vous reposer à présent. Je crois que vous l'avez bien mérité. »
Le gardien s'éloigna avec la pensée qu'il allait en effet bien se détendre, vu qu'il avait passé plusieurs heures à contrôler méticuleusement chaque ticket dans la file d'attente. Quant à Twilight, elle fit signe à Pinkie Pie, Rainbow Dash et Fluttershy de la rejoindre dans sa loge. Ces dernières obéirent sans faire d'histoires. Une fois tout le monde dans la loge, Twilight ferma la porte avec sa magie et se tourna vers ses amies :
« J'ai une confidence à vous faire les filles : j'ai croisé Rarity tout à l'heure, lors de la répétition générale. »
Le trio se réjouit à l'entente de cette nouvelle. L'instant d'après, Rainbow Dash demanda d'un ton soupçonneux :
« Pourquoi t'as rien dit ? -Rarity s'était imaginée que vous l'auriez suivi pour accueillir Rainbow Dash, expliqua la licorne. -Et elle avait raison ! Fit la pégase azur d'un ton furieux. On n'allait pas rester les sabots croisés. -Sauf que certaines avaient un opéra à préparer, rétorqua Pinkie. Tu croyais que j'allais abandonner mon public ? Ils m'adorent déjà ! -Euh, le terme est peut-être un peu fort Pinkie... remarqua Fluttershy. -Pinkie a raison, déclara Twilight. On s'est embêté à mettre en place un opéra pendant un mois, on ne peut donc pas tout laisser tomber ainsi. Bref, tout ça pour dire que je sais à présent de source sûre qu'elles sont dans la salle. Et en prime, Fancypants est présent également. -Tout marche comme sur des roulettes ! résuma Pinkie Pie avec un grand sourire. -Du moins pour le moment, complèta Twilight. -Bon, on fait quoi, alors ? demanda Rainbow Dash. -Rien du tout. Fit Twilight. On se contente de jouer l'opéra. -Quoi ?! S'emporta la pégase. Je ne reviens pas sur scène avant au moins une heure ! Tu devrais me laisser quartier libre pour trouver les filles ! »
La protégée de Celestia resta de marbre devant l'emportement de son amie. Elle attendit que celle-ci se calme avant de lui détailler la raison derrière son geste :
« J'ai promis à Rarity de rien tenter lors de la représentation. Elle m'a assuré qu'elle veillerait à ce qu'Applejack ne tente rien de stupide. J'ai envie de lui faire confiance, pas toi ? »
Rainbow regarda le sol quelques secondes avant de répondre par l'affirmative. Elle ajouta néanmoins :
« J'espère qu'elle sait ce qu'elle fait... »
Pinkie leur fit alors remarquer qu'il était temps de se remettre en scène. Les juments se dépêchèrent alors de sortir tandis que déjà le rideau se levait sur le deuxième acte de l'opéra, comme le signalait le retour de la musique, qui faisait cette fois la part belle aux cordes des violons. Les archets frottaient avec une certaine forme d'élégance les cordes, produisant un son noble approprié à l'atmosphère de la scène. Fort heureusement, aucune des quatres ponettes n'avaient à intervenir dans la premières scène qui se concentrait autour de Jester. Par conséquent, seule Derpy, dans le rôle de Jester, était présente aux côtés d'un poney pourpre à la crinière couleur sable, interprétant son serviteur, Deliver.
La pégase grise avait un peu de mal à se déplacer sur la scène, les lumières braqués sur elle et l'interprète de Deliver ayant tendance à l'aveugler. Cependant, elle fit mine de ne rien y voir et se contenta de déclamer son texte en restant toujours près du poney pourpre. Ce dernier pouvait toujours la rattraper si elle trébuchait. Dans les coulisses, Twilight caressa l'épaule de Fluttershy afin de lui rappeler qu'elle n'allait pas tarder à passer sous le feu des projecteurs. La pégase serra les dents et au moment où Deliver sortit, elle s'avança et se retrouva sur la scène.
Elle sentit du plus profond de son être les regards des spectateurs se poser sur elle. Elle voulut instantanément rebrousser chemin, mais elle se ravisa en songeant qu'Applejack et Rarity la regardaient. Elle attendit alors la réplique de Derpy avant de prononcer de la voix la plus forte et la plus distincte qu'elle pouvait produire :
« Hélas, Monseigneur, j'ai eu tellement peur ! »
Un grand silence règnait dans la salle, ce qui n'arrangea pas l'angoisse de Fluttershy. Elle avait l'impression qu'elle n'avait pas parlé assez fort. Néanmoins, le dialogue se poursuivit sur cette réplique de Jester :
« De quoi, au nom du Celestia ? »
Fluttershy sentit le regard de Derpy sur elle, l'encourageant à poursuivre dans cette voie. Il s'agissait de sa première tirade, hors de question de l'échouer ! Elle s'approcha de la pégase factrice et déclama d'un ton d'une grande douceur et où pourtant transparaissait l'inquiétude :
« Monseigneur, dans ma chambre je filais, Lorsque le seigneur Manelet, le pourpoint tout défait, Sans chapeau sur la tête, les sabots crottés, Avec un regard si pitoyable Qu'on eut dit que l'enfer l'avait relâché Vint à moi pour me dire toutes ses horreurs !
-Fou d'amour pour toi ?
-Monseigneur, je ne sais, mais cela est vraiment ce que je crains.
-Qu'a-t-il dit ?
-Il me prit et me serra très fort le sabot. Puis il recule de toute la longueur de sa patte, Mettant son autre sabot, ainsi dessus le front, Et commence à détailler mon visage Comme pour le dessiner. Longtemps, il ne fit que cela. Enfin, secouant doucement ma patte, Et par trois fois hochant la tête de la sorte... »
Fluttershy s'interrompit quelques secondes afin de mimer le geste qu'aurait fait Manelet, le temps de reprendre son souffle. Elle poursuivit ensuite sa tirade lyrique : « … Il exhala un soupir si piteux, si profond, Que ce souffle sembla lui briser tout le corps Et mettre ainsi un terme à sa vie. Alors il me libère, Et la tête tournée par dessus son épaule, Il paraissait trouver son chemin sans ses yeux, Car il passa la porte et sortit sans leur aide Et jusqu'au bout il tourna vers moi leur feux.
-Viens, suis-moi, je vais quérir sa majesté. Ce sont les signes de cette folie d'amour dont la violence innée se tourne contre soi Et mène le vouloir aux situations extrêmes... Cela me désole... Auriez-vous eu pour lui de dures paroles ces temps-ci ?
-Non, mon cher père, mais comme vous le vouliez, J'ai repoussé ses lettres et refusé de le recevoir. »
Tout au long de ce dialogue, la musique se fit petit à petit plus discrète et mystérieuse. Cela accompagnait à merveille l'incompréhension suscitée par l'annonce de la folie de Manelet. Fluttershy avait brillament interprétée sa part, et ce, en dépit des difficultés initiales. Elle retourna en coulisses, avec le cœur battant à la chamade. Twilight et Derpy la félicitèrent. Cette dernière ajouta cependant que la pause serait de courte durée. Fluttershy trembla d'avance en pensant qu'elle devrait encore se confronter à cette épreuve à de multiples reprises.
Pendant ce temps, l'intrigue avançait sur scène. Les spectateurs avaient pu assisté à l'introduction de deux nouveaux personnages, Lies and Jokes, deux camarades d'études de Manelet, chargés par Pridehoof de sonder les tréfonds de l'âme de Manelet. Ces deux personnages, considérés comme fourbes, étaient interprétés par Whooves, le maître à penser de Derpy, et part une jument arborant une cutie mark en forme de Bonbon. Il était donc temps à présent pour Pinkie Pie de retourner en scène pour un nouveau numéro de cabotinage. Après un débat enflammé (et pour le moins ridicule), Manelet humilie Jester qui laisse volontiers sa place à Lies et Jokes. En les apercevant, Pinkie s'écria, tout en faisant mine de lire un livre, d'un air moins mélodieux que ses précédentes répliques lors du premier acte, en compagnie du piano qui lui servait de thème :
« Mes excellents amis ! Comment vas-tu Jokes ? Ah, Lies ! Mes braves camarades, comment vous portez-vous ?
-Comme tous les autres poulains d'Equestria, déclama Lies. -Heureux de ne pas être trop heureux. Confessa Jokes.
-Quelles nouvelles ? s'enquit Manelet
-Aucune monseigneur, si ce n'est qu'Equestria est devenu honnête.
-Alors le jour du jugement est proche. Cependant, vos nouvelles sont faussées. En ce cas, qu'avez-vous donc pu faire pour mériter d'être envoyé par le destin en prison ?
-En prison ?
-Trottseneur est une prison, fit Manelet d'un ton des plus naturels.
-Alors le monde en est une, affirma Lies.
-Une fort belle en effet, où l'on trouve des oubliettes, des cellules et des cachots, Equestria étant l'une des pires. Si vous n'êtes pas de cet avis, c'est que c'est votre pensée qui le veut ainsi. Car Rien n'est bon ou mauvais en soi, tout dépend de notre pensée. Et pour moi, il s'agit d'une prison.
-Votre esprit doit s'y trouver à l'étroit.
-O Celestia ! Serais-je enfermé dans une coquille de noix, Je m'estimerais roi d'un espace sans limites.... »
Pinkie se posa quelques secondes avant de reprendre en bondissant joyeusement :
« ...Si je faisais de mauvais rêves bien entendu !
-Ces rêves ne sont rien d'autres que de l'ambition, Vu que la substance de l'ambitieux n'est rien de plus que l'ombre d'un rêve.
-Un rêve même n'est qu'une ombre, renchérit Manelet. »
L'échange se poursuivit pendant de longues minutes, la musique alternant entre le son des flûtes représentant Lies et Jokes, et le son du piano pour Manelet. Ce dernier contredisant à chaque fois les arguments de Lies et Jokes qui tentaient désespérément de placer le prince sur un piédestal afin de gagner sa confiance. Mine de rien, il s'agissait d'un passage qui en révélait beaucoup sur la personnalité de Manelet, un être davantage prompt à la réflexion qu'à l'action, ainsi que sur la perception du monde qu'avait Shakeshooves. Une vision relativement pessimiste
De là où elle était, Applejack commençait à trouver bon nombres de similitudes entre la tragédie de Shakeshooves et son expérience personnelle. Tout comme le prince vengeur, elle était obligée de recourir à de multiples stratagèmes pour accomplir son but, et tout comme Manelet, elle ne savait plus à qui elle pouvait vraiment faire confiance...
La fermière s'était à nouveau concentrée sur le spectacle, étant donné qu'elle était parvenue à localiser Fancypants. Il se trouvait dans la troisième loge sur sa droite et regardait la pièce d'un air serein, semblant apprécier le spectacle comme il se devait. C'était d'ailleurs le sentiment général au sein de la foule, qui prenait grand plaisir à cette retranscription en opéra. De plus, la quasi-totalité des interprètes étaient inconnus du grand public, ce qui ne faisait que renforcer leur adhésion !
L'intrigue se poursuivait dans la joie et la bonne humeur avec l'arrivée d'une troupe de comédiens à Trottseneur, partie la plus importante du projet de Manelet afin de s'assurer de la culpabilité de Pridehoof. Il comptait en effet faire jouer à ces comédiens la mort de son père, mais ceci de façon déguisée.
Une fois toute seule sur la scène, Pinkie se lança dans un nouveau monologue, considéré comme la marque de fabrique de la pièce, centré sur la notion du jeu d'acteur. Celui-ci est le premier où il remet en question le principe de la vengeance. Le piano fit claquer encore une fois ses touches, en symbiose avec les cordes :
« Me voici seul ! Mais quel maraud je fais, mais quelle canaille ! N'est-il pas monstrueux que cet acteur-ci, Dans une simple fiction, Un rêve de passion, Puisse si bien forcer son âme à son dessein, Qu'elle lui compose ce visage tout blême, Ces yeux pleins de larmes, cet aspect égaré, Cette voix brisée, et joue de tout son être à vêtir son dessein ? Que ferait-il, s'il avait les motifs de jouer la passion, Que j'ai moi ? Il noierait le théâtre de larmes, Et nous percerait les tympans à coups d'horribles tirades, Rendrait fou le coupable, Glacerait l'innocent, Stupéfierait l'ignorant, A nous en faire perdre l'usage des yeux et des oreilles. »
Manelet poursuivit ses réflexions durant un long moment avant d'enfin parvenir à une décision, qu'il partagea seulement au public : « Je vais faire jouer à ces acteurs le meurtre de mon père Devant mon oncle. J'observerai sa contenance, Je le piquerai au vif. Qu'il tique seulement, et ma voie est toute tracée. Cet esprit que j'ai vu est peut-être une créature échappée Du Tartare : Ces créatures ont la capacité de revêtir un aspect des plus séduisants. Oui... Aussi bien dans ma faiblesse et ma mélancolie, Qui sont esprits sous son pouvoir, Il m'abuse pour me damner. Il me faut des preuves... La pièce ! C'est là que je piègerais la conscience du roi ! »
Nouveau tombée de rideau, nouvel arrêt de la musique, nouvelles salves d'applaudissements, nouvel entracte. L'opéra suivait un chemin qui se dessinait sous les meilleurs auspices. Même Applejack commençait à trouver ce spectacle très enrichissant.
Cette dernière vit Rarity s'étirer élégamment le long de son siège. La licorne blanche fit alors d'une voix un peu enrouée :
« J'ai besoin de me dégourdir un peu les pattes. Tu m'accompagnes, Applejack ? On dirait que ton oncle et ta tante sont trop occupés à partager leurs impressions... »
La fermière hocha la tête et se leva de son siège avec Rarity. Les deux amis sortirent de la salle. Rarity marcha jusqu'au niveau de l'escalier et s'apprêtait à descendre les marches lorsqu'Applejack demanda :
« Tu l'as vu ? -Tout dépend de qui tu parles, annonça la licorne d'un air grave. Celui dans la troisième loge à droite ou celui dans la première loge à gauche ? -Hein ? -Il y a deux Sir Fancypants dans cette salle, Applejack, révéla Rarity. »
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Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Sam 29 Déc - 0:19
Usui me pardonnera de faire très court mais je suis sur le départ pour le meetup de Montpellier et très peu de temps devant moi.
Sache en tout cas que mon impression sur cette première partie de l'opéra était extrêmement positive. Très peu de remarques négatives en tête et mis à part deux trois coquilles, rien ne m'a choqué.
Je te ferais un feedback digne de ce nom quand je serais de retour du meetup, donc l'an prochain
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Sam 29 Déc - 9:53
Bro-Nie a écrit:
Usui me pardonnera de faire très court mais je suis sur le départ pour le meetup de Montpellier et très peu de temps devant moi.
Sache en tout cas que mon impression sur cette première partie de l'opéra était extrêmement positive. Très peu de remarques négatives en tête et mis à part deux trois coquilles, rien ne m'a choqué.
Je te ferais un feedback digne de ce nom quand je serais de retour du meetup, donc l'an prochain
C'est toujours bon à savoir en ce qui concerne les coquilles, je suis bon pour relire attentivement dans ce cas
Merci d'avoir pris la peine de prendre un peu de temps pour commenter, et il ne me reste plus qu'à te souhaiter un bon meet-up (même s'il est probable que tu ne verras ce message qu'à ton retour).
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Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Lun 7 Jan - 16:29
En fait j'espérais un peu qu'entretemps on aurait la suite comme ça j'aurais pu faire un commentaire global de l'opéra. Enfin, on fait avec ce qu'on a comme disait l'acteur porno né sans zizi.
Elle pète cette expression, faites moi penser à la replacer en soirée
Donc, l'opéra. Comme je l'ai dit plus tôt, j'ai pas lu Hamlet. Pire je connais mal par rapport aux autres pièces de William et je serais bien en peine de vous résumer l'histoire. Quoique connaissant William, y a une histoire de vengeance et des fantômes. Ceci fait que je ne peux pas analyser Manlet, en bien ou en mal. Du coup, je rate complètement la ponyfication de la pièce, c'est con. Mais je regrette un peu l'explication qui nuit au sentiment. Comment dire :
Ici, la musique monta en gradation, afin de bien insister sur la terreur et la honte ressenti par le spectre du père
On a plus l'impression de lire une analyse technique de l'opéra que d'assister à l'opéra lui-même, tu comprends ? J'imagine bien que ça doit être coton (candy ! ) de faire ressentir une musique par l'écrit, mais est-ce qu'un simple :
"ici, la musique monta en puissance tandis que le visage du père se figeait dans la terreur et la honte"
ne serait pas mieux ?
Ces scènes d'explication sont trop...bah explicatives. Elles cassent l'effet opéra, c'est ballot.
A côté de ça comme je le disais, le reste est bien mené, les personnages maîtrisés (même si personnellement j'ai un peu de mal à voir Luna jouer la comédie. Elle me semble trop rigide pour ça), et le twist final ne me fera dire qu'une chose :
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Lun 28 Jan - 23:31
Bon, ça fait quasiment un mois depuis ma dernière update... et je n'ai toujours pas fini le chapitre 15. Néanmoins, il est en bonne voie et devrait vous parvenir dans moins d'une semaine, voire demain soir si je mets les bouchées doubles
A présent, répondons au feedback:
Bro-Nie a écrit:
En fait j'espérais un peu qu'entretemps on aurait la suite comme ça j'aurais pu faire un commentaire global de l'opéra
C'est ce que j'espérais aussi. Je pensais faire partie 1 pour noel et Partie 2 Jour de l'an, mais je me suis pas mal dispersé entre les examens, la traduction de Spartan stallion et le rp
Bro-Nie a écrit:
On a plus l'impression de lire une analyse technique de l'opéra que d'assister à l'opéra lui-même, tu comprends ? J'imagine bien que ça doit être coton (candy ! )
J'ai essayé de faire des efforts de ce côté, mais je le dis d'office: la musique sera moins présente que dans la première partie Partie qui sera d'ailleurs beaucoup plus centrée sur AJ que sur le restant du groupe.
Quand au twist final, j'en suis fier, j'avais glissé des indices menant vers cette conclusion dans les premiers chapitres, mais il n'en reste pas moins une question essentielle: Pourquoi?
Sinon, pour les curieux qui viendraient seulement de nous rejoindre, le post initial a été modifié pour les frileux à google docs. Il comporte des liens menant à chaque chapitre du topic. D'ailleurs, j'en ai profité pour inclure des titres à chaque arc scénaristique (vous noterez aussi que le prochain arc y est annoncé )
Voilà pour les dernières nouvelles, j'espère vous retrouver au plus vite pour le final de l'arc de l'opéra
Edit 28/01:
Devinez qui est enfin là après une longue, très longue attente? Eh, oui, c'est le chapitre 15!!!
Celui-là même qui doit apporter la touche finale à l'arc de l'opéra qui commençait à traîner en longueur. Je dois avouer que même s'il s'agissait du passage que je voulais absolument aborder dans la fic, la difficulté de celui-ci a été tellement ...chaude, dirons-nous que j'ai écrit ce chapitr par épisodes intermittents. En résulte peut-être par conséquent des passages hétéroclites en qualité, un dénouement peut-être un peu précipité. Bref, j'en pouvais juste plus du Carmanegie Hall, il fallait que je clôture cet arc. Et c'est bien la dernière fois que je fais une partie aussi longue dans une fic (parce que mine de rien, l'arc fait la moitiée de la fic à lui seul).
Tout ça pour dire que le prochain arc : "Que justice soit faite!" ne comportera que deux-trois chapitres^^
Assez blablaté, Show must go on! Bro, j'attends avec impatience ton bashage! Let the party begin!
Et nous avons un gros souci, le chapitre est trop long pour le forum, et je me vois mal le segmenter. Bon, je vais malheureusement devoir procéder ainsi...
Je m'excuse par avance pour la gêne occasionnée...
Spoiler:
Un opéra enflammé (Deuxième partie)
« Est-ce que j'suis une fidèle spectatrice si je fais : « gné ?! » »
Applejack faillit tomber à la renverse à la suite des paroles de Rarity. Pour plus de sûreté, elle demanda à cette dernière de répéter.
« Il y a deux étalons arborant les traits de Fancypants dans la salle, annonça une nouvelle fois Rarity. »
La fermière semblait complètement désemparée. Elle se reprit en serrant très fort l'un de ses sabots, avec une voix où transparaissait la colère :
« Si c'est encore c'te tapette de Blueblood qui se fait passer pour Fancypants, je l'éclate ! -Surveille un peu ton langage ! Rétorqua vivement Rarity avant de reprendre d'une voix plus douce. Ca m'étonnerais que ce soit lui, l'autre Fancypants. La dernière fois, ça pouvait passer avec les masques, mais là, c'est juste impossible. On le reconnaîtrait entre mille... -Dans c'cas, Fancypants a un frère jumeau ! Tonna Applejack en tapant du sabot. -Ne sois pas ridicule, répliqua la licorne. On le saurait s'il avait un frère. -Pas s'il était caché ! Se défendit la fermière. »
Rarity soupira un peu en regardant le sol avant de déclarer :
« J'ai bien une explication au problème mais elle est un brin tordue. -Dépêche-toi, ça ne va pas tarder à reprendre, annonça Applejack en entrouvrant la porte de la salle. -Il y a bien une espèce qui serait capable d'un tel prodige, expliqua la licorne blanche. Une créature pouvant changer d'apparence à son gré. Un changeling. »
Applejack demeura interdite devant les propos tenus par son amie. Presque toutes les pièces du puzzle venaient de se mettre en place dans sa tête. Sweetie Belle avait juré avoir croisé Flam à Sweet Apple Acres le matin de l'incident. Les frères avaient parlé à quelqu'un ressemblant à Fancypants qui leur avait demandé où se procurer leurs vêtements. Il y avait deux Fancypants dans la salle. Le scénario se mit très vite en place dans la tête de la fermière : un changeling, probablement même leur reine Chrysalis, avait pris l'identité de Fancypants, s'était renseigné sur la famille Apple et leurs ennemis, avant de s'en prendre à eux pour que Flim et Flam soient soupçonnés. Même la méthode du crime se résolvait d'elle-même : après tout, les changelings étaient capables de dérober les sentiments d'amours des êtres vivants afin de s'en délecter. Il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'ils soient également capables de plonger une famille entière dans le coma. Non, rien d'étonnant, surtout venant de Chrysalis.
En fait, le seul élément qui restait inexpliqué par cette théorie était le motif : pourquoi les changelings auraient-ils voulu s'en prendre spécifiquement aux Apple ? Chrysalis avait des projets bien plus ambitieux en tête, comme elle l'avait prouvé lors du mariage de Shining Armor et de Cadence. Etait-ce par vengeance contre Twilight ? Impossible, elle s'en serait prise également au restant de la bande. Quoique, cela n'était pas si inenvisageable. Applejack se rappela de ce que lui avait révélé Rarity : son départ avait provoqué un véritable chaos dans le groupe. La bande d'amies avait bien failli totalement éclater.
La musique commençait à se faire entendre. Le troisième acte de l'opéra venait de débuter. Rarity ne bougea pas cependant. Elle attendait, anxieuse, la réaction de son amie à ses dires. La fermière paraissait troublée, mais finit par relever la tête en disant d'une voix déterminée :
« T'as une idée ? J't'avoue que je suis un peu à sec, en ce moment... »
La licorne blanche eut un léger sourire et répondit d'un ton serein :
« Il y a moyen à mon avis de différencier les deux. Le vrai doit avoir sa compagne Fleur de Lys avec lui. Il ne va nulle part sans elle à ses côtés. -En gros, si on voit Fleur de Lys à côté de l'un, l'autre sera forcément le changeling, réalisa Applejack. -Exact, fit Rarity. Ah, et inutile de te le dire, je pense, mais s'il s'avère bien que l'imposteur est un changeling, tu auras parfaitement le droit de jouer un peu avec. Sans trop l'amocher cependant, il faut qu'il soit présentable pour son interrogatoire. Déjà que les changelings sont laids au naturel... »
La ponette terrestre orange éclata de rire à la réflexion de Rarity. C'était bien elle de se préoccuper de l'aspect physique d'un changeling. Du moins, si c'en était bien un... Applejack préféra ne pas envisager cette éventualité. Elle se sentait moins coupable à l'idée de frapper un sbire de Chrysalis, voire la reine des changelings elle-même. Et au moins, elle aurait certainement l'appui de ses amies. Si c'était bien les changelings qui étaient derrière cette affaire, tout serait fini ce soir. Voilà la pensée qui animait Applejack tandis que la partition suivait son cours à l'intérieur de la salle de ses notes sibyllines.
Les deux amies ouvrirent délicatement la porte, et retournèrent s'asseoir le plus discrètement possible à leurs places. A peine installée, la fermière leva les yeux en direction de la loge où Rarity affirmait avoir vu un autre Fancypants. Et la blanche licorne avait raison. La fille Apple n'en avait pas douté, elle savait que son amie n'était pas le genre à plaisanter sur des choses pareilles, mais elle voulait absolument s'en assurer de ses propres yeux. Son regard partit en direction de la loge où se tenait le Fancypants qu'elle avait aperçu plus tôt. Ce dernier admirait encore le spectacle à l'aide d'une paire de jumelles fixée à une tige en fer. Plus aucun doute : il y avait bien en deux exemplaires la coqueluche de la haute-société équestrienne.
Seulement, la jument à la crinière paille remarqua un détail frappant : l'un comme l'autre était seul dans sa propre loge. Il n'y avait strictement aucune trace de Fleur de Lys, la compagne de Fancypants qui la suivait comme son ombre. Applejack réprima un juron : comment allaient-elles bien pouvoir faire afin de différencier les deux étalons au riche apparat ? Sentant une tension apparaître chez son amie, l'élégante licorne pencha la tête vers elle afin de lui chuchoter à l'oreille :
« On verra ce qu'on fera comme d'habitude à l'entracte. Pour l'instant, concentre-toi sur l'opéra. On arrive à la scène la plus réputée de la tragédie originelle. »
La jument à la soyeuse robe noire soupira et orienta ses yeux émeraudes vers la scène où conversaient Jester et Pridehoof dans un dialogue harmonieux parlant de provoquer une rencontre faussement fortuite entre le prince de Trottseneur et Madmare. Manelet fit alors son grand retour. Un silence total fut observé par les spectateurs à cette apparition tandis que les musiciens de l'orchestre arrêtaient de jouer, hormis le pianiste, Frédéric Horsechoppin qui entama une sombre mélodie.
Cette fois, on y était. Le succès de cet opéra dépendrait en grande partie de la performance de Pinkie Pie. Au final, très peu de personnes pouvaient se targuer d'avoir vu Manelet en intégralité. Mais il y avait au moins une scène, une tirade, un monologue dont l'on avait presque forcément entendu parler : « Être ou ne pas être... ». Cela devait sembler dur pour la troupe ayant fignolé le spectacle, mais les spectateurs retiendraient essentiellement cette scène parmi toutes les autres. Manelet n'avait pas tant de popularité aux yeux du grand public qu'une autre tragédie de Shakeshooves, Hearts & Hooves, au dénouement tout aussi tragique, mais beaucoup plus axée sur la romance s'établissant entre les deux personnages éponymes. Et ça, les poneys en raffolaient...
Néanmoins, la prestation fit visiblement son petit effet, étant donné que les spectateurs semblaient ne plus pouvoir détourner leurs visages de celui de Pinkie Pie, déclamant ce monologue pratiquement mythique. A sa grande honte, Applejack ne saisissait pas tout les enjeux de cette réflexion, mais elle suivit cependant du mieux qu'elle pouvait les paroles de l'interprète de Manelet, bien qu'il était très tentant de lever les yeux vers les deux loges.
Le monologue s'acheva comme prévu sur l'arrivée de Madmare. Les spectateurs auraient bien souhaité applaudir à tout rompre, mais le dialogue entre les deux amants aux sentiments voilés s'enchaîna immédiatement. Applejack profita de cet instant pour contempler à nouveau le Fancypants dévoilé par son amie. Elle constata à ce moment que ce dernier n'était plus seul. Toutefois ce n'était pas vraiment la personne qu'elle se serait attendu à voir. Le second Fancypants se trouvait en compagnie d'une autre licorne mâle à la robe bleue et à la crinière turquoise vêtue d'un élégant costume de soirée où était fichée un rose rouge en bouton. Elle aurait juré l'avoir déjà vu quelque part. Elle essaya de se concentrer sur ce mystérieux étalon et réprima une exclamation qui ne demandait qu'à sortir lorsqu'elle comprit qui était cette licorne.
Elle ne pensait pas revoir ce visage de sitôt, et certainement pas lors de cette soirée. Elle espérait surtout ne jamais à revoir le visage de cette canaille. Ce type était certainement l'une des pires erreurs qu'elle avait faite en se lançant dans cette histoire. Il s'agissait de Greedy Jewel, le banquier qui avait tenté sans grand succès de l'arnaquer il y a plus d'un mois à Fillydelphia alors qu'elle venait de quitter Ponyville.
Visiblement ce dernier avait réussi à se faire un nom dans la bourgeoisie équestrienne après que la fermière l'ait laissé partir avec le rubis. En tout cas, il était au moins parvenu à se faire remarquer de Fancypants. Cela l'étonnait un peu par ailleurs, car de ce qu'elle avait pu en voir, le noble étalon n'était pas le genre à se laisser abuser par l'apparence. Mais s'agissait-t-il vraiment du vrai Fancypants ou de son imposteur ? On en revenait à chaque fois au même problème : le doute.
Applejack préféra arrêter de s'embrouiller davantage l'esprit. Ca ne servait à rien pour l'instant car elle ne se trouvait pas en position d'agir. Elle se frotta les sabots d'impatience, n'attendant qu'une chose : la venue du prochain entracte. Son amie perçut cette agressivité en elle et commença à se demander si ce n'était pas une mauvaise chose de lui avoir parlé de l'imposteur.
Pendant ce temps, le ton montait sur scène. En effet, l'orchestre entonnait une mélodie des plus violentes, en symbiose avec les dures paroles qu'assénait Manelet à Madmare,qui souhaitait s'assurer de ses sentiments, cette dernière esquissant plusieurs mouvements de recul, mouvements ne servant pas à grand chose, car le prince revanchard s'approchait de plus en plus de la fille du conseiller :
« Vous n'auriez jamais dû me croire Car la vertu ne peut se greffer sur notre bonne vieille souche Au point d'en changer la saveur. Je ne vous ai jamais aimé.
-Je n'en étais que plus abusée.
-Va t'enfermer dans un cloître ! Voudrais-tu donner naissance à des démons ? Moi-même, je suis passablement honnête Pourtant je pourrais m'accuser de telles choses Que ma mère aurait mieux fait de ne jamais me donner la vie. Je suis orgueilleux, rancunier, ambitieux Et je porte plus de crimes à commettre Que je n'ai de pensées où les loger, Que je n'ai d'imagination pour les ourdir, Et ni de temps pour passer à l'acte ? Que font les gens de mon espèce à se traîner entre ciel et terre ? Nous sommes tous de fieffées crapules, Ne crois aucun d'entre-nous. Va t'enfermer dans un cloître ! Où est ton père ?
-A la maison.
-Qu'il y reste enfermé, cela lui évitera de jouer les bouffons ailleurs que chez lui. Adieu !
-Secourez-le, grande Celestia !
-Si tu te maries, je te donne ce fléau en tant que dot : Serais-tu aussi chaste que la glace, Serais-tu aussi pure que la neige, Tu n'échapperais pas à la calomnie Va t'enfermer dans un cloître, adieu ! Ou si tu tiens à te marier, Epouse un imbécile ! Les poneys avisés savent suffisamment quels monstres vous faites d'eux ! Au cloître, vite !!!
-Celestia, guérissez-le !
-J'en assez entendu de vos peintures : Celestia vous a donné un visage et vous vous en faites un autre. Vous dansez, vous vous trémoussez, vous zézayez, vous inventez des surnoms aux créatures du Tartare Et faites passer votre impudeur pour de l'innocence ! Allez, j'en ai tant vu que cela m'a rendu fou ! Je dis qu'il ne faut plus de mariages. Tous ceux qui sont déjà mariés, Tous, excepté un, auront la vie sauve. Va au cloître ! »
Cet échange sévère dura encore quelques instants avant qu'une Madmare en pleurs ne quitte la scène. Depuis sa position en hauteur, la fermière paraissait un brin dubitative. Jusqu'à présent, elle s'identifiait sans mal au personnage, mais son attitude vis à vis d'une jument qu'il était censé aimer la révulsait. Jamais elle n'aurait osé envoyer promener ses amies de la sorte ! Pas même au nom de la vengeance !
Puis elle se ravisa. Elle n'avait pas fait mieux que Manelet, réflexion faite. Elle était partie sans prévenir au préalable ses amies. Elle le savait pourtant que celles-ci ne la lâcheraient pas d'un sabot. Elles tenaient trop à elle. Et elle l'avait fait quand même, les précipitant dans de multiples ennuis. Manelet avait eu au moins la décence de faire en sorte de couper les ponts avec Madmare. Au final, quelle attitude pouvait-être considérée comme la meilleure ? Celle d'Applejack ou celle du prince incarné par Pinkie Pie ?
L'orchestre commença à ralentir le rythme tandis que le roi Pridehoof s'entretenait avec Jester sur l'attitude de son neveu. Il commençait finalement à ressentir un certain malaise à ce stade de l'intrigue. Quelque chose clochait chez Manelet, mais il ne savait pas quoi. Il décida à ce moment qu'il était temps de le surveiller davantage.
La musique s'envola alors vers un ton plus joyeux lorsque les préparatifs de la pièce de théâtre, dont le premier objectif s'avérait de confondre Pridehoof, se mirent en place. Cette scène était également un passage d'envergure de la pièce originelle dans le sens où elle représentait une véritable mise en abyme théâtrale. En effet, dans Manelet, Shakeshooves parvenait à représenter sur la scène une autre tragédie parlant de vengeance, dans une pièce traitant du même thème! Et l'on pouvait rajouter également à cette soirée qu'un autre spectacle parlant de ce sentiment se jouait à la fois dans les coulisses et parmi les spectateurs. Bien entendu, Shakeshooves n'avait pas planifié les choses jusque là ! Et il était rigoureusement impossible que les spectateurs aient pris conscience de ce qui se tramait hors-scène ! En vérité, il ne devait y avoir que deux poneys, plus précisément deux licornes dans la salle, qui comprenaient parfaitement la symbolique derrière l'opéra : Rarity et Twilight.
Cette dernière venait de faire son retour sur la scène, toujours dans le rôle de Wellmouth, le seul véritable ami et confident de Manelet. S'ensuivit un dialogue entre les deux actrices soutenu par une musique aux accents mystérieux où transparaissait une certaine tension. Le changement d'ambiance fut d'ailleurs relativement brutal lorsque la musique se transfigura quasi-instantanément en un air des plus joyeux annonçant la venue des comédiens et de leur spectacle.
C'était impressionnant. On s'était arrangé en coulisses afin d'assembler discrètement et progressivement une petite estrade qui ferait office de théâtre dans le théâtre. Les personnages principaux de la pièce de Shakeshooves s'étaient rassemblés dans un coin où avait été aménagé quelques sièges afin qu'ils puissent assister à la pièce d'une manière crédible.
Pendant ce temps, Manelet, simulant toujours la folie, était couché aux sabots de Madmare, caressant sa crinière avec douceur comme si la dispute n'avait jamais eu lieu. Pinkie Pie s'arrangea pour rapidement faire oublier aux spectateurs cette idée en rappelant à Madmare ses précédents avertissements. Et finalement la pantomime se lança sur une musique volontairement superficielle.
Le prince interprété par Pinkie se chargea de commenter les diverses scènes et personnages qui prennaient vie sous leurs yeux, étant donné que les comédiens devaient tout faire passer par le geste. Très vite commença à se dessiner la scène décisive : le meurtre du frère. A cet instant, Pinkie Pie fixa d'un regard dur la princesse Luna qui gardait ses yeux en direction de l'estrade, tandis qu'un comédien s'approcha d'un étalon allongé avant de verser quelques gouttes d'un liquide à l'oreille de ce dernier. Luna pâlit à vue d'oeil avant de brusquement déployer ses ailes afin de se retirer. Derpy, toujours dans le rôle du conseiller Jester, ordonna alors qu'on arrête tout.
La scène revint à la normale après quelques minutes tandis que les personnages essayaient de trouver une explication au comportement de leur seigneur Pridehoof. Mais Manelet la connaissait : Pridehoof était bel et bien le meurtrier de son père. Lorsque ce dernier fut une nouvelle fois seul, il déclama sur une musique des plus rythmées :
« Voici venu le temps de la jument berçant la nuit Celui où les cimetières baillent Et où le Tartare déverse ses miasmes sur Equestria. Maintenant, je pourrais boire du sang chaud, Et faire une si vilaine besogne que Celestia craignerait de la voir. O cœur ! Ne perds pas ta nature ! Que jamais l'âme de Round Nose n'entre en ce sein résolu ! Il faut être cruel, non dénaturé ! »
Il se lança alors à la poursuite de son oncle, prêt à en finir. Toutefois, ce dernier était dans une posture inhabituelle. Il priait devant une statue à l'effigie de la princesse Celestia ! La situation devait sembler bien étrange à la princesse lunaire, qui se retrouvait par la force des choses à prier la statue de sa propre sœur. Elle adressa alors ces mots, accompagné d'une musique à la tonalité grave et seulement entendu par les spectateurs :
« Oh, mon crime est puant, il empeste jusqu'au ciel ! Il porte la plus antique des malédictions : Le meurtre d'un frère. Je ne puis prier Bien que mon penchant soit vif A l'instar de mon vouloir ! Ma faute est la plus forte et défait mon dessein ! A quoi sert la miséricorde, sinon à regarder le crime dans les yeux ? A quoi bon prier sans cette double-force qui nous retient au bord du précipice Et nous pardonne après la chute ? Pouvoir relever la tête et passer sur ma faute... Mais quelle prière trouver qui soit la bonne ? Pardonnez-moi ce crime ignoble ? Impossible, je profite toujours des biens pour lesquels je l'ai commis : Ma couronne Ma propre ambition Ma reine. Se voit-on pardonné si l'on garde le fruit de son crime ? »
Des larmes ruisselèrent sur les joues de Luna tandis qu'elle s'effondrait au pied de la statue, la touchant d'un sabot. Pendant ce temps, Manelet était juste derrière, un sabot d'acier prêt à s'abattre sur l'objet de sa vengeance. Il adressa à son attention ces quelques mots :
« Voilà qui tombe à pic : il prie. Si je le tuais maintenant........ …....Il s'en irait au ciel..... Et me voilà.... Vengé... Un félon tue mon père, et pour cet acte, Moi, son seul fils, j'envoie ce même félon au ciel. C'est là une récompense, non une vengeance. Il a surpris mon père impur, le ventre plein, Avec tous ses péchés en pleine floraison. Serai-je donc vengé si je le frappe quand il purge son âme, Prêt et mur pour son passage ? Non. Attends, mon fer, tu saisiras un plus affreux moment, Quand il cuve son vin, ou qu'il enrage, Ou qu'il goûte à l'incestueux plaisir de son lit, N'importe quel acte qui n'ait pas un goût de rédemption. Ma mère attend toujours, Ce remède prolonge ton mal et tes jours. »
La jeune fermière ne put que constater une fois encore qu'elle ressemblait beaucoup au prince. Ce dernier avait toujours une ligne de conduite bien définie, quand bien même il souhaitait se venger de Pridehoof de toute son âme. Applejack commençait à avoir l'impression de faire face à un miroir d'elle-même. Cela avait attisé sa curiosité et elle se demandait comment cela allait bien finir. Obtiendrait-t-il gain de cause ?
La scène suivante installa un nouveau décor, la chambre du couple royal. Un passage de la tragédie originelle des plus déroutants, encore sujet à de multiples interprétations : certains y voyaient le signe d'une véritable folie chez Manelet, tandis que d'autres s'évertuaient à prouver que le personnage de Shakeshooves était tout simplement amoureux de sa propre mère. Un complexe Hoedipien, en somme...
La musique se fit légère, plus intime. Après tout, seuls une mère et son enfant étaient supposés se trouver dans la pièce. A priori... En effet, Manelet s'aperçut vite que quelqu'un était caché sous une teinture et s'empressa d'abattre son fer sur celui-ci. Un cri tonitruant résonna dans la salle, en symbiose avec les cordes d'un violoncelle :
« Oh! Je suis tué! »
Une silhouette grise émergea de la teinture pourpre et tituba un peu avant de s'effondrer au sol, les yeux partant dans deux directions opposées, tâché de sang (en vérité, il s'agissait de sauce tomate comprimé dans une poche qu'avait frappé Pinkie). Manelet venait de tuer sans le vouloir Jester, le père de celle qu'il aimait. Il avait cru qu'il s'agissait de son oncle ou d'un de ses soldats. Non pas du père de son amante...
L'air doux qui s'exprimait jusque là était bel et bien révolu. Les sons des tambours, frappant tout en respectant de longs intervalles, résonnèrent dans les oreilles des spectateurs. Manelet était passé à l'action. Ce dernier commença alors à s'en prendre avec virulence à sa mère, qui tenta de l'arrêter d'une voix suppliante :
« Oh! Manelet, ne dis plus rien ! Tu me tournes les yeux jusqu'au tréfonds de l'âme Et là, je vois des tâches si noires, si tenaces Qu'elles ne perdront jamais de leur teinte.
-Non, mais vivre dans l'âcre suint d'un lit poisseux de graisse Mijoter dans le stupr, minauder, Faire l'amour sur cette bauge infecte...
-Oh ! Ne me dis plus rien ! Ces mots sont des fers frappant mes oreilles. Plus un mot, Manelet !
-Un meurtrier, un félon, Un manant qui ne vaut pas le vingtième du dixième de votre premier époux, Un roi de farce, Qui a pris le précieux diadème sur l'étagère et l'a vite empoché.
-Tais-toi !
-Un arlequin fait roi... »
Manelet interrompit son flot d'injures lorsqu'il aperçut une silhouette des plus famillières, celle du spectre de son père. Il le salua, avec l'espoir que sa mère comprenne ses erreurs. Mais elle n'eut pour seule réponse que cela :
« Hélas ! Il est fou ! »
Voilà le problème que posait la scène auprès des admirateurs et passionnés de Shakeshooves : la mère du prince ne pouvait pas voir le spectre. Seul Manelet le pouvait. C'est à partir de cela que certains avaient émis l'hypothèse que celui-ci était dément. Après tout, il avait été le seul à réellement parler au spectre. Les autres soldats ne l'avaient pas entendu de leurs côtés, seulement aperçu.
Manelet tenta désespérément de convaincre sa mère de l'existence du fantôme de son père. Devant l'incompréhension de celle qui l'avait enfanté, il abandonna et enchaîna sur un sujet où il semblerait plus sain d'esprit. Son oncle voulait en effet l'écarter de Trottseneur en l'envoyant à Canterlot en compagnie de Lies et Joke. L'interprête de Manelet quitta alors la scène en ayant déposé un baiser sur le front de sa mère tout en traînant le corps de Derpy...
Le rideau tomba pour la troisième fois. Les acclamations se firent une nouvelle fois entendre dans la salle. Applejack applaudissait à s'en brûler les sabots, tant elle avait été épaté par le jeu des interprètes et la performance des artistes. C'était peut-être son premier opéra, mais elle en était époustouflée ! Son amie jeta un coup d'oeil vers elle tout tapant des sabots avec dignité et esquissa un sourire. Il devait bien y avoir un moyen de retrouver l'Applejack d'antan, elle en était persuadée.
Celle-ci se rappela alors qu'elles devaient une nouvelle fois sortir de la salle afin de débattre de la suite de l'opération. Elle donna alors un léger coup de hanche vers la fermière qui sortit immédiatement de sa transe. Les deux jeunes filles partirent ensemble en prenant la peine de s'excuser auprès du couple orange.
En voyant au travers de la grande fenêtre grillagée devant elles, elles réalisèrent que la nuit était déjà bien entamée. Et pourtant, le temps semblait filer à la vitessede l'éclair. Les deux juments approchèrent de la fenêtre avant que Rarity ne prenne la parole d'un ton un peu moins serein qu'auparavant :
« Je n'ai pas vu Fleur de Lys. -Moi non plus, fit Applejack. Par contre, j'ai croisé une vieille connaissance au niveau du Fancypants de la première loge à gauche. -Ah ? -J'suis certaine qu'il pourra m'introduire auprès de Fancypants. Il me doit sa réussite, d'une certaine façon, remarqua la fermière. -On s'organise comment ? -On se sépare : tu t'occupes de l'autre loge. Moi, j'vais attirer l'attention de mon banquier bien-aimé, suggéra Applejack. »
Rarity examina le plan de son amie d'un air circonspect. Elle n'était pas très chaude à l'idée de laisser AJ toute seule avec Fancypants. Elle avait promis à Twilight plus tôt dans la journée qu'elle surveillerait les moindres faits et gestes de la fille Apple. Néanmoins, cette dernière semblait un peu plus calme depuis que Rarity avait émis l'idée qu'un changeling puisse être le coupable. Pouvait-elle la laisser se débrouiller ? Elles pourraient sans doute gagner un temps considérable en se répartissant ainsi les tâches. Il restait seulement deux actes pour agir. Finalement, la licorne hocha la tête en signe d'assentiment, avant d'ajouter :
« Je vais me charger de l'autre dans ce cas. Cependant, je vais passer prévenir ton oncle et ta tante qu'on s'éloigne un peu, pour qu'ils ne s'inquiètent pas. -OK, répliqua Applejack. On se revoit tout à l'heure ? -Pas besoin, annonça Rarity. On éveillerait les soupçons des Fancypants. On reste avec les étalons jusqu'à la fin de l'opéra. »
Une fois qu'elle eut prononcé ces mots, Rarity reprit le chemin de la salle, tandis qu'Applejack monta à l'étage supérieur en suivant le tapis rouge. Son sang se glaça au fur et à mesure de son ascension. Son cœur battait de plus en plus rapidement à chaque pas qu'elle faisait. Elle avait le sentiment qu'elle était proche de découvrir la vérité sur ce qui était arrivé à sa famille. Elle se trouvait partagée entre deux sentiments : d'un côté, elle était excitée à l'idée d'être près du but qu'elle souhaitait atteindre, mais d'un autre côté, elle redoutait cette confrontation : qu'allait-il se passer ? Qu'arriverait-il ensuite ? Elle n'en savait rien, bien qu'elle n'avait eu de cesse d'imaginer le moment où elle trouverait le responsable à ses malheurs.
La fermière finit finalement de monter l'escalier. Elle jeta un regard en arrière, pensive. Et si elle rebroussait chemin ? Elle n'avait que peu de chance de pénétrer dans la loge sans paraître suspecte, même si elle connaissait Greedy Jewel. Elle ne pouvait tout de même pas rentrer dans une loge VIP comme une fleur ! Elle réalisa à cet instant à quel point elles s'étaient hâtées dans leurs préparatifs.
Toutefois, la chance ne l'avait pas encore abandonné. En effet, elle vit sortir de la loge qu'elle devait infiltrer Greedy Jewel. Ce dernier se pavanait d'un air suffisant en se rendant aux toilettes. Applejack devait saisir l'occasion. Elle suivit à bonne distance l'ancien banquier pour que celui-ci ne fasse pas attention à elle. Lorsqu'il pénétra dans les toilettes pour étalons, la jument se posta à l'entrée en s'adossant sur le mur en face. Elle imaginait sans peine la surprise qu'il aurait en la reconnaissant et eut beaucoup de mal à se retenir de rire.
Deux minutes plus tard, la licorne à la robe azur sortit de la pièce et tomba museau à museau avec Applejack qui plaça instantanément son sabot sur la bouche de Greedy Jewel pour l'empêcher de parler. Elle sentit l'ex-banquier trembler.
« Ca faisait longtemps, M. Greedy Jewel, constata Applejack. Depuis Fillydelphia, si j'n'm'abuse ? »
La licorne hocha très vite la tête. La fermière continua de l'empêcher de s'exprimer :
« Ecoutez : J'vous ai vu aux côtés de Sir Fancypants depuis ma place. J'dois absolument le rencontrer ce soir. Si vous voulez pas que je raconte la façon dont vous avez fait fortune, vous allez m'introduire dans sa loge. C'est compris ? »
Elle délivra Greedy Jewel qui rétorqua presque aussitôt en haletant :
« Mais comment voulez-vous que je fasse ? -Vous n'aurez qu'à me faire passer pour une compagne ou une membre de vot' famille, Qu'sais-je encore ? Vous trouverez bien quelque-chose, il en va de nos deux intérêts. »
L'ancien banquier laissa échapper un soupir. Il était littéralement coincé. Cette fermière était à l'origine de sa fortune et de tout ce qui en découlait. Elle pouvait tout aussi bien défaire d'un sabot expert ce qu'elle avait créée. Il n'avait pas d'autres choix que d'accepter, il le savait. Il répondit alors en reprenant sa contenance :
« Entendu, je vais vous conduire à Sir Fancypants. Mais vous avez intérêt à vous conduire convenablement. Je n'ai pas envie que vous gâchiez mon entrée potentielle dans la haute-bourgeoisie canterlotienne. »
Applejack eut beaucoup de mal à dissimuler l'expression de triomphe qui commençait à parcourir son visage. Cependant, elle tendit l'un de ses sabots à la licorne qui comprit rapidement ce qu'il devait faire. Il empoigna ce sabot avec le sien et le couple se mit en route vers la loge du noble étalon au même instant où résonait les toutes premières notes de l'avant-dernier acte.
De son côté, Rarity réfléchissait à la façon dont elle allait s'y prendre afin de rentrer dans la loge de l'autre Fancypants. Elle avait une chance sur deux que ce soit celui qu'elle connaissait si bien. Aussi, elle pourrait venir le saluer sans que ça pose le moins problème. Mais si c'était l'imposteur... Elle préférait ne pas penser à la suite des événements, pourtant il fallait se poser la question : que devait-elle faire ? Devait-elle s'attaquer à la fausse licorne ? Si oui, comment devrait-elle s'y prendre ?
Toutes ces questions remuaient dans son esprit tandis qu'elle avait le sabot posé sur le battant de la porte donnant sur la loge privée du noble étalon.
« Respire un grand coup, Rarity, pensa-t-elle à voix basse. »
Elle poussa alors avec lenteur la porte et se lança dans l'inconnu. La loge était plutôt restreinte. En même temps, elle était conçue pour abriter un maximum de cinq poneys. Des rideaux similaires à ceux qui se trouvaient sur scène étaient disposés sur les côtés. La blanche licorne aperçut alors l'objet de sa venue en ce lieu, confortablement installé sur son siège en velours, en train de regarder paisiblement la représentation qui avait repris sur une discussion entre le roi et la reine. Rarity s'approcha doucement, sans faire le moindre bruit et s'installa à la droite de Fancypants. Ce dernier mit quelques secondes à s'apercevoir de la présence de l'élégante licorne à ses côtés. Il détailla les traits de l'invité opportuniste et la reconnaissant s'exclama :
« Lady Rarity ! Quelle joie de vous revoir ! Que faites-vous donc ici ? »
La blanche licorne eut à cet instant le sentiment qu'elle avait bien le véritable Fancypants en face d'elle. Ce qui signifait qu'Applejack avait affaire à l'imposteur dans l'autre loge. Elle répondit alors d'un ton chaleureux à Fancypants qu'elle désirait assister à la représentation de cet opéra en raison de la participation de nombreux habitants de Ponyville. Le noble eut l'air surpris et jeta un œil plus attentif à la scène avant de déclarer :
« Je me disais bien que certaines de ces actrices me disaient quelque chose ! J'avais bien entendu reconnu la princesse Luna, mais les autres ! En passant, ne trouvez-vous pas que notre sélène souveraine chante particulièrement bien ? Je ne l'aurais jamais cru si versée dans la comédie... »
Rarity acquiesça, trouvant elle-même que la sombre alicorne se débrouillait admirablement. Elle ne l'aurait pas cru au premier abord, connaissant sa tendance à abuser de la voix royale traditionnelle de Canterlot. Mais finalement, elle ne faisait pas du tout pâle figure en comparaison de Pinkie Pie ou de Fluttershy, loin de là !
La licorne en profita pour contempler à nouveau ce qu'il se passait sur scène. Pridehoof commençait à s'inquiéter de la disparition de Jester et s'en alla questionner Manelet sur ce sujet épineux. Ce à quoi le prince répondit le plus naturellement du monde :
« A souper.
-A souper, où ?
-Non pas où il mange, Mais où il est mangé. Un certain congrès de vers politiques l'entreprend Au même instant. Le ver est le seul empereur lorsqu'il est question de manger, Car toute créature finit un jour par les engraisser
-Hélas, hélas !
-Un poney peut pêcher avec le ver qui a mangé un roi et attraper le poisson qui s'est nourri de ce vers.
-Qu'entends-tu par là ?
-Rien, si ce n'est vous montrer comment un roi peut aller en procession Par les tripes d'un mendiant
-Où est Jester ?
-Au ciel. Envoyez-y quelqu'un pour voir. Si votre messager ne l'y trouve point, Cherchez-le vous-même dans l'autre endroit. Mais si d'aventure, vous ne le trouviez point Avant la fin du mois, Vous le flairerez dans les escaliers de la gallerie. »
La licorne à la crinière mauve eut un haut-le-coeur en entendant ces paroles d'une grande poésie. Manelet pouvait parfois être si atroce dans ses propos ! Une question la chiffonait toutefois dans certaines de ses répliques, aussi en fit-elle part à Fancypants :
« Dites-moi, n'est-il pas étrange qu'il parle de manger des poissons ? -Il est vrai que nous nous contentons surtout de pâtisseries et autres herbes à notre époque, admit le noble étalon. Mais il fut une époque en Equestria où la famine règnait et Shakeshooves avait pris le pari d'installer Manelet en ce temps troublé. C'est pourquoi il n'y a rien d'étonnant à ce que des poneys mangent du poisson. La faim justifie les moyens, si vous voulez mon avis. »
L'étalon à la crinière bleue fut alors saisi d'un petit rire au vu de son jeu de mots. Rarity mit un certain temps à comprendre avant de se joindre à lui. Néanmoins, elle se tut rapidement, car une autre interrogation ébranlait son esprit :
« Votre compagne Fleur-de-Lys n'est pas avec vous ce soir ? -Malheureusement non, révéla Fancypants en secouant légèrement sa tête de dépit. La pauvre a contracté une maladie lorsque nous voyagions dans le pays. Je soupçonne qu'elle a dû tomber malade lorsque nous nous sommes rendus à Manedrid. -Et vous n'êtes pas resté à son chevet ? Demanda Rarity avec une légère pointe de déception dans la voix. -C'est ce que j'aurais voulu faire, mais Fleur-de-Lys a insisté pour que j'assiste à la première de l'opéra, expliqua le noble étalon. Etant donné que je suis l'une des personnalités les plus en vue d'Equestria, elle s'en serait voulue si l'opéra avait été un échec imputable à mon absence. -C'est quand même dommage de ne pouvoir veiller sur elle au moment où elle a sans doute le plus besoin de vous, rétorqua la blanche licorne. -Je vous l'accorde, avoua l'étalon, mais c'est ce que Fleur désirait et je dois m'y plier, que ça me plaise ou non. Et je vous avouerais qu'il serait dommage qu'un opéra si intéressant sombre dans l'oubli parce que je n'y serais pas allé. Qu'en pensez-vous ? »
Rarity fut d'accord avec les paroles de son ami de haut-rang. Elle n'aurait pas apprécié que le dur labeur effectué par ses amies, les habitants de Ponyville et l'orchestre ne soit pas reconnu à sa juste valeur juste à cause de la non-présence d'une coqueluche de la Société. A présent, elle en était sûre : elle avait bien l'illustre Fancypants à côté d'elle, et non pas un vulgaire changeling. Applejack était donc probablement en train de se confronter en ce moment même au responsable de l'état dans lequel se trouvait sa famille. La blanche licorne était inquiète. Elle n'aurait jamais dû laisser la fermière seule, car elle était absolument imprévisible. Cette dernière lui avait bien promis de se comporter correctement, mais Rarity n'avait-elle pas elle-même brisée la promesse la liant à Twilight ? Applejack pouvait tout aussi bien faire de même.
Il n'y avait rien de plus aisé que de rompre une promesse...
Greedy Jewel avait réussi sans mal à introduire comme étant sa nièce la jeune jument à son illustre hôte. Voyant que ce dernier s'agenouillait devant elle, Applejack tendit un sabot à l'étalon arborant un monocle qui déposa un baiser sur celui-ci. La fermière ne savait pas trop quoi penser de ce premier contact. Cet étalon avait le sens des politesses et pourrait par conséquent très bien être Fancypants. Elle voyait mal un changeling de base se montrer aussi galant, à moins qu'il ne s'agisse de Chrysalis elle-même.
C'était là qu'était tout le problème : avait-elle en face celui ou celle qui avait causé tous ses malheurs ? Devait-elle l'attaquer dès maintenant afin qu'il se démasque ? Non. Elle devait le faire parler, l'amener à parler de sujets auquel seuls le véritable Fancypants sauraient répondre. Et aussi le conduire sur des chemins de plus en plus sinueux... jusqu'à ce qu'ils révèlent certains éléments troublants que seul le coupable pourrait savoir...
Applejack s'asseya à côté de Greedy Jewel, étant donné qu'elle était supposée être une membre de sa famille. Cela ne lui plaisait guère, vu qu'elle voulait surveiller « Fancypants » constamment. Néanmoins, elle put quand même jeter des regards de temps en temps tout en regardant l'opéra se jouer. Cet étalon paraissait très calme, bien qu'un peu perdu dans ses pensées. Il ne semblait pas vraiment apprécier la compagnie de l'ancien banquier à en juger le peu de fois qu'il lui adressait la parole. La fermière se demandait s'il n'avait pas accepté la sournoise licorne simplement afin de conserver les apparences.
Une idée lui traversa alors l'esprit, tandis qu'une étalon cornu à la robe grise et à la courte crinière noire, arborant une cutie mark en forme de huit couché. Il s'agissait de l'interprète sélectionné pour jouer le rôle de Stronghorn, prince de Vanhoover, en visite à Trottseneur. Ce dernier s'avança au son d'une musique aux consonnances martiales en s'adressant à l'un de ses soldats, :
« Allez capitaine, saluez pour moi le roi danois. Dites-lui qu'avec sa permission Fortinbras implore une escorte pour marcher, Tel qu'il était convenu, Par son royaume. Vous connaissez le rendez-vous. Si sa majesté désire nous parler, Nous lui ferons nos devoirs en personne. Veillez à le lui dire.
-Je le ferais, Monseigneur. »
La délégation de Vanhoover quitta la scène afin de laisser le champ libre à Manelet, accompagné de Lies and Jokes. Le trio s'apprêtait à partir pour Canterlot. Applejac se décida alors à mettre son projet à execution : elle donna un léger coup de hanche à Greedy Jewel afin que ce dernier se penche vers elle. Parvenue à attirer son attention, Applejack lui chuchota à l'oreille :
« Lors de l'entracte, il serait bon que vous vous absentiez... -Décidément, je suis un véritable esclave, se plaignit l'ancien banquier. -Voilà ce qui arrive quand l'on n'est pas honnête, résuma la fille Apple. -Vous ne valez guère mieux que moi, rétorqua-t-il d'un ton doucereux. Menacer les gens est sans doute pire que de les escroquer. -Peut-être bien, déclara Applejack. En attendant, c'est moi qui vous tiens en laisse, donc vous allez m'obéir, n'est-ce pas ? »
La licorne sournoise ne prononça plus un mot et se contenta de reprendre sa confortable position. Toutefois, la jument put constater que Greedy Jewel transpirait, ce qui signifait qu'elle avait remporté la joute verbale. Elle avait réussi à s'imposer : l'ancien banquier la laisserait tranquille à la fin du quatrième acte, elle pourrait alors s'entretenir avec « Fancypants »...
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Lun 28 Jan - 23:42
Voici la deuxième partie du chapitre 15:
Spoiler:
Pendant ce temps, l'opéra se poursuivait sur scène avec le retour sur scène de Quicksilver, le frère aîné de Madmare, rappelé afin qu'il assiste à l'enterrement de Jester. La musique se montra des plus sombres tandis que le jeune étalon apprenait une nouvelle des plus graves : Madmare avait sombré dans la folie. Voyant qu'il refusait d'y croire, Pridehoof demanda à ce qu'on la fasse entrer. Lorsque la jeune jument entra sur scène, avec une crinière complètement décoiffée et sale, l'air adopta un rythme des plus erratiques, qu'elle accompagna de ses paroles démentes :
« L'ont mis le visage nu en bière, Lon, la, la, lon laire, lon, la, Leurs armes ont fait une pluie amère, Adieu, ma colombe. »
En entendant les propos tenus par sa sœur, Quicksilver, interprété par Rainbow Dash, s'empara avec violence du corps de la jument à la crinière rose, la secouant de toutes ses forces :
« Si tu avais tes esprits et prêchais la vengeance Ton pouvoir serait moindre.
-Vous devez chanter : « En bas, en bas », Et vous : « Appelez-le en bas. » Oh ! Comme ce refrain est à propos ! C'est l'intendant fourbe qui a volé la fille de son maître.
-Ce rien est plus que sensé.
-Voilà du romarin, c'est pour le souvenir. Je vous en prie, mon amour, Souvenez-vous. Et voici des pensées, c'est pour la pensée.
-Pensées tristes, chagrin souffrance, l'enfer même : Elle change tout en grâce et en beauté.
-Et il ne viendra plus jamais ? Et il ne viendra plus jamais ? Non, non, il est mort, Gagne ton lit de mort, Il ne viendra plus jamais. Il a passé, il a passé, Il ne sert à rien de pleurer, Je prie Celestia ! Que l'alicorne diurne soit avec vous !
-Voyez-vous cela, O Celestia ? »
Incapable de supporter plus longtemps cette horrible vision, la mère de Manelet éloigna Madmare de son frère. Ce dernier s'effondra sur la scène tandis que la silhouette de Pridehoof se posa sur lui. Le monarque fêlon ne lui fit grâce d'aucun détail, il lui raconta comment Manelet avait éliminé de sang froid son père, comment il avait projeté de l'éliminer en l'envoyant à Canterlot, et comment cette tentative avait échoué au détriment de la vie de Lies et Jokes. Une fois ce récit achevé, Pridehoof s'exprima d'une voix grave, presque caverneuse :
« Quicksilver, aimiez-vous votre père ?
-Pourquoi cette question ?
-Car ce que nous voulons faire, On doit le faire dès qu'on le veut, Car ce « vouloir » change. Manelet est de retour. Qu'êtes-vous prêt à entreprendre Pour vous montrer le fils de votre père En actes plus qu'en paroles ?
-Lui couper la gorge en plein temple.
-Nul lieu en effet ne doit être un sanctuaire pour le meurtre, La vengeance doit être sans limites. »
Le souverain poursuivit son discours , expliquant sereinement à Quicksilver qu'il devait se tempérer pour accomplir sa revanche, que cela demandait du temps et de la préparation. Toutefois, depuis la loge, Applejack ne retenait qu'une seule chose : Manelet était en réalité un faible. Il n'était pas tant enclin à se venger que ça au final. Pour preuve, il avait reporté son courroux alors qu'il avait une occasion parfaite de se venger ! Et par un étrange concours de circonstances, Quicksilver était prêt à tuer quelqu'un tandis qu'il priait. En ce sens, il faisait un bien meilleur vengeur que le prince de Trottseneur !
La jument issue de Sweet Apple Acres devait faire fi de toutes considérations à l'égard du coupable. Que ce soit un changeling ou un poney, il subirait le même sort, même s'il la suppliait. Depuis le début, ses scrupules et ses amies ne faisaient que la ralentir dans sa tâche ! En parallèle à sa nouvelle résolution, la mère de Manelet revint, interrompant par ses pas précipités la musique aux accents mystérieux qui se jouait jusque là. Elle annonça d'une voix désespérée :
« Un malheur marche aux sabots de l'autre, Tant ils se suivent de près. Votre sœur s'est noyée, Quicksilver.
-Noyée ?! Où ?! »
La mère du héros vengeur détailla la scène : Madmare était partie cueillir des feuilles grises qui ne poussaient que sur un saule planté au bord de la rivière bordant le château, afin de tisser des couronnes fleuries. Cependant, la branche sur laquelle elle s'était posée avait cédé sous son poids. Ne cherchant même pas à se débattre, elle avait laissé l'eau envahir ses poumons tout en continuant de chanter. Toujours sous le choc, le frère de l'infortunée jument demanda confirmation du trépas de cette dernière. A présent sûr de cette cruelle vérité, il s'exclama d'un ton déterminé :
« Tu n'as que trop d'eau déjà, pauvre Madmare, Aussi je m'interdis les larmes. Et pourtant, c'est notre lot, La nature tient à ses coutumes, la honte en dira ce qu'elle veut ! »
Il se mit alors à pleurer à chaudes larmes avant de poursuivre, d'une voix presque étouffée par les sanglots :
« Quand ces pleurs cesseront, La jument en moi ne sera plus. Adieu, monseigneur, J'ai des paroles de feu qui voudraient bien flamber Mais cette folle peine les éteint. »
Il s'inclina devant Pridehoof et son épouse avant de quitter la scène, en même temps que tomba le rideau sur le quatrième acte, aussitôt acclamé par les spectateurs. Aux côtés de Sir Fancypants, Rarity dût sortir un mouchoir afin de sécher les larmes qui commençaient à perler sur ses joues blanches. Elle avait eu une réflexion entièrement différente de son amie. Elle pensait qu'à présent on ne pouvait plus rien faire afin d'empêcher une tragédie de se mettre en place. Les actions de Manelet conduirait fatalement à un bain de sang. En réalisant cela, elle eut un pincement au cœur : et si en laissant Applejack se débrouiller, elle n'avait pas été l'engrenage amenant à une tragédie similaire ? Devait-elle la rejoindre au plus vite ou lui faire confiance ? La licorne posa son sabot sur la poitrine afin de se calmer. Elle devait croire en Applejack, c'était vital. Elle était la gardienne de l'élément d'honnêteté, elle ne lui mentirait pas. Pas à elle.
« Lady Rarity, vous sentez-vous mal ? S'enquit Fancypants. -Ce n'est rien, affirma la blanche licorne. Je suis simplement émue par cette histoire. -Je vous comprends, compatit l'étalon. Cette tragédie est des plus poignantes, surtout juste avant l'acte final car nous sommes certains à ce moment que les personnages sont soumis à la cruelle fatalité. Et il est nécessaire d'apprendre de leurs erreurs pour que plus jamais un drame pareil ne se produise. »
Rarity se frotta nerveusement les sabots, se demandant si son amie allait se rendre compte que le chemin qu'elle empruntait était sans issue. Cette dernière était finalement parvenue à s'asseoir juste à côté de l'autre Fancypants, profitant du départ de Greedy Jewel, mais elle ne savait pas comment engager la conversation avec l'étalon. Elle hésita un moment en se triturant le chignon, avant de se lancer avec une question somme toute banale :
« Assistez-vous souvent à des opéras ? »
L'étalon parut surpris en entendant la voix franche de la jeune jument au point qu'il dut rattraper son monocle qui ne demandait qu'à tomber. Toutefois, il eut de bons réflexes et parvint à remettre celui-ci en place. Il lissa de façon maladroite sa moustache et répondit d'une voix un peu tremblante :
« Cela m'arrive souvent, en effet. Même si je dois admettre que celui-ci sort nettement du lot, vous ne trouvez-pas ? -Je ne saurais dire, c'est la première fois que j'assiste à un opéra, déclara la jument à la robe noire. Mes parents ont longtemps tenu à ce que je sois préservée des mondanités. -Je pense qu'ils ont bien faits, remarqua la licorne. La haute-société n'est qu'un lieu où règnent en maître les déguisements et les masques. Tout le monde ne fait qu'interpréter un rôle. -Mais n'est-ce pas le cas de n'importe quel poney ? Interrogea Applejack. Nous avons tous un visage de façade que l'on montre en public, tout comme une autre facette que l'on n'exhibe qu'aux proches, voire qu'à soi. »
L'étalon toussa un peu en entendant les propos de la jument. Il s'excusa pour son impolitesse avant de reprendre :
« Vous êtes, ma foi, très intelligente, jeune fille, complimenta la licorne. J'ai eu l'occasion de voyager à travers tout Equestria au cours des derniers mois et je crois bien n'avoir jamais croisé une ponette ayant une réflexion aussi poussée sur l'identité. -Je n'étais pas aussi « calée » sur le sujet avant ce soir, annonça-t-elle. J'ai eu simplement le temps de réfléchir à la question en voyant autant de jeux sur les mensonges et les masques. -En effet, c'est bien l'un des thèmes majeurs de cette pièce à mon avis, déclara la licorne en continuant de lisser sa moustache. -Dites-moi, vous qui avez voyagé dans tout le pays, qu'avez-vous vu d'Equestria ? Demanda Applejack. Je dois vous avouer que je n'ai jamais quitté Manehattan, à mon grand regret. -Si vous voulez, nous pouvons en parler à l'extérieur, suggéra l'étalon. L'acte final s'apprête à débuter. Nous connaissons de toute façon le dénouement, il n'y a plus vraiment de surprises. Tant qu'à faire je préfèrerais éviter de troubler le plaisir des autres spectateurs par nos bavardages incessants. »
La jument à la crinière paille crut bondir de joie en entendant cela. Elle ne s'attendait pas du tout à ce que cet imposteur lui propose de s'éloigner de la salle. Oui, imposteur ! Elle en était certaine maintenant. Fancypants l'avait déjà vu par le passé, et si l'on considérait son caractère, il n'était pas étalon à oublier le visage de quelqu'un. C'est pourquoi elle était intimement convaincue qu'elle avait l'imitation à ses côtés. Et en faisant cette suggestion, il donnait l'occasion qui manquait à Applejack afin de tirer tout cela au clair.
Néanmoins, elle fit bonne figure et accepta poliment :
« Ce sera avec grand plaisir, Sir Fancypants. Le destin de cette pièce est de toute manière inscrite dans la pièce. -Qu'attendons-nous, alors ? Fit remarquer la licorne avec un petit rire. Que le pince-sans-rire qui vous sert d'oncle revienne ? »
Le couple se leva de son siège et sortit de la loge pile au moment où le rideau s'ouvrit sur le dernier acte, qui dévoilait deux fossoyeurs en train d'accomplir leur basse besogne. La jument et l'étalon se promenait dans les couloirs de l'opéra un peu au hasard, en prenant bien soin d'esquiver les toilettes où étaient partis Greedy Jewel. Ils finirent par arriver dans une grande galerie avec une une magnifique et gigantesque fenêtre à leur gauche. Applejack se dirigea instinctivement en face de celle-ci et admira l'éclat de la pleine lune qui brillait de mille feux. Il était difficile de croire que la princesse Luna avait pu être jalouse de sa sœur quand on voyait la beauté de l'astre lunaire.
« Cela m'apaise de contempler la lune. »
Applejack tourna sa tête vers le côté et vit l'étalon juste à côté d'elle, également en train de regarder le satellite naturel d'Equestria. Son corps ne tarda pas à suivre et elle s'empressa de déclarer :
« Cette vision détend en effet lorsque le silence s'installe. J'aime aussi contempler les étoiles lors de la nuit. Des fois, je me plais à penser que mes parents veillent sur moi depuis là-haut. -Vos parents sont... morts ? Se demanda la licorne d'une voix faible. Je suis désolé. -Vous n'avez pas à l'être, rétorqua sèchement la fermière. Ce n'est pas comme si vous étiez responsables de leurs disparitions. Je devais avoir une dizaine d'années lorsque c'est arrivé. -Qui s'est chargé de vous élever les années suivantes ? -Mon oncle, mentit de suite Applejack -Etonnant que vous soyez devenue une demoiselle si respectable avec un être tel que lui, remarqua l'étalon. Il ne m'a même pas demandé mon avis avant de s'immiscer dans ma loge. Néanmoins, je ne vais pas me plaindre, étant donné que cela m'a permis de faire votre connaissance. -Il n'était pas le seul à veiller sur moi, révéla-t-elle. J'avais aussi ma grand-mère, mon grand-frère et ma petite sœur qui s'occupaient de moi. »
Elle n'avait pas placé cette dernière phrase au hasard et elle fut ravie de constater que cette dernière avait produit son petit effet. Immédiatement, les traits de l'étalon étaient devenus raides. Quelques gouttes de sueurs étaient apparues sur son front. Elle n'avait quasiment plus aucun doute : c'était lui qu'elle cherchait depuis le début.
« Ils... ont fait du bon travail, déclara-t-il après quelques secondes de silence. Vous êtes une dame digne d'éloges. »
Toutefois, quand elle l'entendait s'exprimer de la sorte cet imposteur, elle peinait à croire qu'il était bel et bien le responsable à ses malheurs. Elle voulait toujours lui accorder le bénéfice du doute. Elle eut une idée afin de le forcer à avouer s'il était coupable. C'était risqué, mais elle était prête à tout afin de connaître la vérité. Après quelques instants passés à regarder les étoiles, elle regarda l'imposteur droit dans les yeux et déclara d'un ton résolu :
« Embrassez-moi. »
La tension montait sur scène à l'approche du grand final. Pourtant depuis l'extérieur, on ne l'aurait jamais cru au son des cordes, d'une mélancolie et d'une tristesse infinie tandis que l'enterrement de Madmare se déroulait. Manelet venait de faire son grand retour, après avoir été tourmenté par de sombres pensées sur le sens de la mort. Apprenant le trépas de sa bien-aimée, il était sorti de sa cachette pour pleurer la jeune jument, provoquant la fureur du frère de cette dernière, qui commençait à l'étrangler. Il se défendit en répliquant :
« Tu pries fort mal. Ote tes sabots de ma gorge, s'il-te-plaît. Car bien que je ne sois ni bilieux, ni emporté, Je crois avoir en moi quelque-chose de suffisamment dangereux Qu'il te faut craindre. Alors, ôte ta main !
-Séparez-les, ordonna le roi.
-Manelet! Manelet ! Cria simplement sa mère
-Mon cher seigneur, calmez-vous, conseilla Wellmouth.
-Ah, mais je veux lutter avec lui sur ce thème Jusqu'à ce que mes paupières refusent de battre ! Rugit Manelet.
-Oh, mon fils, quel thème ? S'enquit sa mère.
-J'aimais Madmare. Quarante-mille frères réunis ne pourraient Même avec la somme de tout leur amour Egaler le mien. Que feras-tu pour elle ?
-Quicksilver ! Il est fou ! Lui rappela Pridehoof.
-Pour l'amour de Celestia, laissez-le ! conjura son épouse.
-Par Tarnation, montre-moi ce que tu ferais, répliqua Manelet à l'attention de son rival Tu veux pleurer ? Te battre ? Jeûner ? Te déchirer le corps ? Avaler du vinaigre ? Manger un crocodile ? Je le ferai. Viens-tu ici pour geindre, Pour me braver en sautant dans sa tombe ? Fais-toi enterrer vif avec elle, j'en ferais autant. »
Ces mots résonnèrent comme une véritable déclaration de guerre aux oreilles de Quicksilver qui releva avec fierté le duel. L'ultime affrontement de la pièce allait démarrer...
Rarity observait cela en compagnie de Fancypants. Elle était réellement impressionnée par la performance de ses amies, mais elle ne cessait de se ronger les sabots en songeant à Applejack. Elle pouvait être en train de faire tout et n'importe quoi en ce moment même ! Elle ne tenait plus, il fallait absolument qu'elle jette un coup d'oeil à l'autre loge pour se rassurer. Elle se demanda d'ailleurs pourquoi elle n'y avait pas pensé plus tôt.
La loge se trouvait sur sa droite, elle se pencha légèrement sur le côté et se sentit partir. Il n'y avait plus que l'autre licorne dans la loge du second Fancypants ! Applejack avait réussi à isoler l'imposteur ! La blanche licorne commençait vraiment à paniquer. Elle savait ce dont la fille Apple était capable. Il fallait immédiatement qu'elle la retrouve !
« Sir Fancypants, vous m'en voyez vraiment désolée, mais je dois prendre congé de vous, fit Rarity. -J'en suis profondément chagrinée, annonça le noble étalon. Rarity, j'espère que nous nous.... »
La licorne pure comme la neige ne l'avait même pas laissé terminé ses paroles... Elle avait peu de temps devant elle pour arrêter Applejack.
« Comment ? -Embrassez-moi, vous dis-je, répéta Applejack tout en se rapprochant de l'étalon. Je suis tombé amoureuse de vous dès que je vous aie aperçu. -C'est que j'ai déjà une compagne, se défendit la licorne. -Allons, de vous à moi, nous savons que vous l'auriez fait assister à la représentation si vous teniez un tant soi peu à elle, répliqua sèchement la fermière. »
L'imposteur était piégé. Il n'avait aucun moyen de justifier l'absence de Fleur-de-Lys, contrairement au véritable Fancypants. Il devrait accéder à la requête de la ponette orange.
« Je n'ai pas ce genre de sentiments pour vous, affirma l'étalon. -Embrassez-moi ou je hurle, posa la fille Apple en guise d'ultimatum. »
Applejack savait qu'il ne pouvait pas se permettre de refuser. Sinon, tout le monde s'apercevrait que deux Fancypants avaient assisté à la pièce. Il devait accepter. Pourtant, il semblait toujours réticent au vu de sa réaction. Réaction plutôt étrange par ailleurs, car on n'y lisait pas le dégoût, la colère ou la honte, seulement la peur. Un simple baiser pouvait-il effrayer autant quelqu'un d'innocent ?
Sentant que ses mots ne parviendraient pas à faire changer d'avis l'étalon, la jument se jeta sur lui, le renversant et l'embrassa de force. C'était la première fois qu'elle embrassait un étalon sur la bouche, et elle devait avouer que ce n'était pas désagréable du tout. Mais au bout de quelques secondes, elle sentit un frisson parcourir son corps. Elle essaya de retirer son visage de celui de l'étalon, mais c'était comme si ce dernier était fixé à celui de l'étalon. Elle avait l'impression qu'on lui aspirait quelque chose, mais elle n'arrivait pas à comprendre quoi.
Les derniers doutes subsistaient en elle fondèrent comme neige au soleil : le coupable était bel et bien un changeling. Dommage pour elle, elle ne pouvait plus rien faire. Elle était complètement paralysée par les capacités de la créature et n'allait pas tarder à subir le même sort que les membres de sa famille. Elle ne pouvait même plus pleurer... Applejack se demandait ce qui l'attendait : allait-elle rejoindre sa famille ailleurs ? Allait-elle devenir simplement une coquille vide ? Existerait-elle encore sous une forme ou une autre ?
« APPLEJACK !!!! »
Quelqu'un arrivait à toute allure dans la galerie, le son de ses sabots se répercutant dans tout les murs. Peu importait l'identité de cette personne, elle arrivait trop tard pour sauver Applejack. Ou peut-être pas...
Un bris de verre se fit entendre, suivi du bruit caractéristique émis par la magie des licornes. Les morceaux de verre allèrent se ficher dans le corps de l'étalon, qui gémit de douleur. La fille Apple en profita pour s'extirper de l'emprise de l'étalon. Peinant encore à retrouver son souffle, elle vit qui l'avait sauvé... Il s'agissait de Rarity. La licorne semblait complètement paniquée et avait agis dans l'urgence. Elle se jeta aussitôt dans les sabots d'Applejack en pleurs :
« Tu es complètement inconsciente, AJ ! Pourquoi as-tu pris autant de risques ?! »
Applejack ne répondit rien et se contenta de frotter la crinière de la licorne sans éloigner son regard du corps inanimé de l'étalon. Une espèce de liquide vert fluo coulait de celui-ci. Peu à peu,la créature perdit l'apparence de Fancypants qu'elle avait emprunté et laissait place à une forme d'insecte noir, percée de part en part, arborant une petite corne et une courte crinière verte sombre. Bientôt, ses yeux s'ouvrirent, vierges de toutes pupilles. Ce n'était plus une licorne. C'était un changeling. Mais ce n'était pas la reine Chrysalis, comme l'avait pensé Applejack.
La créature remua un peu et arracha un à un à l'aide de ses crocs aiguisés les nombreux morceaux de verre ayant élu domicile dans son corps. La vision était répugnante, et la fermière prenait bien soin de préserver Rarity de celle-ci en la conservant blottie entre ses sabots. Mais elle réalisa au bout d'un moment qu'elle devait intervenir. Elle murmura à l'attention de son amie :
« Va chercher les autres. Ca va barder ici. -Mais l'opéra n'est pas terminé... fit remarquer Rarity. -On s'en contrefout de l'opéra ! Rugit la fermière. Il y a une saloperie de changeling ici ! Et c'est lui qui a mis ma famille dans cet état ! VA CHERCHER TWILIGHT ET LES AUTRES !!!! »
La licorne sursauta et repoussa violemment Applejack avant de s'enfuir au galop. Cette dernière était consciente qu'elle l'avait blessé, mais elle s'excuserait plus tard. Pour l'heure, il était temps d'en finir !
La fermière approcha de la créature insectoide qui cessa tout de suite d'arracher les débris de verre pour fixer la jument de ses globes oculaires vides de toute expression. Il commençait à reculer en tremblant tandis qu'Applejack lui adressait ces quelques mots :
« Si tu savais depuis combien de temps j'rêve de cet instant... J'compte même plus les nuits que j'ai passé à visionner c'te scène dans ma tête. J't'avais dit tout à l'heure que nous portions tous un masque. Vous, les changelings, êtes pires ! Vous en portez deux ! »
Le changeling ne répondit rien et continua de reculer, avant de se retourner subitement et de s'enfuir à toute vitesse. Applejack se lança à sa poursuite. Le changeling arrivait encore à se déplacer rapidement malgré ses blessures, il commença à grimper l'escalier conduisant au dernier étage. Il espérait s'enfuir par le toit. La jument ne le laisserait pas faire. Elle s'empara d'un des chandeliers allumés près du mur à l'aide de sa bouche et monta à son tour l'escalier.
Elle parvint à le rattraper tandis qu'il essayait désespérément d'ouvrir la porte de l'escalier de service. Elle se rua sur lui et tenta de le brûler à l'aide du chandelier. Elle essaya de bredouiller quelques mots que l'on aurait pu vaguement comprendre comme un :
« Tu vas payer pour ma famille ! »
Le changeling essayait de résister à la pression exercée par la terrestre, mais c'était très ardu. La jument n'y allait pas de sabot mort avec lui ! La créature puisa alors dans les quelques ressources qui lui restaient, ce que certains appelaient « l'énergie du désespoir », et parvint à projeter Applejack contre le mur. Cette dernière, dont le chignon s'était défait, faisant tomber une cascade de cheveux blonds, lâcha sous le choc le chandelier qui tomba sur le tapis rouge, qui s'embrasa instantanément.
Un incendie venait de se déclarer dans le Carmanegie Hall...
De son côté, Rarity était parvenue à se faufiler dans les coulisses. Le souffle court, elle chercha une de ses amies. Peu lui importait laquelle du moment qu'elle parvienne à raisonner Applejack. Elle finit alors pas tomber sur Fluttershy, qui n'avait plus à appraître sur scène pour le restant de l'opéra. La pégase faillit s'évanouir en apercevant Rarity, mais se rappela au dernier moment qu'il était normal qu'elle soit présente.
« Fluttershy, vite ! Il faut que tu m'aides ! Ordonna la blanche licorne en nage. Applejack est en train de péter les plombs ! Pas le temps de t'expliquer !! -Mais... je n'arriverais jamais à la calmer, si même toi tu n'y arrives pas... constata la jument à la robe jaune. -Alors va chercher Twilight et Rainbow Dash ! Mais fais quelque-chose ! On court à la catastrophe ! Conjura Rarity. -Ok ! Fit Fluttershy avec une grande énergie. »
Elle se mit à voler en direction de la scène, mais lorsqu'elle vit que l'on était arrivé à la scène du combat entre Manelet et Quicksilver, elle se figea dans les airs. Elle ne pouvait pas tout ficher en l'air maintenant... D'un autre côté, la vie de son amie était en danger... Fluttershy respira profondément et fit le tri dans ses pensées. Pourquoi avait-elle proposé l'idée de l'opéra en premier lieu ? Réponse : pour attirer Applejack en ce lieu et lui faire entendre raison. Pas pour jouer les divas.
La pégase jeta un dernier coup d'oeil en arrière, et, voyant l'expression de détresse dans les yeux cobalts de Rarity, elle rassembla son courage et fit son retour sur scène. Son apparition ne passa pas inaperçue, étant donné qu'elle chamboulait totalement le scénario de la pièce de Shakeshooves ! Néanmoins, elle ne se dégonfla pas et fit d'une voix chantante, comme si elle voulait éviter de rompre l'action de l'opéra :
« Mon frère, Manelet, cessez de vous battre ! Ne voyez-vous pas que l'esprit de vengeance Vous précipite tout droit à votre perte ?! »
Pinkie Pie et Rainbow Dash cessèrent instantanément leur affrontement, bien que la jument rose avait son sabot de fer tout droit pointé sur la gorge de Rainbow Dash. Fluttershy se tourna ensuite vers Twilight :
« Quant à toi, Wellmouth ! Ne devais-tu pas remettre ton meilleur ami Sur le droit chemin ?! Car là, le seul chemin que je vois s'étendre à l'horizon, Est une voie dorlottée par les ténèbres ! »
La protégée de Celestia réalisa alors le sens caché des mots de la pégase qui continuait de la fixer d'un air grave depuis les airs. Elle s'apprêtait à annoncer quelque-chose lorsqu'une odeur de fumée âcre parvint à ses naseaux. Elle regarda autour d'elle et constata que tout le monde était plongé dans le même trouble qu'elle. Un étalon qui assistait à la représentation se mit alors à hurler de toutes ses forces :
« AU FEU !!!! IL Y A LE FEU DANS L'OPERA !!!! »
Tout les spectateurs commencèrent à paniquer et à se lever de leurs sièges. Luna, qui était présente sur scène, employa alors la voix royale traditionnelle de Canterlot :
« GARDEZ TOUS VOTRE CALME !!!! VOUS DEVEZ TOUS EVACUEZ PAR LES SORTIES DE SECOURS DEPUIS LES COULISSES !!! NE VOUS BOUSCULEZ PAS ET CONSERVEZ VOTRE SANG-FROID !!!! »
La puissance et la dignité de la voix de Luna parvint à tranquiliser tant bien que mal le public qui commençait à évacuer la salle en passant par la scène. Les acteurs présents sur scène s'écartaient sur leurs passages.
Quant au feu, il se propageait à vive allure...
La chaleur étouffante de l'incendie amena Applejack à déchirer sa robe noire. Sans ses frous-frous, elle se sentait beaucoup plus à l'aise, en mesure de se confronter à celui dont elle souhaitait se venger ardemment. Ce dernier était toujours en train d'essayer de forcer la porte de service menant au toit. La terrestre galopa une nouvelle fois vers lui et parvint cette fois à le plaquer avec violence au sol. La créature laissa échapper un hurlement de douleur.
La fille Apple ne s'arrêta pas à ce seul geste. Elle mordit la créature de toutes ses forces et la projeta contre la porte d'une des loges privées, désormais désertes, tandis que les occupants s'enfuyaient . La porte s'ouvrit avec fracas et Applejack pénétra dans la petite pièce, mais ne vit pas pour autant le changeling. La rambarde était d'ailleurs brisée. Elle avait mis tant de puissance dans son lancer que l'insecte avait fini en contrebas. Elle regarda le bas de la salle, mais ne vit pas le corps de la créature. Il était impossible de distinguer quoi que soit dans la confusion générale. Soit le changeling était inconscient et en train de se faire piétiner par les spectateurs, soit il en avait profité pour prendre l'apparence d'un de ces derniers afin de s'échapper.
La fermière laissa échapper un juron, et tenta de rebrousser chemin. Mais l'incendie l'avait piégé dans la loge. Il ne lui restait plus qu'une alternative : sauter. Elle risquait de se briser quelques os dans la procédure, mais cela valait mieux que de périr carbonisé. Elle se jeta dans le vide en criant :
« Gerhoonimo !!!!! »
Elle s'attendait à atterir brutalement sur le sol, mais il n'en fut rien. Une bulle mauve s'était formée autour d'elle, agissant comme un coussin amortisseur. Elle vit à quelques mètres devant elle la licorne ayant lancé le sort... Twilight. Aussitôt, Applejack se reprit et raconta ce qu'elle avait découvert :
« Twilight ! C'est Chrysalis qui est derrière l'état de ma famille ! C'est elle !!! Il faut qu'on retrouve ce changeling pour lui faire cracher la vérité ! -Ferme-là... FERME-LA !! »
Twilight avait dans le regard une lueur furieuse que la terrestre n'avait jamais vu, pas même lorsqu'elle s'était emportée contre le « pinkie sense » de la ponette éponyme. Furibonde, Twilight ajouta :
« Te rends-tu comptes du danger que tu as provoqué !? Tu aurais pu tuer les spectateurs avec ta vengeance stupide !!! Heureusement que l'on s'était préparé à ce genre d'éventualités !!! Regarde autour de toi les conséquences de tes actes idiots, regarde-toi, tu es lamentable !!! »
La jument orange s'executa et examina les lieux autour d'elle. Le Carmanegie Hall était méconnaissable. L'incendie se répandait partout. Une par une, les loges cédaient sous la chaleur des flammes et s'écroulaient au sol. L'une d'elles passa même quelques mètres à côté des deux amies. Applejack contempla avec une mine de dégoût les conséquences de ses actes. La disciple de Celestia se retourna et fit alors signe à la fermière de la suivre. Il fallait évacuer au plus vite...
Une fois parvenue dans l'avenue culturelle, les deux amies purent seulement apercevoir un énorme brasier devant elles. Ce n'était plus un opéra. C'était une ruine. Les pompiers venaient à peine d'arriver sur les lieux du sinistre. Twilight conduisit Applejack au restant du groupe. Pinkie Pie, Fluttershy, Rainbow Dash et Rarity assénèrent chacune un regard chargé de reproches à leur amie. Tout ce qu'Applejack trouva à répondre à cela fut :
« J'crois que j'ai gâché la fête... »
Les larmes coulaient toutes seules sur ses joues. Elle déclenché une véritable tragédie, au sens propre. Ses amies, contre toute-attente, l'enlacèrent dans leurs sabots. La pégase azur ajouta même :
« Pourquoi faut-il que tu sois si obstinée ? Tu ne rends jamais les choses simples... »
Applejack eut un léger sourire forcé en entendant cette remarque. Le câlin de groupe dura encore de longues minutes, jusqu'à ce qu'une voix grave les interrompit : « Je la reconnais ! C'est elle qui a déclenché l'incendie ! »
La fermière se retourna, seulement pour voir Greedy Jewel, qui arborait un air de triomphe sur le visage. Ce dernier était accompagné de deux policiers en uniformes. L'un d'eux s'approcha de la jument orange et la saisit par le sabot en déclarant d'une voix solennelle :
« Mademoiselle, vous êtes en état d'arrestation. »
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Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Mar 29 Jan - 13:37
Et bien et bien. Autant je trouvais la première partie un peu faiblarde, autant la seconde envoie du steak de compet'. Enfin faiblarde, non, c'est pas le mot. Je dirais plutôt trop "opéracentré". Encore une fois, je suis seul responsable de pas connaître Hamlet mais du coup, tous les effets, les sous-entendus, les réecritures passent à l'as. Et je me retrouve devant du texte que je comprends pas.
De même, les nombreuses fois où tu parle du double sens de la pièce. C'est quelque chose qu'on a compris vite, l'opéra n'étant d'ailleurs bâti que dans ce sens. C'est peut-être pas la peine de le rappeler systèmatiquement, ça donne l'impression que "hey *wink* vous avez vu , *wink* la pièce s'adapte aussi dans la fic, c'est énorme ! *wink* *wink*"
Bon, je caricature un peu beaucoup. Mais ça donne cette impression. Faut faire suggérer, pas imposer. C'est mieux quand ça passe en douceur. Bande de pervers, je suis sur que vous pensez à des trucs 34
En positif la tension monte bien jusqu'au climax, la confrontation finale est digne de l'être et ça se termine en apothèose. En incendie aussi (entre celui là et celui de BAZ, dieu que les théâtres crament vite dans MLP ) mais en apothèose quand même.
En négatif/WTF :
Spoiler:
AJ qui veut embrasser le changelin ? Elle a pas plus con comme idée ? Ca se nourrit d'amour pauv' cruche, c'était évident que t'allais déguster en te faisant violer la bouche !
Et la logique changeline qui est de remplacer quelqu'un qui est déjà là. Y a de la baisse de niveau à la ruche, on sent que c'est la crise, bordel.
Remarques en vrac : "changeling". Beuuuuuhhhh, pas beau. C'est changelin en français, sans g à la fin.
Citation :
Alors, ôte ta main !
Citation :
Cette scène était également un passage d'envergure de la pièce originelle dans le sens où elle représentait une véritable mise en abyme théâtrale. En effet, dans Manelet, Shakeshooves parvenait à représenter sur la scène une autre tragédie parlant de vengeance, dans une pièce traitant du même thème! Et l'on pouvait rajouter également à cette soirée qu'un autre spectacle parlant de ce sentiment se jouait à la fois dans les coulisses et parmi les spectateurs.
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Jeu 31 Jan - 17:14
Bien, il est temps de répondre à mon critique assidu (même si j'aurais bien voulu avoir au moins un autre retour ). It's defense time!
Bro-Nie a écrit:
Et bien et bien. Autant je trouvais la première partie un peu faiblarde, autant la seconde envoie du steak de compet'. Enfin faiblarde, non, c'est pas le mot. Je dirais plutôt trop "opéracentré". Encore une fois, je suis seul responsable de pas connaître Hamlet mais du coup, tous les effets, les sous-entendus, les réecritures passent à l'as. Et je me retrouve devant du texte que je comprends pas.
Je suis bien content de voir que j'ai pas foiré la partie action du chapitre, vu qu'en me relisant, je trouvais que ce n'était pas très étoffé par rapport à ce qui précédait. Et par rapport à Hamlet, ça signifie que j'ai méchamment failé sur ce coup, vu que la tragédie ponyfiée était supposée être compréhensible sans l'avoir lue. Pourtant, ce n'est pas si compliqué:
Ci-joint un résumé de la pièce:
-De retour pour assister à l'enterrement de son père et au remariage de sa mère avec son oncle, Hamlet découvre le fantôme de son paternel qui lui révèle qu'il a été assassiné dans son sommeil par son frère. Résultat: Hamlet veut se venger.
-Pour endormir la méfiance de son oncle, super-dépressif décide de se faire passer pour fou, envoyant au passage bouler Ophélie (Madmare chez les poneys).
-Toutefois, notre apprenti vengeur est pas le style à agir sur de simples paroles. Du coup, il décide de faire représenter la mort de son père grâce à l'aide d'une troupe de comédiens de passage à Elseneur (Trottseneur). C'est un succès, vu que l'oncle se barre en plein millieu.
-Hamlet le suit discrètement et a une occasion en or de le tuer, mais se retient étant donné que son oncle est en train de prier (il a de sacrés valeurs ). A la place il rend visite à sa mère dans la chambre de cette dernière, et se sentant espionné, tue le père d'Ophélie.
-Réalisant le danger représenté par son neveu, l'oncle l'envoie en Angleterre pour qu'il se fasse executer. Toutefois, Hamlet retourne cela à son avantage (j'ai occulté ce point). Pendant ce temps, Ophélie, devenue folle, se noie dans une rivière.
-Son frère Laerte (Quicksilver) prend alors la décision de se venger d'Hamlet. Il en aura l'occasion, vu que ce dernier réapparaît à l'occasion de l'enterrement de sa soeur. Conséquence: duel. Sauf que l'oncle, toujours aussi fourbe, s'arrange pour empoisonner le fleuret de Quicksilver ainsi que la boisson destinée à son neveu.
-Cependant, devinez qui boit le verre? La mère d'Hamlet, qui meurt peu après. Hamlet est quant à lui empoisonné, mais parvient à blesser mortellement Laerte qui lui révèle les manigances du roi. Ivre de rage, Hamlet parvient à le tuer avant de périr. La pièce s'achève sur l'arrivée de Fortinbras (Stronghorn) qui découvre le carnage et prend le pouvoir.
Belle histoire, vous ne trouvez pas?
Bro-Nie a écrit:
De même, les nombreuses fois où tu parle du double sens de la pièce. C'est quelque chose qu'on a compris vite, l'opéra n'étant d'ailleurs bâti que dans ce sens. C'est peut-être pas la peine de le rappeler systèmatiquement, ça donne l'impression que "hey *wink* vous avez vu , *wink* la pièce s'adapte aussi dans la fic, c'est énorme ! *wink* *wink*"
En effet, en me relisant, j'ai également trouvé que ça faisait un peu "z'avez vu ? La classe!". Mais je pense que c'est également dû en partie à cause de mes études en lettres modernes, où l'on est souvent obligé d'expliquer et de répéter certaines choses pour les correcteurs. Désolé, réflexe conditionné, surtout que j'ai planché sur cette pièce durant un semestre. Ca laisse des séquelles...
Bro-Nie a écrit:
En positif la tension monte bien jusqu'au climax, la confrontation finale est digne de l'être et ça se termine en apothèose. En incendie aussi (entre celui là et celui de BAZ, dieu que les théâtres crament vite dans MLP ) mais en apothèose quand même.
Bien, le marketing?
Plus sérieusement, en effet, on peut considérer l'opéra comme un équivalent du final de la partie trois de BAZ. Cependant, cette scène était présente dans mon esprit dès le début de rédaction de la fic, et n'a pas subi de gros changements dans les grandes lignes (contrairement à beaucoup de scènes^^).
Le fait d'incendier l'opéra était en vérité une référence au début d'un vieux jeu sur PS1, Parasite Eve, qui prenait place dans une salle existant réellement sobrement nommée Carnegie Hall située à Manhattan
AJ qui veut embrasser le changelin ? Elle a pas plus con comme idée ? Ca se nourrit d'amour pauv' cruche, c'était évident que t'allais déguster en te faisant violer la bouche !
Et la logique changeline qui est de remplacer quelqu'un qui est déjà là. Y a de la baisse de niveau à la ruche, on sent que c'est la crise, bordel.
Concernant la première remarque, il est vrai que que je n'ai pas correctement expliqué. Bon déjà, sachez-le, l'idée m'est venu en cours d'écriture du chapitre. Initialement, AJ devait juste poser de subtiles questions au coupable histoire qu'il aborde la tragédie Sweet Apple Acres. AJ l'aurait ensuite violemment attaqué. Pour en revenir à l'idée saugrenue, c'était afin d'être certaine que c'en était bien un. Je rappelle que même si elle est en mode revenge, elle n'en a pas moins des scrupules si le responsable était un poney (cf. promesse à Rarity). Alors qu'avec vous-savez-quoi... Après, elle avait clairement sous-estimé la puissance des capacités de ce dernier.
Au final, ce qui m'a permis de trancher est davantage le fait que ça m'a permis d'insérer un passage touchant avec Rarity
Toutefois, le second point que tu soulèves, et on en a déjà parlé ailleurs, était complètement calculé de ma part. Je ne peux malheureusement pas trop en révéler pour le moment, mais Coco Boy le magnifique (nom provisoire) est un cas particulier dans son genre. Le plus gros de l'avant-dernière partie de la fic (celle qui vient après l'arc sur lequel je planche actuellement) lui sera d'ailleurs consacré.
Bro-Nie a écrit:
Remarques en vrac : "changeling". Beuuuuuhhhh, pas beau. C'est changelin en français, sans g à la fin.
Je sais bien, mon cher. C'est juste que je n'aime pas la sonorité du mot en français. J'ai une préférence pour Changeling, et j'y tiens. C'est comme Cutie Mark, on a un équivalent français, mais je préfère la version originale
Le coup du "ôte ta main" me fait honte... Surtout que j'ai géré sur le restant de l'opéra pour remplacer les occurences humaines par celles des équidés...
Quand à ta remarque sur le paragraphe dédié à la pantomime, crois-moi, ça fait deux jours que j'ai une folle envie d'en supprimer les 3/4. Je me retiens, car il faut assumer ces erreurs, mais ce truc n'aurait jamais dû voir la lumière du jour...
Sinon, j'ai débuté l'écriture du chapitre 16 hier soir. Vu que j'ai franchi le cap le plus difficile de la fic, les chapitres devraient reprendre une parution plus régulière. Au passage, le début de ce prochain chapitre rappelera quelques souvenirs à ceux ayant lu ma précédente fic
Date d'inscription : 25/10/2012 Age : 28 Localisation : Genève
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Jeu 31 Jan - 19:00
Usui a écrit:
Bien, il est temps de répondre à mon critique assidu (même si j'aurais bien voulu avoir au moins un autre retour ). It's defense time!
Pardonne mon retard, j'ai une semaine un peu chargée mais j'ai réussi à me faire un petit créneau vite fait.
Alors, j'attendais cette suite avec impatience. Surtout que maintenant, je peut donner mon avis sur les deux parties!
Très bien commençons. Je rejoins Bro sur l'importance de la pièce dans les deux chapitres. La deuxième partie se concentre plus sur l'action principale que la pièce et j'ai préféré (hé oui Bro, tu n'est pas le seul qui n'a jamais lut Hamlet ) même si je dois reconnaître que tu as fais un travail excellent au niveau de l'adaptation. franchement je te tire mon chapeau sur se coup là, j'ose pas imaginer le temps qu'il t'a fallu pour modifier la pièce...
Spoiler:
Sinon, je n'ai pas vu de fautes d'orthographes.(sauf Changeling mais bon, déjà cité). J'aime toujours autant l'histoire, tes descriptions sont très bien, c'est fluides et les dialogues sont ni trop absent, ni trop présent, un vrai plaisir pour les yeux. Le fautif est enfin démasqué! (même si je savais depuis un moment qui c'était). Maintenant, j’attends les explications. Pour AJ qui va en tôle, je me fais pas de souci, la princesse va la libérer en deux temps trois mouvement... A moins que Twilight lui demande de ne pas le faire parce qu'elle pense qu'AJ en a trop fait (dans ce cas, je vois bien le pétage de plomb monstrueux! ).
C'est vrai qu'embrasser un Changelin, c'est pas malin.....
Par contre, le mec c'est envolé, elles vont faire quoi maintenant? J'ai l'impression que ta fic est pas prêt de se terminer j'ai tord? Si elle va encore durée, tant mieux! Je l'adore.
Sur ce, je te laisse à l'écriture de ton prochain chapitre. Au plaisirs.
Sujet: Re: (Terminée-22 chapitres)[Aventure][Sombre][Triste] Le Fruit de la Vengeance Jeu 31 Jan - 19:48
Merci pour ce commentaire Shy, ça me redonne beaucoup de peps pour la suite
Shy Butterfly a écrit:
même si je dois reconnaître que tu as fais un travail excellent au niveau de l'adaptation. franchement je te tire mon chapeau sur se coup là, j'ose pas imaginer le temps qu'il t'a fallu pour modifier la pièce...
A vrai dire, ce n'était pas tant un travail de modification q'un travail de sélection. En effet, hormis la dernière scène présentée, qui change complètement grâce à Fluttershy, c'était essentiellement des choix à faire. Quels scènes représenter? Quels répliques prendre? Quels personnages doivent être montrés en priorité? Le texte en lui-même a simplement subi quelques menues changements pour s'adapter aux poneys. le reste était du dosage pour garder un équilibre entre le récit et la représentation, qui devait être au service de l'intrigue
Pour les curieux, je me suis basé sur l'édition bilingue disponible chez Garnier-Flammarion
Shy Butterfly a écrit:
Spoiler:
Pour AJ qui va en tôle, je me fais pas de souci, la princesse va la libérer en deux temps trois mouvement... A moins que Twilight lui demande de ne pas le faire parce qu'elle pense qu'AJ en a trop fait (dans ce cas, je vois bien le pétage de plomb monstrueux! )
Autant prévenir de suite: ce n'est ni l'un, ni l'autre. J'expliquerais plus en détail dans le prochain chapitre, mais c'est inenvisageable. Mais si tu veux comprendre mon point de vue dès maintenant:
Spoiler:
-Celestia qui libère de suite AJ: La fermière a beau avoir sauvé à plusieurs reprises le pays, elle n'en demeure pas moins dangereuse. Elle a quand même menacé les FlimFlam, elle a failli s'en prendre à Blueblood, et elle a incendié (par accident, certes) un opéra. Heureusement, il n'y a pas de victimes, seulement quelques blessés légers, mais les faits sont là! Celestia mériterait vraiment son statut de troll si elle ne prenait pas la peine de juger AJ.
-Twilight qui demande à Celestia de ne pas libérer Applejack: ce serait complètement idiot de sa part. Elle ne peut pas mettre AJ sur le bas-côté, tout simplement parce que celle-ci est déterminée. La fille Apple serait capable de s'évader pour retrouver Coco Boy! Et honnêtement, j'ai pas envie de recommencer le jeu du chat et de la souris pendant dix chapitres^^ Il vaut mieux pour Twala et les autres d'avoir AJ à leurs côtés. Après tout, l'erreur de Rarity a été là: avoir laissé se débrouiller son amie seule. L'incendie ne serait certainement pas arrivé si elle était restée avec elle.
Shy Butterfly a écrit:
Par contre, le mec c'est envolé, elles vont faire quoi maintenant? J'ai l'impression que ta fic est pas prêt de se terminer j'ai tord? Si elle va encore durée, tant mieux! Je l'adore.
Déjà, elles vont s'affairer à sortir AJ du pétrin immédiat. Pour la suite logique, c'est possible de deviner le prochain endroit où elles se rendront.
Quand à la durée de la fic, il y en a encore au moins pour huit chapitres. Si je tiens un rythme régulier, on peut espérer voir le bout du tunnel d'ici fin mars, début avril. Donc oui, ça va durer encore un peu et il y a fort à parier que je dépasse au final les 200 pages
Merci encore de continuer à me suivre, ça me fait réellement plaisir, surtout quand il y a quelques défauts soulevés