#Ran Surround Maman du forum
Date d'inscription : 03/02/2012 Age : 38 Localisation : Angers
| Sujet: [Prequelle][Normal][Slice of Life]Pieces of Cake (titre provisoire) Dim 8 Sep - 13:38 | |
| J'avais toujours dit que les fics ne m'intéressaient pas. Mais j'avais cette histoire là en tête, donc j'ai voulu la raconter. Et puis voilà... J'espère la finir. J'espère qu'elle plaira. (Oui, j'ai un peu la pression). Résumé : Alors que M. et Mrs. Cake sont sur le point de perdre leur boutique, une ponette rose entre dans leur vie. - Spoiler:
Comme pour faire mentir l’humeur de Carrot Cake, le ciel était d’un bleu limpide au dessus de la gare de Canterlot. Le soleil caressait de ses chauds rayons le grand bâtiment aux toits violets et se reflétait allègrement dans les vitres de ses fenêtres. À cette heure de la journée, le quai était moins bondé que quand le jeune étalon jaune était arrivé, quelques heures plus tôt, le cœur serré d’angoisse. Il se rappela s’être arrêté quelques instants devant la grande horloge sous prétexte de lire l’heure (onze heures trente-six, le train était arrivé avec quelques minutes d’avance), juste pour rassembler un peu ses esprits et retrouver au fond de lui le maigre espoir avec lequel il avait quitté Ponyville. Les affaires allaient mal, à la maison, et Cupcake, sa jeune épouse, comptait sur lui pour négocier le nouveau prêt pour la boutique.
L’horloge était toujours là, en ce début d’après-midi, mais l’espoir s’était envolé. Le prêt avait été refusé, comme Carrot l’avait craint. L’entreprise était trop hasardeuse ; ouvrir une pâtisserie dans la ville même où les meilleurs desserts à base de pommes étaient créés, quelle idée ! Le couple ne devait s’en prendre qu’à lui-même si les ventes étaient faibles. Un nouveau prêt ? Là, la licorne qui l’avait reçu dans son bureau avait eu un petit rire.
« Monsieur Cake, commencez par rembourser les deux premiers prêts, et nous reparlerons. Transformez votre boutique en hôtel, vendez-la, ou trouvez-vous une autre banque. Mais nous ne pouvons plus vous donner un sou. »
Elle s’était penchée par-dessus son bureau impeccablement rangé, et avait ajouté avec une tristesse presque sincère : « Vous êtes conscient, j’espère, que vous êtes dans une situation très difficile ? Si nous n’avons pas un remboursement, même partiel, à la prochaine échéance, soit le mois prochain, nous serons obligés de saisir votre boutique. »
Son visage était si près du sien que Carrot pouvait sentir son haleine mentholée. Était-ce une légère odeur de pomme qu’il devinait derrière cette fraîcheur artificielle ?
Il avait baissé les yeux vers le chapeau qu’il triturait entre ses pattes avant.
« Il nous faut juste un peu de temps, avait-il insisté avec toute la conviction qu’il pouvait rassembler. Les fêtes arrivent bientôt, les commandes vont s’envoler, et… »
La licorne l’avait arrêté d’un geste.
« Nous vous avons laissé du temps, Mr Cake. Vous avez eu plus d’un an pour commencer le remboursement. »
Elle s’était levée et s’était dirigée vers la porte de son bureau qu’elle avait ouverte en grand. « Vous avez un mois. Je ne peux plus vous accorder un jour de plus. »
Carrot aurait pu plaider sa cause un peu plus longtemps. Mais c’était peine perdue, et il le savait. En silence, il avait posé son chapeau chiffonné sur sa crinière rousse et était sorti du bureau, abattu. Comme il passait le seuil de la porte, la licorne avait murmuré dans un souffle de menthe et de pomme : « Je suis navrée. »
Et, cette fois-ci, il l’avait crue.
Un choc soudain ramena Carrot à la réalité. Deux poulains jouaient à chat sur le quai de la gare et, pris dans le jeu, l’un d’eux l'avait percuté de plein fouet. Le jeune étalon jaune se pencha vers lui, prêt à l’aider à se relever et à soigner une éventuelle bosse d’une légère caresse, mais le poulain se redressa tout seul, se secoua, et courut rejoindre son compagnon après avoir bafouillé de rapides excuses.
Carrot jeta un nouveau regard vers l’horloge. Un rai de lumière qui s’y réfléchissait l’obligea à plisser les yeux. Quatorze heures cinq. Le train aurait déjà dû être là. Le jeune étalon se surpris à espérer un retard important. Tout plutôt que de voir la déception sur le visage de sa jeune épouse quand il rentrerait à la maison. Cette boutique, c’était son rêve à elle plus que le sien, et le voir s’effondrer si tôt allait la bouleverser. Peut-être qu’un hôtel… La suggestion de la licorne n’était peut-être pas si mauvaise. Certes, il n’y avait pas beaucoup de passage à Ponyville, mais ils n’avaient pas grand-chose à perdre, alors pourquoi ne pas essayer ? Quelques secondes, il joua avec cette idée, la soupesant, la développant, jusqu’à ce qu’un nouvel espoir se forme, espoir qui brilla pendant le temps record de quelques minutes, avant que les derniers mots de la licorne ne lui reviennent. Un mois. Un mois pour redresser la barre. Il en faudrait au moins deux fois plus pour se lancer dans quoi que ce soit.
La meilleure solution serait encore de fermer boutique et de retourner vivre à Dodge City. Son frère avait une chambre à louer, il pourrait les héberger le temps qu’ils se retournent. Le rêve de Cupcake serait réalisé plus tard, voilà tout. Dans une ville qui ne ferait pas les meilleurs desserts à la pomme du coin.
Quand le sifflet du train retentit, Carrot avait pris sa décision. Dès le lendemain matin, Cupcake et lui commenceraient leurs bagages. À quoi bon continuer à se battre ? La bataille était perdue. Ils la reprendraient juste plus tard, quand ils seraient mieux préparés.
Le train entra en gare au moment où Carrot commençait à planifier la vie à Dodge City, et quand les portes de bois s’ouvrirent pour vomir l’habituel flux de voyageurs qui venait envahir la capitale à n’importe quelle heure du jour, l’avenir ne semblait déjà plus aussi sombre. Ce fut d’un pas presque dansant que l’étalon jaune sauta dans un compartiment presque vide. Il s’installa sur une banquette, étira ses longues pattes fatiguées, et jeta un œil autour de lui.
Une jeune mère, une jolie pégase à la robe vert pâle, venait de s’avachir dans le coin opposé du wagon. Elle portait une selle sur laquelle deux petits couffins avaient été attachés et dont elle se défit avec une infinie douceur avant de la poser à côté d’elle, sur la banquette. De sa place, Carrot ne voyait que les museaux des poulains. Ils semblaient endormis. La jeune mère ne tarda pas à les suivre dans le sommeil. La pauvre semblait épuisée, se dit le jeune étalon. Les poulains ne devaient pas toujours dormir aussi paisiblement.
Sur la banquette qui faisait face à la sienne, une jeune pouliche rose pâle était également assoupie. Elle était roulée en boule sur les coussins rouges et ses épaisses boucles d’un rose plus sombre s’étaient emmêlées jusqu’à former une masse informe autour de son visage. D’après le filet de salive qui coulait de sa bouche entrouverte jusqu’au baluchon qui lui servait d’oreiller de fortune, cette voyageuse là devait être ici depuis un moment.
« Elle voulait peut-être descendre à cette gare, » se dit Carrot Cake.
Il s’approcha d’elle et la secoua le plus doucement possible.
« Mademoiselle ? Mademoiselle, nous sommes à Canterlot… Est-ce que v… »
À sa stupéfaction, la pouliche se raidit soudain, et, les quatre pattes tendues devant elle, ouvrit des yeux énormes tout en criant : « Porridge ! »
Après quoi elle reprit sa position et se mit à ronfler doucement. Carrot en resta pantelant. Il n’avait pas encore repris ses esprits quand le train s’ébranla. Il s’installa sur sa banquette, sans quitter la jeune pouliche des yeux. S’était-elle seulement réveillée ?
Le train prenait peu à peu de la vitesse. Bientôt, les bâtiments s’espacèrent, laissant place à des étendues d’herbe de plus en plus grandes. Dans le compartiment, le calme régnait. Bercé par les respirations régulières de ses compagnons de voyage et le bruit régulier du train, Carrot Cake sentait ses angoisses le quitter peu à peu.
« Dodge City est plutôt agréable à vivre, se disait-il alors que le sommeil commençait à le gagner également. Nous pourrions nous spécialiser dans les pâtisseries à base de cerises. Ils ont de très bonnes cerises, là-bas. Et qui sait, avec la famille aussi près de nous, il serait peut-être plus facile de fonder une famille. Cupcake est si angoissée, toute seule, à Ponyville… »
Le train arrivait au pont enjambant la grande rivière quand la pouliche au baluchon se réveilla en sursaut.
Elle cligna des yeux deux ou trois fois et regarda autour d’elle d’un air hagard.
« Mais, mais… où est passé tout le monde ? » bredouilla-t-elle d’une voix mal assurée.
Carrot lui sourit.
« Beaucoup de voyageurs sont descendus à Canterlot, mademoiselle, » répondit-il.
Elle le fixa quelque seconde, puis poussa un cri aigu.
« ON A PASSÉ CANTERLOT ?! »
Le son de sa voix affolée réveilla sans ménagement les deux poulains qui se mirent à hurler en chœur, tirant leur jeune mère de son propre sommeil. Sans un regard pour Carrot et la pouliche rose, elle se mit à chantonner doucement tout en berçant d’une patte légère les petits couffins. Elle semblait ailleurs, perdue dans un monde de tendresse et de fatigue où seuls elle et ses petits existaient. Tout désolé qu’il soit pour elle, Carrot ne peut réprimer un sourire. Ce regard plein de douceur ressemblait à celui que lui réservait Cupcake quand il était malade et qu’elle prenait soin de lui.
La pouliche rose, consciente d’avoir gaffé, se confondait en excuses que la pégase n’entendait pas. Petit à petit, les pleurs des poulains se firent moins forts. Quand le train arriva au bout du long pont, la petite famille était à nouveau profondément endormie.
« Nous avons passé Canterlot il y a quelques minutes, expliqua Carrot à la pouliche d’un ton désolé. J’ai essayé de vous réveiller, mais vous dormiez si profondément… »
La demoiselle poussa un gémissement mesuré.
« Je savais que je n’aurais pas dû m’endormir… Ces banquettes sont trop confortables. »
Elle donna un petit coup au coussinet de sa banquette, comme pour le punir d’être aussi moelleux.
« Enfin. » Elle se redressa, et sa moue disparut. « Quel est le prochain arrêt ?
- Ponyville, répondit Carrot. C’est assez loin de Canterlot, je doute que vous trouviez un transport pour vous y rendre dans la journ… »
Elle l’interrompit.
« Ponyville ? C’est mignon comme tout, comme nom ! Tant pis pour Canterlot, je vais passer quelques jours là-bas.
- Personne ne vous attend à Canterlot ?
- Hein ? Non. Enfin si. Tous les poneys que je ne connais pas encore. Ils m’attendent partout ! Ici, à Ponyville, à Canterlot. Il y a tellement de choses à découvrir ! Ponyville sera très bien. »
Surpris, Carrot dévisagea la jeune pouliche. Elle était tout à fait sérieuse. Le fait de débarquer dans une ville qu’elle ne connaissait pas ne l’inquiétait pas le moins du monde. Au contraire, ses yeux étaient remplis d’excitation et son museau déjà rose avait pris une teinte presque pourpre comme elle décrivait tous ces poneys qui l’attendaient sans le savoir.
« Mais… »
Habitué à régler sa vie minutieusement, l’étalon jaune était perdu.
« Mais vous avez un endroit où loger, à Ponyville ? »
La pouliche s’interrompit et haussa les épaules.
« Je trouverai. Je demanderai aux poneys que je rencontrerai. Et il fait beau, je pourrais toujours dormir sous un arbre. La lune est si belle, en ce moment ! On a l’impression qu’elle nous regarde et qu’elle veille sur nous, pas vrai ? Parfois, j’ai l’impression d’y voir un visage. Quand j’étais petite, je lui parlais parfois. Mes sœurs se moquaient de moi, mais je m’en fichais. C’était rigolo de…
-Mademoiselle…
- Pinkie !
- Pardon ?
La pouliche sourit et tendit la patte à Carrot.
« Je m’appelle Pinkie. Pinkie Pie. Et toi ? »
L’étalon aurait été incapable de dire ce qui, du sourire radieux, de la chaleur que dégageait la pouliche, ou du tutoiement soudain le surprenait le plus. Mais quel que fut cet élément mystérieux, il l’attirait. Sans qu’il s’en aperçoive, le même sourire était apparu sur son visage, et il frappa son sabot contre celui de Pinkie en répondant : « Cake. Carrot Cake. J’habite Ponyville avec mon épouse, Cupcake. »
Il ne l’aurait pas cru possible, mais à ces mots, le visage de Pinkie sembla s’éclairer encore davantage.
« Cake ! Les gâteaux et les tartes sont faits pour s’entendre. Je savais que tu étais une âme sœur. Tu crois aux âmes sœurs ? Moi je crois qu’il y a des poneys dans la vie qu’on est censé rencontrer parce qu’ils sont liés à nous. Comme si nous étions tous les morceaux d’un même gâteau qui avait été partagé et qui était destiné à se rassembler. Je suis sûre qu’on vient du même gâteau, toi et moi et Cupcake. Quel joli nom ! Je l’aime déjà. »
Carrot sourit à nouveau.
« On ne peut pas ne pas l’aimer.
- Je le savais ! Tu es chaleureux, monsieur Cake. Elle doit être tout aussi chaleureuse si elle t’a épousé. Oh, je suis contente de passer quelques jours à Ponyville ! J’aimerais la rencontrer. Et j’espère t’y croiser aussi. Tu vois ? Tu fais partie de ces poneys qui m’attendaient. Et moi, je t’attendais aussi. Tu le savais, que je t’attendais ?
- Non, je ne pense pas l’avoir su…
- Et maintenant ? »
Les yeux bleus de Pinkie lui mangeaient le visage quand elle posa la question. Quelques minutes plus tôt, Carrot aurait ri à cette simple idée. Et pourtant, ce babillage naïf le séduisait. Il était irrésistiblement attiré par cette pouliche à peine sortie de l’enfance. Il sentait soudainement son cœur si malmené par l’angoisse se dilater, comme si une douce chaleur l’envahissait soudain et l’obligeait à battre plus fort.
« Je crois, s’entendit-il répondre. Je crois que j’attendais quelque chose. Ou quelqu’un. Mais je ne sais pas si c’est moi que tu attendais, je n’ai pas grand-chose à offrir. Mais… »
Pinkie battit des sabots avec bonheur.
« Tu verras, on a toujours quelque chose à offrir. Oh ! Oh, c’est quoi, ça ? »
Le train venait de passer les premiers bâtiments de Ponyville, et Pinkie s’était tue d’un coup. Carrot suivit son regard et, soudain, il lui sembla voir la ville pour la première fois. Ces petites maisons blanches à colombages dont les toits de chaume semblaient avoir la douceur du coton, les grands bâtiments aux couleurs chatoyantes, roses, violets, bleus, la verdure omniprésente, et les poneys, les poneys qui en parcouraient les rues avec bonheur et insouciance, parant la ville de leurs couleurs diverses et de leurs pas dansants. Comment avait-il pu penser une seconde à la quitter ?
« C’est Ponyville, Pinkie.
- Oh, monsieur Cake ! C’est adorable ! »
Elle lui jeta un regard plein de reproche.
« Comment peux-tu penser que tu n’as pas grand chose à offrir ? Tu m’as offert Ponyville. C’est pas grand-chose, Ponyville ? Non. Ponyville, c’est beaucoup. »
Carrot ne répondit pas, mais au fond de lui, il approuvait de tout son cœur. Ponyville, c’était beaucoup. Et surtout, c’était chez lui.
Dernière édition par Ran Surround le Dim 8 Sep - 18:41, édité 1 fois |
|