« Tu vois, on a eu nos cutie mark. C’est bizarre, mais on savait que t’allait pas aimer, alors on te les a pas montrées. »
AppleJack fut surprise de la légèreté du ton qu’employait sa petite sœur. Et surtout, horrifiée. Son sabot vola jusqu'à la figure de la pouliche, qui fut projeté sur le sol.
« AppleJack ! » Fit-elle, en larmes. « Pourquoi tu as fait ça ? J’ai fait quoi ? »
La fermière bouillait de rage, et ne lui répondit même pas. Elle se tourna plutôt vers BigMac.
« Tu le savais ? Tu le savais, toi, hein ? Quand on s’est vus ! Et tu ne nous a rien dit ! Quel menteur tu fais… Comment as-tu pu laisser faire ça ? »
« AppleJack… Quand tu es venue me voir, je n’en savais rien, tu venais de me l’apprendre. Mais plus tard, elles sont venues me voir, et m’ont racontées l’histoire. » Il montra Silver Spoon et Diamond Tiara. « C’est simple. Assez simple pour que même moi, je puisse comprendre. » Il émit un petit rire grinçant. « Ce matin, Diamond Tiara, Silver Spoon, Applebloom et Sweetie Belle se sont enfin entendues sur quelque chose. C’est un peu un miracle. Il fallait tuer Scootaloo. C’était facile. Applebloom l’attirait dans un coin, Diamond et Silver la tenait, Sweetie lui passait le garrot, et nôtre sœurette enfonçait le couteau dans le corps épuisé par le manque d’oxygène. Simple, mais efficace. »
AppleJack était au bord des larmes. Elle était entourée par quatre meurtriers, et son frère, qui se rendait complice du crime. Elle cherchait désespérément une raison à tout cela.
« Pourquoi, bon Dieu ! Pourquoi ? »
C’est Sweetie Belle qui lui répondit.
« On voulait voir si on aurait nos cuties marks de meurtrières ! Croisées de la Cutie Mark, meurtrières ! C’est joli, hein ? Et puis, Silver et Diamond voulaient s’excuser de nous avoir embêté a l’école, et elles nous on proposés de les aider. Hein Applebloom ? »
La pouliche se relevait, un peu sonnée.
« Oui, grande sœur ! On a rendu service a la ville, on s’est réconciliées avec Diamond et Silver, on a eu nos marques… Pourquoi es-tu en colère ? Tu devrais être fière de nous… »
AppleJack les regardait une a une, toujours sans comprendre. Tout cela ne répondait pas à sa question ! Diamond prit la parole.
« Euh… Vous devez vous demander pourquoi on se battait tout à l’heure… Applebloom ne voulait pas vous montrer sa cutie mark, car elle avait peur que vous vous fâchiez… Nous, on pensait que ça vous ferait plaisir, au contraire. Mais on s’est trompées, en fait… Désolé. Du coup, on avait mis le tonneau sous le pont, afin que vous ne vous énerviez pas.»
AppleJack restait ébahi devant la pouliche. Elle se tourna alors vers BigMac.
« Toi ! Explique-moi, enfin ! Pourquoi elle ? Pourquoi Scootaloo ? Qu’est-ce qu’elle avait fait ? »
BigMac lui attrapa le sabot, et la regarda dans les yeux.
« Réfléchis, bon sang ! Tu ne peux pas la déclarer innocente juste parce qu’elle n’a rien fait ! »
« Comment ça ? »
« Enfin, il y a bien des choses qui ne te plaisait pas, chez elle… Sa voix… son énergie, sa manie de se mettre dans les pattes des gens … Elle a déjà fait quelque chose pour toi ? »
AppleJack ne voulait pas y penser, mais elle était obligée.
Sa voix lui brisait les tympans… Une fois, elle lui avait demandé de ramasser une pomme qui était tombée, et elle l’avait fait de mauvaise grâce. Mais c’était stupide ! Ce n’était pas la faute de cette petite, si elle avait une voix faite ainsi… Et elle l’avait ramassé, cette pomme, finalement…
BigMac continuait de la fixer dans les yeux. Comme si… il lui transmettait la haine de toute la vile avec les yeux. La ponette ferma les siens, ne pouvant plus soutenir cette tension.
« C’est stupide ! On ne déteste pas quelqu’un pour son timbre de voix, pour son attitude… Pas au point de la tuer… C’est stupide… »
« AppleJack… Qui cassé la palissade la semaine dernière ? »
La fermière était surprise de la question de son frère, car celle-ci n’avait rien voir là-dedans.
« C’est moi ! Je m’entrainais pour le rodéo… Tu le sais très bien ! »
« Non. Ce n’était pas toi. »
La cow-mare était perplexe.
« C’était Scootaloo. Ce n’était pas toi, c’était Scootaloo, la petite, qui aime briser des choses, juste pour le plaisir de détruire. Et mon collier, qui s’est fendu ? Lorsqu’Applebloom l’a détruit, c’était Scootaloo, qui l’avait manipulée, pour le plaisir de semer la zizanie. C’est Scootaloo. Elle n’avait pas de parents, et essayait de se venger, car nous formons une famille heureuse. »
AppleJack cligna des yeux en comprenant ce que voulait dire son frère. C’était…tellement injuste, tellement… horrible.
« AJ… »
Cette dernière se retourna. Rainbow Dash et Twillight était arrivées pendant que BigMac lui expliquait.
« Rainbow ! Tu as entendue ce qu’il a dit ? »
« Oui… Ecoute, on m’a tout dit. J’en ai parlé à Twillight. »
« Dashie… Que devons nous faire ? »
« J’ai fait mon choix. » La pégase se mit à coté de l’étalon. « J’ai choisi la voix du repos, de la sérénité, de l’innocence. Celle de la facilité. AppleJack… tu devrais faire la même chose. Cela serait plus simple. Beaucoup plus simple. Ce n’est que Scootaloo. Juste Scootaloo. »
« Je suis l’élément de l’honnêteté ! Je ne peux pas me dire que c’est sa faute, car je sais que c’est un mensonge… »
« Sauf si tu crois que c’est vrai. »
Tous se retournèrent vers Twillight, qui venait de parler.
« Regarde moi, je te prie. Dans les yeux. C’est Scootaloo qui a fait ça. La palissade, le collier, tout ce qui t’es arrivé de mauvais… c’est elle. Juste elle. Aurait-ce été juste qu’elle continue de vivre, et de continuer à faire du mal autour d’elle ? » Aucun poney ne vit le léger halo entourer la corne de Twillight.
« Je ne comprends pas, Twalla… Pourquoi elle aurait fait ça ? »
« Car elle est mauvaise. Il existe de bons poneys, comme nous, et de mauvais poneys, qui se nourrissent de haine, et se délectent de voir le monde enrobé de malheur. C’est ce qu’était Scootaloo. Mauvaise. La moindre fibre de son corps respirait la haine. C’est une bonne chose qu’elle soit morte, tu ne trouve pas ? »
« Twalla… je sais pas. »
« Alors suis-moi. Suivez moi tous. »
Tout les poneys présents murmurèrent, puis suivirent la licorne lorsqu’elle sortit de la cabane, en se demandant où allaient-ils se rendre. Après un petit quart d’heure de marche, ils arrivèrent à Ponyville. Là, plus aucune trace du marché du matin, et le soir commençait à tomber. AppleJack s’attendait à voir la ville terne, comme tous les soirs, mais devant ses yeux, se déroulait une toute autre ambiance. Des loupiotes étaient allumés un peu partout, des musiciens, sur une petite scène jouaient un air entrainant pour la foule, et celle-ci dansait ou mangeait à de petits comptoirs disposés un peu partout. La fermière se doutait du pourquoi de cette fête, mais sa pensée fut confirmée par des poulains qui frappait une pinata représentant une caricature de Scootaloo, le visage déformé.
La Maire stoppa la fête, et monta sur la scène.
« Et voilà les héroïnes du jour ! » BigMac et Twillight firent monter Applebloom, Sweetie, Silver et Diamond sur l’estrade, aux cotés de la bourgmestre. Tout cela sous les applaudissements de la foule, évidemment. La jument qui présidait fit un petit discours sur l’importance d’avoir des jeunes dévoués au bien de la communauté, et n’oublia pas de faire quelques blagues de mauvais gout sur la défunte. Les poneys riaient de bon cœur. C’était une parfaite petite fête de ville, organisée évidemment par Pinkie. AppleJack se laissa finalement convaincre par la majorité écrasante. Tout ne pouvait aller que pour le mieux désormais. Elle parti avec Rainbow s’acheter a manger, et profita, comme les autres, de la fête.

« Chère Princesse Celestia.
Comme vous m’aviez demandé de la faire, j’ai rétabli l’équilibre a Ponyville. J’espère que les autres commissaires en font autant ailleurs. Le peuple est heureux, et la cible est éliminée. La vie se déroule paisiblement. Je vous remercie de m’avoir accordé votre confiance, et j’’espère que vous êtes satisfaite de mes services.
J’ai pris la liberté de designer une autre cible, pour assurer le soutien du peuple.
Bien à vous, Twillight Sparkle, Commissaire de l’équilibre à Ponyville. »

« Serre bien fort, surtout ! Il faut voir les veines, sinon, ton amie ne pourra pas faire son travail correctement. » Sweetie Belle plissa les yeux, et entoura parfaitement le sabot du patient, tandis qu’AppleBloom enfonça l’aiguille dans la veine du vieux poney, et injecta la solution.
L’infirmière était très fière de ses deux nouvelles apprenties. Pour les prises de sang et les injections, elles se débrouillaient parfaitement en duo. Finalement, ce talent ne leur servait pas a rien. De plus, il était assez rare que les patients se plaignent, tellement le travail était rapide. Ces deux là seraient de très bonnes professionnelles de santé, pour sûr.

Une poubelle se renversa sur le passage du poulain, qui filait à vive allure. Le pauvre, il ne comprenait pas. Il se reposait tranquillement contre un arbre, quand ses amis sont venus le trouver. Au lieu d’aller jouer, comme il pensait que c’était la raison de leur venue, un d’eux lui jeta une feuille à la figure.
« C’est quoi ? »
« C’est… c’est un 2/20, pourquoi ? Je dois avouer que tu l’as pas vraiment réussi, ce contrôle… »
« Fais pas le malin ! On sait que c’est toi qui nous distrais. Je suis sûr que tu m’as volé des cours, pour que je puisse pas réviser ! »
Il ne put clamer son innocence qu’il se prenait un sabot dans la figure. Ce comportement soudainement violent l’avait choqué, mais après s’être pris un coup dans l’estomac, il avait préférer fuir de ses anciens amis. Maintenant, il se tenait caché sous un porche, en ne pensant qu’à leur échapper.
« Le voilà ! A droite ! »
Il n’avait plus aucune sortie, les poulains l’encerclaient, désormais, et son cœur battait plus vite que jamais. Pipsqueak sentait la fin arriver.