« Est-ce... est-ce qu'elle va s'en sortir ? »
« Applejack, elle a vraiment prit un mauvais coup. Elle ne peut simplement pas le supporter, pas à son âge. Tu aurais facilement put y survivre, mais elle... »
« Est-ce que je peux la voir ? »
Nurse Redheart hésitait un peu, mais elle accepta. Elle acquiesça et fit signe à Applejack de la suivre dans la salle d'attente.
« Attends ici, s'il te plaît. » dit-elle. Applejack prit un siège, retira son chapeau, et commença à fixer le sol.
Elle n'arrivait plus à se concentrer, trop de pensées traversaient son esprit pour ça. A l'extérieur, Nurse Redheart discutait avec l'un des docteurs en regardant un dossier. Le docteur remuait la tête pendant que Nurse Redheart essayait de le convaincre, mais Applejack ne le remarquait pas. Son attention fut soudain retenue par quelques jeunes pouliches qui jouaient dans la salle d'attente avec des cubes à lettres. J-O-U-R. Jour. F-O-U-R. Four. Elles continuaient à épeler des mots pendant qu'Applejack réfléchissait.
Elle avait fait pareil pour Applejack. Quand Applejack commençait à apprendre des choses et à s'accoutumer à la vie à la ferme, elle le faisait tout les jours.
« J-O-U-R. Bien joué, Applejack ! » disait-elle, suite à quoi Applejack lui souriait, pleine de satisfaction. « Maintenant écris pomme » disait-elle. Elle continuait à lui demander des mots jusqu'à ce qu'Applejack veuille faire autre chose, ou jusqu'à ce qu'Applejack demande quelque chose de plus dur, auquel cas elle lui donnait un mot compliqué pour la taquiner. « Pommes flambées. » Disait-elle. C'était toujours une sorte de recette étrange, qu'Applejack ne comprenait toujours pas aujourd'hui.Elle se surprit à regarder ailleurs. A sa droite, une infirmière lisait une histoire à un poney.
Elle lut sur ses lèvres « Il était une fois un poney qui vivait dans une chaussure... ». Ses yeux s'humidifièrent et elle remit son chapeau, cachant ainsi se yeux aux autres poneys de la salle d'attente. Elle avait aussi lu cette histoire à Applejack. Toutes les nuits avant de dormir, elle lisait une histoire à Big Macintosh et à Applejack, des comptes pour enfants que sa mère lui lisait quand elle était jeune. Big Macintosh fini par grandir et s'en passer, mais Applejack insistait pour qu'elle lui en lise une chaque nuit... même si elle savait qu'elle avait passé l'âge depuis longtemps, elle voulait toujours qu'elle lui en lise une au moins une fois par semaines. Elle n'avait arrêté qu'il y a un mois... et maintenant elle voudrait ne pas l'avoir fait. Si seulement elle avait pu lui lire une autre histoire... juste une de plus...
« Applejack ? » dit Nurse Redheart. Applejack la regarda, et senti des larmes couler sur ses joues. Réalisant cela, elle baissa à nouveau la tête afin de cacher son visage. « Suis-moi, s'il te plaît. » dit-elle. Applejack trotta lentement derrière elle, tout en continuant de regarder le sol. Finalement, Nurse Redheart s'arrêta devant une porte ouverte et demanda à Applejack d'entrer. Applejack resta immobile, elle tremblait et n'était pas sûre de ce qu'elle devait faire.
« Applejack... ça va aller. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je ferais tout ce que je pourrais. » Dit-elle en faisant rentrer Applejack dans la pièce. Elle ferma la porte derrière elle en sortant, laissant Applejack seule avec la patiente cachée par un rideau blanc qui entourait le lit. Applejack s'approcha lentement puis décala le rideau doucement, comme si cela pouvait changer quelque chose. Applejack retint ses craintes et regarda Granny Smith.
Elle savait que Granny Smith allait mal... mais pas à ce point. Ses yeux étaient tournés vers l’intérieur de sa tête et regardaient presque son crâne. Sa langue pendait d'un coté de sa bouche, et sa respiration était seulement régulée par les quelques fonctions de son cerveaux qui n'avaient pas encore cessées.
Alors qu'elle était en train d'essayer d'atteindre un pot de pommes pour cuisiner une tarte, Granny Smith avait glissé. Le pot était tombé de l'étagère, et avait atterri sur sa tête. A cause de son âge, ses os, fragiles et faibles, ne purent supporter le choc. Elle eu un anévrisme cérébral, qui finira par atteindre toutes les fonctions de son cerveau. Il ne lui restait pas longtemps à vivre... Applejack savait cela. Malgré tout, elle s'assit dans une chaise plutôt inconfortable qu'elle déplaça près du lit et regarda Granny Smith, tandis que des larmes coulaient sur son visage.
« J'imagine que je ne peux pas vraiment dire bonjour... ou au revoir. » commença-t-elle en prenant les sabots de Granny Smith dans les siens. « Tout ce que je peux vraiment dire... c'est... » commença-t-elle. Il était inutile d'essayer de dire quoi que ce soit. De toutes façons, Granny Smith ne pouvait pas entendre ce qu'elle disait. Applejack avait juste besoin de lui parler une dernière fois. « ...Je crois que je voulais juste dire... merci... » commença-t-elle. La machine à coté du lit comptait son pouls en émettant des bips sonores. « Tu m'as apprit tout ce que je devais savoir pendant ces année... tu était toujours patiente avec moi. Même après que je t'ai vexé en disant que j'allais avec la famille orange, tu m'as accueilli en souriant à mon retour. Tu m'as apprit toutes mes manières... quoi qu'en pense Rarity... » dit-elle en se remémorant tout les dîners qu'ils avaient passé ensemble elle, Applejack, et Big Macintosh. A chaque fois que Applejack essayait de manger, Granny Smith s'assurait toujours de la réprimander si elle commençait avant la prière. Elle s'assurait également que Applejack lavait les plats après le repas, ou qu'elle mangeait avec les deux sabots, qu'elle ne prenait pas de trop grosses bouchées...
« … Tu m'as apprit à ne jamais mentir... » continua-t-elle avant de faire une pause, un sourire commençant à apparaître derrière ses larmes.
Un jour, Applejack avait accidentellement sali la maison en rentrant après avoir marché dans la boue. Elle avait récemment reçu Winoa, son chien, comme cadeau d'anniversaire. Il y avait eu un grand orage cette nuit et elles avaient toutes les deux couru du champ jusqu'à la maison, ramenant ainsi de la boue. Granny Smith, assise dans sa chaise à bascule, les arrêta et, regardant les traces, demanda à Applejack :
« Applejack ? As-tu ramené de la boue dans la maison ? » avait-elle demandé calmement.
« Non, maman. C'était Winoa. » répondit-elle.
« Applejack, en es-tu sûre ? » demanda-t-elle à nouveau, toujours calmement.
« Oui maman. »
« Pourquoi y a-t-il des traces de sabots ? »
« Je ne sais pas, peut-être que Big Macintosh les a fait. » dit-elle en espérant qu'elle n'aurait pas de problèmes.
« Applejack, je te laisse une dernière chance pour me dire la vérité. » dit-elle, toujours stoïque.
« C'était Winoa ! Je le jure ! » répondit-elle. Applejack ne se souvenait pas de la dernière fois qu'elle avait été giflée aussi fort... mais elle avait retenu la leçon.Je me souviens de tout ce temps que tu as passé à me lire des histoires... à m'apprendre à écrire... et de Winoa... » dit-elle, ses lèvres tremblants lorsque qu'elle dit ces derniers mots. « … Je suis sûre que tu lui manque à elle aussi. »
La machine près d'elle continuait d'émettre des bips, avec un intervalle de plus en plus long.
« Tu... tu m'as vraiment tout apprit pour que je sois le meilleur poney possible. Je... nous n'avons jamais connu nos parents... tu es la seule que j'ai connu... » dit-elle. Ses parents étaient morts lorsqu'elle avait un an et demi. Big Macintosh en avait cinq. Depuis, Granny Smith s'était occupé d'eux comme une mère. « ...Et honnêtement... » elle réussi à reprendre ses esprits pour lui dire « Je n'échangerais ça pour rien au monde. ».
Applejack avait de plus en plus de mal à retenir ses larmes de colère et de frustration. Pourquoi Dieu avait-il laissé cela se produire ? Pourquoi a-t-il fallu que ça arrive à elle ? Granny Smith était le membre de sa famille qu'elle appréciait le plus... elle lui avait tout apprit... elle avait encore beaucoup à lui apprendre... ce qui dérangeai le plus Applejack était le fait qu'elle avait toujours pensé que cette situation était immuable. Elle n'avait jamais réellement pensé à la mortalité des êtres vivants... elle savait que les pommes grandissent puis meurent... mais... le membres de la famille Apple ? La réalité la frappa de plein fouet tandis qu'elle arrêtait de parler et essayai de trouver autre chose à dire.
Elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle lorsque Big Macintosh entra. Applejack se leva rapidement et se précipita vers son frère pour le serrer contre elle, et commença à pleurer contre son torse. Il posa un sabot sur sa tête et la caressa doucement. Applejack sentait des tremblements venant de son frère, et quelques gouttes tombèrent sur son front. Elle ne l'avait jamais vu pleurer... ou montrer la moindre émotion, vraiment... c'était étrange...
« Je suis désolée, Big Macintosh... » murmura-t-elle. Il ne dit rien, mais la serra plus fort contre lui. Après quelques minutes, elle le relâcha et retourna sur sa chaise. En la regardant plus attentivement, elle s'aperçut qu'il s'agissait en fait de l'ancienne chaise de Granny Smith. Elle eu un mouvement de recul et approcha une autre chaise du lit avant de s'effondrer sur cette dernière. Big Macintosh s'assit sur une chaise de l'autre coté du lit et prit un des sabots de Granny Smith. Applejack prit l'autre, et ils commencèrent tout les deux à la regarder en silence.
« Granny Smith... Je crois que ce que j'essayais de te dire tout ce temps... c'est... que je t'aime vraiment. » commença-t-elle. Elle sentit son sabot bouger un peu, presque comme si Granny Smith lui disait que ça allait. « J'aurais juste aimé que l'on puisse passer plus de temps ensemble. Tu vas me manquer... mais ne t'en fais pas... nous prendrons soin de la ferme... et d'Applebloom... on va réparer cette vieille grange... et planter plus d'arbres... on va prendre plus de vaches, gagner plus d'argent, acheter plus de chiens, faire avoir des chiots à Winoa... »
« Sœurette. » dit Big Macintosh. Applejack le regarda fermer les yeux et baisser la tête. Elle arrêta de parler, et seulement à ce moment elle entendit une sonnerie, faible mais constante, venant de la machine qui se trouvait derrière elle. Applejack baissa également la tête, sanglotant plus fort que jamais lorsqu'elle comprit ce qui venait de se passer. Des larmes coulaient sur le visage de Big Macintosh, qui regardait le corps vert et sans vie de Granny Smith. Il posa ses deux sabot sur son visage et ferma ses paupières, afin de donner l'impression qu'elle se reposait paisiblement. Il tendit son sabot à Applejack, qui le saisi aussitôt. Ils posèrent tout deux leur sabot libre sur Granny Smith, baissèrent la tête, et prièrent pour elle en pleurant. Une fois que Big Macintosh les eu relâchées, il se releva et commença à trotter vers la porte.
« Applejack ? » demanda-t-il.
« Laisse... laisse moi juste un instant. » Big Macintosh acquiesça et sortit en refermant la porte.
Applejack se retourna vers Granny Smith. « Je t'aime... je... je t'aime. Il n'y a pas de meilleure façon de le dire. J'espère juste que quelque soit l'endroit depuis lequel tu me regarde et ce que tu es en train de faire... je pourrais te rendre fière de moi... que je pourrais devenir le poney que tu voulais que je sois... que je... » elle s'arrêta pour réfléchir à la meilleur façon de résumer ce qu'elle ressentait. « … Que je ferais honneur au nom de la famille Apple. ».
Après avoir dit ça, Applejack trotta lentement vers la sortie. Elle devait maintenant annoncer cela à Applebloom, et s'occuper des préparations pour les funérailles.
***
Applejack alla aux pompes funèbres, un petit sac attaché sur son dos. Les vérifications avaient lieux aujourd'hui... elle allait en faire la plus grande partie.
« Bonjour, Applejack » dit le gérant. « Elle se trouve près du coin. Toutes mes condoléance. »
« Oui... merci. » répondit-elle en trottant vers le coin de la pièce pour se retrouver face à un grand et sombre cercueil en bois. Applejack et Big Macintosh avaient coupé l'arbre en face de la maison sous lequel Granny Smith se reposait toujours dans son fauteuil. Ils avaient ensuit envoyé le bois à un charpentier pour qu'il en face ce cercueil. C'était le moins qu'ils pouvaient faire.
Big Macintosh arriva peu de temps après elle.
« Sœurette ? » demanda-t-il. « Qu'est-ce que tu fais là ? »
« Je suis venu lui rendre hommage. Il y a aussi quelques objets que je voudrais enterrer avec elle. » dit-elle en détachant son sac. Big Macintosh acquiesça pendant qu'Applejack essayait de faire rentrer tout le sac dans le cercueil. Le sac tomba et son contenu se répandit sur le sol. Applejack se baissa rapidement pour récupérer ses objets mais fondit en larme immédiatement. Big Macintosh s'assit par terre derrière elle et examina ce que contenait le sac.
« Je... ce sont juste les bons souvenirs qu'elle m'a donné. Je pense que... je veux juste les lui rendre. » dit-elle en récupérant quelques objets.
« Quelques uns de mes blocs à lettres... pas tous, bien sûr... » dit-elle en les remettant dans son sac.
J-O-U-R...« Un de nos livres d'histoires... pas mon préféré, bien sûr... »
Il était une fois un vieux poney qui vivait dans une chaussure...« Une copie de la photo que l'on avait prise le jour où j'ai eu Winoa... sans boue.. » dit-elle en se perdant à nouveau dans ses souvenirs.
« Une copie de la dernière photo que l'on a prit ensemble... » continua Applejack.
« Et sa canne... »
Applejack ne réussi pas à se retenir plus longtemps et pleura à nouveau, Big Macintosh la serra contre lui pour la réconforter.
« Et si elle ne sait pas que je l'aimais, Big Macintosh ? »
« Elle le savait. »
« Comment peux-tu en être sûr ? Je n'ai vraiment pas agi correctement parfois... »
« Elle le sait parce qu'elle t'aimait, elle aussi. Elle était pressée que tu rentre de l'école tout les jours. Lorsque tu nous as quitté pour rejoindre la famille Orange ça lui a brisé le cœur. Elle n'arrêtait pas de dire que tu lui manquais et qu'elle voulait que tu revienne. Et je ne l'ai jamais vu aussi heureuse que lorsque tu es revenue. »
« Big Macintosh... elle a continué à me lire des histoires jusqu'au mois dernier... maintenant j'aimerais qu'il y en ai eu au moins une autre... » admit-elle.
« Je sais, Applejack. Je restais debout et je l'écoutais. Mais tu sais quoi, Applejack ? »
« Quoi ? »
« Je pense que la dernière histoire qu'elle voulait te raconter est la tienne. »
« Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Tu es sa dernière histoire, Applejack. Nous sommes sa dernière histoire. Donnons lui une bonne fin. » dit-il. Applejack avait toujours prit la sagesse de Big Macintosh au sérieux. Il savait toujours quoi dire.
« Mais pourquoi a-t-il fallu que ce soit elle ? Elle m'a tout apprit... mais j'ai encore beaucoup à apprendre... »
« Ceci est sa dernière leçon, Applejack. » dit-il en se levant. « Je sais que ça peut sembler injuste maintenant, mais quand tu y repensera tu réaliseras que c'était sa meilleure leçon. Elle t'a apprit comment vivre... maintenant elle t'apprends comment vivre après la mort. » dit-il en trottant vers la sortie, laissant Applejack seule. Elle se releva doucement, prit son sac, et regarda Granny Smith. Big Macintosh avait raison... c'était juste sa dernière leçon. Elle reposa précautionneusement son sac dans le cercueil, puis en ressorti le livre. Elle regarda derrière elle, referma la porte de la pièce, puis ouvrit le livre et commença à le lire.
« Il était une fois un vieux poney qui vivait dans une chaussure... » commença-t-elle. Après avoir fini sa lecture elle reposa le livre dans le sac, avant de réfléchir un instant. Elle reprit le livre et le retira du sac, sans toucher au reste de son contenu. Un jour, elle voulait lire les même histoires à ses enfants. Elle savait que cela ne dérangerait pas Granny Smith. Applejack ressorti de la pièce en pensant au discours qu'elle allait faire à l'enterrement, tandis que Granny Smith lui souriait de là-haut, bercée dans la lumière chaude et brillante du paradis.