« Essaie d’arrêter celle-là ! Super Smash Pony ! »
La balle file à une vitesse comparable à celle d’un boulet de canon. Le petit pégase fonce pour la rattraper, mais la reçoit dans le museau. Il s’effondre en pleurant, massant son nez endolori. Le terrain de base-ball résonne des bruits de sabot des poulains paniqués. La pouliche sourit. Elle va chercher ses affaires, car elle s’en doute, elle va être renvoyée du stade (qui est en réalité un simple carré de pelouse) pour au moins dix ans. Mais pourquoi leur équipe de base-ball se priverait d’une joueuse aussi talentueuse qu’elle ?
Pas seulement en base-ball, d’ailleurs. La jument rose aux crins bleu pâle excelle aussi bien au tennis qu’au ping-pony, et même au golf. Sa cutie mark représente une simple balle de base-ball, mais cela prouve son talent certain quel que soit le sport, tant qu’il nécessite de jouer avec une petite balle. La pouliche sort du terrain et quelques poulains, aussitôt, grognent. L’équipe adverse. Ceux-ci crient un nom qu’elle ne peut pas supporter. Elle l’entend depuis trop longtemps. Elle s’enfuit.
Elle arrive chez elle, ouvre la porte, le cœur battant, jette sa batte par terre et va se regarder dans le miroir de sa chambre. Un peigne plonge dans sa crinière bleue, alors que ses yeux dorés versent des larmes. Tous jaloux. Et ce surnom affreux, héritage sombre de sa mère. Mère qui l’a rapidement abandonnée. Chose étrange, c’est son père qui l’a prise en sabot et qui l’élève depuis toutes ces années. Elle n’oserait jamais lui dire que ce passé lui colle à la peau.

Starball, car tel est son vrai nom, s’installe sur son lit et passe sa soirée à lire des histoires dans sa chambre. Elle tombe sur celle d’un étalon incroyable qui, avec une simple balle de golf, avait réussi à sauver un petit poulain de la chute d’un piano. Le poney avait ensuite disparu rapidement, sans attendre de remerciement. Seule avait été remarquée sa cutie mark en forme de sablier. Starball rêve d’être un jour une héroïne capable de sauver les poneys avec sa simple habileté à manier une balle de base-ball. Elle repose le livre, car elle doit aller manger. Au menu, spaghettis sauce tomate et compote de pomme.
« Tiens bien ta fourchette, ma chérie. » la rabroue gentiment son père. La licorne ne lui ressemble pas beaucoup, avec ses crins argentés. Les cernes sous ses yeux dorés témoignent d’une fatigante journée de travail.
Starball essaie tant bien que mal de tenir sa fourchette, mais essayez de garder la nourriture alignée avec votre bouche quand vous ne pouvez que soulever avec vos sabots sans agripper le manche. Elle s’en met partout. Son père peut tenir la fourchette avec sa magie, il n’a pas trop de difficultés. Finalement, il accepte d’aider sa fille. Après son repas, celle-ci remonte dans sa chambre. Demain, elle gagnera la bataille… Elle se vengera. Cet horrible nom sera définitivement ôté de toutes les mémoires. Elle lancera sa nouvelle technique spéciale, la Fulguro-batte. Elle est sûre que la balle pourra faire un Sonic Rainboom si elle frappe suffisamment fort !

Mais le lendemain, elle pense qu’elle aurait mieux fait de rester au lit.
Les nuages sont devenus fous, pleuvent du chocolat. Le maïs est transformé en pop-corn. Les pommes sont si grandes que les arbres plient sous leur poids. Les cochons volent. Les tartes s’envolent. Ponyville est transformée.
Starball ne trouve pas ça amusant du tout. Elle ne trouve plus la grande pelouse. Son match est perdu. Elle n’a plus aucune chance. Elle ne peut plus se venger des insultes. Sa batte ne lui servira plus jamais. Elle court. Elle veut trouver le responsable de tout cela. Elle galope. Elle finit par trouver ce qui ressemble à un long asticot à fourrure, qui aurait volé le corps de nombreux animaux pour s’en greffer certains morceaux. Celui-ci semble très occupé à revêtir des buffles de tutus. Ça ne peut être que lui.
« Prends ça ! » crie la petite jument en bondissant. La créature étrange tourne sa tête, qui ressemble à celle d’une chèvre, et reçoit directement la batte en pleine figure. Un craquement monstrueux retentit, alors que sous les yeux effarés de Starball, la tête de son adversaire se détache et part rouler plus loin. La pouliche reste suspendue en l’air. Elle ne peut pas redescendre. Figée dans l’espace. Plus loin, la tête rigole et remonte sur son corps. Elle semble pleine de vitalité.
« Eh bien, qui es-tu, petite imprudente ?
-Je m’appelle Starball ! Et tu as intérêt à nous rendre notre Ponyville ! Sinon je te refile un coup de batte, et celui-ci, tu ne l’oublieras jamais !
-C’est la première fois que quelqu’un réussit à me porter un coup… A moi, Discord ! Mais il en faut plus que ça pour vaincre un draconequus ! Tu es amusante, tu sais. ricane l’étrange bête.
-Laisse-moi partir ! Lâche ! »
Discord attrape la tête de Starball et utilise ses puissants pouvoirs télépathiques, révélant le surnom. Il emplit la tête de la petite pouliche, il s’amplifie, il la torture. Elle hurle. Le draconequus entend les cris moqueurs des poulains, ceux d’hier. Et cela résonne dans le crâne de la pouliche.

« Screwball ! Screwball ! Ouais, c’est ça, cours, va te cacher, Screwball ! Va jouer au baise-balls ! »

« Pauvre, pauvre petite… soupire l’être du Chaos. Dire que Celestia ne se préoccupe même pas des pauvres poulains traumatisés comme toi…
-Arrêtez… Arrêtez… Par pitié… Arrêtez…
-Je peux t’aider à te venger, si tu veux… sourit le draconequus dont les yeux s’illuminent d’étranges couleurs tourbillonnantes. Si tu te mets à mon service…
-Me venger… Me venger… répète la pouliche, dont le corps se teinte de gris.
-Acceptes-tu… ? ricane l’hypnotiseur.
-Oui… et au final, j’aime bien ce nom. Screwball. Ça sonne bien. dit la petite jument, sans aucune conviction.
-EXCELLENT ! » s’exclame Discord.

Aussitôt, les crins de Starball, parfaitement coiffés, gonflent en une sorte de masse nébuleuse. Ils se teintent de violet et de blanc. Les yeux bien alignés de la petite jument sont soudain pris d’un strabisme violent, tandis que l’iris doré devient violet et que ses pupilles sont remplacées par des spirales roses. Même la cutie mark de la pouliche a changé : c’est désormais une vis et une balle de base-ball, référence à son nom. Seule sa robe rose garde ses anciennes teintes.

Plus besoin de batte. Elle vole. Elle est libre. Elle vole. Elle plane même. Complètement. Liberté. Joie. Chaos. Chaos. Chaos.

Surtout pour la mystérieuse mère de Starball du coup, à moins que je sois carrément aveugle (ou fatigué...) et que je n'aie pas vu que son identité crevait les yeux.

La mère de Starball est juste une *  * et je trouvais que ce n'était pas utile de mentionner son nom, ce qui compte c'est le surnom attribué à cause de la profession de la mère.