« Non ! »

Dimirah agrippa fermement le corps et s'envola dans les cieux. Plusieurs projectiles le frôlèrent, mais aucun ne l'atteignirent. Le pégase blanc atterrit sur un balcon du château.

« Grimy ! GRIMY ! »

Dimirah retira l'armure qui ceignait la licorne grise et colla son oreille sur sa poitrine ensanglantée. Rien.

« Grimy ! Me laisse pas ! »

L'étalon couleur neige plaça ses sabots au niveau des poumons du blessé et appuya fermement. Une fois. Deux fois. Trois fois.

« Allez ! ALLEZ ! Réveille-toi, bon sang ! »

Les larmes commencèrent à couler sur ses joues. Dimirah perdit le compte des secondes, des minutes qui passèrent. Il était aux aguets du seul son qui le sortirait de cette routine qui s'installait : le son d'un cœur qui battait.

Il sentit des battements d'ailes derrière lui et se retourna. A quelques mètres venait de se poser la princesse Celestia en personne. Il esquissa une révérence rapide et se remit au travail.

« Dimirah, c'est fini, » annonça l'alicorne d'une voix douce.

Il fit semblant de ne pas entendre.

« Dimirah ! » Une lueur blanche entoura l'étalon et il fut magiquement éloigné de son ami. « Tu ne peux plus rien faire pour lui. Je suis désolée... »

« Non ! C'est faux ! Je vais le soigner ! » hoqueta-t-il entre deux sanglots. « Je vais... le ramener... » Il se calma enfin. La pression se relâcha et il s'effondra sur le sol.

« Dimirah, » reprit la princesse. « Je te promet qu'il aura une sépulture descente. Comme tous les autres gardes qui sont morts aujourd'hui... » Elle posa un sabot sur l'épaule du pégase, toujours allongé sur le sol en pierre. « Tu dois partir. Ils ne pourchassent plus que les gardes. Ils s'en prennent aussi aux serviteurs du palais et aux anciens élèves des établissements royaux. » Dimirah ne réagit pas. « Dimirah, l'ARP fait parti des établissements royaux. Tu n'es plus en sécurité ici. »

Le poney se leva enfin et regarda la souveraine d'Equestria dans les yeux. Une détermination inébranlable brûlait dans son regard d'acier. « Sauf votre respect, majesté... » Il saisit le casque maculé de sang et le posa sur sa tête. « Cette rébellion n'a que trop duré. »

Les yeux de Celestia s'écarquillèrent de terreur. « Ne fais pas ça, Dimirah ! J'ai déjà ordonné aux autres gardes de fuir. Tu n'as aucune chance de... »

« L'ont-il fait ? » coupa le pégase.

La jument baissa les yeux. « Non... »

Une mèche verte voleta devant les yeux de Dimirah. Il s'avança et monta sur la rambarde du balcon, en équilibre précaire. « Et ils se battront jusqu'au bout. Moi aussi, » jura-t-il d'une voix tremblante.

Les yeux de Celestia étaient humides. « Je t'en conjure, renonce à cette folie. Je ne veux pas qu'un autre de mes sujets soit blessé ou... » Elle ne put finir sa phrase.

« Les gardes vous ont juré allégeance. Ils ne trahiront pas leur serment. Ils se battent pour vous et pour le peuple. Ce sont les lunaristes qui ont attaqué Canterlot. C'est eux qui ont du sang sur le sabot. » Il tourna la tête vers le cadavre de Grimy. « Son sang... » Il croisa le regard de la princesse. « Cette rébellion est une boucherie. Si nous ne les arrêtons pas maintenant, il y aura beaucoup plus de victimes. Attaquer nos propres frères est immonde. Mais laissez des civils innocents mourir sous nos yeux et encore pire. »

La princesse fit un pas en avant. « Il y a forcément un autre moyen ! Je vais raisonner Luna, je suis sûr que... »

« Vous avez déjà essayé, » coupa Dimirah. « L'heure est venue de répondre à la violence par la violence. Je suis désolé, majesté. »

Sur ce, le pégase blanc s'élança dans le ciel. Il jeta un dernier regard derrière son épaule à la princesse Celestia qui le fixa avec désespoir et à son ami, puis il dirigea son regard vers l'horizon. Le soleil se couchait et baignait Canterlot d'une lueur rouge sang.

« Grimy, je jure sur ce casque que je te vengerai. La rébellion sera écrasée... ou je mourrais en essayant. »

L'étalon survola les bâtiments et se posa sur un toit. Les émeutiers détruisaient les maisons et tabassaient les occupants dès qu'ils avaient un lien avec Celestia. Il bondit sur une licorne qui portait un foulard bleu sur le museau et l'assomma contre les dalles de pierre. Tous les lunaristes environnants se retournèrent.

Dimirah étendit ses ailes au maximum. « Pour Grimy, » murmura-t-il.

Et il chargea.

Ce texte vous a été proposé par le bureau de recrutement Solariste