« Twenty percent cooler. I’m twenty percent cooler than you. »

Voilà ce que je n’ai cessé de me répéter durant toutes ces années mais j’ai fini par réaliser que c’est faux. Je ne suis pas ce que je croyais être, je n’ai fait que me voiler la face, tentant de cacher mes réelles émotions en voulant passer pour une fille forte à vos yeux. Au fond de moi, j’ai toujours été seul et triste mais je n’avais pas le droit de le montrer, je me suis fourvoyée. J’aurais dû vous le dire, vous auriez compris mais maintenant c’est trop tard. Je regrette tellement, j’avais si peur de paraître faible et impuissante. Sans vous ma vie n’a aucun sens, je n’ai plus personne à impressionner si tant est que je vous ai déjà impressionné une fois.

Cette ville a bien changé et je ne crois pas qu’on pourra espérer la revoir prospère comme ce fût le cas. La plupart des commerces ont fermés et bon nombre de poneys ont quittés leur foyer pour fuir la délinquance grandissante. Canterlot nous a tourné le dos, on peut être sûr qu’aucune aide ne viendra d’eux. Mais qui peut les blâmer, ils ont essayé jadis de nous prévenir de le merde dans laquelle nous nous enfoncions mais trop occupé à nous battre pour des histoires futiles, nous ne les avons pas écouté. Les premiers à partir furent les licornes qui avaient vu le truc arriver grâce à leur magie. Ça ne les pardonne pas pour autant et ils sont aussi fautifs que nous le sommes. Petit à petit, les poneys ont commencés à se méfier des pégases qu’ils accusaient d’utiliser le temps pour causer des désastres et en profitaient pour piller les réserves de la ville qui s’épuisaient déjà. Peut-on les blâmer ? Ont-ils vraiment tort ? Aujourd’hui, les pégases ont quittés définitivement Ponyville et ils restent dans leur cité dans les nuages ne se préoccupant que d’eux-mêmes. Ils ne sont pas non plus les seuls responsables mais ils ont aussi participé à la ruine de cette ville qui fut la nôtre.

Vous savez, parfois je passe devant ce qu’il reste de ce qui fût vos maisons et ce serait vous mentir que de vous dire que je ne pleure pas à chaque fois. M’écouteriez-vous si je vous racontai les pensées qui me traversent lorsque je passe devant chacune ? Je ne pense pas et vous auriez raison.

Je me suis blessé un jour alors que je tentais de nouvelles figures aériennes et, je ne sais pas si tu t’en souviens, Twilight Sparkle, mais tu m’as prêté un livre que je n’ai pas pu quitter. Tu m’as ouvert les yeux sur un monde que je ne croyais pas assez cool pour moi, et je n’ai cessé de venir frapper à ta porte pour lire par la suite. Aujourd’hui, il n’y a plus aucun livre dans ta bibliothèque, ce n’est plus qu’un arbre mort au milieu de la ville. Un arbre où j'avais l'habitude de te critiquer voire t'insulter. Je me moquais de toi car j’avais peur. Tu es plus intelligente que moi et j’avais peur que les autres ne regardent que toi pour cela. Je n’étais pas meilleure que toi et je ne le serai jamais.

Tu es reparti vivre à Canterlot et tu as eu raison. Là-bas, tu peux étudier la magie comme tu l’as toujours voulu et tu ne manques sûrement de rien. Je sais que Spike n’est plus à tes côtés, je n’arrive pas à imaginer à quel point votre séparation a dû être dur. Il est parti m’a-t-on dit pour un grand lac, au nord d’Equestria, c’est un dragon aquatique qui l’eut cru, en tout cas pas moi. Je passais mon temps à le charrier car il n’a pas d’ailes, je ne me suis jamais rendu compte que cela devait vraiment le blesser. Maintenant, il doit bien rire de tout cela et surtout de moi. Il a raison après tout.

S’il y en a une qui doit être plus triste que Twilight du départ de Spike, c’est bien toi Rarity. Oui, je suis au courant, nous l’étions toutes. Mais nous n’avons jamais rien dit car on se doutait que ça ne devait pas être quelque chose de facile à vivre. Une licorne et un dragon. Après tout, vous alliez bien ensemble, tous les deux amoureux des gemmes. Je t’ai longtemps prise pour une folle avec tes bijoux et tes robes. Malgré les réflexions que je faisais sur tes manières, tu as toujours été généreuse et tu ne m’en as jamais voulu. Je me moquais de toi car j’avais peur. Tu es plus belle que moi et j’avais peur que les autres ne regardent que toi pour cela. Je n’étais pas meilleure que toi et je ne le serai jamais.

Personne n’a vraiment pu me dire où tu t’en es allé. Ton ancienne boutique est en ruine mais je retrouve parfois certaines de tes créations. Certains disent que tu t’es rendu dans une grande capitale et que tu vis aujourd’hui de ta passion, si c’est le cas tu l’as vraiment mérité. D’autres disent que tu as perdu cette étincelle qui faisait de toi une styliste unique. J’ai même entendu dire que tu serais parti rejoindre Spike. Je ne sais plus qui croire.

Il y en a une qui m’a toujours fait rire et de qui je riais le plus m’a appris un jour que le vrai bonheur est celui que l’on retrouve dans le bonheur des autres. Voir les gens sourire te faisait sourire, Pinkie Pie, tu vivais pour nous rendre tous heureux et tu n’as jamais échoué sauf cette fois-là. Je comprends ce qui a du se briser en toi et je n’arrive plus à rire en pensant à toi. Pourtant j’ai passé des journées à rire de tes pinkies senses et de tes sautes d’humeur. Je me moquais de toi car j’avais peur. Tu es plus souriante que moi et j’avais peur que les autres ne regardent que toi pour cela. Je n’étais pas meilleure que toi et je ne le serai jamais.

Tu as quitté cette ville avec Pound et Pumpkin, tu es un peu devenu leur mère et tu prends ce rôle très au sérieux. Ça ne te va pas mais tu l’acceptes et je sais qu’ils sont bien mieux avec toi loin d’ici. Ici, le magasin n’est plus qu’un amoncellement de planches de bois sans vie.

Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, Fluttershy, je n’arrive pas à me rappeler à quel moment tout à basculer chez toi. Tu étais pourtant la plus gentille d’entre nous, c’est peut-être que tu cachais une douleur au fond. Je me dis parfois que si je ne t’avais pas trop poussé à bout, tu n’aurais jamais craqué. Je n’arrête pas de me dire que tout cela est de ma faute et que j’aurais dû comprendre que là où je riais, parfois cela ne t’amusait pas. Je m’en veux d’avoir participé à ta chute. Voir une personne comme toi sombrer ainsi est quelque chose d’affreux. Je n’ai peut-être rien fait car j’étais curieuse de savoir jusqu’où tu pourrais aller. Ou j’avais peut-être juste peur. Je me moquais de toi car j’avais peur. Tu es plus gentille que moi et j’avais peur que les autres ne regardent que toi pour cela. Je n’étais pas meilleure que toi et je ne le serai jamais.

Te savoir où tu es aujourd’hui provoque en moi un sentiment de dégout et de honte envers moi-même. J’aimerais tant te revoir libre et marcher dans la forêt, près de ta maison qui aujourd’hui ressemble à un cimetière, car c’est juste ça qui te rendait heureuse.

Et enfin, toi, Apple Jack. Celle qui n’a jamais douté de personne, la plus courageuse d’entre nous. Tu n’as jamais hésité à me remettre à ma place et je t’ai toujours respecté pour ça. Tu es celle avec qui j’ai partagé le plus d’années et je n’oublierais jamais tout ce que tu as pu faire pour moi. Tu es la meilleure amie qu’on puisse rêver d’avoir et rien ne pourra me pardonner de t’avoir dit toutes ces choses. Si j’ai dit tout cela c’est parce que j’avais peur que tu me comprennes et tu n’aurais pas pu mentir aux autres. Je me moquais de toi car j’avais peur. Tu es plus honnête que moi et j’avais peur que les autres ne regardent que toi pour cela. Je n’étais pas meilleure que toi et je ne le serai jamais.

Tu es parti reprendre une vieille ferme de cerise à l’abandon, j’espère que ton nouveau commerce marche aussi bien que marchait ta ferme à pomme ici jusqu’à ce jour où tout est parti.

Je ne vous mentirai pas, les larmes coulent sur ma joue chaque jour et rien ne semble présager des jours meilleurs. La nuit quand je rêve, je retourne vingt ans en arrière et je nous vois heureuses et souriantes. Il y a beaucoup de couleurs, je ne connais plus leurs noms mais je me réveille toujours avec un pincement au cœur car je sais bien que tout cela est le passé. J’ai arrêté de voler comme avant, je n’y ressens plus aucun plaisir. Ma crinière et ma queue ont perdu leurs couleurs depuis longtemps maintenant, depuis que Derpy est mort.

Je vais bientôt le rejoindre, je vais m’endormir et rêver pour toujours. Tout sera comme avant. Au revoir mes amies, mes sœurs. Adieu et Merci.