La blessure empirait dangereusement. Le sang coulait doucement, par petites vagues, mais il continuait de fuir le corps de Rainbow Dash. La pégase sentait le liquide chaud couler sur son aile. Elle ne voulait pas y penser, elle ne voulait pas laisser la douleur la vaincre. Elle valait mieux. Elle pouvait gagner, elle en avait les capacités, elle le savait, elle avait déjà vu pire, bien pire. Cette blessure n’était pas différente des autres. Et puis cette fois elle avait un avantage stratégique.

Elle avait Applejack. Applejack, l’honnête, l’amie, la confidente de toujours. Applejack, l’étoile de ses nuits, la compagne de son sommeil, Applejack, la forme indistincte qu’elle apercevait à son réveil. Combien de temps passé ensemble sous les vergers, toutes les deux, à profiter de la jeunesse une fois le soleil couché ? Combien d’étreintes partagées tantôt avec fougue, tantôt avec tendresse, toujours avec amour.
Les souvenirs irradiaient depuis sa tête jusqu’à tout son corps, jusqu’à cette aile blessé d’où le sang coulait. Elle grimaça et trébucha. « RD ! » cria son amante, à quelques pas devant elle. Applejack s’arrêta. La jument terrestre galopa jusqu’à la pégase, apeurée du gémissement qu’elle avait entendu.

- Tu vas bien ? dit-elle dans un murmure.
- J’ai mal, c’est tout. J’ai mal.
- Ca va aller. Je suis là. »

Tout va bien se passer. Applejack est là. Ca va aller. La jument tentait désespérément de remettre les bandages de sa compagne pégase en place, aussi bien avec ses sabots qu’avec sa bouche. La sensation n’aurait pas été désagréable si la douleur n’était pas de la partie. Tant bien que mal, la jument aux pommes remit en place le bandage de son amante. Ou sont les licornes quand on en a besoin ? pensa rageusement Rainbow Dash, furieuse de sa faiblesse. Elle aurait tant voulu sauter sur son amoureuse pour la remercier, la faire rouler par terre et l’étreindre sauvagement.

Elle ne pouvait pas. Pas ici, pas maintenant. Il fallait pour l’instant avancer, coûte que coûte. Le paysage neigeux, qui s’étendait à perte de vue, était un monstre, un obstacle à fuir à tout prix. C’était lui le responsable de tout çà. Pouvait-on haïr un paysage ? En tout cas, la haine était le ressenti dont la pégase se rapprochait le plus. Une terrible rage haineuse, nourrie de son impuissance. Maudite blessure. Maudits nuages et fichue neige. Ah, si elle avait ses ailes, un simple battement, et ce ciel indiscipliné se soumettrait vite à ses désirs. Elle aurait un coucher de soleil, un superbe crépuscule. Elle et Applejack s’endormiraient dans un câlin et oublieraient leurs problèmes un moment. Mais à cause de ce foutu temps, ce n’était pas possible. Marcher, marcher c’était tout ce qui était possible. Attendre la nuit qui viendrait elle ne savait quand.

Et en attendant, avancer. Elles avaient parcouru au moins une bonne trentaine de kilomètres, alternant trot et pas. Finalement, le soleil avait décliné, passant en dessous de l’épaisse couche de nuage pour venir se coucher et briller faiblement encore une heure. C’était un signal. RD et Applejack accélérèrent soudain le pas, à la recherche d’un abri pour passer la nuit. Elles aperçurent soudain un gros chêne, au feuillage presque intact. Elles se mirent à galoper, malgré la blessure que la pégase ressentait à l’aile. Même si le risque de voir le bandage se rompre et le sang couler à nouveau, les deux juments savaient acquérir la parcelle qui se trouvait sous l’arbre était autrement plus important. Ce morceau d’herbe moins enneigé que les autres, il le fallait à tout prix. Quand elles eurent finalement atteint le chêne, Dash poussa un soupir et se laissa presque tomber sur l’herbe. Le repos allait peut-être apaiser la douleur. Mieux, peut-être le lendemain tout aller revenir comme avant, le lendemain, la neige cesserait, le soleil reprendrait sa course et son aile cesserait de saigner. Elle ferma les yeux. Sans doute fallait-il mieux dormir et espérer. Tant qu’elle continuait d’y croire, tant qu’elle avait Applejack, rien n’était impossible. Tandis que le sommeil l’emportait, elle sentit une douce caresse sur son dos. La douleur diminua légèrement.

Rainbow fit de mauvais rêves. Elle se rappelait comment tout çà avait commencé. Un clair de lune plus long que les autres. Un lever de soleil trop court. Puis ça avait été un sortilège de Twillight qui avait raté, un autre et encore d’autres. Un vent trop fort pour voler, des accidents.
Petit à petit, tous les poneys perdaient quelque chose. Les pégases furent de moins en moins nombreux à voler dans le ciel. Les licornes échouaient à exécuter les plus simples sortilèges, les poneys du sol n’arrivaient plus à cultiver la terre. Les arbres résistaient, les plantes se rebellaient. Le sucre et le sel perdirent tout goût. Et plus le temps passait, plus la situation empirait. Les Cutie Mark se mirent à apparaître de plus en plus tard, pour finalement devenir un évènement exceptionnel. Les poneys qui en étaient pourvus étaient regardés avec jalousie par leurs cadets. L’équilibre de l’harmonie devenait de plus en plus délicat, et Ponyville devint rapidement un endroit chaotique. Quelques semaines plus tard vint le froid. Il s’ajouta à la pénurie de nourriture, au conflit généralisé. Le cauchemar était réel. Rainbow Dash transpirait dans son sommeil, son aile blessée la tiraillait, elle était en proie au doute, elle voulait se réveiller, sachant qu’elle allait trouver le même tableau ou pire au réveil et elle se sentit secouée.

Péniblement, elle ouvrit les yeux. La douleur revint, et fut un peu atténuée par la vue du visage de sa compagne. Lorsqu’elle y distingua la peur, elle se réveilla complétement. Par réflexe, elle se dressa sur ses pattes et jeta un rapide coup d’œil. Rapidement, elle distingua ce qui troubla la jument : une licorne, à peine à l’abri d’un fourré regardait leur arbre avec envie. RD savait ce qu’il y avait à faire : protéger l’abri, montrer qu’elles étaient deux et que l’autre était seul. Il n’oserait pas s’en prendre à deux juments dans la force de l’âge. Quelques minutes passèrent. Dash eut le temps d’examiner l’inconnu : sa corne était terne et on y appercevait encore quelques traces de brillant. Ses yeux étaient surlignés de cernes, comme ceux de tous les poneys depuis quelques mois maintenant, et on y discernait quelques traces de bleu. Son pelage était grisé, mais sous la crasse se devinait un pelage blanc brillant. La crinière était lissée par les intempéries, mais quelques boucles aristocratiques résistaient. Les nasaux de l’étalon soufflaient, et il découvrait des dents sales qui autrefois auraient été blanches.

La probabilité qu’il possède une Cutie Mark était très élevée. C’était sans doute un ancien noble de Canterlot fuyant le coup d’état, et qui étaient tombé dans l’enfer de l’ancienne Ponyville. Le pauvre, pensa ironiquement Dashie. Il est passé des thés sans saveurs empoisonnées au froid, la faim et la guerre. Au moins, là-bas, à Canterlot, ils avaient un cycle jour-nuit correct. Ici, nul ne savait quand le soleil irait se coucher ou se lever. La fatigue des nuits très courtes ou très longues s’ajoutait au reste. Combien de poneys avaient disparu lors de la première grande nuit ? Tant d’heures de noir, une pluie battante, et l’impossibilité de trouver le sommeil si on avait le malheur d’avoir l’œil ouvert une fois la lune levée. RD ne voulait pas s’en souvenir. Seul contait l’étalon devant eux. Avait-il une marque ? Les laisseraient-elles en paix si elles montraient les leurs ? Savait-il ce qui se tramait à Canterlot ? Connaissait-il le chemin ? Tant de questions qui resteraient sans doute sans réponse. Sauf si… un seul regard échangé avec son amante la convainquit de le faire. En retenant sa respiration, Rainbow Dash entreprit de montrer son flan à l’inconnu. Et s’il n’en avait pas ? Foncerait-il sur elles ? Détruirait-il leur arbre ? Que ferrait-il ?

Trop de questions réveillèrent la douleur. Avec une grimace, la pégase reteint sa respiration et s’arma de tout ce qu’elle pouvait avoir de résolution et de détermination. Elle finit son mouvement.

Rainbow fit de mauvais rêves. Elle se rappelait comment tout çà avait commencé. Un clair de lune plus long que les autres. Un lever de soleil trop court. Puis ça avait été un sortilège de Twillight qui avait raté, un autre et encore d’autres. Un vent trop fort pour voler, des accidents.
Petit à petit, tous les poneys perdaient quelque chose. Les pégases furent de moins en moins nombreux à voler dans le ciel. Les licornes échouaient à exécuter les plus simples sortilèges, les poneys du sol n’arrivaient plus à cultiver la terre. Les arbres résistaient, les plantes se rebellaient. Le sucre et le sel perdirent tout goût. Et plus le temps passait, plus la situation empirait. Les Cutie Mark se mirent à apparaître de plus en plus tard, pour finalement devenir un évènement exceptionnel. Les poneys qui en étaient pourvus étaient regardés avec jalousie par leurs cadets. L’équilibre de l’harmonie devenait de plus en plus délicat, et Ponyville devint rapidement un endroit chaotique. Quelques semaines plus tard vint le froid. Il s’ajouta à la pénurie de nourriture, au conflit généralisé. Le cauchemar était réel. Rainbow Dash transpirait dans son sommeil, son aile blessée la tiraillait, elle était en proie au doute, elle voulait se réveiller, sachant qu’elle allait trouver le même tableau ou pire au réveil et elle se sentit secouée.

Péniblement, elle ouvrit les yeux. La douleur revint, et fut un peu atténuée par la vue du visage de sa compagne. Lorsqu’elle y distingua la peur, elle se réveilla complétement. Par réflexe, elle se dressa sur ses pattes et jeta un rapide coup d’œil. Rapidement, elle distingua ce qui troubla la jument : une licorne, à peine à l’abri d’un fourré regardait leur arbre avec envie. RD savait ce qu’il y avait à faire : protéger l’abri, montrer qu’elles étaient deux et que l’autre était seul. Il n’oserait pas s’en prendre à deux juments dans la force de l’âge. Quelques minutes passèrent. Dash eut le temps d’examiner l’inconnu : sa corne était terne et on y appercevait encore quelques traces de brillant. Ses yeux étaient surlignés de cernes, comme ceux de tous les poneys depuis quelques mois maintenant, et on y discernait quelques traces de bleu. Son pelage était grisé, mais sous la crasse se devinait un pelage blanc brillant. La crinière était lissée par les intempéries, mais quelques boucles aristocratiques résistaient. Les nasaux de l’étalon soufflaient, et il découvrait des dents sales qui autrefois auraient été blanches.

La probabilité qu’il possède une Cutie Mark était très élevée. C’était sans doute un ancien noble de Canterlot fuyant le coup d’état, et qui étaient tombé dans l’enfer de l’ancienne Ponyville. Le pauvre, pensa ironiquement Dashie. Il est passé des thés sans saveurs empoisonnées au froid, la faim et la guerre. Au moins, là-bas, à Canterlot, ils avaient un cycle jour-nuit correct. Ici, nul ne savait quand le soleil irait se coucher ou se lever. La fatigue des nuits très courtes ou très longues s’ajoutait au reste. Combien de poneys avaient disparu lors de la première grande nuit ? Tant d’heures de noir, une pluie battante, et l’impossibilité de trouver le sommeil si on avait le malheur d’avoir l’œil ouvert une fois la lune levée. RD ne voulait pas s’en souvenir. Seul contait l’étalon devant eux. Avait-il une marque ? Les laisseraient-elles en paix si elles montraient les leurs ? Savait-il ce qui se tramait à Canterlot ? Connaissait-il le chemin ? Tant de questions qui resteraient sans doute sans réponse. Sauf si… un seul regard échangé avec son amante la convainquit de le faire. En retenant sa respiration, Rainbow Dash entreprit de montrer son flan à l’inconnu. Et s’il n’en avait pas ? Foncerait-il sur elles ? Détruirait-il leur arbre ? Que ferrait-il ?

Trop de questions réveillèrent la douleur. Avec une grimace, la pégase reteint sa respiration et s’arma de tout ce qu’elle pouvait avoir de résolution et de détermination. Elle finit son mouvement.

en fait il y a une minie-guerre entre ceux qui en ont et qui n'en n'ont pas. Je décrirais çà plus tard.

Un soleil radieux éclairait toute la plaine d'Equestria, ses montagnes et ses nuages; dans les champs, les poneys terrestres vaquaient dur à leurs occupations journalières: labourer des champs, porter des fardeaux... Car telle était leur rôle dans cette heureuse société. De leur côté, les licornes gêraient les affaires du royaumes, alignant des tableaux de chiffres et rangeant des piles de papier dans les archives, et les pégases maintenaient le ciel clair, chassant jusqu'au moindre flocon duveteux de vapeur d'eau pour garantir un temps toujours éclatant dans les contrées de Sa Majesté. Tout le monde était occupé en cette belle journée de printemps.

Mais loin de toute cette activité, au coeur d'une grande et belle maison tout de nuages bâtie, se reposait une pégase toute en couleurs. Elle s'appellait Ruée Arc-En-Ciel, et en cette journée de travail et de labeur, elle avait décidé que ce jour serait le jour d'être une pouliche paresseuse. L'immense fortune qu'avaient accumulés ses parents en gagnant de prestigieuses compétitions de vol lui permettait de subvenir à ses besoins sans sabot user, et elle partageait sa vie entre le vol, voir ses amies, et la fainéantise doublée de laissé-aller.

Sa journée d'hier fut toute consacrée à renvoyer des candidatures à cette équipe de hauts voltigeurs qu'Equestria connaissait sous le nom de Merveilleux Boulons, le tout accompagné de lettres de motivations qu'elle avait eu bien du mal à écrire; pas que Ruée Arc-En-Ciel fût très motivée, mais elle s'ennuyait et une place parmi ces pégases qu'elle admirait plus que tout au monde lui procurerait certainement l'exhaltation dont elle avait besoin. Au demeurant, cela l'avait un peu fatigué et il lui fallait récupérer.

Ruée Arc-En-Ciel se prélassait dans un délicieux bain chaud et fumant, berceau de mille senteurs florées et agréables, et essayait de penser à ce qu'elle pourrait faire aujourd'hui, bien que la réponse se devait d'être un 'rien' catégorique, car c'était le jour d'être une pouliche paresseuse. "Une vilaine pouliche paresseuse... et sale." sussura la pégase bleue, grognant de félicité au milieu de l'eau chaude, un délicat sourire fendant son visage, pendant qu'elle relaxait, qu'elle décontractait, qu'elle desserrait jusqu'au dernier de ses muscles.