Plusieurs centaines d'années, c'était celles passées à faire la guerre.
Du moins à l'époque, maintenant c'est une habitude.

Nous sommes les Earthquakers, les terrestres d'avant, ayant survécu à tout ce carnage.
Réfugiés dans notre base sous terre, nous y vivons nuits et jours, avons créé une ville entière, et une armée. Certains disent que tout est comme avant, comme dans les récits, que nous ne manquons de rien, mise à part de soleil. D'autres leurs répondent que rien ne sera jamais pareil, que ce ne sont qu'inepties. Je leur réponds que, de toute façon, nous devons faire avec ce qu'on a, ne sachant pas ce qu'on avait avant...

Je m'appelle Bellerm, je pars aujourd'hui sur mes 18 ans et je suis actuellement en école d'ingénierie militaire. Mais laissez-moi vous raconter comment je suis arrivé dans l’armée.


J'avais 8 ans, j'étais encore à l'école et je me passionnais de tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à des pièges. Pourquoi donc à un si jeune âge être attirer par cela ?
Je répondais que je pourrais certainement attraper les méchants qui nous veulent du mal avec !
Je me permettais de dire ça avec le sourire, ce que les autres poulains prenaient pour du mépris. Je ne savais pas vraiment de quoi je parlais. Contrairement à moi, qui avais une chance énorme d'avoir le privilège que mes parents travaillaient en ville, eux, n'avaient soit plus de mère, soit plus de père, soit plus personne. Certains même, ne les connaissaient absolument pas.
Je ne le faisais pas exprès, pour moi c'était tout naturel de parler comme ça. Quand je discutais avec eux, il fallait que je fasse attention à mes mots, que je voie si je ne les contrarie pas. C'était très dur de voir quelqu'un pleurer alors que tu essayes simplement de discuter..
Sans savoir pourquoi, tout ça c'est retourné contre moi. Les poulains se moquèrent de moi et de mes parents, ils disaient que nous étions lâches, peureux, que nous ne voulions pas nous battre et préférions aller nous cacher.
Pour leur prouver que j’étais quelqu’un de fort et de courageux, j’avais décidé de leur faire démonstration d’un de mes plus gros pièges. Un piège dangereux, dont j’étais le seul à connaitre le moyen de s’en sortir. Un piège affreux, horrible, qui ne pouvait laisser aucune chance au malheureux qui tombait à l’intérieur.
En fait, je n’avais jamais créé une telle chose, mais je le pouvais ! Il ne me manquait que le matériel.
L’idée était là, ce serait une grande cage, qui n’en est pas forcément une, un endroit avec quatre murs, un plafond et un sol, un endroit fermé en quelque sorte. Il fallait ensuite quelque chose pour que l’ennemi puisse voir qu’il ne faut pas s’approcher de trop près, une fois l’un d’eux à l’intérieur, il devra souffrir, pour dire aux autres de fuir tant qu’ils le peuvent.
Ou alors tout simplement le tuer… ça intimide pas mal aussi.


Mes parents tenaient une boulangerie, dans une grande bâtisse à côté d’une des principales voies souterraines. Bien qu'imposant, c'est un ménage moyen, construit de peu de richesses.
Ils vivaient tranquillement, sans soucis, sans dettes, sans aucuns reproches. Avaient des amis, des ennemis, comme tout le monde. Il y avait un jardin à l’arrière, avec pas grand choses côté flore. Non, c’était surtout une mare d’eau entouré de cailloux et de fleurs de roches. Un peu loin, caché par un amas de granit, une cabane à outils. Pas de bêches ni de râteaux, mais des pioches et des marteaux, plusieurs autres outils, ainsi qu’un fusil. Il fallait bien un moyen de venir à bout de ces fichus rats…
C’était dans cette cabane que j’avais décidé de construire mon piège, personne n’y mettais les pieds, on ne s’occupait pas de l’arrière-boutique.
J’aurais dû rester discret et ne pas éveiller de soupçon.. Je le savais.
Un beau jour, pendant que je travaillais à l’arrière, dans cette cabane morbide, ma mère m’appela pour manger le goûter, elle m’avait préparé un de ces délicieux gâteaux à la pistache.
Mais pendant que je me délectais de cet onctueux mets, mon père alla fouiner là où il ne fallait pas.

On entendit un cri, des fracas, des déchirements, puis plus rien.
Ma mère est moi courûmes à l’endroit d’où provenait les cris, je savais ce qui se passait, ce qui s’était passé. J’espérais par chance que mon père n’ait rien eu, que le piège n’ait pas bien fonctionné.
Mais c’est sous un amas de granit et de planches de bois que nous le retrouvions, le corps mutilé, arraché par les outils disposé de part et d’autres de cette cage méphistophélique.
Comment a-t-il pu, comment a-t-il été assez stupide pour déclencher lui-même le piège.
Si seulement mon orgueil ne m’aurait pas fait créer cette chose.
Si seulement la curiosité de mon père ne l’aurait pas amené là.
Si seulement ma gourmandise ne m’aurait pas détourné de ma surveillance.

Les années passèrent simplement, on tâchait d’oublier.
Ma mère avait fermé la boutique, était parti travailler comme cuisinière dans les souterrains pour les mineurs. Elle revenait à la maison le soir, le regard bas, ne disant pas un mot, préparait le repas et allait se coucher. Très rapidement, je décidais de partir dans le corps d’armée, afin de rendre utile mes connaissances en ingénierie.