Je ne sais ce qui me pousse à confier tout ceci sur papier ou plutôt je ne le sais que trop bien. C'est la peur. Tout mon être tremble et se liquéfie devant la perspective de la vérité. Cette histoire me ronge et si je ne lui offre un nouvel endroit à hanter elle me grugera tant et tant qu'on ne retrouvera plus rien de moi, pas même un os torturé. C'est donc sur ces feuilles que déverserait le contenu de ce que j'aurai souhaité n'être que ma folie. Pourtant, je sais que tout est réel. C'est ce qui me fait à ce point craindre pour ma vie et ce qu'il me reste de santé mentale.

Cette histoire débute il y a quelques semaines. Le village dans lequel je me suis établi depuis près d'un an est situé au cœur d'une région montagneuse bordant une petite rivière et n'est habité que par une communauté reculée qui n'entretient que peu de contact avec le monde extérieur. Pour ainsi dire, ils vivent presque en parfaite autarcie. Ceci m'a causé quelques difficultés à mon arrivée pour installer mon matériel scientifique moderne, mais tout ceci est bien loin derrière moi maintenant. Évidement, il reste que j'ai dû passer une entente avec un jeune poney du village voisin, bien plus en relation avec la ville, pour que celui-ci m'apporte le journal tous les jours, mais avec quelques arrangements de ce genre je suis parvenu à m'établir assez confortablement.

Il y a quelques semaines donc, un tremblement de terre d'une envergure peu commune pour le secteur a secoué les montagnes où je suis établi. La populace locale, restreinte comme elle l'est dans son esprit par les vieilles superstitions en lesquelles elle a foi et par une certaine consanguinité que je devine fut toute bouleversée par l'événement et je dû même calmer certains individus en proie à une folle terreur. L'un de ceux-ci, dans son délire, me fit le récit d'une aventure qui piqua ma curiosité.

Lorsque le séisme se produisit, il ratissait la vallée en quête d'une herbe précieuse. C'est ce qui lui permit de voir ce qu'il me confia. Lorsque le sol se mit à trembler et les arbres à tanguer dangereusement, il remarqua un monticule de terre qui s'élevait au centre exact de la vallée. Une fois que tout eu retrouvé son calme il sortit de la cachette de fortune qu'il s'était trouvé et approcha de ce que la terre venait de laisser s'échapper. Il s'agissait d'énormes blocs de pierres marqués d'entailles savantes qui semblaient disposés selon un dessin particulier. Évidement, je ne sus tout cela qu'après y être allé moi-même, car le pauvre bougre avait un vocabulaire et un savoir bien trop limités pour exprimer pareille pensée.

Après un examen sommaire, je constatai que les énormes morceaux de roc taillés encore à moitié ensevelis semblaient recréer une sorte de cabine étanche dont la porte était scellée depuis des millénaires. Bien que la structure soit encore bien enfoncée dans le sol, elle faisait déjà une dizaine de mètres de haut pour six de large et cinq de profond. J'estimai que la hauteur totale devait approcher des vingt mètres. Un fait étrange que je remarquai était que les gravures ne s'apparentaient à aucune civilisation connue. Après cela je ne pouvais tirer d'avantage de ces blocs de pierres sans le matériel adéquat, je me résolu donc à revenir le lendemain pour résoudre ce mystère.

Quand j'y retournai, j'eu la peur de ma vie. Rien au début ne laissait présager ce qui allait se passer. Je venais de poser mon matériel à l'ombre d'un des rares arbres de la vallée ensoleillée, situé à environ une vingtaine de mètres de l'objet de mon investigation, quand j'entendis le bruit sourd que produit la terre lorsqu'on en déplace une grande quantité. Je me retournais et aperçu une forme qui poussait la porte de l'intérieur. Je reculais, complètement terrifié et sous le choc. Sous mes yeux ébahis alors émergea une forme de la cabine. Elle était gigantesque, atteignant les quinze mètres au moins.

Elle était d'une couleur de vase et je ne savais où étaient ses yeux, ce qui me mettait dans une grande frayeur, car je craignais qu'elle ne m'aperçoive. Lorsqu'elle se mit en mouvement la terre trembla sous son poids. Elle se déplaçait sur deux pattes longues et musclées, se tenait droite et était pourvue de longs bras minces qui fouettaient l'air. Sa tête était petite et trapue, plissée et orientée vers le sol. Lorsque enfin elle s'éloigna, je cru deviner des sortes de branchies sur son dos.

Mon monde était chamboulé. Cette créature ne pouvait pas provenir d'Esquestria. Sa physionomie ne s'apparentait à rien de connu. La question que je me posais était celle-ci: la chose avait-elle toujours été prisonnière de cette capsule, où venait-elle d'y apparaître? Si oui, les hypothèses que dévoilait cette dernière option me semblaient catastrophiques. Je me résolu à enquêter pour savoir si ce que je présageais était réel, ou si j'étais en plein délire paranoïaque.

En feuilletant les journaux et en me renseignant sur les dernières curiosités à la grande ville la plus proche, qui se trouvait être Ponyville, j'entendis parler d'une histoire. un poney aurait été arrêté pendant qu'il délirait à propos d'un monstre gigantesque sorti de la pierre, qu'il aurait découvert en plein champ. L'étalon fut placé sous observation puis l'on déclara qu'il avait été atteint d'une crise de delirium tremens. On le condamna, à cause de la prohibition en vigueur, malgré qu'un des psychiatres s'étant penché sur son cas ait déclaré que le délire n'avait pas été causé par l'alcool. On ne connaissait cependant pas les conclusions de ce dernier spécialiste.

Je craignais trouver un quelconque rapport avec mon histoire, la description de la créature étant bien trop similaire malgré qu'elle tenait en peu de mots. Je décidais, pour en avoir le cœur net, de contacter ce scientifique. Ce poney m'expliqua, après que je l'ai eu mis en confiance avec mon propre récit, de me confier le sien. Il raconta qu'il connaissait l'existence d'un monde extra planétaire par l'entremise d'un de ses anciens patients aujourd'hui décédé qui, la nuit, était habité par l'un de ces extra-terrestres jusqu'à quelques heures après le réveil.

Il m'expliqua qu'il avait cru l'autre témoin mais qu'il n'avait pu en apprendre plus, l'autre témoin n'ayant rien de plus à lui apprendre que ce qui avait été relaté dans les journaux. Bien qu'il ait été convaincu que le témoin disait la vérité, il ne pu épargner à çe poney d'être emmené faute d'une meilleure explication à fournir aux agents de loi.

Je remerciais mon correspondant. Désormais j'avais deux preuves supplémentaires de l'existence d'êtres étrangers à notre monde qui l'envahissaient. Que pouvais-je faire, détenteur de ce terrible secret? On ne pouvait me croire, on m'enfermerait sûrement. La seule option qui me restait était de tenter de sauvegarder ma santé mentale. En laissant des preuves de ce que j'avance sur ces feuilles, c'est ce que je tente maladroitement de faire. Puisse jamais personne ne tomber sur ces confessions, pour son propre bien.

J'en profite, avant d'en terminer avec mon récit, pour ajouter un dernier détail. Ayant observé l'intérieur de la cabine de pierre, je suis maintenant sûr d'une chose; la créature n'y a jamais résidé. Elle y apparut le jour même où je la vis en sortir. Cette cabine, c'est un sas qui permet de voyager de son monde au nôtre.

Que Les sœur Solaire et Lunaire nous garde.